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Connexions lepéno-flamandes
Bart De Wever,
un ex-disciple lepéniste ?
Depuis quelques jours, circule (à nouveau) sur Internet une photographie de Jean-Marie Le Pen lors de l'une de ses visites à Anvers. Le président-fondateur du Front national français y
est accompagné d’un certain… Bart De Wever, le président de la NVA, le parti nationaliste flamande associé aux démocrates-chrétiens du CD&V. Problème : la NVA devrait devenir l'un des
maillons du futur gouvernement fédéral, avec le CD&V, les libéraux (VLD et MR) et les démocrates-humanistes francophones (cdH). Retour sur une polémique dévoilant une fois de plus les liens
d'une certaine « droite » avec l'extrême droite.
Par Pierre EYBEN (avec Alexandre VICK)
Article du quotidien La Libre Belgique au sujet des connexions De Wever-Le Pen
La photo de Jean-Marie Le Pen avec Bart De Wever date de 1996. Elle a été prise après une conférence organisée à Anvers par le Vlaams-nationale Debatclub, un cercle de réflexion idéologique
favorable notamment à la fin du « cordon sanitaire » isolant l'extrême droite sur l'échiquier politique. Lié directement au Vlaams Blok / Belang (VB), ce club préconise l'unité de tous les
courants de la droite dans une seule force politique et organise dans ce but des conférences-débats (voir l’encadré ci-dessous).
Ex-lepéniste futur ministre fédéral ?
Bart De Wever est aujourd’hui le patron de la Nieuw-vlaamse alliantie (NVA), la formation nationaliste flamand issue en 2001 de l’aile ultradroite de l’ex-Volksunie. Depuis, la NVA est en cartel
électoral avec les démocrates-chrétiens du CD&V (l'ex-CVP). Elle est également à la table des négociations pour la formation du futur gouvernement fédéral. Bart De Wever en est même un des
acteurs clés.
Alors que cette photo recommence à circuler sur le Net (elle était déjà apparue, il y a quelques années, sur le site de Filip Dewinter, le numéro 2 du VB), la justification donnée par un Bart De Wever embarrassé serait simplement risible si l'arrivé de la NVA n'était pas programmée dans le prochain gouvernement fédéral.
« J’avais juste fini mes études et je pensais que c'était une occasion unique de pouvoir entendre Le Pen, qui était à l'époque un personnage de poids dans la politique française. Je suis un légaliste, avec des convictions démocratiques, mais j'ai une conception anglo-saxonne de la liberté d'expression : dans une démocratie, tout le monde doit être libre d'exprimer son opinion, même si c'est une opinion que je déteste. Et je préfère toujours avoir une information de première main que de manière filtrée » (1).
C'est la raison pour laquelle, Bart De Wever paradait avec Le Pen. Son rattachement à la liberté d'expression l'aurait-il poussé également à fréquenter des conférences altermondialistes ou de la gauche radicale ? Il semble que son intérêt allait uniquement en direction d'une certaine droite, bien singulière : populiste, xénophobe et nationaliste.
Sérieux hiatus supplémentaire : De Wever et Le Pen se sont encore revus à l’enterrement de Karel Dillen, le fondateur du Vlaams Blok, figure historique de l’extrême droite flamande et auteur de la traduction en néerlandais du premier livre négationniste. Son enterrement ne se passait pas il y a dix ans. Il se déroulait en mai dernier, juste avant les élections législatives...
Pierre EYBEN
(avec Alexandre VICK)
(1) Source : La Libre Belgique du 31 août 2007.
Vlaams-nationale Debatclub :
les connexions lepéno-flamandes
Bart De Wever, l’actuel président du parti flamand NVA, a rencontré pour la première fois Jean-Marie Le Pen, le dirigeant de l’extrême droite française, en 1996. Lors d’une conférence organisée, à Anvers, par le Vlaams-nationale Debatclub.
Ce « club de débat national-flamand » est apparu en 1980. Officiellement apolitique, il est fortement influencé par un corpus politique d’extrême droite, en particulier celui développé par le Vlaams Blok, aujourd’hui agissant sous le nom de Vlaams Belang (VB). Depuis sa création, ce club organise régulièrement des débats avec des personnalités connues du monde politique, médiatique ou des affaires comme Mark Grammens (publiciste), Filip Dewinter (dirigeant du VB), Roeland Raes (alors vice-président du VB), Siegfried Verbeke (responsable de VHO, une association négationniste fondée à Anvers)...
Des Français ont également été ses conférenciers : Jacques Isorni (un des avocats du maréchal Pétain), Jean-Marie Le Pen, Bruno Gollnisch (numéro 2 du parti lepéniste)...
Dans le comité directeur de ce club de débat, on a retrouvé notamment Walter Peeters (sénateur blokker) et d’autres membres du Blok ou de Were Di, un cercle de réflexion nationaliste, aujourd’hui disparu, fondé par des anciens nazis et Karel Dillen, le président-fondateur du VB. Le 4 octobre prochain, une conférence aura lieu pour évoquer le souvenir de ce dernier. L'initiative de cet «événement » en revient au... Vlaams-nationale Debatclub.
Alexandre VICK
Source (réactualisée en septembre 2007):
Dictionnaire de l'extrême droite néerlandophone
Zemmour/Dieudonné : combattre tous les racismes....
NPA 9 mai 2010
Zemmour et Dieudonné se livrent à des provocations médiatiques conformes à la libération de la parole raciste voulue par la droite.
A Éric Zemmour, qui attribue la délinquance aux noirs et aux Arabes, Dieudonné répond : « Tu ne crois pas que c’est aux juifs qu’il faut s’en prendre, plutôt qu’à ceux qui volent des miettes ?
[…] Les plus gros escrocs de la planète sont tous des juifs. » Ethnicisation de la criminalité qui permet aux deux compères racistes d’adopter une posture de courageux pourfendeurs du
« politiquement correct ». Mais tous deux servent admirablement le racisme décomplexé de la droite au pouvoir.
Zemmour justifie les contrôles au faciès dont sont quotidiennement victimes les noirs et les Arabes. Le fond du discours est le même que celui de Besson, Hortefeux, Morano, Longuet et les
autres : c’est quand ils sont nombreux qu’il y a des problèmes, surtout les « jeunes musulmans » qui parlent verlan et portent la casquette à l’envers, un individu issu de l’immigration et non du
« corps traditionnel français » ne peut diriger la Halde, etc. Comme ces dirigeants de droite, Zemmour ne fait que recycler les vieilles théories racistes sur les populations non intégrables
parce que d’origine étrangère, voire naturellement portées vers la criminalité. Il défend « l’identité nationale » version Besson dans les nombreux médias où il intervient, tout en prétendant
être menacé d’interdiction professionnelle, voire de « mort sociale ». Rien que ça !
Dieudonné ne prend plus la précaution de remplacer « juif » par « sioniste » dans ses discours haineux. Lui aussi profite de la libération de la parole raciste tout en se prétendant victime :
« Il faut être juif pour avoir la liberté d’expression en France. C’est une réalité. Et dire le contraire, c’est avoir peur. Mais on n’a plus peur. Ils nous ont tout fait. Ils nous ont traînés
dans la boue, ils nous ont mis à l’état d’esclaves. Ils nous ont colonisés. » Et de conclure : « La mort sera plus confortable que la soumission à ces chiens. » Privé de liberté d’expression,
Dieudonné ? Il a été, comme son compère Alain Soral, plusieurs fois invité aux débats télévisés de Frédéric Taddéi ; un livre vient de sortir, Peut-on tout dire ?, interviews parallèles de
Dieudonné et Bruno Gaccio. On ne peut pas dire qu’il ait pâti de sa prestation au Zénith de décembre 2008, où il demandait à ses milliers de spectateurs « d’applaudir à tout rompre » le
négationniste Faurisson, auquel il a fait remettre le « prix de l’infréquentabilité » par un comédien grimé en déporté juif. Le mois dernier, au cours de son spectacle, Dieudonné s’en est pris
aux « suceurs de youpins ». En ne s’embarrassant plus du mot « sioniste » pour stigmatiser les juifs, Dieudonné explore les nouvelles limites ouvertes par le débat sur l’identité nationale dans
les discours publics.
Peut-on établir un lien entre la violence antisémite de Dieudonné et la succession de Le Pen à la tête du FN ? Dès mars 2005, Dieudonné prenait la défense de Bruno Gollnisch qui rendait compte de
ses propos négationnistes devant la justice. Le Pen expliquait son rapprochement avec Dieudonné par des « points communs » : « Nous appartenons tous les deux à la communauté des parias... Nous
sommes persécutés de la même manière, à cause de notre liberté de pensée et de notre liberté de parole ». Tout en soutenant la candidature de sa fille à sa succession, Le Pen tient à ce que la
tradition antisémite ne soit pas oubliée. Le juif doit rester l’éternel ennemi, le représentant du « mondialisme ». Tel est le rôle joué par Dieudonné lorsqu’il fait semblant d’incarner la parole
des opprimés face à Zemmour. Tel est aussi le sens de la minimisation par Le Pen du rôle de Vichy dans la déportation des juifs français, selon lui « sauvés » par Pétain.
Le discours raciste ne se contente pas d’ethniciser la criminalité. Il ethnicise aussi l’affrontement politique en mettant en concurrence les différentes formes de racisme et leurs victimes.
Après avoir stigmatisé les noirs et les Arabes, Zemmour est ravi que Dieudonné lui réponde en stigmatisant les juifs. Mais la « judéité » de Zemmour n’est pas plus une garantie d’antiracisme que
la « négritude » de Dieudonné. Dans les colonnes du Figaro, Zemmour défend la nécessité d’une alliance électorale entre l’UMP et le FN, conformément à sa vieille proximité politique avec Pasqua,
dont on se rappelle la référence aux « valeurs communes » entre la droite et l’extrême droite lors de la campagne présidentielle de 1988. Comme le note memorial98.over-blog.com, à propos de Zemmour et de Dieudonné : « Loin d’être de simples ‘‘‘bouffons’’, ces agitateurs médiatiques participent à leur manière aux soubresauts
de la recomposition à l’extrême droite de l’échiquier politique. »
Aussi, c’est à juste titre que le Mrap traduit ces deux sinistres personnages devant les tribunaux. Toutes les formes de racisme doivent être combattues avec la même vigueur : antisémitisme,
xénophobie, islamophobie… Sans hiérarchisation.
Emmanuel Sieglmann
Le FN accusé d'avoir copié l'affiche suisse anti-minarets
Querelle de clochers aux extrêmes.
Regardez les deux affiches et comparez...
Le Front national plagiaire ? Selon le quotidien suisse La Liberté, Alexander Segert, le directeur de l’agence de communication Goal, qui réalise notamment les affiches du parti suisse UDC, compte «engager une action en justice» contre le parti de Jean-Marie Le Pen l’accusant d’avoir copié, sans autorisation, son affiche anti-minarets.
«Nous sommes abasourdis par ce plagiat et par le fait que notre affiche», conçue pour le référendum suisse sur la construction de minarets du 29 novembre, «soit reproduite en France», tempête Alexander Segert, dans une entretien à La Liberté: «c’est un vol!»
L’affiche en question n’a pas été réalisée par les instances nationales de la formation française d’extrême droite mais par sa branche jeune, le FNJ, en Paca, région dans laquelle Jean-Marie Le Pen conduit la liste pour les régionales. «C’est un graphiste professionnel, un de nos fournisseurs habituels, qui l’a dessinée de A à Z», défend David Rachline, coordinateur national du FNJ et candidat sur la liste du Var (Paca).
«Les minarets ne sont pas dessinés pareil»
L’air de famille saute plutôt aux yeux. Minarets noirs en forme de missiles, plantés ici dans un drapeau suisse, là dans une carte de France couverte du drapeau algérien, et sur la gauche, une musulmane portant un niqab. David Rachline parvient tout de même à repérer de subtiles différences : «La burqa n’est pas la même et les minarets ne sont pas dessinés pareil. Et ce n’est pas parce qu’il y en a sur notre affiche qu’on copie.» C’est d’ailleurs l’autre argument avancé: grosso modo, les façons de représenter «l’islamisation rampante» ne sont pas multiples. «On a les mêmes symboles», explique Stéphane Durbec, chargé de la «riposte sur Internet» au FN et colistier de Jean-Marie Le Pen, qui raconte que les jeunes frontistes de Paca «ont voulu dire non à l’islamisation de la France et au communautarisme».
Et les deux candidats aux régionales d’invoquer «les gens qui se plaignaient de la construction d’une mosquée et des défilés de drapeaux étrangers dans des mariages» ou encore «le déferlement de jeunes avec un drapeau algérien» un soir de match à Marseille, en reprenant l'expression du sénateur-maire (UMP), Jean-Claude Gaudin. «On voit des Quick Halal et d’autres choses en contradiction avec l’identité provençale», soutient le coordinateur du FNJ. «Les jeunes ont voulu donner un coup de fouet à la campagne», ajoute Stéphane Durbec.
«On se passerait de cette promiscuité avec le FN»
De là à croire que le FN s’est inspiré de l’affiche UDC pour surfer sur le vote suisse anti-minarets et tenter de se refaire une santé électorale aux régionales... «Mais non, on n’est pas obsédés par la Suisse, on n’a pas spécialement pensé à eux, l’UDC n’est pas au centre de la vie politique mondiale», s’agace David Rachline. «C’est plutôt l’UDC qui reprend à son compte le combat du FN», pousse même Stéphane Durbec.
Une proximité que récuse pourtant l’UDC suisse: «On se passerait aisément de cette promiscuité avec le FN dont je ne partage pas les valeurs, notamment par rapport à l’antisémitisme», assène le vice-président neuchâtelois de l’UDC, Yvan Perrin, dans La Liberté. Quant au directeur de l’agence Goal, Alexander Segert, il se démarque clairement: «Nous n’avons jamais travaillé pour le FN français. Et nous ne le ferons jamais.»
Dresde antifasciste...
NPA 12/02/2010
Pour empêcher les néonazis de parader à Dresde, le jour anniversaire du bombardement de cette ville, des organisations antifascistes préparent une contre-manifestation.
Le 13 février, comme tous les ans, les néonazis vont se rassembler afin de commémorer le bombardement allié sur Dresde, en 1945. Ce bombardement, qui a rasé la ville et provoqué au moins
plusieurs dizaines de milliers de morts, est utilisé aujourd’hui par l’extrême droite pour relativiser l’extermination des juifs d’Europe et inverser la problématique bourreau-victime. Comme si
se découvrir victime effaçait le fait qu’on puisse avoir été aussi bourreau. Nombreux sont celles et ceux qui voudraient pouvoir réinscrire l’Allemagne comme une nation normale où chacun pourrait
être à nouveau fier d’être Allemand, réactivant par là même un nationalisme sous couvert de normalité.
Or, ce que rappelle justement la gauche radicale allemande, c’est qu’il n’est pas question de culpabilité mais de poser politiquement la question des éléments culturels pouvant potentiellement amener à ce que l’horreur se répète. Et, justement, à l’occasion de cette commémoration, des éléments inquiétants se mettent en place.
Premièrement, le fait que des milliers de néonazis se rassemblent et puissent défiler publiquement. En plus du symbole politique affirmant la force et la dynamique de ce mouvement, ce sera
concrètement dangereux pour tous les non blancs qui seront en ville ce jour-là, ainsi que pour toutes les personnes adoptant un code vestimentaire « de gauche ». Selon la police, près de 1 042
actes de violences ont été perpétrées en 2009 par l’extrême droite, soit pas loin de trois par jour, et il ne s’agit que des violences déclarées et reconnues comme telles.
Deuxièmement, la réaction des autorités allemandes laisse à désirer.
Face à la perspective de voir leur centre-ville se transformer en aire de jeux pour fascistes, une coalition Dresden Nazifrei (« Dresde, ville sans nazis »), s’est formée afin d’appeler à une grande contre-manifestation dans le but de bloquer celle des nazis. Des associations, des groupes antifascistes et politiques, des syndicats, des partis (Die Linke, les Verts, etc.) en font partie. Mais, à leur grande surprise, ce sont eux qui se retrouvent dans le collimateur de la justice. On leur reproche d’appeler publiquement à bloquer une manifestation autorisée, de compromettre la démocratie et d’appeler à des violences. Des perquisitions ont eu lieu, le 19 janvier, dans les bureaux de Die Linke à Dresde et dans un local d’information berlinois « Red-stuff-Shop ».
Cette tentative d’intimidation s’inscrit dans le cadre d’une tendance inquiétante de l’appareil d’État allemand qui agite le spectre des figures terroristes de gauche, fabriquées avec les fantômes de la Fraction armée rouge (RAF) et les logiques sécuritaires à la mode. Des rapports officiels sur une nouvelle menace de gauche et des articles de presse sur les « dangereux gauchistes » se multiplient.
Politiquement, cela a pour effet de renvoyer dos à dos la gauche radicale et les néonazis, offrant au gouvernement, l’image rassurante d’un pouvoir bourgeois modéré à même de protéger les
citoyens.
À court terme cependant, les effets de cette répression sont positifs : la mobilisation pour Dresde s’est renforcée et les néonazis n’auront plus le droit de défiler et seront cantonnés à un rassemblement. Ils ont fait appel de cette décision. No Pasarán ! Rendez-vous à Dresde le 13 février 2010.
Lise Duncker
Pour plus d’infos:
http://www.dresden-nazifrei.com/
Quand l’extrême-droite mue :
petite plongée dans la galaxie des fachos "antisionistes et anti-impéralistes"
ARTICLE XI 10 juillet 2009 par JBB
Ne pas se fier à son intitulé : le site Tout Sauf Sarko [1] n’a rien de sympathique. Il appartient à une étrange nébuleuse, celles de blogs et sites clairement d’extrême-droite mais surfant - pour avancer à couvert - sur un antisémitisme déguisé en antisionisme et sur la reprise de quelques-uns des combats de la gauche. Sans doute pour ça qu’Article11 a l’insigne déshonneur de s’y trouver placé en lien, avec cette présentation biaisée : « Site non conformiste de qualité, plutôt de gauche… » [2] À nos côtés, voisinage fantastiquement déplaisant, des liens vers Égalité&Réconciliation, « le site des amis d’Alain Soral », vers La Banlieue s’exprime, « le site de l’association du même nom », vers le site du Mouvement des damnés de l’impérialisme ou vers VoxNR, présenté comme « le site de la résistance européenne ». En haut de cette liste de liens, tous d’extrême-droite, ce petit message : « De gauche ou de droite, peu importe, ce sont des sites qui vont dans un bon sens, celui de la résistance : des faits, des analyses, des argumentaires, du matériel à télécharger etc… »
Alors ? Pour être franc, qu’un site facho place A.11 en lien nous en touche une sans bouger l’autre… Logique : on sait pourquoi on se bat et on connaît nos ennemis.
L’extrême-droite, qu’elle se présente sous un jour classique ou sous une forme remaniée - façon combat contre la mondialisation et le sionisme -, reste pour nous une bête à abattre.
Purement et simplement.
Bien plus désagréable par contre - parce que cela revient à brouiller les cartes et à dénaturer l’identité numérique - est la fâcheuse habitude du webmaster du site Tout Sauf
Sarko de copier-coller sur son site certains des billets publiés sur Article11 : en date du 9 juillet, il en est deux à figurer sur sa page d’accueil : "De
l’art de bourrer les urnes par la bande : l’enfumage électoral pour les nuls", par Lémi, et "Il mérite un maroquin ! Ode à Eric Raoult…", de moi. Le
bougre se permet aussi d’en modifier des passages, transformant par exemple le titre de mon billet sur Eric Raoult en : "Il mérite un maroquin ! Ode à Éric Raoult…
Ancien d’Ordre Nouveau devenu, comme d’autres, pourceau de l’UMP."
