Stéphane Lhomme évincé de

Sortir du nucléaire

 

Pour beaucoup de membres de la fédération d'associations anti-atome, le porte-parole était trop radical dans ses engagements et son comportement.


Libé 08/04/2010

 

Stéphane Lhomme, le 22 septembre 2007 devant le portail du Centre d'essai et de lancement de

Stéphane Lhomme, le 22 septembre 2007 devant le portail du Centre d'essai et de lancement de missiles des Landes (CELM) à Biscarrosse. (AFP)

 

Le réseau Sortir du nucléaire, qui rassemble plus de 880 associations de défense de l'environnement, a tourné une page. Son porte-parole, Stéphane Lhomme, vient d'en être purement et simplement évincé après huit ans comme vitupérant porte-étendard de la lutte anti-atome.

 

Contacté par Libération cet après-midi, Stéphane Lhomme était en train de s'inscire sur le site de Pôle emploi. «Il y avait une volonté délibérée de se débarrasser de moi. Dans les 4 pages argumentées que le réseau m'a fait parvenir, il y a de tout, sur mon caractère, mes orientations politiques...»

 

Le réseau et ses dizaines de milliers de membres ont frémi tout l'hiver au rythme des différents épisodes de ce feuilleton. Pour beaucoup de membres de la fédération, Stéphane Lhomme apparaissait comme trop radical dans ses engagements. Il avait ainsi refusé catégoriquement de participer au Grenelle de l'environnement puisque ce raout environnemental, sur les exigences de Sarkozy lui-même, ne devait pas du tout aborder la question nucléaire.

 

«Il fallait éviter de glisser sur la pente de l'institutionnalisation. Et quand on voit ce qui s'est passé au Grenelle, ou plutôt ce qui ne s'y est pas passé, je défends toujours cette ligne», affirme Stéphane Lhomme.

 

A l'occasion de la conférence de l'ONU sur le climat qui s'est tenue à Copenhague en décembre, Greenpeace et le WWF avaient fait signer un texte aux différentes ONG - l'Ultimatum climatique - qui ne mentionnait aucune position explicite sur l'énergie nucléaire. Le réseau l'avait signé. Inacceptable, pour le porte-parole. «Nous n'avons pas à signer des textes qui n'adoptent aucune position claire sur le nucléaire: on ne sauve pas le climat avec des centrales», explique le militant.

 

La personnalisation du réseau, via le charismatique Stéphane Lhomme, a éclipsé beaucoup des forces vives de la fédération antinucléaire. Et pourtant, les points de vue de l'ex-porte-parole sont partagés par l'ensemble des associations membres du réseau.

 

«La grille de lecture proposée par Stéphane Lhomme est trop simple», déclare une membre de Sortir du nucléaire... «Humainement aussi, il s'est conduit de manière inacceptable», confie une membre du conseil d'administration.

 

La brouille entre le porte-parole et le directeur du réseau, Philippe Brousse, ainsi que d'autres membres du conseil d'administration n'a cessé de s'envenimer, allant jusqu'à de rocambolesques échanges d'e-mails cet hiver mettant en scène ces dissensions.

 

 

Communiqué du NPA: Non au licenciement de Stéphane Lhomme, salarié du Réseau

Sortir du Nucléaire.

 

NPA

 

Nous venons d’apprendre le licenciement de Stéphane Lhomme, salarié du réseau Sortir du Nucléaire (RSN) en date du 8 avril 2010.


La crise interne qui avait éclaté à l’automne 2009 avait conduit à une assemblée générale houleuse en février dernier. Décision avait été prise de renouveler à 100 % le conseil d’administration du RSN, malgré le fonctionnement statutaire qui prévoit un renouvellement par tiers. Le but de l'élection de ce nouveau Conseil d'administration était d’apaiser les tensions, de remettre le RSN sur des rails de fonctionnement collectif, de préparer les débats sur le fonctionnement au sein du réseau et la tenue d'une AG exceptionnelle en juin .


Depuis février, les tensions ne se sont pas atténuées. La décision de licencier Stéphane Lhomme est un nouveau pas franchi pour exacerber ces tensions et voir une frange du mouvement antinucléaire s’éloigner du réseau. Après une mise à pied conservatoire, le licenciement est prononcé pour « plusieurs manquements graves au droit du travail et à ses fonctions ».

 

De ces manquements au droit du travail, rien n'est dit, au prétexte d’une confidentialité qui dessaisit les adhérents et les organisations membres du RSN de toute possibilité de se faire un avis et de trancher sur une affaire aussi grave. Une douzaine d’administrateurs s’arroge un droit pour lequel elle n’a pas été mandatée puisque la feuille de route qui leur avait été donné lors de l'AG du 6 février précisait que « l’ensemble du personnel salarié du Réseau sera conservé pour la totalité du mandat du CA provisoire dans le respect du code du travail et des ressources financières ».

 

Ce Conseil d'administration provisoire décide pour les 857 associations ou partis politiques qui composent le "Reseau sortir du nucléaire" et il règle d’avance les débats qui auraient du avoir lieu à l’AG de juin.


Au-delà des éventuels désaccords d’orientation, qui sont l’objet des AG annuelles, le licenciement par une organisation qui œuvre à une vie meilleure et une société débarrassée des scories du monde actuel, est un évènement particulièrement inquiétant.

 

Pour le NPA, ce licenciement est inacceptable. Par conséquent, le NPA demande la réintégration de Stéphane Lhomme dans son statut de salarié au RSN et le soutiendra dans les démarches qu’il entreprendra pour défendre ses droits.

 

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Les petits calculs

d'Eric Zemmour...

 

 

Par Caroline Fourest

LEMONDE

26.03.10

 

Eric Zemmour vient d'expérimenter une loi cardinale en matière de dérapages : l'accumulation. Comme pour Georges Frêche, le tollé soulevé par ses propos n'est pas dû à la pire de ses déclarations, mais à celle de trop : "Les Français issus de l'immigration (sont) plus contrôlés que les autres parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes... C'est un fait."

 

Cette phrase n'est pas sans rappeler la polémique soulevée par Renaud Camus. A l'époque, le goût douteux pour la comptabilité ethnique consistait à compter les journalistes juifs sur une station de radio. Quant à Frêche, son truc serait plutôt de compter les footballeurs noirs.

 

Dans les trois cas, plus l'émotion est grande, plus nos valeureux statisticiens sont sûrs d'engranger des soutiens parmi les amateurs d'évidences chiffrées et de francs-parlers. Ben quoi, c'est pas vrai ? Il y a beaucoup de Noirs dans l'équipe de France, beaucoup de juifs dans les médias et beaucoup d'Arabes et de Noirs dans les prisons ! Alors quoi, on peut plus rien dire ?

 

On peut. Mais tous les racismes commencent ainsi. Le problème réside moins dans la mentalité racialiste et comptable de ces raccourcis que dans ses "non-dits" : les fantasmes qu'ils suggèrent.

 

Oui, il y a de nombreux joueurs noirs en équipe de France. Mais pourquoi le relever ? Si ce n'est pour sous-entendre qu'un joueur noir ne représente pas aussi bien la France qu'un joueur blanc. Oui, de nombreux journalistes de talent sont juifs. Mais pourquoi le relever ? Si ce n'est pour sous-entendre que le fait d'être juif - et non le fait de venir de familles diasporiques misant sur la culture - favorise la vocation médiatique ?

 

Enfin, oui, Eric Zemmour, la plupart des petits trafiquants sont noirs et arabes. Non pas parce que le fait d'être noir ou arabe mène naturellement ou culturellement au trafic. Mais parce qu'on a beaucoup plus de chance de devenir dealer de shit que journaliste quand on naît dans des familles pauvres ne misant pas sur la culture. Surtout si l'on subit en prime des contrôles au faciès, le plafond de verre, et qu'on ne bénéficie pas d'un bon avocat capable de vous tirer d'affaire. D'où la spirale qui conduit plus souvent les uns que les autres en prison. Un peu comme l'accumulation de dérapages verbaux conduit certains journalistes à l'avertissement du CSA.

 

En matière de raccourcis, le casier médiatique d'Eric Zemmour est loin d'être vierge. Voilà des années qu'il dépeint un Occident assiégé. Ses propos partent parfois de constats justes : la crise du multiculturalisme et la montée des tensions communautaires. Sauf qu'il n'en tire pas de conclusions constructives - comme la défense de l'égalité, de la laïcité ou de l'universalisme -, mais une mélancolie rance favorisant le repli et le rejet.

 

A en croire l'auteur du Premier Sexe (Denoël), la virilité de l'Occident serait menacée par deux fléaux : la féminisation voulue par les féministes - "l'abdication des hommes blancs" - et la concurrence de la virilité arabo-islamique. Sa solution passe visiblement par le retour de la domination masculine et de la natalité française (il s'émeut que le droit à l'avortement ait empêché sept millions de Français de naître !). Il prône l'assimilation, mais croit en l'existence des "races".

 

A propos du désir masculin, il lui arrive même des tirades dignes du Club de l'Horloge : "L'être humain est très primaire. Nous avons un cerveau archaïque, nous avons un cerveau reptilien. Il faut en tenir compte. A vouloir le nier, nous créons des générations d'impuissants, d'homosexuels et de divorcés." Les meilleurs moments du cerveau archaïque d'Eric Zemmour étant à découvrir sur Radio-Courtoisie, une radio d'extrême droite, où il intervient volontiers pour deviser sur l'effémination et "l'abâtardissement de la civilisation française".

 

En un mot, il ne s'agit pas "d'hitlériser" Eric Zemmour, mais de démentir un cliché de plus. On peut être journaliste, cultivé, et flatter l'instinct primaire.

 

 

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La grippe A coûterait plus d'un milliard à la France



 

La facture du plan anti-grippe A pourrait s'élever à plus d'un milliard d'euros (AFP)

La facture du plan anti-grippe A pourrait s'élever à plus d'un milliard d'euros (AFP)

Selon le Journal du dimanche, la facture pour lutter contre la grippe H1N1 s'élève à plus d'un milliard d'euros. L'hebdomadaire a notamment compilé ses propres estimations du coût de paiement des vacataires et des dépenses liées aux consultations des généralistes. Interrogé, le ministère de la Santé a indiqué qu'il était "trop tôt pour valider la moindre estimation", précisant qu'il "est en train de traiter les différentes remontées chiffrées". Dans un souci de transparence, "l'objectif est de donner le coût constaté de la campagne de lutte contre la grippe".

 

1,108 milliard d'euros


Pour proposer cette facture, le JDD a additionné le coût des doses de vaccins non annulées (370 millions d'euros), les 300 millions de masques (150 millions d'euros), l'achat des antiviraux (20 millions), les seringues et le coton (8,5 millions), la campagne de publicité (5,6 millions), le remboursement aux collectivités locales pour les locaux et les personnes mis à disposition (95 millions), le paiement des 10.000 vacataires (150 millions), l'envoi des 65 millions de convocations aux assurés sociaux (28 millions), l'achat du matériel pour la réanimation des cas les plus graves (5 millions), le traitement des déchets et acheminement des produits (41 millions) et les dépenses liées aux consultations de généralistes (145 millions). Tout cela pour un total de 1,018 milliard d'euros.

 

5,6 millions de vaccinés pour 94 millions de vaccins


Le ministère de la Santé n'a jamais donné de chiffres précis sur la facture de la pandémie. Selon la presse et des spécialistes du secteur de la santé, elle se situerait dans la fourchette de 850 millions et 1,3 milliard d'euros. En septembre, avant le déclenchement de la grippe, la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, avait estimé le coût de la lutte contre la pandémie à 1,5 milliard d'euros, dont 1,1 milliard consacrés à l'achat de produits (vaccins, masques...) et 450 millions aux campagnes d'information, à la rémunération des médecins et du personnel. Cependant, la grippe a été moins virulente que prévu et seulement 5,6 millions de personnes ont été vaccinées, alors que le gouvernement a acheté 94 millions de doses de vaccins. Il est actuellement en négociation avec les laboratoires pharmaceutiques pour résilier 50 millions de doses.

 

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Promesses :

le Sarkomètre de Nouvelobs.com

 


Exclusif Le Nouvel Observateur a passé 113 promesses du candidat Nicolas Sarkozy au crible. Promesses tenues, oubliées ou seulement engagées, retrouvez-les dans notre tableau interactif.

 

Que sont devenues les promesses du candidat et du président Sarkozy ? Le Nouvel Observateur en a recensé 113 et les a passées au filtre du "sarkomètre". Promesses oubliées, engagées ou tenues ? Une cinquantaine de propositions se sont perdues en chemin. Et pas des moindres :

 

le "plein emploi" la réduction de la dette nationale, la "France des propriétaires", bien sûr. Mais aussi l'interdiction des "parachutes doré", la TVA sociale ou la mixité scolaire.


Un pur trompe l'œil ? Pas vraiment. Sur le plan de travail présidentiel, déjà 31 promesses ont été tenues pour le meilleur ou pour le pire : bouclier fiscal, pénalisation des mineurs multirécidivistes, réforme de la carte judiciaire, défiscalisation des heures supplémentaires, autonomie des universités…


Et 39 promesses ont été engagées dont la réalisation, d'ici à 2012, pèsera lourd dans le bilan final. Car l'Elysée a ouvert tant de chantiers qu'il sera désormais jugé sur sa capacité à les mener à terme. Un seul exemple : le Grenelle de l'environnement renferme à lui seul pas moins de 273 engagements censés impliquer la France dans la "révolution écologique".

 

A suivre, donc. En consultant l'intégralité du "Sarkomètre"...


Elena Bizzotto

 

 

Le Sarkomètre

Communiqué de presse
Plate-forme Dette et Développement
le 19 janvier 2010

 

Annuler la dette de Haïti,

et non réendetter le pays

 

OXFAM

 

Face au drame en Haïti, la plate-forme Dette & Développement, dont Oxfam France est membre, demande l'annulation totale et immédiate de la dette haïtienne et dénonce le choix d’un nouveau prêt du FMI au pays.

 

Réunis aujourd’hui et demain au sein du Club de Paris, les principaux pays créditeurs des pays en développement ont réitéré leur engagement à annuler la dette de Haïti à leur égard, à hauteur de 214 millions de dollars (dont 58 pour la France). Il s’agit de la mise en œuvre de l’annulation de 1,2 milliard de dollars déjà décidée le 30 juin 2009 [1].

Malgré cette mesure bienvenue, la dette haïtienne demeure insupportable : 891 millions de dollars, dont 10 millions que Haïti doit rembourser en 2010 aux institutions internationales. Surtout, cette annulation est trop lente et trop de conditions freinent sa mise en œuvre. La plate-forme Dette & Développement attend des pays riches qu’ils aillent plus loin en demandant l’annulation de la totalité de la dette de Haïti, immédiatement et sans condition.

Pour Sébastien Fourmy, d'Oxfam France, "Christine Lagarde, en annonçant à nouveau l’annulation par la France de 58 millions d’euros de dette bilatérale de Haïti à la France et en demandant au Club de Paris d’accélérer les annulations de dette, est engagée dans la bonne direction mais n’annonce rien de nouveau car cette décision date de juillet dernier ! La France a également raison de demander au Venezuela et à Taiwan de faire de même mais aujourd’hui, c’est surtout au FMI, à la Banque mondiale et à la Banque interaméricaine de développement, qui sont les principaux créanciers de Haïti, que la France est attendue et que sa voix compte". [2]

Mais, alors que les pays riches se réunissent pour annuler la dette du pays, le FMI a annoncé une ‘aide’ de 100 millions de dollars... sous forme de prêt ! [3]

Pour Jean Merckaert, du CCFD-Terre Solidaire : "A l’évidence, Haïti a besoin de liquidités pour faire face à l’urgence, mais il doit s’agir de dons, car prêter à un pays pauvre complètement détruit est une aberration. Ce prêt va même à l'encontre des propres recommandations du FMI qui considère le pays comme insolvable. Comme si le fardeau des Haïtiens n’était pas déjà assez lourd, ce prêt du FMI va faire payer le coût de la reconstruction à la population un peu plus longtemps encore. De plus, nous craignons que ce prêt ne marque la reprise en main de la destinée économique du pays par le FMI, alors qu’il serait temps que les Haïtiens puissent choisir leur modèle de développement". [4]

 

Notes

 

[1] En juin 2009, les principaux créanciers d’Haïti se sont engagés à annuler 1,2 milliard de dollars de dette, suite à l'atteinte du point d'achèvement de l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE).

[2] Plus de 70% de la dette de Haïti est due à des institutions financières internationales : Banque interaméricaine de développement (429 millions de dollars), FMI (165 millions de dollars) et Banque mondiale (38 millions de dollars). Autres créanciers : Taiwan (92 millions de dollars) et Venezuela (167 millions de dollars).

[3] Le prêt du FMI porte à 265 millions de dollars la dette d’Haïti au FMI.

[4] Les Haïtiens ont trop longtemps souffert des politiques qui leur ont été imposées dans le passé et du soutien des pays occidentaux, en particulier, aux Duvalier. Il est temps pour les pays riches de payer leur dette envers Haïti, notamment la France qui a une responsabilité historique en Haïti.
Pour en savoir plus : http://www.detteodieuse.org/des-pays-qui-illustrent-la-dette-odieuse.php#Haiti.

 

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À travers des textes publiés entre 1994 et aujourd’hui par Lutte Ouvrière et par l’organisation trotskyste haïtienne OTR (Organisation des travailleurs révolutionnaires) membre de l’Union communiste internationaliste, ce dossier revient sur l’histoire politique d’Haïti et la combativité de sa classe ouvrière.

DOSSIER HAITI
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Avant et après le séisme

Comment ils ont ruiné Haïti

 

Un terrible tremblement de terre, le pire depuis 200 ans, a frappé Port-au-Prince mardi, provoquant d’innombrables dégâts et victimes. L’intensité du séisme était de 7,0 sur l’échelle de Richter et a été suivi durant toute la nuit jusqu’au matin par 30 autres secousses, toutes supérieures à une magnitude de 4,5.

 

Le séisme a fait tomber des maisons, des hôtels, des hôpitaux et même les principaux bâtiments publics de la capitale, dont le palais présidentiel. L’effondrement de tous ces batiments a provoqué un gigantesque nuage qui a plané au-dessus de la ville et une pluie de poussière sur le sol dévasté.

