Le Camp Action Climat vous appelle à rejoindre la lutte contre le système capitaliste responsable du changement climatique et du chaos social et humain qui en
résulte !
SONDAGE
Pétition en soutien à Charles Hoareau et contre la criminalisation du mouvement social et de la résistance
syndicale.
Signer la pétition contre la ligne THT Cotentin-Maine
Le conseil municipal du 17 mai a mis un éclairage cru sur la politique réelle du PCF quand il gère une ville. Deux points importants à l’ordre du jour : l’ouverture des magasins le dimanche et
des vœux présentés par Gennevilliers pour Tous, groupe local unitaire qui a obtenu deux élus avec près de 10 % des voix et où milite le NPA (1 élue). Ces vœux portaient sur la solidarité avec les
habitants expulsés par la préfecture d’un immeuble appartenant à GDF.
Premier dossier : ouvrir tous les dimanches une zone commerciale (Fnac, Décathlon, C&A, etc.). Dossier défendu par Roland Muzeau, député et 1er adjoint, porte-parole du PCF pendant le débat à
l’Assemblée nationale de la loi sur le travail du dimanche qu’il a su critiquer, dénonçant civilisation du caddy, chantage à l’emploi, impossible liberté de choix des salariés, « un coup de canif
de plus dans notre droit du travail et un coup de couteau de plus dans le dos des salariés, véritable recul de société ».
Mais dans sa ville, ses arguments se renversent. Il faudrait craindre la perte de 129 emplois, les comités d’entreprise et les salariés seraient d’accord et – argument massue – c’est ouvert chez
les voisins, Gennevilliers est obligé de le faire… Pour être classé en Puce (périmètre de consommation exceptionnelle), il faut une habitude antérieure d’ouverture, donc une prime à
l’illégalité : ça tombe bien, la municipalité avait donné, il y a deux ans, son accord à l’ouverture tous les dimanches dans cette zone… Cette différence entre les discours généraux et la
pratique sur le terrain s’explique par la volonté de la municipalité d’attirer les entreprises dans la commune, en faisant des cadeaux aux patrons, comme l’autorisation pour le travail du
dimanche.
Ici, le PCF, majoritaire, n’a pas même l’excuse de la pression de ses alliés PS et Verts.
Seuls les deux élus Gennevilliers pour Tous et deux PS ont voté contre. Les groupes membres de la majorité ne se risquent jamais à exprimer un avis différent.
Et pourtant quelques-uns ont aussi osé soutenir nos vœux demandant un soutien à la lutte des expulsés de l’immeuble GDF, en particulier la demande d’un local provisoire pour s’abriter décemment
tant qu’ils n’auront pas obtenu un relogement.
Sur cette lutte, voir Tout est à nous ! n°54 et la vidéo sur le site NPA.
La municipalité a toujours refusé d’apporter un soutien à ces expulsés pour leur relogement, consentant seulement à intervenir lors de l’arrestation de sans-papiers. Elle a même organisé une
contre-manif à un rassemblement de soutien aux expulsés dénonçant « une manœuvre politicienne du NPA ».
Sa justification : « C’est à la préfecture de s’occuper du problème, on a déjà assez à faire avec les Gennevillois mal logés. »
Apparemment des familles qui habitent depuis six ans dans la ville, même dans un squat, ne sont pas des Gennevillois.
Leur tort peut-être, n’avoir pas le droit de vote.
Au nom donc de leur conception privative de la citoyenneté, ils mettent des frontières à la solidarité avec les exploités.
Ces abandons entraînent dans une partie du « peuple de gauche » résignation devant les attaques gouvernementales, cynisme : « les politiques tous pareils », et racisme de basse intensité : « on
ne peut pas accueillir toute la misère » ou « on en loge déjà bien assez comme ça ».
Pour ressouder sa majorité et les militants, le maire a eu recours aux bonnes vieilles méthodes staliniennes face aux deux élus de l’opposition de gauche : insultes et interruptions de parole.
Ces méthodes sont toujours de mise, même pour un « communiste unitaire », quand il y a opposition à gauche.
Cette modeste expérience doit faire réfléchir sur la réalité de ce parti loin des discours de congrès ou de fêtes de l’Huma.
Le fils de Paul Laurent, figure du PCF, était depuis le 34e congrès, en décembre 2008, coordinateur national au coeur d'une direction collégiale autour de Marie-George Buffet. Dimanche, pour
succéder à cette dernière, il a obtenu 402 voix pour sur les 511 votants (96 nuls), à l'issue d'un dépouillement en chansons, de la Jeune Garde à l'Internationale et d'une intervention des
travailleurs sans-papiers en grève.
Le seul autre candidat au poste de secrétaire national, l'eurodéputé Jacky Hénin, qui fut maire de Calais (2000-2008), n'a finalement pas pris part au vote pour "ne pas casser du sucre sur le
dos de (s)a propre formation", ce qui "ne serait pas responsable vu le contexte de crise".
Vendredi, l'ex-ministre des Sports, Marie-George Buffet, avait fait ses
adieux à la tête du PCF, réunissant pour l'occasion toute la gauche, de Martine Aubry (PS) à Olivier Besancenot (NPA) et Jean-Luc Mélenchon (PG), dont l'ambition présidentielle agace nombre
de communistes.
Durant les débats sur la séquence présidentielle dans la matinée, Pierre Laurent a prévenu, sous des applaudissements : "Jean-Luc Mélenchon ne sera pas candidat si nous (le PCF) ne le
décidons pas". "Il y aura un débat sur les candidatures", a-t-il assuré, n'excluant aucune possibilité, entre candidat PCF, issu du mouvement social ou Mélenchon.
Point d'étape fin 2010
Les communistes décideront du candidat qu'ils soutiendront, issu du PCF ou pas, lors de leur prochain congrès en juin 2011, selon la résolution finale adoptée dimanche par 76% des délégués ayant
voté. Un "point d'étape" est toutefois prévu "fin 2010" avec l'assemblée des animateurs de section communistes, le PCF gardant ainsi la maîtrise de l'agenda.
La résolution prévoit également de "lancer un appel à une riposte amplifiée à la politique de la droite", notamment sur les retraites avec une grande campagne d'été pour le droit à la
retraite à 60 ans.
Le texte, qui appelle à "transformer le PCF", entend également donner "un nouvel élan" au Front de gauche par la construction d'un "pacte d'union populaire" rassemblant "des
personnalités du mouvement social et populaire, du monde de la création, des intellectuels" non membres d'une des forces du FG.
Mais il n'est pas directement fait mention de l'association "Les partisans du FG" annoncée conjointement par Marie-George Buffet et Jean-Luc Mélenchon quelques jours avant le congrès.
Le Front de gauche se heurte aux ambitions de Mélenchon
L'eurodéputé du Parti de gauche a envisagé sa candidature et même sa victoire en 2012. Marie-George Buffet, la numéro un du PCF, le met en garde contre une «présidentialisation à
outrance».
Un coup d’accélérateur qui n’est pas du goût de son partenaire communiste. C’était ce jeudi matin sur le plateau de LCI. Le président du Parti de gauche rêve à voix haute de sa candidature
et, carrément, de sa victoire à la présidentielle.
«Si je gagne en 2012, commence-t-il avant de se rattraper: je veux dire si le Front de gauche gagne en 2012, oui il y aura la retraite à 60 ans.» Pilonnant, depuis plusieurs
semaines, Dominique Strauss-Kahn, favori des sondages pour représenter la gauche en 2012, Mélenchon juge le directeur général du FMI, désormais plombé aux yeux des électeurs de gauche par son
rôle d’«affameur» dans la crise européenne et croit donc en ses chances. Il fait ainsi «le pari que le Front de gauche est capable de passer en tête de la gauche et d’être
reconnu par la France comme son alternative».
«Pour la candidature, on a le temps de voir»
Halte là, lui répond Marie-George Buffet! La secrétaire nationale du PCF, pilier, avec le PG, du Front de gauche, demande à l’eurodéputé pressé de ne pas tomber dans «la
présidentialisation à outrance». «On ne peut pas travailler comme cela, je le dis gentiment à Jean-Luc, on ne va pas être comme les autres, on ne va pas faire de la présidentialisation à
outrance», avertit la communiste sur Radio Classique. En clair: le «projet politique» d’abord, le rassemblement «le plus large possible» ensuite, et «pour une
candidature à la présidentielle, on a le temps de voir».
Les relations entre les deux partenaires - qui ne se sont pas revus depuis les régionales - se sont déjà corsées le week-end dernier et par courrier interposé. Dans une lettre adressée au
PCF, les responsables du Parti de gauche demandent un peu de
«respect» à l’égard de leur champion. «Aucune discussion sérieuse n’est possible sans le respect de chacun. Nous déplorons donc vos attaques récentes contre le Parti de
gauche en la personne de Jean-Luc Mélenchon et la campagne qui s’en est suivie», écrivent-ils. Vexés par une phrase du porte-parole communiste Patrice Bessac, dans Libération: «Le Front de gauche n’est pas une autocratie.»
Pour le PG, «si de tels débordements devaient se reproduire sans être désavoués, en dépit de cette solennelle mise en garde, […] nous en conclurons qu’il s’agit d’une ligne d’action
délibérée, d’un double langage, et non d’initiatives personnelles comme cela nous a été expliqué.» Pas sûr que les ambitions répétées de Mélenchon ne contribuent à calmer le jeu.
Une alternative unitaire à gauche d'Ecolo et du PS
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Le « Front des Gauches » vient de voir le jour : dernier-né des formations en lice pour les élections anticipées qui se tiendront ce 13 juin, il rassemble des militants syndicaux ou
associatifs et six organisations de gauche radicale : le Parti Communiste (PC), le Parti Socialiste de Lutte (PSL-LSP), la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR), le Parti Humaniste (PH), le
Comité pour une Autre Politique (CAP) et Vélorution. Ces partis se présenteront ensemble, avec plusieurs candidat-e-s d'ouverture, sur la liste « Front des Gauches » à la Chambre et au
Sénat.
Une union aussi large est inédite et surprenante dans un délai aussi court et devant de tels obstacles. Présenter cette liste n’était pas gagné d’avance, surtout dans les conditions
anti-démocratiques imposées par les partis au pouvoir. En effet, pour des « petits partis », se présenter aux élections relève du parcours du combattant ! Victimes d’un black-out médiatique,
il leur faut aussi récolter des signatures en un temps record. Les parrainages d'électeurs nécessaires pour présenter des listes à la chambre ont été récoltés en 48 heures. Finalement, la
veille du dépôt des listes, des signatures d'élus ont été obtenues pour que le "Front des Gauches" puisse se présenter partout, au sénat et à la chambre.
Le « Front des Gauches » symbolise, notamment à travers sa liste bilingue à Bruxelles-Hal-Vilvorde, le refus des surenchères nationalistes ou communautaires. Alors que les partis
traditionnels cherchent à diviser les travailleurs et travailleuses du nord et du sud du pays, les six organisations de la gauche radicale ont décidé de s’unir pour présenter ensemble une
autre voix à gauche. Une alternative qui refuse que les crises — financière, sociale, écologique — soient payées par les victimes et non par les véritables responsables capitalistes :
patrons, gouvernements et financiers.
C’est une justice sociale, écologique et fiscale que le « Front des Gauches » défendra pour répondre aux vrais problèmes, qui seront au cœur de sa campagne : licenciements, chômage,
précarité, racisme, discriminations, dégradation de l’environnement, guerres, … Devant le risque de l’abstention ou du vote d’extrême droite, le « Front des Gauches » a pour objectif de
montrer qu’une véritable alternative de gauche, qui exprime l'opposition et l'écœurement par rapport à un système fondamentalement injuste, peut exister face aux partis institutionnels.
Les listes du « Front des Gauches » pour la Chambre seront emmenées par quatre femmes et deux hommes : Céline Caudron (LCR) dans le Hainaut, Pierre Eyben (PC) à Liège, Anja Deschoemacker
(PSL-LSP) à Bruxelles-Hal-Vilvorde, Annick Letecheur (PH) à Namur, Laurent Batlhazar (CAP) dans le Brabant wallon et Nicole Cahen (PC) dans le Luxembourg. Robert Tangre (PC) tirera la liste
du Sénat. Une conférence de presse aura lieu sous peu pour présenter cette initiative politique.
Parti Communiste : Pierre Eyben, 0477/20.29.53, www.particommuniste.be, info@particommuniste.be
Parti Socialiste de Lutte/Linkse Socialistische Partij : Anja Deschoemacker, 0473/92.28.33, www.socialisme.be, info@socialisme.be
1. La crise économique globale continue. Des quantités énormes d’argent ont été injectées dans le système financier – 14 000 milliards de
dollars pour les mesures de sauvetage aux États-Unis, en Grande-Bretagne et dans la zone euro, 1 400 milliards de dollars en nouveaux prêts bancaires en Chine
l’année dernière – autant d’efforts pour donner une nouvelle stabilité à l’économie mondiale. . Mais ces efforts seront ils suffisants pour produire un rétablissement durable, la question reste
ouverte. La croissance reste très molle dans les économies avancées, tandis que le chômage continue d’augmenter. Il y a des craintes qu’une nouvelle bulle financière, centrée cette fois ci
sur la Chine, soit en train de se développer. Le caractère prolongé de la crise – qui est la plus grave depuis la Grande
Dépression – est symptomatique du fait qu’elle trouve ses racines dans la nature même du capitalisme en tant que système.
2. Après une vague sévère de suppressions d’emplois, en Europe le centre de la crise est maintenant sur le secteur
public et sur le système de protection sociale. Les mêmes marchés financiers qui ont été sauvés grâce aux plans de sauvetage sont à présent
sur le pied de guerre contre l’augmentation de la dette publique que ces plans ont entraînée. Ils demandent des réductions massives dans les dépenses publiques.
C’est là une tentative ayant un caractère de classe pour faire payer les coûts de la crise non à ceux qui l’ont déclenchée – avant tout, les banques – mais aux
travailleurs-es – non seulement à ceux qui sont employés dans le secteur public, mais aussi à tous les usagers des services publics. Les exigences d’austérité et de « réforme » du
secteur public montrent de la manière la plus claire que le néolibéralisme, discrédité sur le plan intellectuel par la crise,
continue néanmoins de dominer la prise de décision politique.
3. La Grèce est actuellement au cœur de la tempête. Comme plusieurs autres économies européennes, elle est particulièrement vulnérable, en partie du fait d’une accumulation de
dette durant la phase d’expansion, en partie parce qu’elles a du mal à rivaliser avec l’Allemagne, le géant de la zone Euro. Sous la pression des marchés financiers, de la Commission Européenne
et du gouvernement allemand, le gouvernement de Geórgios Papandréou s’est assis sur ses promesses électorales et a annoncé des coupes budgétaires qui équivalent
à 4 % du produit national.
4. Heureusement, la Grèce possède une histoire riche en résistances sociales depuis les années 1970. A la suite de la révolte de la jeunesse, en décembre 2008, le mouvement
ouvrier grec a répondu au paquet de coupes budgétaires gouvernementales avec une vague de grèves et de manifestations. Nous saluons aussi l’exemple du référendum en Islande dans lequel le peuple
a rejeté le principe du remboursement de la dette imposé par les banques.
5. Les travailleurs grecs ont besoin de la solidarité des révolutionnaires, des syndicalistes et des anticapitalistes de tous les pays. La
Grèce n’est que le premier pays européen à se retrouver visé par les marchés financiers, mais la liste de leurs objectifs potentiels en comprend beaucoup d’autres, en premier lieu l’Etat espagnol
et le Portugal.
6. Nous avons besoin d’un programme de mesures qui puissent sortir l’économie de la crisesur la base de la priorité donnée aux besoins sociaux plutôt qu’aux profits et qui impose un contrôle démocratique sur le
marché. Nous devons nous battre pour une réponse anticapitaliste : nos vies, notre santé, nos emplois valent plus que leurs profits.
Toutes les coupes dans les budgets
publics domestiques doivent être arrêtées ou inversées : arrêt des « réformes » des systèmes de retraite ; la santé et l’éducation ne sont pas à vendre ;
Un droit garanti à l’emploi et un programme d’investissement public dans des
emplois verts : transports publics, industries des énergies renouvelables et adaptation des bâtiments privés et publics pour réduire les émissions de dioxyde de carbone ;
Pour un système bancaire et financier public unifié sous le contrôle
populaire !
Les immigrants et les réfugiés ne doivent pas être les bouc-émissaires de la
crise : des papiers pour tous !
Non aux dépenses militaires : retrait des troupes occidentales d’Irak
et d’Afghanistan, réductions massives des dépenses militaires, et dissolution de l’OTAN.
7. Nous décidons d’organiser des activités de solidarité dans toutel’Europe contre les réductions des budgets
sociaux et les attaques capitalistes. Une victoire des travailleurs grecs renforcera la résistance sociale dans tous les pays.
Le parcours du PSU vaut mieux que la nostalgie ou la commisération. Parti passerelle, qui contribua grandement à la politisation à gauche de larges secteurs des mouvements d’action catholique,
parti-reflet autant que parti sujet, qui s’enrichit de l’apport de milliers de militant-e-s de la période de radicalisation de l’après 68, mais que le reflux laissa désarmé face à la
reconstruction de la social-démocratie, parti d’un projet inachevé, qui comprit mieux que d’autres que mai 68 renvoyait plus à de nouveaux enjeux pour la transformation radicale de la société
qu’à une "répétition générale" de type 1905.
Aucune organisation ne peut se réclamer de manière univoque de son héritage, mais plusieurs courants sont en écho des espoirs et contradictions qui le traversèrent. Pour faire simple, militant
des Alternatifs, je me revendique de Charles Piaget, pas de Michel Rocard...
Plusieurs intuitions ou démarches du PSU des années 70 valent toujours pour les débats des gauches radicales et autogestionnaires d’aujourd’hui :
- comment articuler perméabilité aux mobilisations, respect de l’indépendance des mouvements sociaux et coopération sur un pied d’égalité avec ceux-ci, et apport spécifique de la forme parti en
termes de mémoire collective, de synthèse dépassant les corporatismes sectoriels, d’accumulation de savoirs-faire et de projets au service de la transformation sociale et écologique. Le PSU des
luttes, sur la base empirique de la pratique de ses militant-e-s, confortée par une bonne dose de populisme -ce qui n’est pas en soi une critique- sut se mettre au service des mobilisations.
L’action de longue durée de la cellule PSU de LIP, la capacité de ses militant-e-s à susciter l’auto-organisation tout en apportant une compréhension des enjeux de la lutte restent riches
d’enseignements. Sans revendiquer une filiation directe, la mise en avant par les Alternatifs de la notion de parti-mouvement mérite débat dans une période où les réflexes délégataires
ont reculé, en même temps que le goût d’une action collective durable au sein des organisations politiques.
- comment penser une articulation entre le primat de l’engagement dans les mobilisations, moteur de la transformation sociale, et une participation aux institutions permettant de concrétiser des
réformes. Sauf à s’en tenir au messianisme révolutionnaire, ou à la triste théorisation des "mains dans le cambouis" : le chantier est devant nous. La question clé restant celle de
l’enracinement sociale d’une force politique large, a même de peser ses choix tactiques en fonction des situations concrètes et du projet.
Le PSU sut tôt, au même titre que la gauche CFDT dont ses militant-e-s furent un temps des cadres essentiels, percevoir les enjeux écologiques, des "dégâts du progrès" aux batailles contre le
nucléaire. Reste que la vision était plus celle de la coexistence de fronts de lutte que d’une nouvelle synthèse programmatique. De ce point de vue, l’émergence d’une vraie hybridation du rouge
et du vert, en terme de contenus revendicatifs immédiats comme de projet reste à venir. Nous le constatons à chaque moment du débat au sein de la gauche de gauche, par exemple lorsque se posent
les enjeux de reconversions sociales et écologiques d’activités ou que le "pouvoir d’achat" est abordé de manière a-critique.
Un éco-socialisme autogestionnaire reste à inventer.
Au début des années 70, une avancée réelle fut réalisée autour du thème du contrôle ouvrier et populaire et de l’autogestion. Avancée d’autant plus marquante qu’elle se réalisait contre la
théorisation d’un basisme sans perspectives d’une part, et un retour aux fondamentaux d’Octobre de l’autre. Mais cette avancée, à l’aube d’une phase de reflux, ne permit pas une inscription
durable dans le champ social et politique. L’atout partiel que représentait la perméabilité de l’organisation se transforma en faiblesse face aux pressions des réalistes de tout poil. L’échec de
la gauche autogestionnaire au sein du PSU comme de la CFDT amorçait de futurs recentrages. Dans une nouvelle phase, où la perspective est à construire, le mot d’ordre "contrôler
aujourd’hui pour décider demain" reste un fil conducteur.
Si l’héritage collectif du PSU s’est dispersé, ses acquis sont ceux de milliers de militant-e-s qui, au sein de la gauche CFDT, des Paysans Travailleurs, des associations environnementales,
portaient des projets et valeurs qui vivent aujourd’hui dans le mouvement syndical, entre autres au sein de Solidaires, dans les réseaux et associations écologistes, avec la Confédération
Paysanne, chez les altermondialistes...
Ce n’était qu’un début. Jean Jacques Boislaroussie
Porte-parole des Alternatifs, Jean Jacques Boislaroussie a rédigé cet article pour la revue du NPA "Tout est à nous".
Adresse pour un rassemblement de l'autre gauche au service de la transformation sociale et écologique.
Le résultat des élections régionales marque une défaite cuisante et sans appel pour la droite. Sa victoire de 2007 est effacée. Une nouvelle phase commence. Ce scrutin a aussi exprimé, avec
notamment la très forte abstention et la réapparition du Front national, l'exaspération politique de la société. Le Président Sarkozy et son gouvernement en sort illégitime, alors qu'il s'apprête
à poursuivre, en France et avec ses alliés dans toute l'Europe, le déroulement de son programme ultralibéral. Nous avons besoin d'un mouvement uni et solidaire qui aide à résister à cette
offensive destructrice. Nous avons besoin d'un rassemblement de toute la gauche de transformation sociale et écologique qui redonne l'espoir d'une autre politique aux classes populaires. Nous
avons besoin d'ouvrir un nouveau chemin progressiste dans la crise politique qui s'approfondit.
Au sortir des régionales, la gauche se présente à travers trois espaces politiques qui représentent deux voies : le Parti socialiste et ses alliés, Europe Ecologie, d'une part, le Front
de Gauche d'autre part.
Le premier tour a coupé la route de l'alliance avec le Modem que voulait emprunter le Parti socialiste. Celui-ci s'est donc rabattu sur une nouvelle formule, la « gauche solidaire ».
Mais le PS reste engagé dans cette alliance démocrate au plan européen. En Grèce, le premier ministre, président de l'Internationale socialiste, prouve l'impuissance de cette ligne. Pour notre
part, face à la crise écologique, sociale et politique, nous prônons des politiques de rupture et un gouvernement capable de sortir du traité de Lisbonne. C'est une divergence fondamentale avec
le PS.
Europe Ecologie se présente comme en recherche de nouvelles façons de faire de la politique mais trouve son ancrage dans un projet d'accompagnement du système capitaliste et de l'Union européenne
actuelle, et dans une grande ambiguïté quant à ses alliances politiques pouvant aller jusqu'au centre. Or il nous semble impossible d'affronter sur de telles bases la catastrophe écologique.
Pour nous celle-ci est la conséquence du capitalisme et de son fondement productiviste.
De son côté, le Front de gauche s'est ancré à l'occasion de ces Régionales en se présentant dans 17 régions. Il a su s'ouvrir à d'autres forces. Une dynamique unitaire a été initiée. Un outil
existe pour résister et reconstruire. Dans le Limousin, les 19% obtenus par notre liste au deuxième tour ont montré les grandes potentialités d'une autre gauche autonome et rassemblée. Dans ce
moment nous voulons rappeler que nous avons créé le Parti de Gauche comme outil pour réaliser cette union. Nous mettons cet outil en partage avec tous ceux qui veulent agir comme nous pour
l'écologie, le socialisme, la République. Notre horizon n'est pas seulement notre propre développement mais la naissance d'une force politique nouvelle de rassemblement.
Le temps n'est plus à la dispersion, mais à l'unité de l'autre gauche pour changer la donne à gauche. Certes beaucoup reste à faire, nous en sommes conscients mais nous avons la responsabilité de
ne pas perpétuer les initiatives parcellaires. Nous voulons transformer avec vous le Front de Gauche en un rassemblement large de toute l'autre gauche, celle qui assume les ruptures nécessaires à
la transformation sociale et écologique. C'est pourquoi nous proposons aux Alternatifs, au MPEP, au PCOF, à R&S et à Alternative citoyenne, aux camarades du NPA et de la FASE, à toutes les
militantes, à tous les militants, aux courants et aux forces qui ont participé régionalement aux listes "Ensemble pour des régions à gauche, solidaires, écologiques et citoyennes" et plus
généralement au x listes unitaires de l'Autre gauche », de construire ensemble ce Front de Gauche renouvelé et élargi.
Le Front de Gauche a vocation à être un outil politique, candidat au pouvoir, au service des intérêts du plus grand nombre, auquel les citoyens pourront adhérer directement. Nous vous proposons
de réfléchir ensemble aux initiatives et aux formes du regroupement qui permettront de donner ce nouveau souffle au Front de Gauche. Construisons ensemble un Front de Gauche unitaire et
démocratique, clairement écologiste et anticapitaliste, suffisamment fort pour changer la donne et ne pas tomber dans les ornières de la gauche plurielle, même rebaptisée « gauche
solidaire ». Bref un rassemblement qui engage cette alternative politique dont nous ressentons tous l'urgence.
• Pour l'unité de l'autre gauche et son autonomie dans toutes les échéances électorales, cantonales de 2011, présidentielle et législatives de 2012, comme dans les luttes.
• Pour une démarche de rupture avec le capitalisme et le productivisme.
• Pour un gouvernement de Front de Gauche, apte à faire face aux crises sociale, écologique, économique et démocratique.
Les élections régionales marquent l’ouverture d’une crise politique et démocratique profonde.
La désaffection sans précédent des citoyens souligne la nécessité d’une révolution émocratique, de nouvelles formes politiques, d’un dépassement de l’actuelle crise du rapport représentés –
représentants.
Dans le même temps, le verdict de ce scrutin est sans appel: c’est une claque pour la politique du gouvernement et de Sarkozy. Avec 36 %, le score le plus bas pour la droite sous la 5°
République, le Sarkopopulisme a perdu de sa superbe et de sa légitimité. Sa politique antisociale brutale, ses discours démagogiques, alors que les difficultés de la vie quotidienne se sont
fortement aggravées depuis la crise financière, nourrissent le dégoût et l’abstention massive, et renforcent le vote pour le Front National.
Le pouvoir perd en légitimité au moment où il s’apprête à appliquer, comme dans le reste de l’Europe, les recettes d’austérité visant à faire payer la crise aux plus défavorisés. Les combats
sociaux, politiques et citoyens sont donc devant nous.
La gauche de transformation sociale devra non seulement soutenir et renforcer les luttes en cours, mais construire également avec le plus large éventail de forces sociales et politiques
possibles les réponses à la hauteur des changements nécessaires pour faire face à la crise économique, sociale, environnementale et démocratique.
Mais pour éviter les désillusions du passé, les renoncements aux conséquences terribles pour le mouvement ouvrier, cette nouvelle gauche doit devenir une force et une alternative incontournable.
Elle doit convaincre que pour sortir de la crise, il est possible de tracer une autre voie que celle suivie aujourd’hui par des gouvernements de gauche en Grèce, au Portugal, en Espagne, enfermés
dans les dogmes du libéralisme économique et des traités européens.
Elle doit convaincre que l’impératif écologique, essentiel à tout projet d’émancipation, commande d’assumer les ruptures avec l’ordre libéral, ne peut ignorer la crise capitaliste et suppose de
réfuter les illusions du capitalisme vert.
Il est urgent de mettre en débat et de faire vivre cette alternative à gauche, engageant une politique de rupture avec le libéralisme et le productivisme, développant une politique de
transformation sociale,écologique et démocratique. Une telle dynamique ne pourra se créer qu’avec les citoyens et les acteurs des mouvements de résistance, élaborant les solutions correspondant à
leurs attentes.
Ces exigences doivent être portées par un rassemblement politique crédible, durable, où puissent converger toutes celles et tout ceux qui luttent pour l’émancipation. Pour cela «l’autre gauche»
doit continuer à construire son unité, son rassemblement, et dépasser les logiques isolationnistes.
Si l’unité et la dynamique d’appropriation citoyenne sont loin d’avoir suffisamment progressé lors de ces élections régionales, si l’unité n’a pas été complète, il y a cependant des points
d’appui pour l’avenir.
Le «Front de Gauche», constitué aux européennes, s’est allié à d’autres composantes dans les listes «Ensemble pour des régions à gauche, solidaires, écologistes, et citoyennes» lors de ces
régionales, et l’union s’est faite encore plus largement jusqu’au NPA dans certaines régions.
Quand l’unité était au rendez-vous, des dynamiques ont commencé à s’engager dans les urnes mais aussi sur le terrain de l’action collective; des solidarités et des fraternités militantes sont
nées; l’élaboration de programmes alternatifs a progressé.
Le Limousin en a été une expérience emblématique.
Mais des logiques partidaires ont freiné le rassemblement. Des forces unitaires ont été laissées sur le chemin, et le trop faible renouvellement des pratiques politiques n’a pas permis un plein
engagement des secteurs du mouvement social
L’urgence est maintenant d’ouvrir les fenêtres d’un rassemblement à l’ensemble des forces politiques, syndicales, associatives et citoyennes de la gauche de transformation sociale. Leur
implication est indispensable à la levée d’une dynamique et à une construction politique nouvelles.
Cette union est attendue par toutes celles et ceux qui veulent résister et reprendre l’offensive contre le néolibéralisme; qui veulent mener la bataille contre le Front National.
Nous nous associerons à toute démarche allant dans ce sens.
Il faut reprendre l’initiative tous ensemble, construire des convergences collectives à la base pour créer une dynamique de rassemblement.
Nous sommes favorables à toutes initiatives, au niveau local, départemental, régional, s’appuyant sur les expériences unitaires en cours, aboutissant à des assises nationales d’un front ouvert à
toute la gauche de transformation sociale, pour un travail d’élaboration et d’action politique en commun, dans les luttes sociales cmme dans les prochaines échéances électorales.
NOUS EN SERONS !
Gilles Alfonsi (Association des Communistes Unitaires / FASE) Clémentine Autain (Fédération pour une Alternative Sociale et Ecologique) Jean-Jacques Boislaroussie (Les Alternatifs) Patrick Braouezec (Association des Communistes Unitaires / FASE) Leila Chaibi (L'Appel et la Pioche / NPA) Yann Cochin (Convergences et Alternative / NPA) Pierre Cours Salies (Fédération pour une Alternative Sociale et Ecologique) Rachel Lafontaine (Les Alternatifs) Sylvie Larue (Association des Communistes Unitaires / FASE) Laurent Levy (Fédération pour une Alternative Sociale et Ecologique) Henri Mermé (Les Alternatifs) Roland Merieux (Les Alternatifs) Gilles Monsillon (Fédération pour une Alternative Sociale et Ecologique) Danielle Obono (Convergences et Alternative / NPA) Pierre Zarka (Association des Communistes Unitaires / FASE)
PCF : malaises et clarifications...
Par Alain Krivine, 31 mars 2010
Le conseil national du PCF a tiré son bilan des élections régionales. Le défi de marier une alternative à gauche avec la cogestion avec le PS des exécutifs régionaux reste
entier.
Les résultats des régionales ont été décevants pour l’ensemble des formations qui se considèrent à la gauche du PS. On en discute au NPA mais aussi au PCF. Après les illusions antérieures sur la
« dynamique du Front de gauche » et la possibilité d’« un score à deux chiffres », les résultats sont là : à peu près les mêmes qu’aux régionales de 2004 (là où le PCF n’était pas avec le PS) et
qu’aux européennes. Le seul intérêt de l’unité avec le Parti de gauche et d’autres petites organisations est d’avoir freiné la chute continue du PCF et… d’avoir projeté sur la scène médiatique
Jean-Luc Mélenchon aux dépens de Marie-George Buffet. Quant au sauvetage des élus sortants, c’est un recul considérable puisque seulement 95 élus sont conservés sur les 178 sortants. Dans son
rapport, Pierre Laurent est franc : « Nous ne pouvons banaliser cette perte d’élus. Ce n’est pas à nos yeux le prix à payer pour notre stratégie. […] Cela marque une des limites du rassemblement
que nous avons pour le moment réussi à construire. » Quels que soient ses débats, la stratégie du PCF reste celle d’un rassemblement majoritaire de toute la gauche pour gouverner les régions
comme le pays car il ajoute : « Je veux redire ici que notre ambition politique est clairement la constitution de majorités politiques de gauche autour de projets réellement
transformateurs. »
Nous avons pensé que, pour réaliser cela, la direction du PCF allait faire des listes communes avec le PS dès le premier tour. Dans les faits, le ralliement aura lieu mais uniquement au second
tour avec d’ailleurs tout bénéfice pour le PS. Ce retard est dû aussi bien à l’existence du NPA qu’à la pression du PG et des militants PCF de plus en plus hostiles à la politique du PS.
Aujourd’hui, dans la quasi-totalité des régions où il a des élus, à l’exception du Nord-Pas-de-Calais et du Limousin, le PCF cogère les exécutifs dans le cadre de la « gauche solidaire ».
Ainsi les clarifications à gauche s’opèrent plus vite que prévu. La direction du PCF qui avait pris soin de virer de ses listes la plupart des Refondateurs est confrontée à Mélenchon qui, sans
rompre l’alliance, cherche en refusant de participer aux exécutifs, des alliés sur sa gauche pour favoriser sa candidature à la présidentielle. Le PCF, très hostile, hésite entre une candidature
qui serait marginale ou un ralliement à une candidature unique de la gauche face à Sarkozy qui lui permettrait d’éviter de se compter.
Pour compléter le tableau, la plupart des « Communistes unitaires » de la région parisienne viennent de décider de quitter le PCF, certains pour rejoindre la Fase dont ils étaient déjà plus ou
moins membres. Parmi eux, beaucoup d’élus ou d’anciens comme Patrick Braouezec, Pierre Zarka, Francois Asensi, Pierre Mansat, Roger Martelli… Ils reconnaissent l’échec de leur travail
d’opposition interne mené pendant des années et dénoncent, à juste titre, le sectarisme d’un appareil bureaucratique. Pour eux, ce parti est fini et ne peut plus jouer de rôle dans la
construction d’une force unitaire anticapitaliste, d’une « gauche de gauche unie » qui n’existe pas et qui devrait trouver d’autres formes qu’un parti classique. Ils en appellent au débat avec
les militants unitaires et anticapitalistes, du PCF, du PS, du NPA et d’Europe Écologie. Mais, pour le moment, il ne se prononcent pas sur les problèmes de fond (programme, stratégie, rapport aux
institutions, etc.). Des clarifications souhaitables et nécessaires.
Patrick Braouezec, député de la Seine-Saint-Denis et un des piliers du courant rénovateur, a décidé de quitter le Parti communiste français après trente-huit ans de militance. A ses yeux, le PCF n'est pas capable d'impulser un vrai rassemblement de la
gauche critique et de porter un projet novateur. Après son éviction par Marie-George Buffet de la tête de liste régionale en Ile-de-France, l'atmosphère interne est
devenue irrespirable pour lui.
Pourquoi quittez-vous le Parti communiste français ?
Voilà des mois que je m'interroge avec d'autres camarades pour savoir où nous pouvons encore être utiles à construire une alternative de transformation sociale et écologique. Ce qui est sûr,
c'est que moi, je pars. D'autres l'ont aussi annoncé. Nous nous réunissons, vendredi 26 mars, pour décider de la manière et du moment d'une sortie collective en mai. Les départs du PCF, toujours
à pas de loup, ont été nombreux ces dernières années. Les conditions sont réunies pour qu'il y ait un départ massif de communistes, élus comme militants.
Nous sommes au terme d'un long processus. Avec mes amis refondateurs, on a travaillé longtemps un pied dedans, un pied dehors, pensant qu'on pouvait encore transformer ce parti de l'intérieur.
Depuis l'expérience avortée d'une candidature unique à la présidentielle de 2007 et les différentes tentatives de rassemblement qui ont avorté à cause des appareils, il faut se donner d'autres
perspectives. Entre une mort annoncée et une vie potentielle dynamique, je choisis la vie.
Pour vous, le PCF est mort ?
Pour moi, la forme "parti" est dépassée. On voit qu'une des qualités d'Europe-Ecologie, c'est d'avoir transcendé cette forme politique traditionnelle. Quand vous
avez plus de 50% d'une population qui ne va pas voter, et cela d'une manière structurelle; quand ces pourcentages d'abstention passent à 75 % pour les 18-30 ans; quand on y ajoute entre 4% et 5%
qui votent blanc… il y a, à l'évidence, une crise des formes d'organisation qui n'ont plus rien à voir avec le monde contemporain. Appartenant au PCF, je considère que la forme de mon parti est
dépassée et morte. Mais c'est une question qui est posée à l'ensemble des partis.
C'est la fin d'une histoire, celle des rénovateurs dont vous avez été une des figures…
On finit une histoire, celle d'un courant en interne qui n'a pas réussi à transformer le Parti communiste. Mais pour moi, c'est aussi le début d'une autre histoire. Celle de communistes qui, avec
d'autres partenaires, souhaitent élaborer un projet politique et une forme d'organisation innovante adaptée à la société d'aujourd'hui. On est dans une période de métamorphose, où l'on voit bien
ce qui se défait et l'on sait que ce qui est à construire, à tisser est plus complexe. Créer n'est jamais simple mais c'est enthousiasmant.
Vous allez construire une nouvelle organisation. Une de plus ?
Nous sommes déjà, pour partie, membres de la Fédération pour une alternative sociale et écologique (FASE). C'est une forme d'association politique qu'il faut faire évoluer. Nous allons nous y
investir pour mieux la structurer, la rendre efficace et lisible afin d'être plus présents dans les moments électoraux comme dans les luttes sociales. On veut être un lieu charnière entre tous
ceux qui veulent que les choses changent, indépendamment des jeux d'appareils.
Vous restez au sein de la gauche radicale ou vous vous tournez, comme l'ont fait certains de vos amis, vers Europe-Ecologie ?
Nous partirons avec l'ambition de nous adresser non seulement à l'ensemble des communistes, au Front de gauche parce qu'il constitue, de manière encore trop étriquée, une base militante, aux
militants du NPA mais tout autant à la gauche d'Europe-Ecologie. Je pense qu'au sein de cette organisation beaucoup ne se reconnaissent pas dans l'orientation donnée par Daniel Cohn-Bendit et sa "coopérative".
Nous allons tisser des liens aussi avec des socialistes qui craignent que leur parti ne s'engage dans une alternance de plus sans vrai changement. Il faut de la part de la gauche des engagements
réels en lien avec le mouvement social et les quartiers populaires qui désespèrent de tout. Nous souhaitons que des militants syndicalistes, des associatifs, des militants des quartiers mais
aussi des intellectuels construisent avec nous cette alternative politique. Ce sera le sens du message que nous leur enverrons.
Le Parti de Gauche a édité une brochure anti-Bayrou pour démontrer que le MoDem a un "programme de droite" et que les socialistes ne doivent pas s'y associer au
second tour des régionales, a affirmé mardi Jean-Luc Mélenchon, président du PG.
Intitulé "Bayrou, tout un programme!", cette brochure de 43 pages vise à "faire la démonstration" que François Bayrou a "un programme de droite", a déclaré, en
marge d'une visite au Salon de l'agriculture, M. Mélenchon, qui espère que le Front de gauche (PCF-PG-Gauche unitaire) dépassera le MoDem au soir du premier tour pour que la question d'une
alliance PS-MoDem ne se pose pas.
"Nous disons de la manière la plus ferme +ou le MoDem ou nous+ mais ce ne sera pas les deux", a fait valoir l'eurodéputé. "Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour empêcher le PS de
s'allier avec le MoDem", a-t-il ajouté, se défendant d'être "un gauchiste qui dirait +on s'en fiche+". "Nous, on n'est pas pour la catastrophe politique".
La brochure se divise en deux parties. D'abord, le "projet humaniste" du MoDem où, en 7 pages, le PG dénonce les propositions de M. Bayrou sur "la retraite à la carte" ou les "nouvelles
exonérations de cotisations pour les entreprises". Les quelque 30 autres pages reviennent ensuite sur le projet du MoDem pour la présidentielle 2007.
Cette deuxième partie, "c'est du recylage", a avoué M. Mélenchon. "C'était pour le Parti socialiste. J'avais reçu cette mission de M. (Jean-Louis) Bianco, directeur de campagne qui agissait pour
le compte de Mme (Ségolène) Royal", a expliqué l'ex-sénateur PS.
"On m'avait dit +tu vas t'occuper de ça+, j'avais constitué un groupe de travail et on avait bien cuisiné le programme" de M. Bayrou. "A peine le document avait-il été distribué dans les sections
du parti que Mme Royal avait décidé de s'allier avec M. Bayrou, il y avait donc là un comique de situation", a-t-il ironisé.
"Nous avons bien pris note de votre lettre à l'adresse du parti socialiste, l'exhortant à s'accrocher aux clivages Gauche/Droite du siècle passé.
C'est votre droit le plus strict, mais axer l'ensemble de votre argumentaire autour de l'UDF, citée à plus de 40 reprises, relève de la mauvaise foi. Comme, du reste, le fait de faire
écho aux propos du "Nouveau Centre" pour discréditer l'avenir du Modem, alors que celui-ci a fait le choix, dès l'entre-deux tours de l'élection présidentielle, de rallier la
majorité.
Certes, le Mouvement Démocrate est un parti jeune, mais on ne peut nier ses deux années d'existence et ses prises de positions courageuses sur la scène politique. Justement, le génome
atypique et donc dérangeant du Mouvement Démocrate permet de faire entendre une voix originale sur la remise en cause de la concentration des pouvoirs, la défense des services publics, la
réaffirmation des Libertés fondamentales, la proposition d'un plan de relance européen, d'une autorité des marchés.
Quoi que vous en disiez, tous ces sujets ne sont pas le monopole de la vieille Gauche. Bien au contraire, la richesse des convictions et des parcours qui composent le MoDem en font une
force crédible pour rassembler.
Par ailleurs, l'environnement est une problématique qui concerne l'ensemble de la classe politique. Légitimement, le Modem s'y attèle et se prononce entre autres -ce qui sera pour vous
rassurer- pour l'abandon des centrales nucléaires EPR et contre les OGM, tout en concevant une voie réaliste et concrète, ancrée dans le quotidien.
Les temps changent, le MoDem évolue, sans stigmatiser ses concurrents, ni cloisonner les sujets ou les prérogatives soit disant de droite ou de gauche.
On a vu récemment le Logo du Front de gauche se teinter de vert et c'est tout à son honneur: Preuve en est, des évolutions sont possibles sans pour autant renier nos essences.
Bien Amicalement, cher Jean-Luc."
Déclaration commune de partis et organisations de gauche en défense des retraites.
Alternative Libertaire (AL), Les Alternatifs, FASE, Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), Parti de Gauche ( PG),
Parti Communiste Ouvrier de France (PCOF).
Nicolas Sarkozy a confirmé son obstination à de réformer le système des retraites, lors du troisième sommet social qui s'est réuni le lundi 15 février. Même si le contenu de cette contre-réforme
n'est pas encore connu, différentes pistes de régression sont dessinées. En particulier, les deux plus importantes sont l'allongement de la durée de cotisation et le recul de l'âge légal du
départ à la retraite.
A cela s’ajoutent de nombreux coups portés aux droits du plus grand nombre : le passage de un million de personnes en « fin de droits » dont sont victimes les chômeurs et les précaires et qui les
laissent sans ressource ; une réduction des effectifs de la Fonction publique et en particulier de l'Éducation nationale, immense plan social public ; la chasse aux personnes sans-papiers,
familles et salariés ; la multiplication des fermetures d’entreprises de grands groupes qui font des profits immenses (Philips à Dreux, Total à Dunkerque) ; la poursuite de la contre-réforme
Bachelot qui liquide des hôpitaux.
Sur tous ces fronts, des résistances se développent, comme celles des ouvriers de Total, des travailleurs et travailleuses sans-papiers en lutte pour leur régularisation, des enseignants, élèves
et parents…
S'agissant des retraites, les signataires refusent ces nouvelles attaques annoncées contre les salariés et la population pour leur faire payer les frais de la crise. Les pensions de retraite sont
déjà si basses ! Le recul de l'âge légal de départ ou l'allongement de la durée de cotisation aurait comme autre conséquence, notamment compte tenu de la situation globale de sous-emploi, la
baisse du niveau des pensions, ce qui est inacceptable.
Alors que la productivité n’a jamais été aussi forte et que le temps de vivre aussi hors travail est une avancée considérable de civilisation.
Nous défendons le départ à la retraite à 60 ans à taux plein. D'autres choix sont possibles pour assurer le financement des pensions pour l'ensemble des salariés. Ils nécessitent une autre
répartition des richesses en prenant sur les revenus du capital qui se sont accumulés au détriment de l’emploi et de la rémunération du travail.
Le débat sera lancé officiellement par le gouvernement de droite en avril pour déposer un projet de loi en septembre prochain ; d'ici là, il faut organiser les résistances.
Les organisations syndicales annoncent une journée de grève et de manifestation le mardi 23 mars. Nous la soutenons pleinement et ferons tout pour qu'elle soit une réussite.
A l'initiative de la fondation Copernic et d’ATTAC, un cadre unitaire a commencé à se réunir pour envisager les alternatives à construire. Nous y prenons toute notre place et appelons toutes les
organisations politiques et sociales de gauche à s'y investir, à l’exemple de ce que nous avons réalisé pour la Poste afin de mener une campagne à la hauteur des enjeux.
Nous en appelons à l’ensemble des salariés et de la population pour en faire une grande démarche populaire et citoyenne.
Quels sont les objectifs du parti d'extrême-gauche pour la prochaine échéance électorale ? En lice avec le NPA et le Front de gauche, comment la successeure d'Arlette Laguillier et ses
camarades font-ils campagne ?
Question de : camille
Bonjour, j'ai voté une fois pour Arlette Laguillier à la présidentielle par sympathie. Sinon je vote PS ou verts. Donnez-moi trois raisons de voter Lutte ouvrière aux régionales.
Merci
Réponse : Bonjour Camille,
Pour nous ces élections régionales ont lieu dans une période bien particulière : le chômage explose, de plus en plus de familles sont poussées vers la misère, les conditions de travail
pour ceux qui en ont encore un s'aggravent. Et les attaques ne sont pas finies. Le gouvernement n'a pas caché qu'il allait repousser l'âge de la retraite. Il est temps de dire que ça
suffit, que l'on n'accepte plus de se sacrifier pour que les milliards continuent de couler à flots à un pôle de la société.
Voter pour LO permettra d'exprimer cette colère et de montrer qu'il existe tout un courant qui ne se résigne pas et qui est conscient que pour que cela change vraiment il faudra que les
salariés, que l'ensemble des milieux populaires se défendent, se mettent en lutte contre ces puissances de l'argent. Que l'espoir réside dans une explosion sociale comme en mai 68 ou en
mai juin 1936.
Question de : Votre pseudo
Dans votre bataille, tâchez de penser aux Séniors en fin de droit qui ont 40 années de cotisations et dont l'AER n'est pas reconduit pour 2010. De quoi vont-ils vivre avec 450€
ASS s'ils arrivent à l'obtenir......
Merci à vous de nous aider
Réponse : Oui c'est un des combats des mois à venir. Il est inadmissible de travailler toute une vie et de se retrouver pauvre à la retraite. Or c'est
le lot de millions de salariés qui ont été payés le minimum toute leur vie ou qui ont connu des périodes de chômage. Et la réforme que le gouvernement prépare va aggraver la situation.
Nous sommes convaincus que l'on peut trouver l'argent pour payer une retraite digne à tous si on va chercher l'argent dans les poches des plus riches et si on oblige les trusts comme
Total ou Aventis à payer.
Question de : Tobias
Comment voyez-vous le fait qu'Olivier Besancenot du NPA ait placé une femme voilée sur l'une de ses listes ?
Réponse : Cela me choque. Pour nous LO, il n'en est pas question. Un parti qui se dit féministe doit mettre en avant des femmes qui se battent pour
leurs droits. Il doit se placer dans le camp de toutes ces filles et ces femmes qui encore aujourd'hui dans les quartiers populaires se battent pour ne pas porter le voile. Parce que le
voile est le signe de l'oppression des femmes, c'est le signe de l'inégalité entre les hommes et les femmes. Je pense que toutes celles qui se battent dans les quartiers contre les
pressions de toutes sortes ressentent cela comme une trahison.
Question de : Bobby
Vous êtes contre le cumul des mandats à LO ?
Réponse : Nous sommes surtout pour que les élus soient révocables à tout moment. A partir du moment où l'élu ne tient pas ses promesses et tourne le dos
à ses engagements, il devrait y avoir la possibilité de le révoquer. Sarkozy qui avait promis un meilleur pouvoir d'achat pour tous aurait déjà été révoqué depuis longtemps...
Question de : Bobby
Plus de mobilité pour les fonctionnaires. Que pensez-vous de l'actualité en la matière ?
Réponse : Il ne s'agit pas de "mobilité" mais de suppressions d'emplois ! Le gouvernement a supprimé 100 000 postes de fonctionnaires depuis 2007. Cela
en fait le premier licencieur du pays. La loi sur la mobilité lui permettra désormais de licencier tous ceux en surplus.
Dans l'Education nationale certains collègues dont les filières sont vidées par la politique du gouvernement se sont vus proposer de changer de métier. Mais cela est du même ordre que la
mascarade du reclassement dans le privé, car comme vous le savez il n'y a pas de postes créés dans la fonction publique et il faudra accepter n'importe quoi.
Cela montre une chose : plus personne ne peut se sentir protégé par aucun statut, nous sommes tous dans le même bateau. C'est donc ensemble qu'il faut nous défendre.
Question de : Bobby
La Chine ou le Tibet ?
Réponse : Je suis pour la liberté des peuples, de tous les peuples, pour leur auto détermination, donc bien sûr pour l'indépendance du Tibet si telle
est la volonté du peuple tibétain. Je suis aussi pour le droit des palestiniens à un Etat. Pour tous donc sans exception.
Question de : Bobby
J'aimerai avoir votre opinion sur un homme tel que Serge Dassault.
Réponse : Je ne le connais pas personnellement...C'est un représentant de la bourgeoisie française, ami de tous les gouvernements qui à chaque fois ne
sont pas regardants sur les deniers publics pour lui commander je ne sais quel joujou militaire. Je ne sais plus à combien se monte la fortune de la famille Dassault mais ce qui est sûr
c'est que ces milliards ont été gagnés sur le travail et la sueur de milliers de salariés. Je ne le considère donc pas comme un ami des classes populaires.
Question de : Bobby
Les travailleurs (les pauvres en général) sont méprisés de plus en plus, par une certaine élite sociale décomplexée, et même de plus en plus chez les Français moyens.
Les luttes sociales sont inaudibles ("quand il y a une grève en France, on en entend plus parler" - Sarkozy).
Vous-même êtes inaudibles (désolé, c'est ce que je perçois, ou ne perçois justement pas)
Qu'en pensez-vous ? D'où vient ce mépris selon vous ?
Réponse : Oui c'est le mépris de classe. Tous les puissants se sentent au dessus du lot. Ils croient que leur pouvoir est inamovible. Mais ce n'est pas
nouveau, tous les pharaons et les rois croyaient que leur règne serait immortel. L'histoire des sociétés, les révolutions ont montré le contraire. Je suis convaincue que l'explosion
sociale arrivera tôt ou tard.
Qu'une société où certains doivent survivre avec 3 euros par jour, tandis que d'autres comme Proglio touche 2 millions par an, est condamnée. Le cynisme et le mépris des puissants
déclenchera la révolte mais j'espère qu'alors nous saurons pour quoi nous battre.
Et c'est pour ce programme de lutte que nous militons, pour que si un mouvement social d'ampleur se développe que l'on réussisse enfin à contrôler l'économie, à contrôler cette minorité
qui nous emmène dans le mur.
Question de : Bobby
La télévision est-elle une chance pour la Démocratie, ou un danger ?
Et internet ?
Réponse : Je pense que ce sont des outils. Avec un marteau on peut construire et tuer, faire le meilleur et le pire. Avec les outils de communication
c'est la même chose. Le problème est de savoir à quoi ils servent : à faire des profits ou à faciliter les communications, à développer l'éducation, le savoir...
Dans une société débarrassée de l'exploitation et de la loi aveugle du profit, je suis sûre que ce seront des outils fantastiques.