Pis : le webmaster rajoute aussi des phrases et des notes de son cru. Tout en gardant la signature de l’auteur d’origine… Ainsi le billet sur Raoult, signé JBB en ouverture et linké Article11 en fin de texte, se voit crédité d’une note renvoyant à une vidéo du Parti antisioniste et présentée comme faisant partie intégrante de mon billet. Très déplaisant.
Bien évidemment, le webmaster de Tout Sauf Sarko sait ce que je pense de ses pratiques et de ses idées. Mais il n’en a cure. Pourquoi s’embêter ? Enregistré aux États-Unis, ainsi que le confirme WhoIs, il sait qu’il peut faire ce qu’il veut sans risquer grand chose.
C’est désagréable, donc. Mais soyons francs : ça ne nous empêchera pas de dormir.
Par contre - et c’est là beaucoup plus intéressant - la pratique de Tout Sauf Sarko est emblématique. Parfait symbole du hold-up sur les valeurs de la gauche qu’un
certain nombre d’activistes d’extrême-droite tentent de réaliser, histoire de brouiller les pistes et de ratisser large. Incarnation de ce remue-ménage qui s’opère dans la sphère facho, où de
nouveaux-venus se réunissent sous la bannière de l’antisionisme et de la lutte contre ce qu’ils appellent "mondialisme". Et illustration idéale de l’étrange marigot idéologique - à base
d’antisémitisme et d’anti-impérialisme - que concoctent jour après jour les sorciers-plus-du-tout-apprentis de La Banlieue s’exprime, du Centre
Zahra, du mouvement de Kemi Séba ou - versus institutionnel à destination des urnes - de la liste antisioniste menée par Dieudonné aux dernières élections européennes. L’occasion, donc,
d’un bref passage en revue de ces nouveaux et étranges soldats de l’extrême-droite.
Qu’est-ce qui peut bien réunir l’agitateur antisémiste Dieudonné, les communautaristes extrémistes de La Banlieue s’exprime, les intégristes chiites du Centre Zahra, les nationalistes rouges-bruns d’Egalité & Réconciliation menés par Alain Soral, les "ethnodifférencialistes" banlieusards des Damnés de l’Impérialisme (anciennement Tribu Ka de Kémi Séba) et même le journaliste dévoyé et complotiste Thierry Meyssan (Réseau Voltaire) [3] ? Tous partagent un même antisémitisme, camouflé en antisionisme. Un combat commun qui leur permet de marcher main dans la main, en dépit de leurs profondes différences et contradictions. Et qui constitue un point de rupture évident avec une partie de l’extrême-droite dite traditionnelle, chez qui la peur du musulman restera toujours plus forte que celle du juif. On imagine mal, par exemple, les bas-du-front classiques, qui cultivent depuis vingt ans la haine des immigrés et de l’Islam, reprendre à leur compte cette phrase du nationaliste Alain Soral : « La culture musulmane, elle, ne produit pas des délinquants drogués et suicidaires, mais des hommes élevés dans des valeurs. Des valeurs de dignité et de respect qui ressemblent beaucoup, finalement, à celles qu’on inculquait aux hommes de France, et à moi-même, avant la déferlante du néo-matriarcat à l’américaine importé par mai 68. »
Illustration de l’alliance de fait de ces groupuscules, le débarquement d’une partie de leurs militants à la manifestation de soutien à Gaza organisée le 24 janvier dernier, à Paris. Quelques dizaines de membres d’Égalité & Réconciliation, du Centre Zahra et des Damnés de l’Impérialisme ont tenté de se joindre au cortège. Nationalistes crétins, chiites intégristes et gros bras du MDI, ils ont heureusement été virés de la manif à grands coups de pied au cul par le service d’ordre et les antifas.
Affiche de campagne de la liste Dieudonné aux dernières Européennes.
Cette cohorte de groupuscules s’est récemment trouvée une façade institutionnelle, grâce la liste antisioniste lancée par Dieudonné aux Européennes. Financée par l’ancien imprimeur du FN, Fernand Le Rachinel, désormais en rupture de ban avec le parti de Jean-Marie Le Pen après une histoire de gros sous, celle-ci réunissait notamment, outre Alain Soral et Yahia Gouasmi (directeur du Centre Zahra), quelques personnalités déviantes, façon Emmanuelle Grilli (militante du Renouveau français, organisation catholique nationaliste), Schepens Charles Alban (président de l’association Fraternité francro-serbe et habitué du Kop de Boulogne), Ginette Hess-Skrandani (exclue des Verts en 2005 pour sa proximité avec des négationnistes) ou encore Ahmed Moualek, président de La Banlieue s’exprime [4]. Tous faisant front commun pour dénoncer les « esclavagistes » du « système sioniste » et fustiger un lobby qui, affirme Yahia Gouasmi, « exerce une pression permanente sur les médias, l’enseignement, la classe politique … ».
Finalement, la liste - c’est la seule bonne surprise des Européennes - n’aura que peu séduite ces électeurs déclassés et exclus auxquels elle prétendait s’adresser : présente uniquement
en Île-de-France, la Liste antisioniste n’y a obtenu que 1,30 % des suffrages, avec une pointe à 2,83 % en Seine Saint-Denis. Son meilleur score a été réalisé à Gennevilliers, avec
6,35 % des voix.
*
Une (omni)présence sur le net
Habituée à travailler ensemble, présente aux élections, cette mouvance est logiquement présente sur le net, où elle se retrouve et s’informe en des lieux très ciblés, ni sites d’extrême-droite "classiques" (c’est à dire d’abord axés sur l’identité nationale et la dénonciation de l’islam, à l’image de FdSouche ou de Novopress), ni membres de la réacosphère (dont le blog collectif CulturalGangBang - qui cite en liens aussi bien CQFD, Actu Chômage, Le Plan B, Article11, l’Observatoire du Communautarisme que toute une galaxie de blogs très très marqués à droite - est un parfait exemple).
Non. Eux fréquentent une galaxie de sites plus ou moins amateurs qui, pour une bonne part, accordent une large couverture au conflit israélo-arabe, à l’actualité iranienne, à tout ce qui peut
rentrer dans la case "actualités juives", aux thèses complotistes, ainsi qu’à tous les mouvements de libération et gouvernements non-alignés sur lesquels ils pensent pouvoir faire main-basse.
Une orientation parfaitement incarnée par la page d’accueil de la liste antisioniste, laquelle met en exergue des citations de Mahmoud Ahmadinejad, de Soral, de Dieudonné, de
Meyssan [5] et… d’Hugo Chavez et d’Evo Morales [6].
Comme tête de ponts de cette galaxie, des sites comme Alter Info, VoxNr, qui se veut « le site quotidien de référence des nationalistes-révolutionnaires et solidaristes européens » et est animé notamment par Christian Bouchet (ancien du MNR se définissant en « référence au nationalisme révolutionnaire, au courant rouge-brun, au national-bolchévisme ») et par Philippe Randa (ancien du Parti des forces nouvelles et confodateur du bimensuel d’extrême-droite Flash infos Magazine), ainsi que le site GéoStratégie [7], le site Mecanopolis et toute une palanquée de blogs louches et plus ou moins élaborés. On y retrouve aussi tous les sites des groupuscules politiques cités plus haut, ainsi que celui du Réseau Voltaire.
Soral [8] et Dieudonné.
*
Ce n’est pas nouveau : une partie de l’extrême-droite a toujours teinté ses discours d’un pseudo-altermondialisme. Une lutte prétendue contre le capital qui, hier comme aujourd’hui, est d’abord marquée de l’obsession antisioniste : puisque les lobbys juifs sont partout et contrôlent la finance, les médias, les institutions internationales, la "résistance" (terme utilisé à toutes les sauces au sein de cette mouvance) se teinte forcément de références plus ou moins avouées à la lutte des classes et à l’anti-impérialisme. La crise n’a fait qu’encourager cette tendance à la récupération d’une partie des thèmes traditionnels de la gauche, autant parce que les groupusculaires d’extrême-droite ont senti qu’il y avait là une opportunité de rallier de nouveaux adhérents que parce que l’écroulement partiel du système financier s’intègre parfaitement dans leur schéma d’explication du monde.
Cette récupération du combat anticapitaliste est chose d’autant plus facile qu’une partie des meneurs des groupuscules de la nouvelle extrême-droite sont passés par la gauche. Ainsi de Dieudonné qui, jusqu’à la fin des années 1990, se disait partisan de la régularisation des sans-papiers, du droit de vote des immigrés et du droit au logement, ainsi qu’artiste engagé contre le Front national qu’il considérait comme un « cancer ». Ainsi - encore bien davantage - d’un Alain Soral, qui se prétend très marqué par la lecture des œuvres marxistes et fut membre du PCF de la moitié des années 1980 à 1993 : candidat de la liste antisioniste, il affirmait il y a quelques mois défendre « les travailleurs français (…) face à l’entreprise de destruction par le capitalisme mondialisé ». Ainsi - enfin - d’une Ginette Hess-Skrandani, longtemps membre des Verts avant d’en être exclue.
Quant au Centre Zahra, à La Banlieue s’exprime et aux Damnés de l’Impérialisme, c’est la lecture communautariste de la société, la prétendue défense des exclus - banlieusards et immigrés - et la revendication d’une sensibilité tiers-mondiste, le tout combiné à une vision complotiste faisant du « lobby juif » le responsable de tous les malheurs du monde, qui explique leur flirt occasionnel avec le vocable ou les valeurs de la gauche. Révélateur à cet égard est un communiqué (en date du 8 juillet) du bureau politique des Damnés de l’Impérialisme faisant part de la nomination d’un certain Thomas Demada à la tête de « sa branche francophile » :
Un “job” taillé sur pièce pour Thomas Demada, ancien responsable Grand Est d’E&R et actuellement éducateur social dont les origines (de mère catholique-française de souche- et de père musulman d’origine bosniaque) illustrent à merveille le néo-humanisme du XXIe siècle tant prôné par le MDI, écrivent les membres du bureau politique.
Passionné des grands mouvements de libérations tiers-mondistes d’Afrique, d’Amérique-Latine ou encore du monde arabe, Demada incarne cette nouvelle génération de responsables politiques férocement attachés à l’idéal de justice et de fraternité entre les peuples.
A son image, la branche francophile s’efforcera de faire en sorte qu’amour du pays et de ses traditions ne riment plus avec détestation et sentiment de suprématie envers les autres peuples. Une éthique de l’engagement politique qui permettra désormais aux noirs, arabes et français d’ avancer à l’unisson contre l’impérialisme et le néo-colonialisme.
On s’y tromperait, n’est-ce pas ?
Oui. Et c’est bien l’intention des amis de Kémi Séba, eux qui ne souhaitent rien tant qu’entretenir la confusion. Un point que soulignent, à juste titre, les rédacteurs du dossier sur les nouveaux antisémites paru dans Barricata :
En se positionnant comme les seuls rebelles face au « système », ces mouvements renouent avec un discours teinté d’anticapitalisme et d’antisionisme qui cultive une ambiguïté malsaine. En désignant les « Juifs » comme responsables de la crise, ces associations entendent souffler sur les braises encore vivaces d’un antisémitisme historique qui ne demande qu’à reprendre corps dans la société française et sur fond de conflit israélo-palestinien parmi les populations issues de l’immigration. Le délitement des solidarités de classe remplacées dans certains quartiers par un repli communautaire ou individualiste dans un contexte de destruction des droits sociaux est un terreau propice au développement de telles idéologies.
Notes
[1] Tous les sites cités en ce billet sont linkés. Je n’ignore pas la réaction de bon nombre d’entre vous, convaincus que rien ne sert de leur faire de la publicité - même minime - en renvoyant sur leur page d’accueil. Mais il me semble indispensable de renvoyer aux sites quand on souhaite informer.
[2] « Plutôt de gauche » ? Et mon cul, c’est du poulet ?
[3] Un dossier fort complet sur ces groupuscules et sur les nouveaux antisémites a été publié dans Barricata et est consultable sur le blog antifasciste RLF-MLV : pour en lire les différentes parties, naviguez dans la liste d’articles, en bas à gauche.
[4] Ici encore, j’ai pioché dans les informations disponibles sur le site RLF-MLV. Merci à eux.
[5] Rappelons que Thierry Meyssan a notamment participé à un fort curieux voyage d’étude au Liban en 2006, organisé par Frédéric Chatillon, ancien militant du GUD, joyeuse excursion qui a vu l’animateur du Réseau voltaire arpenter les rues de Beyrouth avec Dieudonné, un conseiller régional FN et un journalisme de Minute. Oui : le complotisme mène à tout…
[6] Sacrilège des sacrilèges… Lémi, si tu lis ces lignes, tente de contenir ta fureur.
[7] Lequel propose notamment une interview du terroriste Carlos, avec cette précision en introduction : « Pour certains, c’est un terroriste condamné par la justice française à la réclusion criminelle à perpétuité, pour d’autres, il incarne la plus pure figure du soldat politique et du résistant antisioniste. »
[8] Et non Meyssan, comme indiqué précédemment par erreur.
Xénophobie
« Il n’y a que quatre minarets en Suisse… »
Par (30 novembre 2009)
57,5% des électeurs suisses ont voté le 29 novembre pour interdire toute future construction de minarets en Suisse. Ce référendum était proposé par le parti de droite extrême UDC et un parti protestant ultra conservateur, l’Union démocratique fédérale. Membre des Verts suisse, Pierre-Alain Tschudi, décrit le climat « d’islamophobie grandissante » qui s’installe chez nos voisins hélvètes. Entretien.
En photo : un minaret de Sarajevo, à côté de la cathédrale (Bosnie-Herzégovine)
Etes-vous surpris par l’ampleur du « oui » à l’interdiction de la construction de minarets en Suisse ?
Je suis surpris, choqué et scandalisé. J’étais cependant très inquiet ces dernières semaines. Je n’accordais qu’une crédibilité très modérée aux sondages. J’observe que les gens qui ont voté oui à l’interdiction des minarets ont une certaine honte de leur vote. Ils sont peu nombreux à assumer publiquement ce vote.
Vous voulez dire que lorsqu’ils étaient sondés, certaines personnes avaient du mal à exprimer une position qu’elles savaient xénophobe, voire raciste ?
Absolument. Ceux qui soutiennent cette initiative tiennent des propos totalement contradictoires. D’un côté, ils disent que cette initiative ne s’adresse pas à toute la communauté musulmane, mais seulement aux « islamistes ». De l’autre, ils parlent du voile à l’école ou de la « burqa qui fait très peur aux gens ». Lorsque l’on évoque les conséquences désastreuses à l’extérieur, les mêmes disent qu’il faudra expliquer que ce n’est pas du tout dirigé contre l’islam mais exclusivement contre les minarets, que « nos amis » musulmans nous ont expliqué qu’une mosquée pouvait très bien fonctionner sans… [1] Ces propos sont profondément malhonnêtes. Il est absolument clair que cette initiative surfe sur les vagues de craintes et de peurs d’une religion mal connue. Cette peur a attisé de nombreux phantasmes.
Le vote pour l’interdiction des minarets est-il urbain ou rural ?
Des villes comme Bâle et Genève, où il y a une présence musulmane plus importante, ont refusé l’interdiction. Ce sont les cantons qui ont très peu de présence musulmane qui l’ont massivement soutenue. Cela prouve bien que l’on a attisé des craintes et des phantasmes. C’est dangereux. Car c’est clairement une mesure discriminatoire, contraire à la constitution helvétique votée en 1999 qui prône la liberté religieuse et un certain nombre de droits fondamentaux sans lesquels une démocratie ne peut pas fonctionner.
Confirmez-vous l’information qui circule selon laquelle Les Verts pourraient déposer un recours devant la Cour européenne des Droits de l’Homme ?
Il semble que cela ne soit pas possible de la part d’un parti politique, seule une personne directement concernée par l’interdiction peut déposer un recours. Il existe une demande de construction de minaret dans la commune de Langenthal. Les autorités de cette commune en ont interdit la construction. Il y a un recours devant le gouvernement Bernois qui, au vu du résultat de la votation, va vraisemblablement confirmer cette interdiction. Il y aura alors certainement un recours auprès de la Cour européenne des Droits de l’Homme de la part des personnes directement concernées. Les Verts soutiendront alors ce recours.
Qu’attendez-vous de l’Europe ?
Quand un pays viole des principes démocratiques auxquels je suis attaché, à titre personnel, j’en appelle à la communauté internationale pour faire pression sur ce pays. Prenons exemple du mur entre Israël et la Palestine. Les Israéliens progressistes en appellent à la communauté internationale pour faire pression sur Israël. La Suisse accepte des conventions qui refusent toutes discriminations religieuses mais laisse un tel vote s’organiser. Si le Conseil de l’Europe et les Nations Unies dénoncent cette contradiction, ce serait une bonne chose. Il est impératif qu’à travers les engagements internationaux de la Suisse, on lui rappelle qu’il existe un droit supérieur. D’ailleurs, les Verts souhaitent que cette initiative soit déclarée anticonstitutionnelle.
Comment situez-vous ce résultat dans le contexte politique suisse et européen ?
Ce résultat est à replacer dans un contexte d’islamophobie grandissante. N’oublions pas les récentes campagnes contre les « frontaliers » [2] ainsi que celles moins récentes contre le « mouton noir » [3]. La Suisse, comme de nombreux pays d’Europe, est parcourue par un fort courant culturel de droite extrême qui commence à avoir des résultats politiques. A force de désigner des boucs émissaires et des moutons noirs, dans une société qui par ailleurs est déstabilisée par la crise, ce genre de fonds de commerce marche. Bien que ce ne soit pas toujours les mêmes acteurs : ceux qui ont tenu un discours anti-frontalier extrême, comme le Mouvement citoyen genevois, appelaient à voter non à cette initiative. En dépit de cela, même si elle a été refusée à Genève, l’interdiction a tout de même réalisé un score bien supérieur aux estimations. La campagne contre l’interdiction n’a pas été à la hauteur du danger qu’elle représentait.
Cela va-t-il provoquer un électrochoc salutaire ou aggraver la situation ?
Je suis inquiet de la suite. Le soir du 29 novembre, en écoutant les présidents de partis politiques traditionnels, j’avais une drôle d’impression. Ils disaient qu’ils allaient « tenir compte de ce vote ». On accusait les musulmans « modérés » ou « progressistes » d’être restés en retrait. C’est aberrant ! C’est un débat politique et c’est aux partis politiques d’aller au front. Nous sommes dans un état laïc, ce n’est pas aux musulmans de défendre « leurs » minarets, mais bien aux partis traditionnels de défendre leurs valeurs. Le parti démocrate chrétien, par exemple, dit qu’il va intervenir au Conseil national (parlement fédéral suisse, ndlr) pour interdire la burqa. Je ne suis pas un fan de la burqa, mais je ne vois quasiment jamais des femmes portant la burqa en Suisse. S’occuper tout d’un coup de la burqa, c’est montrer du doigt la communauté musulmane, monter en épingle un problème. C’est comme les minarets, il n’y en a que quatre en Suisse. Que des partis traditionnels soient tentés de surfer sur cette vague extrémiste et discriminatoire est très inquiétant. Même le président du parti socialiste, contrairement à d’autres députés de son camp, a tenu des propos ambigus. Il ne se démarque pas clairement de ceux qui demandent à « tenir compte des craintes ». « Tenir compte des craintes » peut revenir à demander aux musulmans de se transformer en crypto-chrétiens. C’est absurde.