Selon les estimations, on compterait plus de 100.000 morts pour une métropole de 2 millions d’habitants. Ceux qui ont survécu vivent dans la rue par crainte de retourner dans les constructions qui sont encore debout.

 

Partout dans le monde, les Haïtiens tentent d’entrer en contact avec leurs familles et amis mais la plupart des lignes téléphoniques du pays sont coupées.

 

Alors que la majorité des gens ont réagi à cette crise en cherchant comment fournir de l’aide ou faire un don, le fanatique de la Droite Chrétienne (US), Pat Robertson, s’est distingué par une déclaration raciste abjecte. Il a expliqué que les Haïtiens étaient maudits parce qu’ils avaient signé un pacte avec le diable pour se libérer de l’esclavagisme de leurs maîtres français lors de la révolution haïtienne, il y a 200 ans.

 

Les grands médias ont expliqué que le séisme avait été provoqué par un glissement de plaques tectoniques le long d’une faille située sous la capitale de Port-au-Prince, et que la misère et l’impuissance du gouvernement Préval avaient amplifié le désastre. Mais ils n’ont pas tout dit.

 

« La couverture médiatique du séisme se caractérise par une déconnexion quasi totale entre le désastre et l’histoire sociale et politique d’Haïti », explique le militant de la solidarité avec Haïti, le Canadien Yves Engler. « Ils répètent que le gouvernement n’était pas du tout préparé pour faire face à une telle crise. C’est vrai. Mais ils n’ont pas expliqué pourquoi. »

 

Pourquoi est-ce que 60 pour cent des bâtiments à Port-au-Prince étaient-ils mal construits et dangereux, même dans des conditions normales, selon le maire de la capitale ? Pourquoi n’y a-t-il pas de réglementation sur les constructions dans une ville située au-dessus d’une faille ? Pourquoi est-ce que la population de Port-au-Prince est-elle passée de 50.000 habitants dans les années 50 à 2 millions de miséreux aujourd’hui ? Pourquoi l’état a-t-il été totalement dépassé par les évènements ?

 

Pour le comprendre, il faut examiner une deuxième ligne de fracture – la politique impériale des Etats-Unis à l’égard d’Haïti. Le gouvernement des Etats-Unis, les Nations Unies, et d’autres puissances ont aidé la classe dirigeante haïtienne à soumettre le pays aux plans économiques néolibéraux qui ont appauvri les masses, provoqué des déforestations, ruiné l’infrastructure et rendu le gouvernement impuissant.

 

La ligne de fracture de l’impérialisme US a amplifié la ligne de fracture géologique et a transformé une catastrophe naturelle en une catastrophe sociale.

 

Pendant la Guerre Froide, les Etats-Unis ont soutenu les dictatures de Papa Doc Duvalier et ensuite Bébé Doc Duvalier – qui ont régné sur le pays de 1957 à 1986 – pour faire un contrepoids à Cuba.

 

Sous la supervision de Washington, Bebé Doc Duvalier a ouvert l’économie haïtienne aux capitaux US dans les années 70 et 80. Les produits agricoles importés des Etats-Unis ont inondé le pays et ruiné la paysannerie locale. Des centaines de milliers de gens sont venus se réfugier dans les bidonvilles de Port-au-Prince pour fournir une main d’oeuvre extrêmement bon marché aux « ateliers à sueur » (sweat shops) US situés dans les zones franches.

 

Dans les années 80, les Haïtiens se sont soulevés pour chasser les Duvalier et ont ensuite élu à la présidence le réformiste Jean-Bertrand Aristide sur un programme de réforme agraire, d’aide aux paysans, de reforestation, d’investissement dans les infrastructures, d’augmentation des salaires et des droits syndicaux pour les travailleurs.

 

En réaction, les Etats-Unis ont soutenu un coup d’état qui a chassé Aristide en 1991. En 1994, après que Bill Clinton ait envoyé ses troupes sur l’île, le président élu a retrouvé son poste mais à la condition d’appliquer le plan néolibéral US, appelé « plan de la mort » par les Haïtiens.

 

Aristide a résisté à certaines mesures du programme US pour Haïti, mais en a mis d’autres en oeuvre, brisant ainsi la perspective de réformes. Et puis un jour, les Etats-Unis ont perdu patience devant les résistances d’Aristide qui refusait de se soumettre totalement, surtout lorsqu’il a demandé au cours de sa dernière année de mandat 21 milliards de dollars en guise d’indemnisations pour son pays. Les Etats-Unis ont imposé un embargo économique qui a étranglé le pays et plongé les paysans et les travailleurs dans une misère encore plus profonde.

 

En 2004, Washington a collaboré avec la classe dirigeante haïtienne dans son soutien aux escadrons de la mort qui ont renversé le gouvernement puis enlevé et déporté Aristide. Les Nations Unies ont ensuite envoyé des troupes pour occuper le pays et le gouvernement marionnette de Gérard Latortue a été installé afin de poursuivre les plans néolibéraux de Washington.

 

Le court règne de Latortue a été marqué par une profonde corruption – lui et ses partisans ont empoché une bonne partie des 4 milliards de dollars injectés par les Etats-Unis et d’autres pays après la levée de l’embargo. Le régime a démantelé les timides réformes qu’Aristide avait réussies à mettre en place. Ainsi, le processus d’appauvrissement et de dégradation des infrastructures du pays s’est accéléré.

 

En 2006, les Haïtiens ont massivement élu à la présidence René Préval, allié de longue date d’Aristide. Mais Préval n’a pas fait preuve de beaucoup de détermination et a fini par collaborer avec les plans US et ignorer la crise sociale qui s’amplifiait.

 

En fait, les Etats-Unis, les Nations Unies et les autres puissances impériales ont court-circuité le gouvernement Préval en injectant de l’argent directement dans les ONG. « Aujourd’hui, en Haïti, le nombre d’ONG par habitant est le plus élevé au monde » dit Yves Engler. Le gouvernement Préval n’est plus qu’un paravent derrière lequel les véritables décisions sont prises par les puissances impériales qui les mettent en application par l’intermédiaire d’ONG qu’elles ont choisies.

 

Le véritable pouvoir dans le pays n’est pas exercé par le gouvernement Préval mais par la force d’occupation des Nations Unies appuyée par les Etats-Unis. Sous direction brésilienne, les forces de l’ONU ont protégé les riches et ont collaboré avec – ou ont fait semblant de ne pas voir – les escadrons de la mort d’extrême droite qui terrorisent les partisans d’Aristide et de son parti Lavalas.

 

Les forces d’occupation n’ont rien fait pour lutter contre la misère, la dégradation des infrastructures et la déforestation massive qui ont amplifié les effets d’une série de catastrophes naturelles – de violents cyclones en 2004 et 2008 et maintenant le séisme.

 

Au lieu de cela, elles se sont contentées de faire la police au milieu d’une catastrophe sociale et ont commis les crimes habituels et caractéristiques de toutes les forces de police. Selon Ban Beeton, dans un article de la NACLA sur les Amériques, « la mission de stabilisation de l’ONU à Haiti (MINUSTAH), qui a commencé en juin 2004, a été marquée pratiquement dés le premier jour par des scandales de meurtres, de viols et autres violences commises par ses troupes. »

 

L’administration Bush d’abord, et maintenant l’administration Obama, ont toutes deux profité du coup d’état, des crises sociales et des catastrophes naturelles pour étendre les projets néolibéraux des Etats-Unis.

 

Sous Obama, les Etats-Unis ont annulé une partie de la dette, pour un montant de 1,2 milliards de dollars, mais n’ont pas annulé la totalité de celle-ci – Haiti rembourse encore d’énormes sommes à la Banque Inter-Américaine pour le Développement. L’annulation d’une partie de la dette fait partie de la mise en scène habituelle destinée à occulter la véritable politique d’Obama à Haiti, qui est encore et toujours la même.

 

En étroite collaboration avec le nouvel envoyé spécial des Nations Unies pour Haïti, l’ancien président Bill Clinton, Obama est intervenu pour faire appliquer un programme économique similaire à celle du reste des Caraïbes – tourisme, ateliers de textiles, et la réduction du contrôle de l’état sur l’économie par le biais des privatisations et des déréglementations.

 

Plus précisemment, Clinton a dirigé un plan visant à transformer le nord d’Haïti en un terrain de loisirs pour touristes, situé le plus loin possible des bidonvilles de Port-au-Prince. Clinton a convaincu la compagnie Royal Caribbean Cruise Lines d’investir 55 millions de dollars pour construire un port le long de la côte de Labadee, loué jusqu’en 2050.

 

A partir de là, l’industrie touristique de Haïti espère organiser des expéditions vers les forteresses haut perchées de Citadelle et de Palais Sans Souci, toutes deux construites par Henri Christophe, un des dirigeants de la révolution des esclaves d’Haïti. Selon le Miami Herald, le plan de 40 millions de dollars comprend la transformation de la ville paisible de Milot, base de départ pour la Citadelle et le Palais Sans Souci, en un village touristique animé comprenant des galeries d’arts, des marchés d’artisanat, des restaurants et des rues pavées. Les touristes seront transportés en contournant le cap embouteillé de Cap-Haïtien jusqu’à la baie, puis transportés par autocars le long des plantations paysannes pittoresques. Une fois à Milot, ils pourront grimper à pied ou à cheval jusqu’à la Citadelle... classée patrimoine mondial depuis 1982...

 

Dés lors que la Royal Caribbean a prévu de faire venir le plus grand navire de croisière au monde, provoquant ainsi une demande en excursions, l’industrie du tourisme d’Haiti encourage le développement de l’écotourisme, d’explorations archéologiques et de démonstrations voyeurs de rites vaudous.

 

Ainsi, tandis que Pat Robinson compare la grande révolution des esclaves d’Haïti à un pacte avec le diable, Clinton s’active à la réduire à un piège à touristes. Dans le même temps, les plans de Clinton pour Haïti prévoient une expansion des « ateliers à sueur » (sweat shops) pour profiter de la main d’oeuvre bon marché fournie par les masses urbaines. Les Etats-Unis ont détaxé les importations en provenance d’Haiti pour faciliter le retour de la production de ces ateliers.

 

Clinton a vanté les opportunités offertes par le développement des « ateliers à sueur » lors d’une visite éclair d’une usine à textile appartenant et géré par la célèbre Cintas Corp. Il a annoncé que George Soros avait offert 50 millions de dollars pour un nouveau parc industriel d’ateliers qui pourrait créer 25.000 emplois dans l’industrie du textile. Clinton a expliqué à une conférence de presse que le gouvernement d’Haïti pourrait créer « plus d’emplois en baissant le coût des investissements, y compris le prix des loyers ».

 

Le fondateur de TransAfrica, Randall Robinson, a déclaré à Democracy Now ! (radio progressiste US – NdT) « Haïti n’a pas besoin de ce genre d’investissement. Il a besoin d’investissements en capital. Il a besoin d’investissements qui lui permettraient d’atteindre l’autosuffisance. Il a besoin d’investissements pour pouvoir se nourrir. »

 

Une des raisons pour lesquelles Clinton a pu promouvoir aussi facilement les « ateliers à sueur » est que le coup d’état appuyé par les Etats-Unis a éradiqué toute forme de résistance. Ils se sont débarrassés d’Aristide et de sa manie qui consistait à augmenter le salaire minimum. Ils l’ont forcé à l’exil, ils ont terrorisé ses alliés restés sur place et ils ont interdit à son parti politique, Fanmi Lavalas, le parti le plus populaire du pays, de se présenter aux élections. De plus, le régime issu du coup d’état a attaqué les syndicalistes présents dans les « ateliers à sueur ».

 

Clinton pouvait ainsi annoncer aux hommes d’affaires que « Le risque politique en Haïti est le plus faible que je n’ai jamais vu de ma vie ».

Ainsi, à l’instar des présidents américains avant lui, Obama a aidé les classes privilégiées d’Haïti, a soutenu les multinationales qui voulaient profiter des coûts de main-d’oeuvre, a réduit le pouvoir de réglementation de l’état haïtien et a réprimé toute forme de résistance politique.

 

Les conséquences directes de ces politiques sont un état haïtien impuissant, une infrastructure en ruines, des constructions hasardeuses et une misère noire qui, conjuguées aux cyclones et maintenant au séisme, ont transformé une catastrophe naturelle en une catastrophe sociale.

 

Tout le monde devrait soutenir la fourniture d’aide à Haïti, mais personne ne devrait le faire avec des oeillères. Comme l’a dit Engler : « l’aide destinée à Haïti a toujours été employée au profit d’intérêts impérialistes. Ceci est évident lorsqu’on observe comment les Etats-Unis et le Canada ont traité le gouvernement Aristide en contraste au traitement réservé au régime issu du coup d’état. Les Etats-Unis et le Canada ont affamé Aristide en supprimant pratiquement toute aide. Mais après le coup d’état, ils ont ouvert en grand les robinets financiers pour appuyer les forces les plus réactionnaires de la société haïtienne. »

 

Ils ne faut pas se tromper sur le rôle des ONG internationales. Tandis que de nombreuses ONG tentent de répondre à la crise, les Etats-Unis et d’autres gouvernements fournissent une aide destinée à miner le droit à l’autodétermination du pays. Les ONG internationales n’ont aucun compte à rendre au gouvernement haïtien, pas plus qu’au peuple haïtien. Par conséquence, toute aide qui passe par ces ONG ne fait qu’affaiblir un peu plus le peu d’emprise sur leur propre société encore entre les mains des Haïtiens.

 

L’administration Obama devrait aussi lever l’exil d’Aristide et lui permettre de retourner en Haïti, et lever aussi l’interdiction faite à son parti politique, Fanmi Lavalas, de participer aux élections. Après tout, un criminel et trafiquant de drogue notoire, Guy Philippe, et sont parti le Front National pour la Reconstruction (FNR) ont été autorisés à participer aux élections. Aristide et son parti, par contraste, sont encore la force politique la plus populaire du pays et devraient être autorisés à participer à une élection libre et démocratique.

 

Les Etats-Unis devraient aussi cesser de déporter les Haïtiens qui ont fui leur pays déchiré par la crise et leur accorder une statut temporaire de réfugiés. Ce qui permettrait aux Haïtiens qui ont fui la crise politique et sociale que traverse le pays depuis le coup d’état, les cyclones et à présent le séisme, de rester aux Etats-Unis.

 

Par-dessus tout, nous devons exiger que les Etats-Unis cessent d’imposer leurs programmes néolibéraux. Les Etats-Unis ont pillé Haïti depuis des décennies. Ce n’est pas Haïti qui a une dette envers les Etats-Unis, et d’autres pays, mais l’inverse. Les Etats-Unis, la France, le Canada et les Nations Unies doivent au peuple haïtien une indemnisation pour le pillage de leur pays.

 

Avec ces indemnités et un espace politique, les Haïtiens pourraient commencer à déterminer leur propre avenir politique et économique – tel qu’il avait été rêvé par la grande révolution des esclaves, il y a 200 ans.

 

Ashley Smith

 

Article original : http://www.counterpunch.org/smith01...

 

Traduction par le Grand Soir

 

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Le Père Noël

est une ordure


LO 28 décembre 2009

 

La nouvelle année va voir l’entrée en application de nouvelles mesures gouvernementales qui vont encore aggraver les difficultés que rencontrent les classes populaires.

 

La hausse du forfait hospitalier, qui va passer à 18 euros par jour, le taux de remboursement par la Sécurité sociale de 110 médicaments qui va être ramené de 35 % à 15 %, sans parler des nombreux déremboursements passés et à venir, vont rendre l’accès aux soins de plus en plus difficile pour des millions de travailleurs. Les mutuelles compenseront, nous disent les porte-parole du gouvernement. Mais dans les classes populaires, nombreux sont ceux qui n’ont pas de mutuelle ou qui ont été obligés d’y renoncer parce que cela est trop cher pour leur revenu. Et pour ceux qui en ont une, leur prix va encore augmenter, de 5 % en moyenne, d’après le président de la Mutualité française, parce qu’elles vont évidemment répercuter sur leurs adhérents ces nouvelles charges, comme la taxe sur leur chiffre d’affaire que le gouvernement a mise en place cette année sous prétexte de les faire participer à la croisade contre la grippe H1N1.

 

Le premier janvier va voir aussi entrer en application la taxe carbone, dont le gouvernement prétend qu’elle sera compensée par une diminution d’impôt forfaitaire de quelques dizaines d’euros. Mais tous ceux qui ont dû émigrer vers des banlieues lointaines pour trouver des loyers abordables, qui faute de transports en commun suffisants sont obligés de prendre leur voiture pour de longs parcours afin d’aller travailler, qui se chauffent au fioul ou au gaz, seront évidemment perdants. En revanche, les grandes entreprises qui ont accès au marché des “droits à polluer” seront exonérées de cette taxe.

Mais tout n’augmente pas pour tout le monde. 2010 sera aussi l’année de la suppression de la taxe professionnelle, cadeau royal offert au grand patronat qui vient s’ajouter à la cascade d’exonérations de cotisations sociales dont il bénéficie. Évidemment, la disparition de cette taxe, qui comptait pour beaucoup dans le budget des communes, va forcément les amener à augmenter les impôts locaux. Mais de cela, le gouvernement se moque bien. Il est ouvertement, cyniquement, au service des plus riches et s’emploie à faire supporter le poids de la crise du système capitaliste aux classes laborieuses.

 

Les licenciements, les fermetures d’entreprise, continuent. Le nombre de chômeurs qui arrivent en fin de droits explose. Le SMIC ne sera augmenté que de 0,5 % au premier janvier, parce que le patronat, le gouvernement et leurs prétendus experts affirment que les entreprises ne supporteraient pas plus. Mais Le Figaro du 28 décembre pouvait se réjouir en proclamant à sa une “Bourse de Paris : l’année du rebond”, parce que le CAC 40 avait gagné 22 % dans l’année... grâce aux milliards injectés dans les banques et les entreprises par l’État, ce qui permet à la spéculation de continuer comme par le passé. C’est que, pour les riches, Sarkozy est vraiment le Père Noël, avec une hotte pleine de cadeaux.

 

Le monde du travail, lui, n’a pas à en attendre de ce gouvernement au service des possédants. Il n’en a pas à attendre non plus des grands partis politiques qui ne proposent que de “bien” voter aux prochaines élections, pour chasser l’UMP... et pour mener à sa place une politique tout aussi favorable au patronat, comme ils l’ont fait dans le passé. Mais ce monde du travail a le moyen, lui qui produit tout, lui qui fait fonctionner toute la machine économique, d’inverser le cours des choses, pour peu qu’il prenne conscience de la force qu’il représente.

