Ali Ziri est décédé le 9 juin 2009, suite à un contrôle de police. L’Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF) résume ainsi la mort suspecte de ce retraité Algérien de 69 ans, résidant à Argenteuil (95). Ce soir là, Arezki K., 61 ans, est au volant, avec Ali Ziri à ses côtés. Les deux amis ont bu. Beaucoup, selon le procureur adjoint au parquet de Cergy-Pontoise, Bernard Farret, joint par Politis.fr : 2,04 g/l pour Ali Ziri et 1,94 pour Arezki K. Le contrôle de police sera houleux, les versions divergent. Le procureur adjoint parle d’« outrages et rébellion », de refus de descendre du véhicule : « Ils sont tous les deux emmenés » en garde-à-vue. Selon le témoignage de monsieur K., recueilli par l’AMTF, il s’agit au contraire d’un simple contrôle de routine envenimé par l’agressivité et la violence des policiers. Toujours selon la version du conducteur, les coups pleuvent dans le camion qui emmène les deux interpellés en garde-à-vue.
Ali Ziri ne s’en remettra pas. Il meurt quelques heures après son arrivée à l’hôpital d’Argenteuil. Où le service des urgences refuse de nous indiquer, secret médical oblige, si le malheureux portait ou non des traces de coups à son admission. Maurice Toullalan, directeur de l’hôpital d’Argenteuil, confirme cependant que le patient « est arrivé le 9 juin à 22h09, accompagné des forces de police. Il a été vu immédiatement par l’infirmière d’accueil. Celle-ci a jugé que le patient ne présentait pas de problème de gravité immédiat. Il a ensuite été allongé sur un brancard, dans la salle d’attente, en vue d’un examen médical. Il a été vu par un médecin à 22h45, qui a constaté un arrêt cardiaque. La tentative de réanimation a été un succès puisque le cœur est reparti, sans pour autant que le patient se réveille. Un scanner cérébral a été fait à 2h du matin, donc le 10 juin. Le patient est finalement décédé le 11 juin, à 7h30. »Pour Ali El Baz, coordinateur de l’ATMF, « il s’agit clairement d’un dérapage de la police. Le conducteur a lui-même des traces de coups sur le corps. Ils ont été tabassés jusqu’à perdre connaissance ! »
Le parquet met en avant les résultats de l’autopsie pour dédouaner le commissariat d’Argenteuil, où l’on ne souhaite pas s’exprimer sur l’affaire : « La cause du décès est liée à des problèmes cardiaques ainsi qu’à l’absorption d’alcool, avance Bernard Farret. Il n’a pas été violenté par la police ». Du côté des proches de la victime, on a une toute autre analyse de la situation. D’autant que la chemise et la veste du défunt n’auraient pas été restitués après l’autopsie... Une plainte sera déposée prochainement par la famille, tandis que l’ATMF veut saisir le procureur pour ouvrir une information judiciaire et se porter partie civile. L’affaire aura au moins eu le mérite de délier les langues dans la ville : « En parlant de la mort de Ali Ziri avec les gens, on a eu beaucoup de témoignages qui évoquent des problèmes avec la police d’Argenteuil, explique Ali El Baz. On dirait que ça se passe assez mal avec eux. »
******************************
Communiqué du NPA.
Bavure policière à Argenteuil.
Le 9 juin, Ali Ziri, âgé de 69 ans et Arezki Kerfali, âgé de 61 ans et invalide à 60%, sont interpellés par la police nationale à Argenteuil. Trois policiers vont menotter, immobiliser au sol et rouer de coups ces deux retraités.
Arezki perdra connaissance et Ali mourra à l’hôpital d’Argenteuil. A ce jour, d’après l’avocat de la famille, le commissariat refuse, comme le procureur, tout dépôt de plainte.
Personne ne veut entendre le témoignage d’Arezki, voir les photos des différentes contusions sur son corps, ni tenir compte du témoignage de la famille d’Ali qui fait état de traces de coups sur sa nuque, son visage et ses membres. En l’état, la famille comme l’avocat n’ont toujours pas accès au dossier.
Les pouvoirs publics espèrent sans doute que le corps d’Ali retourne rapidement vers l’Algérie pour éviter toute expertise médicale.