Comment réagit l’opinion suisse à ce résultat ? Existe-t-il des résistances populaires ?
A l’image de l’électrochoc qu’avait causé en France la présence de Le Pen au second tour de l’élection présidentielle, et qui avait – momentanément au moins – réveillé une partie de la jeunesse, j’espère qu’un mouvement similaire se dessinera en Suisse. Sur les réseaux sociaux d’Internet, on lit déjà des appels à manifester, à exprimer sa honte, sa colère ainsi que sa solidarité avec la communauté musulmane, et de montrer que l’on ne se reconnaît pas dans cette Suisse frileuse, qui prend des dispositions aussi discriminatoires.
Pierre-Alain Tschudi (Vert) a présidé le conseil municipal de Meyrin, dans le canton de Genève, et est fondateur du « Jardin des disparus », contre les disparitions forcées.
Recueillis par Eros Sana
Notes
[1] Pour la petite histoire, certains courants salafistes sont eux-mêmes opposés aux minarets car ils n’existaient pas au temps du Prophète. Les « amis musulmans » de l’UDC et de l’UDF seraient-ils des salafistes, comme nombre de militants intégristes ?
[2] les Français allant travailler en Suisse
[3] Les travailleurs migrants
Dieudonné :
l’idiot utile de l’extrême-droite en procès
Le 27 octobre sera rendu par le tribunal correctionnel de Paris le jugement en délibéré contre Dieudonné et Robert Faurisson, accusés d’injure raciale: à la fin de son spectacle «J’ai fait l’con» au Zénith le 26 décembre 2008, «l’humoriste» avait fait remettre par son assistant, déguisé en déporté juif, le «prix de l’infréquentabilité et de l’insolence» à une des principales figures du négationnisme. Retour sur un procès et une mouvance.
«Attentat humoristique»
Palais de justice de Paris, 22 septembre 2009. Pour se défendre de l’accusation dont il est l’objet, Dieudonné invoque devant le tribunal la «liberté d’expression» et assume cette nouvelle provocation qu’il nomme un «attentat humoristique» comme «système de promotion de son humour», se posant en victime d’un système dans lequel il «n’a pas les moyens de se faire entendre». Que pense-t-il des thèses de Mr. Faurisson, condamné plusieurs fois pour «contestation de crime contre l’humanité» ? «Le négationnisme, ça ne me concerne pas (...), je ne sais pas trop ce qu'est le révisionnisme.»
Et pourtant, le palais de Justice de Paris semblait ce jour-là être le lieu de rendez-vous des principales figures internationales du négationnisme. Outre Robert Faurisson (qui était bien présent au tribunal, même si il s’était fait représenter par son avocat, contrairement à ce qu’ont pu dire certains médias), on a ainsi pu noter la présence de l’anglo-australienne Michelle Renouf, qui, lorsqu’elle ne participe pas à des meetings du British National Party (ou à la conférence de Téhéran de Décembre 2006), est très active dans le soutien judiciaire aux négationnistes. Etaient également présents Peter Rushton, figure de l’extrême droite britannique la plus radicale, ainsi que Guillaume Fabien Nichols, qui est un des plus proches collaborateurs de Robert Faurisson et son traducteur en anglais.
Si on ne peut attribuer directement à Dieudonné la présence de ces soutiens historiquement liés à Faurisson, prétendre ignorer les opinions de ce dernier relève au minimum de la mauvaise foi, comme nous le montre la présence à l’audience de Ginette Hess-Skandrani: exclue des Verts en 2005 pour proximité avec les milieux négationnistes, celle-ci était n°6 sur la Liste «Antisioniste» menée par Dieudonné lors des élections européennes de Juin 2009. De nombreuses figures de cette liste étaient également présentes pour soutenir Dieudonné, comme Ahmed Moualek (animateur du site «La banlieue s’exprime», qui traitera en plein tribunal quelqu’un de «juifiste»…), Charles Alban Scheppens (ancien cadre du Renouveau Français et président de la Fraternité Franco-Serbe), ainsi que Thomas Werlet, dirigeant du Parti Solidaire Français, l’ancienne «Droite socialiste» dont plusieurs membres furent impliqués dans une fusillade contre des habitants d’une cité de l’Essonne en Juin 2008. Dieudonné fut également accompagné jusqu’au tribunal par une de ses désormais vieilles connaissances: Frédéric Chatillon, ancien chef du GUD (duquel sont issues Unité Radicale, groupuscule auquel appartenait Maxime Brunerie, puis les Identitaires), un des principaux diffuseurs d’écrits révisionnistes au Moyen-Orient, avec qui il s’était rendu au Liban et en Syrie en 2006, en compagnie de Thierry Meyssan, Alain Soral et Marc Georges (de Egalité et Réconciliation, association «rouge-brune»), Ahmed Moualek et Ginette Skandrani. Mais Dieudonné ne doit certainement pas se sentir «concerné» par leurs opinions, qu’il ne doit d’ailleurs «pas trop» connaitre…
Antisémitisme: nouveaux visages, vieilles recettes
Comment le militant antiraciste marqué à gauche qu’était Dieudonné dans la seconde moitié des années 1990 en est-il arrivé là ? Au cours des années 2000, il agrémente sa bataille pour la reconnaissance et la mémoire de l’esclavage des Noirs de propos qui dépassent la logique de concurrence des victimes dont il se fait désormais le relais. Dès 2002, Dieudonné parle dans une interview donnée au site blackmap de «lobby très puissant qui a le monopole de la souffrance humaine et qui ne nous reconnaît absolument aucune existence! [...] le lobby juif déteste les Noirs, vraiment! Étant donné que le Noir, dans l'inconscient collectif, porte la souffrance, le lobby juif ne le supporte pas, parce que c'est leur business!». Progressivement, Dieudonné va se réapproprier tous les clichés et les thèmes traditionnels d’un antisémitismequ’il masquera par un engagement «antisioniste»(il sera présent avec Alain Soral en 2004 sur la liste Europalestine, avant d’etre écartés de l’association pour «fréquentations douteuses»): le «lobby sioniste», qui devient parfois «des juifs» ou même «les Juifs» deviennent les seuls boucs émissaires de la souffrance des Noirs; dénonciation d’une «main basse sur les médias», du «Dieu argent», de la «pleurniche internationale»… Assez logiquement, Dieudonné en vient à fréquenter l’extrême droite qu’il avait autrefois combattue: après avoir donné au début 2006 une interview au «Choc du mois», le cap du symbolique est franchi lorsqu’il se rend la même année à la fête du Front National, où sa rencontre avec Le Pen (qui deviendra le parrain d’une de ses filles) est orchestrée sous l’œil des caméras…
Cette «reconversion» de Dieudonné aboutit au printemps 2009 à la constitution de la Liste Antisioniste, conglomérat de négationnistes, d’intégristes chiites, de complotistes, de catholiques traditionalistes, de «rouges-bruns», sous la houlette de Yahia Gouasmi (président du Centre Zarah) et de Alain Soral, alors fraîchement éconduit de la liste du FN dont il convoitait la première place. Se drapant sous la bannière de l’antisionisme, l’objectif est, en recyclant de vieilles thématiques d’extrême-droite aux cotés de «représentants» de communautés minoritaires et discriminées (Dieudonné pour les Noirs, Gouasmi pour les musulmans), de les diffuser auprès de franges de la population à priori hostiles à l’extrême-droite «traditionnelle», notamment dans certaines banlieues, et de semer une confusion dans des repères politiques qui n’en avaient déjà pas besoin. Si cette liste n’a obtenu que 1,4% des voix, elle n’en a pas moins rencontré un écho certains auprès de populations opprimées qui se sentent légitimement lésées dans la reconnaissance de leurs souffrances actuelles (racisme) et passées (esclavage et colonialisme), et qui se reconnaissent dans la lutte du peuple palestinien.
Un danger pour le mouvement de solidarité avec la Palestine
La confusion politique entretenue par l’extrême droite sous toutes ses formes entre antisionisme et antisémitisme (et par ailleurs alimentée par le chantage à l’antisémitisme qui rend difficile toute critique de la politique israélienne) est bien évidemment dangereuse pour le mouvement antiraciste et anticolonialiste de soutien au peuple palestinien. Ainsi, lors de la manifestation parisienne du 24 janvier 2009 pour dénoncer le massacre de Gaza, plus d’une centaine de militants d’extrême droite, sous la houlette du Parti Anti Sioniste de Yahia Gouasmi, avaient tenté (sans succès grâce à l’intervention du service d’ordre de la manifestation) de se joindre au cortège.
Le 8 juillet, suite au saccage de la librairie parisienne Résistance(s) (tenue par la CAPJPO-Europalestine) par des membres de la LDJ a lieu un rassemblement de soutien, lors duquel prend la parole (parmi une vingtaine d’intervenants) un certain John Bastardi Daumont, jeune avocat inconnu des organisations présentes. Il ne l’est désormais plus, puisque ses clients sont Paul-Eric Blanrue (auteur de «Sarkozy, Israël et les Juifs», et proche de l’extrême droite et du milieu négationniste) et… Robert Faurisson, comme nous en avons la confirmation depuis le 22 septembre. Ce dernier exemple montre à quel point les organisations actives dans le mouvement de solidarité avec le peuple palestinien doivent être vigilantes, sous peine de faire perdre toute crédibilité à un mouvement qui n’en a vraiment pas besoin, et de renforcer l’extrême droite.
Car sous prétexte d’antisionisme, c’est bien de cela qu’il s’agit. Dans une interview à la revue identitaire Réfléchir et Agir (n°33, Automne 2009), à la question «Ne faites vous pas fausse route en combattant le sionisme qui est la défense des intérêts d’Israël plutôt que le projet politique du judaïsme qui est le gouvernement mondial ?», Dieudonné répond: «Je combats comme vous ce projet mondial mais le sionisme me parait être la représentation la plus claire de cela en termes politique, financier et militaire.» CQFD.
«La France n’existe plus, nous sommes désormais une colonie israélienne»
Quel que soit le jugement rendu par le tribunal le 27 octobre prochain, Dieudonné a déjà montré quelles étaient ses vraies motivations. Les nôtres restent intactes: soutenir le peuple palestinien, lutter contre tous les racismes et l’extrême droite, quelle que soit son visage et où qu’elle se présente.
Alexandre
1. Voir à ce sujet un excellent article de Pierre Tévanian «Un négationnisme respectable» (Mai 2005), sur le site «Les mots sont importants»
2. Dieudonné, dans une vidéo diffusée sur le site La Banlieue s’exprime, le 5 octobre 2009
Après la grippe A...
la peste brune !
En ces temps de crise, la bête fasciste refait surface. Affiches, autocollants, agressions verbales et physiques, les militants d’extrême-droite sont toujours aussi actifs. Dieudonné, Soral et consorts viennent renforcer les rangs des vieux chefs Le Pen et Spieler. Avec la complicité du gouvernement, du patronat et des notables de fond de vallée, ils rêvent de rétablir l’ordre moral et racial et d’étouffer le vent de révolte qui souffle à travers toute l’Europe. Comme en 1936, la menace est réelle et c’est à nous de lutter et de résister.
A Neudorf comme ailleurs, ne les laissons pas passer !
La bataille de la rue
Depuis plusieurs mois, la présence des mouvements d’extrême-droite est de plus en plus visible. Les murs de Neudorf sont couverts d’autocollants du Front National et du Renouveau Français (groupuscule ultranationaliste et ultra-catholique). A l’approche des élections régionales, on commence à revoir des affiches d’Alsace d’Abord en ville et dans les campagnes. Ce harcèlement mural de propagande raciste et injurieuse banalise les mots d’ordre de ces groupuscules, espérant ainsi faire croire qu’ils dominent la vie politique locale.
Malheureusement l’action des militants fascistes ne se limite pas à la décoration urbaine de mauvais goût : prétendant nettoyer plus blanc que blanc, les fachos n’hésitent pas à passer à l’action - violente le plus souvent. Les nervis de Jeune Alsace (la classe bébé d’Alsace d’Abord) s’illustre en menaçant des militants et des militantes de gauche et d’extrême gauche.
Cet été, les néo-nazis de l’Elsass Korps (groupuscule ultra-violent officiellement dissout en 2002) ont fait une descente à Strasbourg et ont agressé physiquement des résidents et des résidentes du quartier de la Krutenau. Lors du mouvement universitaire de l’année dernière, on a vu débarquer une trentaine de militants nationalistes qui s’en sont pris aux piquets de grève à coup de barres de fer avant de se réunir sur les marches de la faculté de droit pour chanter la marseillaise.
Toutes ces actions révèlent une volonté d’occuper le terrain des idées et de la rue. Comme on a pu le voir à la faculté de droit d’Assas à Paris ou à l’université Lyon II, les mouvements d’extrême-droite tentent de créer des bastions où ils sont tous puissants. Ils pensent qu’ils sont chez eux en Alsace, à nous de les en déloger !
Le nouveau visage de la bête
De telles agressions se produisent partout en France. A Tours la semaine dernière, deux jeunes ont été battus très violemment par un groupe de fascistes : l’un est aveugle d’un œil. Sur un marché parisien cet été, une cinquantaine d’amis de Dieudonné ont chargé un cortège antifasciste pacifique venu protester contre leur discours antisémite.
Depuis la soi-disant mort du FN, Marine Le Pen prépare activement la succession de son père et tente de donner une image respectable de son parti. Du coup, les militants radicaux en manque de sensations fortes tentent de reprendre la rue et certains cadres créent de nouvelles organisations. L’exemple le plus frappant est sans doute celui d’Alain Soral, ancien communiste qui a rallié le FN avant de le quitter pour se ranger derrière le clown néo-fasciste Dieudonné. Le Parti des Musulmans de France , très présent à Strasbourg, est une autre facette de cette nouvelle extrême-droite islamiste antisémite.
A qui profite la crise ?
Mais ces scissions et ces recompositions ne doivent pas nous faire oublier que les anciens et les nouveaux fascistes ont les mêmes objectifs. Le discours et les hommes d’extrême-droite sont présents au sein même du pouvoir dans beaucoup de pays d’Europe. En France, Sarkozy a récupéré le langage du FN sur l’ immigration et la sécurité, et il a accueilli à bras ouverts des transfuges de toute l’extrême-droite, de Villiers à Devedjian. En Italie, les partis néo-fascistes Lega Norte et Alliancia Nazionale participent au gouvernement de Berlusconi. Récemment, ils ont remis au goût du jour les « milices citoyennes » anti-immigrés créées du temps de Mussolini. De nouvelles lois racistes votées cette été en Italie dénient tout humanité aux immigrés sans papiers, en leur interdisant le mariage, la reconnaissance de leurs enfants (condamnés au statut d’orphelins), et donc l’accès à tous les services qui permettent de vivre. En Allemagne, les militants néo-nazis sont toujours plus nombreux, comme en Espagne, en Grèce et dans les pays de l’Est.
Comme l’histoire nous l’a prouvé, les grandes crises économiques sont des moments où les idées d’extrême-droite se développent et prolifèrent. Les gouvernements et le patronat n’hésitent pas à employer ces méthodes pour étouffer la colère des « classes dangereuses » et rétablir l’ordre moral et capitaliste. Dans la politique du tout répressif, les idées et les pratiques de l’extrême-droite sont utilisées sans vergogne, les mêmes boucs-émissaires (immigrés, syndicalistes…) sont constamment désignés et accusés de tous les maux.
Aujourd’hui, c’est à nous d’agir contre la banalisation des discours et des pratiques racistes et agressives de l’extrême-droite et de nous organiser pour s’opposer à la violence des racistes et des fascistes de tout poil et de tous horizons.
Ne les laissons pas occuper nos quartiers !
Restons vigilants et résistons partout et tout le temps !
Le fascisme c’est la gangrène : On l’élimine ou on en crève.
AL Alsace
Source / auteur : Alternative libertaire
Villiers s'attache les services d'un ancien dirigeant du GUD, groupuscule d'extrême-droite
Ancien responsable du GUD (Groupe union défense, groupuscule universitaire d'extrême-droite aujourd'hui dissous), Benoît Fleury deviendra début septembre le nouveau directeur des services juridiques du conseil général de la Vendée. Au moment où son président, Philippe de Villiers (Mouvement pour la France), se rapproche de l'UMP, la nouvelle sème le trouble au sein de la classe politique locale.
Avant d'être reçu major au concours de l'agrégation d'histoire du droit en 2008, Benoît Fleury a dirigé le GUD de 1995 à 2000 pendant ses études à Assas (Paris-II). Dans un entretien à L'Echo des savanes paru en mars 1999, le jeune homme, surnommé "Lord", déclarait notamment : "Nous, partout où il peut y avoir de la baston, on y va." Il se réclamait du national-socialiste belge Léon Degrelle, et estimait qu'il "faut rayer de la carte Israël".
Précédé par cette réputation sulfureuse, Benoît Fleury a enseigné un an à l'université de Poitiers. Son arrivée avait suscité une vague de mécontentements sans précédent. Le juriste avait été contraint de se justifier. "Je ne peux pas nier mon activité passée de militant nationaliste. Mais il s'agit là, à mes yeux, d'engagements qui relèvent définitivement du passé", s'était-il expliqué dans une lettre au Monde.
Mais Stéphane Frimaudeau, président du Parti radical valoisien en Vendée (associé à l'UMP) et président de l'association pour une Vendée républicaine reste circonspect. Il a confié à Libération que "cette nomination nous fait froid dans le dos. Ce monsieur a beau avoir pris des distances avec son passé, il a navigué dans des eaux troubles".
Extrême-droite :
morcelée, mais dangereuse
Si les dernières élections confirment l'emprise de Marine Le Pen sur le Front national et l'influence de l'extrême droite, celle-ci reste éclatée.
Aux européennes, Marine Le Pen, dans sa circonscription, a réussi à « limiter la casse » et réalise le meilleur score du FN (10,18%). A Hénin-Beaumont, commune où se cumulent pauvreté, chômage, délitements industriel et social et corruption d'une partie de la municipalité PS, la benjamine Le Pen, appuyée par l'équipe de « l'enfant du pays »2, obtient 39,34% au premier tour des municipales partielles et améliore son score au second.
Tout porte à croire qu'elle succédra à son père au sommet de « l'entreprise familiale » FN et qu'elle sera la candidate du parti à la présidentielle de 2012. Mais, n'est-ce pas une victoire à la Pyrrhus ? En effet, le FN, passé de sept à trois élus au Parlement européen, connaît, depuis une décennie, une crise militante, une hémorragie régulière de ses cadres3 et un endettement élevé4. La crise majeure, ouverte en 1998 par la scission « mégretistes5 », ne semble toujours pas close. Fruit de divisions internes (divergences sur les rapports avec la droite de gouvernement, désaccords sur les contours et la définition de l'identité française, divergences sur l'évolution de la société française…), accentuées, dans les années 1990, par des mobilisations antifascistes massives, elle ne cesse de rebondir, contraignant la nouvelle génération de cadres frontistes à faire son « baptême du feu », dans le nouveau cycle historique ouvert par la chute du Mur de Berlin.