 

C’est le seul vœu raisonnable que l’on puisse formuler à la veille de cette nouvelle année : qu’une légitime et sainte colère s’empare des travailleurs et leur permette d’imposer aux industriels et aux banquiers de supporter les conséquences de leur système économique dément.

 

Arlette Laguiller

 


 

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Intervention de l'État : fric à gogo pour les patrons

 

banques.jpg
Annonce de mesures symboliques contre les bonus des banquiers d’un côté, dizaines de milliards distribués d’un autre aux plus grosses entreprises dont on apprend qu’elles paient trois fois moins d’impôts que les PME: l’État est au service exclusif des plus riches.

Les banquiers crient au scandale. Sarkozy, dans les pas de Gordon Brown, le Premier ministre anglais, projette de taxer les bonus mirobolants que les banques versent à leurs traders pour attirer les «meilleurs». Encore il y a peu, réduits par la crise à quémander auprès de l’État des liquidités ou des garanties pour lever des fonds sur les marchés, voilà maintenant que les banquiers protestent face à l’annonce de mesures dont même la presse patronale indique qu’elles ne seront que symboliques.

 

Mais n’est-ce pas l’essentiel pour Gordon Brown, à quelques mois d’élections législatives, et pour Sarkozy avant les régionales? Celui-ci avait été le premier à dénoncer ces «bonus gigantesques» en septembre… 2008, à New York. Quinze mois plus tard, il annonce vouloir passer aux actes. Et très opportunément, ces mesures seraient discutées lors de l’examen de la loi de finances rectificative… début 2010, avec, on peut l’imaginer, force publicité.

 

Mais cette mise en scène est bien incapable de donner le change alors que l’État ne cesse de subventionner, par tous les biais possibles, le patronat des plus grosses entreprises. Ainsi, le Grand emprunt sur lequel Sarkozy et son gouvernement viennent de rendre les derniers arbitrages. Il y aurait, nous dit-on, 11 milliards d’euros pour les universités et 8 milliards pour la recherche. Mais, loin d’être destinée à tous les étudiants, cette manne ne servira qu’à une dizaine de campus dans le cadre d’une privatisation de l’enseignement supérieur dont l’objectif est de fournir aux grandes entreprises des dirigeants et des cadres supérieurs formés à leurs besoins. Même chose pour la recherche qui est un de leurs postes budgétaires les plus coûteux.

 

C’est ces jours-ci également que les grands groupes du secteur bâtiments et travaux publics présentent leurs offres pour obtenir la construction des lignes à grande vitesse (LGV) Tours-Bordeaux et Le Mans-Rennes. Bouygues, Eiffage et Vinci sont sur les rangs pour décrocher ces marchés qui représentent 10 milliards d’euros et dont l’État a promis d’assurer la moitié du financement. Un pactole qui s’ajoute à celui que représente la construction de la grande boucle de métro reliant Roissy à Orly, prévue dans la loi sur le Grand Paris (20 milliards d’euros).

 

Un rapport officiel publié la semaine dernière a révélé que les sociétés du CAC40 paient trois fois moins d’impôts sur les bénéfices que les PME. Plus les entreprises sont riches et puissantes, moins elles paient d’impôts, confirme cette étude, grâce à tous les procédés légaux par lesquels l’État leur permet d’échapper à la taxation (niches fiscales, paradis fiscaux, transferts de bénéfices dans d’autres pays, etc.).

 

Tout cela n’a pas empêché Sarkozy, lorsqu’il a présenté le Grand emprunt, de déclarer: «Il faut dépenser moins et dépenser mieux», et de confirmer la tenue en janvier d'une «conférence sur le déficit de la France», au cours de laquelle ce sont les dépenses utiles à toute la population qui seront dénoncées.

 

En réalité, les dépenses dont il est urgent d’imposer l’interdiction, ce sont les subventions à fonds perdus aux banques et aux multinationales qui, dans le même temps, font un profit supplémentaire en prêtant contre intérêt à ce même État dont elles creusent la dette.


Galia Trépère

 

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L'Edito de REGARDS

 

Le bruit et l’odeur d’une droite décomplexée

 

Depuis la rentrée, c’est un festival. Les ministres, porte-parole, députés, conseillers de « la droite dure » se lâchent sans complexes. La concomitance de dérapages verbaux ne peut être tenue pour un pur hasard. La méchante sortie de Brice Hortefeux à l’université d’été ne relève sans doute pas du calcul politique prémédité (1). Il se trouve que quelques semaines plus tard, une responsable UMP trouve amusant de déclarer qu’envoyer Rama Yade dans le Val-d’Oise pour les régionales « ferait plus couleur locale ». La très prudente Rachida Dati a reconnu elle-même que le ministre Hortefeux était « un gros raciste » et Azouz Begag couchait par écrit les agressions de ce sinistre personnage. Tout cela traduit l’atmosphère délétère qui règne au sommet de l’Etat où le racisme est devenu une plaisanterie.

 

Dans un registre proche, on a entendu un député exiger un devoir de réserve pour les prix littéraires ! Le ministre de la Culture, le discrédité Frédéric Mitterrand, n’en a cure. Le caporalisme et l’anti-intellectualisme s’imposent. Un judoka, nouvellement élu député et membre de la direction de l’UMP, assume sa misogynie en assurant que tous les hommes le sont sauf « les tapettes ». Tellement amusant que le président du club de foot de Montpellier peut impunément menacer un joueur d’une équipe adverse : « On l’attend cette petite tarlouze ». Et notre Thierry Roland national de trouver ça « superdrôle ».

 

Racisme, anti-intellectualisme, misogynie, homophobie, autoritarisme : au-delà même d’une politique, figurent ici les ingrédients d’une culture franchement frappée du sceau de l’extrême droite, qui se sent autorisée. Le débat lancé par Besson le légitime dans le champ institutionnel. Les charters pour sans-papiers l’inscrivent dans la réalité de la politique d’Etat. Qu’un proche du Président, Patrick Buisson, soit un ancien journaliste de Minute n’est donc pas une faute de goût.

 

Tout cela est parfois spontané, parfois prémédité. Et en tout cas tombe à pic dans un moment où le gouvernement est à la peine face à la question sociale. Faire diversion est une vieille ficelle. Alors que la crise économique n’a pas fini de produire ses effets, que les inquiétudes sociales sont fortes en matière de niveau de vie et de sécurisation des parcours professionnels, que le gouvernement n’a pas changé de cap économique comme l’a illustré le vote du budget 2010, il s’agit de mettre le paquet sur le registre classique du sarkozysme, celui qui empiète sur le terrain du Front National, celui auquel on prête la victoire lors de la dernière présidentielle. Tous azimuts, de la nouvelle mouture du fichier Edvige, qui permet notamment l’inscription des mineurs à partir de l’âge de 13 ans, au débat lancé par Michèle Alliot-Marie sur la castration chimique et physique des violeurs, la période toute récente regorge d’exemples. Après la fermeture du campement de Calais, ce fut l’expulsion de trois Afghans dans leur pays d’origine, en guerre, bafouant allégrement la logique du droit des réfugiés. La gauche a eu beau crier au scandale, le premier ministre François Fillon a assumé et enfoncé le clou : la France « n’a pas à s’excuser, ni à culpabiliser ». Fermer le ban. L’heure n’est pas à l’humanité mais à la fermeté.

 

Ancrer les électeurs Front national dans le vote UMP n’est pas étranger aux objectifs de tous ces acteurs politiques. Mais il n’est pas certain que « le bon coup » de la présidentielle se renouvelle : on peut même penser que la farce ne marchera pas deux fois et que tout cela ne fait que remettre en selle le FN. Il monte dans les sondages et ses idées reprises, banalisées, objets de plaisanterie rendent l’atmosphère irrespirable. Comme dirait Marie NDiaye.

 

C.A. et C.T.

 

1. Extrait pour mémoire : « Quand il y en a un, ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes », en référence à l’origine d’un jeune homme arabe qu’il croisait. Le ministre a eu beau se justifier en prétendant qu’il parlait des Auvergnats, le caractère raciste de la séquence a fait scandale et constitué un « buzz » sur Internet.

 

Paru dans Regards n°67, décembre 2009

 

1,6 million d’euros par an pour Henri Proglio : l’indécence d’Etat

 

Le PDG d’EDF obtient 45% d’augmentation :

vous avez dit entreprise publique ?

 

"L’arrivée d’Henri Proglio à la tête d’EDF est décidément semée d’embûches, écrit Europe 1. C’est d’abord sa volonté de garder un pied dans Veolia qui avait fait débat. Jeudi, au lendemain de sa prise de fonction à la direction du groupe énergétique, c’est le niveau de son salaire qui créé un début de polémique. La veille, dans Les Echos, le nouvel homme fort d’EDF avait en effet émis le souhait d’être rémunéré à hauteur de son ancien salaire chez Veolia, à savoir 1,6 million d’euros. Ce qui représente une hausse de 45% par rapport aux émoluments de son prédécesseur, Pierre Gardonneix." Passons rapidement sur la tartufferie de Proglio : "Le nouveau président d’EDF a réaffirmé n’avoir rien demandé en termes de rémunération. "J’ai seulement espéré [gagner] autant qu’hier, tout compris", a-t-il précisé", nous apprend un autre article du site de la station périphérique. Il n’a rien demandé : il a juste dit qu’il voulait 1,6 million ! A ce niveau de rémunération, son attitude relève de la pure cupidité mais après tout, ça le regarde. Le vrai scandale, c’est que nos éminents représentants de la Sarkozie trouvent sa demande parfaitement légitime et la lui accordent sans sourciller au nom de l’Etat français. "Il faut que les choses soient très claires : on a choisi Henri Proglio parce qu’on [en] avait besoin. Dans ces conditions il est parfaitement normal" que sa rémunération "soit proche de celle qu’il avait dans ses fonctions précédentes", estime le Premier ministre en visite à Flamanville, cité par Le Monde, un François Fillon qui débite comme une évidence un incroyablediscours : il est "parfaitement normal" de toucher un salaire de 1,6 million d’euros, payés par l’Etat, dans un pays aux 4,6 millions de chômeurs où lesbénéficiaires du RSA  survivent avec 400 euros par mois ? Indécence ! C’est le mot utilisé par Pierre Haski poussant son coup de gueule sur Eco89 : "Il y a de l’indécence dans l’air. Celle du ministre de l’Industrie Christian Estrosi, qui parle de « courage » pour justifier la demande du nouveau PDG d’EDF de doubler son salaire par rapport à celui de son prédécesseur. Celle d’Henri Proglio, qui débarque à la tête d’une entreprise de service public en exigeant de maintenir ses avantages financiers acquis dans une des grandes multinationales privées françaises. Ministre d’un président qui prône sur la scène internationale la moralisation du capitalisme et la modération des revenus, Christian Estrosi a déclaré mercredi matin sur France 2   : «  Il faut faire preuve d’un peu de courage si nous voulons avoir les meilleurs capitaines d’industrie pour diriger nos plus grandes entreprises.  » (...) mettre en avant le « courage » qu’il y aurait à doubler le salaire du PDG d’une entreprise d’Etat en pleine période de crise, alors qu’un demi-million de personnes ont perdu leur emploi (*) ?"

Mais Estrosi dit vrai, en réalité : il faut du "courage" pour revendiquer aussi visiblement une vision du monde, celle de la droite, qui légitime une inégalité obscène, du "courage" pour oser dire : "eh bien oui, nous voulons que les riches soient toujours plus riches et tant pis pour le peuple". Du courage pour assumer devant les Français : "La justice sociale ? Rien à foutre". Mais ça n’en empêchera pas 30% (des inscrits) d’aller sagement voter aux prochaines élections en faveur de l’Union pour une Minorité de Privilégiés. Combien tu veux, Riton ? 1,6 million d’euros ? Pas de problème, profite, c’est l’Etat qui régale. Avions-nous précisé que Proglio est un proche de Sarkozy ? "En prenant la tête d’une entreprise de service public, il s’honorerait à donner un sens aux mots, et à ne pas se comporter comme le chef d’une entreprise du privé… qu’il est, de fait, resté, conservant un pied chez Veolia, et un autre chez EDF, écrit encore Haski. Si le mot « courage » avait un sens, c’est là qu’il trouverait sa valeur : non pas en défendant l’indéfendable comme l’a fait notre ministre en service commandé venu soutenir l’introduction dans le secteur public des valeurs du privé, surtout lorsque ces valeurs sont dénoncées par les mêmes, par ailleurs, comme étant au coeur de la crise de système que nous sommes en train de vivre". Très juste. Le courage, pour le commun des mortels, serait de s’attaquer aux privilégiés pour améliorer la condition des humbles. Mais pour la clique au pouvoir, il consiste au contraire à crânement porter les coups les plus rudes aux faibles tout en couvrant d’or l’oligarchie économique. C’est le courage de la droite décomplexée : celui de dire : "oui, je suis une ordure, et alors ?" En attendant, il est clair que la nomination du sieur Proglio ne risque pas d’améliorer le comportement d’EDF   qui perd complètement le sens de ce que doit être une entreprise publique, comme en témoigne la scandaleuse augmentation cachée que nous dénoncions dans notre billet du 18 août dernier, les commentateurs défilant régulièrement depuis sur son fil de discussion pour témoigner de l’explosion de leur propre tarif d’abonnement. Que dit-il de futures nouvelles augmentations ? Il commence par prétendre ne pas avoir d’idée sur la question : "Je ne sais même pas s’il faut les augmenter. Les tarifs auront de toute façon à évoluer, moins bien entendu si le parc fonctionne", a-t-il expliqué au micro d’Europe 1, faisant allusion aux incidents à répétition dans les centrales nucléaires. Ou comment démentir la première phrase par la seconde : si le parc fonctionne, le coût de l’électricité baisse, ce qui améliore la rentabilité d’EDF, qui n’a donc pas à répercuter de hausse. Le "moins bien entendu si le parc fonctionne" de Proglio précise ainsi le sens du mot "évoluer" : augmenter. Il faut donc relire la phrase en comprenant : "De toute façon, les tarifs augmenteront, c’est juste de combien que je ne sais pas encore". Tant pis pour l’usager.

 

sarko proglio

"Ecoute, Nicolas, alors mon salaire, je le voudrais grand comme ça..."

 

 

(*) Désolé, cher confrère, on écrit "un demi-million de personnes a perdu son emploi"

 

AGORAVOX 30/11/2009

 

Taoufik Ben Brik.

Le pouvoir veut nous faire taire

 

L'HUMA 26/11/2009

 

 

Par Radhia Nasraoui, avocate tunisienne

 

"C’est une affaire montée de toutes pièces. On sait que Taoufik ne peut pas attaquer une femme, comme ça dans la rue. Il était d’ailleurs avec sa fille. Lorsque l’incident s’est produit, il m’a immédiatement appelé pour me dire qu’il n’arrivait pas à comprendre qu’une femme l’ait attaqué alors qu’il ne lui avait même pas adressé la parole. Elle prétendait qu’il avait touché sa voiture alors qu’il n’y avait rien. Il a tenté de l’expliquer à cette femme mais il a vite compris qu’elle cherchait à créer un incident. Elle s’est jetée sur lui, a déchiré sa chemise, a commencé à crier et à demander qu’il l’accompagne au poste de police. Tout ça s’est passé devant l’école de sa fille. Il est monté dans sa voiture et il est parti. Le dossier lui-même montre que c’est une affaire montée de toutes pièces. Taoufik Ben Brik n’a pas bénéficié d’un procès équitable. Dès le départ, les avocats ont essayé d’expliquer qu’il fallait renvoyer l’affaire, même pour quelques jours, pour préparer l’affaire. Le président du tribunal n’a rien voulu entendre. Pourtant, Taoufik avait déposé une plainte pour faux en écriture. Il s’est en effet aperçu que les signatures figurant sur le procès-verbal n’étaient pas les siennes. Deuxièmement, un document manque dans le dossier. Il y a une dizaine de PV, or le PV nº 5 n’apparaît pas. Le juge a estimé que ce n’était pas normal. Visiblement ce n’était pas suffisant pour lui. Normalement, dans une affaire pénale, il y a une confrontation entre l’inculpé et la partie plaignante et entre l’inculpé et les témoins à charge. Ça n’a pas eu lieu. On a également montré les autres points faibles du dossier. Mais, là encore, le président du tribunal n’a pas voulu entendre la défense. Nous étions une trentaine à devoir prendre la parole. Mais, dès le quatrième avocat, le président a estimé que c’était suffisant. C’est une atteinte au droit. Une pratique qui tend à se généraliser en Tunisie lorsqu’il s’agit de militants des droits de l’homme. Les avocats ne sont pas nécessaires de leur point de vue.

 

Il y a donc eu refus du renvoi mais également refus d’une audience publique. Toute la famille de Taoufik n’a pas pu assister au procès. Plusieurs de ses frères en ont été empêchés par les agents de la police politique. On a également empêché les gens de se réunir chez Taoufik à l’occasion de la journée de solidarité avec lui et l’ensemble des journalistes réprimés. On a essayé de terroriser sa famille. Plus grave, depuis jeudi dernier, personne ne l’a vu. Ni sa famille ni ses avocats n’ont eu l’autorisation de le rencontrer en prison. Est-ce que cela signifie qu’il a été violenté  ? En tout cas, c’est sûr, il a subi des humiliations. À travers Taoufik Ben Brik, le pouvoir veut lancer un message  : personne n’est intouchable, personne n’a le droit de dire ce qu’il pense. Le pouvoir veut intimider les journalistes, les défenseurs des droits de l’homme. Pour cela, il met en place des procès de droit commun comme il l’avait fait contre moi et mon mari, Hamma Hammami."

 

Propos recueillis par Pierre Barbancey

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Xavier Renou, le désobéissant sympa !
Xavier Renou, le désobéissant sympa !

"Les espions de l'armée française gardent les Désobéissants à l'oeil"


Infiltration d'une taupe, écoutes, caméras : les stages d'« action directe non-violente » organisés par Xavier Renou sont très surveillés...


C'est un secret de polichinelle qui amuse même les plus gauchistes des militants. L'Etat surveille de près l'action des Désobéissants et autres groupuscules contestant notamment la politique militaire. Charlie Hebdo l'explique longuement dans sa livraison hebdomadaire. Le Ministère de la Défense, lui, dément.