Le NPA, dans le cadre du collectif « Vérité et Justice pour M. Ali Ziri et M. Arezki Kerfali », exige toute la transparence sur ce décès et l'ouverture d'une instruction à l'égard des policiers impliqués.
Pour la famille en particulier, il est insupportable de savoir ces derniers toujours en fonction à Argenteuil, tout comme le sont encore les policiers de Grasse responsables de la mort d’Hakim Ajimi après utilisation de la clef d’étranglement.
En pleine période d’une crise sociale qui touche prioritairement les quartiers populaires, la seule réponse de Sarkozy est la répression et l’impunité pour les policiers en cause.
Le collectif appelle à une manifestation le mercredi 24 juin qui partira à 18h du foyer de résidence d’Ali et Arezki, 4 rue Karl Marx, rejoindra le lieu de l'interpellation de Ali Ziri et finira devant le commissariat d’Argenteuil.
******************************
«Un retraité algérien tué par la police à Argenteuil», a titré, dans une déclaration rendue publique le syndicat de défense des Algériens en Europe.
Son fils Mohand, encore sous le choc, à l’instar de toute la famille, nous déclare : «Si c’est cela le mérite qu’on a rendu à mon père, un homme qui a donné 40 ans de sa vie à la France ?!» En effet, Ali Ziri, natif d’Ouled Rached, wilaya de Bouira, a émigré à l’âge de 19 ans en France. Il s’était installé à Argenteuil dans une très forte communauté kabyle (et) y vit depuis plusieurs décennies. Il a travaillé près de 40 ans dans une même société, basée à Paris, habitué à se rendre régulièrement en Algérie où réside sa famille composée de deux filles et de deux garçons. Il était connu pour sa gentillesse et sa générosité, ses compatriotes et jeunes du quartier, le surnommaient affectueusement «Ammi Ali».
Le jour fatidique
Ammi Ali s’apprêtait à rentrer dans son pays le 15 juin, à 14 heures, pour assister au mariage de son fils aîné, Rachid. Cependant, les choses ne vont pas toujours tel qu’on le souhaite ! En effet, le 9 juin, vers 20h45, à Argenteuil, trois policiers dont une femme, ont arrêté un conducteur d’un véhicule, Arezki Kerfali, un Algérien de 61 ans au niveau du carrefour des boulevards Jeanne-d’Arc et Léon-Feix. L’homme, qui selon le rapport de la police était sous l’effet de l’alcool (0,80 g), était accompagné de son ami, Ali Ziri, 69 ans.
Mis en garde à vue, Arezki n’apprendra le décès de son ami que le 11 juin par la police du commissariat d’Argenteuil. «Mon ami se portait bien, c’est vous qui l’avez tué», leur a répondu Arezki. À l’initiative du syndicat de défense des Algériens en Europe, une réunion s’est tenue le 14 juin au foyer Sonacotra, les Remparts (rue Karl-Marx à Argenteuil) où résidait le défunt. Sous le choc encore, les 300 habitants de cet établissement ont condamné avec force «la violence raciste utilisée par les policiers à l’encontre d’une personne âgée, dont le seul tort est de s’appeler Ali». Les participants ont demandé à ce que toute la lumière soit faite pour élucider les circonstances du drame. À cela, une délégation, formée des proches de la victime et des résidants du foyers des Remparts devait «être reçue incessamment» par le maire d’Argenteuil. Également, une marche pacifique pour réclamer la vérité sur ce drame doit avoir lieu dans la même ville.
Quant à sa famille en Algérie, elle ne comprend pas cette haine gratuite et demeure toujours sous le choc. La population d’Ouled Rached, en attendant le rapatriement de la dépouille, ne compte pas en rester à ce stade de l’incompréhension et pourrait se montrer solidaire d’un des leurs en exigeant du gouvernement français des explications rationnelles si elles peuvent toutefois être fournies. Le corps du défunt se trouve actuellement à l’Institut médico-légal de Paris pour les besoins de l’autopsie et des investigations sont menées par les enquêteurs. L’enterrement doit avoir lieu au courant de cette semaine.
La Dépêche de Kabylie, 20 juin 2009.
Écrire commentaire