Clivages
La nouvelle donne politique de ce cycle a amplifié les effets centrifuges de la scission de 1998 et mis fin au « compromis nationaliste » sur lequel le Front national avait construit son influence depuis les années 1970. Aujourd'hui, la « famille nationaliste » reste traversée par des clivages, anciens et nouveaux: l'identité, les questions internationales, les réponses (nationales-libérales ou nationales-sociales) à la mondialisation, à la crise financière et à l'offensive sarkozyste… Ces clivages débouchent sur des choix organisationnels différents selon les composantes.
Certaines privilégient le combat électoral (leurs faibles scores marquent surtout leur capacité de nuisance face au FN). Fin 2007, d'anciens FN, pour beaucoup passés par le Mouvement national républicain (MNR), constituent la Nouvelle Droite populaire (NDP) sur une critique radicale du mondialisme et de l'islam. Début 2009, Carl Lang crée le Parti de la France (PDF), pour renouer avec les « fondamentaux » que les « marinistes » renieraient. Des groupes régionaux du FN éclatent (Nord-Pas-de-Calais, Picardie, Centre, Basse et Haute-Normandie). La « vieille garde lepéniste » et la NDP se mettent alors au service de Carl Lang, sans nécessairement rejoindre le PDF. En février dernier, l'ex-stalinien Alain Soral claque la porte du FN et rejoint Dieudonné sur sa liste « antisioniste ». L'association de Soral devrait se transformer en Parti de la réconciliation nationale, à la fin de l'année.
Contexte européen
D'autres composantes privilégient « l'enracinement » militant et l'activisme. Depuis l'été 20026, les Identitaires, « régionalistes et européens », investissent le terrain. Leur activisme, souvent violent, se porte surtout contre les immigrés et les IVG. Comme en Italie, ils installent des « centres sociaux » (Lille, Nice, Guerlesquin). Créé en 2005, le Renouveau français concurrence les Identitaires sur le terrain de l'activisme. Ce groupe « nationaliste, catholique et contre-révolutionnaire », dirigé par un ex-FN, organisait, cette année, la commémoration du 6 février 19347 devant l'Assemblée nationale. La mouvance d'« ultradroite » reste présente dans les stades, organise des concerts et joue les supplétifs dans les services d'ordre « unitaires ».
D'autres, enfin, veulent peser « à la droite de la droite » et rejoignent le Mouvement pour la France (Jacques et Marie-Claude Bompard, Gérard Freulet…) ou, in fine, l'UMP (Daniel Simonpieri, Guillaume Peltier…).
Le morcellement actuel de l'extrême droite française est, fort heureusement, un frein à son influence. Mais, il est nécessaire de resituer ce « contre-temps » dans un contexte continental, favorable à la progression des droites populistes et xénophobes.
Gabriel Gérard
1. Selon les propos de Marine Le Pen à l'annonce des résultats d'Hénin-Beaumont.
2. Sur l'implantation de Steeve Briois (tête de liste) et de son équipe, il faut voir le documentaire d'Edouard Mills-Affif, « Au pays des gueules noires ».
3. De nouveaux départs du bureau politique étaient rendus publics au lendemain des européennes.
4. Le FN traîne 9 millions d'euros de dette. Pour l'essentiel, elle a été contractée auprès de l'imprimeur Fernand le Rachinel. Ce dernier a contribué à la présentation de la liste « antisioniste » de Dieudonné.
5. Bruno Mégret et ses partisans ont alors créé le Mouvement national républicain qui, aujourd'hui, compterait un millier d'adhérents.
6. Date de la dissolution d'Unité radicale.
7. Emeutes antiparlementaires à l'initiative des ligues d'extrême droite.
L'antisémitisme tue
Albert Herszkowicz est le fondateur de l'association Memorial 98, contre le racisme, l’antisémitisme et le négationnisme, créée en 1998 lors du centenaire de l’affaire Dreyfus1.
Le procès du « gang des barbares » s'est déroulé dans une atmosphère particulière…
Youssouf Fofana a choisi une posture d’islamiste et de héros autoproclamé du monde arabe et a accentué jusqu’à la caricature le contenu antisémite de ses actes. Il a sans doute été conseillé dans ce sens, de même qu’il n’a pas déniché par hasard son avocat, Emmanuel Ludot, proche d’Alain Madelin et ancien défenseur de Saddam Hussein. Des débats télévisés ont eu lieu dès le début du procès, avec les différents avocats des parties civiles et de la défense. Certaines organisations juives, dont le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), ont maintenu une pression permanente tout à fait hors de propos.
Quels enseignements peut-on tirer du procès
Le principal constat est qu’il s’agissait bien d’un crime à caractère antisémite, et donc raciste. Fofana n’a pas cherché à enlever une personne fortunée, mais un Juif, presque au hasard. Il voulait exploiter la richesse supposée « des Juifs » et leurs prétendues capacité et habitude à payer pour pouvoir récupérer l'un des leurs. Il a d’ailleurs fait appel à un rabbin, trouvé dans l’annuaire, pour transmettre des messages à la famille, qu’il considère comme responsable de l’échec de son affaire pour n’avoir pas payé l’énorme rançon exigée. A partir de cette première déshumanisation de l’otage, il n’a pas hésité à le torturer longuement. Ilan Halimi a été tondu, poignardé, brûlé et abandonné mourant le long d'une voie ferrée. Cette question de l'antisémitisme est lancinante et douloureuse, notamment pour la mère d'Ilan Halimi. Elle accuse les policiers de ne pas avoir tenu suffisamment compte du fait que son fils courait un danger particulier, parce qu'il était juif. Tout ceci est largement connu depuis l’époque du crime.
Comment s'est positionnée la gauche radicale à l'époque?
Une partie de la gauche radicale – dont la LCR et l’Union juive française pour la paix (UJFP) – et le MRAP, ont déserté la manifestation de protestation du 26 février 2006, appelée par le Crif, SOS-Racisme et la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra). Les deux arguments avancés pour ne pas participer tenaient à l’incertitude sur le caractère antisémite de l’affaire et à la présence annoncée de Philippe de Villiers. Mais SOS-Racisme et la Licra l'ont immédiatement expulsé et De Villiers a dû quitter les lieux. Surtout, les organisations abstentionnistes tergiversaient sur le caractère de ce crime et se retranchaient derrière la police et la justice, qui n’avaient pas établi le caractère antisémite de l’affaire. Cet étrange prétexte, s’agissant d’organisations habituellement peu enclines à s’aligner sur les analyses policières, témoignait d’une réticence à s’emparer du combat contre l’antisémitisme, en raison des liens supposés avec la situation au Moyen-Orient.
Existe-t-il des liens entre Youssouf Fofana et les listes Dieudonné-Soral?
Plutôt Kémi Séba, à la tête de ses groupes successifs2 ; il s’est proclamé protecteur de Fofana. Voici le courriel que la Tribu Ka envoyait à des organisations juives, fin février 2006, après l'assassinat d’Ilan Halimi : « Message de la Tribu Ka à la communauté juive. Nous observons depuis ces derniers jours suite à la mort du vendeur de portables Ilan Halimi qu’une véritable chasse à l’homme se dessine envers Youssouf Fofana, accusé par votre communauté d’être responsable de la mort de l’un d’entre vous. Nous n’irons pas par quatre chemins, que notre frère soit coupable ou pas, nous vous prévenons que si d’aventure, il vous prenait l’envie d’effleurer ne serait-ce qu’un seul des cheveux du frère, au lieu de lui laisser avoir un procès équitable, nous nous occuperons avec soin des papillotes de vos rabbins, et croyez-nous, vos pseudo-services de sécurité de la LDJ ou du Betar ne vous seront d’aucune aide face à la volonté de justice des nôtres. Laissez le frère se faire juger équitablement ou vous paierez. Kémi Séba, Fara de la Tribu Ka. » Seba est de nouveau intervenu dans ce sens lors de l’arrestation de Fofana en Côte-d’Ivoire puis, récemment, en mai dernier.
Le MDI [Mouvement des damnés de l'impérialisme, NDLR] vient de recruter Ginette Skandrani3, nommée « chargée de mission à l’écologie révolutionnaire » et le vétéran négationniste Serge Thion. Le MDI indique qu’il n’approuve pas son « révisionnisme », mais que c’est néanmoins un grand militant qui va s’occuper de la Palestine. L’avocate garaudyste Coutant-Peyre, compagne de Carlos et soutien de la campagne Dieudonné-Soral-Gouasmi, a été quelque temps dans la défense de Fofana avant qu'il ne la récuse en tant que « juive » et donc dangereuse. Elle déclare conserver toute son admiration envers Fofana, « extrêmement courageux et très intelligent », comparé aux « militants d’extrême gauche » des années 1980. Il ne serait pas coupable de la mort d’Ilan Halimi, en raison de la « complicité objective » policière qui aurait « laissé passer le temps ». Les autorités auraient décidé d’attendre que le drame s’accomplisse afin que survienne une « affaire emblématique » de la montée de l’antisémitisme. Nous avons expliqué plus longuement sur notre site le contexte de ces prises de position.
Propos recueillis par Emmanuel Sieglmann
1. http://memorial98.over-blog.com.
2. Kémi Séba a été à la tête de la Tribu Ka, organisation « afrocentriste » qui s'est fait connaître pour son soutien à Dieudonné dès 2004 et son antisémitisme, avant d'être dissoute par décret présidentiel, en juillet 2006. Il a ensuite fondé Génération Kémi Seba, puis le Mouvement des damnés de l'impérialisme (MDI), organisation « ethnoséparatiste » dont certains membres sont issus de groupuscules fascistes.
3. Personnalité connue pour son négationnisme.
A Henin-Beaumont, le FN se sent pousser des ailes
Municipale. Les divisions de la gauche et un bilan désastreux de l’ex-maire PS sont tout bénéfice pour les lepénistes.
Ils boivent du petit lait. Aux côtés de Marine Le Pen, deuxième sur la liste Front national en lice pour la municipale partielle d’Hénin-Beaumont, dimanche, les jeunes militants FN jubilent, bien installés dans leur permanence du centre-ville. «S’il y a une triangulaire, on n’a pas grand-chose à faire…», se réjouit la vice-présidente du parti d’extrême droite qui espère bien, le 5 juillet, devenir première adjointe de cette ancienne cité minière de 26 000 habitants.
Prison. Un sondage publié mercredi dans la Voix du Nord (1) donnait le FN largement en tête au premier tour dimanche avec 35 % des voix, devant la liste d’Union de la gauche et du centre (PS, Modem, MRC, PCF) menée par Pierre Ferrari (19 %), l’Alliance républicaine de Daniel Duquenne (18 %) et les Verts (10 %). Au second tour, en cas de triangulaire, le FN serait premier avec 37 % devant la liste d’union à gauche (32 %) et celle de Daniel Duquenne (31 %). En cas de duel, Pierre Ferrari arriverait devant le FN avec 52 %. Le Front national peut difficilement être plus à son aise dans cette élection : mise en examen de l’ex-maire (PS) Gérard Dalongeville, en prison depuis avril pour détournement de fonds publics et clientélisme présumé ; ville endettée jusqu’au cou et gérée de manière désastreuse, selon la Chambre régionale des comptes ; cacophonie à gauche avec la constitution in extremis d’une liste d’union conduite par un jeune socialiste, Pierre Ferrari, soutenu tardivement par le PS. La tête de liste FN, Steeve Briois, a tout pour récolter les fruits de quinze ans de porte-à-porte et de tractage.
Du coup, au FN, pas besoin de sortir les discours traditionnels sur l’insécurité ou l’immigration. Le «on vous avait prévenu» et le «tous pourris» suffisent à faire recette. «C’est la double peine, répète sans cesse Marine Le Pen, à son aise lors des visites chez les habitants, dont beaucoup viennent spontanément lui faire la bise. Non seulement ils ont géré la ville de manière désastreuse, mais en plus ils l’ont pillée de manière systématique !» Et le message passe facilement auprès des électeurs, dégoûtés de voir leurs impôts locaux augmenter sans voir de résultats. Pas besoin non plus de sortir l’étiquette FN sur l’affiche de campagne. «En même temps, quand on a Marine Le Pen sur sa liste, on n’a pas besoin d’avoir une flamme sur la tête !» plaisante la fille du président du FN pour qui une victoire ici conforterait son implantation locale et participerait à la reconquête de ses électeurs en vue des régionales de 2010. «C’est vrai qu’il y a une diffusion du FN dans la région qui fait peur à nos adversaires», se plaît à rappeler Marine Le Pen, forte de ses 27 % à Hénin-Beaumont aux européennes du 7 juin. La stratégie est simple : «prouver que le FN peut faire mieux que les autres partis». Et effacer une image de mauvais gestionnaire de municipalités.
Le candidat Briois se pose donc en «enfant du pays», tient un discours lissé pour récolter des électeurs au-delà du cercle des habitués FN. «Je ne vois pas qui a le plus la capacité que nous de redresser cette ville. Pas Ferrari qui est un gamin avec aucune compétence et pas Duquenne pour qui le costume est trop grand», explique Marine Le Pen.
«J’ai été élu, adjoint, j’ai dû gérer des dossiers délicats, se défend le socialiste de 27 ans. Et j’ai surtout été le premier élu de gauche à dénoncer publiquement les manœuvres de M. Dalongeville.» Elu conseiller municipal en mars 2008 sur la liste Dalongeville, Pierre Ferrari s’était vu retirer sa délégation d’adjoint pour avoir critiqué le maire. En tête de ce qu’il considère comme «la seule liste de rassemblement à gauche», il s’évertue à récupérer les voix passées de la gauche au FN et à incarner «le renouveau». Discours difficile à faire passer, que ce soit à l’entrée des commerces ou devant les cages d’escaliers. «Vous savez, quand vous vous brûlez avec quelque chose, vous vous méfiez», lui dit un habitant.
«Confusion». Difficile aussi de faire face au poids lourd politique qu’est Marine Le Pen. Aucun ténor national du PS n’est venu soutenir le socialiste. Arrivée aux municipales 2008 pour rassembler face au FN, l’ex-ministre socialiste Marie-Noëlle Lienemann, pressentie pour mener une liste d’union cette année, a décidé de ne pas y aller, «pour ne pas participer à la confusion». Tous deux persuadés d’arriver deuxième dimanche soir, Pierre Ferrari et Daniel Duquenne promettent qu’ils prendront leurs «responsabilités républicaines» pour empêcher le FN d’entrer à la mairie. De chaque côté, on se dit prêt à la discussion en vue d’une éventuelle fusion des listes plutôt qu’un désistement. Pas sûr qu’un tel choix gagne en clarté pour éviter que les votes des électeurs aillent à l’extrême droite.
(1) Sondage Ifop réalisé les 19 et 20 juin auprès de 503 personnes.
En Italie, neuf anciens SS condamnés à perpétuité
Ils ont été ondamnés par contumace pour le massacre de 350 civils en août 1944 dans des villages de Toscane.
Neuf anciens SS allemands, âgés de 84 à 90 ans, ont été condamnés à perpétuité par contumace dans la nuit de vendredi à samedi par le tribunal militaire de Rome, pour le massacre de 350 civils en août 1944 dans des villages de Toscane.
Onze anciens nazis comparaissaient pour ces massacres, mais l'un d'entre eux, Max Roithmeier, ex-sergent SS, est décédé au cours du procès, et un second, Walter Waage, a été acquitté par la
cour.
Les neuf autres hommes ont été condamnés à perpétuité pour avoir «participé à des violences et homicides» ayant causé la mort «d'environ 350 citoyens italiens parmi lesquels de
nombreuses femmes, des personnes âgées et des enfants, désarmés», et pour avoir «agi avec cruauté et préméditation».
L'Allemagne a également été condamnée en tant que «responsable civile» et devra verser une première indemnisation d'1,25 million d'euros à des familles de victimes.
«Cette sentence rend finalement justice à ceux qui subirent directement les atrocités du nazisme», a commenté le président de la région Toscane Claudio Martini, parlant d'«une page
terrible de l'Histoire. Même si 65 ans sont passés, nous ne devons pas oublier ce qui est arrivé».
Environ 350 habitants des villages ou hameaux toscans de Bardine di San Terezo, Tendola et Valla, dans la commune de Fivizzano, avaient été massacrés les 19 et 27 août 1944. A Bardine di San Terezo,
53 hommes avaient été fusillés et les corps exposés avec une pancarte affirmant: «Voici la fin réservée à ceux qui aident les partisans».
L'enquête avait pu être rouverte après la découverte en 1994 dans une armoire - baptisée l'«armoire de la honte» - de 695 livrets militaires de soldats allemands susceptibles d'être poursuivis pour
les crimes de guerre commis au cours de la retraite des troupes nazies en 1944 de Toscane et d'Emilie-Romagne.
Les poursuites ont été confiées au tribunal militaire de La Spezia (nord-ouest) avant d'être transférées récemment au tribunal militaire de Rome.
Extrême-droite :
pour la première fois peut-être, un groupe parlementaire européen
08/06/2009
L’extrême-droite se renforce au parlement européen, et la formation d’un groupe semble pour la première fois envisageable.
Aux Pays-bas, le Parti pour la Liberté du démagogue anti-islamiste Geert Wilders a remporté 17% des suffrages et pourrait obtenir 4 sièges d’eurodéputés. Très populaires, ses slogans islamophobes sont repris par plusieurs autres partis européens.
En Autriche, les deux formations d’extrême droite rassemblentt 17,5% des voix. La tête de liste du FPÖ, Andreas Mölzer, devrait sièger. Le FPÖ a obtenu le double de voix qu’en 2004 et deux
sièges.
L’eurosceptique parti de Hans-Peter Martin a remporté trois sièges.
Le Parti National Britannique, dirigé par Nick Griffin, qui a effectué une percée sur le plan local et auquel seuls les Blancs peuvent adhérer, aura deux représentants dans l’enceinte européenne. C’est une première pour ce parti d’extrême droite, qui jusque-là n’avait aucun député ni à Bruxelles, ni même à Westminster.
“La Hongrie appartient aux Hongrois”, c’est avec ce slogan que Jobbik a fait campagne, et ça a marché. Le parti, notamment très virulent envers les Roms, est devenu la troisième force politique de Hongrie avec 14% des suffrages. Il aura trois députés au PE.
Quant au Parti de la Grande Roumanie, il fait son retour sur la scène européenne. Dirigée par Corneliu Vadim Tudor, la formation d’extrême-droite est en mesure d’envoyer trois représentants au Parlement européen.
Amélioration des scores de l’extrême-droite également en Slovaquie, en Finlande et au Danemark.
Dieudonné et sa clique de fachos montrent leur vrai visage
Ce matin, Dieudonné en campagne tractait au marché Pyrénées dans le XXe arrondissement de Paris, accompagné de ses alliés politique : jeunes nationalistes, jeunes identitaires, royalistes, hooligans du PSG, skinhead du FN, cathos et musulmans fondamentalistes.
C’est là le vrai visage de cette liste dite « antisioniste », en fait un ramassis de nazillons et d’intégristes de tout poil qui n’ont pas hésité à agresser un passant qui ne voulait pas de leur tract.
A quelques pas de là, des militantes et militants antifascistes se sont faits courser et tabasser par les antisémites armés alors qu’ils tentaient d’informer les passant-es des idées véhiculées par cette liste et de s’opposer à la diffusion de ces idées immondes. Côté antifascistes, on dénombre plusieurs blessés et plusieurs interpellations. Pendant ce temps, Dieudonné et ses soldats, taxant leurs opposants de « racistes et d’islamophobes » (sic !), continuait à se donner une posture victimaire, au cœur de sa campagne et de sa relation aux médias. Pas facile d’assumer des idées aussi sales et haineuses que les siennes !