Question de : internaute
Lutte ouvrière ??? Pour moi les luttes ouvrières sont le fruit de l'action syndicale à laquelle vous vous raccrochez. Vous vous comportez comme des coucous en infiltrant les
organisations syndicales pour y cultiver un discours qui n'a pas grand chose à voir avec ce que veulent exprimer les ouvriers... Au fait, combien y a t-il d'ouvriers dans vos rangs
clairsemés par le fait que vous vous cantonnez dans un rôle de dénonciation ? Les propos extrémistes ne rassembleront jamais des majorités et il faut vraiment vous poser la question de
votre utilité !!! G. Hayotte
Réponse : Je vous renvoie la question : quelle utilité ont eu tous ceux que vous avez élus ? Ont-ils empêché la catastrophe sociale ? Peuvent-ils faire
cesser la spéculation qui menace maintenant les États ?
L'extrémisme n'est pas dans nos propos mais dans la société capitaliste qui est capable de condamner des millions de personnes au chômage alors que ceux au travail n'en peuvent
plus.
Nous pensons qu'il ne faut pas se résigner à cela, que l'on peut organiser la société en partageant le travail entre tous, que l'on peut partager les richesses, que l'on peut réorganiser
la production pour fabriquer ce dont la population a besoin. Plutôt que de construire une tour de 800 m de haut à Dubaï, pourquoi ne pas mettre le paquet pour construire le 1 million de
logements qu'il manque ici ? Tout cela me paraît de bon sens.
Question de : internaute
Vous êtes complètement transparents dans le paysage politique, hors élections. Ne pensez-vous pas que les forces de gauche ( c'est à dire à la gauche du P.S. ) devraient s'unir en
un seul Parti pour faire un contrepoids aux dérives libérales? Car, en fait, la critique de la société ultra libérale et la vision de l'avenir sont communes à tous ces petits partis
impuissants. Unis ils peuvent peser fortement. C'est vrai qu'il faut convaincre le NPA et le PC, mais la création du Parti de Gauche est un premier pas...un peu de courage et de
modestie!
Réponse : Nous dénonçons des choses ensemble mais nous divergeons sur les moyens de les combattre. Peser à gauche du PS, c'est ce qu'à tenté de faire le
PC. En 81 avec Mitterrand, le PC faisait 15 %, pensez-vous qu'il a pesé sur la politique du gouvernement ? Nous ne le pensons pas. Il s'est discrédité en même temps que le parti
socialiste car les travailleurs ont été les grands oubliés. Et à partir du moment où on ne combat pas ceux qui détiennent le vrai pouvoir, c'est-à-dire le pouvoir économique, on se
condamne, au gouvernement, à trahir les intérêts des classes populaires.
Notre conviction c'est que l'on ne fera pas l'économie d'un bras de fer avec les capitalistes, qu'il faut leur contester la domination qu'ils ont sur toute l'économie. Chose que nous
sommes les seuls à expliquer.
Question de : Votre pseudo
Comme la plupart des forces d'extrême gauche, vous n'employez quasiment jamais le mot "France". Vous fait-il peur, horreur ?
Finalement, l'idée de Nation semble vous être totalement étrangère. Or, à l'heure actuelle, être internationaliste, n'est-ce pas favoriser les grands patrons, lesquels peuvent employer à
très bas prix des étrangers ?
Réponse : L'exploitation, le patronat, la bourgeoisie n'ont pas de frontières. Les travailleurs de leur côté ne doivent pas se laisser diviser.
Travailleurs immigrés, français, travailleurs avec ou sans papiers nous sommes tous des travailleurs, partageant un sort commun.
L'appel de Marx, "travailleurs de tous les pays unissez-vous" est plus que jamais d'actualité.
Question de : internaute
On a plutôt l'impression que les gens sont démoralisés en ce moment. Même ceux qui sont en colère sont désemparés par les coups qu'on se prend depuis des années.
Comment garder espoir et donner le moral autour de nous ?
C'est dur.
Réponse : Il faut garder cette conviction. Nous faisons tout tourner dans cette économie. Sarkozy a beau dire que "quand il y a une grève on ne le voit
plus", il craint la grève par dessus tout, car tous ceux qui dirigent savent qu'ils dépendent au quotidien de notre travail, de notre bonne volonté. Quand nous trouverons ensemble le
chemin des luttes, nous serons capables de grandes choses. Dans le passé tous les progrès sociaux ont été le fruit de ces luttes. La commune de Paris avait 50 ans avant que ne soit
accordé le droit de vote des femmes. Comme l'enseignement gratuit... Aujourd'hui dans une société aussi développée et aussi riche que la nôtre, si on parvenait à se débarrasser de cette
loi du marché et du profit, on serait capable de faire faire un bond à toute l'humanité.
Cette conviction, il faut qu'un courant continue à l'affirmer, ce sera un gage pour l'avenir.
Je vous remercie et je suis désolée de n'avoir pas pu répondre à tous. Mais pour continuer la discussion vous pouvez vous rendre sur le site internet de Lutte ouvrière.
Vous comprenez l’emballement médiatique auquel on assiste depuis hier autour d’une candidate du NPA qui porte foulard ? Moi, non.
L’affaire est d’autant plus curieuse que, dimanche, le NPA a donné, en son siège parisien, une conférence de presse afin de présenter sa campagne pour les régionales et ses têtes de
listes. Cela n’a pas fait beaucoup de lignes dans les journaux.
Et voilà qu’hier Le Figaro découvre que
le NPA présente une candidate voilée dans le Vaucluse. Pas tête de liste, seulement quatrième. Aussitôt radios et télés répercutent la nouvelle avec gourmandise.
Pour les journalistes à qui elle avait encore échappé, le NPA envoie dans la matinée deux communiqués de presse successifs. Le premier au nom du parti anticapitaliste pour revendiquer le choix du NPA du Vaucluse.
Le second présenté comme un rectificatif d’Olivier Besancenot corrigeant les propos que lui prêtait Le Figaro. Sans doute pour donner à voir cette candidate qui n’avait pas encore d’image, le
NPA annonçait dans la foulée une conférence de presse à Marseille qui, cette fois, fut très courue. Et abondamment couverte par TF1, France 3, Europe 1, j’en passe...
Depuis les critiques
fusent. Contre le NPA et Ilham Moussaïd, cette jeune femme de 22 ans par qui le scandale est arrivée.
A droite bien sûr où les umpistes en vue dans les médias crient à la « provocation », se disent choqués et s’insurgent contre l’« instrumentalisation
d’une pratique religieuse à des fins électoralistes ». Ils sont suivis par la horde des petits racistes ordinaires, maniacs du clavier qui se défoulent sur les forums de la presse en
ligne. Certains sites ont d’ailleurs été contraints de fermer ces espaces de discussion ou de les modérer très sévèrement.
Mais aussi, et même surtout à gauche. Avec d’autant plus de force que cette étudiante, trésorière départementale de son parti, membre du « comité populaire » d’Avignon,
qui se présente comme « anticapitaliste » (cela va de soi), soutient que l’« on
peut être laïque, féministe et voilée ». Les associations féministes comme Ligue du droit international des femmes (LDIF), créée en 1983 par des militantes MLF et dont la
première présidente a été Simone de Beauvoir, s’indignent. Dans les partis on dénonce une « une confusion très grave » (François Hollande), une attitude
racoleuse (Jean-Luc Mélenchon)... Le NPA est accusé d’apporter de
l’eau au moulin du débat caricatural du gouvernement sur la burqa (Pierre Laurent). Et même au sein du NPA, certains prennent leur distance, déplorant l’« ambiguïté innoportune » (communiqué
d’une minorité du Vaucluse) engendrée par cette candidature.
Toutes ces réactions sont bien sévères. Pour ne pas dire à côté de la plaque. Et il faudrait au contraire féliciter le NPA de commencer à mettre en œuvre ses promesses.
Là, je vous sens inquiets. Vous vous dîtes que je déraille. Pas du tout ! Je dis que le NPA tient ses promesses. Si si si... Je vous assure. Voyez son dernier slogan.
« Tout changer, rien lâcher », clame
l’affiche de campagne du Nouveau parti anticapitaliste.
Un an après son congrès de création, qui osera encore prétendre que le NPA n’est que la continuation de la LCR ? La preuve : cette histoire de foulard.
Dans un livre qui paraît ces jours-ci, « La gauche », les noirs et les arabes (La Fabrique), Laurent Lévy dit se souvenir encore du « sourire victorieux » de
Pierre-François Grond, alors dirigeant de la LCR, à l’annonce de l’exclusion de ses deux filles du lycée H. Wallon d’Aubervilliers, pour cause de voile. C’était en 2003.
Aujourd’hui, le même Pierre François Grond, porte parole du NPA, « respecte » la décision prise dans le Vaucluse.
C’est bien que tout change. Et sans rien lâcher. Puisque, comme nous l’assure la nouvelle formation dans son communiqué, sa candidate
partage sincèrement « les fondamentaux laïcs, féministes et anticapitalistes » du NPA.
Il faut en conclure que le NPA, mieux que d’autres, a su adopter les nouveaux codes sémantiques officiels du règne de Nicolas Sarkozy. Depuis 2007, il est possible d’être de
gauche, moderne et ministre du gouvernement le plus antisocial et le plus droitier que l’on ait connu
depuis deux tiers de siècle. Puisque cela est possible, une femme peut bien être laïque, féministe et voilée. Non ?
Pour paraphraser un chroniqueur matutinal que les moins de 20 ans n’ont pas entendu sur France inter, nous vivons
Dimanche, Martine Aubry n’a pas seulement renoncé à défendre l’âge légal du départ à la retraite pour la plus grande satisfaction du Figaro, suscitant les critiques les plus vives de la gauche de gauche. Au cours du même « Grand
jury RTL-Le Figaro-LCI », la patronne du PS a aussi confirmé (et de quelle manière !) que le MoDem de François Bayrou était à ses yeux un « partenaire », au même
titre que les Verts.
En réponse à une question sur le ralliement, la veille, de militants du MoDem de Charente-Maritime à la liste conduite par Ségolène Royal, dès le premier tour, la première
secrétaire du Parti socialiste a en effet levé le voile sur les relations qu’elle entretient désormais avec ce parti de centre-droit.
La numéro un du PS a d’abord refusé de condamner cette alliance, avec cet argument parfaitement jésuitique :« Si au niveau régional, en Poitou-Charentes,
Ségolène Royal avait passé un accord avec le MoDem de François Bayrou avec l’accord de ce dernier, cela me poserait un problème car ce n’est pas notre décision. Mais, il s’agit là
d’individus, pour des histoires personnelles et je n’ai pas à apprécier cette situation locale. Ce n’est pas un accord entre le PS et le MoDem de François Bayrou. » Circulez, il n’y
a rien à voir !
Au cours du point de presse hebdomadaire du PS, lundi, Benoît Hamon a repris ce raisonnement pour déclarer que « la main tendue de Ségolène Royal » n’était « pas
contraire à la position du parti » [1]
C’est pourtant bien le président du MoDem de Charente-Maritime, Alexis Blanc qui a été l’artisan de ce rapprochement et figurera sur la liste conduite par Ségolène Royal, dont il déclare
être satisfait du bilan à la tête de la région et dont les propositions, selon lui, ne diffèrent pas de celles défendues par son parti. C’est ainsi qu’il affirme dans Le Monde
souhaiter « encourager les investissements public-privé ». On ne savait pas que c’était une proposition pouvant relever d’un programme socialiste, ou même seulement de
gauche !
Scoop : François Bayrou est un « partenaire » du PS
Mais Martine Aubry a ensuite fait la leçon à sa rivale du congrès de Reims avec un argument aussi surprenant que révélateur de ses intentions envers le MoDem : on ne
débauche pas dans les partis amis, il faut respecter leurs choix. « Je pense que quand on a de grandes choses à faire ensemble pour l’avenir et notamment pour 2012 (sic),
il faut respecter les choix de ses partenaires (re-sic) », a-t-elle déclaré en précisant qu’il fallait donc « respecter le choix des Verts qui veulent des listes
au premier tour, respecter les choix de M. Bayrou qui a décidé de déposer des listes ». Vous avez bien lu ?
François Bayrou est, pour Martine Aubry, un « partenaire » ! Ceux qui, au sein du PS, pensaient que la coalition constituée à Reims autour de la maire de Lille protégerait le
parti d’Epinay d’une alliance avec le centre-droit feraient bien d’ouvrir les yeux. Celle qu’ils ont choisie pour les diriger les conduit à grands pas là où ils ne voulaient pas aller.
Le 26 novembre, sur France 2, la Première secrétaire du PS avait déjà fait un appel du pied
à Marielle de Sarnez, déclarant à la vice-présidente du MoDem : « Il faut que nous travaillions ensemble ». Là elle va plus loin encore en précisant qu’il ne faut
pas hypothéquer une alliance en bonne et due forme par de médiocres débauchages : « Ce que nous avons à construire est beaucoup plus important que des petits coups qu’on
pourrait faire à très court terme. »
Car Martine Aubry, désormais, ne cache plus penser elle aussi à l’Elysée. Au cours de la même émission, elle a estimé avoir, comme d’autres, des capacités pour être à la
hauteur de la fonction présidentielle. Même si, évidemment, elle affirme ne pas réfléchir pour l’instant à la possibilité d’être candidate en 2012 [2]. Ce qui ne l’empêche pas de préparer dès maintenant cet avenir en ménageant le MoDem et en se ralliant au discours libéral dominant sur l’âge de
la retraite.
Ceux qui pensaient changer la gauche avec elle, avaient juste oublié de préciser le sens de ce changement.
Notes
[1] « Concernant les cinq candidats du MoDem qui ont accepté la main tendue de Ségolène Royal, a
déclaré Benoît Hamon, si au niveau régional, en Poitou-Charentes, Ségolène Royal avait passé un accord avec le MoDem de François Bayrou, avec l’accord de François Bayrou, cela poserait un
problème, or, il s’agit là d’individus. Le Parti socialiste n’a pas à apprécier cette situation locale, ce n’est pas un accord entre le PS et le MoDem de François Bayrou, ce n’est donc pas
contraire à la position du parti. »
[2] « Pour moi, être à la hauteur, c’est pas seulement de se dire "est-ce-que je peux diriger l’Etat"
– disons que je pense que j’en ai les capacités comme d’autres –, c’est de me dire "je suis à la tête d’un parti qui a la grande responsabilité de porter un nouvel espoir et un
nouveau système". (…) J’ai été numéro deux du gouvernement, derrière Lionel Jospin et sous son autorité, avec Dominique Strauss-Kahn qui a été un formidable ministre de l’Economie et des
Finances et qui, lui aussi, est quelqu’un qui peut tout à fait diriger notre pays, je le dis très simplement. J’ai rempli des fonctions importantes, j’ai travaillé dans une entreprise, je
dirige une ville (…) Cela en soit ne suffit pas. Il faut qu’à un moment donné, on soit l’homme ou la femme de la situation qui permettra de mobiliser le maximum de Français, c’est
pour cela qu’on fait d’ailleurs les primaires pour pouvoir ensemble changer notre pays. (…) D’abord on joue collectif, après on choisit le capitaine mais on n’en est pas
là. »
Nathalie Arthaud : «Les travailleurs peuvent diriger»
Interview
Régionales . La porte-parole de Lutte ouvrière estime que seule sa formation est révolutionnaire.
Aujourd’hui, Lutte ouvrière (LO) présente ses têtes de liste pour les régionales. Nathalie Arthaud justifie le choix de son parti d’y aller seul.
Pourquoi ce solo électoral ?
On souhaite utiliser ce scrutin pour dénoncer la politique du gouvernement et du patronat qui consiste à faire payer la crise aux travailleurs. Le PCF et le Parti de gauche de Jean-Luc
Mélenchon dénonceront peut-être aussi les licenciements et les bas salaires mais ce que nous disons, et qu’ils ne diront pas, c’est que les travailleurs peuvent changer les choses eux-mêmes,
non par le bulletin de vote mais grâce à leurs luttes.
Mais si les autres partis de la gauche radicale ont les mêmes revendications, pourquoi ne pas y aller ensemble ?
Est-ce que le Front de gauche dit qu’il ne suffira pas de remplacer Sarkozy par un représentant de la gauche pour que les choses changent ? Non. Leur politique est de proposer une
nouvelle mouture de l’union de la gauche. Nos orientations sont différentes.
Et pour le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) ?
Ils ont tenté de s’allier avec le Front de gauche. Nous les avons vus en juin et leur avons dit que cette tentative allait à l’échec. Le PCF tient à ses élus ! Nous ne souhaitions pas
être partie prenante.
Qu’attendez-vous alors de cette campagne ?
Nous nous adresserons aux travailleurs. Nous ne proposerons pas un programme électoral et encore moins un programme pour les régions. Ce sera un programme de lutte. Nous revendiquerons
l’interdiction des licenciements, le partage du travail entre tous et le contrôle des entreprises et des banques.
Cette élection n’est qu’une simple tribune pour vous ?
Absolument ! Les élections ne servent pas à améliorer le quotidien des travailleurs, à les aider à payer leurs factures. Ce n’est pas le conseil régional qui va défendre le boulot des
gens.
Les conseils régionaux s’occupent pourtant de la formation professionnelle…
Les jeunes les mieux formés sont les premiers à être au chômage ! Il n’y a pas de boulot, point. La seule solution est d’obliger à partager le travail entre tous, tout en conservant le
même niveau de salaire.
En multipliant les listes à gauche, ne faites-vous pas le jeu de l’UMP ?
Le raisonnement est ridicule. En 2004, LO était présente avec la LCR, a-t-on fait le jeu de l’UMP ? Non. La gauche l’a emporté partout sauf en Alsace… Plus sérieusement, il y a un
gouffre entre la politique du PS et la nôtre. Lorsqu’ils sont au gouvernement, ils ne font que s’aplatir face au patronat.
Comment voyez-vous désormais la place de votre parti ?
Nous sommes le dernier parti qui considère le communisme comme l’avenir de l’humanité. Pour nous, les travailleurs sont capables de diriger collectivement la société. Nous sommes les
représentants d’une politique révolutionnaire pour le mouvement ouvrier oubliée aujourd’hui par le PS.
A l’occasion de la rencontre du 28 octobre 2009, entre le Parti de gauche, la gauche unitaire, le PCF, le NPA et d’autres formations de gauche, vous trouverez ci-dessous,
une déclaration du Front de Gauche.
Nous voulons mettre la dynamique du Front de Gauche au service du rassemblement unitaire de toutes les forces et plus globalement de toutes les citoyennes et les citoyens et
les acteurs du mouvement social qui aspirent à rendre majoritaire une alternative à la logique du système capitaliste, du libéralisme et des modèles productivistes. Nous leur disons que le Front
de Gauche peut être leur outil. Nous affirmons notre disponibilité à des listes larges réunissant des partis qui tout en n’étant pas dans le Front de Gauche, convergent sur cette démarche et ces
objectifs.
Dans ce but, nous nous adressons aux organisations présentes dans ce groupe de travail pour conclure un accord national.
Nous avons déjà des acquis. Nous avons dressé un certain nombre de considérants qui nous ont permis de constituer un cadre politique national de discussion commun en vue de vérifier la
possibilité d’aller ensemble aux régionales.
La plupart des mouvements réunis ici ont fait des déclarations et des offres politiques. Nous pensons que le moment est venu de nous prononcer sur des propositions très concrètes à même de
constituer les bases de cet accord national :
La constitution de listes au premier tour différentes de celles présentées par le PS et Europe-Ecologie.
Ces listes répondront à trois objectifs indissociables : changer les rapports de force à gauche en faveur de
la ligne de transformation sociale, battre la droite et rassembler une majorité autour d’un projet vraiment alternatif à la logique du système qui est en crise aujourd’hui. En particulier autour
des mesures que nous pourrions porter ensemble. Elles s’engageront à défendre ce programme dans les futurs conseils régionaux. Elles affirmeront leur volonté de le mettre en œuvre à la tête des
régions, partout où nous nous jugerons en situation de le faire. Il doit s’agir d’une politique de rupture cohérente, applicable dans le champ de compétences des régions, changeant réellement la
vie des citoyens en donnant la priorité aux besoins sociaux, écologiques et démocratiques contres les logiques capitalistes, libérales et productivistes.
Nos listes s’engageront, sans ambiguïté, à faire barrage à la droite en se rassemblant avec les autres listes de
gauche au 2ème tour à l’exclusion de tout accord avec le Modem. La liste arrivée en tête au 1er tour fusionnant avec les autres listes de gauche et écologique
proportionnellement au 1er tour. Nous demanderons le même engagement au PS et à Europe Ecologie.
Notre volonté est de porter des projets de transformation sociale réelle dans les régions. Si les conditions en sont créées nous pourrons travailler à leur mise en œuvre jusque dans les exécutifs
régionaux car la gestion des régions s’envisage comme un moyen d’atteindre nos objectifs. Notre participation est donc liée aux conditions qui la rendent possible. Il s’agit de la possibilité de
mettre en œuvre les points essentiels de notre programme et du rapport de force permettant effectivement de les appliquer. Cette hypothèse exclut toute participation du Modem ou d’une quelconque
organisation de droite.
Régionales : «L' offre» du PCF n'est pas acceptable...
NPA 27 octobre 2009
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Dans la continuité de déclarations des ses dirigeants depuis des mois, "l'offre" que vient d'adresser le Conseil national du PCF pour les régionales au-delà des apparences, est bien
socialo-compatible. Si la résolution votée indique que les listes «front de gauche élargies» ouvrent «un autre choix à gauche que celui porté par le PS ou Europe-Ecologie», elle
contredit cela de plusieurs manières. D'abord en précisant que les listes seront autonomes «partout oùles conditions peuvent en être créées», des conditions que les communistes
examineront «région par région». Ainsi, l'offre nationale, faite d'abord aux militants communistes, risque de déboucher sur une politique à géométrie variable. Pour savoir dans
combien de régions le PCF contractera des accords unitaires de premier tour avec le PS, il faudra attendre la fin du vote des militants intervenant après la mi-novembre. Dans les coulisses du
PCF, on annonce un minimum de quatre à cinq régions, certains allant jusqu'à pronostiquer 10 à 12, soit plus de la moitié.
Mais si l'ambiguïté de «l'élargissement» du front de gauche demeure, cela renvoie à une orientation de fond, condensée dans l'appréciation du bilan des 18 «majorités de gauche
sortantes» auxquelles le bilan du PCF participe, certes qualifié de «contrasté», mais qui aurait «permis dans un grand nombre de régions de réelles avancées pour le
quotidien de milliers de femmes et d'hommes». Rengaine somme toute assez classique qui consiste à peindre en rouge les politiques d'union de la gauche dans les régions ou au gouvernement
et à n'entrevoir d'issue politique que dans la cogestion aux côtés des dirigeants socialistes. Une politique maintes fois expérimentée, avec le succès que l'on sait pour le «quotidien» de
millions de travailleurs et de jeunes. Si la tentation de l'alliance PS/Modem est pointée du doigt, il n'est dit nulle part dans le texte que les dirigeants socialistes évoluent tellement
vers la droite que leur programme est tout à fait compatible avec celui de Bayrou.
Logiquement, les objectifs fixés sont ainsi de «réunir les conditions de majorités régionales de gauche». Entendez, comme le dit Marie George Buffet en boucle sur les ondes à ceux
qui n'auraient pas bien compris, avec le PS. En revendiquant que les listes unitaires adoptent «de façon claire» cette exigence, le PCF en fait un préalable à tout accord unitaire.
Le but de la manœuvre est de rompre les discussions avec le NPA en cherchant à lui faire porter le chapeau. Le PCF a participé en trainant des pieds à la première réunion unitaire proposée
par le NPA et n'a donné aucune publicité à la déclaration commune qui en est sorti. Il n'a pas voulu signer le compte rendu de la dernière réunion pourtant acté par tous les autres
participants. A l'entame de son CPN, un des ses principaux dirigeant, Pierre Laurent, a indiqué que la prochaine réunion unitaire serait la dernière...
Le NPA n'acceptera pas de rentrer dans le rang. Mais il ne veut acter la prise de position du PCF comme la fin du processus unitaire. Le NPA fait une autre proposition adressée à l'ensemble
des composantes. Il reste à voir quelle sera la réaction des sept autres mouvements engagés. Pour le moment Jean-Luc Mélenchon «approuve la formule du texte communiste». Cela
contredit ses déclarations précédentes et celles de son parti, les diverses déclarations unitaires, où l'on disait ne pas vouloir faire de la question de la participation aux exécutifs de
région avec les socialistes un préalable et de l'indépendance vis à vis du PS une base de départ. Il serait tout de même paradoxal que ce parti, dont beaucoup de dirigeants et de militants
sont issus du PS, se voie finalement ramené dans son giron un an après...
Unité de la gauche radicale ou unité avec le PS, il faut choisir.
Le PCF a diffusé lundi un communiqué titré «le rassemblement ne fait pas bon ménage avec les coups de forces médiatiques». Il implique personnellement Jean-Luc Mélenchon et ainsi le Parti de
Gauche qu'il préside. Il nous place dans l'obligation de répondre au risque d'une publicité de nos débats que nous n'avons pas souhaitée.
A quelques jours d'un CN qui sera décisif pour le Front de Gauche puisque le PCF y fera une offre nationale pour les régionales, nous regrettons et la forme et le fond de ce communiqué. Nous ne
comprenons pas les raisons d'un tel décalage entre les propos réellement tenus par Jean-Luc Mélenchon et la version qui en est donnée par ce communiqué. Nous ne voulons pas participer à une
polémique que nous jugeons vaine. Nous ne voulons pas fragiliser une alliance qui est le coeur de notre stratégie. Mais notre alliance ne peut se développer, et s'élargir, que dans des rapports
égaux et francs. Nous publions donc cette déclaration pour corriger les informations erronées que contient le communiqué du PCF. Nous sommes certains quau final les responsables et militants
communistes le comprendront : le respect que nous attendons de leur parti est la plus sure garantie que la réciproque soit toujours vraie. Pour notre part nous n'y avons jamais manqué.
DOUBLE CANDIDATURE AUTO-PROCLAMEE ?
Commençons par le plus commenté : « Quant à la deuxième déclaration de candidature du premier responsable du Parti de Gauche en une semaine, cette fois en Ile-de-France, elle apparaît peu
acceptable du point de vue du respect mutuel due aux partenaires et à leurs militants. La démocratie et la concertation sont préférables à l'auto proclamation » déclare le communiqué. Quelle
est cette première déclaration de candidature dont parle ce communiqué ? Jean-Luc Mélenchon n'a fait aucune autre déclaration à propos de sa candidature en dehors de ce qu'il a dit dans le cas de
l'Ile-de-France. Les informations parues dans «L'Express» et «Midi libre» sur sa candidature en face de Georges Frèche sont de la seule responsabilité de ces médias et n'ont jamais été commentées
par lui d'aucune façon. Pour ce qui concerne l'Ile-de-France, chacun peut vérifier ce qu'il en est en consultant le site de France 3. Après avoir montré que l'affaire de l'aménagement immobilier
de « la Défense » était le véritable enjeu de la nomination de Jean Sarkozy à l'EPAD, il a montré que, de ce fait, la prochaine élection régionale en Ile-de-France incluait une confrontation avec
le Président de la République lui-même. Interrogé sur sa candidature dans cette région par le journaliste, et non de sa propre initiative, il a répondu : « si c'était possible, j'en serais
(...). C'est clair il y a plein d'autres candidats parfaitement capables au PCF, PG, NPA ... Cela m'intéresse, si on le veut. Mais je ne vais créer moi-même une bousculade ... ». Où est
l'auto-proclamation ? Comment faudrait-il nommer alors les candidatures communistes annoncées aux européennes avant toute concertation au sein du Front de Gauche ? Et celles déjà annoncées en vue
des prochaines élections dans plus d'une région ? Le président de notre parti est légitime, autant que d'autres en Ile-de-France, dont il a été élu local et national pendant de nombreuses années.
Une offre de service n'est pas une auto proclamation. Dire le contraire n'est respectueux ni de la vérité, ni de la personne, ni du partenariat dans le Front de Gauche.
UN ACCORD PRATIQUEMENT SCELLE ?
Un point important du communiqué concerne la question cruciale des discussions dans le cadre du groupe de travail de l'autre gauche. Le communique déclare « Jean Luc Mélenchon salue un accord
pratiquement scellé entre le NPA, le PCF et le Parti de gauche. La vérité oblige à dire qu'un désaccord sérieux persiste sur la volonté de construire des majorités de gauche excluant, certes,
toute compromission avec le Modem, mais prenant toutes leurs responsabilités jusque dans les exécutifs, dans l'application des mesures qu'elles auront portées devant les électrices et les
électeurs. » Précisons d'abord que les propos de Jean-Luc Mélenchon n'évoquent nullement « un accord pratiquement scellé ». Il répond ainsi au journaliste Samuel Etienne : «vous
pensez que nous n'y arriverons pas (à l'accord de toute l'autre gauche) ? Peut-être aurez-vous raison et que je n'y arriverais pas, mais pour le moment ça avance bien». La vérité oblige à
dire qu'il a raison. Si on s'en tient aux points concrets et si l'on se souvient des divergences affichées entre les forces du Front de Gauche et le NPA lors des européennes, nul ne peut nier les
avancées en cours.
Quelles sont-elles ?
- Le principe d'une fusion démocratique avec le PS et Région-Ecologie est acté : il s'agit bien de nous regrouper au 2ème tour sur une liste unique de la gauche pour battre la droite.
- Les discussions en cours n'évacuent pas la question des gestions des régions. Le NPA a bien validé dans le compte rendu de la réunion du Groupe de travail du 16 octobre la phrase suivante :
« Tout le monde est à ce stade grossièrement d'accord sur la formule suivante : aucune des forces du groupe de travail ne dit « jamais par principe », aucune ne dit « toujours ». Il n'y
a donc pas de refus de principe, dans toutes circonstances, de gérer les régions.
- Le NPA n'évacue pas la question de la mise en Suvre du programme que nos listes pourraient défendre. Mais à ce stade il ne l'imagine pas possible dans des exécutifs dominés par le PS tel qu'il
est. Le NPA écrit : « Nous nous engageons à le défendre (le programme) dans les conseils régionaux et à le mettre en Suvre partout où le rapport de forces le permettra. Mais nous ne sommes
pas prêts à brader nos idéaux, à tourner le dos aux aspirations populaires, à nos responsabilités d'écologistes radicaux, dans un gouvernement de région dirigé par le PS tel qu'il est ».
Cette formule contient une part de vérité partagée par nous. Qui, dans l'autre gauche, est certain de pouvoir appliquer de vraies mesures de gauche, « excluant toute compromission avec le
Modem » pour reprendre les termes du PCF, dans un exécutif dirigé par le PS tel qu'il est ? Le PCF lui-même indique d'ailleurs dans le texte qu'il a proposé au groupe de travail que cette
participation aux exécutifs se ferait sous conditions. Et on voit bien que si un rapport de force suffisant ne se dessine pas, « le PS tel qu'il est », n'exclura pas, pour ne reprendre qu'un seul
point, les compromissions avec le Modem ! Chaque élection partielle le démontre.
Avec d'autres organisations membres du groupe de travail, le PG propose trois conditions à toute participation aux exécutifs : le contenu de l'accord, le rapport de force permettant de
l'appliquer et le refus d'une alliance avec le Modem. Le NPA a jugé irréaliste lors de la réunion du 16 octobre, la possibilité de tels accords de gestion si nous ne sommes pas en tête de la
gauche. On doit entendre ses arguments. Mais pour notre part nous voulons montrer que la situation au soir du premier tour sera nécessairement plus complexe, du fait des résultats que feront les
listes «Région-Ecologie». C'est pourquoi nous proposons de ne pas nous enfermer dans un vis-à-vis avec le PS. Nous proposons de juger au cas par cas. Et de tenir compte aussi du déroulement de la
campagne nationale et régionale.
Voilà les pistes que nous avancerons sur cette question lors des réunions du Groupe de Travail prévues le 28 octobre au siège du PCF puis le 2 novembre à celui du NPA. Mais il en est d'autres à
explorer bien sûr.
La première c'est notre capacité à nous entendre sur un programme. Le NPA a expliqué, toujours lors de la dernière réunion du Groupe de travail commun, que « la question des exécutifs est une
conséquence du débat programmatique, pas un point de départ ». Nous sommes d'accord. C'est pourquoi nous insistons depuis plusieurs réunions pour que l'on entre dans le travail d'élaboration des
programmes qui, en réalité, définiront le profil de nos listes bien plus que des discours d'intention.
La seconde, préalable à tout, c'est un accord national pour des listes autonomes du PS et des Verts au premier tour. Nous travaillons pour que ce soit des listes d'union de toute l'autre gauche.
Car sans cela comment espérer réunir une majorité sur un programme vraiment à gauche ? Sans ces listes la mobilisation des classes populaires tentées par l'abstention ne se réalisera pas. La
confusion est ennemie de la mobilisation.
Dans ce contexte, nous disons à nos camarades communistes que nous attendons avec impatience, mais confiance malgré ces différends, leur offre nationale ce week-end. Nous savons qu'ils tiennent
autant que nous à la stratégie du Front de Gauche. Comme nous ils veulent sans doute en faire un point d'appui pour une alliance plus large regroupant toute l'autre gauche et les prochaines
dissidences socialistes. Nous avons bien avancé vers notre objectif. Et notre Front de gauche aussi a bien progressé. En décidant comme nous l'avions proposé la constitution d'un comité permanent
du Front de Gauche et la mise au point de plateformes partagées nos partis ont ouvert un chemin mobilisateur et créatif. Nous souhaitons poursuivre dans cette voie de rapprochement progressif
pour offrir à notre pays une alternative progressiste crédible autant qu'audacieuse.
Le Nouveau Parti Anticapitaliste s'adresse, quelques semaines après la rentrée et à quelques mois de l'échéance électorale des régionales, à toutes celles et tous ceux qui n'en
peuvent plus de cette droite réactionnaire, mais qui ne veulent plus d'une gauche gestionnaire qui a renoncé à transformer la société. Ras le bol des attaques de la droite, mais assez d'une
gauche plus préoccupée de rechercher l'alliance d'un homme de droite comme François Bayrou, des présidentielles de 2012 que d'opposer un front uni et cohérent au projet Sarkozyste.
Sans surprise le gouvernement utilise les marges de manœuvre que lui procurent les résultats des Européennes et l'absence d'opposition organisée, unie et déterminée face à sa
politique. Du coup, la feuille de route des contre-réformes est observée dans toute sa rigueur touchant les acquis sociaux et les libertés publiques du plus grand nombre. Si bon nombre
« d'affaires » qui se multiplient en cette rentrée ont leur fonction d'écran des problèmes réels, le népotisme, l'arbitraire et l'hyper autoritarisme du pouvoir de la droite,
fonctionnent à plein, il est vrai permis par le fonctionnement des institutions de la Ve République.
L'enjeu est de taille, il s'agit de faire payer la crise du capitalisme, la crise écologique, à une majorité de la population qui n'en est pas responsable. Faire semblant que
tout change (bonus, parachutes dorés, paradis fiscaux) alors que rien ne change. Le projet de privatisation de La Poste est là comme un symbole du maintien du dogme libéral. Le débat lancé sur la
taxe carbone, le « nouveau grenelle » sur les retraites et la réforme territoriale, pour ne prendre que ces exemples, ont comme point commun d'illustrer la facture de la crise. C'est en
nous faisant travaillant plus, sans gagner davantage que le MEDEF et Sarkozy, entendent régler l'addition et sauvegarder leurs privilèges. Ce qui implique de travailler le dimanche, de remettre
en cause les 35 heures, d'allonger la durée de cotisations pour les retraites, d'organiser de nouvelles coupes sombres dans les dépenses publiques en reformatant l'Etat (abandon de ses missions
sociales au profit de priorités répressives).
Alors même que chômage et licenciements, stagnation du pouvoir d'achat, frappent de plus en plus à la porte de la population, le pouvoir s'est fixé une nouvelle échéance clé dans la
route d'une éventuelle réélection en 2012 : faire des régionales un test grandeur nature de rapports favorables au camp réactionnaire permettant une nouvelle phase d'offensives politiques et
sociales. C'est bien pourquoi les résistances et mobilisations de cet automne et la préparation des régionales forment une même séquence politique où doivent se combiner une opposition frontale
au MEDEF et à la droite, et la radicalité de réponses alternatives face à la crise, nécessitant l'unité et le rassemblement.
Car rien n'est fatal. La mobilisation qui a accompagné la consultation populaire pour défendre le service public postal, les luttes contre les licenciements qui commencent à se
coordonner, l'impopularité manifeste de l'équipe gouvernementale et des principales mesures phares de celle-ci, montrent que le rapport de force peut s'inverser, que l'espoir peut changer de
camp. Mais il est vrai, que l'absence de stratégie de mobilisation de la part des principales directions syndicales pèse lourd dans la situation.
Les opérations de mise en œuvre d'un centre gauche, comme la priorité mise dans l'organisation de primaires pour la prochaine présidentielle permettant à chacun d'assister au
spectacle de la multitude d'ambitions au PS et du vide du projet proposé, illustrent une nouvelle fois la défaillance d'une gauche d'adaptation qui n'a plus la volonté et les outils pour
s'opposer sur le fond à la logique capitaliste et aux projets de la droite. Il y a eu suffisamment d'exemples en Europe pour connaître le coût de telles expériences.
Mais le résultat des européennes, dont on sait pourtant que par l'absence de participation électorale des classes populaires et des plus jeunes il n'est qu'une photographie partielle
des rapports de force réels, donne du poids à une coalition rose-verts-orange qui soi-disant pourrait battre Sarkozy. C'est pourtant, de notre avis, l'histoire d'une défaite annoncée car une
telle coalition ne contesterait Sarkozy que sur la forme de l'exercice du pouvoir et pas sur le fond de son projet de société. Cette coalition ferait l'impasse par exemple sur la répartition des
richesses et ne chercherait pas dans les combats d'aujourd'hui à défaire les projets gouvernementaux.
C'est la brutalité de la situation qui exige un rassemblement sur des bases claires.
Il s'agit de savoir, au-delà de mobilisations unitaires contre le pouvoir, si la gauche radicale est au rendez-vous. Au rendez-vous des luttes et des confrontations sociales. Au
rendez-vous des réponses anticapitalistes, à la définition d'un programme de rupture face au défi de la crise générale du système. Au rendez-vous des régionales. Des forces sont disponibles pour
relever ces défis. Qu'il s'agisse d'affronter dès maintenant un pouvoir impopulaire et lui infliger des reculs, des défaites sur le terrain social, celui des mobilisations et des résistances.
Ou de remettre en cause l'hégémonie social-libérale ce qui implique de modifier en profondeur les rapports de force à gauche, de construire une gauche indépendante de la direction et des
orientations du PS. Ces forces, nous les appelons la gauche radicale.
Combien sommes-nous de militants de partis, syndicalistes, militants associatifs, féministes et écologistes qui enragent de cette situation ? Il est temps de s'unir dans la durée
et dans la clarté. De se rassembler dans les luttes et dans les élections... C'est l'occasion de montrer que nous sommes capables, déterminés à affronter ce double défi.
C'est pourquoi le NPA a initié depuis cet été un processus de discussion entre différents partis politiques pour présenter ensemble des listes unitaires de la gauche radicale dans les
21 régions métropolitaines. Des listes qui soient ouvertes aux militants du mouvement social, mais où les partis politiques nationaux joueraient pleinement le rôle de levier, de mise en place
d'un cadre national visant à regrouper autour d'un projet politique de rupture. Cette démarche s'est adressée au PCF, au Parti de Gauche, à Lutte Ouvrière, au Forum Social des Quartiers
Populaires, aux Alternatifs et à la Fédération, au MPEP et à Socialisme et république, au PCOF comme à la Gauche unitaire. Nous avons tenu plusieurs réunions et adopté une déclaration et une
méthode de discussion pour nous mettre d'accord sur un rassemblement de la gauche radicale.
La gauche d'adaptation tente de se rassembler, il est temps que la gauche radicale, indépendante de l'orientation du PS, qui refuse l'alliance avec le MODEM comme une nouvelle
compromission avec la droite, s'unisse. Qu'elle s'unisse pour favoriser les mobilisations et les résistances, qu'elle s'unisse autour d'un programme de rupture. Qu'elle s'unisse par une stratégie
indépendante du PS. C'est la condition de la reconstruction d'un nouveau mouvement émancipateur.
Oui, il faut battre la droite ; oui, il ne faut pas confondre un électeur socialiste d'un électeur UMP. Mais, dans le même temps, il faut enregistrer qu'existent deux gauches
dotées de programmes contradictoires qui interdisent de gérer ensemble les régions. L'enjeu est bien plus élevé que la conquête négociée de quelques postes, il s'agit d'inverser les rapports de
force à gauche, de redonner confiance au monde du travail, aux jeunes et de porter une perspective politique et sociale qui ose refuser tout licenciement, toute suppression de postes dans
la fonction publique, qui se fasse le porte-parole de la convergence des luttes et des résistances dans le but de mettre un terme aux nuisances du capitalisme en soumettant les grandes banques et
les grandes entreprises au contrôle des salariés et de la population.
Si les régionales permettaient d'avancer en ce sens, alors nous aurions fait un grand pas. À l'heure où nous écrivons, un premier rassemblement s'est opéré mais des obstacles
subsistent en particulier parce que la direction du PCF se situe dans une perspective de reconduction d'une politique d'union de la gauche, de gestion des exécutifs avec le PS comme le revendique
sa principale dirigeante. Pour autant il ne s'agit pas de renoncer mais de continuer à avancer en rassemblant les forces disponibles, c'est le sens de la politique unitaire menée par le
NPA.
Le vendredi 16 octobre s’est tenue au siège des Alternatifs la 3ème réunion unitaire de la gauche radicale.
Le PCF, représenté par une délégation réduite, avait produit, comme il s’y était engagé, une contribution censée constituer le support d’un débat stratégique incluant le 1er et le
second tour des élections régionales.
Ce texte n’avait en réalité que fort peu de contenu politique, se contentant de poser en préalable la nécessité de s’inscrire dans une «ambition majoritaire» et donc de prendre l’engagement de
tout faire pour constituer au second tour des «majorités solidement ancrées à gauche». Chacun comprend que pour un PCF qui a décidément deux cadres de négociation pour les prochaines échéances
électorales, imposer de telle formules sans qu’elles soient assorties du moindre contenu programmatique revient à tenter de n’en rompre aucun, et d’exclure le NPA du cadre unitaire qu’il a
lui-même initié. En effet, parler de vocation majoritaire sans aborder le programme laisse toutes les possibilités ouvertes, y compris un programme rendu socialo-compatible pour être bien sûr que
l’accord se fasse, aux conditions du PS … Au total, le PCF a tenté de faire passer sur une base écrite l’objectif tactique qu’il se fixe de réunion en réunion: isoler le NPA en convainquant les
autres forces présentes de s’inscrire dans un cadre politique inacceptable par le NPA.
Ces manœuvres se révèlent pourtant à courte vue dans la mesure où elles font l’impasse sur un élément auquel l’ensemble des organisations partie prenante, hormis le PCF, sont attachées: le
préalable indispensable pour proposer ensemble une alternative crédible au social-libéralisme, c’est un accord national pour des listes autonomes et indépendantes du PS dans les 21 régions
métropolitaines. Ce n’est évidemment pas un cadre dans lequel le PCF est en mesure de s’inscrire: si on ignore encore le nombre exact de régions dans lesquelles il sera dès le premier tour en
alliance avec le PS et la manière dont il formulera, au terme de son Conseil national, son «offre politique nationale», nul doute qu’il adoptera dans les faits une stratégie à géométrie variable.
Son choix à l’heure qu’il est n’est pas de rompre avec la stratégie adoptée en 2004, consistant à cogérer une majorité de régions avec le PS, et donc à assumer sa part du bilan du mandat qui
s’achève en mars 2010.
De nombreuses organisations se sont vigoureusement prononcées pour que l’on puisse acter ensemble le principe d’un accord national comme préalable à la poursuite de la discussion, notamment le
PG, les Alternatifs, la Fédération et bien sûr le NPA. Soucieux de respecter les rythmes de son partenaire du Front de gauche, le PG a souhaité qu’on attende pour cela le CN du PCF. C’est donc à
la prochaine réunion, fixée le 28 octobre, que la question devrait être tranchée. Pourtant, les représentants du PCF ont d’ores et déjà indiqué que leur offre nationale, quelle qu’en soit la
nature, ne les engagerait dans les faits qu’une fois validée dans les régions, soit à la fin du mois de novembre … Pas sûr qu’on puisse «respecter les rythmes» jusqu’à cette échéance bien
tardive. Il est bon en tous les cas que se multiplient aussi les discussions au niveau régional. Elles sont évidemment de nature différente selon le cadre local, notamment si un accord PCF-PS est
déjà bouclé ou en passe de l’être, comme en Bretagne ou en Basse Normandie …
Autre question abordée, celle des exécutifs régionaux. Le NPA a réaffirmé sa position notamment par le biais de sa propre contribution au débat: pas question de cogérer les régions avec le PS tel
qu’il est, dans le cadre des rapports de force tels qu’ils sont. Mais il a également tenu la même ligne de conduite qu’aux précédentes réunions: on ne discute pas d’abord du 3ème tour
mais du programme de rupture que nous voulons pouvoir proposer et mettre en oeuvre, et c’est du débat sur cette question que découle l’incompatibilité programmatique avec les socio-libéraux. Si
les autres forces attachées à un cadre national indépendant au premier tour ne partagent pas notre position sur le sujet, nous souhaitons les convaincre que les conditions qu’elles-mêmes posent
pour une participation aux exécutifs ne sont pas aujourd’hui réunies.
Ingrid Hayes
Communiqué des Alternatifs
du 16 octobre 2009
Maintenant, avancer vers l’unité de l’autre gauche
Jean-Jacques Boislaroussie et Rachel Lafontaine, portes-paroles des Alternatifs
Le 16 octobre, les formations de la gauche de transformation sociale et écologique ont abordé sur le fond la question de la stratégie de construction de leur rassemblement aux élections
régionales. Rien n’est encore acquis, mais un débouché unitaire est possible. Une nouvelle réunion aura lieu le 28 octobre, les Alternatifs souhaitent qu’elle permette enfin l’affirmation
d’un positionnement commun en faveur de listes untaires des gauches anticapitalistes, antilibérales et de l’écologie radicale, et que s’engage le travail sur un projet alternatif commun.
CONTRIBUTION DES ALTERNATIFS REUNION DU 16 OCTOBRE
Le processus de discussion engagé entre les forces de la gauche de transformation sociale et écologique doit conduire chacune de ces forces à exposer clairement sa stratégie : c’est la
condition d’un travail en commun en confiance et dans la durée.
Pour les Alternatifs l’enjeu stratégique est de faire émerger une gauche alternative, féministe, autogestionnaire et écologique, à vocation majoritaire, ancrée dans les mobilisations et à
même de porter et appliquer des objectifs permettant de dépasser le capitalisme productiviste.
Le combat contre ce système est à mener d’abord dans les mobilisations sociales et aussi dans les urnes.
La mobilisation populaire est la clef de ce combat, et ce, quelles que soient par ailleurs la place respective que peuvent donner nos diverses organisations aux luttes et aux élections dans
leur stratégie. Etre en capacité de porter des réformes majeures d’abord dans les luttes, et si les conditions en sont remplies dans les institutions, est aussi un facteur de construction
d’une gauche d’alternative. En effet, l’enjeu pour la population se situe sur ce terrain plus que sur celui du changement des rapports de forces entre formations de gauche, souvent renvoyées
dos à dos dans une période de crise profonde de l’engagement et des perspectives politiques.
Le système capitaliste n’est plus supportable, sur les plans économique, démocratique, social, et écologique. On ne peut s’en tenir à des aménagements à la marge. Une alternative globale est
vitale : là est la ligne de partage première avec les sociaux et écolos libéraux.
Aucune de nos organisations n’est seule en mesure de construire une force politique efficace à une échelle de masse. Ensemble, nos organisations doivent constamment contribuer à développer
l’échange, sans hiérarchisation entre le social et le politique, avec les mouvements d’émancipation, féministes, altermondialistes, écologistes, sociaux, démocratiques…
Nous ne pouvons préjuger de la forme que prendra/prendront la force/les force(s) politique(s) au service de l’émancipation. Au stade actuel, c’est un front commun durable des forces et
organisations de la gauche de transformation écologique et sociale qui est à l’ordre du jour. Le front commun peut donner espoir dans les luttes, et force à nos propositions. Sa durabilité
est condition de crédibilité.
Nous devons assumer la rupture stratégique avec le sociaux et écolo-libéraux et leurs organisations, car nos projets sont contradictoires. Mais cette affirmation ne nous conduit pas à mettre
un trait d’égalité entre la droite d’une part, le PS et les écolo-libéraux d’autre part, et ce, tant en termes de bases sociales que d’orientation. Nous pouvons assumer des compromis avec ces
forces sur des plate formes communes, mais toujours à l’aune des rapports de forces et de contenus en mesure de changer vraiment la société, pas au nom d’un moindre mal souvent alibi de
l’alignement.
Pour ce qui concerne les élections régionales, cette démarche conduit les Alternatifs au positionnement suivant :
Les Alternatifs réaffirment leur orientation en faveur d’un rassemblement durable, dans les mobilisations comme dans les urnes, d’une gauche de transformation sociale et écologique, pour une
alternative au capitalisme et au productivisme. Cette construction politique nécessite tout autant l’unité des organisations politiques de gauche de transformation sociale et écologique que
la mobilisation et la créativité populaire, non comme relais des partis politiques mais comme contribution décisive au processus de rassemblement.
Les régionales à venir peuvent être l’occasion de faire un pas en avant pour, ensemble, avec les citoyens-ne-s, les associatifs et les syndicalistes, porter les exigences des travailleurs et
des classes populaires, et contribuer ainsi à encourager, renforcer l’unité contre la droite et le patronat pour changer le rapport de force.
Au premier tour, les Alternatifs défendent la perspective d’un accord national pour des listes communes de la gauche et de l’écologie antilibérales et anticapitalistes, sur la base d’une
plate- forme et de propositions communes, listes indépendantes du PS.
Nous ne sous-estimons pas le travail qui a pu être mené par des élu-e-s du PCF, du PG et d ’autres courants dans les conseils régionaux, cependant, pour les Alternatifs des listes untaires
larges de la gauche de transformation sociale et écoloqiue peuvent permettre de renforcer la présence de la gauche anticapitaliste et antilibérale dans les conseils régionaux, d’adosser le
travail de ses futurs élu-e-s à une vrai dynamique politique et militante.
Pour le second tour, afin de battre la droite, les Alternatifs défendent une fusion démocratique assurant une répartition juste entre les différentes listes se réclamant de la gauche et de
Régions Ecologie. Une telle démarche exclut des accords avec des listes intégrant le MODEM.
Les élu-e-s issu-e-s du rassemblement de la gauche de transformation sociale et écologique seront au service des mobilisations et porteurs de propositions alternatives. En cas de victoire
face à la droite, si le rapport de force ne permet pas d’appliquer un projet commun, nous ne nous engagerons pas dans une solidarité de gestion. Les élus s’engageront à soutenir toute
proposition allant dans le sens du projet et à combattre toute proposition contraire.
Pour les Alternatifs, l’existence de divergences sur le type d’accords après le deuxième tour (participation ou non à l’exécutif régional) parmi les composantes du rassemblement ne doit en
aucun cas être un préalable au rassemblement lui-même ; le pluralisme de celui ci doit être assumé et il faut battre la droite.
C’est avec la volonté d’aboutir à un accord politique pour les élections régionales, première étape d’un front commun durable à vocation majoritaire, que les Alternatifs participent aux
réunions de toutes les forces de la gauche antilibérale et anticapitaliste.
Les Alternatifs agiront pour que s’engage maintenant, à partir de ce cadre unitaire, un large débat :
sur les contenus d’une politique en rupture avec la logique du système capitaliste et du productivisme pour les régions,
pour une politique de solidarité et de coopération juste et équitable au niveau international
pour des démarches et propositions communes au service des mobilisations populaires
pour l’ouverture, à travers la mise en place de forums citoyens, de ce cadre unitaire aux citoyennes et aux citoyens, associatifs, syndicalistes, intéressé-e-s par les contenus et la
démarche de ce rassemblement
plus globalement pour des discussions sur tous les points à régler pour trouver un accord, y compris la démarche stratégique, permettant de construire l’unité de la gauche de gauche et de
l’écologie radicale.
Afin de ne pas dissocier le dire et le faire, nous devons travailler à un programme pour les régions et aux mesures clés à porter dans les conseils régionaux, y compris dans le cadre de
discussions avec le PS et les Verts. A défaut, nous reproduirions les vieilles démarches : programme radical pour les élections, compromis au rabais dans les institutions.