 

Xavier Renou est un vieux militant à qui on ne l'a fait pas. Détesté par les « totos » (les autonomes qu'il a fréquenté dans sa jeunesse par le réseau No Pasaran), cet ancien de Greenpeace a réussi à développer un vaste réseau de militants -les Désobéissants- à qui il apprend les vertus de l'action directe non-violente. (Voir la vidéo)


 

Un mode d'action très médiatique qui suscite la curiosité des services de renseignement militaires. Logique, les Désobéissants ont pris pour cible quelques zones protégées : la base des sous-marins nucléaires de l'île Longue, celle qui abrite le missile M-51 dans les Landes, le siège de l'Otan à Bruxelles… qu'ils ont parfois réussi à pénétrer.

 

Un infiltré du renseignement militaire démasqué

 

Comme le raconte Charlie Hebdo, ce réseau fait donc l'objet d'une surveillance accrue des espions français. L'un d'eux, Laurent F., est membre du Comité d'objecteurs du Tarn (COT). A l'été 2007, il se rapproche des Désobéissants au cours d'un stage d'apprentissage aux méthodes non-violentes. Puis, en septembre, il se mêle aux activistes qui envahissent le  Centre d'essais de lancement de missiles de Biscarosse.

 

Quelques jours plus tard, Xavier Renou et ses amis reçoivent une lettre de dénonciation anonyme :

 

« Il y avait une photo de “Laurent F.” en uniforme, son vrai nom et l'indication qu'il travaille en réalité pour le renseignement militaire. Comme c'est une lettre anonyme, nous craignons une intoxication, mais nous faisons quand même notre petite enquête… »

 

L'enquête ne donne rien, mais le hasard permet de confondre l'infiltré : il est identifié par un ami commun qui connaît son vrai métier. Pris la main dans le sac, il ne nie pas avoir un temps travaillé pour l'armée, tout en prétendant que c'est du passé. Puis il disparaît définitivement de la circulation…

 

Une surveillance qui dure

 

Suivent plusieurs anecdotes dont les Désobéissants se délectent : une caméra militaire camouflée devant une maison bretonne où un stage a lieu, des écoutes téléphoniques, des surveillances, les RG qui viennent à la pêche aux infos, la visite d'un ponte de la gendarmerie, des cambriolages étonnants…

 

Pour Xavier Renou, autant d'indices que les services cherchent à la fois à savoir ce qui se trame dans ce nouveau réseau et à intimider ses membres :

 

« Si cette surveillance dure, c'est qu'ils ont peur du potentiel que l'on représente. On agrège des gens sur le fait que l'on partage des valeurs et des adversaires. Donc, on échappe à la logique de scission des grouspuscules politiques de l'extrême gauche, où l'on peut se disputer pour la place d'une virgule dans un tract.

 

Nous attirons des gens qui se tenaient à l'écart de cette radicalité… du coup, ça fait du monde. »

 

« On pourrait presque travailler pour des UMP un peu originaux ! »

 

En guise de démonstration, Xavier Renou aligne les chiffres…

  • 7 500 contacts de sympatisants pris en trois ans
  • 90 stages
  • 2 500 personnes

Et les missions de conseil ou de formation :

  • les syndicats (Sud, mais aussi depuis peu la CFDT et la CGT)
  • les partis politiques (des Verts au Modem, en passant par le PC et le PS) et même le NPA !

Les critères pour venir se former sont volontairement larges :

« Dès lors que la revendication nous semble servir le bien commun, on y va. Sans se laisser instrumentaliser, car nous sommes un instrument de toute façon. A la limite, on pourrait presque travailler pour des UMP un peu originaux ! »

 

Le Ministère de la Défense, que Rue89 a sollicité, s'est montré peu prolixe sur le sujet. Le cabinet d'Hervé Morin a livré la réponse suivante sur l'infiltration de Laurent F. :

 

« Après avoir vérifié auprès des services cités, aucun d'entre eux n'est impliqué dans ce dossier. »


Vidéo (tournée en octobre 2008) : Paul Meyer

 

 

MERCI à "Rue 89" 19/11/2009

 

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Michael Moore :

« Ce que nous exigeons du président Obama »

 

Par BASTA ! (17 novembre 2009)

 

Le réalisateur états-unien lance un plan d’action : quinze petites et grandes choses que chaque citoyen états-unien « peut faire maintenant ». De la lutte contre les expulsions immobilières à celle contre le réchauffement climatique, en passant par la dénonciation du lobbying, Michael Moore invite ses concitoyens à reprendre leur nation – et leur destin - en main. Une démarche qui inspirera peut-être les Européens.

 


Mes amis,

 

C’est la question que l’on me pose toujours après la projection de mon film [1] : « Et maintenant, comment puis-je agir ? »

Vous voulez un peu d’action ? Vous avez frappé à la bonne porte. Voici quinze choses que vous et moi pouvons faire pour réparer notre système détraqué.

 

CINQ CHOSES QUE NOUS EXIGEONS DU PRESIDENT ET DU CONGRES

 

1 – Lancer un moratoire sur les expulsions immobilières.

 

Plus aucune expropriation. Les banques doivent ajuster les remboursements mensuels de prêts sur ce que valent vraiment les maisons des gens – et sur ce qu’ils peuvent payer. Il doit également être inscrit dans la loi que même en cas de perte d’emploi, personne ne soit expulsé.

 

2 – Le Congrès doit rejoindre le monde civilisé en étendant le programme Medicare à tous les américains.

 

Une seule institution à but non lucratif pour gérer les remboursements de frais de soins qui sont la cause numéro un des banqueroutes et des évictions dans ce pays. Le programme « Medicare for all » mettra fin à la misère. La loi qui rendra tout ceci possible porte le numéro H.R. 3200. Mais elle n’est rien sans l’amendement proposé par le Républicain Anthony Weiner et qui porte le numéro H.R. 676. Téléphonez et écrivez à vos représentants au Congrès afin qu’ils soutiennent cet amendement. Soyez intransigeants.

 

3 – Exigeons des élections financées par le public et l’interdiction des élus quittant leur poste pour faire du lobbying.

 

Vous avez bien lu. Nos chers membres du Congrès qui sollicitent et reçoivent des millions de dollars de riches intérêts privés doivent retirer toute notion d’argent dans notre processus électoral et législatif. Demandez-leur de soutenir la loi de financement H.R. 1826.

 

4 – Chacun des 50 Etats doit créer une banque publique sur le modèle de celle existante dans le Dakota du Nord.

 

Le Congrès doit revenir aux régulations qui étaient vigueur avant la présidence de Ronald Reagan dans le domaine des banques commerciales, des sociétés d’investissement, des assurances – et par extension dans toutes les industries qui ont été ravagées par manque de discipline : les compagnies aériennes, l’agro-alimentaire, les pharmacies, etc. Si le profit est la motivation originelle d’une société, alors celle-ci doit être soumise à un contingent de règles, dont la première doit être de ne laisser personne sur le carreau. La deuxième règle sera d’œuvre pour le bien commun.

 

5 – Sauvons notre planète fragile en exigeant que toutes les sources d’énergie nous appartiennent en tant que citoyens.

 

Un peu comme ils le font dans l’Etat socialiste d’Alaska géré par Sarah Palin. Il ne nous reste que quelques décennies de réserve de pétrole. Nous devons, en tant que citoyens, rester propriétaires et maitres de nos ressources naturelles et de notre énergie, ou alors c’est la porte ouverte à encore plus d’anarchie d’entreprises. Quant aux énergies fossiles qui servent à nos transports, nous devons laisser tomber nos propres moteurs et exiger des sociétés qu’elles embauchent à nouveau notre main d’œuvre qualifiée afin de construire des transports en commun de masse (bus propres, métros, trains à grande vitesse) et des voitures non polluantes. Barack Obama, le nouveau PDG de facto de General Motors, doit lancer un gigantesque plan afin de transformer notre pays en une grande nation de trains, de bus et de métros. Il devrait prendre exemple sur l’ambitieux plan spatial de JFK. Après tout, c’est nous qui avons inventé – ou perfectionné – ces moyens de transport en premier !

 

CINQ CHOSES A FAIRE POUR QUE LE CONGRES ET LE PRESIDENT NOUS ECOUTENT

 

1 – Nous devons prendre l’habitude quotidienne de prendre cinq minutes pour passer quatre coups de fil.

 

Le premier pour le Président (dont le numéro est 202 456 1414), le deuxième pour notre représentant au Congrès (202 224 3121) et le troisième et le quatrième pour chacun de nos représentants au Sénat (202 224 3121). Il suffit d’une seule minute pour leur faire savoir ce que vous attendez d’eux sur tel ou tel sujet. N’hésitez pas à leur dire que vous voterez pour leur adversaire, voire pour un représentant d’un autre Parti, s’ils ne tiennent pas compte de vos vœux. Croyez-moi, ils vous écouteront ! Enfin, s’il vous reste cinq minutes, faites-leur un courriel. Et si vous voulez vraiment les effrayer, envoyez-leur une bonne vieille lettre par la Poste !

 

2 – Reprenez le pouvoir sur l’antenne locale du Parti Démocrate.

 

Vous souvenez-vous de cet élan entre voisins et amis pour faire élire Barack Obama ? Vous avez réussi l’impossible, il est l’heure de réactiver tout ceci ! Rendez vous aux réunions mensuelles du Parti Démocrate dans votre ville ou votre comté et formez une majorité pour diriger cette antenne. En général, il y a peu de monde à ces réunions, et ceux qui sont présents seront soit ravis soit outrés de voir que vous et vos amis de la Révolution Obama êtes venus pour vraiment changer les choses. L’agenda du Président Obama ne pourra devenir réalité que grâce à ces actions citoyennes collectives. Il a besoin de sentir qu’on le soutient, voire de lui montrer la bonne direction à suivre. Une fois que vous aurez repris le pouvoir dans le Parti, envoyez-moi une photo et je la publierai sur mon site.

 

3 – Trouvez quelqu’un pour vous représenter au niveau local lors des élections l’an prochain ou mieux : présentez-vous !

 

Pourquoi toujours élire celui qu’on attend ? Vous pouvez très bien être celui-ci ou celle-ci. Vous n’y croyez pas ? La liste des citoyens lambda devenus représentants s’allonge de jour en jour. Ainsi du Sénateur Deb Simpson, d’Isadore Hall, représentant à l’Assemblée de Californie, Corey Woods, conseiller municipal à Tempe dans l’Arizona, Chris Danou, représentant à l’Assemblée du Wisconsin, ou Larry Seaquist, représentant pour l’Etat de Washington. Il ne manque plus que votre nom !

 

4 – Montrez-vous ! Manifestez devant les banques qui ont été renflouées par l’état.

 

Osez la manifestation silencieuse et les marches. Envisagez aussi la désobéissance civile. Vous aussi avez accès aux conseils municipaux. Et faites du bruit, amusez vous, quitte à vous retrouver en une des nouvelles locales ! Plantez des panneaux « Victimes du capitalisme » devant les maisons saisies, les boutiques fermées, les écoles et toute autre infrastructure en mauvais état. La liste est disponible sur mon site.

 

5 – Devenez journaliste.

 

Oui, vous. Et vos amis. N’attendez pas toute la vérité des médias dominants qui sont contrôlés par d’immenses infrastructures. Démarrez un blogue ou un site web avec de vraies informations locales, sur le modèle de celui du Michigan Messenger. Tweeter vos amis et utilisez Facebook pour alerter vos amis sur les actions politiques à mener. La presse quotidienne se meurt. Qui, sinon vous, pourra remplir ce vide ?

 

CINQ CHOSES ESSENTIELLES A FAIRE POUR NOUS SURVIVRE EN ATTENDANT LA FIN DE CE MARASME :

 

1 – Retirez votre argent de la banque si celle-ci a été renflouée par l’Etat et placez le dans des banques locales ou mieux encore dans des caisses d’épargne.

 

2 – Débarrassez-vous de toutes vos cartes de crédit sauf une – celle qui sera débitée à la fin du mois.

 

3 – N’achetez pas d’actions.

 

Si vous avez un peu d’argent de côté, placez le sur un compte épargne ou utilisez le pour rembourser vos mensualités afin de devenir propriétaire le plus rapidement possible. N’hésitez pas non plus à acheter des bons du trésor émis par l’état.

 

4 – Syndiquez-vous afin que vous et collègues puissiez donner votre avis sur le fonctionnement de votre entreprise.

 

C’est très simple. Il n’y a rien de plus américain que la démocratie et il est intolérable qu’on doive la laisser à l’entrée des sociétés. L’autre façon de rendre votre lieu de travail encore plus américain est de le transformer en une coopérative que vous possédez. Ne soyez pas de simples esclaves de votre salaire. Vous êtes libres, et la moindre des choses quand on donne huit heures de son temps par jour à quelqu’un d’autre est d’être justement respecté et récompensé.

 

5 - Prenez soin de vous et de votre famille.

 

Je dois avouer qu’Oprah Winfrey [2] a raison : accordez-vous des moments de paix dans votre vie et fuyez la négativité et le cynisme. Recherchez le développement et l’amour. Eteignez votre poste de télévision et votre Blackberry, et sortez marcher au moins trente minutes par jour. Mangez des fruits et légumes, refusez tout ce qui contient du sucre, le sirop de maïs à haute teneur en fructose, la farine blanche ou le sodium. Comme le dit Michael Pollan : « mangez de la vraie nourriture, mais pas trop, surtout à base de plantes. » Accordez-vous sept heures de sommeil par nuit, lisez un livre par mois. Enfin, je vais sûrement passer pour une mémé, mais regardez votre grand-mère, nom de Dieu : elle est en pleine santé, elle a l’air reposé et elle connaît par cœur le nom de ses deux représentants au Congrès sans avoir besoin d’utiliser Google. Nous ferions mieux d’écouter ses conseils. Car si nous ne portons pas nos masques à oxygène – comme ils disent dans les avions – nous ne serons d’aucune aide à notre nation dans l’accomplissement de ce plan d’attaque !

 

Je suis persuadé qu’il y a beaucoup d’autres idées pour consolider ce mouvement. Soyez créatifs. Sortez des terrains battus quant il s’agit de politique. Soyez subversifs ! Essayez des choses qui n’ont jamais été réalisées jusque là. Comportez vous comme si votre vie en dépendait. Soyez audacieux ! Lancez-vous dans des actions sans retenue. Votre émancipation, ainsi que celle de votre communauté et de la nation, passe par là.

Nous pouvons réussir tous ensemble. Je n’en attends pas moins de vous, mes chers amis voyageurs !

 

Bien à vous,

 

Michael Moore.

MMFlint@aol.com

 

Traduction : Vincent Le Leurch pour Basta !

 

Lire le texte original en Anglais

 

Notes

[1] « Capitalism : a love story », ndlr

[2] présentatrice TV américaine ultra populaire, NDT

 

"Identité nationale : êtes-vous plus Français qu’Eric Besson ?"

 

Par Agnès Rousseaux (9 novembre 2009)

 

Le débat sur l’identité nationale est lancé. Le ministre Éric Besson a précisé, dans une lettre-circulaire envoyée le 2 novembre, les thématiques qu’il souhaite voir abordées lors des débats locaux sur le sujet. Les questions sont d’un goût douteux et les réponses suggérées assez inquiétantes. Dans ce document adressé aux préfets, il est question de célébrer l’identité nationale, de « réaffirmer la fierté d’être Français » et de se demander, entre autres, « pourquoi intégrer les ressortissants étrangers accueillis dans notre République ? » Petite visite dans l’arrière-cuisine de ce débat qui sent vraiment le moisi.

 

Dans une lettre envoyée aux préfets, Éric Besson précise les modalités de mise en œuvre du grand débat sur l’identité nationale, qui répond selon lui « aux préoccupations soulevées par la résurgence de certains communautarismes, dont l’affaire de la Burqa est l’une des illustrations ». En annexe de cette lettre-circulaire, un guide pour la conduite des débats locaux présente « les différents chapitres qu’il est souhaitable d’aborder lors de chaque réunion  ».

 

Les préfets doivent organiser ces débats, dans chaque département, d’ici le 31 janvier, avant la synthèse des travaux lors d’un colloque national. Au programme de ces rencontres locales, des questions proposées par le ministre et son équipe. Avec des suggestions de réponses possibles, qui sont autant de propositions à débattre. Et qui ont l’avantage non négligeable de cadrer le débat, voire de l’encadrer.

 

La première question invite à réfléchir sur « les éléments de l’identité nationale  ». Il est suggéré que « nos églises et nos cathédrales » puissent être un élément de réponse. Dans la liste des « valeurs de l’identité nationale », on trouve bien sûr les droits de l’Homme, la démocratie, la liberté, l’égalité, la laïcité, et... l’entreprise. Bientôt sur le fronton de nos édifices ?

 

Tout cela n’est qu’un petit échauffement. Arrivent ensuite les questions pièges : « Pourquoi accueillir des ressortissants étrangers dans notre République, puis dans notre communauté nationale ? » et « Pourquoi intégrer les ressortissants étrangers accueillis dans notre République, puis dans notre communauté nationale ? ». La question n’est pas de savoir comment (bien) le faire, mais d’abord si cela présente un intérêt. Dans les réponses suggérées, pas question de commencer par les impératifs de respect des droits, de la démocratie ou des libertés (pour des réfugiés fuyant une guerre ou une dictature par exemple) mais de regarder en priorité les petits intérêts de la France : « Le besoin de personnes qualifiées pour certains métiers ?  », « les emplois non pourvus dans notre économie ? », et ensuite seulement le droit au regroupement familial ou le droit d’asile.

 

Comment éviter que les pauvres viennent nous emmerder ?

 

Dans les raisons « d’intégrer les ressortissants étrangers accueillis dans notre République », on trouve aussi quelques questions essentielles pour Éric Besson : « Comment éviter la concentration d’une part importante de la population immigrée dans des zones où les difficultés socio-économiques s’accumulent ? », « Comment éviter l’arrivée sur notre territoire d’étrangers en situation irrégulière, aux conditions de vie précaires génératrices de désordres divers (travail clandestin, délinquance) et entretenant, dans une partie de la population, la suspicion vis à vis de l’ensemble des étrangers ? ». En expulsant tous les Afghans pardi ! Ou en délocalisant les parpaings du Mur de Berlin sur les plages méditerranéennes... On pourrait suggérer que c’est peut-être ce genre de questionnaire qui entretient la suspicion.