Dans la même veine, un proche du RED (Rassemblement des Etudiants de Droite) se faisait interviewer par une télévision, la tête ensanglantée, protégé par la police, se disant simple passant agressé par « les anarchistes ».
Le 9 mai dernier, les fachos avaient été privés de défilé annuel (croix gammées, flambeaux et autres réjouissances), notamment sous la pression des antifascistes. Frustrés, ils avaient commis des « ratonnades » (passages à tabac racistes) et des dégradations en chantant des hymnes nazis dans le XIVe arrondissement.
Les évènements de ce matin ne font que dévoiler le vrai visage de Dieudonné et de sa ligue de fascistes ultra-violents. Nous continuerons à nous battre chaque jour, sur tous les terrains, contre l’extrême droite qui n’est plus à présenter. Quelle qu’elle soit (catho, musulmane, royaliste, nationaliste…), elle n’a pas sa place dans une société qui se veut démocratique, quand bien même se cache-t-elle derrière le paravent électoral. Nous serons toujours là contre la bête immonde !
Parce que ces gens là se revendiquent de Franco, d’Hitler, de Pinochet, pas de fascistes dans nos quartiers, pas de quartier pour les fascistes !
Le fascisme, c’est la gangrène, on l’élimine ou on en crève !
Alternative libertaire le 31 mai 2009
L'antisionisme de Dieudonné, héritage contemporain de l'antisémitisme
L'existence, depuis sa présentation par Dieudonné et ses amis, au Théâtre de la Main d'Or, à Paris, le 8 mai, d'une "liste antisioniste" pour les européennes en Ile-de-France, oblige à se poser deux questions majeures que l'expérience historique peut contribuer à éclairer. Ce passage par l'histoire est d'autant plus nécessaire que les barrières morales ou juridiques érigées contre la haine antijuive n'ont plus d'efficacité définitive.
Cette liste et l'équipe qui la porte relèvent-elles de l'antisémitisme ? Dieudonné et son équipe s'en défendent. Cependant, la dénonciation du sionisme, dans un cadre national, lors d'élections qui constituent d'abord un événement de politique intérieure, fait peser sur les Français de confession ou d'origine juive une stigmatisation effective qui relève bien des procédés de l'antisémitisme. Cela ne veut pas dire que la discussion du sionisme soit taboue.
Mais celui-ci concerne d'abord l'Etat d'Israël, et relève donc d'une question de politique internationale, quand bien même des Français partagent avec une bonne partie des Israéliens la même confession. D'autres Français partagent bien des confessions ou des origines avec des ressortissants d'autres pays sans que cela ne devienne un argument électoral. L'antisionisme militant renvoie à l'antisémitisme. Il permet de mobiliser un fond antisémite tel qu'on le trouve en partie dans le Front national - dont Dieudonné agrège des éléments à son équipe -, et, de manière plus radicale, dans le négationnisme - dont il courtise l'un des principaux militants, Robert Faurisson.
L'antisémitisme en politique a-t-il pour autant une chance de réussir ? On pourrait se contenter de dire que, après le génocide perpétré contre les juifs d'Europe par un régime qui avait élevé l'antisémitisme au niveau d'une religion et d'un appareil d'Etat, et avec la complicité du régime de l'Etat français, lui-même antisémite, l'antisémitisme sous toutes ses formes serait banni à jamais de la vie publique et même privée d'une nation comme la France. Force est de constater que cette barrière morale est fragile, et que cette fragilité empêche que la loi puisse s'opposer efficacement à l'antisémitisme en politique. L'histoire plus ancienne de la fin du XIXe siècle français introduit paradoxalement des enseignements qui méritent ici d'être formulés.
Le moment antisémite des années 1880 et 1890, culminant avec l'affaire Dreyfus, démontre en premier lieu la difficulté des mouvements se définissant comme antisémites (ou "antisémitique", comme la Ligue du même nom) à triompher politiquement sur le seul thème de l'antisémitisme. Leur force tient d'abord dans les alliances qu'Edouard Drumont ou Jules Guérin parviennent à conclure avec les nationalistes (de gauche comme de droite), les catholiques ou les monarchistes. C'est le pouvoir de l'antisémitisme que d'agir comme un catalyseur, et c'est en même temps sa faiblesse dès lors que ces conservateurs ou ces populistes décident de faire le sacrifice de telles alliances, comme cela se produira à la fin de l'Affaire.
La politique de "défense républicaine" du gouvernement de Pierre Waldeck-Rousseau ôtera en effet à ces assemblages tout espace politique, provoquant en retour la radicalisation des antisémites exclusifs (comme Jules Guérin, chef de la Ligue antisémitique, réfugié pathétiquement dans son Fort Chabrol) ou la mutation de l'antisémitisme en "nationalisme intégral" avec l'Action française de Charles Maurras.
Ramené à la situation présente, que nous enseigne cet héritage historique ? Une double leçon, essentielle. Premièrement, l'antisémitisme exige, pour se développer en politique, l'existence d'une croyance collective qui transforme des identités sociales ou culturelles en différenciation idéologique. L'engagement dreyfusard de 1898, puis la réhabilitation en 1906 du capitaine Dreyfus ont repoussé provisoirement cette croyance, au profit de l'égalité civique entre les Français (mais sans que les colonisés ne bénéficient de cette avancée, qui ne profita guère davantage non plus aux femmes, il faut le rappeler).
Cela signifie aujourd'hui que tout acte ou propos antisémite concerne tous les Français sans distinction, puisque, avec l'antisémitisme, les fondements de la citoyenneté démocratique et du vivre-ensemble sont attaqués. Or, trop souvent, l'antisémitisme est ramené aux juifs eux-mêmes, tandis que le soupçon du sionisme contribue à accélérer leur isolement, rendant dès lors plus aisée leur persécution. Il s'agit là d'une spirale de violence que des intellectuels dreyfusards, de Lucien Herr à Emile Durkheim, d'Emile Duclaux à Célestin Bouglé, de Bernard Lazare à Emile Zola, ont, en leur temps, analysée et repoussée. Leur pensée m'apparaît ici comme disponible pour affaiblir les présupposés sur lesquels se fondent les résurgences d'antisémitisme en politique. C'est la deuxième leçon que nous accorde le passé.
L'offensive intellectuelle du tournant du XIXe siècle mit en lumière trois principes qui gardent toute leur actualité. La défense d'un juif condamné à l'issue d'un procès d'Etat et déporté en Guyane dans des conditions inhumaines fut d'abord une lutte contre la persécution dans son ensemble, politique, religieuse, mais également sociale, amenant ainsi des anarchistes, des socialistes, des femmes à se mobiliser pour Dreyfus. La cause des persécutés, qui semble animer Dieudonné, est ainsi contredite par l'usage fait de l'antisémitisme, qui est précisément une persécution, et même la figure historique par laquelle l'Europe a pris conscience, au XIXe siècle, de la persécution. On peut toujours regretter que cela ne soit pas l'esclavage ou la colonisation. Mais la compréhension de l'antisémitisme permet d'accéder à la critique générale de la persécution moderne.
Le combat des intellectuels dreyfusards démontra également le lien déterminant entre le développement de l'antisémitisme, le recul des libertés démocratiques et la montée de l'irrationalisme, si bien que leur engagement se caractérisa par la défense du droit, le principe de justice et la raison critique. A cet égard, les responsabilités de la situation actuelle sont extérieures à Dieudonné lui-même, et interrogent le devenir de l'identité démocratique française elle-même.
Enfin, la lutte contre l'antisémitisme s'inscrivit il y a un siècle dans une pensée de l'international qui permit à la France de s'arracher au risque nationaliste tout en intégrant davantage les Français selon une conception ouverte, solidaire, voire fraternelle, de la société. Là aussi, l'enseignement est moderne. Mais de telles leçons du passé ne seront actives qu'à condition de travailler toujours le dossier politique de l'antisémitisme et d'accorder à la recherche, dans notre pays, une reconnaissance publique et une importance sociale.
Vincent Duclert, historien, professeur agrégé à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, auteur de "La Gauche devant l'histoire"
Dieudonné, une liste d'extrême droite en plus....
NPA, mardi 12 mai 2009
Après la liste du Front national et celle des amis de Carl Lang, l'extrême droite « antisioniste » aura également sa tribune, sortant ainsi de la confidentialité, pour la première fois depuis les années 1940.
La liste francilienne, conduite par Dieudonné, regroupe des néo-fascistes, des illuminés sectaires, des extrémistes religieux, des adeptes de la théorie du complot, des nationaux-catholiques antimusulmans, un cadre régional du FNJ ainsi que des révisionnistes.
Cette liste de prétendus « anticommunautaristes », pour beaucoup partisans de l'assimilation et du colonialisme, dénonce la « sionisation » de la société évitant ainsi les débats sur les difficultés économiques et sociales auxquelles sont confrontés les travailleurs et la jeunesse des quartiers populaires. Et pour cause, ces questions pourraient la faire voler en éclats.
Cette liste distille un antisémitisme, plus ou moins explicite selon ses composantes, favorisant une nouvelle offensive amalgamant antisionisme et antisémitisme. Elle porte ainsi atteinte à la cause palestinienne et bénéficie à ceux qui veulent étouffer toute forme de critique à l'encontre de la politique coloniale des gouvernements israéliens successifs, aggravée aujourd'hui par la présence de d'Avigdor Lieberman (extrême droite) au gouvernement.
Pour notre part, nous pensons que la meilleure façon de combattre l'imposture de l'extrême droite, sous ses différentes appellations, est de mener campagne pour une Europe sociale, démocratique, écologique, une Europe des droits et de l'égalité. Nous poursuivrons notre lutte contre l'Europe forteresse, pour la solidarité internationale. Nous continuerons de soutenir la lutte du peuple palestinien et les anticolonialistes israéliens, juifs et arabes, militants pour une paix juste et durable au Moyen-Orient.
Antifascisme : Un week-end d’hommage à la Résistance
Chaque 9 mai, à Paris, l’extrême droite tente de parader dans la rue, et les antifascistes se mobilisent pour les en empêcher. Cette année, la mémoire de la Résistance sera à l’honneur.
Depuis plusieurs années déjà, les antifascistes se retrouvent le 9 mai afin de ne pas laisser la rue aux groupuscules d’extrême droite qui commémorent la mort d’un des leurs.
En effet, le 7 mai 1994, à l’issue d’une manifestation contre « Cinquante ans d’impérialisme américain » qui servait de couverture pour dénoncer la victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie, Sébastien Deyzieu, militant de l’Œuvre française, fait une chute mortelle d’un toit. Depuis diverses organisations d’extrême droite organisent tous les 9 mai une manifestation avec retraite aux flambeaux en son honneur, avec plus ou moins de réussite, l’édition précédente s’étant soldées par de nombreuses arrestations de leur côté.
Parmi les organisateurs ou les participants coutumiers de cette manifestation on trouve notamment le « célèbre » Serge Batskin, ancien chef de file des skinheads nazis parisiens, l’Œuvre française, organisation ouvertement raciste et antisémite fondée par Pierre Sidos, le Renouveau français, qui collabore depuis quelques temps avec Kémi Séba et la Droite socialiste. Cette année, encore, plusieurs organisations se sont associées pour préparer la mobilisation et mettre en place un week-end antifasciste les vendredi 8 et samedi 9 mai. L’enjeu est de coupler la nécessaire « contre-mobilisation » de rue à une initiative autour de la mémoire de l’antifascisme. Il s’agit de rappeler et d’honorer les combats du passé (Francs-tireurs et partisans, résistants antifranquistes, etc.) en les reliant aux luttes d’aujourd’hui.
La question de la mémoire a son importance, en période de crise économique. Alors que l’État rafle, enferme et expulse des immigrés sans papiers, les luttes antifascistes et émancipatrices sont toujours d’actualité.
Will Zumbi (AL 93)
Le programme des 8-9 mai 2009
Près de soixante-cinq ans après la défaite des nazis en Europe, il faut encore faire comprendre à l’extrême droite que la rue ne lui appartient pas ! Qui, sinon nous ? Où, sinon ici ? Quand, sinon maintenant ?
Vendredi 8 mai
–* Concert à partir de 20 heures, organisé par United underground, avec Crâne d’obus, Time Bomb, K-Listo, Zartako, Hors Contrôle.
Samedi 9 mai
–* Meeting, de 14 à 18 heures, en présence de Jacques Damiani (combattant FTP) et Antonio Martin (résistant antifranquiste). À la CIP-IDF, 14-16 quai de Charente, 75019 Paris (métro Corentin-Cariou)
–* Manifestation à partir de 20 heures entre Denfert-Rochereau et Montparnasse. Organisée par : Scalp-Reflex, CNT, Ras l’front Marne-la-Vallée, Fédération anarchiste, Alternative libertaire, Mouvement des quartiers pour la justice sociale, NPA, SUD-Etudiant.
Suite à l'enquète TV...
>> Dossier "EINSATZGRUPPEN" <<
La radicalisation du génocide
Les Einsatzgruppen qui suivirent l'armée allemande en Union soviétique étaient répartis en quatre groupes opérationnels de la taille d'un bataillon chacun. L'Einsatzgruppe A s'occupait de la zone allant de la Prusse orientale en direction de Leningrad, et couvrant la Lituanie, la Lettonie, l'Estonie et d'autres territoires. L'Einsatzgruppe A massacra des Juifs à Kovno, Riga et Vilno. La zone de l'Einsatzgruppe B partant de Varsovie, en Pologne, et s'étendait en Biélorussie en direction de Smolensk ; cet Einsatzgruppe massacra des Juifs entre autres à Grodno, Minsk, Brest-Litovsk, Slonim, Gomel et Mogilev. La zone de l'Einsatzgruppe C débutait à Cracovie et Rzeszow (en Pologne occupée) et s'étendait en Ukraine en direction de Kharkov et de Rostov-sur-le-Don. Ses membres orchestrèrent des massacres à Lvov, Tarnopol, Zolochev, Kremenets, Kharkov, Kiev et ailleurs. De ces quatre unités, l'Einsatzgruppe D était celui qui opérait le plus au sud. Ses membres se livrèrent à des massacres dans le sud de l'Ukraine et en Crimée, en particulier à Nikolayev, Kherson, Simferopol, Sébastopol et Feodosiya.
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Parallèlement aux massacres qu’ils perpétrèrent dans les territoires occupés, les Einsatzgruppen (unités mobiles d’extermination) suivirent la progression du front et tuèrent de plus en plus systématiquement les Juifs dans l’est de l’Ukraine.
La radicalisation du massacre des Juifs est clairement visible avec les nombreux exemples de tueries, comme dans la région de Zhitomir, où 3 000 Juifs furent assassinés en juillet 1941, environ 10 000 en août et 27 000 en septembre. Dans les régions nouvellement conquises, les massacres furent immédiatement de grande ampleur. En milieu urbain, ils dépassèrent souvent 10 000 victimes comme le triste exemple de Babi Yar (33 000).
En Crimée (attribuée à l’Ukraine par Khrouchtchev après la Seconde Guerre mondiale mais république soviétique autonome au moment de l’invasion allemande) vivaient environ 65 000 Juifs. Lorsque les Allemands conquirent la région, début novembre 1941, environ 35 000 Juifs s’étaient réfugiés plus à l’est. Environ 8 000 Juifs avaient été mobilisés dans l’Armée rouge. Les Allemands trouvèrent donc environ 23 000 Juifs qui furent rapidement les victimes d’une machine génocidaire tournant désormais à plein régime sur le territoire soviétique. Les unités de tueurs parcoururent les campagnes pour ne laisser échapper aucune victime désignée. Entre la mi-décembre et la mi-janvier, des camions à gaz furent également expérimentés.
Le personnel des commandos de tueries fut rapidement éprouvé, psychologiquement, par les massacres répétés et de plus en plus systématiques qu’il devait commettre. Lorsqu’à la fin de l’année 1941, il fut décidé de tuer les Juifs de toute l’Europe occupée, ce furent des chambres à gaz dans les centres d’extermination polonais qui furent mises au point. Mais, en Ukraine, comme dans le reste de l’Union soviétique, le Reich nazi n’avait pas la possibilité, du fait de la proximité du front, d’installer des centres d’extermination. Le plus souvent, le réseau ferroviaire était inapproprié à la déportation vers les centres d’extermination situés en Pologne. C’est pourquoi la « Shoah par balles » a continué, en Ukraine, jusqu’à la fin de l’occupation du pays par la Wehrmacht, début 1944. Seulement 20 % environ des Juifs d’Ukraine ont été déportés à Belzec, Sobibor et Auschwitz. Les 80 % restants des victimes ont été tués par les commandos SS ou leurs auxiliaires.
Pratiquement tous ceux qui n’ont pas pris la fuite furent tués en l’espace de deux ans et demi, entre juin 1941 et décembre 1943.
Selon l’historien ukrainien Alexandre Kruglov, on peut penser qu’un tiers environ des Juifs ukrainiens a échappé au génocide, ce qui signifie que, à l’inverse, environ un million cinq cent mille juifs ont trouvé la mort : 500 000 en 1941, plus de 700 000 en 1942 et 200 000 de 1943 jusqu’à l’abandon définitif de l’Ukraine par la Wehrmacht en 1944.
Le premier négationnisme, celui des nazis
L’exemple de l’Ukraine subcarpathique montre que les nazis assassinèrent ou firent assassiner des Juifs tant qu’ils purent tenir une partie du pays. Cependant, dès la défaite de Stalingrad, la retraite avait été envisagée et, avec elle, la nécessité d’effacer les traces du crime. Les nazis ont été les premiers négationnistes. Les SS chargèrent des commandos, commandés par Paul Blobel (ancien chef de l’Einsatzkommando 4a) et regroupés sous le nom de camouflage « opération 1005 », de retrouver les lieux des massacres et de faire disparaître les corps des victimes. Mais les lieux des massacres étaient trop nombreux pour être tous retrouvés avant que l’Armée rouge n’arrive. Les tueries n’avaient pas été seulement le fait des Einsatzgruppen mais aussi de l’Ordnungspolizei, de différentes unités Waffen SS et de la Wehrmacht. Les commissions du NKVD, suivant l’Armée rouge, fournirent les premières informations systématiques sur le génocide des Juifs.
En matière d’archives, les nazis ne purent pas non plus faire disparaître toutes les traces. Trop d’exemplaires des rapports des Einsatzgruppen avaient été distribués pour que l’on puisse tous les faire disparaître. Les Britanniques avaient, dès l’été 1941, intercepté les transmissions de l’Ordnungspolizei. C’est de ces documents ainsi que des procès menés en République fédérale d’Allemagne, à partir de la fin des années 1950, contre d’anciens policiers qu’a pu débuter, en 2004, l’enquête menée par Patrick Desbois et l’équipe de Yahad pour localiser les fosses communes de la « Shoah par balles ».
"SHOAH par balles" (vf)
Procès des Einsatzgruppen :
Le procureur américain condamne le génocide
Nuremberg, Allemagne
29 septembre 1947
Procès des Einsatzgruppen :
Le procureur américain ouvre le procès contre les membres des Einsatzgrup
Nuremberg, Allemagne
29 septembre 1947
Vigilance et condamnation
Pour le MRAX,
Dieudonné a dépassé
les limites
Radouane Bouhlal, le président du Mouvement contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie (MRAX), estime que l'humoriste français a dépassé les bornes. Il dénonce les liens de celui-ci avec le négateur
Robert Faurisson. Radouane Bouhlal sera présent, ce 25 mars, au spectacle bruxellois de Dieudonné. Le mouvement antiraciste portera plainte contre l'humoriste en cas d'infraction aux lois belges. Par
ailleurs, le président du MRAX s'inquiète de la diffusion des thèses de Roger Garaudy dans la communauté musulmane.