Notre responsabilité est grande : divisés nous laisserions le champ politique s’organiser à gauche autour d’un débat entre le PS et les Verts, avec l’appoint éventuel du
MODEM. Construire notre unité, c’est refuser le choix sans espoir entre soumission au PS et marginalité, c’est aussi exprimer et traduire en positif à travers un projet alternatif
l’écœurement généralisé et la désespérance et la colère sociale grandissantes qui peuvent -faute d’espoir et de perspectives- faire l’objet d’une récupération par l’extrême-droite.
18 oct 2009 ... "Maintenant, avancer vers l'unité de l'autre gauche"
dimanche 18 octobre 2009 (12h02). Communiqué des ALTERNATIFS du 16 octobre 2009 ...
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Interview de Jean-Luc Mélenchon dans La Marseillaise - 16 octobre 2009
Vous venez de déclarer que « les choses avancent bien » pour l'unité de la gauche radicale aux prochaines élections régionales. Quelles sont les raisons de cet
optimisme?
Souvenez-vous. On nous avait prédit qu'il serait impossible de nous retrouver ensemble, que la fracture entre le Front de gauche et le NPA était trop profonde. Or des réunions de toutes les
organisations de « l'autre gauche » se sont tenues. Une nouvelle rencontre est prévue pour ce vendredi 16 octobre. Depuis les élections européennes, des rencontres bilatérales entre nos
organisations ont défriché le terrain. L'esprit de responsabilité l'a emporté sur l'esprit de chicane.
Certes, je ne cache pas la réalité des difficultés à surmonter. La campagne des Européennes a laissé des traces. En outre, le décalage du calendrier politique de chaque formation ne facilite pas
la démarche. Le Parti de gauche s'est prononcé dès le 13 juin pour des listes autonomes de l'autre gauche. Le NPA a pris position à la rentrée. Le Conseil national du PCF rendra publique une
offre politique nationale le 24 octobre prochain. Mais il faut respecter le processus de décision de chaque partenaire.
Selon vous, ces handicaps peuvent-ils être surmontés?
Je le crois. Lors de la première réunion, alors que les discussions ont été vigoureuses, nous avons été capables d'adopter une déclaration qui rend possible un cadre commun pour les élections
régionales.
Nous ne sommes pas au bout du chemin. Des questions restent en débat. Nous avons offert que le PCF fasse une proposition de texte pour la réunion de ce vendredi. Cela pourrait faciliter sa
démarche.
Sincèrement, j'estime que les choses ne se présentent pas trop mal.
Quelles sont vos propositions ?
Au premier tour, nous sommes partisans de listes autonomes de l'autre gauche dans toutes les régions. Au second tour, du rassemblement de toute la gauche autour de la liste arrivée en tête.
Je considère que les points de vue sont moins éloignés qu'on ne le croit. Le PCF n'est pas partisan de participer partout à l'exécutif, comme il l'a montré dans la région Nord Pas-de-Calais.
Quant au NPA, peut-il soutenir l'idée de toujours refuser d'y participer ? Même si la liste de l'autre gauche est en tête ? On ne doit pas s'enfermer dans le « toujours » ou
le « jamais ». Avec les Alternatifs, le Parti de gauche propose d'utiliser trois critères pour répondre à la question de la participation aux exécutifs. Quel système d'alliance du PS au
second tour ? Quel contenu du projet ? Quels rapports de force ?
Nous pourrions les examiner dans chaque région après le premier tour.
Après une période d'hésitation, le Parti de gauche a décidé de participer à l'organisation des Ateliers de la gauche. Où en est le Front de gauche aujourd'hui ?
A l'origine, les Ateliers ont été mal engagés. Nous avons appris par le PCF quels en seraient les thèmes, les dates, les lieux. Dans ces conditions on ne pouvait parler de co-organisation.
Le Front de gauche est une construction commune. Il n'y a pas un grand frère et les autres qui suivent.
De plus, une certaine ambiguïté subsistait sur l'objectif de ces Ateliers. Certains responsables du PCF expliquaient qu'il s'agissait de définir un projet commun avec ceux qui y
participent. Le PS ? , les Verts ? Pour nous, il ne peut en être question. Nous voulions une clarification.
D'abord l'élaboration d'une plate-forme partagée entre nous, ensuite une discussion avec les autres. Le périmètre du Front de gauche ne doit pas se diluer. Il ne peut s'élargir au PS. Ce n'est
pas son but.
Mais cet épisode ambigu n'est pas l'essentiel. Ensemble, nous avons décidé la création d'un comité de liaison permanent du Front de gauche. C'est un événement de grande portée qu'il faut
davantage valoriser.
Vous faites la proposition d'un « paquet électoral » liant régionales, présidentielle et législatives. Dans quel but ?
Pour le Front de gauche, nous devons construire des perspectives ambitieuses, de long terme. Il serait contre-productif de repartir à zéro après chaque élection. Au contraire, il faut créer des
dynamiques d'une élection à l'autre.
Notre proposition vise à constituer un pôle stable de rassemblement, mais aussi de « décongestionner » la question de la présidentielle en la liant aux législatives. La présidentielle
doit être un point d'appui pour aborder ces dernières.
Nous devons nous inspirer de ce que fait et réussit Die Linke en Allemagne.
Presqu'un an après sa création, quel est le bilan de santé du Parti de gauche ?
C'est très difficile de construire un nouveau parti. Mais globalement, la dynamique est bonne. Notamment depuis le bon résultat des Européennes.
Dans les prochaines semaines, nous allons être rejoints par un groupe d'écologistes animé par la députée Martine Billard. En décembre, nous tiendrons une convention nationale qui adoptera
notre manifeste, un plan d'urgence social et écologique. Rude programme.
Le 7 octobre dernier, s’est tenue une nouvelle réunion pour déterminer la stratégie des partis à la gauche du PS, pour
les élections régionales.
Le NPA est résolument engagé dans une bataille unitaire offensive pour le nécessaire rassemblement en soutien aux
mobilisations de celles et ceux qui refusent de payer la crise, mais aussi pour les régionales de mars 2010. En effet, pour nous l’unité n’est pas une affaire tactique mais une question
stratégique, liée aux coordonnées de la situation politique et sociale. C’est à cette nécessité que nous avons apporté une première réponse – certes insuffisante et partielle – en constituant
ensemble le NPA.
C’est à cette nécessité que tente de répondre notre politique unitaire.
Nous avons pris l’initiative d’une première réunion de la gauche radicale, le 28 septembre dernier. À cette occasion,
la délégation du NPA a défendu l’objectif d’une déclaration commune fixant un cadre de travail pour la suite des événements. Seuls le PCF et la Gauche unitaire – cette dernière s’étant
visiblement attribué la fonction de bouclier du Colonel-Fabien – n’y étaient pas favorables. Mais la pression de l’ensemble des autres forces présentes a permis de l’emporter, au prix de
l’adoption d’une formule autorisant une double lecture des conditions dans lesquelles nous pourrions mener une politique alternative dans les régions. Au début de la deuxième réunion, le 7
octobre, le PCF (et la Gauche unitaire…) campait sur une position très dure à notre endroit, portant le fer à la fois sur nos prétendues réticences à appeler à battre la droite et surtout sur la
nécessité d’un accord préalable sur les majorités de gestion, y compris avec le Parti socialiste.
Le NPA a insisté sur la situation inédite dans laquelle se trouvait la gauche avec l’évolution accélérée du PS,
rappelant que les socio-libéraux ne menaient pas dans le cadre des régions une politique différente de celles qu’ils mettent en œuvre au niveau national lorsqu’ils sont au pouvoir, et que
l’incompatibilité programmatique entre ceux qui veulent gérer le système et ceux qui veulent rompre avec lui était donc valable aussi pour ces échéances.
Ainsi, s’il est bon, par exemple, que le cadre unitaire de lutte contre la privatisation de la poste inclue le PS, il
en serait différemment s’il fallait s’accorder sur des propositions alternatives, au vu du bilan gouvernemental de la gauche dite plurielle sur le simple terrain de la destruction des services
publics.
Cette recherche d’une unité, basée sur l’indépendance vis-à-vis du PS et de l’opération de recomposition au centre
gauche, est partagée par bon nombre de mouvements participant à ces réunions. Une fois encore, la tonalité générale qui s’exprimait a donc contraint le PCF à revoir sa position de départ. Il a dû
à la fois admettre qu’il lui faudrait rester dans le cadre unitaire au-delà du 7, accepter que débute la discussion sur le programme et proposer comme introduction de la réunion suivante un texte
énonçant sa stratégie globale pour les 1er et 2e tours.
Ce texte apportera-t-il les clarifications nécessaires à la poursuite des discussions ? Peut-être sera-t-il possible
que les forces disponibles pour cela affirment ensemble leur volonté d’un accord national de premier tour dans les 21 régions métropolitaines ?
Le PG, notamment, devra cette fois, nous semble-t-il, faire un choix. Comment comprendre son revirement récent, qui le
conduit à accepter de participer aux ateliers communs avec le PS ? Nous ne voyons rien dans la définition qu’en donne le PCF qui puisse expliquer ce changement d’approche. Loin d’être des cadres
de confrontation, comme les camarades du PG semblent le croire, il s’agit bien, d’après les initiateurs eux-mêmes, de servir de support à l’élaboration de propositions communes à l’ensemble des
forces de gauche, incluant évidemment le PS. Faut-il y voir le prélude à un ralliement à des alliances à géométrie variable et à l’union systématique dans la gestion sous direction du PS, y
compris en présence du Modem ? Ce serait un tel décalage avec l’orientation défendue jusqu’ici par le PG que nous ne pouvons le croire.
Le NPA n’ira pas à ces ateliers et propose que la discussion se poursuive dans le cadre associant unitairement la
gauche radicale, cadre qui se met en place également dans un certain nombre de régions.
Le PCF, le Parti de gauche (PG), le NPA et d'autres formations de la gauche radicale ont décidé d'une nouvelle réunion le 16 octobre "centrée sur la stratégie globale" en vue d'une éventuelle
alliance aux régionales de mars, a indiqué jeudi Eric Coquerel (Parti de Gauche).
Après une première réunion le 28 septembre - à l'initiative du NPA - et une autre mercredi soir - dans les locaux du PG -, "on se revoit le 16 octobre" pour une réunion "centrée sur la stratégie
globale pour être une alternative crédible aux yeux des Français", a dit à l'AFP M. Coquerel, secrétaire national PG chargé des relations extérieures et unitaires.
La prochaine discussion se fera "à partir d'un texte proposé par le PCF", a-t-il précisé, avec l'objectif de "savoir comment on peut se mettre en condition de mettre en application le programme
qu'on pourrait déterminer ensemble". M. Coquerel a proposé un "groupe de travail parallèle" pour "se mettre rapidement au travail" sur le fond.
"Ca n'avance pas dans les réunions, on tourne en rond", a affirmé à l'AFP Pierre Laurent, coordinateur national du PCF qui souhaite "conquérir des majorités de gauche pour gérer les régions".
"Notre texte" qui sera transmis aux autres formations mercredi ou jeudi prochain sera "plus précis et amènera chacune des organisations à se prononcer clairement", a-t-il ajouté, assurant n'avoir
"rien entendu dans la bouche du NPA qui permette de dire que la situation va bouger de leur côté".
Le PCF doit par ailleurs proposer lors de son Conseil national du 24 octobre une "offre politique nationale" pour les régionales.
"Le point de blocage, c'est le PCF", note Pierre-François Grond, bras-droit d'Olivier Besancenot (NPA), qui milite pour une gauche qui "montre sa différence avec le PS" alors que "le PCF discute
avec le Parti socialiste".
Mercredi soir, "les discussions ont tourné autour de l'idée +qu'est ce qu'on met en premier comme point de discussion?+ Le contenu ? La déclinaison d'un programme pour les régionales ? Les
conditions pour battre la droite ? La gestion des régions ?", a affirmé M. Coquerel.
La réunion a notamment réuni les "numéros deux" du NPA, du PCF et du Parti de Gauche, ainsi que des représentants de la Fédération pour une alternative sociale et écologique (FASE), de Gauche
unitaire (GU), des Alternatifs, et du Parti communiste des ouvriers de France (PCOF). Le MPEP de Jacques Nikonoff (ex-président d'Attac) a également assisté aux débats.
"Tout le monde sent bien que, cette fois-ci, on ne peut pas se défiler" sur l'unité, a assuré M. Coquerel.
Lors de la première rencontre du 28 septembre, ces organisations avaient abouti à une "déclaration unitaire" relevant "des approches différentes" mais assurant que "les forces qui composent la
gauche antilibérale et anticapitaliste ont le devoir de tout faire pour battre la droite et offrir une autre voie".
La gauche boostée par la consultation sur la Poste
Des représentants du PS, du PCF, des Verts, du NPA et du PG, dont les partis figurent dans le comité national contre la privatisation de la Poste et se sont mobilisés pour organiser la
votation citoyenne, ont assisté à l'annonce des résultats lundi.
La mairie du IIe, the place to be, ce lundi matin, pour les partis de gauche. Au premier étage de la mairie transformé en QG parisien du comité national contre la privatisation
de la Poste, peu avant le point presse sur les résultats de la consultation citoyenne, on se
presse, on se salue, on se congratule. Pas tout à fait comme d’habitude.
Au premier rang, sont assis côte-à-côte Clémentine Autain, Razzy Hammadi et Benoît Hamon, porte-parole du PS. Puis font leur entrée, en ordre dispersé, Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche), Pierre
Laurent (PCF), Cécile Duflot (Verts), Olivier Besancenot (NPA). Leurs partis, ainsi que le PRG et le MRC, figurent parmi les 62 organisations qu’agrège le comité national. Ils ont pris part à la
logistique. Sur le terrain, leurs militants ont tenu des bureaux de vote, tracté, comptabilisé.
Alors, à l’annonce d’une mobilisation à l’ampleur inattendue - plus de 2 millions de votants -, ils affichent une mine réjouie, rappelant que, face au gouvernement, les coups gagnants ne sont pas
si fréquents.
Olivier Besancenot, double casquette de facteur et de porte-parole du NPA, reconnaît que,«cette fois, tout le monde a mouillé la chemise. On a déjà construit des cadres unitaires, mais qui
n’ont pas toujours eu autant d’impact. Là, on l’a fait unis, soudés.»
Sans chercher à tirer la couverture à soi? «On vient en soutien, en appui», répond Cécile Duflot. Et le mouvement ne se limite pas, loin de là, aux formations politiques, brassant
syndicats (CGT, CFTC, FO, Unef) et associations (Agir contre le chômage, Attac, Droit au Logement, Apeis).
«Le succès redonne la pêche»
L’unité de la gauche n’était, à l’évidence, pas l’objectif premier - plutôt une condition de la mobilisation. Mais, à cinq mois des régionales - alors que les partis envisagent de partir plus ou
moins séparément au premier tour -, la gauche en tire un bénéfice collatéral.
«Un tel succès redonne la pêche, crée un souffle», se réjouit Jean-Luc Mélenchon. Le fondateur du parti de gauche va même jusqu’à accorder un bon point à ses ex-camarades socialistes.
«Ils ont bien évolué sur cette question, ils progressent !», lance-t-il, au côté de Razzy Hamadi. Le secrétaire national du PS en charge du service public décrit un mouvement qui prend
racine «à la base militante». Pas non plus de traitement de faveur pour un bureau de vote labellisé «fédération PS». «Ce sont les luttes qui mettent ensemble les partis, on ne décrète
pas l’union. Sur le terrain, on a pris plaisir à nous mobiliser ensemble», confie-t-il.
Seule Lutte ouvrière avait boudé le rassemblement, sa porte-parole Nathalie Arthaud invoquant «une campagne qui vise à redorer le blason du PS, un peu à bon compte, et se refaire une
virginité» sur les services publics.
Alors que le comité national appelle à «pousuivre la mobilisation», les partis de gauche se sentent donc d’attaque pour pousser le gouvernement dans ses retranchements. «On demande un
débat public avec Christian Estrosi (ministre de l’Industrie, ndlr) ou Eric Woerth (Budget)», redit Hammadi. Et engager le bras de fer. «Soit le gouvernement retire son texte, soit
il traite par le dédain la mobilisation des territoires et des citoyens. Dans ce cas, il va le payer très cher.»
Assurant que l’unité est un moyen, pas une fin, Cécile Duflot met en garde:«Il faut que ça marche, ça ne m’intéresse pas d’être unis dans la défaite ou de gagner seulement le fait d’être la
meilleure opposante.»
La gauche antilibérale et anticapitaliste a fait un pas de plus en direction d’un front commun aux régionales. La réunion convoquée hier soir à Paris a permis à 7 des 9 organisations
présentes de s’entendre sur un texte commun qui « décide de constituer un cadre politique national de discussion commun en vue de vérifier la possibilité d’aller ensemble aux
régionales ». Certes, il ne s’agit là, que d’« un premier pas », comme la déclaration le mentionne, mais les signataires reconnaissent que ce premier pas « est
important car les enjeux de ces élections sont non seulement régionaux mais nationaux ».
Signé par la Fédération pour une alternative sociale et écologique (FASE), la Gauche unitaire, Les Alternatifs, le Nouveau parti anticapitaliste (NPA), le Parti communiste français (PCF), le Parti
communiste des ouvriers de France (PCOF) et le Parti de gauche (PG), ce texte, qui a été rendu public vers 14h aujourd’hui, apporte un démenti aux articles qui dans Le Monde, Libération et encore Le Monde, laissaient entendre qu’un accord aux régionales
étaient déjà impossible entre le NPA, qui était à l’initative de la réunion d’hier soir, et le PCF. Le Forum social des quartiers populaires et Lutte ouvrière qui participaient également à cette
rencontre au sommet [1] et ont demandé à bénéficier d’un statut d’observateur.
Le texte qui appelle à « œuvrer à gagner la majorité des travailleurs et des citoyens aux perspectives ouvertes par une gauche de combat »
fait le point sur la situation politique,
économique et sociale,
apporte son soutien aux grandes mobilisations
programmées « contre le changement de statut de la poste, la manifestation pour le droit des femmes du 17 octobre, les marches pour l’emploi, contre la précarité et les licenciements ou les
initiatives en riposte au sommet "climat" de Copenhague »,
affirme les priorités partagées des
signataires.
Sans préjuger des suites des discussions, et notamment du fait que les adhérents de chacun des partis resteront maîtres d’apprécier le résultat qui en sera donné
[2], la marche vers la présentation de listes unitaires paraît bien engagée.
On voit mal comment les signataires pourrait se dédouanner de leurs reponsabilités après avoir décrit ainsi la menace mortelle qui plane sur la gauche : « Face à la détermination du
pouvoir Sarkozyste, nous assistons (...) à un nouveau glissement à droite de la gauche d’accompagnement avec la tentative de construction d’une coalition de centre-gauche PS/MODEM/Europe
Ecologie et le projet de primaires. C’est à dire d’une gauche qui va toujours plus vers la droite et risque de favoriser ainsi les futures victoires électorales de cette dernière comme le prouve
malheureusement la situation italienne. »
Et après avoir admis qu’elles avaient « le devoir de tout faire pour battre la droite et offrir une autre voie : un débouché politique qui permette de mettre en œuvre un programme
traduisant dans les régions les exigences populaires issues des mobilisations, un programme régional véritablement alternatif au libéralisme et au productivisme ». La formulation de cette
phrase a fait l’objet de longues discussions. Ce compromis devrait permettre de ne pas faire de la question de la participation à des exécutifs un point de blocage. Il ouvre en tout état de cause la
possibilité de discussions.
Celles-ci se feront suivant un calendrier qui sera établi lors de la première réunion du groupe de travail sur les régionales se tiendra le mercredi 7 octobre.
NOTES
[1] Parmi les 39 participants, dont 13 femmes, figuraient Olivier Besancenot, Pierre Laurent, Jean-Luc Mélenchon, Christian Picquet, Jean-Jacques
Boislaroussie, Clémentine Autain.
[2] « Nous ne pouvons préjuger des décisions souveraines de chacun de nos partis », précisent les signataires.
Née d’une fusion Est-Ouest en juin 2007, la formation de gauche qu’incarne Oskar Lafontaine fête ses succès électoraux en région. Mais les tensions internes restent grandes. Plongée
dans un parti divisé.
Cette fois, c’est dans la région de Münster [Rhénanie-du-Nord-Wesphalie] qu’Ulla Jelpke part se battre contre le capital et l’oppression. Seize ans passés au Bundestag n’ont pas suffi à la faire
changer d’avis. Le capitalisme, dit-elle, n’est pas réformable. Il doit être vaincu. “Je suis de gauche, d’une gauche conséquente et sans faille”, ajoute-t-elle. Elle milite pour un parti
qui s’appelait autrefois SED [Parti communiste est-allemand, à l’époque de la RDA], puis SED-PDS [SED-Parti du socialisme démocratique, après la chute du Mur], puis PDS, puis Linkspartei-PDS [Parti
de gauche-PDS]. Aujourd’hui, il a pour nom Die Linke [La Gauche, depuis le 16 juin 2007, date de sa fusion avec l’Alternative électorale pour le travail et la justice sociale (WASG), regroupant
des militants de l’Ouest]. Il s’est dépouillé de ses anciens noms pour tirer un trait sur le passé, mais Jelpke est restée là où elle a toujours été : très à gauche. Elle appartient aux membres
fondateurs de sa formation, elle a contribué à édifier Die Linke à l’Ouest. Lors des prochaines législatives [du 27 septembre], elle se présente en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, où elle est à peu
près sûre d’être réélue. A ses côtés se tiennent d’autres camarades des jours d’antan, d’anciens membres du Parti communiste ouest-allemand (DKP), des fans de Cuba, de l’Amérique latine, de Che
Guevara, mais aussi d’anciens Verts et d’ex-sociaux-démocrates, sécessionnistes tardifs qui jugeaient leur parti trop rangé. Etonnant regroupement d’individus qui depuis des décennies rêvent d’un
“changement de système” et qui sont aujourd’hui heureux d’avoir enfin trouvé un nouveau parti qu’ils peuvent transformer en vecteur de leurs rêves d’un monde meilleur. Sans ces vétérans de la
révolution, Die Linke n’existerait pas à l’Ouest, ce qui est justement le problème aux yeux des chefs du parti à Berlin. Car les forces de progrès à l’Ouest sont fort différentes des cadres de l’est
du pays qui ont jusque-là conféré son orientation et son image à la formation de gauche. Le cadre classique à l’Est est foncièrement conservateur, il a la culture politique d’un parti majoritaire
– qui fut durant quarante ans la force dominante dans son secteur – et il n’entend pas y renoncer. De son point de vue, le parti doit reprendre le pouvoir comme avant. Le militant de
l’Ouest, lui, porte le stigmate du minoritaire, ce qui le rend légèrement déjanté et peu apte au compromis. Deux cultures s’affrontent ainsi dans un combat qui semble avoir échappé à tout contrôle.
Tandis que Gregor Gysi [président du groupe parlementaire Die Linke au Bundestag] et Oskar Lafontaine vantent Die Linke comme la solution à tous les problèmes, tels deux camelots louant les avantages
d’un costume infroissable, les deux ailes se battent pour asseoir leur domination sur le parti. En fait, il faudrait plutôt parler de deux partis, voire de deux et demi. Il y a le “parti un”,
fortement ancré dans la société, pragmatique, qui a l’expérience du gouvernement, majoritairement représenté à l’Est. En face, le “parti deux”, dissident et clientéliste, que l’on rencontre
essentiellement à l’Ouest. A quoi il faut ajouter le parti de Lafontaine, dans la Sarre [où il a fait une remarquable percée aux élections régionales du 30 août, (voirCI n° 983, du 3 septembre 2009)].
Les partis un et deux se sont entre-déchirés afin de déterminer lequel était l’incarnation de Die Linke. Ceux de l’Ouest considèrent que les Ossis [Allemands de l’Est] sont trop prudents, voire sont
des couards et des hypocrites, corrompus par leur participation au pouvoir dans les Länder de l’Est ou par leur désir d’y accéder [voir carte]. Ceux de l’Est, eux, voient dans les Wessis
[Allemands de l’Ouest] des idéologues butés, pour ne pas dire des ennemis de la Constitution, en tout cas dans les franges radicales.
Vu de l’extérieur, on a le sentiment que Die Linke vole de victoire en victoire et que le parti va à terme devenir incontournable. Mais plus on s’en approche, plus on a l’impression d’un biotope
bigarré et parsemé d’un nombre infini d’îles et îlots disparates. On y trouve tant de coalitions, de groupes de travail et de courants que, parfois, les membres perdent eux-mêmes la vue d’ensemble.
Quelle différence y a-t-il entre la gauche socialiste et la gauche anticapitaliste ? Ulla Jelpke, l’anticapitaliste, n’en sait rien elle-même. Peut-être n’y en a-t-il aucune.
Unifier le parti est difficile, mais l’entreprise pourrait réussir
A 58 ans, Ulla Jelpke ne baisse pas les bras. Quand, dans les années 1980, les Verts ont commencé à lui paraître trop consensuels, elle a quitté le parti. Et, si Die Linke devenait un jour comme
les écologistes, elle ferait de même. Après la réunification, elle est entrée au Bundestag avec l’étiquette PDS. Elle prône la dissolution de l’OTAN et la nationalisation des banques et des
“industries clés” – et la députée Jelpke a le sentiment de n’avoir jamais été si près du but.
A Hamm [ville moyenne de Westphalie, dirigée par la CDU], sur le quai de la gare, un homme s’approche d’elle pour lui vendre un journal pour les sans-abri. Elle l’a déjà, dit-elle, et elle se
détourne. Les gens comme lui, elle les surnomme les “Hartzies”. En Allemagne, on recense près de 5 millions de bénéficiaires de “Hartz-IV” [chômeurs allocataires de l’aide sociale]. Ils sont
faits pour s’entendre, le parti et les Hartzies. Les radicaux réclament la suppression totale de la mesure [réforme néolibérale du gouvernement Schröder, inspirée par Peter Hartz, ancien directeur du
personnel de Volkswagen].
Au niveau régional et fédéral, les extrémistes font grincer des dents les responsables. Pour ces derniers, Die Linke doit rester, aussi longtemps que possible, l’écran sur lequel le plus grand nombre
de gens puissent projeter toutes les formes de malaise possibles. L’objectif est flou, l’orientation aussi. A l’Est, le parti un, fort de sa base populaire, voudrait également toucher les couches
moyennes. A l’Ouest, le parti deux courtise les précaires, ce qui lui donne un avantage sur le SPD et les Verts. En Rhénanie-du-Nord-Westphalie, il est crédité, pour les élections au Bundestag, de
6 % à 7 % des intentions de vote.
Afin d’éviter que ne se répande l’image d’un conglomérat de courants, de groupuscules et de militants atomisés, Gregor Gysi cherche depuis des mois à calmer le jeu et à unifier ses troupes. Une
entreprise délicate mais qui pourrait réussir. Lors du dernier congrès, qui s’est tenu en juin à Berlin, les délégués ont respecté un armistice. Gysi, avec son talent d’orateur, a tenu un discours
sur l’unité qui lui a valu une standing ovation.
Avec ou sans le NPA, le Front de gauche s'organise pour 2010
La guerre des faux-semblants continue entre le PCF et le NPA. Lundi 28 septembre, le parti d'Olivier Besancenot convie le PCF, le Parti
de gauche, la Fédération, les Alternatifs, mais aussi Lutte ouvrière et... le Parti communiste des ouvriers de France (ex-maoïstes) à préparer les élections régionales. Pour le PCF, pas question de
lui laisser le flambeau de l'unité : vendredi, les amis de Marie-George Buffet ont rendu public une déclaration commune avec le Parti de gauche et la Gauche unitaire,
annonçant que leur alliance pour mars 2010 est d'ores et déjà scellée.
Le texte était dans les tuyaux depuis la Fête de L'Humanité mais Jean-Luc Mélenchon, soucieux de ne pas s'engager trop vite alors que Mme Buffet
entretenait le flou sur sa stratégie en recevant Martine Aubry en majesté, avait refusé de le signer. Ses exigences ont, depuis, été satisfaites. La déclaration commune
annonce ainsi la création d'un "comité de liaison permanent" du Front de gauche - alliance électorale issue des européennes - chargé d'élaborer au plus vite "une plate-forme
partagée" et d'"enraciner le Front de gauche dans la durée".
"Rassemblement"
Pour Mme Buffet, il s'agit de montrer, alors que la direction du NPA continue à faire la fine bouche, que la priorité c'est le "rassemblement" avec ses partenaires des
européennes. Pour enfoncer le clou, les signataires annoncent même la tenue de ce "comité de liaison" dès la semaine prochaine.
L'accord avec le NPA semble, lui, plus hypothétique. Affichant toujours une "volonté d'unité", sa direction multiplie les signes inverses. Dimanche, elle a durci ses conditions de ralliement - en
excluant toute participation à un exécutif régional avec le PS et les Verts. Et lundi, elle envisageait, dans un projet de "communiqué commun" déjà rédigé, de demander qu'un éventuel accord
électoral de listes autonomes au premier tour soit appliqué dans les vingt-deux régions de l'Hexagone. Une manière de poser une condition difficilement acceptable par le PCF qui, s'il dit vouloir
dans une majorité de régions présenter le Front de gauche, a prévu dans quelques cas, comme en Bretagne, Pays de la Loire ou les Ardennes, de s'allier dès le premier tour avec le PS. "Ce n'est
pas très bien parti", commente Pierre Laurent, numéro deux du PCF.
Ces négociations en trompe- l'oeil se déroulent alors qu'au sein du PCF une autre bataille, plus sourde, se mène sur la désignation des têtes de liste. Ainsi en Ile-de-France, la candidature de
Patrick Braouezec rencontre de fortes réticences de Mme Buffet. Difficile d'envisager de laisser un opposant de longue date conduire la liste dans "sa"
région.
Depuis quelques jours, le nom de Pierre Laurent est avancé comme celui qui "peut rassembler les communistes". Mais la partie est compliquée : M. Braouezec, député de Seine-Saint-Denis,
dispose d'une notoriété certaine parmi les élus. "Beaucoup considèrent que sa candidature est légitime ", assure Daniel Brunel, vice-président du conseil
régional. Mais "attention de ne pas nous faire le coup de la présidentielle où le PCF a décidé seul, sans tenir compte de ses partenaires". Décidément, l'unité est un combat.
Communiqué commun des Alternatifs et du Parti de Gauche
Des délégations du Parti de Gauche et des Alternatifs se sont rencontrées le mercredi 23 septembre. Le long échange entre les deux délégations a, pour l'essentiel, porté sur la construction d'un
front commun durable des gauches antilibérale et anticapitaliste et de l'écologie radicale.
Les Alternatifs et le Parti de Gauche agissent pour la construction de ce front large, dans les mobilisations écologiques, sociales, démocratiques, et dans les urnes, pour s'opposer dans un premier
temps à la Droite à Sarkozy et au MEDEF et mettre en place les conditions pour les battre. Pour atteindre cet objectif il faut mettre un terme à gauche à l'hégémonie du social
libéralisme. Les deux organisations sont particulièrement vigilantes face au risque de constitution d'un centre gauche autour du PS, du MODEM et d'alliance type Europe-Ecologie.
Dans la perspective des élections régionales de 2010, le Parti de Gauche et les Alternatifs sont favorables :
- au premier tour à des listes de large rassemblement de la gauche de transformation sociale et écologique, sur la base d'une plate forme politique commune pour une gestion des régions
alternative au libéralisme et au productivisme.
- à un accord national pour constituer ces listes, représentatives de la diversité politique et sociale du rassemblement et indépendantes du Parti Socialiste et des listes de type Europe
Ecologie.
Le Parti de Gauche place cette stratégie dans la continuité du Front de Gauche qu'il espère voir perdurer, et s'élargir, pour les régionales puis les présidentielles et les législatives. Il s'agit
pour lui d'un acquis et d'un outil pour tous ceux qui partagent cet objectif et, pour lui, les Alternatifs pourraient manifestement en faire partie. Le Parti de gauche aspire pour les Régionales à
des listes larges unissant l'ensemble du Front de gauche et des partis de l'autre gauche qui n'en sont pas.
Les Alternatifs sont favorables à un front commun durable de toute la gauche de transformation sociale et écologique et de l'écologie radicale.
Au second tour, le Parti de Gauche et les Alternatifs se prononcent en préalable pour la fusion démocratique des listes de la gauche de gauche avec celles du PS, des Verts-Régions Ecologie, et des
autres listes de gauche.
Cette fusion démocratique a pour objectif de battre la Droite et d'assurer la présence de la gauche de transformation sociale et écologique et de l'écologie radicale, dans les Conseils
régionaux.
Mais les Alternatifs et le Parti de Gauche se présentent à ces élections avec la volonté d'appliquer les mesures de ruptures que portera le programme de "l'autre gauche". En conséquence, la
participation à des exécutifs sera conditionnée aux rapports de forces et aux contenus d'une politique de rupture avec le libéralisme et le productivisme et à l'exclusion de toute alliance avec
le Modem.
Les conditions et la possibilité de sa mise en oeuvre aux prochaines régionales restent en débat au sein des Alternatifs.
C'est avec la volonté d'aboutir à un accord politique pour les élections régionales, première étape d'un front commun durable, que les Alternatifs et le Parti de Gauche participeront à la réunion de
toutes les forces de la gauche antilibérale et anticapitaliste du lundi 28 septembre.
Les deux organisations agiront pour que cette réunion permette d'engager, sans autre préalable, notamment sur la question des exécutifs, un débat et un travail unitaires :
- tout d'abord sur les contenus d'une politique en rupture avec la logique du système capitaliste et productiviste pour les régions,
- pour des démarches et propositions communes au service des mobilisations populaires
- plus globalement sur un calendrier qui permettra d'organiser les discussions sur tous les points à régler pour trouver un accord, y compris la démarche stratégique permettant de construire l'unité
de la gauche de gauche et de l' écologie radicale.
Plans de licenciements, dégradation constante des conditions de travail, retour aux super bonus : le capitalisme financiarisé garde le cap.
La première réponse, c’est la mobilisation sociale. Unité, auto-organisation, convergence , sont les conditions de son succès.
Après la manifestation des entreprises en lutte le 17, il faut développer l’action pour ne laisser aucun secteur isolé. Les Alternatifs et le NPA seront parties prenantes des initiatives dans ce
sens, notamment des marches contre le chômage et les précarités de la fin de l’année. Ils participeront aussi aux mobilisations contre la privatisation de la Poste, la destruction du système de Santé
public, les attaques contre la Sécurité sociale, ainsi qu’aux journées des 7 et 22 octobre afin qu’elles soient des étapes vers la généralisation des luttes.
Le NPA et les Alternatifs soutiennent la manifestation nationale pour les droits des femmes du 17 octobre, et se retrouveront ensemble dans les combats écologiques, notamment au rassemblement
antinucléaire de Colmar les 3 et 4 octobre, et, à Copenhague en décembre, pour la mobilisation écologiste et altermondialiste contre le réchauffement climatique.
Pour le soutien à toutes ces mobilisations, NPA et Alternatifs défendent la mise en place de cadres unitaires larges rassemblant toutes les forces se réclamant de la défense des intérêts du monde
du travail, de la gauche et de l’écologie de gauche.
Mais les divergences avec l’orientation social-libérale du PS interdisent à nos deux organisations de participer à des ateliers programmatiques communs visant à des alliances stratégiques et
électorales avec ce parti au moment même où ce dernier recherche l’alliance avec le MODEM.
Le NPA et les Alternatifs se prononcent pour un rassemblement durable, dans les mobilisations comme dans les urnes, d’une gauche de transformation sociale et écologique, regroupant antilibéraux et
anticapitalistes pour une alternative au capitalisme et au productivisme.
Cette démarche vaut pour les élections régionales à venir. Elles peuvent être l’occasion de faire un pas en avant pour, ensemble, porter les exigences des travailleurs et des classes populaires,
dire « non, nous ne payerons pas les frais de leur crise » et contribuer ainsi à encourager, renforcer l’unité contre la droite et le patronat pour changer le rapport de force.
Au premier tour, Alternatifs et NPA défendent la perspective d’un accord national pour des listes communes de la gauche et de l’écologie radicales, sur la base d’une plate- forme et de
propositions communes, listes indépendantes du PS.
Au second tour ces listes défendent une fusion démocratique avec les autres listes se réclamant de la gauche et celles des Verts, afin de battre la Droite et de faire entrer dans les conseils
régionaux des élu-e-s au service des mobilisations et porteurs de propositions alternatives. Une telle démarche exclut des accords avec des listes intégrant le MODEM.
Pour les Alternatifs, la question de la participation à des exécutifs, en débat en leur sein et à débattre entre toutes les composantes des listes unitaires de la gauche de gauche et de l’écologie
radicale présentées au premier tour, est en tout état de cause conditionnée aux rapports de forces et aux contenus programmatiques.
Pour le NPA, le bilan du Parti socialiste dans les régions qu’il gérait, la nécessaire indépendance vis-à-vis de ce dernier afin de préserver sa liberté de parole, de vote et d’action pour que nos
élu-e-s soient les porte-parole fidèles de la population, impliquent le refus de cette participation.
Le NPA et les Alternatifs seront partie prenante de la mise en place d’un cadre d’élaboration commun à toute la gauche de transformation sociale et écologique, dont la première réunion aura lieu
le lundi 28 septembre et se réjouissent de l’écho de cette initiative.
Ils agiront pour que ce cadre préfigure un rassemblement durable, dans les luttes comme dans les urnes.
Le NPA dicte ses conditions
Régionales . Le parti ne participera pas aux exécutifs avec le PS.
Fini le temps, pas si lointain, où le NPA dissociait ce qu’il nomme la « séquence sociale » et la « séquence politique ». Dès ce week-end, son conseil politique national a tenu
à préciser son positionnement sur les régionales de 2010.
Le NPA se déclare prêt à un accord national sur une plate-forme avec les « forces antilibérales et anticapitalistes » dès le premier tour des élections, à condition que les listes se
forment non seulement « dans l’indépendance vis-à-vis du PS et des Verts », mais qu’elles refusent « de participer à tout exécutif de région avec eux ». Une exigence que Christian
Picquet, porte-parole de la Gauche unitaire (issue du NPA), qualifie de « faux prétexte » consistant à « se dérober à l’unité, selon la procédure qui l’a déjà amené au cavalier seul
des européennes ».
Le parti d’Olivier Besancenot ne souhaite pas trancher dès à présent son positionnement sur le deuxième tour, estimant que « c’est une question tactique qui dépend des rapports de forces,
notamment des résultats du premier tour », note la motion présentée aux membres de l’instance dirigeante. Toutefois, il entend mener « une bataille en direction du PS et des Verts pour
qu’un accord puisse être conclu entre les deux tours ». Une alliance qui, répète-t-on, ne serait pas constituée sur « la base d’un accord programmatique de gestion des régions avec ces
partis ».
Cette démarche ne semble pas négociable auprès du Front de gauche. Si elle échoue, le NPA se tournerait vers les « militants associatifs, syndicaux, politiques qui se reconnaissent dans
l’orientation que nous défendons ». D’ores et déjà, une feuille de route est dispensée dans l’éventualité d’une campagne électorale sous les seules couleurs du NPA.
Les débats politiques à la fête de l’Humanité entre les différentes organisations de gauche ont
éclairé rapprochements divergences sur les questions essentielles : l’unité dans la riposte à Sarkozy et la préparation des élections régionales.
Si on s'en tient aux appréciations de nos médias, le bilan de la fête de l'Humanité se résumerait
à l'accueil hostile des participants aux ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, et du Budget, Eric Woerth. Il n'y a que nos ministres et nos médias aux ordres pour s'en
étonner.
Bien sûr le bilan politique n'est pas là, mais au coeur des discussions concernant la nécessaire riposte
à la politique de Sarkozy, la question d'un projet politique répondant aux besoins sociaux face à la crise ou les prochaines échéances électorales.
Ces sujets ont traversé les débats, tant celui de l'agora, samedi après-midi, que celui organisé
par le Parti de gauche à son stand. Le premier, regroupait la plupart des organisations de la gauche politique, des dirigeants syndicaux et Attac. Le deuxième se déroulait entre les partis de la
gauche radicale et antilibérale. Parmi les nombreux participants, l'aspiration à l'unité était réelle et bien légitime. Comment comprendre en effet que face aux mauvais coups de la droite, un front
unitaire de la gauche politique et sociale ne puisse se constituer ? L'initiative sur la Poste a été mise en avant par les syndicalistes présents et par des dirigeants politiques du PS par exemple.
Mais force est de constater que la proposition du NPA de se retrouver aujourd'hui au sein de cadres unitaires pour s'opposer aux mesures du pouvoir et pour soutenir efficacement les luttes n'a pas
suscité un franc enthousiasme parmi les dirigeants présents. Des déclarations d'intention, mais pas de réponses concrètes.
Mais le bilan politique de cette fête de l'Huma est surtout sans surprise. Un Front de gauche lézardé
avec, d'un côté, un PCF proposant des ateliers à toute la gauche incluant le PS et, de l’autre, un PG favorable à des discussions avec les partis à gauche du PS. Le PCF persiste dans son exigence de
« contenu » politique pour faire oublier celle du NPA qui est d’avoir des listes indépendantes du PS aux prochaines régionales sur l'ensemble du territoire. Le PG favorable aussi à un
accord national avec le même type de listes, tout comme pour les Alternatifs et la Fédération, élude pour l'instant la question de la gestion des régions.
Sur cette question du front électoral l'aspiration à l'unité est également forte. Mais il ne
suffit pas de « surfer » dessus pour occulter les vrais problèmes : la stratégie électorale du PCF apparaît à l'heure actuelle à géométrie variable (Marie-George Buffet parle de fronts de
gauche, au pluriel). L'accueil très chaleureux de Martine Aubry, annonçant la participation aux ateliers du PCF, est symptomatique d'un certain « penchant » pour les élections à
venir.
Les Verts ont confirmé leur volonté d'y aller seuls, gonflés par les derniers résultats
d'Europe écologie. Du côté de LO, rien de nouveau, on poursuit la route en solitaire.
Le NPA quant à lui a réaffirmé sa volonté politique de travailler à un front uni
dans les luttes et pour les régionales, la nécessité de constituer des listes indépendantes du PS, portant un projet de rupture avec le système pour les régions, en refusant de gérer ces
dernières avec les tenants du social-libéralisme. A sa proposition de se retrouver rapidement, d'ores et déjà les Alternatifs, la Fédération, le PG et le PCF ont répondu
positivement.
Les grandes manœuvres ont commencé. François Bayrou vient de faire un pas, prudent mais décisif, en direction du PS. Loin de rejeter l'offre esquissée dès la fin de l'été par Vincent
Peillon, Daniel Cohn-Bendit et Marielle de Sarnez, de La Rochelle à la fête de l'Huma, Martine Aubry lui fait écho.
Les accords électoraux entre le PS et le Modem se multiplient depuis quelques mois, voire années. Nombre de villes et de
régions sont cogérées par leurs responsables locaux. C'est aussi un calcul purement électoral, car le PS et le Modem pensent que sans s'allier, ils auront le plus grand mal à battre Sarkozy, aux
régionales puis en 2012.
C'est enfin la conclusion logique d'une convergence programmatique de plus en plus évidente. La dérive sans fin vers la
droite des dirigeants socialistes les amène à naviguer dans les même eaux que le centre-droit. Le programme du Modem est désormais « socialo-compatible ».
Le fait que la lutte des places vers l'Elysée complique le jeu n'y change rien. Les régionales constitueront sans doute
un laboratoire de l'alliance au centre.
Ce glissement à droite sonne l'heure des choix pour la gauche radicale. Le ras-le-bol de Sarkozy peut offrir nombre de
supporters au pragmatisme électoral rose-vert-orange. Accepter de rester dans le giron du PS revient, à coup sûr, à se laisser entraîner dans le piège. C'est un aller sans retour vers la soumission
aux classes dominantes, d'autant plus impardonnable que l'on a vu ce que cette politique a donné en Italie. Une alliance de centre-gauche, incluant le Parti de la refondation communiste (PRC), a
battu Berlusconi, puis mené une politique de droite, antisociale et militariste, qui a préparé la voie à Berlusconi II. Résultat, il n'y a aujourd'hui plus un seul député de gauche au Parlement
italien et le PRC ne s'en est pas relevé.
Dans la continuité de ses propositions unitaires, adoptées à une très large majorité lors de son congrès fondateur, le
NPA poursuit sa recherche d'accords sur des bases solides. Les difficultés actuelles dans lesquelles se débat le Front de gauche sont significatives. En refusant de clarifier sur le rapport au PS, le
Front de gauche a, certes, pu tenir aux européennes, élection sans second tour et qui laisse aux élus au Parlement européen leur liberté de vote. Mais c'est pour mieux se fissurer dès le lendemain de
celles-ci. Jean-Luc Mélenchon martèle qu'il ne veut pas de « comité permanent avec le PS », qu'il ne croit pas « que ce soit le moment d'une plate-forme
partagée » avec celui-ci, estimant que « l'autonomie au premier tour vis-à-vis du PS est fondamentale » et que si « le Front doit s'élargir », c'est en
direction du NPA. Marie-George Buffet, pour le PCF, défend une autre politique, qui vise à ouvrir le Front de gauche, y compris au PS. Les dirigeants communistes font passer la frontière de leur
politique unitaire entre la gauche et le Modem. Ils refusent de voir que le seul projet politique commun possible avec le PS, c'est le sien, un projet vu et revu dans les différentes moutures de
gouvernement d'union de la gauche, des grandes villes au régions, des départements au gouvernement. Il n'y a pas de programme commun entre ceux qui veulent gérer le système et ceux qui veulent la
rupture.
Il n'est pas question pour le NPA de se lancer dans les ateliers communs avec le PS, proposés par Buffet et
acceptés par Aubry. Il y une autre voie, dont le maître mot est l'indépendance vis-à-vis du PS, dans les élections comme dans les institutions. En application du mandat exploratoire pour un éventuel
accord unitaire, voté par le congrès de fondation et précisé par le CPN de juin, l'exécutif du NPA vient d'inviter le PCF, le PG, LO, les Alternatifs et la Fédération à une rencontre nationale. Au
menu, d'abord, les luttes : travail du dimanche, retraites, forfait hospitalier, licenciements... Les sujets ne manquent pas pour chercher à infliger une défaite sociale à la droite et aux patrons.
Que pouvons-nous faire ensemble pour la favoriser ? C'est d'abord cela qui nous motive. Nous parlerons aussi des régionales. Il faut un accord national et des listes d'alliance de la gauche radicale
dans toutes les régions, sur la base d'un programme d'urgence répondant aux aspirations sociales et aux exigences écologiques. Que la discussion commence !
Régionales, présidentielles, législatives : faire front avec l'autre Gauche
Compte rendu du Débat du 12 septembre sur le stand du PG à la fête de l'Humanité
Samedi après-midi, sur le stand bondé du PG, des représentants de l'autre gauche ont débattu de la proposition dite du «Paquet»: se présenter unis aux trois élections régionales, législatives et
présidentielles.
Selon Eric Coquerel, chargé d'introduire le débat, les primaires et l'alliance avec le Modem risquent de conduire à la disparition de la gauche. C'est pourquoi le PG a proposé ce Paquet.
Le but de ce débat n'est pas de mettre les organisations au pied du mur en les sommant de répondre, mais de dégager les éléments de la discussion.
Jean-Jacques Boislaroussie, pour la Fédération et Les Alternatifs, fait valoir que «séparées, les forces de gauche ne sont pas en capacité de briser le duel
entre le Parti socialiste et la droite». Il faut construire un cadre unitaire au sommet et à la base, puis dégager un corps de
proposition commun. Pour les élections régionales, Jean-Jacques Boislaroussie prône une union indépendante du PS au 1er tour - la divergence stratégique étant profonde entre les
socialistes et l'autre gauche - et des fusions démocratiques au second tour - afin de ne laisser aucune chance à la droite. Les Alternatifs ne font pas de la participation aux exécutifs une question
identitaire, et débattent encore de cette question.
Christian Picquet, porte parole de la gauche unitaire, déplore que les exigences majoritaires des mobilisations populaires ne trouvent pas de débouché politique,
même si la dynamique politique de la campagne des européennes a conduit au succès électoral du 7 juin. Il invite donc, au sein d'un Front de Gauche élargi, à travailler au contenu d'une plate
forme de rupture avec le capitalisme. Les orientations de la gauche de gauche pouvant être majoritaires au sein de la gauche au premier tour, il faut porter la confrontation entre les deux
gauches devant le peuple. Au deuxième tour, Christian Picquet appelle à fusionner l'ensemble des listes de gauche, sur la base du rapport de force du premier tour et en indépendance totale du Modem.
Et de conclure: «Fou serait celui qui prendrait la responsabilité de briser l'espoir qui commence à se lever dans le pays. Le Front de Gauche peut se pérenniser et s'élargir».
Pour Pierre François Grond, membre de l'exécutif du NPA, la crise du capitalisme s'accompagne d'une crise du mouvement ouvrier. Le centre gauche fait une
politique de droite. Au 1er tour, il faut donc être indépendant de l'orientation de la direction du Parti socialiste, et, au second tour, prendre la responsabilité de battre la droite.
Mais, les deux gauches étant «programmatiquement irréconciliables», Pierre François Grond résume ainsi la position du NPA: «Une fusion démocratique, oui! Une fusion
programmatique, non!». Il conclut: «Si on arrive à se réunir vite et à être utiles dans les mobilisations, on peut aller ensemble plus loin que 2012
encore!»
Pierre Laurent, Président de la coordination nationale du PCF, se demande comment aller vers des victoires autrement plus importantes que la promesse que le
Front de Gauche a réussi à créer lors des élections européennes. Le spectacle d'une gauche impossible de se fédérer est organisépar Sarko; cela oblige la gauche à travailler en toute circonstance à
la construction de majorité d'idées, d'actions et de projet. Pierre Laurent nous assure que le «choix de construire le Front de Gauche n'est pas un choix de circonstances pour le parti
communiste, mais un choix durable.Le PCF est déterminé à poursuivre dans ce chemin là sans aucune ambigüité», avec la volonté d'élargir le Front de Gauche. Mais il faut se
donner une ambition plus grande que les fusions techniques; il faut devenir majoritaire au sein de la gauche : «Nous ne sommes pas là pour compter les points entre la droite et
une gauche sociale-libérale; nous voulons créer des majorités pour mener des politiques alternatives. Je crois que nous pouvons y arriver!»
Jean-Luc Mélenchon, Président du Parti de Gauche, nous exhorte à être «à la hauteur du mouvement révolutionnaire français». La question des exécutifs
des régions est certes importante, mais il en est d'autres... Le score de Die Linke aux prochaines législatives allemandes, l'issue du nouveau référendum sur la Constitution européenne en Irlande, le
coup d'État au Honduras, la confrontation électorale entre les deux gauches au Chili au mois de décembre prochain... Nous sommes là pour «changer l'histoire, c'est à cette hauteur qu'il faut
mettre notre ambition!».
L'objectif du Front de gauche est de conquérir la majorité à gauche, de mener la gauche, d'être devant.
Du point de vue de la construction d'un nouveau leadership à gauche, il faut donc que nous soyons autonomes au 1er tour. Pas un Français ne croit qu'on manque d'idées à propos de la
politique que nous voulons appliquer. Le parti de gauche a proposé: le partage des richesses, la refondation républicaine de la France, la sortie du Traité de Lisbonne. Le Front de
Gauche doit certes être élargi, mais il n'est pas élargissable au PS. Les listes autonomes au premier tour sont une manière de mobiliser le plus largement possible la gauche, pour affronter ensuite
la droite.
Au second tour d'une élection, «nous aiderons les socialistes là où ils en auront besoin, et VICE VERSA!!» Jean-Luc admet que la question des exécutifs reste à régler; il est «du point
de vue qu'il veut que les points de vue avancent!»
Jean-Luc Mélenchon explicite les avantages du «Paquet». Mettre l'ensemble des élections dans la bataille permet à chacun de comprendre que, quand il met son bulletin dans l'urne, c'est pour trois
élections. C'est un moyen de contourner cette «maudite présidentielle». Chacun, dans le respect des règles internes de son parti, pourrait consulter ses adhérents sur le Paquet - puisque
cette proposition n'a pas été soumise lors du dernier congrès des différentes organisations.
Pour conclure, Jean-Luc Mélenchon nous invite à faire preuve de volontarisme: «Ayons de l'ambition! Tout ça, ça marche, à la condition qu'on veuille que ça marche! Il faut qu'on en sorte par
le haut, et on en sortira par le haut, en se fixant de grands objectifs.»
Alliances à gauche:
la fête de l'Huma réveille le débat
La première secrétaire du PS Martine Aubry a accepté la proposition de la numéro un du PCF Marie-George Buffet de lancer un "débat d'idées" sur "le
projet". Provoquant des crispations à la gauche de la gauche.