 

Une autre question porte sur le droit de vote des ressortissants étrangers au sein de la République : « Faut-il étendre le droit de vote aux élections locales, existant déjà pour les ressortissants des 27 États membres de l’Union européenne, à d’autres nationalités, notamment celles des pays qui ont, dans leur histoire, fait partie de notre République ? ». Le ministre Besson est-il est train de suggérer que les Algériens, les Sénégalais, les Nigériens... sans doute parce qu’ils portent en eux un peu des valeurs françaises transmises pendant l’expérience « très positive » de la colonisation, pourraient à ce titre bénéficier du droit de vote aux élections locales ? Un droit de vote dont seraient exclus les étrangers n’ayant pas cette chance de venir d’une ancienne colonie française ?

 

Surtout ne pas oublier la question fourre-tout : « La maîtrise des flux de personnes, de marchandises, de services, de capitaux, est-elle nécessaire au maintien de l’identité nationale ? » Et la question philosophie de comptoir : « Abolir les frontières, est-ce s’ouvrir aux autres ? ».

 

Des fonctionnaires du ministère pas très Français

 

Enfin, parce qu’il s’agit d’être pragmatique et concret, le guide pour les débats locaux pose La question essentielle : « Comment mieux célébrer l’identité nationale ?  ». Comme la rendre visible, palpable, évidente, voire écrasante ? De là, une sous-question s’impose : « Quels sont les acteurs de la transmission de la fierté nationale ? ». Le genre de question qui rappelle quelques mauvais souvenirs... D’autant que le guide insiste : « Comment imposer le respect des symboles de la Nation ? ». Une des propositions citées par ce guide est « d’accroître la place des symboles de la République (drapeau, Marianne) dans l’ensemble des édifices publics ». Et pourquoi pas ressortir les poussiéreuses francisques vichyssoises ?

 

Besson propose également d’augmenter le niveau de connaissance de la langue française demandé lors de l’entretien d’assimilation. Une requête qui peut paraître ironique alors que la circulaire, dans le même paragraphe, évoque des « temps fors » (sic) et « une nouvelle vois d’accès accéléré » (double sic) qui laissent supposer quelques lacunes en matière d’orthographe de la part de ses collaborateurs.

 

En lisant ce guide, on se pose tout de même une question. Ça tombe bien, Éric Besson y pense aussi : « Pourquoi la question de l’identité nationale génère-t-elle un malaise chez certains intellectuels, sociologues ou historiens ? ». Il n’y a vraiment pas de quoi !

 

Sans doute perturbé par sa propre identité politique fluctuante, Besson s’acharne dans sa quête d’identité nationale à vouloir dresser la liste des critères de francitude. Une vision qui enferme et nie les identités multiples, mouvantes et protéiformes qui ont façonné et façonnent encore la France. Le ministère cherche à exclure ceux qui n’entreraient pas dans les cases d’une identité formatée et fantasmée. Une obsession qui apparaît entre les lignes de ce questionnaire. Au point de se demander comment Éric Besson a pu oublier dans sa liste de questions la plus essentielle, celle que les communicants au service d’un certain Maréchal Pétain avait eu l’audace de poser : « Êtes-vous plus Français que lui ? ». Un nouveau slogan pour le ministère de l’identité nationale ?

 

Après la chute du Mur,

éclairage de Bernd Gehrke

 

NPA

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Interview : Bernd Gehrke fut militant de l’opposition de gauche dans l’ex-RDA depuis les années 1970. En 1989, il fut parmi les cofondateurs de la Ligue verte et de l’Initiative de la gauche unie. Il est l’auteur de nombreuses publications sur l’opposition et les luttes pour les libertés démocratiques dans l’ex-RDA.

 

Peux-tu rappeler ces journées où le Mur fut abattu?

 

BERND GEHRKE: La chute du Mur, le 9 novembre 1989, fut le résultat d’un mouvement de masse spontané et démocratique, exprimé dans d’impressionnantes manifestations qui grandissaient à un rythme stupéfiant. Ce mouvement a forcé à démissionner non seulement Honecker, le tout-puissant secrétaire général du parti stalinien SED, mais aussi le Politburo et le gouvernement. Le 9 octobre, les 70 000 manifestants à Leipzig firent une découverte sensationnelle : malgré les préparatifs à une guerre civile, le pouvoir n’avait pas utilisé la force. Honecker voulait lancer les chars, mais il a été débarqué par la majorité du Politburo qui essayait de sauver son pouvoir par une « politique de dialogue ». Ce fut mission impossible : 400 000 manifestants à Leipzig, 500 000 à Berlin Est, des manifestations en province. Tous les jours, des dignitaires tombaient dans une allégresse croissante. Alors, la chute du Mur, ce fut l’apogée, la folie. Personne n’arrivait à y croire.

 

Comment ce mouvement en est-il arrivé à exiger le démantèlement de la police politique Stasi?

 

BERND GEHRKE: La révolution démocratique a eu plusieurs phases. En été, il y a eu la fuite à l’Ouest de 10 000 jeunes par la Hongrie, qui a ouvert sa frontière avec l’Autriche. Septembre fut marqué par l’apparition ouverte d’organisations de l’opposition. En octobre, les ouvriers, jusque-là passifs, se sont joints au mouvement. Les manifestations exigeaient la légalisation des partis d’opposition et le respect de la constitution, aboutissant à la démission du gouvernement, du Politburo, et à l’ouverture du Mur. La vieille clique dirigeante pensait calmer les gens et les faire rentrer chez eux. Mais les anciennes institutions étaient toujours là, et on a commencé à exiger leur dissolution. Les structures du parti et ses milices dans les entreprises ont été dissoutes. Le conflit autour de la Stasi a éclipsé les autres. Le gouvernement « réformateur » de Modrow l’a dissoute, mais la population s’était rendu compte qu’on brûlait des documents à la hâte. Des manifestations ont eu lieu partout, avec occupation des immeubles de la Stasi, puis l’assaut du siège central à Berlin Est, le 15 janvier. Des comités citoyens démocratiques se sont constitués partout pour surveiller la dissolution.

 

Qu’est devenu le parti communiste?

 

BERND GEHRKE: Des 2,5 millions d’adhérents en août 1989, le SED n’en comptait plus que 
100 000 six mois plus tard. Un conseil provisoire s’est formé autour de Gregor Gysi et a convoqué un congrès extraordinaire. La tentative de certains rénovateurs démocratiques de dissoudre le SED, de détruire le vieil appareil et de repartir avec une organisation nouvelle a hélas échoué. Le SED a été transformé en Parti du socialisme démocratique (PDS), surtout pour sauver les biens du parti. S’ensuivirent des scandales concernant ces biens et les liens omniprésents avec la Stasi. Après un tel « renouveau » les anciens oppositionnels de gauche ne pouvaient pas rejoindre ce parti ; aussi parce que les petits groupes de l’opposition de gauche se sont malheureusement désintégrés avec la disparition de la RDA.

 

L’effondrement de la dictature à l’Est et la réunification du pays furent une avancée démocratique pour les travailleurs allemands; mais sur le plan économique et social, ce fut la restauration du capitalisme à l’Est. Comment la gauche allemande voit cette contradiction?

 

BERND GEHRKE: Ce n’est pas l’opinion de la gauche allemande. Les avis sont partagés, à l’image de la gauche, très hétérogène. Cela va de certains groupes qui dès le début étaient pour l’unité de l’Allemagne, jusqu’aux staliniens pour qui ce fut une contre-révolution téléguidée par l’Occident et qui a liquidé le « socialisme réellement existant ». Seule une minorité de la gauche, en dehors du SPD, a bien accueilli la réunification de 1990.

 

Pour certains, la disparition de la RDA fut un recul. Mais peut-on construire le socialisme au travers d’une dictature policière, et dans un pays occupé par une armée étrangère?

 

BERND GEHRKE: Seule une partie de la gauche pose cette question. La majorité voit l’occupation et la division de l’Allemagne comme une juste punition pour le fascisme et la guerre. Ton affirmation disant que l’unité allemande fut un progrès pour la classe ouvrière est complètement déconnectée de certains problèmes politiques et sociaux importants. Je pense que nous devrions faire une distinction entre, d’une part, la chute, nécessaire et légitime, de la dictature stalinienne et l’unité de l’Allemagne « en soi », et, d’autre part, la forme concrète que cette unité a prise sous un régime conservateur et réactionnaire. C’est vrai que l’unité allemande en 1990 fut le résultat de la volonté des travailleurs est-allemands. Mais ces derniers ont suivi aussi le slogan de la CDU : arrêt des expérimentations sociales, progressistes, et retour au capitalisme allemand éprouvé. Cela allait de pair avec la défaite de toute la gauche allemande, de l’Est comme de l’Ouest. Les résultats furent catastrophiques : une désindustrialisation, unique dans l’histoire, d’un pays industriel s’est opérée en 3-4 ans ; 1,7 million de personnes ont quitté l’Allemagne de l’Est depuis 1989.

 

Il faut discuter non seulement de la restauration du système économique capitaliste en soi, mais aussi de la victoire du néolibéralisme à tous les niveaux de la société et de la reconstruction réactionnaire de l’Allemagne. Les travailleurs est-allemands ne sont donc jamais arrivés là où ils voulaient en venir en 1990, à ce « capitalisme prospère » de l’Allemagne de l’Ouest. En croyant aveuglément dans la politique libérale de privatisation à l’Est, les travailleurs y ont contribué considérablement. Cela dit, tous les mouvements sociaux importants en Allemagne depuis 1991 sont généralement venus de l’Est ; mais c’étaient des luttes défensives.

 

Il faut des débats approfondis pour déterminer le caractère du processus historique de 1989 à 1991. L’unité allemande a été fondée en grande partie sur une alliance entre les travailleurs est-allemands et la bourgeoisie ouest-allemande. La réunification avait donc un caractère réactionnaire, et non pas progressiste, comme celle réalisée par Bismarck en 1871. Bismarck conduisit une « révolution par en haut ». Les travailleurs en RDA ont brisé leur révolution et réalisé une « restauration par en bas ». Cela n’a pas conduit au retour d’une dictature comme celle du SED, mais à la liquidation des restes de la « révolution stalinienne par en haut » en 1945-1948 (par exemple la nationalisation des usines) et des structures révolutionnaires naissantes d’une « république rouge-verte » en 1989.

 

La réunification a signifié un arrêt de la révolution démocratique en RDA, avec ses perspectives progressistes (même si elles n’étaient pas socialistes) d’émancipation démocratique, sociale et écologique de toute l’Allemagne. L’alternative, c’était une unification sur pied d’égalité de la « démocratie civile » en RDA, radicalement démocratique et sociale, avec la République fédérale. Jusqu’en décembre 1989, la grande majorité des Allemands de l’Est restaient attachés à une RDA démocratiquement transformée. La Table ronde entre l’opposition et le pouvoir voulait réaliser de nombreuses revendications avancées par les syndicats et la gauche de l’Allemagne de l’Ouest, dans la perspective d’une future unité allemande.

 

Les discussions sur une « troisième voie » en 1989-90 gardent leur valeur, tout comme les idées de démocratisation du Printemps de Prague en 1968 ou le programme de Solidarnosc en 1981, en tant qu’alternatives au néolibéralisme et au capitalisme. Hélas, la majorité de la gauche allemande ne comprend pas quels trésors peuvent renfermer de telles alternatives. Je constate avec plaisir que les jeunes étudient le Capital de Marx dans les universités allemandes, et qu’on voit le retour des débats sur les alternatives 
socialistes.

 

Propos recueillis par Roman Debski.

 

Août 1961 - Construction du «mur de la honte» par le régime de la RDA. Raison : l’exode massif vers l’Ouest, quand les déplacements à Berlin étaient encore libres (plus de 3,5 millions d’Allemands quittent la RDA entre 1945 et 1961).

 

C’est une large bande de terrain de plus de 
0 kilomètres, enfermée entre deux murs, avec barbelés, miradors, alarmes, pièges et chemins de ronde, surveillée par des milliers de soldats et mille chiens de combat.

 

On estime à plusieurs centaines (de 200 à 1 000 selon les sources) le nombre de tués, de 1961 à 1989, en tentant de fuir Berlin-Est, par les sinistres Vopos (garde-frontières est-allemands). Le nombre d’emprisonnés pour tentative de « désertion » avoisinerait les 100 000. Des anciens dirigeants de la RDA ont été condamnés en 1997 et 2004 pour avoir donné l’ordre de tirer sur les fugitifs.

 

"Assez de mensonges,

Hillary Clinton !"


Publié par COURRIER INTERNATIONAL

 

 

En visite au Proche-Orient ce week-end, la secrétaire d’Etat américaine s’est alignée sur la position israélienne concernant le processus de paix. Unanime, la presse palestinienne dénonce cette attitude pour le moins inattendue :

 

02.11.2009 | Omar Hilmi Al-Ghoul | Al-Hayat Al-Jadida

 

"Il ne fallait pas attendre de l'intervention d'Hillary Clinton qu'elle fasse avancer le dossier israélo-palestinien, ni des envoyés spéciaux de l'administration américaine qu'ils fassent pression sur l'Etat hébreu et le contraignent à trouver une solution négociée. Mais on ne pouvait pas imaginer que la secrétaire d'Etat américaine aggraverait les choses en tordant le cou à la vérité. A la suite de son entretien avec le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou [le 1er novembre à Jérusalem], elle a inversé les rôles et affirmé que ce sont les Palestiniens qui faisaient obstacle à la négociation. Selon une source israélienne haut placée, les Américains pensent à présent que les Palestiniens empêchent tout progrès dans le processus de paix. En tournée au Proche-Orient avec l'envoyé spécial de la Maison-Blanche George Mitchell, la secrétaire d'Etat américaine n'a pas hésité à déclarer aux médias que l'arrêt des constructions dans les colonies n'avait "jamais été une condition préalable pour les négociations avec les Palestiniens".

La conclusion qu'il faut en tirer est que l'administration Obama voudrait contraindre les Palestiniens à s'engager dans une pseudo-négociation, sans aucune lumière au bout du tunnel, qui durera le temps qu'il faudra pour qu'Israël puisse atteindre ses objectifs de judaïsation de Jérusalem et de la Cisjordanie, autrement dit d'anéantissement de tout espoir de paix.

Il est vrai que, par le passé, la direction palestinienne a accepté de négocier sans avoir obtenu l'arrêt de la colonisation. Cela veut-il dire pour autant qu'il faut se prêter au jeu israélo-américain ? Quoi d'étonnant à ce que les Palestiniens veuillent obtenir l'engagement des Israéliens, des Américains et du monde entier de parvenir à des résultats ? C'est à se demander si la chef de la diplomatie américaine veut vraiment la paix. Est-ce bien dans l'intérêt de la paix de poursuivre l'implantation de colonies, les confiscations de terres et la judaïsation dans les territoires occupés depuis 1967, là où devrait être créé le futur Etat palestinien ? Tout cela sert-il la négociation ou est-ce la loi de la jungle ? Toutes les terres de notre pays déjà concédées par les Palestiniens ne suffisent-elles pas aux Israéliens ? Quel scénario les Américains préparent-ils pour la région en faisant concession sur concession à Israël ? N'est-ce pas celui d'un retour à la violence et aux guerres ? Estiment-ils que la crise économique est derrière eux et qu'ils n'ont plus besoin des Arabes, de leurs capitaux et de leur pétrole ?

Autant de questions dont les réponses se trouvent du côté d'Hillary Clinton et de son administration. La principale question toutefois est de savoir pourquoi elle se ment à elle-même, à son peuple et au reste du monde et cherche à travestir la réalité en accusant les Palestiniens de faire obstacle à la négociation. Pourquoi donc, madame ? Qui vous a achetée ? Combien les pro-Israéliens vous ont-ils offert ?"

 

Traité de Lisbonne :

 

UN BOND VERS L’EUROPE DES INÉGALITÉS

 

30/10/2009

 

Maintenant que le verrou irlandais a été levé, le Traité de Lisbonne devrait rentrer en application. Il aura des conséquences négatives sur la vie quotidienne des populations de l’Union européenne.

 

Après le «oui» irlandais, tout ce qui justifiait le rejet du Traité de Lisbonne qui n’était qu’un copier-coller du Traité établissant une Constitution pour l’Europe (TCE) va devenir réalité. Les millions de femmes et d’hommes qui ont dit « non » à une Europe des inégalités vont, dans un contexte aggravé par la crise du capitalisme, devoir maintenant en subir les effets.

 

Il n’est pas inutile de rappeler ce qui attend celles et ceux qui ne vivent que de leur travail – quand ils en ont. Il n’est pas non plus inutile de garder en mémoire l’appui qu’ont apporté à ce traité, aux côtés de la droite, les socialistes et les Verts.

 

Laïcité

 

« L'héritage religieux » est défini comme la « source de la démocratie, de l'État de droit et des libertés fondamentales » ; l’Union européenne (UE) reconnaît les Églises, mais pas la laïcité (le mot et la chose sont absent des textes). L’Europe des Lumières s’obscurcit dangereusement. Les droits des femmes à peine conquis sont directement menacés. Le Vatican triomphe.

 

Démocratie

 

Si quelques dispositions renforcent le poids du Parlement européen, il reste largement un Parlement croupion : il n’est pas l’unique législateur et ses pouvoirs de contrôle sont limités (pas de séparation des pouvoirs) ; il ne peut pas proposer ses propres textes. Le monopole de l’initiative reste à la toute puissante Commission européenne qui peut s’opposer aux attentes du Parlement et du Conseil des ministres, tous deux pourtant issus du suffrage universel. Le citoyen peut changer, par le suffrage universel, son maire, son député, son gouvernement, mais il est totalement impuissant face à une Commission européenne qui n’est pas comptable de ses actes. Le traité ne modifie pas le caractère opaque de la Commission européenne plus que jamais aux ordres des lobbies de la finance et du business. Il consacre un défaut de démocratie qui, lorsqu’il se constate ailleurs, provoque les condamnations indignées de l’Union européenne.

 

Droits sociaux fondamentaux.