Deux affiches d'un spectacle de Dieudonné et deux couvertures de livres sur l'humoriste et ses polémiques politiques. L'un est pour, l'autre contre – Montage :
RésistanceS.be
La tenue à Bruxelles, ce mercredi 25 mars, du spectacle de Dieudonné a fait la Une de l'actualité. D'abord interdite par le bourgmestre PS de la commune où son spectacle devait se produire
(Saint-Josse), puis autorisée par le Conseil d'Etat, la venue de l'humoriste et homme politique français (il se présente depuis les années 1990 aux élections) suscite une fois encore la
polémique.
Dieudonné est-il antisémite ? Ses spectacles sont-ils des lieux de défoulement contre les Juifs, désignés derrière le terme de «sionistes» ? Dieudonné est-il un leader légitime de la cause des Noirs et de la mémoire de leurs multiples oppressions ou le thuriféraire du «néo-antisémitisme» ? Son «compagnonnage» avec Jean-Marie Le Pen et d'autres personnalités d'extrême droite est-il justifié ? Dieudonné a-t-il finalement dépassé les bornes et peut-il être dès lors considéré lui-même comme un raciste?
Telles sont les nombreuses questions qu’on peut légitimement se poser au sujet de l'humoriste-politique.
Plainte contre Dieudonné ?
Ce mercredi matin 25 mars, sur les antennes de la RTBF (radio publique belge), à l'émission
«Matin Première», le «cas Dieudonné» et l'antisémitisme étaient le sujet du jour. Avec comme invités : Philippe Markiewicz, l'ancien président du Comité de coordination des organisations juives
(CCOJB), et Radouane Bouhlal, le président du Mouvement contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie (MRAX). A l'exception d'une approche différente quant aux définitions, les deux invités
abondaient dans l'ensemble dans le même sens. Pour eux, l'antisémitisme est en augmentation en Belgique. Concernant Dieudonné, ils estiment qu'il peut se produire sur scène, mais si jamais des
dérapages par rapport aux lois anti-discriminations et anti-négationniste devaient être constatés, des poursuites judiciaires devraient alors être directement enclenchées...
Contre la montée de l'antisémitisme, Philippe Markiewicz a répété qu'il fallait surtout se centrer sur l'éducation des jeunes à la tolérance.
Cette orientation pour contrer le racisme contre les Juifs est également celle du président du MRAX. Pour Radouane Bouhlal, il faut encore pouvoir «faire preuve d'empathie». En se mettant à la place des Juifs, on peut alors affirmer, dit M. Boulhal, que «oui, il y a des raisons de s'inquiéter de la montée de l'antisémitisme dans notre société».
Pour en revenir à Dieudonné, Radouane Bouhlal, a estimé à la RTBF que celui-ci a clairement dépassé les limites en invitant à son spectacle parisien, en décembre de l'année dernière, Robert Faurisson, l'un des plus acharnés négateurs du génocide des Juifs commis par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale
(sur le soutien de Dieudonné à Faurisson, relire l'article de RésistanceS.be)
Selon le président du MRAX, les liens de Dieudonné avec Robert Faurisson sont totalement condamnables. Radouane Boulhal affirme aussi avoir été fortement scandalisé de l'apparition, sur la scène du spectacle de Dieudonné, du «technicien» de ce dernier, habillé pour l'occasion en déporté Juif de camps d'extermination. Radouane Bouhlal estime par ailleurs hors de propos, insultant et injuste l'utilisation par Dieudonné du terme de «pornographie mémorielle» pour parler du souvenir du génocide des Juifs.
Professeur de religion islamique pro-Garaudy
Abordant le scandale suscité par l'intervention pro-négationniste d'un professeur de religion islamique durant l'exposé d'un
survivant juif belge du judéocide, le président du MRAX s'est à nouveau montré très ferme. Lors des révélations, la semaine passée, sur cet incident inquiétant, le Mouvement contre le racisme,
l'antisémitisme et la xénophobie avait déjà réagi vigoureusement en demandant aux autorités publiques en charge de l'enseignement en Communauté française l'ouverture d'une enquête.
Sur les antennes de la RTBF, Radouane Bouhlal a estimé qu'il ne trouvait pas qu'il s'agissait d'un hasard si ce professeur de religion islamique avait pris comme référence, pour justifier ses propos pro-négationnistes, les écrits de Roger Garaudy. En effet, «Roger Garaudy pose un problème par le succès qu'il a dans la communauté musulmane. Il est devenu une personnalité populaire dans certains milieux religieux», expliquera Radouane Bouhlal. Pour rappel, Roger Garaudy est un ancien responsable du Parti communiste français converti à l'Islam et depuis lors l'auteur de nombreux livres politico-religieux favorables aux thèses islamiques les plus radicales. En 1996, il écrivait «Les Mythes fondateurs de la politique israélienne», un ouvrage antisioniste, antisémite et négationniste édité par un collectif militant français d'ultragauche allié aux néonazis, dans le cadre de leur combat commun en faveur du négationnisme. Interdit par la justice française, ce livre était cependant largement diffusé à Bruxelles, notamment via une librairie islamique de la capitale.
Exemplaire du livre négationniste et antisémite de Roger Garaudy, acheté en 1996 dans une librairie religieuse islamique de Bruxelles. Depuis, les thèses de
Garaudy se diffusent aussi bien dans les milieux d'extrême droite «identitaire» que dans ceux animés par des organisations politico-religieuses islamiques. Comme l'a démontré récemment le scandale
suscité par les propos pro-négationnistes d'un professeur de religion islamique, par ailleurs très actif dans des associations politico-religieuses musulmanes radicales – Document : Archives
RésistanceS.be
Pour en revenir au spectacle de Dieudonné de ce 25 mars, Radouane Bouhlal a annoncé sur les antennes de la RTBF qu'il y serait personnellement présent, ainsi que d'autres membres du MRAX, pour constater toute infraction possible à la législation visant à lutter contre les discriminations racistes et le négationnisme. Et si tel était le cas, le MRAX déposerait alors plainte contre l'humoriste-politique Dieudonné. Affaire à suivre donc.
Manuel Abramowicz
© RésistanceS.be – web-journal de l'Observatoire belge de l'extrême droite – www.resistances.be – info@resistances.be – Article mis en ligne le 25 mars 2009.
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Commentaire du webmestre :
Je condamne Dieudonné, son pseudo-humour, ses fréquentations nauséabondes et ses délires paranoïaques.
Pour autant, l'amalgame antisionisme/antisémitisme (qui peut exister par ailleurs...) avec "l'ultra-gauche" est simpliste et amener le lecteur à penser que la gauche radicale est "antisémite" sous des dehors "antisioniste"...
Ceci dit Garaudy et surtout la "Vieille Taupe" (en son temps), ont joués avec le feu et la confusion intolérable entre antisionisme (qui est une opinion comme une autre) et l'antisémitisme. Ils finiront dans les poubelles de l'histoire avec tous les cryptos et néo fachos de tous bords.
>> Sur Faurisson VOIR
Le concert néo-nazi de Tours interdit par la préfecture
Par Hélène Decommer | Etudiante en journalisme | 15/04/2009 |
La nouvelle est tombée jeudi soir : le concert de RAC, le rock anticommuniste, surnom officiel de la musique néonazie, prévu samedi 18 avril à Tours, est annulé. Un arrêté préfectoral interdit la tenue du concert qui devait réunir quatre groupes de musique néonazie, en raison de textes incitant à la haine raciale et de risques de troubles à l'ordre public. La préfecture annonce dans un communiqué :
« Ce type de rassemblement festif, qui s'accompagne d'appels à la haine raciale et d'apologie de crime de guerre, est susceptible de générer de graves troubles à l'ordre public. »
Mais la préfecture reconnaît n'avoir aucune idée de l'emplacement du concert :
« Nous ne savons pas du tout où cela va se passer. La police a signifié à chacun des groupes programmés une interdiction de se produire sur le territoire d'Indre-et-Loire. Et les forces de l'ordre seront particulièrement vigilantes. »
Depuis une semaine, la rumeur enflait à Tours et au-delà via Internet : un concert de rock anticommuniste serait programmé dans la ville samedi 18 avril. Des flyers circulaient de site en site mais le lieu exact de la petite sauterie n'était évidemment pas indiqué
Comme souvent avec ce genre de concert, tout passe par le bouche-à-oreille, il n'y a pas de communication officielle. Mais le label de musique Patriote Productions, qui produit un des groupes programmés, confirmait mercredi à Rue89 la tenue de l'événement.
Supériorité de la race blanche et néonazisme
Le RAC, à ne pas confondre avec le RIF, le rock identitaire français, est prisé des crânes rasés portant bombers et rangers, généralement adeptes du salut nazi doublé d'un « Sieg Heil ». Cette branche des skinheads s'appelle les boneheads.
Sur les sites où le flyer circule, on parlait de guest stars et de surprises pour le grand soir. La tête d'affiche était déjà honorable pour les fans de RAC. Lemovice voit sa page Myspace régulièrement interdite. Extraits de leur prose :
« Je vous inspire la terreur, je suis au service du Führer. (…) Je suis fier d'être nazi, je rends service à mon pays. (…) L'Europe sera sauvée, brandissons la croix gammée. »
Frakass, originaire de Lyon, chante, entre autres :
« Jeunes blancs et fiers de l'être, nous combattons pour l'Occident. (…) Dans toute ta cité, plus rien n'est à toi, ça pue l'étranger : proteste. Bleu blanc rouge, lève-toi, défends-toi, conteste, bats-toi. »
Les titres des chansons de Brutal Attack sont assez clairs pour comprendre l'idéologie générale du groupe : « Fierté blanche, passion blanche » ou « Enfant aryen ».
Enfin, Bunker 84, groupe phare du RAC dans les années 80, aurait pu se reformer à l'occasion du concert. Juste pour le plaisir de réentendre :
« Gloire à toi nationaliste, gloire à toi le skin NS, gloire à toi oh fasciste, gloire à toi Waffen SS. »
Les antifas au taquet
Pour contrer la potentielle déferlante de néonazis à Tours, les antifas (antifascistes) et la direction départementale de la sécurité publique étaient sur les dents. Le collectif antifasciste 37 explique :
« Nous avoons mailé en masse et envoyé par courrier, aux militants antifas, aux politiques, aux mairies, conseil général, un texte explicatif sur le RAC et une lettre de mobilisation. »
Dans cette dernière, le collectif avertit :
« 100 à 300 personnes pourraient se déplacer pour assister à ce concert : un groupe anglais est de la partie, et la reformation d'un groupe “ historique ” des années 80 risque d'attirer des néofachos de toute l'Europe !
« Relayer ces infos au maximum, pour que ce concert n'ait pas lieu, ni ici ni ailleurs et être réactifs et solidaires : les fachos ne doivent pas pouvoir reprendre nos rues, attaquer nos luttes, pourrir nos espaces et nos vies. »
De son côté, la direction départementale de la sécurité publique, qui suit l'affaire depuis une semaine, assurait mercredi que :
« Le nécessaire sera fait. Des recherches sont en cours, mais sans connaître le lieu exact du concert, on ne peut rien faire. »
L'emplacement de la soirée est déterminant. Difficile en effet d'interdire un concert dont on ne connaît pas l'emplacement… Les soirées des boneheads se tiennent ainsi parfois dans des lieux privés, afin que l'événement ne puisse pas être annulé.
Le chef de l'extrême droite française Jean-Marie Le Pen a de nouveau qualifié mercredi 25 mars 2009 de "détail" de l'histoire les chambres à gaz où des millions de Juifs ont péri, devant le Parlement européen, provoquant une levée de boucliers.
JUSQU'OU PEUT ALLER LA BETISE HUMAINE...?
Adolf Hitler Campbell, 3 ans, avait fait les grands titres de la presse internationale en décembre dernier.
Son père Heath et sa mère Deborah, des fanatiques du mouvement Nazi, s’étaient vu refuser la réalisation d’un gâteau d’anniversaire pour leur fils par le pâtissier d'un supermarché de la ville de Greenwich dans l’État du New Jersey où ils résident. Ils voulaient le dédicacer en y faisant inscrire dessus «Happy Birthday Adolf Hitler!».
La garde du petit Adolf retirée aux parents
David Van Gilson, le chef de la police locale, a expliqué mardi que le service de la protection de l'enfance du New Jersey, était venu chercher les trois enfants du couple, Adolf et ses deux soeurs: Joycelynn Aryan Nation (Nation Aryenne), 1 ans, et la petite dernière, Honzszlynn Hinler (tentative de féminisation d’Heinrich Himmler), âgée de neuf mois.
Pas d’abus rapportés à la police
Aucun détail, ni motif du retrait de la garde n’ont été divulgués par le service de protection de l’enfance. Le chef de la police a néanmoins précisé que ses services n’étaient au courant d’aucun abus ou négligence des parents sur leurs enfants.
Un psychologue interrogé par la chaîne américaine Fox a néanmoins avancé une hypothèse. Pour ce dernier, le fait de nommer un enfant Adolf Hitler pourrait être considéré comme un mauvais traitement infligé à un enfant, ceci pouvant motiver la décision de la justice.
http://www.20min.ch/ro/news/monde/story/24964614
http://www.20min.ch/ro/news/monde/story/17130359
Dieudonné encourage la haine antisémite : vigilance !
L’Observatoire de la liberté de création de la LDH ainsi que l’ensemble de ses partenaires défend les œuvres et leurs auteurs.
Cependant, il tient à dénoncer le procédé qui consiste à prétendre, au nom de l’humour ou du spectacle, se dédouaner de sa responsabilité politique et éventuellement judiciaire.
La venue sur la scène du Zénith du négationniste Robert Faurisson et la mise en scène abjecte d’un comédien revêtu d’un pyjama et d’une étoile jaune lui remettant un prix ne sont pas admissibles.
Dieudonné n’en étant pas à son coup d’essai, il faut le combattre politiquement et dire haut et fort à son public qu’il n’est pas possible de tout admettre.
L’Observatoire appelle à la vigilance et encourage les amateurs de spectacle d’humour à ne pas se laisser entraîner sur la pente de la haine antisémite et de la hiérarchisation des victimes.
Sont membres de l’Observatoire de la liberté de création de la Ligue des droits de l’Homme :
Acid
Aica France
FRAAP, Fédération des Réseaux et Associations
des Artistes Plasticiens
Groupe 25 Images
Société des Gens de Lettres (SGDL)
UGS
Paris, le 20 janvier 2009
Télécharger le communiqué :
Propos sur l'Occupation : Le Pen condamné en appel
Le leader du Front national avait notamment déclaré que "l'occupation allemande (en France) n'avait pas été particulièrement inhumaine". Il écope en appel de 3 mois avec sursis et d'une amende de 10.000 euros.
Jean-Marie Le Pen a vu confirmée, mercredi 21 janvier, par la cour d'appel de Paris sa condamnation à trois mois de prison avec sursis et 10.000 euros d'amende pour des
propos au journal d'extrême droite Rivarol, par lesquels il minimisait les crimes commis par les nazis sous l'Occupation.
Le 8 février, le tribunal correctionnel de Paris avait reconnu le président du Front national coupable de "complicité d'apologie de crimes de guerre" et de "contestation de crime contre l'humanité",
à la suite de propos publiés en janvier 2005 dans l'hebdomadaire d'extrême droite Rivarol.
Jean-Marie Le Pen avait notamment déclaré: "En France du moins, l'Occupation allemande n'a pas été particulièrement inhumaine, même s'il y eut des bavures, inévitables dans un pays de 550.000
kilomètres carrés".
Pourvoi en cassation
Le ministère public, ainsi que plusieurs associations, lui reprochaient également une présentation choquante du massacre d'Ascq, perpétré dans la nuit du 1er au 2 avril 1944, et durant lequel 86
Français avaient été fusillés en représailles au déraillement d'un train allemand.
L'avocat du leader d'extrême droite, Me Wallerand de Saint-Just, a d'ores et déjà indiqué qu'il se pourvoirait en cassation.
Si la cour d'appel a confirmé la condamnation de Jean-Marie Le Pen pour "complicité de contestation de crimes contre l'humanité", elle l'a en revanche relaxé pour ceux d'"apologie de crimes de
guerre".
Une modification qui n'a toutefois entraîné aucun changement de sa peine.
ND-de-Lorette à nouveau profané
Lundi 08 Décembre 2008
Le carré musulman du cimetière de Notre-Dame-de-Lorette (Pas-de-Calais) a été profané une nouvelle fois dans la nuit de dimanche à lundi. Alors que les musulmans célèbrent la fête de l'Aïd el-Kébir, les 576 stèles musulmanes ont été recouvertes d'inscriptions néonazies. La classe politique a unanimement condamné l'acte, moins de six mois après une autre profanation.
Un ancien combattant a découvert lundi matin une nouvelle profanation du carré musulman de Notre-Dame-de-Lorette, l'un des plus vastes cimetières militaires du Pas-de-Calais, situé entre Arras et
Lens. Au total, 576 stèles ont été recouvertes d'inscriptions néonazies. Le procureur du parquet d'Arras est actuellement sur place ainsi qu'une trentaine de techniciens, qui procèdent à l'examen des
stèles. Selon le magistrat, "de gros moyens sont engagés" pour l'enquête, qui mobilise notamment l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN).
C'est la troisième fois en deux ans que le cimetière militaire de Notre-Dame-de-Lorette est victime de ce genre d'actes. Dans la nuit du 18 au 19 avril 2007, 52 tombes avaient été
recouvertes de "tags" injurieux visant directement l'Islam. Dans la nuit du 5 au 6 avril 2008, 148 tombes musulmanes avaient subi le même sort. Deux jeunes hommes d'une vingtaine d'années, revendiquant des idées proches du néonazisme
mais niant les faits, avaient alors été mis en examen et
écroués mi-septembre pour violation de sépulture en raison de l'appartenance à une race ou une religion et pour dégradation de biens appartenant à autrui en réunion. L'un des deux avait
déjà été condamné pour la profanation d'avril 2007 à deux ans de prison, dont un ferme. Il avait bénéficié d'une libération anticipée.
Condamnations unanimes
Ce nouvel acte raciste intervient alors que c'est le jour de la grande fête musulmane de l'Aïd el-Kébir. Nicolas Sarkozy a tout de suite réagi par voie de communiqué: "Cet acte
abject et révoltant est l'expression d'un racisme répugnant dirigé contre la communauté musulmane de France." Le chef de l'Etat précise qu'il a demandé à être tenu informé du déroulement de
l'enquête. "Au-delà de l'appartenance religieuse, c'est aussi la mémoire de l'ensemble des combattants de la Première Guerre mondiale qui se trouve ainsi insultée", souligne-t-il par
ailleurs.
Martine Aubry, maire de Lille et nouvelle première secrétaire du Parti socialiste, a également condamné cette nouvelle profanation "profondément choquante": "Chaque fois qu'un acte
ignoble comme celui-là est commis, c'est une blessure pour tous les Français. Il porte non seulement atteinte au respect dû aux morts, mais il abime aussi les fondements mêmes de la République",
a-t-elle déclaré lundi matin. Le Premier ministre, François Fillon, le président de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, et la Ligue contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) ont également condamné l'acte.
Le fascisme est de retour en Italie...