Martine Aubry, Claude Bartolone et Jean-Luc Mélenchon à leur arrivée le 13 septembre 2009 à la Fête de l'Humanité à La Courneuve (AFP Miguel Medina)
La 74e Fête de L'Humanité a été l'occasion pour Marie-George Buffet (PCF) de lancer un appel à toute la gauche pour un "débat d'idées" sur "le projet", une proposition acceptée par Martine Aubry
(PS) qui a provoqué des crispations à la gauche de la gauche.
Samedi, devant Claude Bartolone (PS), Cécile Duflot (Verts), Jean-Luc Mélenchon (Parti de Gauche), Arlette Laguiller et Nathalie Arthaud (LO), la numéro un communiste a proposé à tous les partis
de gauche de devenir "partie prenante d'un immense débat d'idées pour l'émergence" d'un "projet", via la tenue d'ateliers ouverts à tous.
Dimanche, la patronne du PS, Martine Aubry, a répondu présent. "La priorité, c'est le rassemblement de la gauche (...), tous les socialistes sont d'accord là-dessus", a-t-elle déclaré sur le stand
du PCF, après un passage dans les allées de la Fête de La Courneuve où des militants lui lançaient "à gauche, vraiment à gauche!", "pas d'union avec le MoDem!".
"Si François Bayrou dit qu'il n'est plus de droite, je n'ai pas encore pu vérifier qu'il était à gauche", a-t-elle répondu.
"Se tourner vers le MoDem", c'est "aller droit à la défaite", a renchéri Mme Buffet, alors que l'ex-numéro un du PCF Robert Hue s'est affiché fin août avec Vincent Peillon (PS), Daniel Cohn-Bendit
(Europe-Ecologie) et Marielle de Sarnez (MoDem).
"Marie-George a appelé à un grand rassemblement de la gauche. Nous y sommes prêts", a poursuivi Mme Aubry, parlant de "calendrier d'actions communes", notamment sur la défense de La Poste,
l'emploi ou la préparation du sommet sur le climat de Copenhague.
Le PS participera également aux ateliers thématiques sur le "projet", proposés par le PCF qui souhaite les co-organiser avec ses partenaires du Front de gauche (Parti de Gauche, Gauche unitaire)
en octobre. Le PCF, qui a "vocation à créer des majorités de gauche" dans les exécutifs régionaux, souhaite trouver des "plateformes partagées", a précisé Mme Buffet.
Un point qui chiffonne le reste de la gauche radicale. "On ne veut pas de plateformes partagées avec le PS", a prévenu l'allié des européennes, Jean-Luc Mélenchon (PG), tout en disant sa
"confiance" au PCF.
Olivier Besancenot (NPA), absent remarqué à la réception de Mme Buffet samedi, a répondu par la mise en place de "groupes de travail" réservés à la gauche radicale. "Pourquoi aller dans des
ateliers avec le PS pour constater nos désaccords?", fait valoir son bras-droit, Pierre-François Grond.
A six mois des régionales, Mme Buffet, dont le parti compte 185 conseillers régionaux, promet qu'une "offre politique nationale" sera proposée le 24 octobre par le PCF. Mais beaucoup pensent que
des "accords à la carte avec le PS" se feront au premier tour.
Pour le Parti de Gauche, qui réclame, comme le NPA, l'autonomie au premier tour avant des "fusions techniques" avec le PS au second, un tel scénario ne serait toutefois "pas un motif de fâcherie"
avec le PCF, assure-t-on.
Cette année, la Fête de L'Humanité, avec en vedette le très engagé Manu Chao, a battu un "record" d'affluence, avec 600.000 personnes (+20% par rapport à 2008), selon le directeur du journal
communiste, Patrick Le Hyaric.
Pour l'eurodéputé PCF, élu en juin en Ile-de-France sur les listes Front de gauche, "dans un monde où domine l'argent-roi, les gens ont envie de se retrouver, d'échanger dans la solidarité et la
fraternité, et se trouver ensemble dans le débat".
Vers l’unité de l’autre gauche. Déclarations du PG et du NPA
09/09/2009
Je vous invite à lire les déclarations que viennent de rendre public le Parti de Gauche, d’une part, et le NPA, d’autre part - elles sont
disponible respectivement sur leur site.
Le PG rappelle son horizon stratégique : changer les rapports de force à gauche, construire des majorités qui permettent de rompre avec la logique capitaliste et productiviste. Pour cela, une
méthode : le rassemblement de l’autre gauche. Le PG plaide pour un élargissement du Front de Gauche mais certainement pas en direction du PS… Cette précision s’adresse au PCF qui, lors de sa dernière
réunion nationale, a laissé plané le doute sur les alliances ou non de premier tour aux régionales avec le PS et a surtout proposé d’ouvrir les ateliers de travail du Front de Gauche au PS. Comme
rien n’est encore réellement tranché chez les communistes, le PG entend ainsi rappeler à ses partenaires sa conception du Front de Gauche. Il propose également un”paquet” jusqu’en 2012, c’est-à-dire
de rendre durable l’unité de toutes les forces à la gauche du PS. L’analyse politique et les options stratégiques contenues dans cette déclaration me semblent aller vraiment dans le bon sens.
Le NPA propose aux différents partenaires de la gauche radicale (PCF, PG, Fédération, Alternatifs, LO) de se mettre concrètement au travail sans attendre dans le cadre d’ateliers. Face à la
recomposition au centre d’une grande partie de la gauche qui accepte la main tendue de Bayrou, le NPA dit l’urgence à ce que toute l’autre gauche se rassemble. A la bonne heure… Le préalable à nos
discussions devrait d’ailleurs être l’obligation à s’entendre ; c’est l’impérieuse responsabilité que nous avons dans cette période de trouble politique, de recomposition, de crises.
C’est lent, trop lent à mon goût, mais ça bouge. Vu de plus loin, nos histoires doivent sembler un peu ridicule, vaines, loin des préoccupations centrales immédiates de la majeure partie des gens,
nous devons donner l’impression de ne pas sortir de nos postures tactiques. Et pourtant, cette phase est presqu’incontournable. tant que nous n’aurons pas résolu les conditions d’une alliance large
et durable de l’autre gauche, nous n’arriverons pas à être efficace, à porter un espoir et des solutions au plus grand nombre. Il faut donc en passer par-là… Pour y être quotidiennement mêler,
j’avoue que cela est parfois très pénible - j’ai ma boîte de Doliprane dans mon sac. Mais je sais que les recompositions prennent nécessairement du temps et que nous ne pouvons contourner cette
étape.
Je vous invite à lire ces textes… et à venir à la Fête de l’Humanité ce week-end ! La Fédération pour une alternative sociale et écologique aura son stand, avenue Louise Michel.
Les grandes manœuvres s’accélèrent vers un rassemblement de centre-gauche, qui marque le déplacement à droite d'une partie de la classe politique.
François Bayrou vient de répondre positivement à la dynamique lancée par Vincent Peillon et Daniel Cohn-Bendit à Marseille à la fin août. Comme le déclarait à cette réunion Marielle De Sarnez
(avec l’accord évident du président du Modem et sous les acclamations de l’assistance), « ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous divise». L'« offre publique de dialogue portant sur le
fond », faite par Bayrou, constitue le pas politique prudent mais décisif vers ce que Martine Aubry demandait à La Rochelle.
C'est exactement le même scénario qui a conduit à la catastrophe en Italie. Alliée au centriste Prodi, la gauche a d'abord battu Berlusconi puis déçu les attentes populaires, ouvrant la voie à
Berlusconi II. Aujourd'hui, il ne reste plus un seul député de gauche au parlement italien.
Attendre 2012 pour battre Sarkozy, puis mener une politique de droite qui prépare son retour n'est pas la bonne voie. Les élections régionales seront le laboratoire de cette stratégie qui
s'exprime déjà dans le renoncement à soutenir vigoureusement les luttes et à répondre aux aspirations des victimes de la crise.
Pour les forces qui se déclarent favorables à une rupture avec le capitalisme, c’est une nouvelle épreuve de vérité qui s’approche. Un doigt dans cette alliance sous prétexte de pragmatisme, et
c’est tout le corps qui y passera.
Le PCF a condamné cette stratégie, mais ouvre pourtant des discussions programmatiques avec le PS.
Il faut se prononcer clairement pour un rejet national, explicite, dans les 22 régions, de toute alliance de premier ou de second tour comprenant le Modem.
Pour la gauche radicale, c’est l’heure des choix, et l’attitude vis à vis de la stratégie de centre-gauche en sera un des révélateurs.
C’est aussi l’heure de la clarté. Il ne suffit pas de battre Sarkozy, il faut battre aussi sa politique dans la rue et dans les urnes.
C'est pourquoi, dans cet objectif, le NPA propose sans attendre au PCF, au PG, à LO, à la Fédération, aux Alternatifs de se rassembler.
Nous leur adressons aujourd'hui une invitation à une rencontre nationale unitaire de nos 5 mouvements pour la mise en place immédiate de groupes de travail communs permettant à la fois de
collaborer dans le soutien immédiat aux luttes et de préparer ensemble les régionales.
Le fondateur du Parti de gauche réaffirme sa volonté de présenter des listes du Front de gauche, autonomes du PS, au premier tour, et refuse de participer à un «comité permanent» avec
les socialistes.
LAURE EQUY
Jean-Luc Mélenchon, fondateur du Parti de Gauche et Marie-George Buffet, secrétaire nationale du PCF, lors du congrès du PG, le 31 janvier à Limeil-Brévannes. (AFP/ BORIS
HORVAT)
A quelques jours de la Fête de l’Humanité, ce week-end à la Courneuve, où le PCF fait traditionnellement sa rentrée, le billet posté par Jean-Luc Mélenchon - doublé d’un communiqué de son Parti de gauche - a bien vocation à mettre les points sur les i avec son partenaire du Front de gauche. Un titre qui ne trompe
pas: «Hum! ça cahote»...
L’eurodéputé y appelle la direction du PCF à lever une «ambiguité». Alors que le parti de Marie-George Buffet est favorable à l’installation d’un «comité permanent» du Front de gauche et
à «la mise au point d’une plateforme partagée», les communistes entendent aussi tenir des «ateliers avec la participation du PS», résume Mélenchon. A ces tables rondes thématiques
(banques, services publics, nouveaux modes de développement, sommet de Copenhague, démocratie des institutions, éducation), prévues dès la fin septembre, le PCF a, en effet, convié «toutes les
forces de gauche», PS compris. Lequel «a répondu favorablement à notre invitation», s’est réjoui Buffet, qui a rencontré mercredi dernier Martine Aubry et la croisera de nouveau
dimanche prochain, à la Fête de l’Huma.
«Assumer la compétition entre deux lignes»
Des relations PCF-PS cordiales qui font tiquer Mélenchon. «Il y a problème.» Le PG écartant l’idée de participer à une «plateforme» ou à un «comité
permanent» avec les socialistes. Un refus que Mélenchon justifie par l'attitude de ces derniers à l’égard du Modem et le pas de deux de François Bayrou, le week-end dernier. «Le PS
roule vers le Modem comme la rivière vers la mer», soupçonne-t-il. D’où cet avertissement: au cas où le PCF songerait à proposer à ses ex-camarades de la rue de Solférino de rejoindre le
rassemblement: «Pour nous, le PS n’a pas sa place dans le Front de Gauche.»
En demandant des précisions à son allié des européennes, Mélenchon assure ne pas vouloir «mettre au pied du mur» mais entend «pouvoir s’organiser en connaissance de cause». En
vue: les élections régionales. Sur son blog, le fondateur du PG, appelant à «assumer la compétition entre deux lignes à gauche», réaffirme sa statégie pour le scrutin de mars 2010: listes de
«l’autre gauche» totalement hérmétiques au PS, au premier tour, puis au second, «on se rassemble pour battre la droite», via «des fusions démocratiques».
«Paquet de trois élections sur trois ans»
Une «ambiguité» persistante risquerait, par ailleurs, de faire fuir le NPA, qui soupçonne justement le PCF d’être tenté de revenir dans le giron socialiste pour sauver ses élus régionaux.
Le contact avait fragilement repris, fin juin, entre le PG et le NPA, mais les discussions avaient été plus houleuses entre Besancenot et le PCF.
Mélenchon, lui, veut y croire: «Nous sommes certains qu’il existe de nombreux partenaires pour cette ligne. Le NPA, La fédération, combien de groupes localement se disent disponibles. Nous
pensons que les communistes le prendront en compte.» Et de se radoucir: «Nous voudrions mener cette nouvelle bataille la main dans la main» avec le PCF.
Si lui reste optimiste sur l’avenir du Front de gauche, le leader du PG, qui avait proposé un «paquet de 3 élections sur 3 ans», ne veut pas d’embrouilles: puisque la direction du PCF n’a
pas dit banco, il lui propose donc de soumettre son offre ficelant régionales, présidentielle et législatives, à leurs militants respectifs.
Les hésitations du PG
La réunion de Marseille, qui a réuni des têtes d’affiche socialistes, verts et Modem comme la décision
d’aller vers des « primaires ouvertes », accélère encore l’urgence d’un positionnement unitaire, clair et efficace des partis qui se réclament de l’anticapitalisme.
La position du NPA n’a pas varié depuis le mois de juin, en faveur d’une unité durable de ces
forces, ancrée dans les luttes et contribuant à affaiblir Sarkozy et le Medef, clairement indépendante du PS. Celle du PC apparaît hésitante et, il faut bien le dire, préoccupante quand on lit,
sous la plume d’Olivier Dartigolles, que le parti est ouvert « aussi bien au NPA qu’au PS ».
Jean-Luc Mélenchon paraît lui aussi hésiter désormais, en partie sur les positions actées en juin par le
PG. Il s’en est pris, sans raison, à une supposée fermeture du NPA et, surtout, semble peu enclin à reprendre certains éléments qui, en juin, paraissaient acquis, mais qui, bien entendu, posaient et
poseront problème au PCF.
Dans un entretien à l’Humanité, il se déclare en faveur d’une unité durable, laquelle, au-delà des
Régionales, irait jusqu’à la Présidentielle et les Législatives de 2012. Sur le principe de la durabilité, il rejoint ainsi une préoccupation constante émise par le NPA dès janvier dernier, et on ne
peut que s’en féliciter. En revanche, les bases sur lesquelles se bâtirait ce front sont pour l’instant singulièrement abstraites : répartition des richesses, programmation sociale et
écologique, refondation républicaine, une seule étant nette, la sortie du traité de Lisbonne. Peut-être que les groupes de travail décidés en commun permettront de clarifier les contenus effectifs,
mais on voit mal comment on pourrait ne pas discuter de la constitution d’un service public bancaire unique, du niveau des revenus (avec un SMIC à 1500 net), de l’interdiction des licenciements, de
celle du nucléaire, de la régularisation de tous les sans papiers…
Surtout, un tel front aurait peu de vertus s’il n’était qu’un simple regroupement électoral. Si l’unité
n’est pas ancrée dans les luttes, elle sera difficile à construire. Dans ce cadre, devrait être affirmée la volonté de contribuer à bâtir, avec tout le mouvement social, une mobilisation d’ensemble,
comme le LKP en a donné l'exemple.
Au niveau purement électoral, des questions se posent, au regard des dernières déclarations du fondateur
du PG. Rejette t-il toujours fermement des listes à géométrie variable ? Ou envisage-t-il des choix différenciés, en particulier selon ceux du PC ? Fait-il toujours de la présence du Modem,
au premier ou au second tour, un motif de rupture ? Le PG ira-t-il dans les exécutifs sous direction socialiste (pour le coup, cette dernière question n’est pas nouvelle, mais il faudra bien la
trancher) ?
Mélenchon affirme que l’évolution du PS rend plus nécessaire encore le regroupement de « l’autre
gauche ». C’est ce que nous disons avec nos termes, quand nous nous battons pour une unité durable, dans les luttes et les urnes. Mais à quoi servirait celle-ci si, en définitive, elle finissait
dans les bras d’un PS, qui plus est converti au centre-gauche ? L’indépendance vis-à-vis de ce parti n’est pas une tocade du NPA : c’est la condition même de la possibilité que le peuple de
gauche et les travailleurs disposent d’une alternative fiable, crédible, durable.
Assia Béagrid
Régionales :
le PCF veut s'affirmer, mais sans rompre avec les socialistes
C'est un difficile équilibre que tente Marie-George Buffet en cette rentrée politique. Afficher une ligne volontariste d'alliance pour
des listes autonomes aux régionales sans couper les ponts avec le PS. Lors de l'université du PCF qui s'est tenue à Vieux-Boucau (Landes), les 28, 29 et 30 août, la secrétaire nationale a redit son
opposition à la proposition de participer à des primaires à gauche pour l'élection présidentielle. "On est en train de faire des additions de voix mais une élection se joue à la mobilisation des
électorats. Cette tentation du plus petit dénominateur commun face à la droite, comme celle de l'alliance avec le MoDem, mène à la défaite de la gauche", a-t-elle expliqué.
Le PCF veut rééditer aux élections régionales de mars l'alliance avec le Parti de gauche et la Gauche unitaire (militants sortis du NPA). Mais Mme Buffet entend
"élargir" ce front aux acteurs du mouvement social, et à la gauche déçue par le PS. Elle ne veut donc pas "figer" les listes immédiatement. Il faut "répondre aux besoins des
gens", explique-t-elle en lançant un "appel " à tous "ceux qui veulent un vrai changement". Quant au NPA, si elle est prête à lui tendre la main, il n'est pas question de le
suivre sur son refus de toute alliance avec le PS au second tour. "Nous sommes pour des majorités de gauche et nous participerons aux exécutifs pour pousser les projets utiles à la
population", a prévenu Mme Buffet. " La gauche a des bilans comme les transports gratuits en Ile-de-France. On va tout faire pour gagner de nouveaux droits", renchérit
Patrice Bessac, conseiller régional d'Ile-de-France.
Le PCF organisera en septembre et en octobre des ateliers sur des propositions pour les politiques régionales. La Fête de L'Humanité, prévue les 11, 12 et 13 septembre, sera une
nouvelle occasion de renouveler son offre. Toutes les figures de la gauche, Martine Aubry compris, y sont invitées. "Nous voulons faire une bataille publique sur le
contenu des politiques régionales", assure Pierre Laurent, numéro deux du PCF.
Les quelque 500 militants présents dans les ateliers à Vieux-Boucau étaient sur la même longueur d'onde. Eduqués depuis le référendum de 2005 à combattre la gauche "social-libérale", ils
ne sont pas prêts à des alliances de premier tour avec le PS pour les élections de 2010. Une très large majorité d'entre eux a envie de se lancer dans la campagne avec les amis de Jean-Luc Mélenchon. La secrétaire nationale doit maintenant convaincre ses élus régionaux. En 2004, 185 conseillers PCF avaient été élus en grande majorité sur des listes avec le
PS. Cette fois-ci, la direction va pousser ses fédérations à un choix de listes autonomes dans un maximum de régions. La décision sera prise en novembre. Une échéance qui paraît trop loin à
Patrick Braouezec, député rénovateur de Seine-Saint-Denis : "Si on veut construire un rassemblement avec d'autres forces, il faut le dire dès la Fête de L'Huma.
Sinon, ce seront les Verts qui vont capter l'envie d'une autre gauche", prévient-il.
Le Parti de gauche plaide pour « la pérennisation » du Front de gauche
Jean-Luc Mélenchon a réitéré sa proposition d’un « paquet », projetant le Front de gauche aux régionales, aux législatives et à la présidentielle, avec une
structure permanente de coordination.
Clermont-Ferrand, envoyé spécial.
Ne leur dites pas qu’ils sont en « université d’été ». Ils se veulent en « séminaire de travail », rebaptisé « remue-méninges », pour approfondir leurs propositions
en vue du congrès programmatique de leur parti début décembre. Il faut dire que le Parti de gauche (PG), né en début d’année après le départ de Jean-Luc Mélenchon du Parti socialiste à l’automne
2008, a besoin de se construire un projet politique. Les 300 militants réunis ce week-end à Clermont-Ferrand ont donc planché, dans divers ateliers (« Sixième République », « Services
publics », « Droits des salariés », « Bataille culturelle », « Planification écologique » avec la députée démissionnaire des Verts et, visiblement, future adhérente
du PG, Martine Billard), pour donner corps à ce que le PG appelle « son projet de nouvelle émancipation et de progrès humain », développé, entre autres, par l’économiste Jacques Généreux.
Pour Jean-Luc Mélenchon, ce travail est indispensable pour des adhérents du PG qui, venus d’horizons divers - anciens socialistes pour beaucoup, mais aussi ex-communistes, écologistes, militants
associatifs -, ont besoin de trouver une « cohérence intellectuelle ».
L’actualité politique n’était pas pour autant absente de ces journées de réflexion. Ainsi des futures élections régionales de 2010. Ces échéances ont fait l’objet d’une séance de travail pour
définir « un programme de rupture pour les régions ». En marge des ateliers, la question des alliances a alimenté les débats. Si Jean-Luc Mélenchon affirme vouloir « des listes
autonomes du Front de gauche incluant, en plus du PCF, le NPA, y compris Lutte ouvrière », listes qui se désisteraient au second tour en faveur des listes de gauche arrivées en tête, il admet
que des obstacles demeurent, comme la dérive du PS vers le Modem ou le - refus du NPA de toute participation à des exécutifs avec le PS. Aussi le leader du PG veut-il avancer « par
étapes ». « Fou celui qui refuserait l’union de l’autre gauche », tranche-t-il, en soulignant la nécessité d’un rapport des forces pour une autre - politique à gauche. Suite aux
résultats des élections européennes, jugés « prometteurs » pour le Front de gauche, les militants du PG souhaitent « sa pérennisation et son élargissement ». C’est pourquoi, face
aux primaires socialistes, qualifiées de « machine à perdre », Jean-Luc Mélenchon propose « un paquet », projetant le Front de gauche aux régionales, aux législatives, à la
présidentielle, avec la mise en place d’une structure permanente de coordination. L’eurodéputé a également confirmé son intention de rejoindre avec sa formation le Parti de gauche européen (PGE),
dont est également membre le PCF.
Diverses personnalités étaient présentes ce week-end à Clermont-Ferrand. Parmi ces invités, l’ex-NPA Christian Piquet, animateur de la Gauche unitaire, et André Chassaigne, président de
l’Association des élus communistes et républicains (ANECR), qui vient de proposer l’ouverture de son association aux élus du Parti de gauche.
Jean-Luc Mélenchon est Clermontois tout le week-end pour animer l'université d'été du Parti de gauche... Les primaires socialistes ne lui disent rien qui vaillent et le projet
d'alliance avec Olivier Besancenot ne va pas forcément de soi.
Qu’attendez-vous de ce remue-méninges clermontois ?
C’est un lieu où les idées se frottent les unes autres, où chacun, compte-tenu de la jeunesse du parti et de la diversité des origines politiques des adhérents, doit faire l’effort
d’argumenter sa position. Nous croyons à la rationalisation des débats contre le péremptoire ou la petite phrase.
Cela, c’est sur la méthode mais sur le fond?
Le principal objet des débats, c’est le préprogramme pour les élections régionales. Le principal enjeu, c’est d’exprimer en termes régionaux l’orientation politique nationale du parti
et mettre en mot une synthèse de l’écologie politique et de la République.
Je suppose que vous avez un oeil sur La Rochelle où Martine Aubry semble avoir repris la main ?
Tant mieux si la parole des socialiste s’unifie. Pour autant, ce que je suis en train de dire ne signifie nullement l’amnistie de leurs turpitudes et en particulier, sur le plan
politique. Les voilà par exemple inventeurs d’une nouvelle folie qui s’appelle les primaires. C ‘est un système à amplifier l’égocratie, c’est une machine à diviser parce que les gens qui
s’affrontent dans une primaire s’affrontent les uns contre les autres alors que dans les élections la gauche s’affronte à la droite, et que le meilleur gagne.
C’est aussi une machine à niveler . A la fin, ne reste que le plus petit commun dénominateur et le plus petit commun dénonimateur, c’est celui qui en fait le moins. En général, c’est
le centriste.
Sans compter qu’on ne sait pas si le projet des socialistes englobe toute la gauche. Ils auraient pu en discuter avec nous avant ! Si c’est une primaire de toute la gauche, eux
qu’est-ce qu’ils font? Une primaire entre eux ? Et s’ils ne font pas une primaire entre eux, cela veut dire qu’on est pris en otage de leur querelle de famille.
Vous faites fort d’amener le NPA à une alliance avec vous. Mais comment ?
Le NPA a eu l’occasion de vérifier que l’union de l’autre gauche est une valeur forte. La preuve: le resultat des élections europénnes : nous avons fini à 6,5%, eux à moins de 5 %. Si
on était parti ensemble aux élections européennes, on aurait eu 12 élus..
On s’est quitté en juillet plutôt bons amis mais là, à la rentrée, j’ai lu une interview où Besancenot affirme que ce n’est pas encore acquis. J’ai l’impression que pendant l’été, il
s’est passé quelque chose...
Et Lutte Ouvrière ?
Nous avons sollicité un rendez-vous à la fin septembre. Cela devrait pouvoir se faire» .
PCF et Parti de gauche tiennent leur université d'été
Les communistes se retrouvent vendredi dans les Landes, tandis que le parti de Jean-Luc Mélenchon a rendez-vous à Clermont-Ferrand.
Les deux principales composantes du Front de gauche, le PCF et le Parti de gauche, organisent, chacun de son côté, leur université d'été.
Les communistes se retrouvent vendredi 28 août dans les Landes, à Vieux-Boucau. Le parti de Jean-Luc Mélenchon a choisi la capitale de l'Auvergne, Clermont-Ferrand.
Ces rencontrent surviennent alors que se repose la question des alliances à la gauche de la gauche, avec ou sans NPA, pour les régionales.
L'université d'été du Parti communiste se veut '"studieuse", avec de nombreux ateliers notamment sur le système financier ou l'emploi. Elle se tient à quelques jours du grand rendez-vous de rentrée à
la Fête de L'Humanité à La Courneuve (11-13 septembre).
Mêmes mots côté PG où les "Remue-méninges", organisées à Clermont-Ferrand aux mêmes dates, seront "très
studieuses", selon Jean-Luc Mélenchon, fondateur (ex-PS) du PG en novembre dernier.
En pleine "phase de préparation de notre programme" pour le congrès fondateur du parti en décembre, c'est un "rendez-vous intermédiaire dont l'axe est plutôt la synthèse entre écologie et
socialisme", dit Jean-Luc Mélenchon, en saluant l'arrivée au PG de Martine Billard (ex-Verts).
La question des alliances aux régionales
Au PCF, "on veut également se décomplexer sur la question écologique", assure Patrice Bessac (PCF).
La question des alliances sera aussi au centre des discussions. Après l'échec de la candidature unitaire à la présidentielle 2007, le "raté" des européennes, les partis de la gauche radicale
s'associeront-ils aux régionales de mars?
Avec 6% des voix et quatre élus aux européennes, le Front de gauche PCF-PG a devancé le NPA d'Olivier Besancenot (4,9% des voix) qui avait refusé de les rejoindre.
Cette fois-ci, l'unité, "je pense que je vais y arriver", glisse Jean-Luc Mélenchon. "Si le NPA y va tout seul en face d'un Front de gauche reconduit et élargi, il sera à nouveau sanctionné", se
persuade l'eurodéputé pour qui le Front "est un acquis".
Fustigeant une alliance PS-Verts-MoDem, l'ancien sénateur souhaite "plus que jamais un pôle de gauche qui rassemble absolument toute 'l'autre gauche'". Olivier Besancenot prône, lui, un "front
anticapitaliste", avec la condition expresse d'indépendance du PS.
Les deux hommes s'étaient prononcés fin juin sur le principe de "listes indépendantes" au premier tour des régionales, avec des "fusions techniques" au second tour avec le PS.
"Un discours de dupe"
Au PCF, régulièrement critiqué par le NPA pour sa présence dans les exécutifs des régions au côté des socialistes, Olivier Dartigolles, porte-parole, assure que "bien sûr il faut le
rassemblement".
"Un: les contenus, deux: les fronts les plus larges", résume-t-il, assurant "ne pas regarder plus du côté du NPA que du PS" mais vouloir "déployer la stratégie du Front de gauche".
Une "offre nationale" sera proposée le 4 septembre lors du Conseil national du PCF dans le but de "construire des majorités politiques", dit-il.
En prônant l'unité à son université d'été à Port-Leucate (Aude) dimanche dernier, le NPA propose "un discours de dupe", selon un responsable communiste. "Ils ne veulent pas d'alliance et font un tour
de piste pour pouvoir dire 'regardez on a voulu l'union'", explique-t-il.
Quant au débat sur les primaires qui agite la gauche, "nous serions pris en otages des querelles de famille du PS", juge Jean-Luc Mélenchon. C'est une "impasse", affirme Marie-George Buffet.
La numéro un communiste a par ailleurs réfuté toute idée d'alliance avec le MoDem pour 2012 alors que l'ancien leader du PCF, Robert Hue, en marge du parti, s'y est montré favorable. "A cette
alliance 'du PCF au MoDem', vous pouvez barrer 'PCF'", a-t-elle lancé.
Besancenot :
«Mélenchon fait quand même beaucoup dans la com !»
26/08/2009
Alors que la première université d’été du NPA s’achève aujourd’hui, Olivier Besancenot répond à nos questions et tente de lever les ambiguïtés qui entourent la stratégie de la
toute jeune formation anticapitaliste. Au passage, il tacle le patron du Parti de gauche. L'union est un combat, dit-on...
Marianne2.fr :Est-ce que vous comprenez que les tergiversations des différents partis autour de la constitution du Front de gauche pour les régionales, à
commencer par celles du NPA, puissent désespérer l’électorat de gauche qui ne se reconnaît pas dans le PS ?
Olivier Besancenot : Ce qui est désespérant, ce sont les unités de circonstance qui explosent une fois tombés les résultats électoraux, c’est de voir alors certains retourner à la
soupe. Nous, on est constant. C’est d’autant plus important d’être constant, que l’on voit très bien ce qui se dessine à terme : une coalition de centre-gauche PS-MoDem-Europe-écologie. On sait
ce que ça a donné en Italie : Berlusconi et plus d’opposition.
Mais cette « constance » peut aussi donner l’image d’une direction du NPA intransigeante ?
Intransigeante ? Non, exigeante. On veut vraiment tenter de trouver un accord. Mais il ne faut pas que ça tourne au marchandage : il faut que l’unité se fasse sur un contenu clairement
anticapitaliste. On ne demande pas à Jean-Luc Mélenchon de devenir révolutionnaire. Mais les accords de circonstance, c’est la stratégie qui a été utilisée à gauche pendant vingt ans et ça n’a rien
donné.
«Avec la CGT, il faut qu’on relance le débat, quitte à “clasher” !»
Après votre refus de participer au Front pour les européennes, Jean-Luc Mélenchon confiait voir derrière vos arguments une sorte de résurgence des luttes historiques qui
opposent les trotskystes au Parti communiste ?
C’est surtout que ça l’arrangeait de voir les choses comme ça. C’est du Mélenchon : il fait quand même beaucoup dans la com ! C’est comme lors de notre première rencontre pour les
régionales. Il a convoqué la presse pour dire « Ça y est, c’est fait », alors que ce n’était qu’une première discussion. On n’est pas pour offrir aux médias de belles photos de
famille avec toutes les têtes d’affiche dessus. Au NPA, on a l’habitude de dire qu’on est plus pratiquant que croyant.
Après, pour ce qui est de notre refus de participer aux européennes avec le Front de gauche, c’est peut-être aussi qu’avant même que l’on se prononce, tout était plié : le matériel de campagne
avait déjà été commandé ! Et pendant la campagne, on n’a pas taclé le Front de gauche. Eux, ils ne se sont pas retenus…
Est-ce que dans la période que nous traversons, ce ne serait pas également une question de responsabilité que de ne pas entretenir une guerre ouverte comme celle qui vous oppose aux
syndicats et, en particulier, à la CGT ?
Ce n’est pas nous qui rentrons en guerre contre la CGT. C’est eux qui ne viennent pas à notre université quand on les invite. On ne va pas nous faire ce procès-là en plus, histoire d’établir un
cordon sanitaire autour du NPA et de le rendre infréquentable. Avec la CGT, il faut qu’on se voit, qu’on relance le débat, quitte à « clasher ». Mais il faut qu’on se parle.
«Quand on parle de grève générale, on n’a pas en tête le Grand soir...»
Il y a tout de même un différend qui vous oppose sur la manière d’aborder le mouvement social. Vous êtes partisan de la grève générale. Ce à quoi les syndicats répondent que la grève
générale ne se décrète pas ?
Ce qui n’est pas faux. Mais ça ne doit pas être un alibi quand même. Entre dire « Ça ne se décrète pas » et faire des manifestations simplement tous les deux mois, il y a de la
marge. Nous, quand on parle de grève générale, on n’a pas en tête le Grand soir. On cherche juste l’efficacité. On cherche à faire converger les luttes. On cherche à aider les luttes locales,
qu’elles ne soient plus isolées. Ce qui est malsain dans cette histoire, c’est qu’on sent qu’une page du mouvement ouvrier est en train de se tourner…
Du côté de la direction du NPA, on se refuse à dire qu’il y a eu une certaine désaffection dans les rangs des militants. Mais les militants, eux-mêmes, expliquent qu’il y a un important turn-over ?
La désaffection, c’est une rumeur, d’ailleurs relayée par Marianne… Je ne vais
pas essayer de convaincre avec de la salive. On se permet juste de dire que non, on n’est pas mort. Pour ce qui est du turn-over, c’est un phénomène que nous connaissons mais qui n’est pas énorme.
Après, on peut reconnaître qu’on a des petits problèmes de fonctionnement. C’est que c’est super compliqué de faire cohabiter des personnes issues de traditions politiques différentes : il y a
des communistes, des socialistes, des éco-socialistes, des libertaires, etc. Ce n’est pas aussi compliqué que ce que j’imaginais avant de lancer le NPA mais on a parfois des débats de
fou !
Mais le plus gros problème se pose au niveau générationnel : on n’appréhende pas le mouvement ouvrier de la même manière quand on est un cégétiste de 55 balais ou un jeune de quartier. Des fois,
ça fait des étincelles, et il y a des clashs.
Mais on le revendique : on apprend en marchant. Maintenant, il nous faut passer à ce que j’appelle « l’acte II du NPA » : il faut nous consolider tout en continuant à nous ouvrir,
être présent dans les luttes et, surtout, montrer que nous avons un projet politique global.
« La responsabilité du Front de gauche est considérable » Le président du Parti de gauche propose à ses partenaires de « faire un seul paquet
de la question des scrutins régional, présidentiel et législatif » face au dispositif qui s’organise « autour du Parti socialiste et du MoDem ».
Que pensez-vous du ralliement de Martine Aubry, la secrétaire nationale du PS, au principe des primaires ?
Jean-Luc Mélenchon. Il y a des débats plus urgents face à la crise. Reste que le PS se doit de préciser s’il entend organiser les primaires entre
ses membres – ce qui ne regardera que lui –, ou instaurer ce système électoral entre toute la gauche ? Cette option-là me semble très dangereuse. Outre la complexité à le mettre en œuvre, le
mécanisme des primaires constitue une machine à diviser. Car, habituellement, en présentant des candidats de gauche séparés, le premier tour de la présidentielle sert aux uns et aux autres à formuler
des propositions face à la droite. Là, les primaires instaureront une confrontation des candidats de gauche les uns contre les autres. Quel cadeau pour la droite ! De plus, avant le vote pour
ces primaires, serait encouragée une surenchère permanente des ego, du type de celle que nous constatons actuellement au Parti socialiste. Enfin, ce système est une machine à niveler vers le plus
petit commun dénominateur. Cela déplace le centre de gravité de la gauche complètement vers le centre gauche, voire vers le centre droit, comme ce fut le cas en Italie, avec le résultat désastreux
que l’on sait.
Vous rappelez dans Le Monde (1) que votre parti souhaite que « l’autre gauche » présente des listes autonomes au premier tour des élections
régionales. Pouvez-vous développer cette position ?
Jean-Luc Mélenchon. Précisons ceci : nous ne partons pas de rien. Le Front de gauche est un acquis par rapport à la prochaine échéance. C’est
un bien précieux que nous devons enraciner et élargir. Se pose donc à présent la question de l’intégration du NPA à cette coalition. Et, plus largement, son élargissement aux personnalités du monde
syndical, intellectuel ou associatif. C’est cette proposition que je formule pour les régionales. Pour moi, présenter des listes autonomes au premier tour est un bon moyen pour faire valoir les
propositions de l’autre gauche et ne pas se laisser embarquer dans les aventures des socialistes avec le centre. Notre objectif doit être d’impulser une dynamique populaire, pas de cautionner des
combines politiciennes. Donc, compte tenu de l’évolution du paysage politique, il est temps d’aller plus avant.
Qu’entendez-vous par là ?
Jean-Luc Mélenchon. L’initiative du PS en faveur de l’organisation de primaires est une machine à marginaliser le Front de gauche et, plus
généralement, l’offre politique de l’autre gauche. Nous sommes donc devant une situation nouvelle. Je propose aux composantes du Front de gauche d’être à la hauteur du défi. C’est le moment
d’affirmer un Front durable pour être attractifs. Soyons proposants. Faisons entre nous un seul paquet de la question des scrutins régional, présidentiel et législatif. Ainsi, nous formulerons
vraiment une proposition alternative à l’autre paquet que constitue l’alliance à la carte aux élections régionales, les primaires et l’alliance au centre.
Votre proposition de « prendre dans un seul paquet les élections régionales, présidentielle et législatives » sera-t-elle mise en discussion ce
week-end, lors de votre « remue-méninges », à Clermont-Ferrand, où sont invités des dirigeants du PCF, du NPA et de la Gauche unitaire ?
Jean-Luc Mélenchon. Nous préciserons évidemment les contours de cette proposition. J’estime que, en face du dispositif qui est en train de
s’organiser autour du Parti socialiste et du MoDem, notre responsabilité au Front de gauche est considérable. C’est notre devoir de faire une proposition constructive. Les partis du Front de gauche
et ceux qui accepteraient de s’y associer pourraient ainsi s’entendre sur une plate-forme commune englobant les trois étapes électorales. Très concrètement, je propose qu’ensemble nous annoncions que
nous sommes d’accord pour présenter des candidats communs pour les listes régionales, avec les têtes de listes, et des candidats communs à la présidentielle et aux législatives. Cette proposition
commune pourrait être soumise au vote de nos adhérents respectifs.
En reprenant dans Le Monde la formule de « fusions techniques » au second tour des régionales, n’est-ce pas une manière de vous rallier au NPA, qui
conditionne l’union au refus des responsabilités dans la gestion des régions de gauche ?
Jean-Luc Mélenchon. Précisons : ce qui d’emblée est un principe incontournable, c’est que les listes de gauche doivent se désister au second
tour pour celles qui arrivent en tête. Le parti qui tournerait le dos à cette obligation d’alliance devrait être fermement combattu à gauche. Ceci dit, dans le camp de l’autre gauche, nous sommes
confrontés à la position du NPA, qui ne veut en aucun cas participer aux exécutifs, et à celle du PCF, qui estime que cette question se juge programme à la main. Il faut donc chercher à rapprocher
ces deux points de vue. C’est ce que je voudrais faire. Cela implique que le NPA ne pose pas de préalable à la discussion. Il faut limiter les divergences et amplifier les convergences. Pas le
contraire ! Nous devons donc discuter sérieusement des positions de chacun, ne pas les contourner ou les régler par médias interposés. Aucun défi n’est insurmontable si le but est bien d’être le
plus efficace possible face à la droite.
Attention au grignotage à gauche. A sept mois des régionales, le PCF, le Parti de gauche (PG) de Jean-Luc Mélenchon et le Nouveau Parti anticapitaliste d’Olivier Besancenot (NPA) n’ont pas renoncé
à former des listes d’union dès le premier tour. Mais après un round de rencontres bilatérales en début d’été et avant une reprise des «discussions» à la rentrée, le ménage à trois de
«l’autre gauche» est encore loin d’être entériné.
En 2004, les communistes avaient contracté des alliances à géométrie variable avec les socialistes : dans 15 régions sur 22, le PCF avait fait l’union dès le premier tour avec
le PS.
«Fusions».Les 6 % obtenus aux européennes de juin, en tandem avec le PG sous la bannière du Front de gauche, ont changé la donne. La direction du PCF a pris goût à l’autonomie
vis-à-vis du PS et souhaite «élargir le Front de gauche, explique l’un des porte-parole du PCF, Olivier Dartigolles,constituer des fronts larges et marquer le plus de points possibles».
Les communistes et les camarades de Mélenchon ont vite fait le calcul : avec les voix du NPA (4,9 % en juin), le Front de gauche vise la barre des 10 % dans certaines régions pour pouvoir se
maintenir au second tour.«Repartir séparés, ce serait rater une occasion pour la gauche», confirme Eric Coquerel, du PG. Mais l’affaire est loin d’être bouclée. Le NPA est, certes,
d’accord pour le «rassemblement au premier tour sur un programme antidroite» et sur celui de «fusions techniques» avec les listes PS (hors Modem) «pour battre la droite».
Problème : Besancenot et les siens posent comme condition la non-participation dans les majorités socialistes pour tout le monde, y compris les communistes. «Ce serait se moquer des
électeurs que de concocter entre les deux tours un programme de gestion des régions avec les socialistes», argue Pierre-François Grond (NPA). «Il serait stupide de dire : "Plus jamais
rien avec le PS"», répond l’autre porte-parole du PCF, Patrice Bessac, qui précise : «Ça dépend aussi avec qui et pour quoi faire.» On serait alors plus proche d’un remake des
européennes que d’une alliance réussie…
Stratégies. Mais au sein du PCF, pas sûr que tous les militants (qui décideront région par région, à l’automne) suivent le souhait de la direction. Plus
de 180 conseillers régionaux, une quarantaine de vice-présidents… «Certains sortants peuvent vouloir partir dès le premier tour avec le PS», convient Marie-Pierre
Vieu, vice-présidente en Midi-Pyrénées. «Tout dépend aussi des choix que va faire le PS», souligne François Delapierre, au PG. Une alliance des socialistes avec le Modem pourrait alors
rapprocher les stratégies du PCF, du PG et du NPA.
Rencontres unitaires :
Bilan d’étape
mardi 14 juillet 2009
Le NPA vient de rencontrer les forces de la gauche radicale et anticapitaliste. Premier tour d’horizon.
C’est la crise économique, les licenciements massifs, un taux de chômage sans précédent et qui va s'aggraver, la politique brutale de la droite
néfaste à l'ensemble du monde du travail, pour sauvegarder les profits et les privilèges d'une minorité dans un système capitaliste en crise, qui conduisent notre politique unitaire.
Elle vise à l’unité la plus large et sans exclusive dans les mobilisations; elle veut regrouper sur le plan politique les forces anticapitalistes, les forces
combatives, qui seront déterminantes pour les luttes. Dans cette perspective de mouvement d’ensemble, il s’agit de construire les leviers unitaires de mobilisation qui ont tant manqué, le semestre
passé, face aux directions confédérales. Le rôle du NPA est d’impulser, d’aider à forger ces cadres unitaires. A nous seuls, nous ne pouvons construire l’opposition sociale et politique dont la
carence est l'une des clés de la situation actuelle.
Nous avons donc proposé aux forces politiques que nous avons vues de prendre ensemble nos responsabilités. Les Alternatifs, le Parti de gauche, la Fédération et, en
partie, le PCF ont répondu positivement. A nous tous de mettre en œuvre les outils de la riposte sociale. En ce qui concerne les régionales, nous avons proposé, comme lors des européennes, un accord
durable sur un programme écologiste, anticapitaliste, social et démocratique de rupture. Ce qui implique un rassemblement indépendant politiquement du PS et la volonté de battre la droite au pouvoir
sans passer des accords de gestion avec des formations dont nous ne partageons pas le programme.
Ces rencontres diverses et les déclarations communes qui émanent permettent d’acter les points de convergences et les désaccords avec les forces politiques
concernées. On voit bien que c’est la relation au PS qui pose problème. C’est particulièrement clair avec le PCF, qui n’a pas renoncé à des majorités de gestion avec les socialistes. Cela le conduit
à accepter, dans les conseils régionaux, des politiques contraires à ce que défendent ses militants, comme subventionner des entreprises privées…qui licencient !
Contrairement à ce que racontent certains médias décidément « bien intentionnés » à notre égard, rien n’est fait. Rien n’est acté, avec personne. Les différentes
déclarations qui font le point sur ces réunions sont accessibles sur notre site Internet. A notre université d’été, aura lieu un débat
sur la question: toutes ces forces politiques sont invitées. Les militantes et les militants, nos lecteurs et nos sympathisants, ont toutes les cartes en main pour débattre. Après d'indispensables
discussions sur l’ensemble des problèmes posés, nous trancherons. Il n’y a aucune urgence. Le conseil politique national du NPA fera le point en septembre et nous rendrons compte, dans les colonnes
de Tout est à nous !, de l’état d’avancement des discussions.
Déclaration de la liste Aix à Gauche (PCF, NPA, PG ...)
lundi 13 juillet 2009
Elections municipales 2ème tour du 19 juillet 2009.
Nous remercions les électrices et les électeurs qui ont voté pour notre liste.
Seule véritable liste d’union des forces de gauche, syndicalistes, associatives et citoyennes, elle est le socle sur lequel les luttes contre la droite et la politique de Sarkozy et pour le
rassemblement s’appuieront.
Cette élection, en plein week-end du 14 juillet est un déni de démocratie qui a conduit à près de 56% d’abstention. Il est clair que la gauche sort affaiblie de ce scrutin. L’alliance avec
le MoDem réalisée par la liste « Tous ensemble pour Aix » non seulement n’était pas nécessaire mais est dangereuse pour l’avenir. Le seul discours « anti-Joissains », même de la
part de responsables de droite ne fait pas une politique de gauche.
Madame Joissains rassemble la droite la plus dure et la plus réactionnaire. Elle est la représentante de la politique de Sarkozy, c’est pour cela qu’il faut combattre cette droite.
Nous avons mené une campagne populaire, intense et digne. Nous avons été les seuls à porter clairement une orientation et des propositions de gauche dans cette élection.
Dans la diversité de notre liste nous nous sommes mobilisés pour un projet qui s’attaque aux inégalités et aux conséquences locales de la politique de la droite et de sa mise en œuvre.
Partout, et en particulier dans les quartiers populaires, nous avons constaté les dégâts causés par le manque de démocratie et par une gestion de la ville qui accentue inégalités sociales et
environnementales.
Dès demain nous continuerons dans les luttes et dans les débats à porter ce courant clairement de gauche qui veut rassembler et se mettre au service de la population aixoise.
Nous avons été clairs et responsables et nous entendons le rester en particulier par le respect des paroles données et des engagements pris vis-à-vis des électeurs.
Nous sommes mobilisés dans le combat contre la politique de Sarkozy, de la droite en général et du MEDEF.
A Aix, sur des questions nationales ou locales nous poursuivrons dans ce sens, pour défendre au quotidien, l’ambition d’une ville solidaire.
Dans cette situation, les électrices et les électeurs, face à l’importance de l’enjeu de ce 2ème tour, déciderons en toute conscience de leur vote.
Par Daniel Bensaïd*. "Quand j’entends parler d’un nouveau New Deal ou de solutions keynésiennes, je rigole doucement !"
Marianne : La gauche peut-elle encore « rebondir » idéologiquement ?
Daniel Bensaïd : Malgré son affaiblissement, le PS reste le parti central de la gauche institutionnelle. Avec ses positions dans les conseils régionaux, il ne faut pas croire
qu’il va rester à ce niveau-là aux élections régionales, en 2010. Mais il est toujours davantage confronté à une alternative qu’il n’arrive pas à dénouer. Pour reconquérir l’électorat populaire
perdu, il faudrait qu’il propose une politique sociale beaucoup plus radicale face à la crise. Il faudrait qu’il ait l’audace de se faire le champion d’une relance anticapitaliste. Mais comme ce
parti, lorsqu’il était au gouvernement, a contribué au renforcement de la logique présidentialiste, il n’y a aucune chance qu’il le fasse. Ses alliances se situent et se situeront par la force des
choses au centre gauche, avec les verts de Daniel Cohn-Bendit ou un MoDem requinqué.
Dans quelle direction les socialistes devraient-ils aller pour reconstruire un logiciel crédible ?
D.B. : Nous n’avons pas de conseil à donner aux socialistes. Pour reconstruire une gauche authentique, ils devraient tout revoir. Et, d’abord, reconnaître qu’à travers le
démantèlement des mécanismes de l’Etat-providence, auquel ils ont contribué activement, ils ont sapé les bases de la social-démocratie européenne.Cette « destruction » des bases de la
social-démocratie européenne, que vous reprochez au PS, aurait dû gonfler par contrecoup les suffrages de la gauche radicale.
Comment expliquer, dans ce contexte, le très faible score du NPA ?
D.B. : Nous avons toujours été conscients d’un écart non négligeable entre la popularité personnelle d’Olivier Besancenot et la réalité militante et électorale du NPA, qui peut
être raisonnablement estimé entre 6 et 7 %. Notre résultat aux européennes – avec une campagne portée par des têtes de liste nouvelles et Olivier délibérément en retrait – s’est en fait situé dans
cette fourchette-là. De surcroît, comme lors de chaque scrutin européen, les abstentions ont été concentrées dans l’électorat populaire, en particulier dans la jeunesse qui représente une grande part
de l’électorat de Besancenot à la présidentielle. Mais le critère décisif pour nous, c’est de savoir si nous consolidons une présence militante dans les lieux où nous voulons nous implanter
durablement. De ce point de vue-là, le scrutin du 7 juin a été positif.
La percée du Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon, qui a marché sur les brisées du NPA, n’indique-t-elle pas, par contraste, que vous avez eu tort de délaisser la problématique
républicaine ?
D.B. : Je pense que notre vrai défaut n’a pas été là. Nous aurions dû articuler plus fortement la proposition européenne et la lutte contre la crise. Il aurait fallu montrer que
l’échelon européen était le bon niveau de riposte à la grande crise. Car la minorité des 40 % d’électeurs français qui se sont exprimés le 7 juin s’intéressait quand même à la question européenne.
Ces électeurs attendaient, ils espéraient qu’on leur parle d’Europe. Nous ne l’avons pas assez fait. Le soutien des dirigeants socialistes et de ceux d’Europe Ecologie au traité de Lisbonne est ainsi
passé quasi inaperçu.
La division de la gauche radicale peut-elle encore être surmontée, en vue des régionales de 2010 ?
D.B. : Lors de ces élections européennes, la division de la gauche radicale ne relevait aucunement d’un différend fondamental sur les bases politiques de la campagne. Ce qui a
fait obstacle, c’est notre volonté, si justifiée, de conserver notre indépendance face au PS et notre réticence à servir de piétaille électorale pour être ensuite laissés en plan aux régionales,
quand le PC retournera, comme c’est probable, à ses amours plurielles avec le PS. Désormais, nous sommes au pied du mur. Mais nous n’avons pas à regretter cette stratégie. A y regarder de plus près,
le schéma du plan de relance socialiste – bien que s’élevant à 40 milliards d’euros – n’est pas qualitativement différent du plan de relance de Sarkozy. Sans rupture avec le cadre des contraintes
européennes, ni reconquête du service public, ni réévaluation du pouvoir d’achat, le plan de relance socialiste, qui ne comporte pas non plus de mesures radicales d’interdiction des licenciements, se
situe en fait dans les mêmes marges de « moralisation du capitalisme » que celui de Sarkozy. On entend chaque jour davantage le chœur de ceux qui prédisent une sortie de crise imminente. La crise
actuelle, à l’instar de celle de 1929, peut déboucher sur un « rebond » comme celui qui a existé entre 1933 et 1937. Mais plus dure fut ensuite la (re)chute ! La crise actuelle est une crise
historique de la loi de la valeur. L’instrument de mesure de la production et de l’échange de richesse par le temps de travail abstrait produit un désastre social.
Que reprochez-vous à la gauche réformiste face à ce contexte inédit ?
D.B. : De rester « en arrière de la main », autant en termes de pronostic qu’en termes de réponse. Entre ceux qui veulent sauver le capitalisme et ceux qui veulent le combattre,
la ligne de partage est la question de la propriété, du droit à l’existence (au logement, au savoir) opposable au despotisme de marché. Si au NPA notre diagnostic est juste, nous n’assistons pas à
une énième crise économique, mais aussi à une crise des solutions à la crise. Quand j’entends parler d’un nouveau New Deal ou de solutions keynésiennes dans le cadre du capitalisme mondialisé
réellement existant, je rigole doucement !
Pourquoi ?