 

La Charte des droits fondamentaux traduit un terrible recul par rapport à la Déclaration universelle des droits de l’homme, au Pacte international relatif aux droits économiques sociaux et culturels et au Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Il est en recul par rapport à la Charte sociale de Turin de 1961. Ni le droit à la santé, ni le droit au logement, ni le droit à un revenu minimum à une pension de retraite, à une allocation de chômage ni le droit à l’accès à un certain nombre de services (transports, poste, etc.), ni le droit à la sécurité sociale et à l’aide sociale, ne sont formellement garantis dans ce texte. Pire, ces droits, lorsqu’ils sont mis en œuvre dans certains États membres, sont désormais directement menacés.

 

Néolibéralisme des politiques européennes.

 

La disparition de la formule « concurrence libre et non faussée » ne change rien. Un article du traité rappelle le primat d’une « économie de marché ouverte où la concurrence est libre » et un protocole (même valeur que le traité) indique que « le marché intérieur comprend un système garantissant que la concurrence n*fest pas faussée ». La seule politique de l’UE, c’est de mettre en concurrence toutes les activités humaines. Angela Merkel l’a confirmé : en ce qui concerne le libéralisme des politiques, « rien ne va changer ». Ce texte rend impossible toute espoir d’Europe sociale.

 

Services publics.

 

L’UE ne protège pas les services publics. Ils sont soumis aux règles de la concurrence. En fait, « la liberté d*fétablissement et la liberté de circulation des personnes, des biens, des capitaux et des services continuent de revêtir une importance capitale ». Le Traité de Lisbonne soumet comme jamais les services culturels, d’enseignement, de santé et sociaux à la logique du marché.

 

Mondialisation néolibérale.

 

Le texte renforce le poids des accords de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Il renforce les pouvoirs de la Commission européenne pour négocier à l’OMC. Les pouvoirs du Comité 133 sont renforcés. Son opacité demeure. La mise en œuvre de l’Accord général sur le commerce des services (AGCS), dont l’objectif ultime est la privatisation de toutes les activités de services – nationales, régionales ou municipales – en sera facilitée.

 

Subordination de la majorité des 27 États à l’Otan.

 

Le traité décide l’adhésion de l’UE à l’Otan, une organisation qui n’est pas européenne et dont la direction se trouve à Washington. « L*fOtan reste, pour les États qui en sont membres, le fondement de leur défense collective et l*finstance de sa mise en œuvre. » Les États se sont engagés à augmenter leur capacité militaire. Le traité met en place une Europe militaire, auxiliaire des gendarmes du monde.

« L*fEurope européenne fonctionne comme un leurre dissimulant l*fEurope euro-américaine qui se profile (Pierre Bourdieu) »

 

Raoul M. Jennar


Source : site NPA

 

Québec : l’Union Paysanne ajoute sa voix contre l’emprise des multinationales

 

HNS-Info 19 octobre 2009


Ce 16 octobre 2009, journée mondiale de l’alimentation, l’Union paysanne ajoute sa voix à celles des millions d’agriculteurs partout dans le monde qui dénoncent l’emprise des sociétés multinationales sur le système agroalimentaire mondial. Ces sociétés s’intéressent beaucoup plus aux profits de leurs actionnaires qu’à la santé des consommateurs ou au bien-être des agriculteurs. C’est sous influence des multinationales que les gouvernements et les institutions internationales multilatérales se concentrent sur la promotion de l’agriculture industrielle d’exportation au détriment des cultures locales vivrières et des communautés rurales.

 

Dans les mots du mouvement international d’agriculteurs et de paysans la Via Campesina, dont fait partie l’Union paysanne, « Les compagnies multinationales sont nos ennemis communs … Dans les zones rurales, on assiste à une offensive particulièrement violente du grand capital et des multinationales envers l’agriculture et les ressources naturelles. C’est une guerre de privatisation qui se traduit par … le vol de la terre, de la biodiversité, de l’eau, des semences, de la production et des échanges agricoles. »

 

Ainsi, au Paraguay, les paysans sont chassés de leurs terres pour faire place aux monocultures de soja génétiquement modifié, ce qui profite aux multinationales productrices de semences aussi bien qu’aux grands propriétaires terriens. En Colombie, ce sont des plantations de l’huile de palme, destinée à la production industrielle du biodiesel, qui causent le déplacement violent des communautés paysannes afro-colombiennes.

 

En Afrique, les gouvernements des pays de la région ouest-africaine, sous la pression des Etats-Unis et de l’industrie de la biotechnologie dominée par Monsanto, essaient de faire cultiver aux paysans le coton génétiquement modifié, bien que cette culture soit totalement inadaptée aux conditions socio-économiques et géographiques de l’agriculture paysanne ouest-africaine.

 

Les multinationales de la biotechnologie entendent même tirer d’importants profits des changements climatiques, en privatisant la biodiversité par le brevetage de plus de cinq cents gènes d’adaptation au climat.

 

Au Canada, les semences du maïs SmartStax (incorporant huit traits génétiquement modifiés) produit par la compagnie Monsanto viennent d’être homologuées par l’Agence canadienne pour l’inspection des aliments, malgré le fait que Santé Canada n’a jamais étudié ses effets potentiels sur la santé humaine. En dépit de l’opposition d’une grande majorité des consommateurs et des agriculteurs, Monsanto et leurs alliés continuent leurs efforts de lobbying visant à faire accepter au Québec et au Canada le blé et la luzerne génétiquement modifiés.

 

Devant la menace de cette situation, l’Union paysanne demande à ses membres et ses amis d’envoyer immédiatement à l’Honorable Leona Aglukkaq, Ministre canadienne de la Santé, des messages exigeant que l’homologation du maïs SmartStax soit immédiatement annulée.

 

Site ETOILE ROUGE à visiter !
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L’affaire Clearstream pour les NULS !

 

 

 

clearstream

 


MERCI à "ACTUREVUE" pour cet excellent article !

 

 

Ce procès, le plus célèbre de l’année 2009, se tiendra du 21 septembre au 21 octobre et représente une bataille juridique, médiatique et politique.

 

Rappel des faits officiels

 

Sarkozy de Nagy-Bosca porte plainte le 1er décembre 2006 car son nom figure sur une liste de personnalités censées détenir des comptes bancaires secrets à l’étranger. A priori, son nom aurait été porté sur les listings par Imad Lahoud à la demande de Jean-Louis Gergorin lui-même sous la pression de Dominique de Villepin.

 

L’enjeu

 

Nuire à Sarkozy de Nagy-Bosca qui se place alors comme le principal rival de Dominique de Villepin pour les présidentielles.

 

Il était une fois… le début d’un scandale politique

 

Ainsi va le monde politique ! Quel mandat présidentiel pourrait ne pas connaître son lot de scandale et de corruption ?

 

Ils ont plus ou moins leur importance et sont plus ou moins mis en lumière par les médias.

 

L’affaire Karrachi ? Bof, elle ne suscite pas beaucoup d’intérêt. C’est une affaire d’Etat qui implique notre président de la république, mais la presse actuelle n’estime pas qu’il faille trop en dire.

 

La grippe A passionne beaucoup plus !

 

Par contre l’affaire Clearstream, elle, intéresse… Peut-être parce que pour le moment, Sarkozy en est la victime la plus connue. Peut-être parce que parler de clearstream, c’est le meilleur moyen de taire l’affaire des Frégates de Taiwan, corruption pourtant estimée à des centaines de millions d’euros.

Il n’en reste pas moins, qu’Acturevue a décidé de revenir sur l’affaire Clearstream.

 

D’abord pour tenter d’éclairer nos lecteurs perdus dans la cacophonie générale qui agite cette affaire.

 

Ensuite, parce que bientôt sera entendu par la justice, Dominique de Villepin, personnage clé de l’affaire.

Ce qui ,de facto, entraînera un emballement médiatique sur le sujet. Emballement, qui, l’on peut le craindre, n’ira pas de paire avec un éclaircissement sur l’affaire, des précisions et des réponses sur les multiples énigmes que recèle l’affaire Clearstream.

 

Tout commença en 2001

 

L’affaire Clearstream peut se diviser en deux.

 

La première, que l’on surnomme « clearstream 1 » remonte à 2001, lorsque le journaliste Denis Robert publie 2 livres (Révélation et Boîte noire) accusant la société luxembourgeoise « clearstream » de dissimuler des opérations financières illégales. Celles-ci concerneraient, entre autre, les rétro-commissions illégales de l’affaire des frégates de Taiwan qui transiterait par cette société.

 

Mais c’est avec « Clearstream 2 », que tout va éclater.

 

En effet, en 2004, Le Point et Le Monde révèlent que le juge chargé d’enquêter sur les frégates de Taiwan, Mr Van Ruymbeke, aurait reçu plusieurs courriers anonymes. Ces courriers prétendent révéler l’existence d’un réseau international d’influence et de malversation ainsi que celle de 895 comptes bancaires occultes appartenant à de nombreuses personnalités (Sarkozy, Fabius, Strauss-Khan…). Ces derniers étant accusés d’avoir fait transiter l’argent des frégates.

 

Ceci aurait eu pour conséquence, entre autre, de nuire à Sarkozy et d’anéantir sa carrière politique.

 

Le juge Van Ruymbeke s’est très vite aperçu de la supercherie et de la manipulation qui se cachait derrière ces envois anonymes.

En d’autres termes, c’est un petit groupe de politiciens et d’industriels qui a tenté de manipuler le juge afin d’évincer des concurrents potentiels comme le futur président Sarkozy et d’autres personnages de haut rang.

 

Apportons quelques précisions qui peuvent avoir leur importance :

Cette tentative d’accusation intervient dans un contexte particulier, fait de conflits, de concurrence et d’intérêt. Les accusés sont le n°2 d’E.A.D.S (J-L Gergorin), et I. Lahoud.

 

En effet, les dirigeants d’E.A.D.S (industrie d’armement) et d’AIRBUS se livrent une cruelle bataille de pouvoir et d’influence. Mais s’ajoute à cela, la féroce adversité qui oppose N. Sarkozy et de Villepin, à l’approche des élections présidentielles de 2007.

 

Les lettres anonymes de celui que l’on appellera désormais le« corbeau » dénoncent un « comité » international composé de français, d’oligarques russes et de narco-traficants qui seraient à l’oeuvre pour contrôler de grandes entreprises et blanchir de l’argent sale. Il est fait état d’une liste révélant le nom de toutes les personnes qui auraient un compte occulte ouvert à la société luxembourgeoise.

 

Le juge ouvrira donc plusieurs enquêtes et établira immédiatement que cette liste est une pure invention. Il innocentera dans le même temps Sarkozy et d’autres qui avaient leur nom sur cette liste ou « listing ».

 

Puis en Avril 2006, deux des responsables d’E.A.D.S sont impliqués dans l’établissement de ce faux listing.

 

Jean-Louis Gergorin , directeur d’une branche d’E.A.D.S chargé de la stratégie, avoue alors, être l’auteur des 2 premières lettres anonymes envoyées au juge Van Ruymbeke.

 

Ensuite, Imad Lahoud, directeur scientifique d’E.A.D.S, est accusé par le général Rondot (qui avait enquêté le premier sur ces faux listings, sous ordre de de Villepin) et J-L Gergorin, d’avoir envoyé lui aussi des lettres anonymes avec de fausses accusations. Celui-ci avait nié toute implication dans cette affaire qu’il reconnaît pourtant aujourd’hui.

 

En effet, c’est la première fois qu’Imad Lahoud, qui est soupçonné d’avoir falsifié les listings de Clearstream reconnaît les faits en y implicant Jean-Louis Gergorin et l’ancien locataire de Matignon. « J’ai recopié ces deux noms sur une feuille Excel vierge avec 5 ou 6 colonnes, noms, pays, banque, numéro de compte, ouverture ; C’est Gergorin qui m’avait donné le modèle manuscrit et je n’ai fait que recopier sur une feuille Excel Je m’en voudrais toute ma vie », aurait-il avoué. « Jean-Louis Gergorin a fait pression sur moi pour que je rajoute ce nom. Il m’a dit que cette personne était dangereuse pour la France et qu’il fallait à tout prix l’écarter » aurait poursuivi l’informaticien, à propos du nom de Sarkozy.

 

Mais pourquoi le pauvre de Villepin se trouva tourmenté quand l’affaire fut révélée ?

 

De Villepin, alors ministre des affaires étrangères en 2004, prend connaissance des fausses listes qui accusent certaines personnes (dont Sarkozy, alors compère gouvernemental) de détenir des comptes occultes.

Villepin, qui aurait dû en informer l’existence, préfère commanditer une enquête au général Rondot pour vérifier la véracité des listes, soi-disant….

Il exigera une seconde enquête à la D.S.T, sans préciser qu’il en avait déjà demandé une au général Rondot.

 

Problème !

 

Rondot lui même, et Imad Lahoud accusent l’ancien premier ministre d’avoir envoyé une note plus que compromettante à Rondot. Cette note indiquerait que de Villepin aurait donné instruction à Jean-Louis Gergorin de « balancer Sarkozy ».

 

En somme, de révéler à tous la fausse liste et ainsi de tuer la carrière politique du petit Nicolas, qui venait tout juste de se relever des déboires balladuriens.

 

Plus tard, J-L Gergorin, auteur de quelques lettres anonymes, révélera même qu’il était sous unique instruction de Dominique de Villepin.

 

C’est pourquoi, le 27 juillet 2007, Villepin est mis en cause sous 4 chefs d’accusation différents :

  • Complicité de dénonciation calomnieuse
  • Recel de vol
  • Recel d’abus de confiance
  • Complicité d’usage de faux

Et est depuis ce jour, interdit de rencontrer les principaux protagonistes de l’affaire, comprenant entre autre Chirac. Jouissant d’un simple statut de citoyen lambda (puisque ne faisant plus parti du gouvernement), il est renvoyé en correctionnelle en novembre 2008.

 

Notre ancien premier ministre aurait pu être jugé par la Cour de Justice et invoquer la raison d’Etat pour se débarrasser des accusations qui pesaient sur lui. Mais il a choisi une voie plus périlleuse, celle d’être jugé comme n’importe quel citoyen, ceci afin d’être pleinement réhabilité.

 

Pourquoi Père Chirac peut craindre de jouer le premier rôle dans cette affaire ?

 

Les rumeurs courent et ne s’arrêtent jamais. On dit que Jacques Chirac aurait été un des premiers au courant de ces fausses listes d’accusation et que c’est lui même qui aurait demandé, à la discrétion de tous, que de Villepin exige une enquête pour savoir si Sarkozy détenait ou non un compte luxembourgeois.

 

Le général Rondot, affirme également, que Michelle Alliot-Marie, contrairement à ce qu’elle prétend, savait l’existence des listings dès 2003 et qu’elle n’avait pourtant pas informé Sarkozy.

 

Le Trio gaullien voulait-il faire trébucher le petit Nicolas ?

 

C’est ce que l’on suspecte de plus en plus en 2008. En plus de cela, Imad Lahoud, affirme la même année que c’est Yves Bertrand (ancien directeur des renseignements généraux de 1992 à 2003) qui a ajouté devant lui , le nom de Sarkozy sur la fausse liste. Ce que l’accusé a fermement contesté en déposant une plainte pour diffamation contre les révélations de Lahoud et du Point… qu’il a retiré en 2009… Encore étrange…

 

Ce que cache cette affaire politico-médiatique

 

Rappelons que Villepin est mis en accusation et poursuivi par N.Sarkozy.

Et que celui-ci a tout fait pour que l’on retienne une seule chose : Que c’est la principale victime de l’affaire. Faisant oublier dans le même temps le scandale ELF, l’affaire des frégates de Taïwan.

 

Enfin et c’est sans doute le plus grave, Sarkozy de Nagy-Bosca a peu à peu, pris conscience de l’intérêt qu’il pouvait tirer de cette affaire.

 

Après son élection à la présidence de la République, il a prolongé le juge Henri Pons (qui s’occupe désormais de l’affaire) dans ses fonctions au pôle financier de Paris ; Dominique de Villepin avait alors saisi le conseil d’Etat afin de dénoncer cet « intérêt à agir » de Sarkozy de Nagy-Bosca.

 

Sarkozy juge et partie

 

Dans ce procès, rappelons-le, Sarkozy de Nagy-Bosca est partie civile, allant à l’encontre de la prévision de l’article 67 de la Constitution qui affirme que le Président de la République « ne peut, durant son mandat et devant aucune juridiction ou autorité administrative française, être requis de témoigner non plus que faire l’objet d’une action, d’un acte d’information, d’instruction ou de poursuite ». Dans l’affaire concernant le piratage de ses comptes bancaires, le tribunal de Nanterre a d’ailleurs rappelé cet article et a déclaré que « l’immunité pénale dont bénéficie Sarkozy de Nagy-Bosca dans la Constitution introduisait une atteinte au principe d’égalité des armes avec les prévenus ». Par ailleurs, les juges rappellent que le président de la République est toujours à la tête du Conseil supérieur de la magistrature, qui règle les carrières des magistrats. Du fait de ce lien avec les magistrats, il est possible que les justiciables considèrent qu’ils n’ont pas affaire à des juges impartiaux lorsqu’ils ont le chef de l’Etat comme plaignant dans un dossier.

 

Pour conclure,

 

Le procès est aussi complexe qu’incertain.

 

Complexe, parce qu’il concerne de grandes figures, nombreuse et disparates et que les conflits d’intérêts sont multiples. Incertaine, parce que l’issu du procès ne sera sûrement pas la vérité et que le doute planera longtemps sur les intentions des protagonistes que sont surtout Sarkozy et de Villepin.

 

 

Agenda sur le web qui a pour but d’inciter le plus de gens possible à se rencontrer, à agir, et à se réapproprier la politique. Démosphère est indépendant de toute organisation ou parti et couvre une large gamme de sensibilités.

 

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Le vieil homme et la mort...

 

Un retraité algérien est décédé dans le cadre d’une interpellation à Argenteuil. Ses proches accusent la police, qui évoque de son côté des problèmes cardiaques ayant entraînés la mort.

 

Ali Ziri est décédé le 9 juin 2009, suite à un contrôle de police. L’Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF) résume ainsi la mort suspecte de ce retraité Algérien de 69 ans, résidant à Argenteuil (95). Ce soir là, Arezki K., 61 ans, est au volant, avec Ali Ziri à ses côtés. Les deux amis ont bu. Beaucoup, selon le procureur adjoint au parquet de Cergy-Pontoise, Bernard Farret, joint par Politis.fr : 2,04 g/l pour Ali Ziri et 1,94 pour Arezki K. Le contrôle de police sera houleux, les versions divergent. Le procureur adjoint parle d’« outrages et rébellion », de refus de descendre du véhicule : « Ils sont tous les deux emmenés » en garde-à-vue. Selon le témoignage de monsieur K., recueilli par l’AMTF, il s’agit au contraire d’un simple contrôle de routine envenimé par l’agressivité et la violence des policiers. Toujours selon la version du conducteur, les coups pleuvent dans le camion qui emmène les deux interpellés en garde-à-vue.