En Italie, appeler son fils Benito peut rapporter gros
Un parti d'extrême-droite propose 1.500 euros aux parents qui choisiraient le prénom de l'ancien dictateur, ou celui de son épouse, Rachele.
1500 euros. C’est la rondelette somme qu’un parti d’extrême droite italien, le Movimento Sociale-Fiamma Tricolore (MS-FT), proposera aux parents qui choisiront de nommer leurs enfants Benito ou Rachele, les prénoms de l’ancien dictateur Mussolini et de son épouse.
Cette somme sera distribuée à partir de 2009 dans cinq villages de la région de Basilicate, dans le sud de l’Italie, où le taux de natalité est particulièrement faible.
Le MS-FT, descendant du parti fasciste, lance cette initiative pour préserver la survie de ces prénoms et rendre hommage aux racines du mouvement. «Benito et Rachele sont de jolis prénoms et j’espère que notre initiative servira à éviter leurs disparitions» explique, le plus sérieusement du monde, Vincenzo Mancusi, le secrétaire régional du parti néofasciste.
Les parents s’engageront à payer des vêtements et de la nourriture à leurs enfants avec ces 1500 euros.
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"Pas une semaine ne se passe sans que des évènements ne se produisent à caractère raciste. La liste est déjà longue. Après les incendies criminels des camps de Roms qui ont marqué le printemps et le début de l’été, sont venues les agressions. Le 14 septembre, à Milan, un jeune garçon originaire du Burkina Faso, Abdul Guibré, est tué à coups de barre de fer par les gérants (un père et son fils) d’un snack-bar où le jeune homme avait dérobé un paquet de biscuits.
«Sale Nègre», entendent les témoins.
N’a-t-on pas assisté à la commémoration dimanche 28 octobre 2008 de la mort du Duce, Bénito Mussolini, par des manifestations fascistes de cranes rasés, la démocratie italienne est en danger..."
(d'après http://www.come4news.com)
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28 octobre 2008... en Italie...
Les nostalgiques du fascisme se pressent tous les ans sur la tombe de Mussolini pour commémorer sa prise de pouvoir, le 28 octobre 1922. Depuis quelques années, ils sont de plus en plus nombreux et de plus en plus jeunes. Reportage.
La tradition veut que pour l'anniversaire de la prise du pouvoir de Mussolini, le 28 octobre 1922, la tombe du dictateur à Predappio «en Emilie-Romagne, dans le nord-est de l'Italie» devienne le lieu de rassemblement des nostalgiques du fascisme. D'année en année, le nombre de «pèlerins» du Duce n'a cessé de croître pour atteindre, en 2007, 8 000 personnes (certains parlent même de 13 000). Et cette année, on en attendait encore plus.
Au programme du «pèlerinage», un cortège allant du centre du village jusqu'au cimetière, une messe de commémoration et une garde d'honneur. On a défilé le 26, avec deux jours d'avance sur la date, parce que c'est un dimanche et que c'est plus pratique. «Pendant de nombreuses années, on ne voyait que des nostalgiques d'un certain âge, raconte Giuliano Brocchi, maire de Predappio, du Parti démocrate (gauche), mais aujourd'hui on a l'impression que les vieux sont moins nombreux, pour des raisons naturelles, et que viennent de plus en plus de jeunes gens en chemises noires, et ça, c'est assez inquiétant.»
Berlusconi : les liaisons dangereuses
Silvio Berlusconi a réussi l'exploit de combler une grande partie de son retard sur la coalition de centre gauche, jusqu'à apparaître comme en mesure de l'emporter au sénat, ce qui entraînerait de nouvelles élections. Dans ce contexte, l'alliance électorale conclue avec le parti fasciste d'Alessandra Mussolini et ses encombrants alliés venus de la frange la plus dure de l'extrême-droite italienne reste d'actualité. Qui sont-ils vraiment, ces partenaires qu' Il cavaliere veut inviter à diriger l'Italie à ses côtés ? Portraits.
« Mussolini n'a jamais tué personne! Tout au plus, il se contentait d'envoyer des opposants en vacances... » Qui est l’auteur de cette invraisemblable citation, qui balaie d’un revers du coude les milliers de militants politiques et syndicalistesvictimes du fascisme, emprisonnés, blessés ou assassinés ? Qui est ce révisionniste à l’italienne ? Silvio Berlusconi lui-même ! En septembre 2003, il accordait une interview conjointe à l’hebdomadaire britannique The Spectator et au quotidien La Voce di Rimini et répondait ainsi aux journalistes qui lui suggéraient un parallèle entre la dictature du Duce et celle de Saddam Hussein. « J’ai accordé une interview qui devait être relue et amendée, j’ai parlé à bâtons rompus » se justifiera Il cavaliere. Un peu court. Mais ce n’est pas d’hier que Berlusconi montre sa sympathie envers l’extrême-droite.
Lorsqu'elle remporte les législatives de 2001, sa coalition s'appuie entre autres sur la Ligue du Nord d'Umberto Bossi, ce dernier étant nommé ministre de la réforme du premier gouvernement Berlusconi de l'histoire, poste qu'il occupera jusqu'en juillet 2004, lorqu'il est victime d'un accident cardiaque. La Ligue du Nord revendique l'autonomie régionale d'une région mythique baptisée Padanie, pour éviter que ne soient versées des aides au Sud du pays, qualifié de "véritable Tiers-Monde italien". Xénophobe obsédé par l'immigration, Bossi a proposé l'érection d'un mur le long des côtes italiennes, pour empêcher les clandestins d'arriver. Ses troupes en chemises vertes, la "garde nationale padane", diffusent des tracts au contenu sans équivoque : "Usines de la Padanie, n’embauchez pas de Méridionaux". Bossi lui-même vitupère le "nazisme rouge né de l’alliance entre banquiers et francs-maçons [qui] tient l’Europe avec le lobby des gays". Marqué par un nouveau souci de santé, un accident cérébral, il a pourtant fait son retour sur la scène politique à la fin de la campagne, pour tenter d'apporter à Berlusconi les 4 % de voix que peut mobiliser la Ligue, ce qui lui vaudrait de conserver des ministères.
Dans le gouvernement sortant lui appartenaient en effet les portefeuilles du travail, de la justice et de la réforme, du moins jusqu'à la démission du titulaire de ce dernier, Roberto Calderoli. Ce roi de la provocation proposait l'année dernière : "Pour chaque journée de captivité d’un otage italien, il nous faut expulser et renvoyer chez eux mille musulmans vivant en Italie et originaires des États voyous." Le 16 février, un ultime dérapage entraîne son départ du gouvernement : il ouvre sa chemise pendant le "20 heures" de la première chaîne de la RAI pour montrer un tee-shirt qu'il s'est fait confectionner, représentant les fameuses caricatures de Mahomet. Le lendemain, en Lybie, se déroule une violente manifestation devant le consulat d'Italie de Benghazi, qui est incendié, et les affrontements entre protestataires et policiers font onze morts. Berlusconi lui demande sa démission le soir-même et il obtempère le 18 février.
Au contraire, toujours et plus que jamais en poste, le ministre des affaires étrangères et vice-Président du Conseil, Gianfranco Fini, est pour sa part lourdement marqué par son parcours politique, de la présidence du Front de la Jeunesse en 1977 à celle du Mouvement Social Italien, parti néo-fasciste, dix ans plus tard. A cette époque, il affirme que "Mussolini était le plus grand homme d’État du XXe siècle" et promet de "construire le fascisme de l’an 2000". En transformant le MSI en Alliance Nationale, Fini choisit en 1995 la voie de la respectabilité, mais certains commentateurs n'y voient qu'opportunisme politique. Et en 1998, il déclare encore qu’un "instituteur homosexuel déclaré ne devrait pas pouvoir enseigner". Il renie officiellement l'héritage fasciste lors d'un voyage en Israël en novembre 2004.
Si Fini s'est assagi, ce n'est nullement le cas d'Alessandra Mussolini, euro-députée et alliée officielle de Berlusconi depuis le 17 février. Ainsi la petite-fille du Duce, lors d'un débat de la campagne électorale, est accusée
d'être fasciste par l'un de ses adversaires et rétorque : "et je m'en vante", avant d’ajouter : "Mieux vaut être fasciste que pédé !", faisant allusion à la candidature d'une
communistre transexuelle, Vladimir Luxuria. Ancienne membre d'Alliance Nationale, Mussolini a rompu avec Fini lorsque celui-ci a renié le fascisme, pour créer son propre parti, Alternative sociale.
Ce qui n'empêche pas Berlusconi de dire d'elle : "personne ne peut mettre en doute son attachement à la démocratie." Démocratie fasciste, donc. Les deux autres dirigeants d'Alternative Sociale, venus de groupuscules antisémites, à l'extrême-droite de l'extrême-droite (!), sont quant
à eux encore plus imprésentables - si faire se peut - que la blonde égérie du fascisme.
Dirigeant le Front Social National, Adriano Tilgher a été arrêté en 1975 pour "tentative de reconstruction du parti fasciste". En 1995, il est nommément désigné par la Cour de cassation, dans son jugement sur l'attentat de
la gare de Bologne (85 morts), en tant que membre "d'une vaste association subversive" poursuivant le but de "subvertir les équilibres
politiques constitutionnels, pour consolider les forces hostiles à la démocratie, et (...) de favoriser les auteurs d'entreprises terroristes qui pouvaient s'inscrire dans leurs
plans." Le FSN se revendique anticapitaliste et anti-américain, Tilgher s'en prenant fréquemment "aux lobbies juifs inspirateurs de la globalisation". Il est l'inventeur de formules choc comme : "la société multiraciale est un génocide".
A Alternative Sociale sévit enfin également Roberto Fiore, de Force Nouvelle. Condamné par le passé à plus de cinq ans de réclusion pour association subversive et participation à une bande armée, il fut en effet l'un des leaders de Terza Posizione, un groupuscule impliqué dans le terrorisme noir des années 70 et 80. Après Bologne, en 1982, il se réfugie à Londres où il vivra plusieurs années, bénéficiant de protections politiques : les autorités italiennes demanderont plusieurs fois son extradition, mais le Foreign Office n'aura de cesse de la refuser. C'est du reste de Londres qu'il fonde FN, avant de rentrer tranquillement en Italie une fois le délai de prescription écoulé. Son mouvement véhicule une idéologie xénophobe et antisémite, tout en soutenant Israël comme barrière contre le monde arabe.
FASCISME aux ETATS-UNIS
Le Ku Klux Klan reprend du poil de la bête depuis l'élection d'Obama
23/11/2008
Plus de 200 incidents racistes ont été enregistrés depuis le 4 novembre. On a vu des effigies de Barack Obama pendues, des croix brûlées devant les maisons de couples mixtes. Le trafic de
sites racistes a explosé au point de faire crasher leurs serveurs.
Des analystes ne mettent pas seulement cette réémergence des mouvements racistes blancs sur l’élection du premier président noir, mais aussi sur la crise économique et la perspective, dans une
génération, de voir les Blancs devenir une minorité aux Etats-Unis.
Une femme tuée à un rassemblement du Ku Klux Klan
12/11/2008
Une femme invitée à un rite d'initiation du Ku Klux Klan dans un camping de Louisiane a été tuée par balle alors qu'elle demandait à rentrer en ville, mardi, selon le shérif du lieu.
Huit personnes ont été arrêtées après que les autorités aient retrouvé le corps caché sous des broussailles, à quelques kilomètres de ce terrain de camping isolé où devait avoir lieu la cérémonie.
Les enquêteurs ont trouvé des robes caractéristiques du Klan, des drapeaux et des armes, a rapporté Jack Strain, shérif de St Tammany Parish, à une centaine de km de la Nouvelle-Orléans.
La femme avait été recrutée sur Internet pour participer à cette initiation, et elle devait retourner dans son état natal de l'Oklahoma pour recruter d'autres partisans de la suprématie raciale blanche, selon le shérif. Mais elle a été tuée par le leader du groupe, Raymond "Chuck" Foster, dimanche, après une dispute. Foster a été inculpé de meurtre et détenu sans possibilité de sortie sous caution.
A Marion, dans l'Ohio, le Ku-Klux-Klan distille toujours son venin
06/11/2008
Le tract était glissé dans la poignée de la porte d'entrée du petit logement social occupé par Etesta Hudson. Un morceau de papier mal imprimé avec un personnage portant une cagoule et pointant un doigt vengeur au-dessus d'une inscription : "Le KKK a besoin de vous !" Trois lettres capitales pour Ku Klux Klan, l'organisation raciste prônant la suprématie blanche.
C'était il y a une semaine jour pour jour. Une semaine avant l'élection de Barack Obama. Aujourd'hui, au lendemain de la victoire de Barack Obama à la présidence américaine, Etesta Hudson n'a pas fini d'exprimer sa colère. Calée dans un fauteuil de son salon, cette Africaine-Américaine originaire du Mississippi, installée depuis deux ans à Marion, petite ville de cols bleus, blanche à plus de 90 % de l'Ohio, voit ressurgir à sa porte les dangereuses survivances du passé ségrégationniste de son pays. "Non, cette histoire n'est pas finie", répète-t-elle à plusieurs reprises.
La nuit électorale, Etesta Hudson l'a passée chez elle, devant le poste de télévision. "J'étais dans un état indescriptible, une joie immense mais toujours avec cette peur qui désormais ne me quitte plus, explique-t-elle, avant de lâcher : Ils vont essayer de tuer le président. Tous les petits gamins blancs ici ne parlent que de cela."
L'agent de police qui s'est présenté chez elle lui a suggéré de ne pas prendre cette affaire "à titre personnel". Etesta Hudson l'a mis à la porte : "Ne pas le prendre à titre personnel ? demande-t-elle. Je suis noire et j'ai intérêt à prendre cela personnellement !"
UN TRACT DU KKK
Au commissariat du centre-ville, le détective Fitsko reconnaît avoir trouvé, le même jour, un tract similaire posé sur un téléphone public non loin de là. Et d'autres encore ces dernières années. "Une enquête est ouverte, mais d'un point de vue légal, ce ne sont pas des menaces", souligne-t-il sobrement. Scott Schertzer, maire au physique musculeux, admet que, pour lui, cette affaire est "perturbante". Il ajoute : "On pensait avoir dépassé tout cela, surtout après des élections pareilles. Toutefois, l'Ohio n'est pas un Etat du Sud. Nous n'avons pas connu ce qu'ils ont subi là-bas."
Pour Etesta Hudson, Barack Obama va certes aider à "tourner les pages" et permettre de "gratter la surface", comme elle dit. "On verra bien jusqu'où il pourra aller. Mais certaines personnes ne changeront jamais." Sur la table du salon, une édition du quotidien local avec sa photo en première page. Elle lève la tête :"Dans le Sud, les Blancs vous font clairement comprendre qu'ils ne vous aiment pas. Ici, dans le Nord, ils le font d'une manière sournoise."
Le tract du KKK est toujours là, posé entre la télévision et un exemplaire de la Bible. "Je le garde pour mes grands et mes petits-enfants", dit-elle en le plaquant des deux mains contre son ventre. Comme si ce morceau de papier froissé devait rester ici, chez elle, telle une preuve ultime d'une plaie ouverte sur sa propre histoire.
Aux Etats-Unis, néo-nazis et membres du KKK ont la liberté de défiler et de s'exprimer !!
Le fascisme... une idéologie comme les autres ??
Néo-nazis américains 2004.
FASCISME en RUSSIE
RUSSIE : les commandos du racisme.
Les pogroms, ces assauts contre une ethnie donnée, assortis de violences et parfois de meurtres, que la Russie a connus de 1880 à 1921, sont de retour. A l’époque, ils visaient les communautés juives. Aujourd’hui, les Caucasiens, les ressortissants d’Asie centrale, les Asiatiques, les Tziganes sont en ligne de mire. Jusqu’au printemps 2007, les meurtres de personnes au faciès "non slave" (trente-trois pour les neuf premiers mois de 2006) constituaient le lot quotidien de l’expression xénophobe en Russie. La situation prend un tour nettement plus inquiétant.
En mai 2007, dans la ville de Kharagun (région de Tchita), des heurts ethniques ont opposé Russes et Azerbaïdjanais, résultat : un mort. Un mois après, dans le village de Targuis (région d’Irkoutsk) un pogrom anti-Chinois s’est conclu par l’expulsion de 75 Chinois. Quelques jours plus tard, c’est contre les Daghestanais que les habitants de Salsk (région de Rostov) se sont mobilisés ; les troubles ont fait un mort. De l’Extrême-Orient aux régions du Sud, la haine se répand sur tout le territoire de la Fédération, où cohabitent cinquante nationalités (Tatares, Bachkires, Nenets, Tchétchènes, Ingouches, Balkares, etc., tous citoyens russes) et 17 millions d’immigrants. "L’intolérance ethnique, la peur des immigrants, la haine ont tellement grandi, depuis le déclenchement de la seconde guerre de Tchétchénie (en 1999), que la Russie est devenue le pays le plus xénophobe d’Europe", estime le sociologue Lev Goudko.
Rassemblements hostiles, slogans racistes, incendies, pillages : du 31 août au 4 septembre, c’est une véritable débauche de haine contre les Caucasiens qui s’est déchaînée à Kondopoga, petite ville industrielle proche de la frontière russo-finlandaise. Pendant cinq jours, une foule déchaînée -et avinée, selon la police- s’en est prise aux biens des "Tchiornye" (les "basanés"), attaquant échoppes, garages et voitures à coups de pierres, de bouteilles et de cocktails Molotov, et exigeant leur "déportation" immédiate. A Kondopoga, tout a commencé par une bagarre entre Russes et Caucasiens, dans le café-restaurant Tchaïka, tenu par un Azerbaïdjanais. Les distractions sont aussi rares que le travail, dans cette ville morne de 37000 habitants, à 1000 kilomètres de Moscou, où le seul pourvoyeur d’emplois est un combinat de cellulose. Le soir du 29 août 2007, un groupe de jeunes Russes, qui arrosent un emménagement, se querelle avec le serveur d’origine caucasienne et son patron. Le ton monte. On en vient aux mains. Les deux Caucasiens appellent des "pays" à la rescousse. Alertée, la police se garde d’intervenir. Dans la rixe qui dégénère, deux jeunes Russes, Sergueï Oussine et Grigori Slizov, sont tués à l’arme blanche. La réaction des habitants ne se fait pas attendre. Deux jours plus tard, 2000 personnes se rassemblent au centre-ville. "Des basanés ont tué les nôtres !", hurle la foule, bien décidée à faire rendre gorge aux "Non-Slaves". Elle a été chauffée à blanc par une organisation ultranationaliste : le Mouvement contre l’immigration illégale (DPNI). Venus de Moscou et de Saint-Pétersbourg, les militants de ce groupuscule xénophobe proslave, épaulés par des néonazis ont organisé la manifestation. Leur credo ? "Nettoyer la Russie" de ses "Tchiornye", donner la prééminence aux Russes ethniques et renvoyer "en vingt-quatre heures" les illégaux. Qu’ils soient étrangers -Azerbaïdjanais, Arméniens- ou citoyens de la Fédération -Tchétchènes et Daghestanais- importe peu : tous sont également visés. Avec 1 % de ressortissants étrangers, Kondopoga est pourtant loin d’être un bastion de l’immigration. Comme dans toutes les villes de Russie, quelques Caucasiens tiennent les stands de fruits et légumes au marché. C’est sur ce marché que se porte la vindicte populaire. Les stands sont dévastés, des commerces sont pillés et incendiés. Pris de panique, 200 Caucasiens quittent les lieux. Des dizaines de Tchétchènes trouvent refuge à 50 kilomètres de la ville. L’intervention des forces spéciales, le 3 septembre 2007, ne parvient guère à calmer les esprits. Le lendemain, le bâtiment d’une école de sport dirigée par un entraîneur tchétchène connaît un début d’incendie. Les slogans racistes repartent de plus belle. Cédant à la pression populaire, le maire de Kondopoga, Anatoli Pantchenkov, propose de donner en location à des Russes ethniques les échoppes du marché tenues auparavant par des Caucasiens. Le gouverneur de Carélie, Sergueï Katanandov, renchérit et dénonce "ces jeunes gens venus du Caucase et d’autres régions" qui se comportent "en occupants". Sa solution ? "Ils font profil bas ou ils partent."