D.B. : Mais parce que le keynésianisme suppose un espace économique homogène, avec un effet d’entraînement de la consommation sur la production. Dans une économie mondialisée et
dans une Europe « vole au vent », un tel dispositif est inenvisageable. Si l’on pense, comme nous, que la crise sera plus grave et plus longue, il faut s’inscrire dans la durée pour reconstruire une
gauche musclée et de combat. Tout indique que le PS, dans les mois et années qui viennent, va, quant à lui, s’enliser dans les opérations de type « parti démocrate » et finir avec les mêmes
mésaventures endurées par Romano Prodi en Italie. Une fois encore, la politique du moindre mal risque de produire le pire.
Propos recueillis par Alexis Lacroix
* Vient de publier en collaboration avec Charb Marx (mode d’emploi) (La Découverte) et une préface aux Crises du capitalisme de Karl Marx (Démopolis).
Déclaration commune du PCF et du NPA
lundi 6 juillet 2009
Le PCF et le NPA constatent les ravages provoqués par la crise globale du système capitaliste, à la fois économique,
sociale, écologique et démocratique, dans laquelle les politiques libérales ont plongées la France, l'Europe et le Monde.
Ils dénoncent la vague de licenciements qui frappe de plein fouet le monde du travail et constatent la nouvelle
offensive de Nicolas Sarkozy, de la droite et du Medef contre les salariés, annoncée lors du Congrès de Versailles.
La situation sociale pour la majorité de la population se dégrade chaque jour. L'ensemble du monde du travail, les
jeunes, les retraités, les chômeurs paient chaque jour les frais de cette crise du système capitaliste. Le NPA et le PCF condamnent les licenciements quasi-quotidiens aujourd'hui et la volonté de
Sarkozy et de son nouveau gouvernement de continuer son offensive antisociale : travail du dimanche, départ à la retraite à 67 ans, privatisation de la Poste, suppressions massives d'emplois
dans la fonction publique, réduction massive de l'intervention publique au travers de la loi RGPP… Dans le même temps, de nombreuses luttes se poursuivent, en particulier dans les entreprises, que
l'on pense aux Continental, Caterpillar, Goodyear, ainsi que beaucoup d'autres qui se battent pied à pied contre les licenciements. Dans les universités, les hôpitaux, autour de la poste, des
mobilisations fortes ont lieues tandis que le secteur de l'énergie a connu la plus longue grève de son histoire.
Face à cette offensive, le PCF et le NPA pensent qu'il est urgent de contribuer aux luttes et à l'union la plus large
autour des salariés pour revendiquer le droit à un emploi stable et bien rémunéré pour toutes et tous, l'augmentation des salaires et de tous les revenus, la défense et le développement de tous
les services publics, mais aussi et d'abord le refus catégorique du recul de l'âge de la retraite .
Fort de ces convergences sur l'analyse de la crise du capitalisme et sur la nécessité de s'y opposer, le NPA et le PCF
veulent travailler à la constitution de fronts unitaires contre la politique de Sarkozy et de son gouvernement. Dans le même temps, ils proposent d'oeuvrer au rassemblement le plus large
autour d'un projet en rupture avec le capitalisme, alternatif aux orientations du pouvoir actuel.
Concernant les élections régionales :
Le NPA propose au PCF de constituer des listes unitaires indépendantes composée du PCF, du NPA, du PG, de LO, des
courants composants la Fédération, de militant-e-s associatifs et des quartiers. Tirant un bilan critique des politiques défendues actuellement dans les régions, il propose que ces listes avancent un
plan d'urgence social et démocratique régional (refus des subventions aux entreprises, développement des services publics…). Elles seront pour cela clairement indépendantes du PS et des listes de
type Europe Ecologie. Au second tour, ces listes unitaires auront la volonté de battre la droite et pour cela pourront être amenées à faire des « fusions techniques » des listes de gauches
sauf en cas de présence du Modem. Pour le NPA, l'indépendance vis-à-vis de la gestion sociale libérale doit être assumé jusqu'au bout, et donc l'ensemble des élus issus de chaque formation partie
prenante des listes unitaires refuseront de contracter des accords de gestion avec les dirigeants du PS et d'Europe Ecologie.
Le PCF, dans la poursuite et l'élargissement de la démarche du Front de Gauche, entend construire à partir d'une
réflexion sur les contenus d'une politique alternative, un rassemblement majoritaire permettant de mettre en œuvre de véritables politiques de gauche. Pour les élections régionales, dans cet esprit,
il appelle à tout faire pour empêcher la droite de reconquérir des régions, a créer les conditions de majorités politiques clairement ancrées à gauche sur des projets nettement plus combatifs que
ceux mis en œuvre depuis six ans et à renforcer dans ces assemblées l'influence et l'autorité d'élues et d'élus au service de tels projets. Il insiste sur la nécessité de ne poser aucun préalable à
la recherche de l'unité de celles et ceux qui dans leur grande diversité à gauche souhaitent un changement de politique et des pratiques qui mettent l'intérêt général au dessus des intérêts
partisans.
Le PCF et le NPA décident de poursuivre leurs contacts avec la volonté d'aboutir aux accords les plus utiles à leurs
concitoyens et aux changements politiques dans notre pays. La discussion se poursuivra notamment dans un groupe de travail sur les contenus dont le cadre sera définit
ultérieurement.
Paris le 6 juillet 2009.
La délégation du PCF était conduite par Pierre Laurent accompagné de Patrice Bessac, Jacques Chabalier et Francis
Parny
La délégation du NPA était composée d'Olivier Besancenot, Yann Cochin, Sandra Demarcq, Pierre-François Grond, Yvan
Lemaitre ; Myriam Martin et Gérad Nicol.
Compte-rendu des rencontres PG avec le PCF, les Alternatifs et le NPA
Eric Coquerel, secrétaire national du PG aux relations extérieures et unitaires, fait un compte-rendu des rencontres du PG avec le PCF, les Alternatifs et le NPA après les
élections européennes.
Le Front de gauche entre élargissement et écartèlement
POLITIQUE - Rassembler la gauche n'est pas mince affaire, le Parti de gauche et le Parti communiste en font la délicate expérience...
«Poursuivre et élargir le Front de gauche», tel était le vœu formulé début juin par Marie-George Buffet, après le bon score obtenu aux élections européennes par l’alliance du PCF, du Parti de gauche et de la Gauche unitaire… Elargir,
d’accord, mais à qui? Un véritable numéro d'équilibriste, tant le grand écart entre le NPA d’Oliver Besancenot d’un côté, le PS de l’autre, semble périlleux. Ce vendredi soir, la secrétaire nationale
du Parti communiste retrouve ses camarades Jean-Luc Mélenchon
(Parti de gauche, PG) et Christian Picquet (Gauche unitaire) pour un forum-débat. En coulisses, les tractations ont déjà commencé pour les régionales de 2010.
Entre le Parti de gauche et le NPA, l’affaire semble rouler. Jean-Luc Mélenchon et Olivier Besancenot se sont rencontrés mardi et ont assuré que, quelles que soient leurs «divergences», leurs
formations respectives «souhaitent œuvrer à la préparation d'une contre-offensive du monde du travail pour faire valoir ses exigences».
Mélenchon le cul entre deux chaises
«Nous préparons ensemble la rentrée sociale, mais aussi les régionales de 2010», a confirmé à 20minutes.fr Pierre-François Grond, membre du comité éxécutif du NPA. Les anticapitalistes sont prêts à
présenter des listes «autonomes et indépendantes» aux régionales avec le PG, mais aussi avec Lutte ouvrière et les Alternatifs. Mais ils n'en démordent pas: «avec le PS, c'est impossible». Voilà qui
douche les espoirs de Benoît Hamon, qui appelait à l'unité quelques
jours plus tôt dans «Libération», estimant qu'il était temps de poser «la question de listes communes».
Voilà qui met aussi Jean-Luc Mélenchon dans une position délicate par rapport à ses alliés du PCF, qui ont une longue tradition d'alliance avec le PS, notamment pour les régionales. «La balle est
dans le camp du PCF», lâche Pierre-François Grond. Le NPA ne ferme pas la porte aux communistes, à condition qu'ils acceptent de ne discuter avec le PS qu'au cas par cas, au second tour des
régionales, mais pas avant.
«Le PCF n'a pas dit non, il se prononcera en octobre», assure à 20minutes.fr Eric Coquerel, secrétaire national du PG, chargé des relations extérieures et unitaires. Un proche de Marie-George Buffet
confie pourtant au
«Monde», ce vendredi, ne pas comprendre «la précipitation de Mélenchon» à discuter avec le NPA dès maintenant, perçue comme «une marque de manque de confiance».
«Un Front de gauche durable»
«Le PG, comme le PCF, veulent construire un Front de gauche durable, avec pour ambition d'être majoritaire à gauche dans les années à venir», annonce Eric Coquerel. Pourtant, Pierre-François Grond
(NPA) l'affirme: «il n'est pas question que le NPA entre dans le Front de gauche».
Le Front de gauche n’est donc pas mort, et une nouvelle alliance se profile. François Delapierre, délégué général du PG, veut rassurer son monde: «Personne ne pense que le PS va rejoindre le Front de
gauche». Olivier Besancenot et Marie-George Buffet auront l'occasion de discuter alliances dès lundi, au cours d'une réunion entre leurs partis respectifs.
Alliance mise en place pour les européennes, le Front de gauche continue son combat. C'est en tout cas le message qu'entendent faire passer les responsables du PCF en
organisant un meeting avec ses partenaires au sein de ce front, le Parti de gauche (PG) et la Gauche unitaire (ex-NPA), alors que les différentes forces à la gauche du PS s'agitent en vue des
régionales.
Vendredi 3 juillet, Marie-George Buffet, Jean-Luc Mélenchon et Christian Picquet tiendront à nouveau
tribune commune lors d'un forum sur l'alternative à gauche à la Mutualité à Paris. L'objectif pour le PCF est de montrer que l'alliance électorale du Front de gauche existe au-delà des européennes et
qu'il entend l'élargir au mouvement social. Vendredi, ils ont réussi à associer Maryse Dumas de la CGT, Annick Coupé de Solidaires,
Gérard Aschieri de la FSU, Roland Gori de l'Appel des appels, Aurélie Trouvé d'Attac à ce projet. La députée
verte Martine Billard est également de la partie.
Voilà une semaine que la direction communiste s'efforce de rassurer ses partenaires inquiets de son silence sur les régionales et de ses rencontres avec les dirigeants socialistes. L'entourage de
Mme Buffet assure que les discussions souhaitées "avec toute la gauche" n'hypothèquent pas une alliance aux régionales. La secrétaire nationale souhaite seulement prendre son
temps - jusqu'à la mi-septembre - pour tenter de rallier d'autres groupes militants et des personnalités. Et convaincre ses élus régionaux de l'intérêt d'une telle alliance Front de gauche pour les
régionales.
Mais le timing communiste est trop lent pour le PG. Mardi 30 juin, Jean-Luc Mélenchon a grillé la politesse aux communistes en s'affichant aux côtés d'Olivier
Besancenot. Ils ont annoncé leur volonté commune de parvenir à un "accord nationalsur des listes autonomes indépendantes" associant les forces du Front de gauche, le NPA,
Lutte ouvrière, les Alternatifs et la Fédération. Ces listes seraient indépendantes du PS.
Le degré de cette "indépendance" fait encore débat entre M. Mélenchon et M. Besancenot : si tous deux se prononcent pour "empêcher que des régions basculent à droite" au second
tour, le premier estime possible de "rassembler l'autre gauche et être en tête au premier tour" et, ainsi, dans la gestion des régions, "appliquer notre programme", le second refuse
tout accord de gestion avec le PS et Europe-Ecologie et veut en rester à des "fusions techniques". Le débat sur la participation à la gestion des exécutifs
n'est pas clos. "Il n'est pas certain qu'on y arrive. Mélenchon sera peut-être devant un choix : s'allier avec nous ou avec le PCF", dit-on au NPA.
"MANQUE DE CONFIANCE"
Place du Colonel-Fabien, on ne comprend pas "la précipitation de Mélenchon". "C'est un peu une marque de manque de confiance alors qu'on lui dit qu'en septembre, on fera une offre
nationale pour les régionales", glisse un proche de Mme Buffet. Entretemps, le PCF entend ne pas renoncer à "obtenir des majorités de gestion à gauche". Ses dirigeants
soulignent que la ligne du PS, maintenue après les européennes, n'incite pas à des accords. "On voit l'état du PS et les signes envoyés depuis les européennes sont inquiétants. On croit à la
dynamique qu'on a créé ensemble avec le Front de gauche", insiste Pierre Laurent, numéro deux du PCF.
Pour enfoncer le clou, Mme Buffet a proposé, le 2 juin, à ses partenaires une réunion "au plus vite" pour faire le point sur les rencontres. Pas question de laisser la main au
NPA.
Le NPA, structurellement unitaire et anticapitaliste....
NPA 30 juin 2009
Crédit Photo:
"Minifront" social et politique, "Saint-Denis en lutte"/AL Saint-Denis
Alors que Sarkozy et son gouvernement annoncent de nouvelles attaques, il est impératif d'amorcer la riposte politique
et sociale.
De grâces en disgrâces courtisanes, le jeu des chaises musicales organisé par Sarkozy II s'est achevé par la
constitution d'une équipe de choc, déterminée à faire payer la crise aux travailleurs. Ouvrir la voie au travail du dimanche, « externaliser » la longue maladie vers un régime d'assurances,
dégraisser en masse dans la fonction publique, renforcer l'arsenal répressif, les ministres réactionnaires ont de quoi nous préparer un été meurtrier pour les acquis sociaux et les
libertés.
Face un telle machine de guerre, la seule réponse possible, c'est la mobilisation générale des salariés et de la
population. Grèves, manifestations, marches nationales, pétitions, occupations, protestations de toutes sortes en sont les passages obligés. Aucune force politique ou syndicale ne peut, à elle seule,
décréter la généralisation des mobilisations. Il faut une rencontre de tous les partis, syndicats et associations de gauche1, pour examiner la situation et proposer rapidement un plan de
mobilisation ne se résumant pas à deux ou trois journées de grève étalées sur huit mois.
L'autre tâche de l'heure, liée à la première, est de faire grandir une opposition radicale à Sarkozy sur le plan
directement politique. La crise que traverse la social-démocratie libère de l'espace. Il s'agit de crédibiliser les solutions anticapitalistes et antiproductivistes à une échelle de masse. Nous ne
négligeons aucun terrain pour le faire. Nous sommes ouverts à toutes les collaborations unitaires, y compris dans un cadre électoral. Nous proposons au Parti de gauche (PG), aux Alternatifs, à la
Fédération, au PCF et à Lutte ouvrière de constituer partout des listes communes au premier tour des régionales de mars 2010.
Ces listes doivent porter les exigences sociales et écologistes face à la crise, ainsi que des mesures anticapitalistes
adaptées au rôle des conseils régionaux. Cela suppose un bilan critique des gestions des vingt régions de gauche. Cela suppose aussi, dans le cas où les listes auxquelles nous participons
fusionneraient avec celles du PS au second tour, que nos élus et ceux de nos partenaires conservent leur totale liberté de vote dans l'institution. Nous sommes prêts à participer à des coalitions de
gauche – donc sans le Modem – au second tour2, pour faire échec à Sarkozy et à ses amis, mais pas à nous renier. Hors de question de se soumettre à une solidarité de gestion qui nous
obligerait par exemple à voter des subventions régionales à des entreprises qui licencient.
Diverses déclarations du parti de Jean-Luc Mélenchon vont dans le bon sens. Celles des dirigeants du PCF sont très
contradictoires. « La stratégie du Front de gauche qui vient d'être expérimentée devra être élargie […] au NPA et à d'autres […]. Ça suppose que le NPA change sa posture quant à sa prise de
responsabilité sur la gestion des régions puisqu'ils ne veulent pas travailler avec le Parti socialiste, ce qui n'est pas notre cas », a, par exemple, déclaré le député communiste Roland Muzeau.
Entre la soumission aux politiques libérales mises en œuvre par le PS et la rupture anticapitaliste avec le NPA, le PCF devra pourtant choisir. Pour clarifier, des rencontres rapides, dont nous
rendrons compte au fur et à mesure, sont prévues avec l'ensemble des partenaires pressentis.
1. Le NPA a demandé des rencontres bilatérales à tous ces mouvements.
2. La loi électorale permet à deux listes ayant dépassé les 5 % au premier tour de fusionner au second.
Déclaration commune du NPA et du PG à l'issue de leur rencontre du 30 juin
La rencontre des délégations du NPA et du Parti de Gauche respectivement conduites par Olivier Besancenot et Jean-Luc Mélenchon qui a eu lieu le 30 juin au siège de ce
dernier a donné lieu à la déclaration commune suivante :
Le NPA et le Parti de Gauche constatent les ravages provoqués par la crise globale du système capitaliste, à la fois économique, sociale et écologique, dans laquelle
la politique des classes dirigeantes a plongé le monde. Ils dénoncent la vague de licenciements qui frappe de plein fouet le monde du travail et l'offensive de Nicolas Sarkozy, de la droite et du
Medef contre les salariés annoncée lors du Congrès de Versailles et dont la volonté de retarder l'âge du départ à la retraite est un élément phare.
Face à cette offensive pour faire payer les frais de la crise aux classes populaires, devant l'urgence de la situation, quelques soient par ailleurs les divergences
entre les deux formations, le NPA et le Parti de Gauche souhaitent œuvrer à la préparation d'une contre-offensive du monde du travail pour faire valoir ses exigences au premier rang desquels la
garantie d'un emploi, l'augmentation des salaires mais aussi tout refus de recul de l'âge de la retraite.
Sarkozy et la droite se prévalent des résultats des élections européennes pour donner une légitimité leur politique réactionnaire. Pourtant seul un électeur sur dix a
donné son suffrage à l'UMP. Il s'agit en réalité moins d'une victoire de la droite que de l'incapacité de la gauche à lui opposer une véritable alternative. En proposant d'accompagner ce système et
en se contentant de remèdes homéopathiques qui ne le remettent pas en cause, cette gauche devient du coup inutile aux yeux du plus grand nombre. C'est ce qui explique la crise profonde des partis de
la sociale démocratie en Europe. L'abstention massive des classes populaires et des jeunes - phénomène le plus important de ces élections - illustre cruellement cette tendance de fond. Cette
abstention est certes au rejet de l'actuelle construction libérale et anti démocratique de l'Europe. Mais aussi au fossé de plus en plus grand entre les aspirations populaires et l'offre de la gauche
institutionnelle. Dans une situation où la crise va s'aggraver, il y a là un risque majeur. On ne peut que s'inquiéter de la progression de l'extrême droite. Elle prouve qu'elle peut profiter du
désespoir des milieux populaires.
Les deux partis soulignent également l'ambiguïté du vote Europe Ecologie. Il reflète une prise de conscience salutaire de la crise écologique. C'est décisif ! Mais ses
porte-paroles en font aussi une stratégie politique pour dépasser le clivage gauche/droite. Pour nous, on ne peut ignorer le lien étroit entre la logique prédatrice du capitalisme et le désastre
environnemental.
Ils s'accordent pour favoriser l'unité la plus grande contre les projets de la droite et du patronat que ce soit dans le domaine social, écologique, et des droits et
des libertés. Le NPA et le Parti de Gauche sont ainsi unis actuellement dans la mobilisation contre l'EPR ou dans le comité national contre la privatisation de La Poste. Mais ils avancent aussi des
propositions d'initiatives sur le terrain de la lutte contre les licenciements.
Les deux formations estiment aussi indispensable d'unir les forces de gauche et des écologistes qui rejettent la logique du système capitaliste aux élections
régionales. Il est urgent de rendre plus crédible une véritable alternative au système.
Les deux partis constatent que les propositions issues de leurs instances nationales respectives sont suffisamment proches pour leur permettre d'avancer dans cette
voie unitaire pour les élections régionales. En conséquence, ils se prononcent au premier tour des régionales pour un accord national pour les 21 régions hexagonales sur des listes autonomes
indépendantes associant les forces qui composent aujourd'hui le Front de Gauche comme le PCF et le Parti de Gauche et le NPA, LO, Alternatifs, Alterekolo et les autres courants qui sont dans la
Fédération, militant-e-s de quartiers ou du mouvement social. Le NPA les nomme « forces anticapitalistes », et le PG « l'autre gauche ». Ces listes seraient porteuses des exigences des classes
populaires, d'un programme d'urgence en rupture avec la logique capitaliste et le productivisme pour les régions. Elles seront autonomes et indépendantes du PS et des listes de type Europe
Ecologie.
Au second tour, les listes soutenues par le Parti de Gauche et le NPA se battront pour faire gagner la gauche et empêcher que des régions basculent à droite. Pour
cela, les deux organisations se prononcent d'ores et déjà pour des fusions « techniques » ou « démocratiques » des listes de gauche à l'exception de tout accord incluant le Modem.
Pour le NPA, au sein de l'institution, les élus de ces listes conserveront leur liberté totale de vote et refuseront d'accepter des mesures et des budgets défavorables
aux travailleurs et à la population.
Il subsiste évidemment au stade de cette première rencontre des questions à régler.
Pour le Parti de Gauche, l'ambition est d'être en situation d'appliquer le programme de ces listes dans le nombre le plus important possible de régions. Le plus sûr
moyen d'imposer ce rapport de force consiste à placer ces listes en tête des listes de gauche au soir du premier tour.
Pour le NPA, les élus refuseront de contracter des accords de gestion avec les dirigeants du PS et d'Europe Ecologie. En effet, le NPA constate que les majorités de
gauche ayant géré les régions depuis 6 ans n'ont pas mené de politique visant à satisfaire les besoins de la population et à répondre aux exigences écologiques. Elles ont pris des mesures qui leur
étaient défavorables, par exemple des subventions accordées à des entreprises qui licencient.
A ce stade, les deux partis estiment que ces différences n'empêchent pas de poursuivre le processus entamé aujourd'hui. Au contraire, les deux partis estiment que leur
rencontre aujourd'hui contribue à renforcer une dynamique positive et s'en félicitent. Un rassemblement aussi ambitieux est possible, il peut changer bien des choses. Pour le rendre toujours plus
crédible, le Parti de Gauche et le NPA vont poursuivre leurs contacts, et s'invitent d'ores et déjà à leurs rendez-vous de l'été. Ils proposent également à tous les partenaires pressentis un groupe
de travail commun pour commencer à avancer sur le contenu de ce que pourrait être le programme d'un tel rassemblement pour les régionales.
Paris, le 30 juin.
Pour le NPA : Pierre Baton, Olivier Besancenot, Frédéric Borras, Pierre François Grond, Ingrid Hayes, Guillaume Liégard, Danielle Obono
Pour le Parti de Gauche : Jean Luc Mélenchon, Gabriel Amard, Eric Coquerel, François Delapierre, Audrey Galland, Raquel Garrido, Pascale le Neouannic,
Corinne Morel Darleux
C'est "vraisemblable", affirme Jean-Luc Mélenchon, qui doit rencontrer Olivier Besancenot, du NPA, mardi après-midi, en vue de discuter de la création de "listes communes autonomes" pour les
prochaines échéances électorales.
Jean-Luc Mélenchon et Olivier Besancenot (AP)
Jean-Luc Mélenchon du Parti de gauche a qualifié mardi 30 juin de "vraisemblable" la constitution de "listes communes autonomes" de son parti avec le
PCF et le NPA aux régionales de mars 2010.
Cette déclaration intervient à quelques heures d'une rencontre avec Olivier Besancenot du NPA, qui a fait cavalier seul aux européennes.
Invité sur France Inter, l'ancien socialiste a annoncé que le leader du NPA et lui-même allaient "avancer", avant d'annoncer comme "vraisemblable" la constitution de "listes communes autonomes au
premier tour du Parti communiste, du NPA, du Parti de gauche et de (leurs) autres alliés" aux régionales.
"Chacun garde sa personnalité"
Pour l'eurodéputé fraîchement élu, "la leçon des élections européennes, c'est que si 'l'autre gauche' s'était rassemblée, c'est nous qui occuperions la quatrième place, on aurait fait un peu plus de
10%, on aurait eu 12 députés (...) on aurait envoyé au tapis (Jean-Marie) Le Pen".
Sa "bataille politique" est désormais de "rassembler tout ça dans un front commun où chacun garde sa personnalité". Il a néanmoins reconnu qu'il n'est "pas révolutionnaire de la même
manière" qu'Olivier Besancenot.
Le NPA n'a obtenu pour sa part aucun eurodéputé. Il ne regrette cependant pas son refus d'alliance avec le Front de gauche jugeant que le PCF s'allierait de nouveau au PS dès les régionales pour
"sauver les élus communistes".
"Banco" si accord d'indépendance
En revanche Pierre-François Grond du NPA a assuré qu'en cas d'"accord d'indépendance par rapport au PS aux régionales", le parti trotskiste dirait "banco" à l'alliance.
Il a également posé les préalables indispensables à une alliance. Refusant tout "accord de gestion avec le PS ou avec Europe-Ecologie", il ne doit pas y avoir non plus "confusion ou politique à
géométrie variable".
Il rejette également une "politique qui épouse les intérêts de reproduction de l'appareil d'élus du PCF".
Selon Pierre-François Grond, Jean-Luc Mélenchon, "en désaccord avec son allié" communiste, "essaie de sauver son attelage des européennes". "En même temps il propose une ligne qui n'est pas pour
l'instant celle du PCF qui a appelé à l'élargissement du Front de gauche vers le PS".
Annonçant une rencontre NPA-PCF lundi prochain, le membre de l'exécutif du NPA a rappelé que ce n'était que "des débuts du processus de discussion".
"Aller dans tous les contenus"
Pour l'eurodéputé du Front de gauche "il ne suffit pas de faire des cartels d'organisations ou de faire, comme croient les socialistes, la maison commune : tout le monde rapplique et on ne regarde
pas ce qu'il y a dans le programme!", a-t-il ironisé. Il a cependant précisé être "pour le rassemblement de toute la gauche", "sans exclusive" avant de conclure : "la gauche doit reconquérir le
terrain" et "aller dans les contenus".
Jean-Luc Mélenchon, élu eurodéputé depuis le 7 juin dans le Sud-Ouest à la tête de la liste Front de gauche PCF-PG, quittera ses fonctions de sénateur de l'Essonne pour siéger à Strasbourg à partir
du 14 juillet.
Compte rendu de la rencontre entre les Alternatifs
et le Parti de Gauche
PG 29 Juin 2009
Des délégations de l'exécutif des Alternatifs et du Parti de Gauche se sont rencontrées vendredi 26 juin au siège des premiers.
La rencontre a permis un échange sur la situation sociale et politique après les Européennes, les deux organisations ayant une approche comparable des résultats et
de leurs significations et en conséquence du renforcement prévisible de l'offensive de la droite dans les semaines à venir. Cette analyse ne fait que renforcer ce que réclamaient déjà ensemble, les
deux mouvements lors de leur première rencontre en décembre 2008 : la nécessité d'un « front unitaire de toutes les forces politiques de la gauche de transformation sociale et
écologique », dans les luttes et dans les urnes.
Dans ce cadre, les deux partis constatant de fortes convergences stratégiques notamment pour les élections régionales à venir, la discussion a pu rentrer dans les détails. Le PG et les Alternatifs
abordent ces élections, comme celles qui suivront, avec une approche majoritaire : il est question de modifier le rapport de force à gauche seul moyen à terme de rassembler une majorité sur
un programme de transformation qui sera du coup en situation de battre la droite. En conséquences, elles se prononcent au premier tour des régionales pour un accord national sur des listes autonomes
de l'ensemble des forces de la gauche de transformation et de l'écologie radicale. Ces listes seraient porteuses de mesures en rupture avec la logique capitaliste et le productivisme pour les
régions, donc autonomes du PS. Leur ambition affichée est d'être en tête des listes de gauche au soir du premier tour dans le maximum de région et du coup en situation
d'appliquer leur programme. Seule l'unité la plus large peut le permettre et les deux mouvements s'accordent pour le favoriser d'ici là.
Au second tour, le Parti de Gauche et les Alternatifs entendent empêcher que des régions basculent à droite. Pour cela, les deux organisations se prononcent d'ores et déjà pour des fusions
techniques - les Alternatifs parlent de « fusions démocratiques » - des listes de gauche à l'exception de tout accord avec le Modem.
Les Alternatifs rappellent, par contre, que la question des accords politiques de gestion dans les régions fait débat et que ces éventuels accords devraient reposer à la fois sur un rapport de forces
et sur des contenus qui ne peuvent se limiter au refus (acté par tous) d'alliance avec le MODEM. En outre, ils notent que l'approche critique des exécutifs des conseils régionaux de gauche peut
varier selon les régions, la politique n'ayant pas été la même dans les 20 régions concernées.
Les Alternatifs ont dit leur accord pour engager des discussions avec les forces réunies dans le Front de Gauche si cela permettait d'accélérer le processus mais que l'intégration au Front de Gauche
pour les Régionales ne pouvait être un préalable à ces discussions.
Enfin la délégation du Parti de Gauche a rappelé que sa proposition de construire ensemble le Parti de Gauche, voulu comme un parti creuset, à travers son congrès de fondation fin 2009 pouvait aussi
concerner les Alternatifs. Malgré des convergences substantielles, les Alternatifs ne l'envisagent pas mais affirment qu'ils répondront positivement à toute proposition de débats et discussions
publiques sur les contenus à l'instar du forum sur la planification écologique organisé par le Parti de Gauche fin 2008.
En conclusion les deux mouvements ont rappelé leur invitation respective à leur rendez-vous de l'été : l'université d'été des Alternatifs où Marc Dolez représentera le PG le 4 juillet, le
« Remue-Méninge » du Parti de Gauche le dernier week-end d'août.
Le Conseil National du Parti de Gauche du 14 juin a adopté une résolution comportant plusieurs propositions visant à poursuivre, renforcer et élargir la stratégie de construction du Front de
gauche. L'objectif est de construire un Front de Gauche permanent, présent dans les luttes et dans toutes les élections, des régionales de 2010 - à travers des listes autonomes
regroupant « l'autre gauche » au premier tour - aux présidentielles et législatives de 2012.
Dans ce texte, le Parti de Gauche annonçait sa volonté d'amorcer rapidement la discussion sur ces propositions avec tous les partis et mouvements de gauche susceptibles d'y participer à commencer
bien sur par ceux qui font déjà partie du Front de Gauche.
Plusieurs rencontres sont déjà programmées :
Avec le PCFau siège du
PG (situé au 63 avenue de la République dans le 11ème arrondissement de Paris) le 25 juin à 16 heures,
les deux délégations étant conduites respectivement par Marie-Georges Buffet et Jean-Luc Mélenchon. Outre ce dernier, la délégation
du PG sera composée de : Eric Coquerel, Claude Debons, Hélène Duclos, Raquel Garrido, Danielle Simonnet.
Avec les Alternatifs le 26 juin à 18
heures au siège de ce parti. La délégation du PG du PG sera menée par Eric Coquerel,
Avec le NPAau siège du PG le 30 juin
à 16 heuresavec des délégations conduites par Olivier Besancenot et Jean-Luc Mélenchon. Outre ce dernier la
délégation du PG sera composée d'Eric Coquerel, François Delapierre, Audrey Galland, Raquel Garrido, Pascale Le Néouannic, Corinne Morel-Darleux.
D'autres rendez-vous suivront notamment avec Gauche Unitaire et République et
Socialisme.
Résolution de la Coordination Générale du 21 juin 2009
Retroussons nos manches !
La droite, le patronat se ressaisissent. Des attaques majeures contre les services publics, les retraites, tout le système de protection sociale, sont engagées. Le chômage et la précarité
explosent. Il est donc indispensable que les fronts de résistance les plus larges se construisent, qu’une démarche unitaire alternative s’affirme. Il en va de même contre les politiques répressives
et xénophobes du gouvernement. Les Etats généraux du Chômage et de la précarité ont mis en avant la perspective d’une marche nationale : Les Alternatifs soutiennent cette
initiative.
De même, des mobilisations sont indispensables contre l’EPR, contre le réchauffement climatique, avec en ligne de mire la conférence Climat de Copenhague. C’est dans cette dynamique que les
Alternatifs participeront au rassemblement et aux rencontres de Notre Dame des Landes en août.
Ils seront partie prenante de la grande manifestation pour les droits des femmes le 17 octobre.
Les Alternatifs contribueront à un projet répondant aux exigences écologiques, sociales et démocratiques dans les régions,
Ce projet doit être porté au premier tour des élections régionales par des listes indépendantes du PS, listes de rassemblement de la gauche de transformation écologique et sociale, et de
l’écologie antilibérale, de rassemblement sans exclusive au sein desquelles la Fédération pour une Alternative Sociale et Ecologique à toute sa place.
Au 2ème tour, les Alternatifs sont favorables à une fusion démocratique de toutes les listes de gauche et écologistes antilibérales, afin de battre la droite et d’assurer une représentation
équitable et pluraliste au sein des Conseils Régionaux. Le débat sur de possibles accords politiques de gestion dans les Régions reste ouvert au sein des Alternatifs, au niveau national comme
régional.
Dès à présent, les Alternatifs engagent le travail sur leur contribution à un projet alternatif dans les régions.
Au niveau national comme régional, ils rencontreront toutes les forces d’un rassemblement du premier tour.
Une coordination des Alternatifs réunie les 26 et 27 septembre permettra de préciser les orientations entre autres en regard des politiques menées par les Régions.
L'avenir du Front de gauche est suspendu à la stratégie du PCF pour les élections régionales
"Poursuivre et élargir le Front de gauche." Au lendemain des élections européennes, la secrétaire nationale du PCF, Marie
George Buffet avait eu cette formule, tirant le bilan de l'alliance ainsi dénommée entre les communistes et le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon qui a envoyé
au Parlement européen cinq élus. La formule vaut désormais pour les élections régionales de 2010, a-t-elle réaffirmé lors d'un conseil national, vendredi 19 juin.
Le pari n'est pas facile. En 2004, le PCF avait laissé ses fédérations régionales décider de leurs alliances. Et dans une grande majorité, à l'exception de cinq régions dont l'Ile-de-France, les
militants avaient choisi de s'allier dès le premier tour avec le PS. 185 conseillers PCF avaient ainsi été élus. La situation semble plus complexe pour 2010.
La campagne du Front de gauche et son relatif succès ont regonflé le moral des militants communistes, assommés par les échecs électoraux successifs de leur parti. Ils ont réappris à faire de la
politique avec plaisir et surtout, apprécié de pouvoir "taper" sur le PS et sa ligne "sociale-libérale". L'appel, lancé par leur secrétaire nationale le 7 juin au soir, à "continuer
l'expérience" en organisant un meeting le 3 juillet à la Mutualité, les a rassurés. Sans pour autant leur donner une stratégie électorale durable.
"ENVIE D'UNITÉ"
Une partie de la direction du PCF avait envisagé revenir à des alliances classiques avec le PS. Les remontées des fédérations ont montré que le message ne "passerait" pas : "l'envie
d'unité" a gagné du terrain dans les troupes communistes. Jean-Luc Mélenchon ne s'y est pas trompé quand il a proposé, dès le 16 juin, de constituer "un Front de gauche permanent, présent
dans les luttes et dans toutes les élections, des régionales de 2010 aux présidentielles et législatives de 2012". Une façon pour lui de maintenir la pression sur son partenaire.
Mme Buffet a laissé toutes les options ouvertes devant le parlement du parti, en affichant une préférence pour des listes "à l'image de la démarche du Front de
gauche". L'idée, encore floue, a expliqué Pierre Laurent, numéro deux, est de "ne pas figer le périmètre du rassemblement" : "Vu ce qui se passe au PS
pour qui la seule leçon de son résultat aux européennes, c'est les primaires, beaucoup de gens peuvent être disponibles pour une nouvelle offre politique qui ne se contente pas de poursuivre la
gestion des majorités sortantes."
"On doit travailler sur des projets et élargir encore le Front de gauche", insiste Mme Buffet. Un nouveau conseil national proposera une "orientation
nationale" les 26 et 27 septembre. Suivront des conférences régionales à la mi-octobre. La "ligne" sera définitivement arrêtée par un conseil national les 24 et 25 octobre. Un délai qui laisse
le temps de s'"adapter" aux situations locales... et aux offres du PS.
La démarche a plutôt séduit les cadres du parti. Même si certains restent sur leur faim en préconisant une orientation plus ferme. "Les communistes ne veulent pas d'un accord avec le PS au
premier tour. On ne peut pas avoir une stratégie à géométrie variable où personne ne s'y retrouve", assure Sylvie Tricot, de la sensibilité des communistes
unitaires. "Il faut être capable de présenter quelque chose de cohérent au premier tour en élargissant ce que nous avons fait aux européennes", renchérit la sénatrice Nicole Borvo. "Il ne faut pas avoir une conception étriquée du Front de gauche mais ne pas penser non plus qu'on va construire une nouvelle union de la gauche", souligne
encore Marie-Pierre Vieu. La ligne de crête risque d'être compliquée à tenir.
Besancenot :
"La gauche a besoin d’une victoire sociale"
Deux semaines après les élections européennes, dans lesquelles il n’a obtenu aucun élu (4,98% des voix), le NPA tient ce week-end son premier conseil
politique national. Le leader du parti d'extrême gauche, Olivier Besancenot, fait le point sur sa stratégie.
Le NPA a été devancé par le Front de Gauche aux européennes. C’est une déception ?
Non car, pour nous, nous n’étions pas en compétition avec le Front de gauche. Il faut comparer avec ce qui est comparable. En 2004, le NPA n’existait pas. Les listes communes de la LCR et de Lutte
ouvrière avaient fait 2,5%.
Là, le NPA fait 5% pour son premier test électoral. Même si ce n’est pas une entrée fulgurante et fracassante, c’est un bon départ, d’autant que ce scrutin n’était
pas favorable pour nous puisque notre électorat, jeune et ouvrier, a été particulièrement touché par l’abstention.
Est-ce qu’à l’avenir vous envisagez une alliance avec les autres partis de gauche ?
Ce qu’on va soumettre au vote de la direction nationale du NPA ce week-end, c’est de prendre des contacts unitaires tous azimuts avec l’ensemble des partis de gauche, y compris avec l’ensemble des
organisations du mouvement social, pour organiser la riposte face à la droite dès la rentrée.
Avec les organisations à la gauche de la gauche, on discutera des possibilités ou non de rassembler les forces anticapitalistes, mais sur des bases d’indépendance
totale vis-à-vis de la direction du PS. On leur tendra une main fraternelle pour leur dire : "Assumons notre indépendance". Pour les régionales par exemple, être indépendant ça veut dire ne pas
participer aux exécutifs des conseils régionaux socialistes, qui aujourd’hui distribuent des subventions publiques à des groupes qui licencient à tour de bras.
Vous participeriez à des primaires ouvertes à gauche pour la présidentielle ?
Ce sera sans nous. La gauche, elle ne crève pas de ne pas avoir tel ou tel leader, elle crève de pas avoir un programme radical. On a une droite complètement décomplexée, qui ne s’excuse pas de
défendre les intérêts du Medef, il faudrait qu’on ait une gauche qui ne s’excuse pas de défendre les intérêts des exploités, des opprimés, de la jeunesse.
Depuis sa victoire aux européennes, Nicolas Sarkozy est en position de force pour engager de nouvelles réformes…
Aujourd’hui on sent que le gouvernement se sent pousser des ailes. On a de nouveau des licenciements en cascade, comme chez Michelin ou à la SBFM, on a la privatisation rampante de la poste qui est
annoncée comme par hasard après l’élection, le débat sur l’âge de la retraite qui est rouvert….
Le problème qui se pose aujourd’hui à l’ensemble de la gauche sociale et politique, c’est : est-ce qu’on est capable de rassembler toutes nos forces pour stopper le
gouvernement dans les semaines et les mois à venir ? On a besoin d’une victoire sociale du type de ce qu’on avait pu connaître au moment de contrat de première embauche sous Villepin. Tant qu’on ne
l’aura pas, c’est le gouvernement qui garde la main.
Comment comptez-vous y parvenir alors que le mouvement social s’essouffle ?
Il y a une course de vitesse qui est enclenchée. Dans la séquence sociale ouverte depuis janvier, le gouvernement a repris la main depuis un mois et demi. On l’a vu le 13 juin. Ca renvoie à la
stratégie des syndicats. On était et on reste en droit d’attendre autre chose que des grandes manifestations tous les deux mois. La mobilisation sociale connaît des hauts et bas, pour autant il y a
des luttes de façon discontinue dans des entreprises publique et privées. Le problème, c’est de savoir comment les unifier.
La grève générale que vous préconisez, vous y croyez encore ?
Oui, j’y crois toujours. Mais la grève générale, elle ne se décrète pas, elle se prépare. Il faut trouver le chemin de convergence des luttes. Il y a des étapes intermédiaires qui pourraient être par
exemple une marche des salariés licenciés : tous les salariés qui résistent actuellement contre les licenciements, chez Molex, Goodyear, Continental, Caterpillar ou Michelin se retrouveraient dans la
rue. Quoi qu’il arrive, je ne crois pas que les semaines et les mois à venir seront un long fleuve tranquille pour le gouvernement.
Cantonales. Front uni lors de la partielle de dimanche.
Sur l’affiche de campagne, ils y sont tous : le PCF, les Verts, le Parti de gauche (PG) de Jean-Luc Mélenchon, Alternative citoyenne, les Alternatifs, Démocratie et citoyenneté locale
(Décil). Et même le NPA d’Olivier Besancenot. «Alliance inédite», s’enthousiasme Joël Jegouzo, candidat à l’élection cantonale partielle de dimanche à Mantes-la-Jolie (Yvelines). Ce scrutin
doit permettre d’élire le successeur de Pierre Bédier au conseil général, déclaré inéligible pour six ans après sa condamnation définitive pour corruption passive et abus de biens sociaux.
Ecœurées. Syndicaliste et membre du Parti communiste depuis trente-deux ans, Joël Jegouzo peut compter sur le soutien de près de l’ensemble des forces mantoises à la gauche
du PS : «Grâce à des liens de confiance tissés au fur et à mesure des années, nous avons réussi à convaincre les sections départementales des partis de se lancer unis.» La gauche
vraiment unie face à l’UMP Michel Vialay ? Pas tout à fait. Marc Jammet, dissident PCF, fait bande à part. Les socialistes se lancent seuls dans la bataille en présentant Guillaume Quévarec.
«C’est une chance d’avoir deux ou trois candidats de gauche», estime ce dernier pour qui chaque candidat pourra mobiliser davantage son électorat au premier tour. L’objectif étant le
rassemblement derrière un candidat de gauche au second.
Mais dimanche, si les résultats des européennes se renouvellent, Guillaume Quévarec pourrait se retrouver victime de l’alliance à sa gauche et se voir devancé par son adversaire communiste. Le
7 juin, la liste PS avait obtenu 16,8 %, alors que la somme des voix obtenues par le Front de gauche (PCF et Parti de gauche), Europe Ecologie et le NPA avait atteint un total de 23,8
%. Côté socialiste, on reste serein. «Beaucoup de personnes qui votent généralement UMP viennent me voir pour me dire qu’elles sont écœurées par la présence de la femme de M. Bédier,
suppléante de M. Vialay», explique Guillaume Quévarec.Joël Jegouzo, lui aussi, calme les ardeurs : «Une élection n’est pas une addition de scores de tous les partis.» Mais
dans son camp, on est plus enthousiaste : «Il n’est pas exclu de passer devant le PS au premier tour», espère François Duchamp, membre de Décil.
«Ponctuelle». L’expérience mantoise est-elle reproductible à l’avenir ? A la gauche du PS, les avis divergent. Si pour les Verts, il s’agit d’une «alliance ponctuelle»,
un «cas de figure local», le Parti de gauche voit dans la série d’élections partielles qui s’annoncent (comme à Aix-en-Provence ou Corbeil-Essonnes) l’occasion de tester ce type de
rassemblement : «Les leçons à tirer seront nationales, prédit François Delapierre (PG), si c’est un succès, ça ne donnera que des arguments pour poursuivre.»
Au NPA, onestime que ces alliances locales peuvent être renouvelées lors de futurs scrutins, «mais ce n’est pas nous qui changeons», se défend Guillaume Liegard, membre du comité
exécutif du NPA, prenant en exemple les régionales de 2010 où le PCF «semble préférer défendre son bilan avec le PS». Quant à une alliance des socialistes avec le NPA, elle apparaît, à tous,
inenvisageable.
Communiqué NPA-PCF-PG-UMS sur l'élection municipale à Aix
Mercredi, 17 Juin 2009
Unité et clarté pour un nouvel espoir à
Gauche !
Après des propos homophobes inadmissibles, l'élection municipale d'Aix en Provence vient d'être justement invalidée.
L'espoir d'un changement s'est à nouveau levé dans notre ville. Mais cet espoir ne pourra se concrétiser dans les urnes, et ce qui compte par-dessus tout, dans la vie quotidienne des aixoises et
aixois, que s'il s'appuie sur un projet clair et fédérateur, résolument à gauche.
Le Parti Socialiste, après une semaine de confusion, prône désormais une alliance avec le MODEM, révélatrice de ses orientations politiques.
Les Verts semblent surtout préoccupés de « capitaliser » les bons résultats obtenus aux élections européennes.
Dans ces conditions, nous avons engagé un processus de constitution d'une liste de large rassemblement à gauche, ouverte à celles et ceux qui veulent porter un projet de renouveau social, écologique
et citoyen sur la ville, en rupture avec les logiques libérales.
Nous voulons croire que la dynamique autour de notre rassemblement permettra de faire prévaloir à nouveau l'unité et la clarté à gauche pour battre Maryse Joissains.
C'est indispensable pour rassembler la population, celles et ceux qui subissent durement les effets de la crise dus à la politique de la droite qu'elle défend ; en particulier dans les domaines du
logement, des services publics (notamment petite enfance, vie scolaire, action sociale), de l'écologie, de la lutte contre les discriminations, de la politique de la jeunesse, etc.
Nouveau Parti Anticapitaliste, Parti Communiste Français, Parti de Gauche, Unis pour un Monde Solidaire (La Fédération)
Fait à Aix en Provence, le 13 juin 2009
****************************
Communiqué du NPA 13
Après des propos homophobes inadmissibles, Maryse Joissains vient d’être très justement invalidée. A Aix-en-Provence, le PS remis en ordre par le Président du Conseil Général,
Jean-Noël Guérini, toujours plus ouvert aux alliances au centre ne peut représenter une alternative à gauche. Le NPA appelle toutes les forces anticapitalistes et antilibérales à s’unir pour
présenter une liste commune.
Le Conseil d'Etat a annulé lundi les élections municipales de mars 2008 à Aix-en- Provence, remportées par l'UMP Maryse Joissains. Il considére que "des propos et des insinuations d'une gravité inadmissible" durant la campagne ont "pu fausser les résultats du scrutin".
De nouvelles élections devront se tenir dans un délai de trois mois. Mme Joissains avait été
reconduite à la tête de la deuxième ville des Bouches-du-Rhône au second tour avec 44,2% des voix, contre 42,9% à la liste PS d'Alexandre Medvedowsky et et 12,7% à une liste du MoDem dirigée par
François-Xavier de Peretti.
L'annulation du scrutin fait suite à un recours déposé par Stéphane Salord, ancien deuxième adjoint de Mme Joissains dans la
municipalité sortante, mais qui avait rejoint la liste du MoDem lors du scrutin de 2008.
Le Conseil d'Etat, saisi après que le tribunal administratif de Marseille eut rejeté ce recours en septembre, a considéré que "les attaques dirigées
contre le candidat conduisant la liste Génération Aix", François-Xavier de Peretti, et certains de ses colistiers durant la campagne "ont revêtu un caractère exceptionnellement violent(...) de nature à fausser le résultat du
scrutin".
Le
Parti de gauche prépare un congrès "fondateur" pour fin 2009
Mercredi, 17 Juin 2009 10:32
PARIS (AFP) — Le Parti de Gauche (PG) de Jean-Luc Mélenchon, a décidé lors de son Conseil national dimanche, de tenir son congrès "fondateur" fin 2009 et de poursuivre la construction du "Front de
gauche", né de son alliance avec notamment le PCF aux européennes.
Le PG se donne "deux outils": "l’élargissement" à la fois du "Front de Gauche et du Parti de Gauche", indique-t-il dans une déclaration.
Né en janvier lors d'un congrès "constituant", sous la houlette de l'ex-socialiste Jean-Luc Mélenchon, il entend tenir son congrès fondateur en fin d'année en le coorganisant avec toux ceux,
"groupes, collectifs et personnalités", qui souhaiteraient y contribuer.
"Nous voulons en faire vraiment un congrès refondateur, de dépassement de ce qui est aujourd'hui le Parti de gauche", explique à l'AFP François Delapierre, délégué général du parti.
Il s'agit d'adopter "notre programme et des règles de fonctionnement. Tout est sur la table. A ceux qui sentent la nécessité d'un parti creuset, avec différentes cultures de la gauche qui se
fondent, nous proposons un comité de co-organisation de ce Congrès pour le préparer ensemble", explique-t-il.
Par ailleurs, le PG va poursuivre sa stratégie de construction du Front de gauche, qui a obtenu aux européennes 6,47% (avec l'outre-mer) devant le NPA d'Olivier Besancenot (4,98%).
Pour renforcer ce Front, le PG "va proposer des rencontres au PCF, à Gauche Unitaire, à République et socialisme, à tous les membres des comités d’initiative et de soutien" qui s'étaient
rassemblés pour le scrutin du 7 juin. Le NPA a jusqu'à présent rejeté son offre.
Le PG leur propose "un Front de Gauche permanent, présent dans les luttes et dans toutes les élections, des régionales de 2010 aux présidentielles et législatives de 2012".
Pour les régionales, le PG constate que le PS et les Verts envisagent une "stratégie d’alliances à la carte", laissant "ouverte l’hypothèse d’alliances avec le centre". Dès lors, il
"se prononce pour la constitution de listes du Front de Gauche autonomes, composées avec toute l’autre gauche".
Dimanche, le NPA n'a obtenu aucun siège au Parlement européen. Mais Olivier Besancenot se réjouit de voir la gauche anticapitaliste faire un score de 12%, et appelle
toute la gauche, y compris le PS, à "résister ensemble, sans sectarisme, face à la droite". Car si l'opposition n'obtient pas rapidement "une victoire sociale", c'est toute la gauche qui sera en
mauvaise posture...
Réunis dans le Front de gauche, le Parti communiste, pourtant en perte de vitesse, et le tout jeune Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon ont fait un meilleur score que le NPA. Comment
l'analysez-vous ?
Il faut comparer notre score avec ce qui lui est comparable; aux dernières européennes, la LCR (d'où est en partie issu le NPA, ndlr) s'était présentée avec LO et ensemble elles avaient fait 2,5%. Le
parti communiste faisait déjà à l'époque environ 6%, sans Mélenchon. Aujourd'hui, le NPA fait 5% à lui seul. On ne s'est jamais fixé comme objectif d'être devant le Front de gauche; ce n'est pas un
échec d'être derrière. Mais cette élection confirme qu'il faut compter avec une gauche anticapitaliste en France. Il y a un espace pour cette gauche, un espace que le NPA occupe. Ce qui n'était pas
gagné puisque c'était notre premier test électoral.
Pendant la campagne, plusieurs sondages donnaient pourtant le NPA devant. Que s'est-il passé : un problème de stratégie, d'électorat ?
Les milieux auxquels le NPA s'adresse, et dans lesquels il agit, sont des milieux populaires, plutôt précaires et plutôt jeunes. Ce sont les plus susceptibles de s'abstenir. Et les plus politisés
d'entre eux nous répètent que la dernière fois qu'on leur a demandé leur avis -pour le traité constitutionnel en 2005- tout le monde s'est assis sur le vote du peuple. Dès lors, cette élection ne
nous était pas favorable. D'après les sondages, 73% de nos électeurs ne sont pas allés voter. Si tous les gens qui partageaient nos idées y étaient allés, on aurait probablement des élus, car dans
trois circonscriptions ça s'est joué à quelques voix. C'est notre seule petite frustration.
Le contexte de cette élection était le même pour tous...
Non, tous les partis n'ont pas été touchés de la même façon par l'abstention. Les gens les plus touchés par la crise économique sont ceux qui s'impliquent le moins dans un scrutin électoral. Ceux qui
se sont déplacés pour voter sont les gens qui vivent en centre-ville et qui appartiennent aux milieux sociaux les plus stables. Le NPA s'est battu pour convaincre les personnes des milieux populaires
d'aller voter; il y est arrivé en partie, mais pas complètement.
L'extrême-gauche est à 12%; envisagez-vous une alliance avec le PC et Mélenchon pour peser dans le rapport de force ?