 

Ali Ziri ne s’en remettra pas. Il meurt quelques heures après son arrivée à l’hôpital d’Argenteuil. Où le service des urgences refuse de nous indiquer, secret médical oblige, si le malheureux portait ou non des traces de coups à son admission. Maurice Toullalan, directeur de l’hôpital d’Argenteuil, confirme cependant que le patient « est arrivé le 9 juin à 22h09, accompagné des forces de police. Il a été vu immédiatement par l’infirmière d’accueil. Celle-ci a jugé que le patient ne présentait pas de problème de gravité immédiat. Il a ensuite été allongé sur un brancard, dans la salle d’attente, en vue d’un examen médical. Il a été vu par un médecin à 22h45, qui a constaté un arrêt cardiaque. La tentative de réanimation a été un succès puisque le cœur est reparti, sans pour autant que le patient se réveille. Un scanner cérébral a été fait à 2h du matin, donc le 10 juin. Le patient est finalement décédé le 11 juin, à 7h30. »Pour Ali El Baz, coordinateur de l’ATMF, « il s’agit clairement d’un dérapage de la police. Le conducteur a lui-même des traces de coups sur le corps. Ils ont été tabassés jusqu’à perdre connaissance ! »

 

Le parquet met en avant les résultats de l’autopsie pour dédouaner le commissariat d’Argenteuil, où l’on ne souhaite pas s’exprimer sur l’affaire : « La cause du décès est liée à des problèmes cardiaques ainsi qu’à l’absorption d’alcool, avance Bernard Farret. Il n’a pas été violenté par la police ». Du côté des proches de la victime, on a une toute autre analyse de la situation. D’autant que la chemise et la veste du défunt n’auraient pas été restitués après l’autopsie... Une plainte sera déposée prochainement par la famille, tandis que l’ATMF veut saisir le procureur pour ouvrir une information judiciaire et se porter partie civile. L’affaire aura au moins eu le mérite de délier les langues dans la ville : « En parlant de la mort de Ali Ziri avec les gens, on a eu beaucoup de témoignages qui évoquent des problèmes avec la police d’Argenteuil, explique Ali El Baz. On dirait que ça se passe assez mal avec eux. »

 

POLITIS 22.06.2009

 

 

 

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Communiqué du NPA.

Bavure policière à Argenteuil.

 


Le 9 juin, Ali Ziri, âgé de 69 ans et Arezki Kerfali, âgé de 61 ans et invalide à 60%, sont interpellés par la police nationale à Argenteuil. Trois policiers vont menotter, immobiliser au sol et rouer de coups ces deux retraités.

Arezki perdra connaissance et Ali mourra à l’hôpital d’Argenteuil. A ce jour, d’après l’avocat de la famille, le commissariat refuse, comme le procureur, tout dépôt de plainte.

 

Personne ne veut entendre le témoignage d’Arezki, voir les photos des différentes contusions sur son corps, ni tenir compte du témoignage de la famille d’Ali qui fait état de traces de coups sur sa nuque, son visage et ses membres. En l’état, la famille comme l’avocat n’ont toujours pas accès au dossier.

 

Les pouvoirs publics espèrent sans doute que le corps d’Ali retourne rapidement vers l’Algérie pour éviter toute expertise médicale.

 

Le NPA, dans le cadre du collectif « Vérité et Justice pour M. Ali Ziri et M. Arezki Kerfali », exige toute la transparence sur ce décès et l'ouverture d'une instruction à l'égard des policiers impliqués.

 

Pour la famille en particulier, il est insupportable de savoir ces derniers toujours en fonction à Argenteuil, tout comme le sont encore les policiers de Grasse responsables de la mort d’Hakim Ajimi après utilisation de la clef d’étranglement.

 

En pleine période d’une crise sociale qui touche prioritairement les quartiers populaires, la seule réponse de Sarkozy est la répression et l’impunité pour les policiers en cause.

 

Le collectif appelle à une manifestation le mercredi 24 juin qui partira à 18h du foyer de résidence d’Ali et Arezki, 4 rue Karl Marx, rejoindra le lieu de l'interpellation de Ali Ziri et finira devant le commissariat d’Argenteuil.

 

 

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Samedi 20 juin 2009

La police tue à Argenteuil

 

20.06.2009 Le Jura Libertaire

 

  Il devait rentrer en Algérie pour assister au mariage de son fils : Un retraité kabyle tué par la police française !

«Un retraité algérien tué par la police à Argenteuil», a titré, dans une déclaration rendue publique le syndicat de défense des Algériens en Europe.

Son fils Mohand, encore sous le choc, à l’instar de toute la famille, nous déclare : «Si c’est cela le mérite qu’on a rendu à mon père, un homme qui a donné 40 ans de sa vie à la France ?!» En effet, Ali Ziri, natif d’Ouled Rached, wilaya de Bouira, a émigré à l’âge de 19 ans en France. Il s’était installé à Argenteuil dans une très forte communauté kabyle (et) y vit depuis plusieurs décennies. Il a travaillé près de 40 ans dans une même société, basée à Paris, habitué à se rendre régulièrement en Algérie où réside sa famille composée de deux filles et de deux garçons. Il était connu pour sa gentillesse et sa générosité, ses compatriotes et jeunes du quartier, le surnommaient affectueusement «Ammi Ali».


Le jour fatidique


Ammi Ali s’apprêtait à rentrer dans son pays le 15 juin, à 14 heures, pour assister au mariage de son fils aîné, Rachid. Cependant, les choses ne vont pas toujours tel qu’on le souhaite ! En effet, le 9 juin, vers 20h45, à Argenteuil, trois policiers dont une femme, ont arrêté un conducteur d’un véhicule, Arezki Kerfali, un Algérien de 61 ans au niveau du carrefour des boulevards Jeanne-d’Arc et Léon-Feix. L’homme, qui selon le rapport de la police était sous l’effet de l’alcool (0,80 g), était accompagné de son ami, Ali Ziri, 69 ans.



Ce dernier était assis du côté passager. Pour motif de contrôle d’identité, les trois policiers ont d’abord demandé au conducteur ses papiers. Mais celui-ci «a eu le tort de ne pas les sortir “assez vite” comme il lui a été demandé par conséquent, il s’en est suivi des menaces afin de l’emmener au poste, puis des insultes…» et enfin, «des menottes et des coups, une fois que le conducteur a été arraché de force de son siège» ! Tandis que son ami, Ali Ziri, était jusqu’à cet instant assis gentiment sur le siège avant du véhicule, et voyant son ami, Arezki, «se faire traîner par terre et se faire insulter de tous les noms», il descend du véhicule pour calmer les policiers. «Laissez-le tranquille, vous n’avez pas le droit de le frapper et de le traîner par terre. Je connais la loi», dira Ali aux policiers. Pis encore, les policiers se saisirent de lui et le menottèrent à son tour ! Les deux individus sont alors «traînés et poussés avec violence» à l’intérieur du fourgon policier. Malheureusement, «c’est ici (au fourgon) que le drame ayant traîné la mort du retraité Ali Ziri, s’est apparemment produit». Selon  son ami, Arezki le défunt Ali avait dit aux policiers : «Vous n’avez pas honte de me frapper, je suis plus âgé que vous. Je connais la loi, je vais vous le faire payer.» Comme pour achever leur sale besonge, deux des trois policiers, dont la femme, le rouent de coups de poings et de pieds jusqu’à ce qu’il s’évanouisse. À chaque coup, les policiers rajoutaient à l’adresse du défunt : «Tu connais la loi salle bougnoule, tiens ceci, etc.» Après quoi, transporté à l’hôpital d’Argenteuil pour subir une prise de sang, c’était trop tard ! Les médecins ont constaté que Ammi Ali était «déjà mort».

Mis en garde à vue, Arezki n’apprendra le décès de son ami que le 11 juin par la police du commissariat d’Argenteuil. «Mon ami se portait bien, c’est vous qui l’avez tué», leur a répondu Arezki. À l’initiative du syndicat de défense des Algériens en Europe, une réunion s’est tenue le 14 juin au foyer Sonacotra, les Remparts (rue Karl-Marx à Argenteuil) où résidait le défunt. Sous le choc encore, les 300 habitants de cet établissement ont condamné avec force «la violence raciste utilisée par les policiers à l’encontre d’une personne âgée, dont le seul tort est de s’appeler Ali». Les participants ont demandé à ce que toute la lumière soit faite pour élucider les circonstances du drame. À cela, une délégation, formée des proches de la victime et des résidants du foyers des Remparts devait «être reçue incessamment» par le maire d’Argenteuil. Également, une marche pacifique pour réclamer la vérité sur ce drame doit avoir lieu dans la même ville.

Quant à sa famille en Algérie, elle ne comprend pas cette haine gratuite et demeure toujours sous le choc. La population d’Ouled Rached, en attendant le rapatriement de la dépouille, ne compte pas en rester à ce stade de l’incompréhension et pourrait se montrer solidaire d’un des leurs en exigeant du gouvernement français des explications rationnelles si elles peuvent toutefois être fournies. Le corps du défunt se trouve actuellement à l’Institut médico-légal de Paris pour les besoins de l’autopsie et des investigations sont menées par les enquêteurs. L’enterrement doit avoir lieu au courant de cette semaine.

La Dépêche de Kabylie, 20 juin 2009.

 


US GASPI................

 

 

>>>    DEUX CHIFFRES A MEDITER !!   <<<

 

 

 

7 MILLIONS DE PAUVRES EN FRANCE...!!

 

 

25 000 milliards de dollars évanouis dans les pertes de capitaux depuis janvier 2008...

 

  

 

 

 

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Evolution des profits des firmes du CAC 40 entre 2000 et 2005 : + 54%.


Evolution des dividendes qu'elles ont versé à leurs actionnaires pendant ces cinq ans : +71,7 %.


Evolution des investissements de ces mêmes entreprises entre 2000 et 2005 : - 41,4%.


Nom du génie qui a déclaré : "Les profits d'aujourd'hui sont les investissements de demain qui seront les emplois d'après-demain." : Helmut Schmidt, ancien chancelier allemand.

 

 

 

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Les ouvriers chinois travaillent entre 8 et 12 heures par jours, avec un seul jour de repos par mois, sans sécurité sociale, pour un salaire de 80 à 100 euros mensuels. 5% des ouvriers ont entre 13 et 16 ans, soit 6 millions d'ouvriers environ.

 

 

 

 

 

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Pourcentage de Nigérians vivant avec moins de 1 dollar par jour en 1985 : 32%.


Pourcentage de Nigérians vivant avec moins de 1 dollar par jour en 2006 : 71%.


Revenus du pétrole versés au Nigéria depuis 1974 : 728,5 milliards de dollars.

 

  

 

 

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Le capitalisme ne triomphe que lorsqu'il s'identifie avec l'Etat, qu'il est l'Etat.

 

Fernand Braudel

 

 

Rapport de l’Observatoire national de la pauvreté et de
l’exclusion sociale 2005-2006
Rapport 2005-2006.pdf
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MESURES ET EVOLUTION DE LA PAUVRETE
Rapport 2007-2008
MESURES ET EVOLUTION DE LA PAUVRETE.pdf
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Indicateurs d’inégalités sociales édition 2008
Indicateurs d’inégalités sociales.pdf
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Un paradis fiscal, c'est quoi au juste ?

 

 

 

 

 

 

DECRYPTAGE - Tout comprendre sur ces territoires à la fiscalité avantageuse et au secret bancaire garanti…


Le terme est extrêmement flou. Il désigne tout pays dont la fiscalité apparaît comme avantageuse par rapport à une «normale» toute relative. Ainsi, l'Irlande, dont l'imposition est particulièrement basse, attire de nombreuses entreprises qui y gèrent leurs trésoreries (cela pouvant être légal si c'est accompagné d'une délocalisation des activités ou illégal dans le cas inverse). On parle également de «pays à fiscalité privilégiée». Les paradis fiscaux - au sens où on l'entend généralement dans la presse - combinent cette fiscalité avantageuse au secret bancaire (on parle alors de paradis bancaires) et à l'absence de coopération judiciaire avec les autorités étrangères (paradis judiciaires).

Combien y a-t-il de paradis fiscaux dans le monde?

Officiellement, seuls trois pays ont été épinglés par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE): Andorre, le Liechtenstein et Monaco. Mais les spécialistes s'accordent autour d'environ 70 paradis fiscaux dont la majorité se sont engagés plus ou moins à coopérer avec les autorités judiciaires, notamment dans les affaires de terrorisme.
En Europe, il existe 14 paradis bancaires dont trois au sein même de l'Union européenne: la Belgique, le Luxembourg et l'Autriche. Certains sont des territoires au sein d'Etats souverains, comme par exemple l'île de Man ou les îles anglo-normandes au Royaume-Uni. Les résidents britanniques ne sont pas taxés sur leurs revenus qui se trouvent dans ces îles.

D'autres paradis fiscaux sont spécialisés. Ainsi, les Bermudes recueillent principalement l'argent des assurances quand les îles Caïman constituent une destination privilégiée pour les banques.

Qui a recours aux paradis fiscaux?

Selon Vincent Drezet, secrétaire national du Syndicat national unifié des impôts, «tous les fonds spéculatifs y ont recours». «Ils constituent une soupape de sécurité au système financier international en permettant de maximiser les profits des entreprises». Problème: ils faussent la concurrence et concentrent l'argent là, où il n'existe aucun besoin économique réel. «Globalement, les PME et les PMI n'y ont pas recours car les sommes en jeu ne sont pas assez importantes».

Le secret bancaire attire également l'argent sale de toutes origines (corruption, prostitution, drogue…) et permet de le blanchir. Il incite également à l'évasion fiscale des particuliers. Exemple: une personne vend un immeuble et réclame 10% de la somme en liquide. Cette somme ne sera pas soumise à l'impôt sur les plus-values et pourra être fructifiée au Liechtenstein par exemple, en franchise d'impôt. Ne pas confondre évasion fiscale et délocalisation fiscale qui correspond au fait de vivre réellement plus de 181 jours par an dans un pays étranger pour y bénéficier d'un niveau d'imposition moins fort.

Comment fait-on pour ouvrir un compte dans un paradis fiscal?

Les procédés sont très nombreux et complexes (sociétés écrans, chambres de compensation...). «Mais la règle générale est d'ouvrir une entité juridique, une fondation, qui est gérée par un mandataire, en général un juriste, pour le compte d'un bénéficiaire inconnu», explique Vincent Drezet. Il est aussi possible de venir directement avec ses valises de billets. «Mais, prévient Jean-Yves Mercier, avocat fiscaliste associé chez CMS Bureau Francis Lefebvre, si vous arrivez au Liechtenstein avec 100.000 euros seulement, le banquier risque de vous rire au nez!». Pour les petits patrimoines, de nombreux montages financiers permettent de bénéficier d'avantages fiscaux en France même (assurances-vie…).

Est-ce qu'épargner à l'étranger est interdit pour un particulier?

Non, mais le compte doit être déclaré à l'administration française ainsi que ce qui l'alimente au cours de l'année. Chaque Français est imposable sur ses revenus mondiaux sauf en cas de conventions bilatérales qui précisent le contraire. Il y a donc peu d'intérêt à épargner à l'étranger si ce n'est pas pour vouloir échapper à l'ISF ou dissimuler de l'argent. Exception notable dans l'UE: les produits de l'épargne ne sont taxés que de 15% en Belgique, au Luxembourg et en Autriche (35% d'ici 2010). Une bonne raison donc d'y placer son argent.



LES ROBINS DES BOIS des SUPERMARCHES

 

Ils se présentent comme des «autoréducteurs». A l’approche des fêtes de fin d’année, on peut les apercevoir dans les rayons des supermarchés, poussant des chariots de pâtes, riz, foie gras et champagne avant de partir sans payer, après négociation avec le gérant, pour redistribuer à ceux qui n’ont rien. Robins des bois pour certains, pilleurs pour d’autres, ces deux dernières semaines, ils ont frappé trois fois. A Rennes, Grenoble et Paris, ce mercredi.

 

Le 6 décembre, les associations de chômeurs défilent contre la précarité à Paris. Avec en toile de fond, une remontée du chômage et un désaccord sur la convention Unédic qui régira l’assurance chômage 2009-2011. «Nous nous sommes alors dit qu’il fallait passer à l’action», explique Serge Havet, président d’AC! Agir contre le chômage. Décision est prise avec d’autres collectifs de multiplier les opérations coups de poing pour permettre aux «personnes précaires» de fêter le réveillon.

 

Champagne. Le 20 décembre, le rayon alimentation des Galeries Lafayette de Rennes est pris d’assaut par des militants du Mouvement des chômeurs et précaires en lutte (MCPL). Une semaine plus tard, c’est au tour d’un Monoprix grenoblois d’être réquisitionné par une trentaine de personnes. Chômeurs, mal logés, RMistes, intermittents, précaires. Parmi eux, Léa (1). «On est entré par petits groupes, on a rempli les paniers et on est arrivé aux caisses. On a alors expliqué qu’on souhaitait obtenir les aliments gratuitement pour en faire profiter ceux qui n’ont pas les moyens de fêter la nouvelle année», raconte la jeune femme. «Surprise» du gérant, clients «réceptifs», policiers maintenus à l’écart et après une demi-heure de négociations, accord du directeur du magasin. «C’est avant tout symbolique. Les plus précaires ont pu boire du champagne et manger du foie gras comme tout le monde.»

 

A Paris, le jour de la Saint-Sylvestre, ce sont les sans-papiers de la Bourse du travail et les mal-logés du gymnase Saint-Merry qui ont pu profiter des aliments «réquisitionnés» un peu plus tôt au Monoprix de la rue du Faubourg-Saint-Antoine (XIe arrondissement) par une cinquantaine de militants de collectifs de chômeurs et de précaires. Ces «empêcheurs d’encaisser en rond», comme ils se présentent, ont déposé au fond de 13 chariots des produits de première nécessité (riz, huile, lait) et des aliments homologués réveillon du 31 décembre, type saumon, foie gras et champagne.