La presse, les responsables politiques, les ultranationalistes partagent bientôt la même analyse des événements. Si la coupe a débordé à Kondopoga, ce n’est pas à cause de l’intolérance ethnique. Il s’agit de "problèmes sociaux", assure-t-on. Les Caucasiens narguent la population russe. Leur "richesse ostentatoire" est sans arrêt citée. Le gouverneur évoque leurs "Mercedes roulant à tombeau ouvert". Sans parler de leurs "combines mafieuses", ou des pots-de-vin versés à la police pour qu’elle ferme les yeux. En cinq jours de folie à Kondopoga, pas un haut responsable, pas un politique, pas un intellectuel, pas un artiste ne jugent bon de condamner le pogrom. La presse nationale attise la haine. "La vraie raison à tout cela, c’est que des loups-garous en uniformes ont permis aux nouveaux venus de se comporter en occupants, sans respect aucun pour la population locale", dénoncent les Izvestiia, le 4 septembre 2007. En appui de sa thèse, le journal raconte comment, pendant six ans, les vendeurs tadjiks (ressortissants du Tadjikistan en Asie centrale) d’un des marchés de la capitale ont inondé l’immeuble où ils vivaient en arrosant à grande eau du fenouil, disposé à même le plancher. Et conclut : "Tout s’est arrangé. L’appartement occupé par les Tadjiks a été cédé à d’autres et, à la place du marché où ils vendaient, on a construit une supérette."
Une question demeure : le pogrom de Kondopoga aurait-il pris une telle ampleur sans l’ingérence des ultranationalistes et des néonazis qui les ont exploités ? Toutes les télévisions ont montré les images de ces jeunes au crâne rasé menant la danse des violences, ou celles du chef du DPNI, Alexandre Belov, haraguant la foule avec son porte-voix. Quelques jours après les événements, ce dernier donnait une conférence de presse au côté d’un député de la Douma, Nikolaï Kourianovitch. Les deux hommes prônaient le "nettoyage total" des "éléments criminels (...), comme le président nous l’avait promis", une allusion à la phrase de Vladimir Poutine, lors du lancement de la seconde guerre de Tchétchénie sur la nécessité de "bouter les terroristes jusque dans les chiottes". Fort de son rôle de meneur à Kondopoga, Alexandre Belov est, dit-on, courtisé par le nouveau parti Union de la confiance, dont l’un des dirigeants est le porte-parole du Conseil de la Fédération. Selon le politologue Marc Ournov, "des organisations comme le DPNI ne pourraient exister sans le soutien d’une partie de l’élite politique russe. Au sein de celle-ci, les opinions divergent, mais certains pensent que ce genre d’organisations est utile au pouvoir".
Depuis près de six ans, les organisations ultranationalistes et néonazies (Union slave, Unité nationale russe, Parti national-socialiste) ont pignon sur rue. Le 4 novembre 2005, -jour devenu celui de l’"unité nationale" par la volonté du Kremlin-, plus d’un millier de néonazis ont défilé dans les rues de Moscou, scandant des slogans contre les "mafieux caucasiens" et contre les "trafiquants de drogue tadjiks", et effectuant le salut nazi en toute impunité. Ces organisations jouissent, en Russie, d’une liberté d’expression et de mouvement que bien des organisations non gouvernementales (ONG), soumises à des pressions bureaucratiques intenses depuis le vote d’une loi sur leurs statuts, pourraient leur envier.
Ici le discours xénophobe est libre. En plein centre de Moscou, à deux pas de la galerie Tretiakov, la petite librairie du Fonds pour la conservation de la littérature slave propose le dernier livre fétiche des "patriotes" : un panégyrique d’Adolf Hitler intitulé Que s’est-il réellement passé le 22 juin 1941 ? Son auteur, Alexandre Oussovski, a eu droit à une présentation solennelle de son ouvrage à la Douma (chambre basse du Parlement), en juin. Sur le comptoir, trône la toute dernière édition de la Liste des juifs masqués, parmi lesquels figurent, entre autres, l’égérie de la "révolution orange" en Ukraine, Ioulia Timochenko, le militant des droits de l’homme Dmitri Sakharov et... le général de Gaulle ! Les sites néonazis pullulent, depuis le "forum de l’église d’Adolf Hitler" jusqu’à celui du mouvement national-socialiste de l’Union slave. Les chats sur Internet ont un succès fou. On y discute, avec exaltation, aussi bien de l’avenir de la "grande nation russe" que de la couleur exacte du drapeau de la division SS "Töten kopft".
C’est en consultant ce genre de sites que les trois jeunes auteurs de l’attentat raciste du marché de Tcherkizovo (au nord-ouest de Moscou), le 21 août, ont trouvé la recette pour fabriquer la bombe qu’ils ont déposée dans la section asiatique du marché, causant la mort de douze personnes. Qui étaient-ils ? Des étudiants âgés de 18 et 20 ans, non membres d’organisations extrémistes, mais qui cultivaient un solide appétit pour la littérature néonazie. Lors de leur interrogatoire, ils ont expliqué avoir voulu faire payer "les immigrants illégaux qui pullulent dans le pays". Le 12 septembre, le cerveau de la bande, Nikita Senioukov, âgé de 18 ans, élève d’une académie de police à Moscou, a été interpellé. Il a, à son actif, l’assassinat du jeune Viguen Abramiants, âgé de 17 ans, poignardé de sang-froid à la station Pouchkinskaïa, au centre de la capitale, dans l’après-midi du 22 avril 2007.
Si les assassinats racistes n’émeuvent pas grand-monde, l’engouement pour les néonazis est traité sur un mode plutôt badin. A en croire la presse, aujourd’hui, en Russie, "la mode est au fascisme". De fait, l’idée a tellement pris racine que le magazine populaire La Caravane des histoires a fait récemment sa "une" avec une photo de la chanteuse Irina Allegrova en uniforme SS, tenant en laisse un chien policier, sans que personne n’y trouve à redire. L’édition russe de Newsweek, dans son numéro du 14-20 août 2007, a révélé l’existence d’une "culture fasciste souterraine", incarnée, entre autres, par Tesak (le Coupe-chou), un jeune réalisateur de clips violents. La star du show-business néonazi a le vent en poupe dans le milieu, croit savoir Newsweek, qui le décrit comme le "Leni Riefenstahl (la réalisatrice préférée de Hitler) des nazis russes". Le site de Tesak propose plusieurs vidéos. L’une montre la pendaison (fictive : "Quel dommage", dit le commentaire) d’un "Tadjik trafiquant de drogue", par des personnages encagoulés qui découpent le cadavre et le brûlent. A la rubrique "Fais quelque chose de concret !", une lettre-type de dénonciation à la police est proposée. Tout citoyen ayant repéré un étranger dans sa cage d’escalier est invité à le signaler aux forces de l’ordre.
Dmitri Diomouchkine est l’un des idéologues du "mouvement national-socialiste" russe. Son propre mouvement, Union slave -"SS" selon l’acronyme russe- rassemble près de 5000 personnes rien qu’à Moscou. Avec son costume- cravate et sa chevelure ébouriffée, l’homme, la trentaine, n’a rien d’un "crâne rasé" et se présente comme "consultant de l’administration présidentielle". Il a quelques déboires : son domicile a été perquisitionné deux fois, ces deux derniers mois, et il ne parvient plus, prétend-il, à obtenir les autorisations nécessaires pour l’organisation de concerts pour la jeunesse. Pour le reste, il est serein. "Des consignes ont été données au plus haut niveau pour qu’on ne me touche pas", se vante-t-il. N’a-t-il pas "des sympathisants partout, au Kremlin, à la Banque centrale, à Rosoboronexport (qui gère la vente des armes), au FSB (ancien KGB), au parquet, parmi la police", et jusqu’au sein de l’église orthodoxe, où il dit avoir ses entrées ? Pour lui, il n’y a pas l’ombre d’un doute, "les idées du national-socialisme finiront par triompher en Russie" car "le terrain est fertile". Il compare la situation du pays à celle de la République de Weimar qui a précédé l’Allemagne hitlérienne. D’ailleurs, affirme encore Dmitri Diomouchkine "de plus en plus de jeunes ont une bonne opinion d’Adolf Hitler". Des événements comme ceux de Kondopoga, "se reproduiront, c’est sûr, beaucoup de groupes y travaillent, ajoute-t-il ; c’est nous qui avons donné le départ. La rue est avec nous. Le pouvoir en place doit se faire à nos idées ou bien s’en aller".
N’est-il pas étrange que les idées du national-socialisme aient une audience dans le pays qui a payé le plus lourd tribut -27 millions de morts- à la lutte contre le nazisme ? "Beaucoup ne perçoivent pas ces idées comme nazies et puis, pour des tas d’autres, Hitler n’a rien fait de mal, sinon d’avoir attaqué l’URSS", explique Alexandre Verkhovski de l’ONG Sova, spécialisée dans l’analyse de la xénophobie montante. Quant à l’engouement pour la symbolique nazie, "il ne date pas d’hier", constate-t-il. A la fin des années 1970, tous les Russes suivaient avec passion les épisodes du feuilleton "Dix-sept moments du printemps". La série narrait les exploits d’un espion soviétique, Stirlitz, infiltré pendant la guerre chez les nazis. L’uniforme de la Waffen-SS seyait si bien à Stirlitz qu’un engouement est né. "Dans la cour de l’école, tous les gamins jouaient à Chtirlitz et faisaient le salut nazi", se souvient Alexandre.
Néo-nazis russes...
Entre la peste brune aux USA et le choléra en Russie...
FOOT et FASCISME
Pas de Noirs au stade
24/11/2008
Il n'a pas senti la lame lui percer le dos, ni lui trouer le ventre. "Je croyais que je recevais des coups de poing", sourit aujourd'hui Maira Mkama. A sept reprises, un des trois skinheads lui perfore le corps. Dans cette ruelle sans lumière, dans le nord populaire de Saint-Pétersbourg, il est à terre. Sur le bitume gelé, les crânes rasés le cognent, sans bruit, sans insulte. Les coups volent, les minutes aussi... Maira arrive enfin à hurler. Aussitôt les assaillants s'évaporent.
C'était le 11 novembre 2007, il était à peine minuit. Maira Mkama, 24 ans à l'époque, devait rejoindre un copain pour boire des bières à la santé de son équipe, le Zénith Saint-Pétersbourg, qui venait de remporter le championnat de Russie. Sait-il pourquoi, cette nuit-là, il a perdu un rein ? "Oui, soupire-t-il. C'est à cause de ma couleur." Tanzanien du côté du père, russe de celui de la mère, le jeune homme a hérité d'une peau café crème.
Ses proches croient que des supporteurs racistes du Zénith l'ont attaqué pour fêter à leur manière la victoire de leur club. Lui ne le croit pas. C'était comme ça, gratuit. Il n'a pas vu de visages, juste des boules à zéro. Trop vague pour la police. Personne ne connaîtra l'identité des skinheads, mais une certitude : en Russie, être noir, c'est vivre avec l'angoisse à fleur de peau.
Le centre SOVA, une organisation de défense des droits de l'homme basée à Moscou, a recensé 86 meurtres racistes à l'encontre d'Africains ou de Caucasiens en 2007. Le directeur du centre, Alexander Verkhovsky, a déjà dénombré 80 meurtres cette année. La plupart des crimes sont commis à Moscou. Mais Saint-Pétersbourg, deuxième ville de Russie, n'est pas en reste : il y a un mois encore, un Togolais s'est fait poignarder en pleine journée. En avril 2006, un Sénégalais a été tué d'une balle dans la tête avec un fusil à pompe orné d'une croix gammée.
"Il faut toujours être sur ses gardes", martèle Désiré Deffo. Ce Camerounais de 42 ans, dont dix-sept passés en Russie, président de l'association African Center, raconte qu'il peut se rendre, tout seul, au théâtre ou au cinéma, même la nuit. "Mais, dit-il, il y a un endroit dans la ville où je ne peux pas aller, c'est au stade. Il y a un risque pour ma vie." "C'est vrai, je n'ai jamais vu un Noir dans les tribunes", s'étonne Vadim Tulpanov, chef de l'Assemblée législative de Saint-Pétersbourg, un proche du président Dmitri Medvedev et de Vladimir Poutine - tous supporteurs du Zénith.
C'est dans le modeste stade Petrovsky (22 000 places) que le Zénith vient de se faire un nom en Europe. L'équipe - la plus riche de Russie avec plus de 100 millions d'euros de budget grâce à son sponsor Gazprom - a remporté en 2008 la Coupe de l'UEFA (l'Union européenne de football) et la Supercoupe face à Manchester United cet été à Monaco... Engagée dans la prestigieuse Ligue des champions, elle accueille les grands clubs. Mardi 25 novembre, elle devait recevoir la Juventus de Turin. Le 12 mars, face à l'Olympique de Marseille, le Zénith s'est fait connaître par ses supporteurs, allergiques à la couleur. Pour accueillir les joueurs de l'OM, surtout les Noirs, des "ultras" se sont recouverts le visage de la fameuse cagoule blanche du Ku Klux Klan, ont imité des cris de singe, lancé des bananes. Dans une tribune, un singe en peluche portant le maillot marseillais a été pendu au bout d'une corde. "C'était amusant, lance Dmitri, 22 ans, un fan du Zénith qui dit appartenir à un groupe de supporteurs, les Members, proche des mouvements néonazis. C'est important de montrer aux nègres qu'ils sont des nègres. Nous sommes des patriotes de la ville, la place des Noirs n'est pas chez nous, mais dans les arbres en Afrique." C'est par téléphone que Dmitri tient ses propos. Un rendez-vous était prévu, mais il l'a annulé lorsqu'il a appris que son interlocuteur était arabe.
Amusant, le singe pendu au bout d'une corde ? Le président de l'OM, Pape Diouf, n'a pas ri. Le Zénith a écopé le 25 juillet d'une amende de la commission de discipline de l'UEFA de 36 880 euros, pour racisme. Une accusation que récuse encore aujourd'hui le club. "C'est à vous dégoûter du football", estime Pape Diouf. Cette somme "symbolique" est presque, selon lui, "une forme d'encouragement" au racisme. L'UEFA affirme avoir récemment renforcé sa législation contre le racisme : comme sanction, les équipes pourront jouer à huis clos. "On prive des clubs de millions d'euros", se félicite William Gaillard, son porte-parole. Le Zénith est aussi connu pour être l'un des rares clubs en Ligue des champions sans le moindre joueur de couleur. L'UEFA a posé la question aux responsables russes : pourquoi n'y a-t-il pas de Noirs chez vous alors qu'il y en a dans des clubs moscovites ? "On avait eu écho d'une règle non écrite dans le club : pas de Noir", confie William Gaillard. Réponse du Zénith : c'est le hasard, l'occasion ne s'est pas présentée. L'argument a du mal à passer. En 2007, l'entraîneur néerlandais du Zénith, Dick Advocaat, avait déclaré - avant de démentir - qu'il ne pouvait prendre de joueurs noirs car les fans ne le supporteraient pas.
A la sortie du terrain d'entraînement, Le Monde lui a reposé la question : pourquoi n'y a-t-il pas de joueurs noirs ? "Ce n'est pas un problème de couleur..." L'entraîneur ne finira pas sa phrase. Alexeï Petrov, son attaché de presse, coupe court à l'entretien qui venait de commencer deux minutes plus tôt, en égrenant les nationalités des joueurs du club : deux Sud-Coréens, un Français, un Argentin... "Les gens veulent dire du mal sur nous, explique M. Petrov, tendu. Il n'y a pas de racisme." Pourtant, dit-il, il y a de la prévention. Sur des panneaux publicitaires, autour de la pelouse du stade, on peut lire : "Non au racisme."
Alexander Alekhanov, le président des Nevsky Front, le plus important groupe de supporteurs, se damne pour son club, se plie à toutes ses décisions. Mais une chose l'attriste : il ne comprend toujours pas pourquoi son équipe "achète" des footballeurs étrangers - des "légionnaires". Et si demain un attaquant noir débarque au Zénith ? "C'est une question délicate, soupire-t-il. Avec les autres groupes de supporteurs, nous nous sommes mis d'accord sur une consigne : ne pas parler de ce sujet."
Abbiati et le fascisme
Le gardien de but titulaire du Milan AC explique son penchant pour les idéaux fascistes.
Septembre 2008
En Italie, football et politique font souvent bon ménage. On connaissait Cristiano Lucarelli (ex-Livourne qui évolue aujourd’hui à Parme) et son penchant pour le communisme. Il faudrait maintenant faire avec Christian Abbiati, le portier du Milan AC et ses idéaux fascistes. « Je n’ai pas honte à manifester ma foi politique », explique-t-il dans Sportweek, le supplément de La Gazzetta dello Sport.
« Du fascisme, je partage des idéaux comme la patrie et les valeurs de la religion catholique. Du fascisme, je refuse les lois raciales, l'alliance avec Hitler et l'entrée dans la guerre. Mais ça me plaît, la capacité qu'avait le fascisme à assurer l'ordre, en garantissant la sécurité aux citoyens », poursuit Abbiati qui est le gardien de but titulaire du Milan AC cette saison devant Nelson Dida et Zeljko Kalac.
Dans cet entretien, Christian Abbiati révèlerait même avoir voté pour La Destra – un parti d’extrême droite – lors des dernières élections législatives (2008).
Football: Di Canio coupable de salut fasciste avec récidive
Selon l’agence Reuters, l’attaquant du Lazio de Rome Paolo Di Canio risque une lourde sanction pour avoir fait le salut fasciste, dimanche, à la fin d’un match de championnat d’Italie perdu 2-1 par son club contre Livourne.
L’incident est une récidive pour Di Canio qui avait été condamné à une amende de 10.000 euros pour avoir fait le même geste lors d’un match contre l’AS Roma en janvier dernier.
La rencontre entre la Lazio et Livourne a tourné à un affrontement politique entre les supporters du club romain, connus pour leurs positions d’extrême droite, et ceux de Livourne, qui affichent des sympathies d’extrême gauche.
La fédération italienne de football a pris des mesures pour mettre fin à ces pratiques, sans grand résultat, depuis le début de la saison.
Ô vous, frères humains, est un livre d'Albert Cohen paru en 1972.
Au milieu de reflexions désabusées et souvent drôles sur le monde, Albert Cohen, qui se sent mourant, revient sur un épisode de son enfance à Marseille, quand à l'âge de dix ans, il fut traité de "youpin" par un camelot et sommé de s'en aller. On y retrouve de nombreux thèmes chers à Cohen, tels que l'hypocrisie des valeurs spirituelles bourgeoises et le culte des hommes pour la force...
« Si ce livre pouvait changer un seul haïsseur, mon frère en la mort, je n'aurais pas écrit en vain » (chapitre III)
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