J'ai entendu le Front de gauche dire qu'il voulait s'élargir à la fois vers le NPA et vers le Parti socialiste, dans le but de trouver une vocation majoritaire. Au NPA, nous tendons nous aussi la
main au PC et aux partis de gauche, mais sur des bases clairement anticapitalistes et indépendamment de la direction du PS. Parce qu'il faut être cohérent: pour les élections régionales par exemple,
il faut savoir si on veut participer avec les socialistes à des exécutifs régionaux qui distribuent -encore maintenant- des subventions publiques à des groupes qui font des bénéfices et qui
licencient quand même. Pour nous, c'est non. Et ce sont sur ces bases anticapitalistes qu'il faut rassembler. Mais ce n'est pas ce que pense le Front de gauche. Nous n'avons pas d'ennemis dans ce
camp; nous n'avons pas, pour notre part, mené de campagne agressive vis-à-vis d'eux. Tout ce qu'on peut faire ensemble, on le fait. Mais on n'esquive pas les sujets qui fâchent.
Au PS aussi, on regarde dans votre direction: Malek Boutih propose de faire des états généraux de la gauche, avec vous, pour constituer une coalition anti-Sarkozy, vous êtes d'accord
?
Le PS pourrait peut-être commencer par accepter les propositions unitaires qu'on lui fait depuis des mois: aller ensemble dans les entreprises qui ferment, pour soutenir les salariés qui résistent
aux licenciements -ceux de Goodyear par exemple. Plutôt que de jouer le énième épisode de telles ou telles assises, il faudrait commencer par le commencement: résister ensemble face à la droite.
C'est précisément ce qu'on n'arrive pas à faire depuis des mois et c'est d'ailleurs la seule force de la droite. La gauche mérite mieux que l'éternel recommencement des vieilles moutures d'union de
la gauche et de la gauche plurielle. On refuse le tout ou rien: il faut agir sans sectarisme face à la droite et assumer nos désaccords avec le PS et ses futurs alliés, qui inscrivent leur
orientation politique dans le cadre de l'économie de marché.
Alors concrètement, vous proposez quoi au PS ?
De constituer un arc de forces politiques et sociales qui soit capable de soutenir les mobilisations sociales pour pousser à l'unification des luttes, comme on a connu dans la mobilisation contre le
CPE (Contrat première embauche) sous Villepin. Dans les semaines et les mois à venir, on a besoin d'une victoire sociale, parce que si on n'arrive pas à bloquer le gouvernement, le rapport de force
va se dégrader. Et alors je ne vois pas qui, à gauche, pourra tirer ses marrons du feu.
Marie-George Buffet :
«Le Front de gauche n'a pas de frontières»
20 MINUTES le 10.06.09
POLITIQUE - Marie-George Buffet veut poursuivre et élargir le rassemblement, et devrait rencontrer le PS la semaine prochaine...
Pour Marie-George Buffet, l'aventure continue. La secrétaire nationale du Parti communiste français (PCF) a affirmé ce mercredi qu'elle voulait «poursuivre et élargir le Front de gauche» lors
d'une conférence de presse. Cette formation politique, rassemblant notamment le PCF et le Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon, se targue d'avoir recueilli 6,47% des suffrages aux élections
européennes, devant le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) d'Olivier Besancenot.
Forte de ce succès, Marie-George Buffet appelle toutes les forces de gauche qui veulent construire une majorité de gauche et contrer la droite libérale à les rejoindre. «Le Front de gauche n'a pas de
frontières», a-t-elle prévenu. La chef de file des communistes annonce d'ailleurs qu'elle rencontrera probablement les dirigeants du Parti socialiste la semaine prochaine.
Des «ateliers débats» et une grande réunion en attendant la Fête de l'Huma
Mais dans un premier temps, c'est vers les électeurs que Marie-George Buffet se tourne. Le PCF souhaite organiser, dans le cadre du Front de gauche, des «ateliers débats» cet été, invitant les
militants des autres partis de gauche (PS, NPA...) à venir y participer, «sans pour autant renier leur vote ni leur organisation».
La dirigeante communiste compte également proposer rapidement à ses partenaires du Front de gauche d'organiser «avant fin juin, dans une grande salle parisienne, une réunion avec les syndicalistes,
économistes, intellectuels ou élus qui ont appelé à voter pour le Front de gauche».
Les questions environnementales et sociales indissociables
Point d'orgue de ce rassemblement, la Fête de l'Humanité, qui aura lieu les 11, 12 et 13 septembre prochain. Interrogée sur le succès d'Europe Ecologie, enfin, Marie-George Buffet a rappelé que
projet du Front de gauche portait aussi les questions environnementales, indissociables du progrès social. Un aspect qui n'a cependant pas été assez abordé pendant la campagne européenne, a-t-elle
cependant reconnu.
Cela fait partie des pistes à développer pour l'avenir, selon Marie-George Buffet. Mais pas question de tomber dans le jeu des alliances, a-t-elle prévenu. «Nous voulons construire un projet commun,
avec ceux qui le souhaitent, et auquel pourront ensuite se rallier tous ceux qui s'y reconnaissent». Quant à savoir jusqu'où le rassemblement peut s'étendre, les choses sont claires: «jusqu'à ce que
nous ayons une gauche majoritaire». Le Front de gauche, elle l'a déjà dit, n'a pas de frontières.
A l'occasion des élections européennes, s'est constitué le Front de gauche (FDG) emmené par Jean-Luc
Mélenchon et Marie-George Buffet. Le rassemblement fait un peu mieux que le PCF seul en 2004 (6,05% contre 5,88 %), mais la plus-value amenée par les ex-socialistes est
moindre.
Le Front de gauche obtient 6,05 % des voix et quatre élus : Patrick Le Hyaric (directeur de L'Humanité) en
Ile-de-France, Jacky Hénin (PCF, député européen sortant) dans le Nord, Marie-Christine Vergiat (responsable des relations internationales dans la délégation interministérielle à l’innovation sociale
et à l’économie) dans le Sud-Est, Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche) dans le Sud-Ouest.
La campagne du FDG menée aura été dynamique et visible, avec un électorat plus prompt à se déplacer pour voter. Mais, on
l’a vu, la dynamique électorale n’a pas été au rendez-vous. On peut regretter l’offensive contre un NPA accusé de sectarisme, alors que celui-ci avait fait sa propre proposition, celle d’une unité
durable, dans la rue et dans les urnes, qui aille au-delà des européennes, au moins jusqu’aux régionales, en maintenant le principe d’indépendance vis-à-vis du PS. Cette proposition a été
refusée par la direction du PCF. Plus contestable aura été aussi l'utilisation de membres du courant Unir de l'ex-LCR se réclamant du NPA. Mais les élections étant passées, gageons que chacun
s'investira clairement dans la force politique choisie, mettant un terme à l'amalgame entre la Gauche unitaire de Christian Picquet et le NPA.
La question se pose aujourd'hui de l'avenir de la coalition du Front de gauche. Après les élections, la secrétaire
nationale du PCF a appelé le Parti socialiste à « se positionner réellement à gauche » après sa déroute aux européennes et à travailler à « un rassemblement non pas tourné vers la
droite et vers le Modem mais vers la gauche ».
Marie-George Buffet et Jean-Luc Mélenchon ont également demandé au NPA, implicitement ou explicitement, de rejoindre le
Front de gauche. On voit que le débat que nous posons, celui de l’indépendance vis-à-vis du PS, ne s’est pas résorbé durant la campagne. Comment les uns et les autres vont-ils se positionner dans les
grandes manœuvres qui commencent autour du PS ? Les élections régionales de mars 2010 donneront de nouveau l'occasion d’en discuter et donc de poser les bases d’une alliance possible avec les
partis situés à gauche du PS, en incluant évidemment une discussion sur le contenu.
Mais l'urgence et l'actualité restent la mobilisation sociale et l'unité face aux attaques de la droite et de Sarkozy,
qui sortent renforcés par ces élections comme l'a été toute la droite européenne. Les contre-réformes vont continuer contre le monde du travail, organisant la casse et la privatisation des secteurs
publics. Les entreprises vont continuer à licencier, nous faisant toujours payer un peu plus la crise qui, on le sait, va s’approfondir dans les mois qui viennent.
C'est pourquoi, il nous faut rapidement organiser une riposte avec toutes les forces de gauche, porter le mécontentement
qui s'est aussi exprimé par l'abstention de 60 % des électeurs (en grande partie des jeunes et des travailleurs). Créer une mobilisation d'ampleur peut faire barrage aux politiques de droite. Pour
cela, nous devons faire l'unité, nous positionner politiquement contre le capitalisme, soutenir les mobilisations et tout faire pour ne pas renouveler la stratégie des jours de grève isolés et sans
lendemain qui ont essoufflé les mobilisations records des 29 janvier et 19 mars.
Analyse des résultats :
un regret
Mardi, 09 Juin 2009
Et si le Front de Gauche avait réunit l’ensemble de l’autre gauche jusqu’au NPA ? Les scores, le nombre de sièges pour l’autre gauche et aussi le rapport de forces au sein de la gauche auraient été
non seulement renforcés, mais nous serions parvenus à changer le paysage politique.
Dans chacune des circonscriptions si nous avions fait liste commune, nous pouvons estimer que nous serions parvenus :
Nord : 2 élus au lieu de 1 Est : 1 élu au lieu de 0 mais surtout nous aurions privé le FN de leur siège Ouest : 1 élu au lieu de 0 ce qui aurait privé l’UMP d’un siège Ile de France : 2 élus au lieu de 1 là encore au détriment de l’UMP Sud Ouest : 2 élus au lieu de 1 et dans cette circonscription nous aurions pu représenter la 3e force politique… Sud Est : 2 élus au lieu d’1 et surtout nous aurions privé Le Pen de sa réélection Centre : 1 élu au lieu de 0 en prenant le 3e siège de l’UMP qui est revenu à Hortefeux… Symboliquement cela n’aurait pas été inutile.
Dom Tom : pas de changement 1 élu
Ensemble nous aurions pu avoir 12 élus au lieu des 5 pour le Front de Gauche et 0 pour le NPA, être en position d’offrir une réelle alternative à la gauche qui pantoufle… Bien sûr
toute extrapolation est toujours difficile à faire mais tout de même cela doit nous inciter à poursuivre la politique de la main tendue vis à vis du NPA. Pour reconstruire la gauche en France il faut
l’union de l’autre gauche. Mesurons également que ce rassemblement aurait permis de laminer le FN. D'ailleurs, en Europe, si nous assistons à la montée de l’extrême droite dans un certain
nombre de pays, c’est toujours là où il n’existe pas d’alternative crédible de l’autre gauche.
L’espoir porté par le Front de gauche
Le score national obtenu par le Front de gauche est de 6,47% (6,17% en métropole) soit un résultat en progression de 0,6 points par rapport aux européennes de
2004. Les scores progressent dans l’ensemble des circonscriptions.
Le Front de gauche dispose depuis hier de 5 élus (3 sortants) :
Jacky Hénin est élu dans la circonscription du Nord-Ouest (6,84%) Patrick Le Hyaric est élu dans la circonscription d’Ile de France (6,32%) Marie-Christine Vergiat est élue dans la circonscription du Sud-Est (5,90%) Jean-Luc Mélenchon est élue dans la circonscription du Sud-Ouest (8,15%) Elie Hoareau est élu dans la circonscription des DOM
A propos de l'appel de 36 économistes pour le Front de gauche....
dimanche 31 mai 2009
L’appel des économistes a l’intérêt de présenter les solutions du Front de Gauche face à la
crise.
Il y a toute une série de convergences dans la formulation d’objectifs généraux pour « le contrôle des
banques et de la finance », « une hausse coordonnée des salaires et des prestations chômage », « un salaire minimum en Europe », la nécessité de « réhabiliter les
services publics », de « remettre en cause le dumping fiscal », d’affirmer l’objectif du « plein emploi et des droits sociaux », enfin d’affirmer les principes « de
convergences par le haut » et de non régression sociale »…
Mais, au-delà de ces objectifs généraux, ce document montre assez clairement ses limites tant sur le plan revendicatif
que sur le plan politique d’une rupture avec le système capitaliste.
Pour ne prendre que quelques exemples :
- Lorsque le document aborde la question salariale pour la concrétiser, en termes d’augmentation du salaire minimum en
France, la proposition tourne autour d’une augmentation de « 180 euros net » ce qui ferait un salaire minimum net d’environ 1200 euros net et de 1600 euros brut…Ces revendications
sont bien en dessous des propositions du NPA d’une augmentation de 300 euros et d’un SMIC 1500 euros net !
- Le texte ne mentionne pas la revendication d’interdiction des licenciements.Il ne reprend même pas la proposition
d’une loi d’interdiction des licenciements pour les entreprises qui font des profits, proposition qu’a repris dernièrement le Front de Gauche. Le document ne mentionnant pas les questions de la
propriété, il est logique que cette revendication -l’interdiction des licenciements- qui débouche sur des incursions dans la propriété des entreprises, ne soit pas retenue, par les économistes du
Front de Gauche.
- La référence à la réhabilitation des services publics reste fort générale et ne s’accompagne pas d’une
exigence : la nécessité d’un mouvement de « déprivatisation » de tous les secteurs de l’économie qui ont été privatisées ces dernières décennies par des gouvernements de droite comme
de gauche. Dans les principaux secteurs de l’économie, les services publics doivent prendre le caractère d’un monopole pour résister à la concurrence et à la libéralisation. Cette question n’est pas
abordée par le Front de Gauche.
- Enfin, la proposition d’un « pôle de banques publiques » environnées de banques privées n’est pas à la
hauteur d’une réponse globale face à la crise. D’abord, comme l’histoire l’a montré, dans la concurrence entre les banques privées et les banques publiques voire nationalisées, ce sont les banques
privées qui l’emportent soit en imposant des « critères privés » aux banques publiques -recherche du profit maximum, généralisation des produits financiers, dérégulations- soit même
en poussant à la reprivatisation des banques publiques dès qu’elles sont suffisamment rentables. Face à la crise économique actuelle, il faut une solution radicale : la constitution d’un seul
système financier et bancaire publique sous contrôle des travailleurs du secteur et des usagers. La question du contrôle populaire étant fondamentale pour que de nouvelles nationalisations ne
ressemblent pas aux banques nationalisées des années 80 qui fonctionnèrent comme des banques privées.
En fait, le caractère « modéré » des propositions des économistes du Front de Gauche s’inscrit dans une
analyse de la crise actuelle du capitalisme, résultant avant tout de la « financiarisation » et de la « dérégulation néo-libérale », alors que la crise actuelle découle des lois
fondamentales du système capitaliste, de la recherche du profit maximum, de l’interpénétration des multinationales et des marchés financiers, de la concurrence effrénée entre capitaux
privés.
S’attaquer à la financiarisation, à la dérégulation, et déployer des plans de relance par la consommation constitue une
des dimensions d’une réponse à la crise mais ce n’est pas suffisant et, surtout, cela n’assure pas la défense durable des intérêts des travailleurs ni ne règle la crise du
système.
Donnons là aussi un exemple :
les économistes du Front de Gauche exigent l’éradication des paradis fiscaux, mais lorsque l’on sait l’imbrication des
politiques financières des grandes multinationales et des banques qui échappent à tout contrôle, nous savons que pour s’attaquer aux paradis fiscaux,il faut s’en prendre aux pouvoirs des
multinationales. Lorsque le fonctionnement financier de Michelin, Adidas, et Total reposent sur des banques installées dans des « paradis fiscaux », nous savons tous que pour frapper
les paradis fiscaux, il faut s’affronter aux grands groupes capitalistes. C’est d’ailleurs la raison fondamentale qui explique, que malgré les grandes déclarations, les gouvernements servant les
intérêts des grands groupes économiques, ils ne s’attaquent pas aux « paradis fiscaux ». Or comme nous l’avons déjà indiqué, le document des économistes du Front de Gauche fait l’impasse
sur les questions de la propriété capitaliste, sur les problèmes de l’appropriation publique et sociale des principaux secteurs de l’économie. En ne posant pas ce problème, on s’interdit de
prendre des mesures radicales contre la crise.
Cette question de la propriété constitue aussi une question centrale pour relancer les services publics, notamment au
travers de grands travaux centrés sur les besoins sociaux et écologiques. Répondre aux problèmes du changement climatique, sur le plan des transports, du logement, de la relocalisation des
productions, du changement du mode de production et de consommation exige une planification sur le moyen et long terme. Le marché capitaliste dominé par la concurrence des capitaux et des grandes
multinationales ne peut répondre à ces exigences. C’est la coordination et la planification démocratique des choix et des priorités socio-économiques, décidée et prise en charge par les
salariés et les citoyens, qui doit réorganiser la vie économique.
Les réponses actuelles à la crise exigent d’abord un plan de mesures d’urgences qui fassent payer la crise aux
capitalistes et pas aux travailleurs : augmentation de salaires, interdiction des licenciements, relance des services publics. Mais ces mesures d’urgence ne pourront s’imposer que si on les
combine à des perspectives de réorganisation globale qui substituent à la logique du profit celle des besoins sociaux, qui remettent en cause la propriété privée du capital et des grandes entreprises
en la remplaçant par la socialisation des secteurs clé de l’économie.
Ces objectifs ne pourront se réaliser qu’avec des changements socio-politiques d’ampleur et une mobilisation sociale
exceptionnelle mais c’est la seule manière d’imposer une issue à anticapitaliste à la crise.
Les économistes du front de gauche reprennent, eux, une série de mesures voulant s’attaquer à la crise… mais sans
remettre en cause le système capitaliste, sa logique, ses équilibres, du coup les mesures avancées restent limitées, elles ne constituent pas des objectifs efficaces pour bloquer
l’offensive capitaliste, et surtout elles ne s’inscrivent pas dans une dynamique de transformation sociale radicale.
Nous voyons bien qu’au-delà des politiques d’alliances avec le Partis socialiste, et des différences sur la question des
institutions, il y a aussi, entre le NPA et le Front de gauche, deux approches sur l’analyse de la crise et les réponses à y apporter.
Nous avons apprécié votre démarche consistant à engager un débat sur le fond avec nos prises de position dans le débat économique engagé à l'occasion des élections européennes (1).
Nous vous adressons quelques éléments de réponse bien trop courts, mais qui nous aideront peut-être à clarifier ce qui pourrait nous rassembler, d'un côté, et ce qui continuera peut-être de
distinguer nos démarches, d'un autre côté. Disons que nous partageons sans doute avec vous l'idée que nous nous faisons du devoir des intellectuels : la critique doit être radicale, sous peine de
servir sans délai de supplétif à une volonté de puissance ou de domination. Mais nous pensons que la critique radicale (dont semblent devenus incapables certains socialistes et certains Verts) doit
s'incarner dans des propositions historiquement situées. C'est donc l'articulation entre la critique et l'agir qui crée l'essentiel de nos soucis, en vue de frayer une voie entre les institutions qui
semblent (provisoirement) devoir être tenues pour données, et celles dont nous rejetons hic et nunc le bien fondé, dussent-elles passer pour des rocs et mobiliser un effort d'imagination sans
précédent pour les abolir et les remplacer.
Avant de préciser notre point de vue, une remarque de méthode s'impose. La transformation radicale de la société exige, vous en conviendrez, un débat franc mais aussi ouvert et bienveillant, et
non l'anathème, entre ceux qui souhaitent y œuvrer. A lire votre texte, affleure clairement l'idée que nous serions, en définitive, des « mous », pour ne pas dire des « sociaux-traites » ne voulant
pas véritablement « remettre en cause le système capitaliste ». Du début à la fin, votre texte semble mue par une obsession : cliver et cliver encore afin d'exhiber que seul le NPA est « pur », «
vraiment à gauche » et « révolutionnaire ». Le NPA aurait-il définitivement abandonné ce que le trotskysme a pu porter : le souci de l'unité, du « front unique » ?
Parce que nous avons le souci du débat fraternel et de l'unité à gauche, nous avons cependant tenu à vous répondre.
1. Positionnement de notre texte
Les deux textes - Europe : pour sortir du dirigisme libéral et Europe : pour changer de cap (2) - que nous avons soumis au débat ne se veulent pas un programme exhaustif et clé en
main pour le Front de Gauche qui n'a du reste pas besoin de nous pour avoir des idées de politique économique progressiste. En partant de ce que nous sommes - des universitaires et chercheurs en
économie - et sans prétendre à plus, nous avons cherché à remettre au cœur du débat politique des problématiques que plus de vingt ans de domination de la pensée libérale ont contribué à sortir du
débat public « autorisé » : utilité et extension des services publics, politiques économiques keynésiennes (adaptées aux exigences du développement durable), plein-emploi stable et de qualité,
réhabilitation de l'impôt citoyen fortement progressif, remise en cause du dogme du libre-échange, etc. Il faut rappeler que beaucoup d'économistes - ceux qui dominent le « champ académique » et
l'appareil d'Etat ont les médias grand ouvert - jugent que tout cela n'est pas sérieux. Eh bien, en voilà d'autres qui, avec des arguments, pensent au contraire que c'est tout à fait sérieux et qu'il
y a au moins matière à débat démocratique, que scientifiquement rien n'est tranché, que rien ne saurait être coulé dans le marbre, que l'économie n'est pas mue par des lois naturelles mais n'est
après tout qu'une construction humaine. Le combat politique passe aussi par l'idéologie : c'est un coin dans l'idéologie dominante que nous avons voulu enfoncer, histoire de faire bouger les lignes
et de montrer qu'il n'est pas délirant d'y accrocher un projet de politique économique progressiste. On peut juger cette démarche « modérée », mais elle a la cohérence de son positionnement et la
mesure de son ambition.
2. La critique du capitalisme et de la propriété du capital
L'ensemble des 42 économistes signataires de l'Appel (3) partage - à quelques nuances bienvenues près - une vision radicalement critique des tenants et aboutissants de l'économie
capitaliste dominante, vision s'appuyant principalement sur les acquis théoriques des révolutions conceptuelles de Marx et de Keynes. Partant, ils analysent la crise actuelle comme une grande crise
ou une crise systémique (et pas comme une simple crise « financière », contrairement à ce que vous nous prêtez), avec au-delà de l'héritage marxo-keynésien, la prise en compte d'une dimension
désormais fondamentale, l'urgence écologique.
Désastre économique, social, écologique, mais aussi démocratique : il y a bien des raisons de s'opposer non seulement au libéralisme, mais au capitalisme. Sur ce point, nous sommes d'accord.
Une fois cela posé, reste cependant une question : quelle alternative proposer ? L'anticapitalisme, en soi, n'est pas un gage de progrès : l'histoire tragique du stalinisme le démontre amplement.
C'est pourquoi nous nous sommes efforcés, en particulier dans notre second texte, d'esquisser un ensemble de réponses « en positif » qui ne se veulent pas seulement des réponses « immédiates » à la
crise, mais qui présentent ce que pourrait être l'ébauche d'un programme transitoire - son volet économique du moins - pour commencer à changer vraiment de société.
A l'inverse de ce que vous soutenez à plusieurs occasions, nous posons la question de la propriété du capital. C'est ce que nous faisons lorsque nous invitons à réhabiliter et à étendre les services
publics (ce qui passe bien sûr par des renationalisations). Avec des arguments forts (contrairement au reproche que vous nous faites de « rester trop général » en l'espèce) : en particulier l'idée
pas si souvent admise - y compris par les marxistes - que le « public crée de la richesse » avec laquelle il faut compter.
Une interrogation à ce propos : pendant longtemps, une certaine tradition marxiste a soutenu que l'Etat était « en dernier ressort » nécessairement au service du capital. Nous ne partageons pas ce
point de vue. Que l'Etat - institution hétérogène - soit aussi au service du capital est une évidence. Nous pensons néanmoins que l'Etat social recèle une dimension non pas seulement antilibérale,
mais aussi anticapitaliste. Avec les services publics et la protection sociale, des sphères entières d'activité - de l'ordre de 30% des emplois en France - échappent au capital. Celui-ci l'a
d'ailleurs compris puisqu'il essaie de récupérer ces activités.
Nous indiquons par ailleurs : « qu'il faut mettre un terme à la domination des seuls actionnaires sur les entreprises en donnant de nouveaux droits aux salariés » et plus encore : « Quelles activités
doivent relever du public, du privé ou bien de l'économie sociale ? C'est une question qui doit revenir au cœur du débat politique ». Certes, cela n'est pas « l'appropriation publique » des «
principaux secteurs de l'économie ». Mais, outre que cela ait le mérite de la rendre possible si tel est le choix des citoyens (car c'est bien lui qui doit primer n'est-ce pas ?), cela nous semble le
meilleur moyen de rouvrir le débat sur la propriété et le fonctionnement des entreprises, à bien des égards « tabous », y compris à gauche. Les libéraux - mais sont-ce les seuls ? - réduisent
l'entreprise à un simple objet de propriété au service de la valorisation du capital. On peut leur opposer qu'elle est - ou du moins devrait être et cela dès aujourd'hui - une institution collective,
sociale, qui engage aussi les parties prenantes que sont les salariés, bien sûrs, mais également les usagers, les clients, les fournisseurs, les collectivités locales, l'Etat, etc., et que ceux-ci
doivent avoir voix au chapitre dans son fonctionnement.
Quelques mots supplémentaires sur ce point : nous l'avons dit, il y a bien des raisons de s'opposer à la domination du capital et à l'extension sans limite de la marchandisation du monde, mais le
siècle passé a funestement démontré qu'il ne suffit pas d'être anticapitaliste pour être progressiste. Le changement radical de société que nous appelons de nos vœux n'est pas envisageable s'il ne
s'ancre dans un projet qui garantisse que cette tragédie ne se reproduira pas. Pour ce faire, il nous faut une boussole : la démocratie, la souveraineté du peuple, qui place en son cœur le principe «
un homme / une voix ». Fondamentalement, la démocratie n'est pour nous ni bourgeoise, ni formelle : elle est d'ores et déjà réelle mais... limitée, restreinte par les rapports capitalistes certes,
mais pas uniquement. L'oppression de genre cela existe aussi. Et la bureaucratie de l'Etat, des associations ou des partis : cela existe tout autant. L'enjeu est alors bien toujours d'étendre la
démocratie entendue non seulement comme « moyen », mais comme sa « propre fin ». N'est-ce pas d'ailleurs sur cette base que l'on peut remettre légitimement et durablement en cause le pouvoir du
capital ? Alors que celui-ci repose sur un principe de puissance illimitée (une action / une voix), et donc d'inégalités illimitées, n'est-ce pas du côté de la démocratie que l'on trouve les
ressources les plus radicales pour s'y opposer ? Certes, la lutte des classes est un fait incontournable, et nous oeuvrons de notre mieux et à notre niveau - notamment par notre soutien à
l'initiative du Front de Gauche - à nous opposer aux classes possédantes et contrer les attaques de la droite : mais elle n'est pas une fin en soi. Finalement, n'est-ce pas la citoyenneté qui, par
l'égalité et la délibération collective qu'elle institue, émancipe vraiment ? Une question sur ce point : le NPA, suivant en cela une longue tradition, juge-t-il que la démocratie est « bourgeoise »
ou, doux euphémisme, « formelle » ?
3. Réponses plus ponctuelles
Concernant le Smic européen, nous nous prononçons pour « la norme d'un salaire minimum égal au moins à 60% du salaire moyen ». Le Parti socialiste se prononce pour 60 % du salaire médian ce qui
équivaudrait à une baisse en France. Notre proposition représente une hausse immédiate de plus de 15% du Smic net. Vous proposez une hausse de près de 50% (tout de suite ?). Dans une Europe des 27 où
les écarts de minima salariaux sont actuellement considérables (de 32 % du salaire brut mensuel en Roumanie à 52 % pour le Luxembourg), les enjeux sont pour nous avant tout ceux d'une harmonisation
qui répondent efficacement au dumping social. Dans tous les cas, vous aurez remarqué que nous avons pris soin d'indiquer « au moins »...
Au sujet des banques, nous indiquons : « Les banques doivent être sous contrôle public. L'accès au crédit gagne certes à avoir une offre diversifiée avec une certaine concurrence. Mais un pôle de
banques publiques articulé à des banques coopératives permettrait cela en protégeant la monnaie comme bien public. Les nationalisations en cours, menées trop timidement, en offrent l'opportunité ».
Cela suppose que les banques coopératives le redeviennent. Mais le reproche que vous nous faites de vouloir préserver les banques « capitalistes » est infondé. En revanche nous nous prononçons contre
un système de monopole public unique qui, l'histoire le montre, a souvent été une catastrophe pour l'accès au crédit.
Sur l'interdiction des licenciements : tout ne peut pas être écrit dans un texte destiné à publication dans la presse. Comme nous venons de le mentionner, nous proposons « de nouveaux pouvoirs aux
salariés ». Le Front de gauche exige l'interdiction des licenciements dans les entreprises qui font des bénéfices, ce qui a été pendant longtemps la position de la... LCR. Le NPA se prononce,
semble-t-il, pour « l'interdiction des licenciements en général ». Cela nous semble une surenchère inutile. Dans n'importe quelle société des entreprises fermeront ou seront conduites à réduire leurs
effectifs. Mais il y a plus important. Le chômage et les licenciements ne sont pas uniquement la « faute du patronat », même si celui-ci en use et abuse trop souvent ainsi que de la précarité (les
fins de contrats temporaires sont bien plus nombreux que les licenciements soit dit en passant). Ils relèvent aussi et d'abord d'une responsabilité globale, sociale : celle de la politique publique
(budgétaire, monétaire, commerciale, industrielle, mais aussi la politique des revenus et celle de l'emploi...) mise en œuvre par les gouvernements et l'Union européenne. A ne pointer que la «
responsabilité patronale », on occulte totalement ce poids considérable de la politique économique, de la « responsabilité gouvernementale ». Or si une entreprise - même coopérative - n'a pas de
débouché suffisant : que peut-elle faire ? Le volet politique économique est étonnamment absent des propositions du NPA. Les libéraux considèrent que l'emploi se fixe d'abord sur le « marché du
travail » : ils proposent en ce sens de réduire le coût du travail et de flexibiliser le droit social. Est-ce radical de rester prisonnier d'un raisonnement centré sur le marché du travail en se
contentant de proposer l'exact inverse de ce qu'ils préconisent ? Nous ne le pensons pas. Pour nous, et Keynes apporte beaucoup sur ce point, le niveau global de l'emploi - et donc du chômage - ne
dépend pas d'abord du fonctionnement du « marché du travail ». L'assouplir ou le rigidifier n'est pas la principale solution à l'emploi. Celui-ci dépend d'abord de la croissance et de la réduction du
temps de travail. Et la croissance, qui doit être radicalement réorientée pour répondre à l'impératif écologique, dépend des politiques économiques mises en œuvre et du partage de la richesse sur
laquelle elles reposent. Toutes les mesures visant à redonner ses lettres de noblesse au droit social sont de ce fait bienvenues : mais on ne peut en faire un substitut au débat sur le contenu à
donner aux politiques économiques.
4. « Tous ensemble »
Vous nous reprochez de ne pas être suffisamment « radical ». Sur bien des points nous pourrions vous retourner ce reproche. Mais quel intérêt ? Notre ambition n'est pas d'être, en soi, les plus « à
gauche », les plus « maximalistes ». Pas plus que le Front de Gauche, le NPA ne peut se prévaloir du monopole de la radicalité. D'ailleurs, à moins de tous marcher en file indienne, on trouvera
toujours plus à gauche que soi ! L'incantation et la dénonciation ne sont pas notre boussole. Notre projet est, avec d'autres, de porter un projet majoritaire pour transformer la société.
La gauche ne peut se réduire au duopole mortifère entre un Parti socialiste et des Verts majoritairement acquis au social-libéralisme et une extrême-gauche purement protestataire.
Le capitalisme connaît une crise sans précédent. C'est l'occasion où jamais de porter une alternative. Nous ne prétendons pas avoir raison sur tout. Qui peut le prétendre ? N'est-ce pas par la
confrontation, mais aussi le dialogue, que nous pourrons avancer « tous ensemble » ?
L'unité, qui ne signifie ni uniformité ni consensus, est pour nous centrale. Elle ne s'impose pas simplement pour des raisons d'opportunités tactiques. La démocratie impose que le changement de la
société procède d'un choix majoritaire. Il est sain qu'il en soit ainsi : et c'est bien pourquoi le choix de l'unité est stratégique. Imaginez la formidable force et l'extraordinaire espoir que cette
unité pourrait apporter à ceux aux côtés de qui nous nous battons tous les jours contre les attaques du capital, de la droite et des libéraux de toute sorte. Ils tirent eux-mêmes leur vigueur de nos
divisions.
Dans notre premier texte, il était indiqué : « L'urgence qu'il y a à dessiner des alternatives au capitalisme libéral mérite mieux en effet que la priorité donnée à son pré-carré ». « J'évoque, je ne
balance pas » disait Michel Audiard. Vous aurez néanmoins remarqué que cette incise vous concernait directement.
De façon générale, le NPA pose des questions sérieuses. Nous avons la faiblesse de croire que le Front de gauche aussi et en mieux. Mais, quoiqu'il en soit, nous ne comprenons toujours pas pourquoi
vous avez pris cette responsabilité extrêmement grave de la division. Rien ne le justifie au fond.
Les élections européennes seront bientôt derrière nous. Puisse donc cette page de la division se refermer rapidement.
------------------------------------------------------------------------- 1 Le texte du NPA « A propos de l'Appel des économistes pour le Front de gauche » est disponible en ligne :
3 Pour des raisons pratiques évidentes, il n'était pas possible de répondre à 42 à votre texte. La présente réponse n'engage donc que ses 6 signataires. Mais nous connaissons
suffisamment nos collègues pour subodorer qu'ils partagent nombre des arguments, si n'est l'essentiel, présentés ici.
Le "malaise" de Nathalie Arthaud, la nouvelle porte-parole de LO, en campagne
Nathalie Arthaud l'avoue sans ambages : elle se sent un peu décalée dans cette campagne européenne. Ses camarades l'ont soutenue avec enthousiasme comme "successeuse"
d'Arlette Laguiller. Elle assure recevoir un bon accueil auprès des salariés et dans les quartiers. Mais elle dit éprouver un "malaise", dans un débat où "les grands
partis font croire que ces élections vont changer les choses". Alors, elle mène sa campagne, comme porte-parole de LO et tête de liste dans la région Sud-Est, avec des thèmes qui ont peu changé.
Comme Arlette Laguiller, elle explique que la campagne "ne préoccupe pas beaucoup les classes populaires" : "Ils n'ont pas forcément envie de se mobiliser sur le vin rosé !", insiste cette
enseignante de 39 ans. Comme son aînée l'a fait lors des scrutins précédents, elle veut "défendre une Europe sans frontières, où l'économie serait organisée selon les besoins de la population et non
ceux du patronat".
Dimanche 31 mai, lors de la fête de Lutte ouvrière à Presles (Val-d'Oise), c'est elle qui a tenu le traditionnel discours politique. "Arlette" est juste venue quelques minutes dire qu'elle avait
été "fière d'avoir maintenu le drapeau de l'extrême gauche révolutionnaire". "Cela fait plus de trois décennies que je prononce les allocutions politiques à notre fête. Dorénavant, ce ne sera plus
moi, mais nos idées seront très bien défendues", a-t-elle lancé, avant d'ajouter qu'elle passait "avec beaucoup de joie" le relais à Nathalie Arthaud.
Sa cadette a alors entamé son discours par le célèbre "Travailleuses, travailleurs, camarades et amis", sous les acclamations. "Toute l'Europe présente le visage d'usines qui ferment. Où les
salariés sont jetés dehors après vingt ou trente ans de travail. Mais quand une usine ferme, ce n'est pas seulement les salariés qui en pâtissent, mais aussi toutes les petites épiceries, les
bistrots dont ces salariés sont les clients", a expliqué la candidate. "Il y a de quoi être révoltée devant cette organisation économique et sociale capable d'engendrer une telle catastrophe",
a-t-elle clamé. C'est donc cette révolte qu'elle entend porter dans cette campagne. Mais avec ses mots. Finies les formules un peu désuètes et la voix poussée n'évitant pas parfois le pathos si
typique de Mme Laguiller. La jeune femme a ses formules pour exprimer son credo : "L'Europe sociale est une fumisterie, une expression creuse. Le capitalisme social n'a pas plus
de sens en Europe qu'en France", assure-t-elle, visant tant l'UMP que le PS. Elle n'a pas plus d'indulgence pour le Front de gauche de Marie-George Buffet et de
Jean-Luc Mélenchon, dénonçant l'"escroquerie" à faire du traité de Lisbonne la source de tous les maux : "L'ennemi de la classe ouvrière n'est pas un chiffon de papier
mais une classe exploiteuse en chair et en os, la bourgeoisie." Alors pour elle, l'appel à voter LO - créditée de 1 % à 2 % selon les sondages - est simple. Il s'agit juste de faire en sorte "que
tous ceux qui s'y retrouvent puissent se compter et s'y reconnaître". Au stand des milk-shakes, une militante ravie souffle : "Elle est bien, cette petite." Même si c'est encore avec "Arlette" que
les sympathisants veulent se faire photographier.
Lutte frontale pour la gauche radicale
Le NPA d'Olivier Besancenot et le Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon et Marie-George Buffet font jeu égal dans les sondages.
C’est l’un des paradoxes de ces élections européennes. Alors que le capitalisme tremble, les anticapitalistes se divisent. Enjeu de cette discorde: le leadership de la gauche de la gauche. Un bras
de fer oppose, dixit Jean-Luc Mélenchon, «la révolution par les luttes» du NPA d’Olivier Besancenot à la «révolution par les urnes» du Front de gauche (FG) qu’il a constitué avec le
PCF après avoir quitté le PS pour créer le Parti de gauche. Et bonne nouvelle pour le sénateur de l’Essonne et Marie-George Buffet : inexistant il y a quelques semaines, le FG enregistre une percée
dans les sondages, au détriment du NPA et du PS. «Ce qui fait tilt, notamment, chez les électeurs socialistes, c’est qu’on veut "sauver la gauche"», explique un dirigeant du Front de
gauche.
Main tendue. Entre un NPA farouchement protestataire et un PS déboussolé par le Modem, Mélenchon rêve de «mener la marche», confiait-il samedi à Libération dans
le TGV de retour d’un meeting au Mans (Sarthe). Pour lui, «le principal enjeu» de ce scrutin est de devancer le NPA. Une condition sine qua non pour convaincre les centaines de milliers
de «militants politiques, associatifs et syndicalistes» formant le «premier cercle de la gauche» de transformer le Front de gauche en «Front populaire» après le
7 juin. «On est passé de 2 % à 6 % sans aucune exposition dans les médias. Et pourquoi pas 10 % !» claironnait un ex-jeune socialiste lors d’un meeting du Mans.
Reste que, globalement, la gauche radicale semble mal partie pour toucher les dividendes de sa prescience antilibérale, lors du premier rendez-vous électoral européen suivant la victoire du non au
référendum sur la Constitution européenne. En 2005, Besancenot, Mélenchon, Buffet et Bové battaient tribune commune. Quatre ans après, les ex-nonistes totalisent 15 % des voix, selon les
sondages, mais se tirent la bourre. Début 2009, les lieutenants de Besancenot ont refusé la main tendue de Mélenchon, parce qu’ils soupçonnent le PCF d’«aller avec la gauche radicale les
années impaires et de se faire élire avec le PS les années paires». De leur côté, les amis de Mélenchon stigmatisent le «sectarisme» et le «purisme» du NPA pour tenter de
l’isoler : «L’affiche du NPA, c’est : "Pour protester, protestez utilement." Pourquoi pas "Voter pour la grève générale" tant qu’on y est. C’est complètement con !» explique Christian
Picquet, ex-dirigeant de la LCR ayant rejoint le FG. Tous sont en revanche d’accord pour dénoncer la «traîtrise» de José Bové, désormais allié, au sein d’Europe Ecologie, à l’europhile Daniel
Cohn-Bendit.
La tension est à la mesure de la compétition. Dans les sondages, NPA et Front de gauche sont au coude-à-coude entre 5 % et 7 %. Trois points derrière Europe Ecologie qui frôle les 10 %.
Ainsi, dans le Sud-Ouest, Jean-Luc Mélenchon, 57 ans, est à touche-touche avec Myriam Martin, 41 ans, la candidate du NPA. Mais c’est José Bové, 55 ans, qui est le mieux placé pour
être élu eurodéputé de cette circonscription. Jean-Luc Mélenchon et Marie-George Buffet jouent gros. Outre sa propre élection, l’ex-socialiste doit aussi assurer celle d’au moins deux têtes de listes
communistes : Patrick Le Hyaric, en Ile-de-France, et Jacky Hénin, dans le Nord-Ouest. «La mobilisation n’est pas fameuse, notamment en Seine-Saint-Denis et dans le Sud-Ouest. Certains
communistes soupçonnent Mélenchon de vouloir leur refaire le coup de Mitterrand en 1971», assure un responsable communiste. C’est-à-dire de siphonner leur électorat comme l’avait fait
l’ancien chef de l’Etat en constituant l’Union de la gauche.
La bataille frontale FG-NPA se verra aussi en Ile-de-France où le premier présente Christian Picquet en numéro 3, et le second Olivier Besancenot en numéro… 3. «On va bien voir qui
c’est qui a raison !» a tonné Mélenchon à la tribune. Au NPA, on fait le pari que le FG explosera dès le lendemain des européennes : «Mélenchon ne polarise rien du tout. Le PCF retournera
avec le PS aux régionales. Ils discutent déjà pour les primaires de 2012.» Mais les amis de Besancenot concèdent toutefois qu’il est «plus facile pour des européennes de mobiliser un
électorat PCF âgé que les jeunes et les salariés précaires d’un parti neuf comme le NPA». Conclusion d’un syndicaliste sarthois : «Besancenot nous chie dans les bottes. Mais il a les jeunes
avec lui.»
Cheveux blancs. C’était flagrant samedi : si le Front de gauche a fait un tabac sur ces terres communistes unitaires sarthoises, le public était composé, pour l’essentiel, de
personnes aux cheveux blancs. Qui ont vibré aux saillies de l’économiste Jacques Généreux, tête de liste FG dans l’Ouest : «Ça fait vingt ans qu’on expérimente la concurrence. Maintenant, il faut
d’abord se renseigner pour savoir quel numéro appeler pour avoir un renseignement. Si je suis élu, je rétablirai le 12 !»
Décidément, quand les dirigeants du PS perdent leur sang froid, ils utilisent des méthodes d'un autre
âge.
Paniquée par la concurrence exercée sur sa gauche, entre autre par le NPA, Martine Aubry ment carrément, annonçant que
les listes qui ne franchiront pas les 10 %... n'auront aucun élu. Vincent Peillon enfonce le clou, appelant au vote utile en expliquant que le NPA est..." inutile".
Comme si une Europe de droite et une Europe dominée le PS, ça changeait radicalement les choses : 97 % des votes au
Parlement sont communs à la droite et à la gauche ! Pour que cela change, est-ce bien utile de réélire les députés du PS qui votent en permanence avec la droite ?
Et la cerise sur le gâteau, c'est quand un militant du PS se fait passer pour un salarié de Célanèse
afin d'interpeller brutalement notre camarade Olivier Besancenot, invité par la CGT à soutenir la manif contre les licenciements devant l'Assemblée Nationale, le tout devant des caméras
complaisantes. Pain béni pour certains médias qui cherchent à nuire au NPA. L'info a fait le tour du PAF, ce qui a entraîné la réaction suivante de la CGT de Celanese (voir
ci-après).
Si seulement le PS était aussi imaginatif et actif dans la bataille contre la droite et le
Medef...
Du côté du NPA, en ce moment, c'est un peu notre fête... Comme quoi, on embête du monde. Mais nous
sommes là. Et bien là.
Rien ne nous empêchera de poursuivre le combat, n'en déplaise à tous ceux qui nous insultent et qui
préfèrent descendre dans le caniveau plutôt que de s'inscrire dans le débat démocratique contradictoire.
Communiqué de presse de la CGT Célanèse
Déplacement à l'Assemblée Nationale des salariés de Célanese
Le mardi 19 mai 2009 des salariés de Celanese et de Yara se sont déplacés sur Paris pour une manifestation à l’Assemblée
nationale. Environ 150 personnes étaient présentes. Sous l’invitation de la CGT Celanese, M. Olivier Besancenot est venu nous rendre visite pour parler avec nous de nos problèmes.
Nous tenons à préciser que le mauvais accueil qui lui à été fait en début de sa visite n’était pas le fait des salariés
de Celanese, mais d’un participant à la manifestation totalement indépendant de l’usine Celanese et membre du Parti socialiste de la section d’Artix (Pyrénées Atlantique).
Nous regrettons fortement la médiatisation du ce fait isolé qui a en plus occulté le vrais problème, qui est la
fermeture de notre usine chimique viable, rentable et nécessaire pour la France et pour l’Europe.
Les salariés de Celanese ont quand même pu discuter de tous ces problèmes pendant près d’une heure avec M. Olivier
Besancenot, et nous le remercions très fortement de sa contribution à la lutte des ouvriers de Celanese.
Communiqué NPA
Malaise au NPA
18.05.2009
L’option anti-unitaire de la direction contestée par des militants qui créent une structure en interne.
Le congrès constitutif du Nouveau Parti - anticapitaliste (NPA), en janvier dernier, avait laissé un goût amer chez les militants de l’ex-LCR, en désaccord avec le refus de participer à une
campagne unitaire dans le cadre du Front de gauche. Christian Picquet, porte— parole du courant Unir, favorable à des listes communes avec le PCF et le PG, avait rassemblé sur sa motion 16 % des
congressistes. Dans la foulée, ce militant de la LCR depuis trois décennies avait été sèchement débarqué de la direction du nouveau parti. Picquet et ses camarades ont créé l’association Gauche
unitaire, qui est devenue la troisième composante du Front de gauche, aux côtés des communistes et du Parti de gauche.
La fièvre n’est pas retombée, bien au contraire, dans les rangs du NPA. Dimanche, les militants hostiles au solo électoral d’Olivier Besancenot ont décidé de se structurer en interne pour défendre
leurs aspirations unitaires. Parmi les initiateurs, le militant syndical Yann Cochin, interrogé par l’AFP, qui estimait que le refus de rallier le Front de gauche est un péché de jeunesse d’un parti
qui veut se compter en s’appuyant sur la popularité de son leader. Or le scénario semble, pour l’heure, ne pas évoluer conformément aux espoirs de la direction du NPA. En dépit, jusqu’à présent, d’un
boycott médiatique sur la campagne qu’il a engagée dès le début de l’année, le Front de gauche, parti de très bas dans les sondages, gagne des points régulièrement ces deux dernières semaines, tous
instituts confondus, alors qu’un mouvement inverse est observé pour le NPA.
La direction du parti d’Olivier Besancenot est-elle en train de payer une erreur d’analyse ? Elle a souhaité réitérer l’expérience de la présidentielle en profitant du - soutien
politico-médiatique consenti à son leader. Mais le relatif succès d’Olivier Besancenot avait été obtenu dans un contexte d’éclatement et de division de la gauche antilibérale. La situation a
complètement changé en 2009 : avec le Front de gauche, une offre politique unitaire s’est constituée, avec un projet pour changer l’Europe et une volonté d’agir au Parlement européen. Dès lors,
de nombreux électeurs et militants ne comprennent pas que, face à une crise sans précédent dont la droite et le grand patronat veulent faire payer le prix au monde du travail, le NPA ne prenne pas sa
part dans un combat commun.
le NPA talonné par le Front de gauche, un courant unitaire créé
Le NPA d'Olivier Besancenot est désormais talonné par le Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon dans les sondages sur les européennes, alors qu'un courant minoritaire, fervent partisan de
l'unité de la gauche de la gauche, se crée officiellement en son sein ce week-end.
16.05.2009
Selon le dernier sondage Ifop (11 mai), le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) est crédité de 7%, juste devant l'alliance PCF-Parti de Gauche qui engrange un point à 6,5% (contre 5,5% en avril).
Plutôt autour de 9%, voire 10% en février, le NPA semble marquer le pas, au profit des listes du Front de gauche.
"La popularité d'Olivier Besancenot et l'attrait du NPA a un peu régressé après le sommet de l'Otan à Strasbourg. Les électeurs se sont interrogés sur le mode de fonctionnement du parti et les
ambiguïtés sur ses rapports avec les violences politiques", juge Bruno Jeanbart, directeur des études politiques d'OpinionWay.
Il y a également une "inquiétude forte" de ses électeurs potentiels sur son refus d'une alliance avec le PS : cela "peut profiter à la +nouvelle concurrence+, dont le leader (Jean-Luc Mélenchon)
affiche clairement l'idée de s'allier" aux socialistes, poursuit-il.
Le vote Front de gauche, que le NPA a refusé de rejoindre sous prétexte qu'il se rapprocherait du PS dès les régionales (2010), est perçu comme "moins dangereux", analyse-t-il.
Pour Pierre-François Grond, membre de la direction du NPA, "les sondages disent tout et leur contraire" et l'important, c'est la "mobilisation des électeurs abstentionnistes".
"Le réservoir potentiel pour le NPA se trouve dans l'abstention", confirme Stéphane Rozès, président de la société de conseil CAP, mais l'électorat de M. Besancenot est "beaucoup moins structuré
politiquement" que l'électorat communiste.
Selon lui, "la campagne négative" du NPA, "seulement dans la protestation et la contestation du sarkozysme", ne peut "pas inciter à aller voter".
Le Front de gauche, lui, "travaille beaucoup plus les contenus de politique alternative au plan européen et national" et "offre la perspective d'une recomposition politique à gauche", ce qui en
fait un vote plus "utile", fait valoir M. Rozès.
Nombreux sont ceux qui ont vu dans le refus du NPA d'intégrer le Front de gauche une grossière erreur. Ainsi Christian Picquet, figure minoritaire de l'ex-LCR, avait rejoint en mars les amis de
Marie-George Buffet (PCF) et M. Mélenchon.
Ce dimanche, des militants anticapitalistes doivent officiellement fonder un courant au NPA avec comme objectif l'unité de la gauche de la gauche. Yann Cochin, un des fondateurs du courant, estime
que ne pas avoir rallié le Front est un "péché de jeunesse" d'un parti qui "a la tentation de se compter", fort de la popularité de son leader.
"Il y a deux dynamiques à la gauche de la gauche : le NPA et le Front de gauche. L'ensemble des salariés ont tout à gagner que ces deux dynamiques se retrouvent", "sans sectarisme", juge ce
syndicaliste, membre du comité exécutif du NPA, qui avait voté la motion pro-Front de gauche (16%) lors du congrès fondateur du NPA en février.
"On n'est pas en compétition" avec le Front malgré "le caractère extrêmement hostile qu'il donne à sa campagne en notre direction", souligne M. Grond (NPA) pour qui "avoir un élu" français au
Parlement européen serait déjà "un point d'appui assez important" pour mettre en place un "parti anticapitaliste européen".
Mais selon lui, "le match, c'est contre Nicolas Sarkozy".
Avec une popularité qui talonne celle des leaders socialistes, Olivier Besancenot est sur tous les fronts sociaux. Mouvement de
protestation dans les universités, mobilisation hospitalière, grèves et occupations d'usines, le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) est présent au point que le
gouvernement voit la main de l'extrême gauche partout.
Le leader du NPA s'en défend à peine : la "vraie" gauche doit être solidaire de toutes les luttes contre les licenciements et les réformes du gouvernement. Il houspille les syndicats, jugés trop
mous, et pousse le reste de la gauche à constituer des fronts unitaires. Pour lui, la campagne des élections européennes, que son parti a jusqu'ici un peu délaissée, doit être l'occasion d'"être
le haut-parleur de la résistance et de la colère". Le discours, axé sur la crise économique et ses conséquences, n'épargne guère les socialistes.
Le gouvernement accuse l'extrême gauche d'entretenir les blocages d'université. Comment réagissez-vous ?
C'est le registre éternel de la droite d'agiter le chiffon rouge de la manipulation par l'extrême gauche. A chaque fois qu'une mobilisation inquiète le pouvoir, on dit toujours que c'est l'extrême
gauche. Ce fut le cas en 1995 avec la grève des cheminots, en 2003 contre les retraites, lors de la mobilisation des Michelin ou des P'tits LU...
Mais vous y êtes ou non ?
Encore heureux qu'on y est. Si nos militants n'étaient pas dans le mouvement, on nous le reprocherait. Quand l'accusation de noyautage vient du gouvernement, c'est attendu. C'est plus cocasse
quand ça vient de certains responsables du Parti socialiste. Ils feraient bien de regarder de plus près cette mobilisation universitaire et comprendre qu'une partie de leur électorat et de leurs
militants en font partie.
En maintenant les blocages, ne craignez-vous pas que le mouvement devienne franchement impopulaire ?
Si le gouvernement avait eu la moindre volonté de sortir du conflit, on l'aurait vu. C'est son choix d'attendre que le mouvement pourrisse jusqu'aux examens.
L'UMP voit aussi votre main dans les usines en grève.
Oui, on a des militants et des sympathisants dans les entreprises comme Caterpillar, Continental, Molex. C'est légitime pour un parti qui se dit anticapitaliste d'être présent dans ces secteurs.