 

La veille, une action menée par AC! dans un Champion lillois s’était soldée par un échec. «C’est assez rare,le gérant a pris ça pour une agression», explique Serge Havet qui a entamé depuis des négociations avec une grande surface de Villeneuve-d’Ascq pour mettre en place un système mensuel de dons comme à Bordeaux depuis deux ans.

 

«Les campagnes de mobilisation traditionnelles pour les droits sociaux ne fonctionnent plus», souligne Boris, de la Coordination des intermittents et précaires (CIP) d’Ile-de-France, et qui a participé à l’autoréduction de mercredi. «Face à l’aggravation des conditions de vie et de travail, on a dû développerd’autres formes de solidarité plus concrètes.»

 

Solidarité, autodéfense sociale, autoréduction, réquisition. Qu’importe le vocable employé, pour Monoprix il s’agit bien de vol. Hier, à l’issue d’un conseil de crise, le groupe a décidé de «porter plainte contre X pour vols avec violence et insultes, avec constitution de partie civile». Une plainte visant l’action menée à Grenoble avait été précédemment déposée pour «vol».«On comprend les difficultés matérielles de certains, les sentiments qu’ils peuvent avoir le soir d’un réveillon, mais il n’en reste pas moins que ce sont des actes regrettables», explique-t-on au siège.

 

«Goutte d’eau». Le groupe table sur une perte de 5 000 euros pour l’action menée à Paris, selon les premières estimations. «Une goutte d’eau dans les bénéfices du groupe comparée à la prime de Noël et au montant du RMI», se défendent les autoréducteurs. «Nous ne sommes ni des casseurs ni des voleurs», estime Serge Havet. «On ne peut pas parler de vol au sens pénal du terme. Il n’y a pas eu de délit, il y a eu un accord, une négociation et l’intervention de la police n’a pas été effective», explique Boris. «Quand ils prennent la décision de nous laisser partir, ils savent que c’est un camouflet sur le plan symbolique, mais un meilleur calcul du point de vue du chiffre d’affaires.»

 

Mercredi, à Paris, le magasin était «rempli». L’action menée par les autoréducteurs a duré un peu plus d’une demi-heure. «Plus longtemps, ils auraient perdu des clients.» De son côté, Monoprix indique que «les salariés et la direction ont essayé de régler cette affaire par la discussion pour éviter que ça ne dégénère en période des fêtes».

 

(1) Les prénoms ont été changés.

 

Libé 3-4 janvier 2009

 

Julie et son fils...
Julie et son fils...

Moi, Julie, mère SDF et blogueuse...

 

LE MONDE | 14.11.08

 

"Certains en auraient fait un chemin de croix. Elle a choisi d'écrire un blog dont le nom est un clin d'œil narquois au slogan de la campagne municipale de Bertrand Delanoë, en mars 2008 "Un temps d'avance". Depuis septembre, Julie Lacoste y décrit sans pathos sa vie au quotidien. La jeune femme travaille à la bibliothèque de l'université de droit Paris-V, à Malakoff, en proche banlieue sud. Son CAE (contrat d'accompagnement dans l'emploi) lui rapporte 750 euros net par mois, pour 26 heures par semaine. Pas assez pour trouver un appartement pour trois (...)"

 

 

Un temps de retard

(sam., 26 déc. 2009)
Pour tous ceux qui passent encore par ici, je voudrais souhaiter un joyeux Noël et une très bonne année 2010 ! Cela fait longtemps que je n'ai pas donné de nouvelles et je m'en excuse, mais c'est vrai que maintenant que tout va bien pour nous, il n'y a plus grand chose à raconter ! Nous avons passé les premiers mois dans notre appartement à tout emménager, il ne reste que de petites bricoles à faire, mes amis ont été épatés de ma rapidité. Il n'y a plus aucun carton, tout est en place, c'est convivial et chaleureux. Je me suis efforcée d'occuper les lieux du mieux que j'ai pu : disposer et redisposer les meubles, accrocher des étagères, pendre des rideaux aux fenêtres, mettre des guirlandes au mur, des dessins et des affiches, quelques plantes vertes ici ou là, de vieilles bouteilles vides héritées de mon grand-père. Progressivement, notre maison s'est vue habitée par les esprits du foyer ! Les premières semaines, lorsque les enfants étaient couchés, je restais en contemplation, plantée au milieu du salon à regarder notre chez-nous, je n'en revenais pas. Tout me paraissait incroyable, trop beau, trop paisible. Maintenant on se sent vraiment chez nous. On peut quitter l'appartement et le retrouver au grè de nos envies, sans l'angoisse de me demander où nous irons après, nous savons qu'à notre retour tout sera là. J'ai fait vite pour pouvoir passer à autre chose : après un an et demi à avoir passé tout mon temps à chercher des endroits où vivre, maintenant je suis libre de partir et de revenir comme bon me semble, sans plus me préoccuper de la maison. Ma grosse valise rouge est dans ma chambre, bien rangée, elle n'a plus bougé depuis le mois de juillet. Récemment mon frère a reçu l'appel d'une personne en plein désarroi concernant la situation d'une de ses amies qui s'est retrouvée sans logement avec deux grands adolescents. Aujourd'hui, j'ai aussi reçu un mail d'une personne s'inquiétant pour une amie qu'elle héberge avec sa petite fille de trois ans. Cela m'attriste, car je comprends bien leur situation pour l'avoir vécue, mais je ne suis pas à même de leur trouver des solutions. Je me sens totalement dépourvue. Je n'ai pas de formule toute faite. Notre histoire est particulière, il y a eu un tel engouement autour du blog, cela a peut-être contribué à accélérer mon dossier HLM. Mais si c'est grâce à cela, je ne suis pas sûre que cela pourrait marcher à chaque fois... C'est pourquoi il faut continuer à se mobiliser pour les mal-logés, pour l'application de la loi sur les réquisitions, et pour qu'il y ait davantage de logements (vraiment) sociaux à Paris. En ce moment et pour un temps indéterminé, nous hébergeons une amie qui a dû quitter son appartement et qui cherche un studio. Elle avait peur que les enfants soient perturbés par sa venue... Au contraire, ils se sont très vite adaptés à cette situation, et Jules est plutôt fier d'inverser les rôles et de pouvoir aider quelqu'un. D'ailleurs, à chaque fois que ses copains viennent à la maison, il est ravi de pouvoir les accueillir dans sa chambre ; lui qui a vécu un an et demi parmi les affaires et les jouets des autres, il peut maintenant partager les siens. Ce post est vraiment le dernier, je n'écrirai plus sur ce blog. Il avait été créé pour informer l'opinion de la réalité des mal-logés en racontant notre quotidien de famille sans logement à Paris. Maintenant que notre vie est redevenue normale, il n'a plus de raison d'être. Notre quotidien est redevenu celui de tout le monde, ni plus ni moins intéressant. Nous tournons une page. Je tiens à remercier tous les lecteurs une dernière fois pour votre soutien. Au plus profond de moi, je sais que cette épreuve a été supportable grâce à ce blog et grâce à vous. Je ne l'oublierai jamais.
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(Thu, 24 Sep 2009)
J’ai eu les clés de l’appartement le 28 juillet. Le jour même, nous avons déménagé les affaires des trois lieux où elles étaient entreposées depuis janvier 2008 : une cave dans le 11ème, un garage dans le 18ème, et le salon de mes amis P. et C. Nous étions sept, alors en une grosse matinée, nous avons tout déménagé. J’étais complètement euphorique et tout s‘est déroulé dans la bonne humeur. Puis nous avons déjeuné tous ensemble dans l’appartement au milieu des cartons. Le temps que j’aille chercher des brochettes grillées avec Madiop et mon frère, mes amis avaient retrouvé la vaisselle et mis la table. Ils avaient aussi installé un peu partout de petits bibelots qui donnaient déjà de la vie à l'appartement et m'ont fait tout de suite sentir chez moi. J’avais quatre jours devant moi avant de rejoindre les enfants dans le sud pour quinze jours de vacances. Mais pendant ces quelques jours, je n’ai quasiment rien fait. J’étais plantée là à contempler les cartons et je me disais "Tiens, il faut que je fasse ça", "Tiens il y aussi ça", mais je n'étais d’aucune efficacité… Je n'y dormais pas encore, je n’avais pas de frigo, pas de cuisinière, pas d’eau chaude, pas de rideaux… Mais surtout j’étais comme dans un rêve, je n’arrivais pas encore à y croire. Pendant les vacances, nous nous sommes bien reposés avec les enfants. Nous étions chez une amie qui habite à Bayonne et nous sommes allés à la plage tous les jours, j’avais vraiment besoin de voir l’océan. Les enfants se sont beaucoup amusés quand la mer le permettait et qu’il n’y avait pas trop de vagues ni de baïnes. Puis nous avons passé quelques jours chez mes parents où nous étions en famille. Mais je n’avais qu’une idée en tête : être de retour à Paris pour tout mettre en place avant que les enfants ne reviennent : je faisais des listes et des plans, je commandais tout ce que je pouvais sur internet pour gagner du temps. Le 15 août, je suis retournée seule à Paris pour continuer à aménager l'appartement. Les enfants restaient encore une semaine avec ma mère, il fallait absolument que la maison soit habitable à leur retour. Je me suis remise à la tâche, mais il m'a fallu encore quatre jours pour enfin me décider à y dormir. Je restais toute la journée dans l’appartement à travailler, et quand arrivait le soir je fermais la porte et allais squatter chez des amis qui étaient absents… Tout le monde me charriait, chaque jour on me demandait si enfin j'avais dormi dans mon appartement… Je n’arrive pas à l’expliquer, mais il m’a fallu un temps pour me faire à l'idée que j'avais un chez-moi. Enfin un beau jour, je me suis sentie prête et j'ai dormi dans ma chambre. Maintenant je n’envisage plus du tout de passer la nuit ailleurs ! C'est vraiment un très bel appartement. Il n’a rien de ce qu'on imagine d'un HLM, à part le montant du loyer. C'est dans un immeuble ancien qui a été entièrement rénové. Tout a été refait avec goût : l’agencement est intelligent, les murs sont peints de trois couleurs différentes, et il y a plein de petits détails comme des bancs en bois brut sous les fenêtres, des petites tablettes dans les recoins de la cuisine, des motifs peint dans la faïence des carreaux de la cheminée... Tout à fait bourgeois ! Une amie qui nous a rendu visite m’a même surnommée « La bourge de Château Rouge » ! Je me suis fait plaisir en investissant dans de beaux lits pour les enfants, un frigo, une cuisinière, des rideaux, plein de petites choses. Camille a une fois de plus été très généreuse, elle nous a offert des meubles très utiles : un canapé rouge, deux matelas pour les enfants, un futon pour moi. J'ai aussi hérité d'une table et de cinq chaises de mon grand-père. Nous avons à peu près tout ce qu'il nous faut pour vivre normalement. Je veux que ma maison soit belle et agréable, mais maintenant je sais que si demain je perdais tout ce ne serait pas la fin du monde. Je n’avais pas cette distance avant, je suis contente de l’avoir maintenant. Je pense que les enfants, même s’ils sont encore petits, ont pris conscience de cela aussi, et j'espère que ça pourra les aider plus tard à relativiser les revers de fortune... Jules et Orphée sont arrivés avec leur grand-mère quelques jours avant la rentrée. J’étais impatiente de voir leurs têtes ! Je leur ai laissé deviner quel immeuble nous habitions, quel étage, quelle porte… Ils étaient super excités. Quand j’ai ouvert la porte, ils se sont précipités à l'intérieur et ont trouvé aussitôt leur chambre. C’était la seule pièce vraiment aménagée de toute la maison : il y avait là leurs nouveaux lits superposés qui faisaient tant rêver Jules, des rideaux aux fenêtres, des tapis de couleur... Et surtout leurs livres et leurs jouets, qui attendaient depuis un an et demi d'être sortis de la cave où ils dormaient.... Une vraie ambiance de chambre d’enfant comme ils n'en ont jamais eue, puisque pendant un an et demi nous avons habité chez les autres, et avant nous partagions la même chambre. C’était vraiment important pour moi que cette pièce soit prête à leur retour, je voulais qu’ils soient heureux en la découvrant. Et de fait, ils s'y sont plongés comme dans une caverne d'Ali Baba. Au bout d’un long moment, Jules a pointé son nez dans la cuisine pour me demander où étaient les toilettes. Il s'est rendu compte qu'il ne connaissait pas encore les lieux. Alors avec son frère, ils ont joué à deviner où se trouvaient d'abord les toilettes, puis ma chambre, c'était comme un jeu de piste avec des "chaud !", "froid !", les enfants s'amusaient à ouvrir les placards et à retarder le moment où ils auraient tout vu (l'appartement est assez grand, mais on en a vite fait le tour !) Puis, comme nous sommes dans un quartier à petits commerces, et aussi pour marquer cette nouvelle étape dans sa vie, j’ai proposé à Jules de descendre acheter du riz chez l'épicier, juste en face de chez nous. Il a sept ans, et c'était la première fois qu'il sortait tout seul dans la rue. Il avait un peu peur mais il était tellement fier ! On l'a accompagné depuis la fenêtre, il était très prudent pour traverser la rue et en sortant de la boutique, il nous a adressé un large sourire en brandissant le paquet de riz, il avait réussi sa mission. Pour leur première nuit dans leur nouvelle maison, je me suis installée sur un matelas par terre dans leur chambre, je voulais être près d’eux. Jules a mis du temps à s'endormir. Orphée au contraire s’est endormi très facilement, mais dans la nuit il s’est réveillé plusieurs fois et j’ai fini par le prendre avec moi. Le matin, il s’est mis à genoux à côté de moi et a demandé : « On est dans la maison de qui ? ». Et quand je lui ai répondu que c’était notre maison, il a eu un grand sourire ravi. Les jours suivants, on a continué à emménager. C’est un peu tous les jours Noël à la maison, car il y a encore des cartons à défaire, et nous découvrons chaque jour de nouveaux objets, livres, jouets, dont nous avions complètement oublié l’existence, c’est un vrai plaisir ! Il y a des choses dont je ne comprends même pas pourquoi j’avais pris la peine de les emballer et de les ranger dans la cave... (Il y a aussi des affaires qui ont disparu pour diverses raisons. Par exemple lors de notre déménagement en janvier 2008, où il nous était arrivé cette petite anecdote : après avoir sortis le plus gros de l’appartement, nous avions mis les quelques affaires que je voulais garder avec moi chez P. et C. dans des sacs-poubelles. Nous avions fini tard dans la soirée, et tout entreposé dans le couloir, les cartons, les bagages et un sac-poubelle avec d'autres affaires. Le lendemain, lorsque je suis rentrée le soir, j’ai voulu ranger et là, surprise, il manquait le sac -poubelle : c'était ma mère qui voulant bien faire l'avait descendu dans le local… poubelle. Il était trop tard, les éboueurs étaient déjà passés !) Et puis il y a eu la rentrée des classes. C'est la première année en maternelle d'Orphée, et ça s’est très bien passé. Ses deux années en crèche parentale lui ont beaucoup appris sur la vie en communauté. Fréquenter beaucoup de parents et de personnes différentes aide les enfants à se sociabiliser plus facilement, je pense. De plus, deux copains de la crèche sont dans la même classe que lui. C’est très agréable aussi, pour nous les parents, de nous retrouver. Il est dans l’école que fréquentait son frère avant de rentrer en primaire. Jules quant à lui est maintenant en CE1. On n'a pas changé d'école. Il faut dix minutes pour y aller en marchant tranquillement, ça va. Je souhaitais qu’ils aillent dans des écoles qu’ils connaissent, avec leurs copains, pour ne pas tout bouleverser en même temps. J’ai envie que cette année soit tranquille. De manière générale, les enfants se sont vite familiarisés à leur maison, ils ont complètement assimilé cette nouvelle situation. C'est vrai qu'ils ont l'habitude de changer d'environnements, ils savent bien s'adapter... Jules disait parfois qu'il voulait continuer à vivre en "bohémiens", il aimait aller d'appartement en appartement, découvrir de nouveaux lieux, de nouveaux jouets, de nouveaux copains et copines, il avait peur d'être en manque de ce mouvement. Je crois que maintenant il a complètement changé d'avis ! Pour l'instant en tout cas ! C'est difficile d'exprimer le bonheur que nous ressentons tous les trois d'avoir définitivement fini notre errance et posé nos valises. Je n'oublie pas que c'est en grande partie grâce à ce blog, grâce à tous ceux qui nous ont aidés, hébergés, encouragés que nous avons tenu le coup et que nous arrivons aujourd'hui au bout de cette histoire. Bien sûr je n'oublie pas tous ceux qui n'ont pas eu la chance que nous avons et qui restent sans logement. Il y a tellement de familles à Paris qui vivent dans des conditions déplorables, sans logement fixe, parfois depuis très longtemps, parfois presque sans revenus, ou sans papiers... Je voudrais que la mobilisation qui a fonctionné pour moi fonctionne aussi pour eux, il y a encore beaucoup à faire ! Ce post est probablement l'un des derniers... J'ai commencé ce blog pour raconter notre vie à Paris sans logement, il n'a plus de raison d'être maintenant que nous sommes arrivés à bon port. Je voudrais remercier une nouvelle fois toutes celles et tous ceux qui en ont suivi les hauts et les bas depuis plus d’un an, et en particulier ceux qui m'ont écrit et soutenu. Pour fêter ensemble la clôture du blog et l'heureuse résolution de notre aventure, je voudrais vous inviter à notre pendaison de crémaillère, le 10 octobre. Ecrivez-moi si vous pouvez venir, je vous donnerai toutes les coordonnées ! Je vous embrasse tous. Julie.
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Ava LOWERY
Ava LOWERY

Si vous lisez l'anglais... COUREZ VOIR ce site !!

 

Depuis 2005, une adolescente américaine montre sur son blog

 

PEACE TAKES COURAGE

 

l'horreur de la guerre en IRAK et dénonce la présence de l'armée américaine dans ce pays.

 

Quelle leçon de courage dans ce pays où le militarisme est une vertue !

 

Une adolescente qui a plus de valeur que tout les Bush et Mc Cain réunis...

>>  NO MORE WAR   by Ava LOWERY  <<

Liste des soldats US morts en IRAK
Liste des 4207 soldats au 25 NOVEMBRE 2008... mort pour rien... mort pour le capitalisme et l'impérialisme américain...
BY_DOD.aspx.html
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