Mais nous ne sommes qu'une composante de ces salariés.
N'empiétez-vous pas sur le terrain des syndicats lorsque vous appelez à une marche contre les licenciements ?
Je conteste la séparation qui voudrait que le social, c'est la rue, et la politique, les institutions. Après la mobilisation du 1er Mai, on est en droit d'attendre autre chose qu'un
calendrier avec une manifestation tous les deux mois ! Si ce n'est pas la gauche sociale et politique qui soutient les luttes quelles que soient les formes qu'elles prennent - jusqu'à la
séquestration des patrons ou les occupations - et qui avance l'idée de la grève générale, qui le fera à sa place ? Une étape intermédiaire pourrait être une marche des licenciés qui rassemblerait des
dizaines de milliers de salariés. C'est une question d'efficacité pour éviter l'isolement des conflits locaux.
Vous n'avez de cesse de citer l'exemple du LKP en Guadeloupe. Pour vous, c'est un modèle ?
Il n'y a pas de modèle exportable. Mais ils nous ont donné l'exemple d'une grève générale massivement suivie et d'un mouvement populaire, et la preuve qu'on peut combiner l'unité et la radicalité.
Le LKP a réussi à s'installer comme direction politique d'une grève générale qui a déplacé des montagnes, en montrant qu'on peut faire baisser les prix et obtenir une augmentation de 200 euros des
salaires. Imaginez ça ici ! Il y a la place en France pour un collectif qui lutterait ici aussi contre la "profitation".
Malgré la crise, Nicolas Sarkozy continue les réformes. La droite n'est-elle pas aujourd'hui en position de force ?
Peut-être, mais je ne suis pas fataliste. La crise du capitalisme lui pose un gros problème. C'est une crise qui vient du coeur du système, qui est profonde et durable. Le plus gros des
difficultés économiques, pour le gouvernement, est devant lui. Nicolas Sarkozy veut maintenir le cap de la suppression de dizaines de milliers d'emplois dans la fonction publique, de la
libéralisation de la santé, du travailler toujours plus longtemps et du blocage des salaires, mais, avec les contestations dans un certain nombre de secteurs, il est obligé de lâcher du lest.
Il sait que n'importe quelle goutte d'eau peut faire déborder le vase et que le risque d'un embrasement général existe. On est dans un cycle où on peut encore remporter des victoires sociales.
Qu'espérez-vous aux élections européennes ?
Donner à la colère sociale une expression politique. Dans les milieux où nous avons le plus d'écho, les précaires, les prolos, les jeunes nous disent qu'ils n'ont pas forcément envie de voter. A
nous de les convaincre qu'avoir des élus anticapitalistes pendant cinq ans au Parlement européen permettrait de relayer les combats sociaux dans les institutions européennes et de prévenir la
population, la jeunesse, des mauvais coups qui se trament. Et on aurait un point d'appui pour construire un parti anticapitaliste européen.
Vous vous dites unitaires, mais, quand Jean-Luc Mélenchon vous tend la main vous refusez. Pourquoi ?
Nous avons proposé un front anticapitaliste, apportant des solutions radicales à la crise du capitalisme et qui soit durablement indépendant de la direction du PS. Le PCF comme le Parti de gauche
ont refusé une alliance sur le long terme. Nous réclamons un peu de cohérence : nous ne voulons pas faire un bon coup aux européennes si, ensuite, aux régionales, il s'agit pour certains de retourner
dans le giron du PS. Car les accords avec le PS aux élections poussent à faire le contraire dans les institutions de ce qu'on fait au quotidien.
Le Parti socialiste n'est plus un parti de gauche ?
On ne va pas faire de démagogie là-dessus. Les militants du PS, on les croise dans les mobilisations sociales, pas ceux de l'UMP. Ça fait quand même une sacrée différence ! Mais on a renoncé à
leur demander de faire une politique de gauche qu'ils n'ont pas envie de faire.
Leurs solutions pour sortir de la crise sont compatibles avec l'économie de marché. Pas les nôtres.
Que pensez-vous de l'incursion de François Bayrou sur le terrain de la gauche ?
Je n'ai pas vu Bayrou débouler dans le paysage de la gauche, mais dans le giron des alliances possibles avec le Parti socialiste. Je rappelle qu'il a voté les directives libéralisant les services
publics. J'écoute son discours. Dans le camp de la droite, il traduit une autre option possible pour les classes possédantes. Le PS pense qu'il sera amené, lors des prochaines échéances électorales,
à faire alliance avec lui. C'est pour cela que nous insistons sur l'indépendance totale à l'égard du PS.
Avec la dispersion des voix à gauche, ne faites-vous pas le jeu de Nicolas Sarkozy ?
C'est un faux procès qu'on fait au NPA. Ça fait deux ans qu'on est de tous les combats contre la politique du gouvernement. On ne va pas s'excuser d'être de cette gauche qui, dès le soir de
l'élection de Sarkozy, a dit : "Il faudra le combattre." La vraie opposition à Sarkozy, ce sont des milliers d'anonymes, présents dans toutes les mobilisations sociales. Nous essayons de
donner un prolongement politique à cette opposition.
Le texte du tchat de Nathalie Arthaud sur RTL.fr
Voici la retranscription écrite du chat organisé avec la porte-parole de Lutte Ouvrière (LO), tête de liste dans le Sud-Est, le 11 mai 2009, dans le cadre des élections
européennes.
Bonjour Nathalie Arthaud. Merci de participer au troisième chat organisé par RTL.fr.
Minerva : "Nathalie Arthaud, pourriez-vous rapidement nous dresser votre parcours ? Pourquoi avoir choisi de rallier Lutte Ouvrière ?"
Je milite depuis une vingtaine d'années, avant de rencontrer des camarades de Lutte Ouvrière (LO) j'étais d'une façon humaniste. Je voulais m'engager dans l'humanitaire et j'avais envie de
combattre la faim dans le monde, cela a été le premier moteur de mon engagement. Quand j'ai rencontré des amis militants de LO qui m'ont fait découvrir les idées communistes, j'ai été convaincue
qu'on pouvait transformer de fond en comble la société. J'ai mis plusieurs années pour m'engager à Lutte Ouvrière mais quand j'ai découvert et approfondi mes connaissances des grandes luttes
sociales, en particulier la Révolution française, j'ai été convaincue que la population pouvait transformer complètement la société. C'est pour cela que je me suis engagée dans un parti communiste
révolutionnaire.
Rififi : "Comment votre campagne se déroule-t-elle sur le terrain ? Quel accueil recevez-vous des gens ?"
Nous avons l’habitude, les militants de LO, d'aller discuter avec les populations, sur les marchés et dans la rue. Nous militons aussi où nous travaillons, nous avons donc l'habitude de défendre nos
idées. Cette campagne ne change pas vraiment les choses de ce point de vue là. Mais sur le terrain, ce qui préoccupe les couches populaires c'est le chômage, le salaire, les prix et la difficulté de
vivre.
Lunatic747 : "Pour vous, l'Europe dans sa réalité actuelle, peut-elle apporter des réponses adéquates aux problèmes économiques et sociaux de la France
?"
Qui peut apporter une réponse aux problèmes économiques et sociaux ? Qui peut apporter une réponse à cette crise sans précédent ? On l'a vu, les gouvernants des pays les plus puissants de la planète
se sont retrouvé lors du G20, et n'ont apporté aucune solution, car la direction de l'économie leur échappe. Ce ne sont pas les politiques qui décident de l'économie. C'est une minorité de grands
groupes industriels et financiers qui imposent leur diktat sur toute la vie économique et sociale en décidant de fermer une entreprise, de délocaliser, de ne pas investir, d'utiliser leurs capitaux
pour des placements financiers qui peuvent rapporter beaucoup plus que dans la production. Aucun pouvoir politique ne peut s'opposer à ces décisions. C'est pourquoi nous revendiquons le pouvoir pour
les travailleurs de contrôler les comptabilités, les décisions, les projets de ces grands groupes qui influencent la vie de toute la population.
Zeus76 : "Pourquoi les révolutionnaires comme vous et Olivier Besancenot sont incapables de faire l'unité ?"
L'unité qui nous semble essentielle, c'est l'unité dans les luttes. L'unité électorale n'est pas un but en soi dans le sens où elle n'est pas forcement utile. Se présenter chacun séparément
représente simplement une diversité de l'extrême gauche et permet à deux sensibilités différentes de s'exprimer ce qui a le mérite de laisser le choix aux électeurs. Nous ne vivons pas cela comme une
concurrence et si nous disons deux fois les mêmes choses ce ne sera pas de trop.
Alfonsi : "Bonjour, j'aurais aimé savoir (et comprendre!) pourquoi LO ne s'est pas allié au Front de Gauche de monsieur Mélenchon pour ces Européennes ? N'auriez-vous
pas eu plus de forces en faisant liste commune ?"
Il ne faut pas entretenir la confusion, nous n'avons pas la même politique que le Front de gauche qui se prépare à reformer une union de la gauche et à retourner au gouvernement derrière le Parti
socialiste. Nous avons déjà vécu plusieurs de ces gouvernements "d'union de la gauche" et nous avons pu constater que pour les travailleurs cela ne changeait pas grand-chose. Par ailleurs, nous ne
faisons pas la même campagne que le Front de gauche qui tient à dénoncer d'avantage une politique alors que nous insistons pour dénoncer tout un système, le système capitaliste, qui montre sa
faillite. Dans le cadre de ce système, il n'y a pas de bonne politique possible.
Jd546 : "Après votre campagne pour le non au traité de Lisbonne, pourquoi vous présentez vous à la députation européenne ?"
Nous ne sommes pas les seuls à avoir appelé à voter non et à nous présenter à ces élections. Oui, nous sommes contre les institutions européennes ; mais de la même façon que nous sommes opposés aux
institutions de la France, parce qu'elles sont toutes au service des puissances capitalistes. Mais ce n'est pas une raison pour nous taire, pour ne pas défendre nos idées, et nous appelons tous ceux
qui sont révoltés par l'injustice de la situation, par le fait que l'on fait payer la crise aux couches populaires, à le dire, y compris dans ces élections, en votant pour les listes LO.
Bibi 95 : "Arlette Laguiller a récemment estimé que le résultat des élections européennes importait peu, car elle juge que le Parlement européen a 'encore moins de
prérogatives que le Parlement français'. A quoi sert-il donc de se déplacer aux urnes, pour voter pour vous ou pour les autres formations ?"
Le Parlement européen a très peu de pouvoir. Il ne peut pas empêcher les licenciements chez Caterpillar, Molex, Continental. Ce n'est pas le Parlement européen qui pourra empêcher les grands
actionnaires de décider de fermer une entreprise ou d'aller spéculer des millions en bourse. Donc, pour ce qui concerne les mesures vitales et essentielles qui préoccupent aujourd'hui les Français,
le Parlement européen n'a pas de solutions. Mais on peut se déplacer aux urnes pour dénoncer ce système économique injuste, et qui ne fonctionne pas. On peut se déplacer aux urnes pour crier notre
colère que la crise soit payée par les couches populaires alors qu'on sauve ceux qui en sont responsables. On ne peut pas exprimer clairement cette colère et cette révolte en s'abstenant, c'est en
votant pour les listes Lutte Ouvrière qu'on peut l'exprimer le plus clairement.
Flicker : "Quel est le 'modèle d'Europe sociale' que vous appelez tant de vos vœux ? Quels sont les obstacles à sa réalisation ?"
Nous ne parlons pas d'Europe sociale de la même façon que nous ne parlons pas de France sociale. L'Europe, comme la France, est dominé par les puissances financières et industrielles. Les
gouvernements, qui commandent d'ailleurs aussi l'Europe, sont à leur service. Pour obtenir des acquis sociaux, pour améliorer les droits des salariés il faut des luttes, il faut inverser ce rapport
de force entre les salariés et le patronat qui fait que depuis des années et des années le monde du travail recule. C'est donc une question de lutte et pas d'élection ni d'institution.
Marilyn : "On entend guère Lutte Ouvrière défendre les autres catégories sociales que les ouvriers ? Quelles idées développez-vous pour les agriculteurs ou les
artisans en vue des élections européennes ?"
Nous parlons le plus souvent des travailleurs, pour nous, le monde du travail englobe tous ceux qui vivent de leur salaire qu'ils soient ouvrier, fonctionnaire, pilote d'avion, ou autre. Les artisans
et les agriculteurs font partie de ce monde du travail. Nous faisons une différence entre les grandes entreprises, les grandes banques, et les plus petites entreprises, car nous savons que celles-ci
sont sous la domination des financiers, de la grande distribution, des grands donneurs d'ordre. Ces derniers font aussi leur marge sur le dos des petites entreprises ; et c'est pourquoi nous pensons
qu'il est nécessaire d'imposer un contrôle sur les comptabilités de ces grands groupes. Un contrôle qui permettrait de savoir quelles sont les marges qui sont réalisées ? Qui profite du travail de
qui ? Pourquoi le lait vendu par les agriculteurs aux chaines de distribution se trouve quatre à cinq fois plus cher dans les rayons, etc. Parce que cela nous choque qu'on ne puisse pas vivre de son
travail.
Vidocq : "J'ai lu que vous estimiez que 'l'avenir de la société, c'est l'économie communiste'. Comment un tel combat peut-il réussir après ce que nous a enseigné
l'Histoire, sans parler des dégâts de l'idéologie communistes dans les anciens pays communistes. Les pays de l'Est sont-ils vraiment disposés à revenir en arrière ? Merci".
Moi, je me pose la question inverse : comment peut-on imaginer que l'avenir de la société soit l'économie capitaliste ? Comment expliquer qu'une société aussi riche, aussi développée qu'est la nôtre,
puisse condamner des millions de gens à être mal logés, à être condamnés au chômage, à ne pas pouvoir se soigner correctement, si ce n'est que cette économie est profondément injuste inégalitaire et
nuisible ? Nous pensons que toutes les richesses créées par le travail de tout un chacun doivent être utilisées pour répondre aux besoins de l'ensemble de la société. Nous pensons qu'il faut
organiser la production, organiser le travail pour produire non pas ce qui est le plus rentable aux yeux d'une minorité, mais pour produire les biens dont toute la société a besoin.
Pour cela, il faut une société débarrassée du marché, de la concurrence et de la loi du profit, il faut réorganiser l'économie en planifiant la production et en collectivisant les moyens de produire
les richesses. C’est une économie communiste qui n'a jamais vu le jour parce que la seule et unique tentative de le faire, en Union soviétique, a échoué avec
l'installation d'une dictature. Mais nous ne pensons pas que cette seule et unique expérience juge une fois pour toutes les possibilités d'organiser une véritable société communiste.
Ristourne95 : "Etes-vous favorables à l'instauration d'un Smic européen ? Sur quels critères serait-il calculé, vu les disparités salariales au niveau des Etats de
l'Union ?"
Je suis favorable à une harmonisation par le haut des salaires et de tous les droits sociaux. Mais le salaire est avant tout le résultat d'un rapport de force entre les salariés et le patronat. Il
dépend des luttes que les travailleurs d'Europe mèneront. Il est certain que ces luttes vont se multiplier car si les salaires en Roumanie, en Pologne, ou en Slovénie n'augmentent pas, tous les prix
eux, augmentent très vite. C'est ce qui explique d'ailleurs les grèves sur les salaires qui ont eu lieu ces dernières années en Europe de l'est comme celle de l'entreprise Dacia, en Roumanie, ou les
ouvriers de cette entreprise revendiquaient 200 euros d'augmentation.
Alfonsi : "Quelle importance accordez-vous à l'écologie ? Quelles réponses, selon vous, l'Europe peut-elle apporter à ces questions ?"
L'écologie fait partie de notre combat. Marx lui-même avait dénoncé les dégâts de l'industrialisation, il a expliqué dans Le capital que l’homme n'était pas propriétaire de la terre, qu'il n'en était
que l'usufruitier et qu'il devait se préoccuper de transmettre aux générations futures un bien amélioré. Autant dire que l'écologie est un combat du mouvement ouvrier depuis ses débuts. Mais nous
pensons qu'il est étroitement lié à la lutte que l'on doit mener contre le capitalisme et contre cette logique qui consiste à ériger en loi sacrosainte la loi de la rentabilité. L'Europe restant
soumise à la domination des grands groupes ne peut rester qu'en dessous de ce qui serait nécessaire pour protéger la planète
Aurdex : "Que pensez-vous de l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne ? Que pensez-vous de l'idée d'une Union méditerranéenne ?"
Nous ne voyons pas pourquoi on fermerait les portes de l'Europe à ceux qui veulent y entrer et à fortiori à ceux dont les liens avec l'Europe sont multiples. Que ce soit avec la Turquie, avec le
Maghreb les liens sont nombreux, ils sont économiques, culturels, des millions de familles vivent à cheval entre ces grandes régions. Tout cela est le résultat d'une histoire, et nous sommes pour
tout ce qui favorise la libre circulation des populations et la construction de grandes zones sans frontières et sans obstacles pour les populations.
Alfonsi : "C'est bien gentil d'aider les travailleurs, mais quand nous avons une PME, c'est très difficile de payer les salariés, surtout avec les 35 heures. On
aimerait en embaucher davantage, mais cela a un coût ! Que proposez-vous pour les petits patrons ?"
Qu'est-ce qui pèse le plus pour bien des petites entreprises ? Est-ce que c'est le salaire qu'elles versent à un ou deux salariés ? Ou est-ce que se sont les charges de loyers, les crédits qu'ils
doivent rembourser à leur banquier ? Bien sûr, beaucoup de petites entreprises ne roulent pas sur l'or. Mais cela ne doit pas masquer le fait que des fortunes sont accumulées à un pôle de la société,
et qu'il est révoltant que ces richesses ne soient pas un facteur de progrès pour toute la société. C'est donc tout un système économique qu'il faut dénoncer et non pas défendre l'idée, qu'au XXIème
siècle, il faudrait travailler plus pour des salaires moindres.
Falempin : "Les jeunes votent beaucoup Front national. Comment allez-vous les convaincre de voter LO le7 juin ?"
Je ne sais pas si c'est un jeune qui pose la question, mais je ne crois pas que les jeunes votent spécialement Front national. Ce qui se passe aujourd'hui, l'explosion du chômage avec 3.000 chômeurs
de plus chaque jour, avec les milliards qui sont trouvés pour sauver les banquiers alors qu'on met l'éducation, la santé au régime sec, a de quoi interpeller les jeunes. J'espère que la crise
actuelle va faire prendre conscience à un grand nombre que c'est un système qu'il faut remettre en cause et qu'il n'y a pas lieu de se résigner à cet immense gâchis. Ces élections européennes sont
l'occasion d'exprimer cette opposition, d'exprimer cette révolte, d'exprimer et d'affirmer qu'il faut réorganiser l'économie sur d'autres bases. Et c'est ce qu'on peut faire en votant pour Lutte
Ouvrière.
Jalabert55 : "Omar Slaouti, candidat du NPA, la semaine dernière à la même place, avait un discours sans ambigüité sur Dieudonné. Et vous, pensez-vous qu'il faille interdire ses listes
?"
Je pense que le discours de Dieudonné est nauséabond. Ses idées sont à l'opposé des nôtres. Mais la proposition d'interdire ces listes ressemble plus à une opération de diversion qu'à autre chose. De
notre côté, nous ne sommes pas favorable à l'interdiction parce que ce n'est pas en interdisant des listes électorales que l'on peut combattre des préjugés. L'effet de l'interdiction est parfois même
inverse.
Jccb : "Nathalie Arthaud. Selon vous, le 7 juin doit être un vote sanction, un vote contre la politique du chef de l'Etat ? Le problème de l'Europe aujourd'hui
n'est-il pas celui là : faire d'un vote supranational un vote sanction, et donc faire de l'Europe un jouet politique ?"
L'Europe n'est que le reflet des différents gouvernements nationaux, il ne faut pas croire que Bruxelle impose ses décisions aux différents gouvernements et soit au-dessus des présidents. Il est
normal que dans ces élections, on dénonce aussi la politique du gouvernement, cette politique a de quoi révolter quand on sait que le gouvernement a volé au secours des nantis, et qu'il ne bouge pas
le petit doigt contre les licenciements ou pour imposer le paiement à 100% du chômage partiel. Si de nombreux électeurs se saisissent de ces élections pour dénoncer cette politique, j'en serai la
première ravie.
Ledoc : "Pour vous en trois mots, l'Europe c'est quoi ?"
En trois mots, ce sera difficile. Mais je constate qu'en cinquante ans de construction européenne, les gouvernements ont unifié le marché, ils ont imposé des règles commerciales, ils ont harmonisé ce
qui leurs permettaient de faire des affaires, mais ils n'ont pas été capable d'harmoniser les droits sociaux. Ils n'ont même pas été capables d'harmoniser le droit des femmes par le haut, puisque
certains pays continuent d'interdire l'avortement jusqu'à Malte, qui interdit même le divorce. C'est l'Europe des financiers et des capitalistes, mais cela n'a rien d'une Europe humaine,
fraternelle.
Modérateur : "Le mot de la fin, Nathalie Arthaud"
Nous lancerons notre campagne européenne jeudi 14 mai à La Mutualité, à 20h30, à Paris. Et nous aurons l'occasion de discuter de tous les thèmes que nous venons d'aborder, beaucoup plus longuement à
la fête nationale que nous organisons les 30, 31 mai et 1er juin à Presles, dans le Val d'Oise, où nous aurons l'occasion de discuter, mais aussi d'être décontracté et d'assister à de nombreux
spectacles. J'espère que tous ceux qui sont intéressés par nos idées et qui veulent poursuivre la discussion pourront y venir.
Communiqué du NPA. Deux ans d'arnaque et de cadeaux aux patrons !
mercredi 6 mai 2009
Elu par 53% des électeurs en 2007, Sarkozy gouverne pour les 6 à 7% les plus riches comme l'a montré le vote du bouclier fiscal.
Il a permis à 834 contribuables fortunés de recevoir, en 2009, chacun un chèque des impôts de plus de 360 000 euros : une véritable insulte pour les salariés et la population victimes des
licenciement, de la montée du chômage, de la crise du capitalisme.
Sans rire, Luc Chatel, porte-parole du gouvernement, estime que « Sarkozy a redémarré la pensée universelle française ». Si Sarkozy a redémarré quelque chose, c'est la machine à détruire les
conquêtes sociales, les droits acquis par les travailleurs, les libertés avec le développement de l'arsenal sécuritaire et la chasse aux sans-papiers et aux aidants.
Démagogie, mépris, forfanterie et baratin résument les deux ans de la présidence Sarkozyqui agit comme fondé de pouvoir du MEDEF.
Depuis deux ans, les promesses démagogiques de Sarkozy se sont dégonflées comme autant de baudruches et les mobilisations sociales se sont multipliées contraignant le gouverenement Fillon à
renoncer ou à reporter à une date indéterminée certaines contre-réformes libérales, comme le statut de La Poste.
Exploitant la crise du capitalisme, Sarkozy veut en profiter pour acélérer la destruction du code du travail.
C'est pourquoi, il faut renforcer les mobilisations, les faire converger pour que Sarkozy et sa bande au gouvernement voient se dresser devant eux des millions de salariés pour exiger
l'interdiction des licenciements, 300 euros net pour tous, le retrait des « réformes » libérales.
Jean-Luc Mélenchon « On voudrait reléguer le camp du “non” aux oubliettes »
Parti de gauche . Pour Jean-Luc Mélenchon, la constitution d’un « front » autour de Bayrou se solderait « immanquablement par la destruction de la
gauche, comme en Italie ».
Le quotidien Libération suggère la formation d’une « grande coalition » antisarkozyste allant de votre Parti de gauche jusqu’aux amis de l’ancien premier ministre
Dominique de Villepin. Que vous inspire cette idée ?
Jean-Luc Mélenchon. Je ne me vois pas du tout dans un attelage de cette nature. La violence de la crise commande une réorganisation générale de
toutes les forces politiques. Mais la solution n’est pas d’enjamber le clivage gauche-droite. Au contraire. À la droite de réinventer autre chose que le libéralisme, à la gauche de réinventer autre
chose que la social-démocratie. C’est la tâche que s’assigne le Front de gauche. Cette volonté de réorganiser la vie politique autour du centre est en fait le signal d’un échec. La social-démocratie
est incapable de se constituer en opposition à Nicolas Sarkozy. C’est cet espace vide que tentent aujourd’hui d’occuper les centristes. Loin de se ressaisir ou de se tourner vers une alternative de
gauche, les socialistes sont plus que jamais pris dans cette spirale de l’alliance avec le centre. De ces aventures-là, on connaît l’issue. Elles se soldent immanquablement par la destruction de la
gauche, comme en Italie.
Ces scénarios pour 2012 contribuent à étouffer davantage une campagne des européennes déjà bien atone. Cette absence de débat sur les enjeux européens est-elle, selon vous,
délibérément entretenue ?
Jean-Luc Mélenchon. Je le crois. Nombreux sont ceux qui n’ont aucune intention de parler de l’Europe. Valérie Pécresse présente sa liste aux
élections régionales un mois avant les élections européennes. Les socialistes consacrent plus de temps à leur stratégie d’alliance pour 2012 qu’à discuter de ce qu’ils comptent faire pour changer la
donne en Europe. C’est incroyable. Tous ces gens tentent d’enjamber le scrutin européen du 7 juin. Ils refusent cette épreuve de force politique.
La nature même de l’élection présidentielle, qui écrase tout le débat politique, n’est-elle pas en cause ?
Jean-Luc Mélenchon. Je pense surtout que nous sommes face à une stratégie de diversion. Ils ont pris la mesure du risque que représente la
mobilisation de l’opinion de gauche sur la question européenne. La mise en scène actuelle est assez frappante : elle donne les premiers rôles à tous les partis qui ont défendu le
« oui » au projet de constitution européenne en 2005. On voudrait reléguer le camp du « non » aux oubliettes. Voilà la vraie raison de ces stratégies de diversion. Le débat que
soulève la question européenne, est, au fond, celui de la politique nationale. Ces deux dimensions sont intrinsèquement liées. Qui rejette le traité de Lisbonne rejette les politiques qu’il contient.
De là découlent des choix d’alliances. C’est là la cohérence du Front de gauche, basé sur le refus de ce traité de Lisbonne et des politiques qu’il programme pour la France. De nombreux électeurs
socialistes commencent d’ailleurs à poser un regard nouveau sur le Front de gauche. Ils y voient la possibilité de confirmer leur vote de 2005, mais surtout une assurance tous risques contre une
recomposition au centre. Plus le Front de gauche sera fort, plus la route d’une telle alliance sera coupée.
Toujours en colère contre ses anciens amis du Parti socialiste, Jean-Luc Mélenchon ne cesse de pester contre une gauche trop timide,
munie d'un programme en demi-teinte. Le sénateur de l'Essonne, qui a créé son Parti de gauche, entend proposer une ligne de rupture avec le capitalisme, mais via les urnes. Pour lui, la crise
économique que traverse le système capitaliste indique qu'"un monde est fini", celui du libéralisme. Candidat du Front de gauche aux européennes, en alliance avec le PCF, il tente d'attirer
les électeurs déçus du PS. Et espère faire la différence avec un Olivier Besancenot.
Après un 1er Mai réussi, comment analysez-vous la crise sociale que connaît le pays ? Reflète-t-elle pour vous une colère globale ?
Oui. Mais il faut être lucide sur cette colère. Les gens ont peur de ne pas avoir d'avenir. Ils sont révoltés car ils trouvent que les conséquences de cette crise sont injustes. Mais annoncer tous
les jours la révolution, c'est de la manipulation. Il y avait bien plus de violence dans les années 1970. Moi, je vois aujourd'hui un monde qui part en petits morceaux. Et un grand désarroi. Il y a
donc une immense disponibilité envers la gauche. Elle est pourtant absente. Voila le drame.
Soutenez-vous la démarche d'Olivier Besancenot qui appelle à une marche nationale des sans-emploi ?
Cela me trouble un peu. Le politique n'a pas à surgir, comme ça, dans le mouvement social, en donnant des consignes. Les syndicats, par leur unité, ont levé le couvercle de la résignation sociale.
Notre responsabilité est de lever la résignation politique. Le lien du social au politique n'est pas mécanique. Regardez la Guadeloupe. Ce qu'a fait le LKP est remarquable mais le mouvement social
s'est arrêté aux portes du politique. A nous d'offrir une alternative politique plutôt que de faire des surenchères avec les syndicats.
Qui mettez-vous derrière ces "ils" ?
Tous les "importants". Mais d'abord Nicolas Sarkozy. La droite, il faut le reconnaître, a un vrai chef de guerre. Il a le sens des situations de lutte, pense tout en
termes de combat, et projette toute son énergie sur un seul objectif : "Profiter de la crise" - ce sont ses mots - pour faire ce qu'il appelle des "réformes structurelles". Il est
dans une logique de confrontation sociale. Mais il n'est pas sorti du cadre et sa vision pour la France est très datée : les années Reagan.
François Bayrou annonce qu'il est entré en résistance contre le sarkozysme. Pourrait-il un jour devenir votre allié ?
C'est un homme qui tient tête. Il exprime des valeurs utiles à notre temps. Mais son programme économique est de droite et il ne s'en cache pas. N'oublions pas les leçons de l'histoire :
l'illusion centriste a été mortelle pour la gauche partout où elle a été pratiquée en Europe.
C'est un avertissement en direction de vos anciens amis socialistes ?
Ah ! mes amis socialistes. Ils sont toujours entre deux chaises : Martine Aubry est archaïquement sociale-démocrate. Elle vit dans un monde qui n'existe plus : celui
du compromis social entre capital et travail dans le cadre de l'Etat nation. Le PS pense que le capitalisme a oublié le social et qu'il suffit d'en mettre un peu pour avoir une société plus juste.
Combien de temps cette bulle d'illusions va-t-elle mettre pour éclater ? Quand on vit une récession d'une telle ampleur, on ne peut plus faire croire qu'un petit coup de croissance à l'ancienne
suffira à panser les plaies. Je prône l'insurrection civique pour tout changer et organiser la transformation autour de trois axes : la planification écologique, la refondation républicaine et un
nouveau partage des richesses.
Dans vos prises de position récentes, vous semblez plus indulgent envers Ségolène Royal...
Ce qui me plaît chez elle, c'est qu'elle cogne. Elle a une forme d'obstination contre Sarkozy qui est plutôt roborative. La gauche ne cogne pas assez, car le parti dominant, le PS, est dans la
connivence. Voyez son positionnement européen : des promesses pour une Europe plus sociale incompatibles avec le traité de Lisbonne qu'il soutient comme Sarkozy. Un autre exemple : quand le PS
continue à cultiver l'illusion qu'il veut mettre en place une régulation du capitalisme, de quoi parle-t-il ? De l'OMC et du FMI, deux institutions dont le coeur des politiques est le contraire de ce
qu'il faut faire !
Vous trouvez la gauche en petite forme face à la droite ?
Hélas, oui. A droite, ils assument la situation, ils se battent. A gauche, le PS est tétanisé. A droite, la relève est flamboyante : Villepin le romantique, Bayrou le Quichotte. La gauche
dominante est terne. La droite a mis les bottes, les sociaux-démocrates sont en pantoufles.
L'émiettement de la gauche n'est-il pas une opportunité pour Nicolas Sarkozy ?
Bien sûr que si. C'est la raison pour laquelle j'ai essayé de rassembler ce qu'on appelle l'autre gauche et proposé de bâtir un bloc politique qui assume sa diversité et qui, avec un programme
anticapitaliste, essaie de construire une nouvelle majorité politique. Les communistes ont aussi cette vision. Ils ont joué le jeu, pas Besancenot. Le NPA a choisi la voie d'un parti d'avant- garde
qui se construit dans la délimitation politique avec le reste de la gauche. Si on avait réussi un rassemblement large, on pouvait espérer passer devant le PS aux européennes et construire un
programme de rassemblement de toute la gauche sur une ligne de rupture. Cette perspective est reportée. Mais si, malgré tout, le Front de gauche crée une dynamique et rassemble largement, comme je le
vois dans le Sud-Ouest, on aura réussi. Après, mon objectif est de poursuivre ce front, un peu comme Die Linke en Allemagne.
Ces « ex » du NPA qui ont rejoint le Front de gauche
Gauche unitaire . Ils ont entre trente et cinquante-cinq ans, n’ont pas accepté que leur ancien parti fasse cavalier seul aux européennes, et ont intégré le mouvement fondé
par Christian Picquet.
Rennes (Ille-et-Vilaine), envoyée spéciale.
Seule Anne semble plus distante sans doute, sa récente appartenance au Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), à peine une année, la préserve-t-elle d’un affect trop chargé. Ses quatre camarades,
eux, étaient les piliers de l’organisation d’extrême gauche à Rennes, en Ille-et-Vilaine. Autour d’une table, au fond d’une brasserie, Bruno, Dominique, Thierry et Vincent ne s’attardent pas sur
leurs sentiments à l’égard du parti dont ils ne partagent plus la stratégie. C’est un « arrachement », un « déchirement », murmurent-ils avec pudeur.
« Seize ans de militantisme, c’est la moitié de ma vie », calcule amèrement Bruno, secrétaire administratif. « J’y avais cru, je pensais que bien d’autres mouvements rejoindraient
la nouvelle formation, qu’elle ne serait pas une LCR bis », raconte Anne, la « novice » en politique. L’enseignante (cinquante ans) n’a pas accepté que le NPA fasse cavalier seul au
scrutin européen. « Ça craque de partout, la crise s’approfondit, il fallait donner un signal fort à la population en s’unissant lors de ces élections. »
Quand l’un parle, les autres écoutent d’un air sérieux qui tranche avec l’ambiance du lieu. La télévision derrière le bar passe en boucle des clips vidéo. Les cinq « ex » restent sourds
aux voix de Tryo. Ils ne sont plus au NPA mais pour « une question de responsabilité » refusent d’être « en congé politique », précise Anne. Ils ont alors rejoint la Gauche
unitaire fondée le 14 mars 2009 par Christian Picquet. Ce mouvement est depuis devenu la troisième composante du Front de gauche, après le PCF et le Parti de gauche.
Unité politique
Il n’empêche, cette alliance n’enthousiasme pas Dominique, employé à France Télécom (cinquante-cinq ans). Ses trente-cinq années de militantisme à l’extrême gauche lui permettent d’émettre un
doute sur « les accords d’appareils, surtout après une expérience aussi motivante que l’était la campagne référendaire de 2005 ». Le doute partagé autour de la table est contrebalancé par
« l’espoir » que porte en lui le Front de gauche, selon Anne. « Il fallait en effet donner une impulsion pour montrer qu’il peut exister une perspective politique », reconnaît
Dominique. « Il manque un ingrédient aux luttes sociales qui se développent : la certitude de pouvoir s’adosser à l’unité politique. Rien que pour cette raison, il fallait s’engager dans
cette nouvelle construction politique », soutient-il de sa voix puissante. Responsables syndicaux ou simplement syndiqués, ils mesurent tous combien le mouvement social souffre d’un manque de
« débouché politique, d’une perspective à gauche ».
Sans que ce soit « le pied », selon l’expression de Vincent, ingénieur (trente ans), ils ont intégré le Front de gauche, « bancal du fait du NPA ». « Je me sentais
condamné à en être si je voulais continuer à m’investir politiquement », ajoute le benjamin de la bande. Jusqu’ici plutôt réservés sur le dévoilement de leurs sentiments vis-à-vis de leur
ex-parti, ils affichent une profonde amertume à l’évocation du refus du NPA d’offrir toute sa chance à la perspective politique balbutiante. « C’est un coup bas donné au mouvement social »,
dit l’un. « C’est un gâchis », soupire un autre. « C’est une faute politique », analyse Bruno.
Amers, ils le sont d’autant plus que le NPA est porté par la notoriété de son porte-parole, Olivier Besancenot. « Son succès est authentique, nous le testons dans nos milieux respectifs,
soutient Dominique. La radicalité de son discours le rend populaire. » L’aîné du groupe estime que la force de la formation du jeune facteur est d’avoir su brasser les questions qui agitent le
mouvement social depuis une vingtaine d’années. « Être dans le coup des luttes sociales, qu’elles soient ouvrières, féministes, écologistes ou antiracistes, commente Dominique. À gauche, il n’y
a pas photo. C’est dans ce parti que le discours est le plus offensif, le plus radical. » Ne pas mettre cette force « au service de l’intérêt général nous a fait basculer dans notre choix
de renforcer le Front de gauche », souffle Bruno.
Selon un sondage IFOP (1), 18 % des électeurs ayant voté pour Olivier Besancenot en 2007 reporteraient leur vote sur le Front de gauche.
Entrer en dissidence
Le NPA, qui revendique plus de quarante membres à Rennes, en a perdu une dizaine dans cette localité. Il n’est pas évident de se rebeller contre sa propre formation, d’entrer en dissidence, de
devenir des « parias ». Surtout quand, comme Olivier, technicien environnemental (trente-neuf ans), on continue de partager « 90 % des orientations du parti ». « C’est
sa façon d’appréhender le mouvement social que je rejette », dit-il. Lui, l’altermondialiste, se méfiait des partis politiques mais avait adhéré à la LCR, en 2003, pour renforcer un « outil
de construction de la gauche de gauche ». Aujourd’hui, il déchante : « C’est une erreur fondamentale que de vouloir bâtir une formation sur la popularité d’un porte-parole, même si je
trouve Besancenot bon dans les médias. »
La musique semble bien lointaine. Seuls les rires des clients d’à-côté parviennent à la table des militants, où la mousse de la bière dans les verres à moitié vides s’est évaporée depuis belle
lurette. Les cinq restent convaincus que le NPA avait choisi « assez tôt, délibérément, de faire cavalier seul dans toutes les élections à venir, pensant qu’elle a vocation à incarner seule la
gauche de gauche ». Dominique parle, les autres acquiescent, complètent. « La logique partidaire prédomine. La direction veut instaurer une hégémonie à l’intérieur de la gauche hors
PS », précise Olivier. « Il y a l’idée, fausse, dans la tête de la direction, qu’entre le Parti socialiste et le NPA, il n’existe plus rien. Cette vision polarisée est en rupture avec ce
qu’était la LCR. Avec le NPA, la recomposition se fait autour de lui-même », explique Bruno. « Cette volonté d’agglomérer autour de soi me gêne. L’unité ne se réalise pas dans le
monolithisme », se désole Thierry.
S’ils ne doutent pas de la popularité du leader d’extrême gauche, les « ex » évoquent volontiers le coup de pouce sarkozyste. Là encore, c’est Dominique qui intervient :
« Sarkozy veut faire croire que l’alternative serait entre sa politique et la révolution incarnée par Besancenot. Cela lui permet de figer la situation, d’empêcher toute recomposition, toute
constitution d’un vrai front à vocation majoritaire. » Mais ni Dominique ni ses camarades ne pensent que le porte-parole ou la direction du NPA « se prêtent au jeu ». « Ils sont
contents de cette médiatisation », soutient Anne. « C’est toujours agréable, surtout quand on dirige un petit parti, de passer sur les grandes chaînes d’information », dit Thierry,
mais il avertit : « Attention à l’auto-intoxication. Le NPA ne compte que 10 000 adhérents. Il faudra se lever tôt tous les matins si l’on veut recomposer le mouvement ouvrier avec
seulement 10 000 personnes… »
(1) Sondage paru dans l’Humanité du 27 avril 2009.
Lors de leur congrès de Lyon en Novembre 2008, les Alternatifs ont réaffirmé leur volonté d’aller vers la construction d’une nouvelle force politique de la gauche alternative,
autogestionnaire, féministe et écologiste. En l’état, la constitution de la Fédération regroupant des organisations et des citoyen-ne-s est une première étape de convergence politique. Les
Alternatifs sont pleinement engagés dans le processus en cours.
Pour aller plus loin il est désormais indispensable de travailler au projet politique, à l’orientation stratégique, au rapport aux institutions et à des formes d’organisation qui
permettent de concilier débat démocratique et efficacité. Les Alternatifs continueront à faire des propositions pour les échéances à venir de la Fédération sur des questions telles que les adhésions,
les cotisations, les modalités de vote, d’élection et de contrôle des exécutifs.
Les Alternatifs poursuivent leur action tant qu’une organisation de transformation sociale, autogestionnaire, écologiste et féministe plus large ne sera pas
réellement constituée.
Nathalie Arthaud (LO).
«Il faut une Europe sociale»
Porte-parole de Lutte Ouvrière, Nathalie Arthaud a la tâche délicate de succéder à Arlette Laguiller. Sa première mission est de conduire la bataille aux européennes dans un contexte
d'autant plus difficile que l'extrême gauche part au combat électoral en ordre dispersé.
Lutte Ouvrière et le NPA d'Olivier Besancenot sont crédités de petits scores aux européennes. N'aurait-il pas été préférable, pour la gauche trotskiste, de présenter une seule liste
?
Nous avons fait liste commune avec la LCR en 1999 et 2004. En 1999, cela nous avait valu cinq députés européens. En 2004, nous avons reconduit cette alliance, mais la règle du jeu avait changé, et
nous n'avons pas eu d'élu. C'est d'ailleurs Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur, qui avait procédé à ces tripatouillages pour, soi-disant, rendre les élus plus proches des électeurs.On s'est
retrouvé avec huit circonscriptions interrégionales au lieu d'une seule circonscription nationale et avec une barre pour obtenir des élus plus élevée. Avec ce mode de scrutin, il est très difficile
pour des petits partis d'avoir ne serait-ce qu'un élu. Alors nous n'avions pas de raison de nous priver de mener chacun notre campagne.
Pourquoi avez-vous refusé la main tendue par le Front de gauche qui regroupe le Parti communiste et le Parti de gauche de Jean-LucMélenchon ?
Nous ne défendons pas la même politique que le Front de gauche. Le Front de gauche conteste la politique libérale menée en Europe et fait porter la responsabilité de la crise actuelle sur cette
politique. Nous pensons que la responsabilité de la crise est le fruit du système économique capitaliste. Ce qu'on voit aujourd'hui, c'est la crise d'un système organisé pour qu'une minorité de
grands actionnaires parvienne à accumuler des profits le plus vite possible en faisant tout et n'importe quoi. C'est pourquoi il faudrait arracher à cette minorité le droit de diriger l'économie, le
droit de fermer du jour au lendemain les entreprises et de ruiner des régions entières. Le Front de gauche a pour perspective de revenir au gouvernement et de refaire l'Union de la gauche ou la
Gauche plurielle. Ce n'est pas notre objectif.
Quelle Europe entendez-vous défendre à l'occasion de votre campagne électorale ?
L'Europe actuelle est construite uniquement au profit des capitalistes. Elle est conçue pour qu'ils puissent vendre leurs marchandises à l'échelle de l'Europe, pour qu'ils puissent s'installer dans
les pays où ils veulent et pour qu'ils puissent rapatrier leurs bénéfices. Toutes les institutions européennes visent à faciliter les affaires du grand patronat. C'est cette Europe-là que nous
entendons dénoncer. Elle n'est ni fraternelle, ni humaine. Rien n'est fait pour garantir aux Européens le meilleur des droits sociaux qui existent dans l'Union européenne. Il faudrait par exemple,
instituer un salaire minimum au niveau de ce qui existe de mieux en Europe.
Ce qui se passe actuellement dans bon nombre d'entreprises est-il annonciateur d'un mouvement politique et social de grande ampleur ?
Je ne lis pas dans le marc de café. Mais, ce qui est certain, c'est qu'aujourd'hui le grand patronat et le gouvernement poussent les travailleurs à la révolte. Quand des grands groupes qui ont
accumulé des milliards décident de fermer des sites industriels et mettent à la porte des milliers de travailleurs qui ont pourtant fait des sacrifices et accepté de donner une partie de leur vie à
l'entreprise, quand ils préfèrent toucher aux emplois et aux salaires pour préserver leurs sacro-saints profits, ils ne peuvent que récolter la colère. Ils veulent faire porter sur les travailleurs
tout le poids de la crise. Heureusement que les travailleurs ne se laissent pas faire !
Fédération : prendre la posture de l’unité ou construire l’unité ?
Après s’être, comme nous, engagée dans le combat pour le plus large rassemblement de la gauche sociale et écologique aux élections européennes, la Fédération annonce
que, jusqu’au dépôt officiel des listes, elle continuera à militer pour une fusion entre les listes du Front de gauche et celles du NPA. Mais aussi qu’en cas d’échec, elle appellera indistinctement à
voter pour les listes opposées à la droite et au traité de Lisbonne. Autrement dit, pour les listes du Front de gauche, du NPA et de Lutte ouvrière…Une telle position nous pose problème.
La volonté de réaliser à l’occasion des élections européennes l’unité des forces antilibérales et anticapitalistes, incluant à côté du PCF et du PG le NPA, est
parfaitement juste. Nous la partageons et avons mené jusqu’au bout le débat en ce sens au sein de la LCR et du NPA.
Mais les votes du congrès du NPA, confirmés par les décisions du Conseil politique national des 7 et 8 mars, ont consacré le refus délibéré de la perspective
d’un Front de gauche au profit d’une logique de cavalier seul, dont les arrières-pensées électoralistes ont été tout à fait déterminantes même si elles n’ont jamais été avouées comme telles.
On peut, et Gauche Unitaire le fait également, continuer à prôner un rapprochement des uns et des autres pour parvenir à des listes communes. C’est ce qu’il faudrait
pour donner toute sa force au Front de gauche et aux réponses qu’il lui faut porter. On ne saurait, pour autant, se comporter comme si l’impossibilité d’y parvenir jusqu’alors relevait de simples
incompréhensions ou du choc de comportements également diviseurs.
La question est incontournable de savoir si cette division est justifiée politiquement par des divergences politiques insurmontables, comme l’affirme la direction du NPA, ou si cette même direction
du NPA en porte seule la responsabilité.
Notre propre décision d’intégrer le Front de gauche fut la conclusion de notre tentative d’empêcher une logique de repli de prévaloir. En conscience, nous ne pouvions
cautionner un comportement privilégiant un prétendu intérêt de parti au détriment de l’intérêt général du peuple de gauche, des acteurs et actrices du mouvement social, de ces hommes et de ces femmes
de gauche qui souffrent de trop d’inégalités imposées et d’injustices subies !
Le Front de gauche a systématiquement agi en direction du NPA pour débattre des conditions permettant à celui-ci de s’associer à cette alliance électorale. De son
côté, la direction du NPA a fixé des conditions, de surcroît à géométrie variable, visant à rendre impossible cette unité.
Dans ces conditions, si le communiqué de la Fédération renvoyant dos-à-dos le Front de gauche et le NPA réalise peut-être un équilibre entre les diverses composantes
de la Fédération, il ne nous en apparaît pas moins comme un choix de nature à stériliser les apports militants d’une composante importante de la gauche de gauche.
Certes, les discussions menées entre la Fédération et le Front de gauche se sont d’emblée enlisées, créant une situation confuse. Nous le regrettons. Mais force est de
constater qu’elles ont eu lieu dans des conditions qui n’étaient pas de la plus grande clarté. Alors que ADS avait décidé d’intégrer en tant que telle le Front, les Alternatifs pour leur part
négociaient d’un côté avec le Front de gauche et de l’autre avec le NPA, pour finalement décider de ne pas participer à la campagne des européennes. Les composantes écologistes de la Fédération
considéraient ne pas devoir entrer en compétition avec les listes de Cohn-Bendit où se retrouve José Bové. Quant aux Communistes unitaires, ils se trouvaient en situation difficile du fait de leur
double statut de composante du Parti communiste et de structure indépendante, et du conflit que cela créait avec la direction du PCF. Reste la Coordination des collectifs unitaires, qui ne peut à
elle seule représenter l’ensemble de la Fédération… Et dont on peut s’inquiéter de la voir aujourd’hui considérer que l’échec de l’unité est patent et qu’il faut à présent songer à faire mieux aux
régionales !
Cette situation est profondément dommageable, et on voit combien elle empêche nombre de forces et de militants qui sont les plus sincères partisans de l’unité des forces à gauche du PS d’intervenir
dans cette campagne décisive.
Chacun et chacune doit à présent faire le constat lucide de la situation. Le Front de gauche est la seule offre unitaire de la gauche de gauche pour cette bataille des
européennes. Parce qu’elle regroupe nationalement le Parti communiste, le Parti de gauche et la Gauche unitaire (qui y apporte l’acquis de la bataille pour l’unité conduite jusqu’au bout au sein du
NPA, ainsi que l’expérience des militantes et militants issus d’autres traditions qui l’ont rejointe depuis). Parce que, sur le terrain, le Front se voit rejoint par des militants ou structures de la
gauche alternative ou de l’écologie anticapitaliste (c’est, par exemple, le cas en Meurthe-et-Moselle). Parce qu’il est ouvert à toutes et à tous, au-delà des forces organisées qui l’ont impulsé.
Rien ne saurait, dès lors, empêcher au maximum de forces et de militants de s’inscrire dans la campagne du Front de gauche. Cela suppose de ne pas se réfugier dans un
positionnement consistant à répéter que les responsabilités de la division sont imputables aussi bien au Front de gauche qu’au NPA. Et, surtout, à prendre la mesure des enjeux de cette campagne.
Alors que la crise nous menace des plus grandes catastrophes, sur les plans social, écologique, démocratique, des plus grandes catastrophes, que la colère sociale est
à son paroxysme, l’inexistence d’une alternative digne de ce nom à gauche représente le principal atout de la droite et du patronat. Selon que le Front de gauche, par son intervention militante et
ses résultats électoraux, rencontre un écho populaire, ou selon qu’il subit un échec, tout le monde peut voir que les conditions ne seront pas le mêmes au regard du rapport de force d’ensemble, entre
la droite et la gauche, et au sein de la gauche. La capacité à poursuivre au-delà des européennes la politique en faveur d’une perspective unitaire en dépend.
C’est pourquoi nous regrettons profondément le choix fait par les Alternatifs de neutraliser leur intervention dans cette campagne. Nous regretterions tout autant que
les courants et militants regroupés dans la Fédération se retirent d’un rendez-vous politique essentiel et que, à l’inverse de toute leur tradition, ils n’oeuvrent pas à construire la dynamique
militante et populaire du Front de gauche…
A l’inverse leur implication favoriserait un développement du Front de gauche, l’élargissement des comités de campagne, l’entrée sur la scène
politique d’acteurs du mouvement social qui peuvent permettre de dépasser les limites des organisations qui ont initié le Front de Gauche et enclencher une réelle dynamique populaire et
militante. Celle-ci permettrait de rouvrir le débat sur l’alternative à gauche dont nous avons besoin.
Déclaration d'Olivier Besancenot. Le 19 mars ne peut rester sans lendemain.
La journée de grève générale du jeudi 19 mars a été un succès plus important encore que celle du 29 janvier.
Le soir même, François Fillon a envoyé un bras d'honneur à 3 millions de manifestants en maintenant le cap d'une politique qui ne sait trouver des dizaines de milliards que pour les
responsables de la crise et qui répond aux grévistes, aux manifestants que les caisses sont vides quand il s'agit d'emploi ou de salaires.
Un tel succès populaire et une telle provocation gouvernementale mérite mieux que l'annonce d'une nouvelle réunion des organisations syndicales le 30 mars.
Pour que les conflits de Continental, Fulmen ou Goodyear, entre autres, aboutissent, pour que les luttes, dans l'éducation, la santé, à la Poste et dans les services publics, soient
victorieuses, il est temps que l'ensemble de la gauche sociale, syndicale et politique, indique le cap d'une mobilisation d'ensemble des salariés et de la jeunesse.
24 heures de grève et de manifestation ne suffiront pas à faire plier le gouvernement et le patronat. Pour interdire les licenciements, pour augmenter les salaires et faire baisser les
prix, seule une grève générale prolongée pourra permettre à nos revendications d'aboutir.
Le 20 mars 2009.
Besancenot :
"Il faudrait des LKP partout en France"
On s'en doutait, le NPA ne fera pas alliance avec le Front de gauche. Il partira seul pour les européennes. Sans Christian Piquet -chef de la tendance minoritaire- fâché, et
en passe de quitter le parti. Sans Olivier Besancenot qui l'a déclaré lors d'une conférence de presse, puisqu'il n'est pas tête de liste -il fera campagne comme simple candidat. Seul, donc, mais
gonflé à bloc par les mouvements sociaux qui se multiplient outre-mer...
Vous avez dit "non" au Front de gauche proposé par Jean-Luc Mélenchon et Marie-George Buffet. Qu'est ce qui vous dérangeait ?
Nous leur avons proposé un front anticapitaliste durable, pas avec un calendrier alterné -c'est-à-dire un coup avec nous, un coup avec le parti socialiste. On n'a pas réussi à s'entendre, dont acte.
On ne s'en félicite pas, mais on ne le regrette pas. Ça ne nous empêchera pas de continuer à mener ensemble des actions sociales et à discuter politique. Ils ne sont pas nos adversaires, mais nous
voulons faire entendre des solutions clairement anticapitalistes à la crise actuelle (...) Il y a une colère et une révolte absolument légitimes, et pour nous l'exemple à suivre est celui de la
Guadeloupe et des DOM TOM (...) La situation sociale et politique, la crise du capitalisme, doivent être au coeur de cette campagne. C'est pour ça qu'on présente nos propres listes.
Je suis solidaire à 100% d'Elie Domota et du LKP, je trouve les déclarations du gouvernement complètement déplacées. Ouvrir une enquête contre lui est à la fois révoltant et irresponsable. Révoltant
parce qu'à aucun moment le LKP n'a dérapé -contrairement aux "békés" qui, eux, ont dérapé à plusieurs reprises. Irresponsable parce que le gouvernement ne fait qu'ajouter un problème au problème, à
un moment où on commençait à entrevoir une issue au conflit (...) Ce n'est pas Elie Domota qui a parlé de "préserver la race", ce sont des békés (...) Il n'y a pas l'ombre d'une divergence entre le
LKP et le NPA (...) Pour vous dire le fond de ma pensée, des LKP il faudrait en faire un peu partout dans l'hexagone aujourd'hui.
Christian Piquet, chef de file de la tendance minoritaire de votre parti, affiche ses désaccords avec vous. Il a même rejoint dimanche le meeting de soutien au Front de gauche. Y-a-t-il un
risque de scission au NPA ?
Piquet a annoncé qu'il allait construire une autre organisation politique; la Gauche Unitaire. Ce ne sera pas un courant au sein de notre parti, ce sera un autre parti. On est très souple et très
large dans nos statuts, on est partisans du pluralisme, mais construire deux partis politiques à la fois me semble difficile. Le désaccord de Piquet avec le NPA, c'était un secret de polichinelle. Ce
qu'il se passe, c'est que des camarades de la LCR qui ne partageaient pas le projet du NPA, construisent aujourd'hui une nouvelle organisation et vont sur d'autres listes. Ça a le mérite d'être clair
et ça nous permettra de voir sereinement ce qui nous sépare et ce qui nous rassemble (...) Si on veut parler d'une scission, c'est plutôt une scission de la tendance de Piquet, parce qu'elle a éclaté
sur cette proposition là. Il ne sont qu'une minorité à avoir rejoint les listes du Front de gauche.
Pourquoi n'êtes vous pas tête de liste du NPA vous-même, alors que vous êtes le dirigeant le plus connu du parti ?
Le NPA ce n'est pas le parti d'Olivier Besancenot. On a fait la promesse qu'il y aurait de nouveaux visages pour l'incarner. Il est donc légitime que la tête de liste en île de France soit Omar
Slaouti, un habitant d'Argenteuil (...) Beaucoup de personnes qui ne se reconnaissaient pas dans mon discours vont pouvoir s'identifier à ceux et celles qu'on a choisis comme têtes de listes; des
salariés de l'automobile, des habitants des quartiers populaires etc. On veut montrer qu'on a plusieurs visages (...) Mais je resterai derrière les six candidats qui incarnent ces visages. D'ailleurs
je suis candidat sur la liste île de France et je ferai campagne.
Pour la huitième circonscription, celle de l'outre-mer, envisagez-vous des listes communes du NPA avec les collectifs locaux, en grève contre la vie chère ?
On n'aura pas de listes NPA sur cette circonscription parce qu'on conteste son existence même (...) Elle ne veut strictement rien dire. Etablie au nom, soi-disant, de la proximité avec les
institutions européennes cette circonscription oblige, très concrètement, à rapprocher les habitants de Saint-Pierre et Miquelon et ceux de Pointe-à-Pitre... On voit bien l'incohérence et l'arrogance
politique qu'il y a derrière une telle idée (...) De toutes façons nous sommes internationalistes et anticolonialistes. Toute l'année nous militons avec des organisations de Guadeloupe, en
Martinique, à la Réunion, en Kanakie, etc. Elles n'ont pas toutes la même position sur la question des élections européennes. En fonction de leurs propres choix, on établira -ou pas- un partenariat
politique avec les listes constituées.
"Los anticapitalistas comen terreno a los socialistas franceses"
ANTONIO JIMÉNEZ BARCA- París - 22/02/2009
"Les anticapitalistes gagnent du terrain aux dépens des socialistes français"
"D’après un sondage, Olivier Besancenot, le dirigeant de la gauche radicale, passe devant Martine Aubry, la nouvelle secrétaire du PS.
Quelques jours après que Ségolène Royal avait perdu l’élection au poste de secrétaire générale du Parti Socialiste français face à sa concurrente Martine Aubry, un ami militant de son courant s’était
approché d’elle et lui avait dit : « De toute façon, Ségolène, cela aurait été un enfer. Si tu avais été élue, ils t’auraient fait la vie impossible. Regarde leur degré de haine. Ils
ne t’auraient pas laissé souffler une minute ».
Eux, évidemment, ce ne sont pas les membres de l’UMP, le parti de centre-droit du président Nicolas Sarkozy ; eux, ce sont les camarades socialistes qu’elle avait affrontés pendant la
consultation. La fuite concernant ces lignes ne vient bien évidemment pas non plus d’un membre de la droite. Elle a son origine dans le dernier livre de Ségolène Royal intitulé Femme
debout.
Le PS a littéralement été cassé en deux le soir du 22 novembre 2008 où, après, un recomptage interminable, c’est Martine Aubry qui s’est imposée sur l’ex candidate à la présidentielle, Ségolène
Royal, par une ridicule différence de 44 bulletins dans une consultation ayant impliqué plus de 130 000 militants. Martine Aubry a obtenu ce soir-là un triomphe amer, contesté, venant après un
congrès raté et inutile et après des semaines épuisantes où tous les courants n’ont eu de cesse de pilonner les factions opposées.
Depuis lors le Parti Socialiste, qui ne gagne pas une élection présidentielle depuis 1988, est KO debout, essayant de faire bonne figure après les baffes qu’il s’est administrées lui-même. Martine
Aubry a, malgré tout, commencé à mettre en place une opposition centrée sur la critique de la gestion des mesures anticrises adoptées par Sarkozy. Ces derniers jours, par ailleurs, on assiste à des
travaux d’approche entre les deux courants qui, il y a quelques mois, étaient irréconciliables. Mais il y a une donnée révélatrice qui plombe le moral des socialistes français en leur faisant
miroiter les perspectives les plus sombres : d’après un récent sondage, les français considèrent Olivier Besancenot, le dirigeant du Parti Anticapitaliste, comme le meilleur opposant politique
au président Sarkozy. C’est l’opinion de 23 % des sondés. Loin devant Martine Aubry (13 %) et Ségolène Royal (6 %).
D’un côté, donc, ce facteur smicard, admirateur du Che et des zapatistes et défendant, brut de décoffrage et sans crainte de paraître archaïque, la nationalisation du système bancaire ou la lutte des
classes, est en train de mordre sur la gauche du PS et s’affirme comme le chef de file atypique d’une gauche française déboussolée et décontenancée.
D’un autre côté, malgré les efforts de Martine Aubry, la mobilisation dans la rue, provoquée par le malaise social que suscite la crise, est prise en charge et monopolisée par les syndicats et non
par le PS. Le 29 janvier dernier les centrales syndicales se sont montrées capables de mobiliser plus d’un million et demi de personnes. Martine Aubry et ses collaborateurs étaient là…comme
invités."
Marie-George Buffet et Jean-Luc Mélanchon avaient adressé un courrier commun à des formations de gauche pour leurs proposer de participer à la construction d’un Front de
Gauche pour changer d’Europe. Les deux partis, PCF et PG viennent de confirmer leur demande en adressant l’invitation suivante au NPA :
"Chers camarades, Nous avons bien reçu votre retour à notre demande de rencontre tripartite pour constituer un Front de Gauche pour Changer d’Europe. Vous nous
dites vouloir d’abord des réunions bilatérales avant de « peut-être envisager » une rencontre conjointe avec nos deux partis. En toute sincérité nous ne voulons pas tergiverser et retarder
la discussion de fond sur un sujet que nous estimons tous très sérieux. Vous savez que notre proposition est concrète : constituer un Front de Gauche pour changer d’Europe afin d’ouvrir une
réponse concrète aux luttes sociales actuelles contre le modèle libéral européen qui génère en France et en Europe les politiques à l’origine de la crise actuelle. Cette démarche unifie déjà nos deux
forces mais beaucoup sont susceptibles de répondre favorablement à cette proposition d’une alternative aux réponses libérales, sociale libérale ou sociale démocrate en œuvre en Europe. Nous voulons
croire que vous vous joindrez à ce rassemblement pour lui donner la force maximum. Nous sommes prêts à en discuter les contours dans le respect de chaque participant et sans préalable. Nous vous
confirmons donc notre souci d’unité et la rencontre tripartite nécessaire pour aboutir. Nous pourrions fixer cette rencontre la semaine prochaine ».
Parti communiste français et Parti de Gauche
Paris, le 18 février 2009.
Fédération, ACTE 1
Clémentine Autain
08/02/2009
Cette première rencontre nationale de la Fédération a été un véritable succès. Près de 800 personnes étaient présentes vendredi pour assister à l’ACTE 1 de la Fédération ! Voici le texte
de mon intervention...
"Comme vous l’avez vu ce soir, la Fédération pour alternative sociale et écologique est un espace qui assume et revendique sa diversité. Nous avons la volonté de construire du commun à partir de
nos différences. C’est un enjeu qui n’est pas aussi simple qu’il y paraît mais nous sommes convaincus que la gauche alternative ne peut se renouveler que par un mélange, une articulation entre les
différentes traditions et sensibilités qui la composent. On pourrait même dire que c’est notre marque de fabrique.
Car, chers amis, chers camarades, que peut être un projet émancipateur au XXIe siècle s’il ne sait pas conjuguer les fondamentaux du mouvement ouvrier ET de l’écologie politique ? Que peut
être un projet émancipateur au XXIe siècle s’il ne se nourrit pas des apports du féminisme ? Comment pourrait-on se passer de ce qui a émergé avec force dans l’alter-mondialisme et les mouvements
anticonsuméristes ? Comment une gauche digne de ce nom pourrait-elle considérer à la marge la lutte contre le néo-colonialisme et l’antiracisme, pour l’égalité ?
Bref ! On a besoin de tous ces apports pour combattre efficacement la politique pro-capitaliste et autoritaire de Nicolas Sarkozy. La convergence de l’ensemble des combats émancipateurs
est le défi de notre temps. Pas pour faire un énième catalogue de revendications sectorielles mais pour dégager un projet fédérateur, qui parle du et au monde contemporain, dans lequel les réponses
économiques ne seront pas l’alpha et l’oméga de l’émancipation, au détriment des questions écologiques, identitaires et culturelles.
Et pour le faire, on ne peut pas demander aux uns et aux autres de se ranger derrière une sensibilité, autour d’une seule tradition. La mise en commun suppose le respect de chacun, dans cette
salle, au sein de la Fédération et bien au-delà. Car oui, nous l’assumons clairement, il n’est pas question de construire, à partir de nos seules forces, le cadre politique dont notre peuple a besoin
pour faire face aux graves crises économiques, écologiques et démocratiques que nous traversons. Nous voulons travailler avec tous ceux que nous considérons comme nos partenaires : les militants
et sympathisants du Parti de Gauche, du Parti Communiste Français et du Nouveau Parti Anticapitaliste. Nous nous adressons aussi à tous les orphelins d’un espace politique résolument à gauche, qui
leur ressemble. A celles et ceux qui savent les ruptures nécessaires avec la logique capitaliste et son modèle de croissance dictée par la finance. A celles et ceux qui veulent bâtir un autre modèle
de développement, contrôlé par les peuples et non par les actionnaires, pour l’émancipation des travailleurs, pour la préservation des ressources naturelles et pour libérer nos imaginaires. Nous nous
adressons à celles et ceux qui estiment les clivages dépassés. Et qui considèrent obsolètes les vieilles oppositions entre réformes et révolution, entre social et politique, entre individu et
collectif.
Nous avons une conviction forte : la gauche ne peut se renforcer, reconquérir une « hégémonie culturelle » comme aurait dit Gramsci, et battre la droite que si elle affronte, pied à
pied, sur le fond, sa politique. Là, on s’en prend plein la gueule… Paquet fiscal, plan de sauvegarde des banques, mainmise des pouvoirs politiques et économiques sur les médias, démantèlement des
services publics, franchise médicale et hôpital-entreprise, autonomie des universités, remises en cause de l’indépendance de la justice, aggravation des peines, chasse aux sans-papiers, fichiers en
tous genres pour nous fliquer… Je n’ai pas fait toute la liste, nous avons abordé ce soir beaucoup des combats d’aujourd’hui…
Et comme chaque jour apporte son lot de remise en cause des acquis sociaux, chaque jour apportera donc son lot de mobilisations. Et que le gouvernement ne croit pas que l’on va se laisser
intimider par ses menaces, son mépris et la pénalisation des gens qui contestent l’ordre dominant. Il n’est pas question de subir. Nous sommes et serons en résistance. Et on ne va pas se laisser
endormir la Sarkozy, la mouche tsé-tsé, avec sa « pédagogie de la crise », comme si on ne comprenait pas ce qui se passe et combien le gouvernement n’est pas décidé à changer de cap. Hier
soir encore à la télé, le Président de la République a confirmé : non à l’augmentation du SMIC. Seule proposition concrète : la suppression de la TP, la taxe professionnelle, c’est-à-dire
un cadeau aux entreprises et du manque à gagner pour collectivités locales. La droite mène une politique de classe au service des vainqueurs du système. Que l’on ne compte pas sur nous pour tendre
l’autre joue, on va se battre, avec le mouvement social, et dans l’espace proprement politique, pour et avec les exploités et les dominés. Le 29 janvier, des millions de gens sont descendus dans la
rue pour dire STOP. La réussite de cette journée de convergence des différents secteurs en lutte, c’est un point de départ. Maintenant, il faut gagner. Faire reculer le gouvernement. Et se retrousser
les manches… Pour qu’émerge une perspective politique à niveau des aspirations sociales qui s’expriment avec une radicalité croissante.
Pour faire émerger cette perspective politique, on ne part pas de rien : des bases sérieuses pour une alternative sociale et écologique, et des jalons tout aussi sérieux pour une stratégie,
existent. Qu’on commence par augmenter les salaires et les minima sociaux, par interdire les licenciements dans les entreprises qui font des profits, par taxer les capitaux et conforter les services
publics. Mais cela ne suffira pas ! En fait, on dit qu’on veut plus de pouvoir d’achat, mais je crois qu’au fond, ce qu’on veut, c’est surtout du « pouvoir vivre »… juste pour que certains
arrêtent de survivre et que tout le monde vive décemment. Nous savons d’ores et déjà qu’il faut aussi étendre le champ des services publics au système bancaire, à l’eau, à l’énergie ou encore à
l’accueil de la petite enfance – ça serait bien que tous les enfants de moins de trois ans aient une place en crèche, ça favoriserait l’égalité devant l’emploi entre hommes et femmes. Et je ne vous
parle pas ce soir de tout ce qu’il faudrait faire pour supprimer la misère dont souffrent les exclus et les exploités d’un système capitaliste construit sur le profit immédiat d’une minorité, pour
mettre fin à la famine qui touche principalement les paysans du sud victimes des politiques de l’OMC et de la FAO, tout ce qu’il faudrait faire pour redonner vie à la démocratie, pour sauver la
planète, préserver ses ressources et sa biodiversité, pour réduire l’empreinte écologique, pour substituer à la politique de surconsommation celle de la sobriété et du développement des énergies
renouvelables, pour limiter la sphère marchande, pour s’attaquer aux discriminations en tous genres, pour que les territoires échappent aux logiques ségrégatives ou pour que l’école soit une chance
pour chaque élève.
Nous – l’autre gauche – avons des éléments substantiels de réponse concrète, une orientation clairement identifiable, un socle solide de valeurs et une pratique d’actions communes, mais nous ne
savons pas tout. Ceux qui prétendent le contraire risquent fort de ressasser les formules anciennes. Innover, sur le fond comme sur la forme d’ailleurs, c’est un enjeu fondamental pour redonner du
souffle à gauche, pour redonner envie. Encore faut-il en avoir l’ambition… C’est en tout cas notre manière de prendre au sérieux la crise de la représentation politique et la faiblesse de la gauche.
La crise de la politique, c’est celle des citoyens dépossédés de la maîtrise de leur propre sort. Or, l’émancipation commence dans le mouvement émancipateur lui-même – les féministes le savent bien.
Nous voulons contribuer à cette nécessaire dynamique.
Tout ça, on ne le fera pas tout seul, on l’a dit mille fois ce soir. La méthode ? C’est l’unité de l’autre gauche, de celle qui ne s’excuse pas d’être de gauche, qui veut rompre avec le
social-libéralisme, qui n’a jamais perdu le chemin des manifestations, celle qui est réaliste et ne croit pas qu’on peut changer la vie des gens en accompagnant l’économie de marché, qui ne demande
pas un peu plus d’argent pour le RSA mais en conteste sa logique, une gauche qui s’oppose à la cogestion de l’Union européenne avec la droite, qui refusent les traités libéraux et antidémocratiques,
comme le traité de Lisbonne, qui n’a pas peur de défendre clairement le peuple palestinien. L’unité de la gauche digne de ce nom : quoi de plus cohérent ? La mise en commun des forces :
quoi de plus efficace ? Le pluralisme des cultures politiques : quoi de plus porteur ? Soyons lucides : la chute du Mur de Berlin et l’impasse des expériences sociale-démocrates ont
profondément changé la donne. Ca bouscule les repères et les frontières entre courants historiques du mouvement ouvrier. Ca oblige aussi à repenser les conditions d’un changement radical de société.
Il n’y a pas de transformation profonde et durable sans mobilisation populaire. Dans le même temps, la construction de majorités politiques, dans le cadre du suffrage universel, est à prendre au
sérieux si l’on prétend vouloir changer de société sans prendre les armes.
Pour que le débat soit fécond et les réponses à la hauteur, nous considérons le pluralisme et le mélange des expériences comme un atout indispensable. De l’Appel Ramulaud de 2003 à l’appel Politis
de 2008, nous avons les uns et les autres cheminés dans différents espaces de convergence. Il y a de quoi être frappé par la permanence du désir d’unité, qui remonte plus loin encore. On a échoué
plus d’une fois mais cette perspective a fait son chemin. Elle s’impose de plus en plus dans le débat public et les organisations politiques concernées sont sommées de répondre, d’une manière ou
d’une autre, à cette aspiration. On a alors peut-être déjà gagné une bataille ! Mais on n’a pas encore gagné la guerre…
Notre Fédération de forces et de citoyens est là pour contribuer à ce que cesse l’émiettement de la gauche radicale, pour qu’on arrête cette division mortifère pour tous. La Fédération sert à
mettre nos forces en commun pour faire caisse de résonnance en faveur de l’unité, dans les luttes, dans la rue et dans les urnes ! Nous acceptons la double appartenance, ça en agace beaucoup, mais
c’est justement parce que nous ne voulons pas constituer une organisation de plus, qui se construirait contre les autres, dans une logique de concurrence, mais un espace ouvert, dans lequel des
citoyens déjà organisés ailleurs ont toute leur place, à égalité avec les citoyens sans carte. Si elle n’est donc pas un parti politique, la Fédération est un cadre organisé pour peser et agir, dans
lequel on peut concrètement s’engager. Ensemble, nous visons une force plus large dans laquelle nous pourrions tous nous retrouver.
Ne mettons pas la charrue avant les bœufs. Acte I : nous nous fédérons. Nous en sommes là. Nous engageons avec passion un travail dans la durée pour un nouveau projet politique de
transformation sociale et écologique. Nous fédérons nos espoirs, nos combats. Et nous sommes prêts à faire évoluer ce cadre au fur et à mesure de son élargissement.
Avec un espoir et un objectif pour l’Acte II : mener une campagne unitaire aux élections européennes. Jusqu’au bout, nous appellerons tous nos partenaires de la gauche de gauche et écologique
à faire cause commune. Les bases d’un programme existent, la stratégie ne pose pas de difficulté – il n’est pas question de bâtir une majorité avec les socialistes qui, en l’occurrence, gouvernent
l’Europe avec la droite. Que demander de plus ? Un front durable ? Qu’à cela ne tienne, nous ne demandons que ça !
La responsabilité des uns et des autres est engagée. Une seule chose doit nous guider : l’intérêt de celles et ceux qui ont besoin que nous soyons forts, que nos idées pèsent dans le débat
politique en général et jusqu’au Parlement européen. Ne serions-nous pas la gauche de gauche la plus bête du monde si, trois ans après la victoire du « non » contre le TCE, nous ne
réussissions pas une dynamique politique pour une autre Europe ? Nous pensons qu’il est temps de créer pour cela un cadre unitaire ouvert avec tous ceux qui y sont prêts.
Acte III ? Je vous laisse imaginer… D’ici là, construisons localement des Fédérations partout, menons le débat avec tous les courants politiques de la gauche radicale et écologique,
popularisons l’idéal d’unité, au-delà des intentions : dans l’action. Remuons-nous les méninges. Et soyons vent debout contre la droite au pouvoir qui a décidément besoin d’une bonne
gauche."
Les naissances se multiplient au sein de la gauche radicale...
Représentée par pas moins de cinq candidats à la présidentielle de 2007, la gauche estampillée "antilibérale" fourmille d'initiatives et a donné naissance à
plusieurs mouvements qui veulent fédérer les opposants de gauche à la ligne du Parti socialiste, avec en ligne de mire les européennes de juin.
Le Nouveau Parti anticapitaliste :
En tête des suffrages de l'extrême gauche en 2007, la Ligue communiste révolutionnaire est partie la première en annonçant à l'été 2007 son intention de se saborder au profit d'un nouveau parti,
ouvert au-delà de ces adhérents trotskistes, aux militants venus de la gauche associative ou syndicale. A sa création, le NPA revendique 9.000 adhérents.
Le Parti de Gauche :
Après avoir menacé de quitter le PS pendant des années, le sénateur de l'Essonne Jean-Luc Mélenchon a fondé au début février le Parti de Gauche, un parti "gouvernemental" sur le modèle du
mouvement allemand Die Linke. Fort de 4.000 adhérents et de quatre parlementaires, le PG espère bousculer le PS dans les urnes. Il a déjà rejoint un "front de gauche" avec le PCF pour les européennes
de juin.
La "Fédération de citoyen-ne-s et de forces pour une alternative sociale et écologique":
Soutenu par une dizaine d'organisations de la gauche alternative, le projet d'une "Fédération de citoyen-ne-s et de forces pour une alternative sociale et écologique" s'est constitué avec l'appui
d'une centaine de personnalités de gauche, dont Clémentine Autain, un temps pressentie pour se présenter à la présidentielle de 2007. La militante féministe prononcera vendredi à Paris le discours de
clôture du premier meeting de la Fédération.
Robert Hue et le "Nouvel espace politique" :
L'ancien président du Parti communiste Robert Hue a pris ses distances avec le PCF et lancé en décembre un "Nouvel espace politique", une association qui doit devenir force politique
"fédératrice", capable de se présenter aux élections.
"Europe-Ecologie" :
L'ancien candidat José Bové a lui préféré rejoindre le rassemblement "Europe-Ecologie" impulsé par Daniel Cohn-Bendit en vue des européennes. Ces listes regrouperont autour des Verts, des
personnalités diverses de l'écologie, dont les amis de Nicolas Hulot, Antoine Waechter ou même l'ancienne juge d'instruction Eva Joly. AP
avec Nathalie Arthaud, nouvelle porte-parole de Lutte ouvrière
Question de : internaute
J'ai l'impression que, depuis la chute du mur, l'extrême gauche trotskiste a moins d'idéologie qu'elle n'a de positionnement militant. La révolution d'accord, la défense des
acquis sociaux très bien, mais quelle modèle de société ? Communication ou véritable friche idéologique ?
Réponse : Les régimes au-delà du mur de Berlin n’étaient pas des modèles pour nous. En tant que Trotskistes nous avons toujours combattu le stalinisme tout en
restant communistes. Nous sommes convaincus qu’il est possible d’organiser l’économie, la production en fonction des besoins de tous, ce ne sont pas les moyens, ni les richesses qui manquent. Ce qui
manque c’est que l’ensemble de la population puisse décider elle-même et organiser la production le plus rationnellement possible.
Question de : Votre pseudo
je pose cette opinion comme question à votre égard: je pense qu'il faut éviter de frustrer des citoyens victimes d'une gestion financière qui réapprovisionne en liquidités les
mêmes personnes qui ont conduit sans contrôle au désastre économique actuel,un système qui gratifie les coupables en sanctionnant encore plus les victimes,des coupables qui se sucreront encore
davantage au passage et qui paradoxalement se gratifient même pendant la crise cyniquement .on a l'impression d'une prise d'ôtage quelquepart de la population.ceux qui dirigent ne ratent pas une
occasion d'abuser. pour moi la solution passe par un plus grand contrôle de l'état sur la gestion ,sur les rémunérations ,les participations,revenir sur les prélèvements sur les grandes fortunes
gelées ,exclues du circuit économique pour inciter leurs possédants à les injecter dans le système économique ,pour produire ,créer des emplois, des services,et in fine pour une meilleur
redistribution des richesses d'un pays,çelà participera d'un réquilibrage constant dans une optique de justice et de solidarité sociale. et je passerai ensuite au thème de la globalisation en réseau
de l'économie internationale ,les économies de tous les pays se prenant en compte mutuellement pour prospérer dans l'harmonie. voilà la solution qui empêchera les subversifs au nom d'une certaine
mystique d'épier les boucs émissaires coupables des malheurs de la terre et être à l'origine d'une déstabilisation mondiale
Réponse : Je partage nombre de vos critiques. Mais je ne pense pas que l’Etat soit bien placé pour exercer ce type de contrôle. Les grands commis de l’Etat sont
liés par de multiples intérêts aux grands banquiers et au grand patronat. Il y a par exemple un gendarme de la bourse mais qu’a-t-il fait pour empêcher les scandales financiers, celui de la société
Générale ou l’escroquerie de Madoff ? Les mieux placés pour effectuer un contrôle qui irait dans le sens des intérêts collectifs, ce sont les travailleurs eux-mêmes et la population.
Question de : Matthieu
Il y a 20 ans , j'étais à LO et je me souviens des débats avec la LCR et des alliances de circonstances; alors aujourd'hui où Besancenot se "droitise", LO restera-t-elle toujours
sur le Programme de transition ou "évolura" vers le réformisme?
Réponse : Je ne sais pas si Olivier Besancenot se « droitise », ce que je sais c’est que nous, nous gardons nos convictions révolutionnaires. Nous pensons qu’une
société où près de 5 millions d’hommes et de femmes sont condamnée au chômage ou au demi chômage, où il est de plus en plus difficile pour une grande masse de la population d’accéder à un logement
digne, à des soins ou à l’éducation, n’a pas d’avenir. La crise économique actuelle témoigne de la faillite de tout un système où les difficultés de la grande majorité proviennent de ce qu’une
minorité, richissime, fait régner une véritable dictature économique sur toute la société, en imposant à tous la loi du profit et de l’exploitation maximum. C'est bien tout ce système qu'il faut
changer. Et cela ne se fera pas par les élections.
Question de : Tobias
Quelle position doit adopter LO face au NPA qui risque de lui faire concurrence ?
Réponse : Nous ne nous sentons pas en concurrence avec le NPA. Cela fait 50 ans que LO et la LCR existent séparément, avec des choses qui nous rassemblent et
avec nos différences, de ce point de vue rien ne change. Nous ne voyons pas d’un mauvais œil la tentative de rassemblement de la LCR. Dans la situation politique actuelle ce serait positif que la LCR
réussisse à regrouper des écologistes, des socialistes déçus du PS ou des militants altermondialistes. Mais nous ne participons au NPA parce que nous n’avons pas les mêmes buts que lui. Le NPA pourra
viser des succès électoraux et il en aura peut-être mais ce n’est pas cela qui lui permettra de peser sur les évènements sociaux. Et c’est cela à nos yeux le principal, car ce sera sur le terrain des
luttes que le sort des travailleurs se jouera. Et pour jouer un rôle dans les luttes il faut un parti de militants, large, implanté dans les entreprises, connus du monde du travail et qui soit unit
autour d’un programme, autour de convictions communes.
Question de : Mobinaute
Réponse : Si vous attendez des gouvernements qu'ils le fassent, il faudra attendre longtemps. Les dirigeants politiques, qu'ils soient de droite ou de gauche ne
veulent en rien gêner les affaires de la bourgeoisie. Et leur rogner ne serait-ce que les griffes, comme le propose la taxe Tobin, ils ne le veulent pas.
Imposer des reculs au grand patronat, il n'y a que les luttes des travailleurs qui pourront le faire.
Question de : internaute
Quelles sont vos relations avec Besancenot ? Comment allez-vous vous démarquer politiquement de lui ?
Réponse : Le NPA n'existe pas encore, il faudra attendre quelques semaines voire quelques mois pour en connaître vraiment sa politique, son orientation. Pour le
reste j'ai expliqué pourquoi nous ne participons pas au NPA.
Question de : internaute
Bonjour, pourquoi on ne vous entend pas. La nullité du PS vous laisse pourtant pas mal de place non ?
Réponse : Nous nous exprimons, nous militons sur nos lieux de travail, dans les quartiers. ceux qui étaient présents dans les manifestations contre les
bombardements à Gaza ont du nous voir et nous entendre.
Maintenant il ne dépend pas de nous d'être invités dans les médias. Ceci dit j'ai participé hier soir à l'emission Mots croisés sur le thème : "les patrons sont-ils trop payés ?"
Question de : internaute
A quoi servez-vous puisque vous ne serez jamais au pouvoir ?
Réponse : Je vous renvoie la question : à quoi ont servi ceux qui ont été au pouvoir et ceux qui le sont ?
Les grévistes de 1936, ceux de 1968 n'ont-ils pas fait plus que bien des gouvernements ?
Question de : internaute
Qu'attendez-vous de la mobilisation de jeudi ?
Réponse : J'espère que nous serons le plus nombreux possibles en grève et en manifestation. Il faut montrer notre colère, il ne faut pas se résigner. Et il faut
montrer notre force, donner envie à d'autres de nous rejoindre dans les mobilisations suivantes. car j'espère bien que le succès de la journée débouchera sur d'autres journées, encore plus fortes. De
façon à ce que le gouvernement sache que tant que rien n'est fait contre les licenciements, contre la généralisation de la précarité et l'aggravation des conditions de vie de la grande majorité, il y
aura des manifestations.
Question de : internaute
Depuis quand êtes-vous à LO ?
Réponse : Je connais LO depuis que j'ai 18 ans et je me suis engagée à 20 ans.
Question de : internaute
Que ferez-vous jeudi ?
Réponse : Je serai biensûr en grève et j'irai à la manifestation à Lyon puisque je travaille dans la banlieue lyonnaise. La manifestation est à 10h30 à la
manufacture des tabacs pour ceux que ça intéresse...
Question de : internaute
Pourquoi avez-vous adhérer à LO ?
Réponse : J'étais (et je suis toujours autant) révoltée par la société. Aujourd'hui on ne meurt pas d'un manque de richesses, on meurt d'une organisation sociale
injuste et irrationnelle. Des hommes et des femmes meurent de faim en Inde à côté de silos remplis de riz qu'ils ne peuvent pas se payer !
Dès que j'ai découvert les idées communistes, grâce à des amis, je me suis sentie communiste et révolutionnaire.
Question de : internaute
Pas trop dur d'être celle qui suit Arlette Laguiller ?
Réponse : Je ne veux pas décevoir, c'est sûr. Je ne connais pas bien les médias mais Arlette non plus ne les connaissait pas avant de se lancer. Et puis Arlette
a ouvert la voie. Je pense que comme elle je suis portée par ma révolte et par les idées communistes.
Question de : internaute
Quel héritage garderez-vous de Laguiller ? Avec esprit critique et sans langue de bois s'il vous plaît, qu'est-ce que vous laissez de côté ?
Réponse : Je ne laisse rien ! La conviction profonde que les travailleurs, collectivement sont porteurs d'une société débarrassée de l'exploitation et de la
misère, c'était celle d'Arlette, c'est la mienne.
Question de : Jack
Bonjour Nathalie On nous dit depuis longtemps que la classe ouvrière ça n'existe plus, que la lutte des classes fait partie d'un lointain passé. Crois-tu que les conséquences
dramatiques de la crise actuelle pour la population laborieuse vont enfin monter que c'est tout le contraire ? Va-t-on enfin voir ce qu'est la colère des travailleurs ? Bon courage pour ton
combat.
Réponse : Je l'espère, car la lutte des classes, les patrons la mènent en permanence. Dans combien d'entreprises le travail est devenu plus dur ? La pression
plus grande, pour tout. Combien d'entre nous hésitent à s'arrêter quand ils sont malades ou simplement crevés, parce qu'ils craignent la répression patronale ? Les exemples sont nombreux ! Alors oui
j'espère que les travailleurs n'accepteront plus de nouveaux sacrifices. Il n'y a pas de raison que ce soit à eux de payer pour la crise !
C'est lorsque les salariés s'arrêtent de travailler que l'on s'aperçoit que c'est eux qui font tout fonctionner. Le reste du temps, on ne nous parle que du rôle et du mérite des "chefs d'entreprise".
C'est par les grèves, par les manifestations, tous unis que nous pouvons nous faire craindre et imposer nos intérêts. Une des revendications qu'il faudrait défendre c'est le contrôle par les
travailleurs sur les entreprises. Alors qu'il est devenu à la mode de parler de contrôle et de régulation il faut défendre le droit pour les travailleurs et pour la population de savoir où passe
l'argent, quels sont les bénéfices, quels sont les investissements, quelles aides sont reçues...A partir de là les travailleurs auraient de quoi se battre pour de meilleurs salaires, pour des
emplois...
Question de : internaute
Mme Nathalie Arthaud, Bonjour et bravo pour votre combat !! Que pensez-vous de la diminution du taux du livret A par le gouvernement passant de 4 à 2,5% au 1 janvier 2009 ??A
l'heure où les français ont un gros probléme de Pouvoir d'achat ,Le gouvernement taxe toute azimuts les français un jour c'est le déremboursement des médicaments,la taxation sur les boîtes de
médicaments,la hausse des cotisations mutuelle...ect) Mais où va-t-on ??????
Réponse : Cela montre que le gouvernement ne nous fera aucun cadeau ! Il est prêt à prendre sur la santé, sur l'éducation, les milliards qu'il donne à fonds
perdus aux banquiers et aux grandes entreprises ! Si nous nous laissons faire, la note sera salée.
Question de : tukuna
sentez vous proche de president comme chavez ou morales?
Réponse : Nous ne partageons pas les mêmes convictions, ils ne sont pas communistes.
Mais je me sens solidaire de la politique qu'ils mènent contre le pillage des trusts, contre l'impérialisme, pour que la population voit le fruit des richesses du pays.
Question de : tukuna
Pourqu'oi est-ce que tous les pays qui ont eux une gouvernance communistes font partis des pires dictature (russie, cuba, chine)
Réponse : Dans la liste des dictatures il faudrait ajouter une liste encore plus longue de pays bien capitalistes...Souvenons-nous comment en Allemagne, un des
pays capitalistes les plus riches et parmi les plus éduqués a donné naissance au nazisme. Ce n'est pas pour autant que j'assimile dictature et capitalisme. Alors je ne comprends pas ceux qui
assimilent communisme et dictature. Pour notre part nous avons toujours combattu la dictature stalinienne et nous n'avons jamais dit qu'en URSS, en Chine ou à Cuba il s'agissait de
communisme.
Question de : tukuna
Le commusnisme n'est-il pas has been, d'un autre age? n'est-il pas utopiste?
Réponse : Faut-il se résigner à la société actuelle ? L'humanité est capable de réaliser tant de prouesses ! Je suis enthousiaste de voir tous les progrès de la
science, de la médecine. Pourquoi l'humanité ne serait-elle pas capable aussi d'organiser son économie rationnellement et de la mettre au service de tous ?
Question de : tukuna
Pourquoi vous ne regroupez vous pas tous les partis d'extreme gauche?
Réponse : Nous sommes rassemblés dans les luttes, dans les grèves, dans les mouvements sociaux et c'est ça l'essentiel. Mais nous avons des différences comme je
l'ai expliqué par rapport au NPA. Beaucoup veulent nous mettre en concurrence, mais ce n'est pas ce que nous ressentons.
Question de : tukuna
Pourquoi les commusniste europeen sont contre les religions alors que ceux en amerique latine (qui sont au pouvoir croivent en Dieu)
Réponse : Je ne vois pas quels sont les communistes qui sont au pouvoir en Amérique latine. Quant à nous nous sommes athés. Nous croyons en l'humanité.
Question de : Votre pseudo
dans le paysage politique actuel qui est illisible c est le moins que l on puisse dire , quelle est votre position et celle de lo et vos propositions ?et qui est dans le vrai?QUI
EST DANS LE FAUX?
Réponse : Alors là, cela risque d'être long. Je vous invite donc à prendre contact avec des militants pour en discuter tranquillement...
Question de : internaute
oh la la que de fautes d'orthographe dans les réponses de madame la professeur(e) agrégée.
Réponse : Désolée, je vais sans doute trop vite. Mais je ne suis par ailleurs pas très douée en orthographe.
Question de : internaute
Bravo pour l'émission de france2 mots croisés
Réponse : Je me demandais si cela avait été regardé, car l'emission était tardive.
Question de : internaute
Je regarde vos réponses concernant vos différences avec le NPA, notamment sur la question des élections. En discutant avec mes amis, certains LO, d'autres NPA, je constate que le
NPA ne pense pas changer le monde par les élections, mais, tout comme vous, par une présence militante active dans les luttes sociales. Alors, la vrai différence, elle est où ?
Réponse : La différence c'est que ,nous, nous le disons clairement et pas la LCR, qui laisse le flou quant au "débouché politique" des luttes. A partir de là,
elle accepte de regrouper tout autant celui qui est électoraliste que celui qui ne l'est pas. Maintenant il faut attendre pour voir ce que sera effectivement le NPA, la politique, les conceptions
qu'il va défendre. Il semble clair que le NPA, à la différence de nous, ne se réclamera pas du communisme.
Question de : internaute
Quand sortira t'on on des luttes de boutiquiers npa Lp PDG ... moi je suis de gauche et je ne comprends pas les chapelles qui nuisent à l'unité et aux travailleurs ... a part pour
les grèves générales mais là on a besoin de personnes ...
Réponse : Je ne comprends pas. Quelles luttes de boutiquiers ? Et il y a des différences entre la démarche de Mélenchon et celle du NPA. Mélenchon veut
construire une gauche gouvernementale : nous pensons que cela a échoué avec le parti puissant qu'a été le PC.
Quant aux partis révolutionnaires pourquoi n'y en aurait-il qu'un ? Normal qu'il y ait des tendances, des discussions, des différences. L'essentiel étant que dans les luttes nous soyons unis et je
pense que les partis révolutionnaires ont une politique spécifique à y défendre, ils ont une grande utilité pour que ces luttes ne soient pas dévoyées sur le terrain électoral comme l'a été mai
68.
Question de : internaute
Comment peut-on être encore communiste aujourd'hui ? Pourquoi rester accrocher à de vieilles idéologies qui n'ont plus aucun écho ni aucune assise dans notre monde d'aujourd'hui ?
Pourquoi ne pas plutôt changer avec son temps et aller vers des modes de pensées qui cherchent des réponses et des solutions aux problèmes d'aujourd'hui comme l'écologie ou encore et
l'alermondialisme ?
Réponse : Je dois mettre fin à cette discussion. Mais je vous remercie pour toutes ces questions et j'invite tous ceux à qui je n'ai pas eu le temps de répondre,
car j'ai pris les questions dans l'ordre, de contacter des militants de leur ville. vous pouvez aussi vous rendre sur nos sites Lutte Ouvrière. Et peut-être nous croiserons-nous dans un prochain
meeting ou dans une prochaine manifestation.
"Adresse des délégués du congrès du Parti de Gauche :
tous ensemble dans le front de gauche pour changer d'Europe !"
Jeudi 29 janvier, la journée de grève et de manifestations interprofessionnelle a rassemblé plusieurs millions de personnes. Cette mobilisation considérable est
une chance exceptionnelle face à la crise historique que nous vivons. Le peuple français est disponible pour ouvrir une alternative au libéralisme. Les politiques injustes et inefficaces
mises en œuvre par les gouvernements partout dans le monde pour faire payer aux peuples la note de la crise du capitalisme peuvent être battues. Un autre chemin peut être ouvert. Pour cela il nous
revient, d'être à la hauteur de notre peuple et de lui offrir l'issue politique qu'il espère.
C'est laresponsabilité des partis de gauche disponibles pour rompre avec les logiques capitalistes qui ont si lourdement faillies.
Ensemble, nous avons œuvré à la victoire sur le Traité qui prétendait graver dans le marbre constitutionnel une Europe libérale.
Ensemble, nous avons exigé un référendum sur ce Traité de Lisbonne au moyen duquel Nicolas Sarkozy a bafoué le choix du peuple français et qui reprend l'ensemble des traités libéraux qui ont
façonné l'Union Européenne telle qu'elle est.
Ensemble, nous avons su nous rassembler dans une plateforme commune face à la crise, en soutien au 29 janvier et aux mobilisations sociales, et nous allons donner une suite à cette démarche.
Ensemble, nous pouvons provoquer le bouleversement politique indispensable face à la crise.
Nous ne sommes pas identiques, nous n'avons pas les mêmes histoires mais nous savons tous que la crise du système capitaliste est porteuse de tragédies si rien ne vient y opposer un autre
avenir. Il y a urgence sociale, démocratique, écologique et pour la paix.
Le Parti de Gauche propose d'affronter cette urgence.
D'abord en renforçant le front social qui s'est levé face à la droite, en agissant côte à côte dans les manifestations, aux portes des entreprises, en soutenant les mobilisations
syndicales et sociales.
Ensuite en constituant un front politique capable d'affronter victorieusement les échéances électorales. Nos organisations ont pour responsabilité particulière de proposer une
issue politique à la crise sur le terrain du suffrage universel. Aucun changement profond n'est possible sans cela. Il faut battre la droite dans la rue et dans les urnes. La gauche
d'accompagnement n'est capable ni de l'un ni de l'autre.
Alors que la crise et les mobilisations qui montent devraient l'acculer à la défensive, la droite peut rêver de se succéder à elle-même dans les années à venir ! En Europe, les partisans du
libre-échange absolu entendent poursuivre la construction d'un marché libre et sans entraves malgré le vote des peuples.
Les élections européennes de juin prochain nous donnent l'occasion de changer la donne. Nous pouvons y battre la droite et arriver en tête de la gauche ; nous pouvons envoyer
un grand nombre de députés au Parlement européen. A la condition impérative de nous unir.
C'est le sens du « Front de Gauche pour changer d'Europe » que nous avons initié avec le Parti Communiste Français. Il s'adresse à toutes les forces qui refusent le
traité de Lisbonne, combattent pour une autre Europe sociale, démocratique, écologique et porteuse de paix, veulent battre la droite, siégeront de manière indépendante des sociaux-démocrates et
socialistes réunis dans le PSE. Le front de gauche est donc sans exclusive. Il est aussi sans préalable. Nous ne mettons personne au pied du mur. Nous ne demandons à
personne de se renier. Nous sommes prêts à toutes les discussions, à débattre de toutes les conditions que l'on souhaiterait poser, y compris notre approche des élections qui suivront les
européennes, des régionales aux présidentielles, afin de constituer ensemble un front politique permanent face à la droite.
Dans les jours à venir, nous voulons, conjointement avec nos camarades communistes, rencontrer toutes les forces susceptibles d'unir leurs énergies au sein de cette alliance historique. Nous
sommes confiants car nous savons que tous ressentent l'urgence du moment. Ouvrons ensemble une issue. Alors nous pourrons compter sur une force qui dépasse toutes les nôtres :
la disponibilité de notre peuple pour peu qu'un chemin de progrès se présente à lui.
Texte d'orientation adopté par le congrès constituant
Jean-Luc Mélenchon cherche à faire listes communes aux élections européennes de juin. Seul le PCF a dit oui.
Le front de gauche sur toutes les lèvres du parti de Jean-Luc Mélenchon. Réunis depuis vendredi et ce week-end à Limeil-Brévannes (Val-de-Marne) pour leur congrès fondateur, les quelque
500 délégués du Parti de gauche (PG) - qui revendique près de 4 000 adhérents - vont essentiellement débattre de la stratégie d’un «front de gauche pour changer d’Europe» aux
élections de juin. Avec l’objectif de le «dramatiser» et l’ambition de l’élargir. Car ses deux piliers, PCF et PG, qui ont lancé l’initiative mi-novembre dès après la création de ce dernier,
espèrent rallier d’autres forces de la gauche du non de 2005.
Baume. Pour l’heure, celles-ci hésitent à signer, et la délégation du PG, qui a notamment rencontré le NPA d’Olivier Besancenot, les Alternatifs, le POI (fondé notamment par les
trotskistes lambertistes) et les chevènementistes - en attendant de voir LO -, doit se contenter de réponses de Normand. «A part le PCF, personne n’a dit oui… mais personne n’a dit non»,
s’efforce de relativiser Mélenchon, soulignant une ouverture du côté des Alternatifs, qui ont donné «une réponse plutôt positive sous conditions». Tout en déplorant que certains restent
«prostrés dans une culture minoritaire», l’ex-socialiste se félicite de ses avancées par petits pas : «Au départ, personne ne se parlait, Besancenot a dit qu’on voulait créer un "nouveau
PS". Maintenant, au NPA, ils jugent que c’est un acte positif : on a progressé d’un cran.» Et la déclaration unitaire signée par dix organisations de gauche en soutien à la mobilisation sociale de
jeudi a mis du baume au cœur du sénateur de l’Essonne, représentant, selon lui, un «signe encourageant» auquel il rêve de donner un débouché politique aux européennes.
Mais concilier les conditions posées par les composantes de l’arc du non relève du Rubik’s Cube. Les chevènementistes penchant pour un rassemblement de «toute la gauche prête à exercer des
responsabilités gouvernementales» qui irait jusqu’au PS et exclut le NPA et LO. Une option «ni possible ni souhaitable» pour Mélenchon qui pose «le refus du traité de Lisbonne comme ticket
d’entrée», écartant de facto le PS. «Ils font un tour de chauffe, mais ensuite ils devront choisir. Chez eux, les deux options font débat», croit savoir un responsable du PG. «Notre ligne
est ambitieuse. Le PG croit que l’on se fait des illusions avec le PS, mais on pense qu’ils s’en font aussi avec le NPA», rétorque un chevènementiste.
Le parti de Besancenot, qui doit trancher cette question à son congrès de lancement début février, semble aussi traîner les pieds. «Si c’est pour faire un coup aux européennes et [si] au
moment des régionales, la moitié du front retourne au bercail avec le PS, […] ça aura été destructeur», avait prévenu celui-ci, militant pour un «front durable».«La gauche schizo,
un pied dans la radicalité et l’autre avec le PS, ce n’est pas notre politique», ajoute Pierre-François Grond (NPA), regrettant «le cadre préétabli» du front PCF-PG. Un autre partenaire,
sceptique :«Je ne vois pas le NPA entrer dans une démarche unitaire. Ils veulent profiter de leur élan de 2007 pour s’affirmer.»
Equation.Tout miel, le PG assure, de son côté, ne pas forcer la main : «On ne pratique pas la mise au pied du mur mais le débat argumenté. Et on ne pose aucun
préalable.» Sur un front à durée indéterminée, Jean-Luc Mélenchon se dit «prêt à discuter» : «Comme pour les régionales, mais il y a un côté extraterrestre dans la question, car on ne connaît pas le
mode de scrutin.» Sur l’indépendance à l’égard du PS exigée par le NPA, «que peut-on faire de plus que de le quitter ?» argue celui qui, avec le député socialiste du Nord Marc Dolez, avait claqué la
porte du parti avant le congrès de Reims. Et d’oser une équation pour le moins ambitieuse : «La seule méthode pour régler la question encerclante[des alliances]est de passer devant le PS. Or, unis,
on peut changer le centre de gravité à gauche.»
Pour en convaincre ses interlocuteurs, le PG ne ménage pas ses efforts, qui a commandé un sondage testant l’hypothèse d’une «liste d’union de l’autre gauche» avec PCF, PG, LO, NPA, et
Alternatifs : créditée de 14,5 % des voix, celle-ci serait troisième, derrière le PS et l’UMP, selon l’enquête Ifop (1). Outre la mise sur pied d’une «plateforme commune» et d’un comité de
liaison, le PCF et le PG prévoient une série de meetings communs à Montpellier, Marseille, Douai en février, et à Paris en mars. Et le cofondateur du PG pourrait se porter candidat en juin : «Il
est en pleine réflexion, confie un proche. S’il n’y va pas, difficile de montrer son implication. Si jamais il perd, son affaire est compromise.»
(1) Réalisé les 22 et 23 janvier auprès de 876 personnes.
LE PARTI DE GAUCHE DE MELENCHON
Un pari encore très hypothétique
Trois petits mois. C’est le temps qu’il aura fallu à Jean-Luc Mélenchon pour créer son parti. Le 7 novembre dernier, au lendemain du vote des socialistes plaçant la motion de Ségolène Royal en
tête pour le Congrès de Reims, cette figure de la gauche du parti claquait la porte du PS. Ce week-end, à Limeil-Brévannes (Val-de-Marne), le sénateur de l’Essonne lancera sa propre boutique : le
Parti de Gauche. Diminutif : le "PG", pas le "PDG" ! Avec 4000 militants espérés (ils étaient 2500 il a dix jours), dont une bonne partie provient de son club, Pour une République sociale. La
stratégie de Mélenchon ? Partir à la bataille électorale, tout de suite. Dès novembre, il a lancé avec le Parti communiste un "front" pour les européennes de juin 2009, appelant les autres forces du
non au traité européen de 2005 à le rejoindre. "Si nous sommes unis, nous battons la droite et nous passons devant le PS", répète-t-il. Après les européennes, Mélenchon rêve surtout de consolider ce
front de la gauche antilibérale. Son modèle: le Die Linke allemand, lancé par l’ancien du SPD Oskar Lafontaine avec d’anciens communistes de l’est. Pour l’heure, le pari est encore très hypothétique
: un sondage Ifop commandé par Mélenchon lui-même place une liste d’union de la gauche antilibérale (LO, NPA, PCF, PG) à un bon score - 14,5% - aux européennes, mais loin derrière le PS, crédité de
22,5%. Surtout, ni LO ni le Nouveau parti anticapitaliste de Besancenot (créé le week-end suivant) ne sont disposés à le suivre. "Si c'est pour faire un coup aux Européennes et qu'au moment des
régionales (en 2010), la moitié du front retourne au bercail avec le PS, ça n'aura servi à rien et ça aura été destructeur", prévient le porte-parole de la LCR. Ce week-end, Jean-Luc Mélenchon compte
bien jouer "la dramatisation" en renouvelant ses appels à l’union. S’il n’y arrive pas, il pourra toujours rejeter sur Besancenot le mistigri de la division.
Le congrès fondateur du Parti de gauche, créé par le sénateur de l'Essonne, a lieu ce week-end.
LE FIGARO. - L'arrivée de Martine Aubry et de l'aile gauche à la tête du PS, change-t-elle la donne pour vous ?
Jean-Luc Mélenchon. - Les dirigeants du PS ont gauchi leurs discours. Mais il suffit de regarder le contenu de leur plan de relance pour s'apercevoir qu'on reste dans un programme classique de centre
gauche qui est celui de la social-démocratie européenne. On reste dans la continuité de l'adhésion au traité de Lisbonne. La nécessité de la rupture avec cette impuissance reste donc entière. Et
l'approfondissement de la crise du capitalisme l'exige encore plus ! Le PS hésite toujours entre une culture de repli identitaire qu'incarne Martine Aubry et une autre du type italien ouvert au
centre droit qu'incarne Ségolène Royal.
En attendant, il ne semble pas que vous ayez «débauché» autant de militants socialistes que vous l'espériez…
Le parti n'a été lancé qu'il y a deux mois. Mais nous avons déjà 4 000 adhésions. Et ce n'est pas fini ! Mais, pour être honnête, mon but n'était pas d'être la voiture-balai du PS, ni
d'être une machine à recycler. Le Parti de gauche est une organisation composite. Il n'y a pas que des socialistes. Nous avons une vocation de parti creuset dans lequel plusieurs traditions essayent
de se fondre pour réinventer la gauche.
Vous ne craignez pas d'ajouter de la confusion à gauche ?
Je ne le pense pas. Nous avons lancé le Front de gauche avec le PCF. Il rassemble. De plus, notre apparition a obligé le PS à se radicaliser. Du coup, Nicolas Sarkozy, qui avait jusqu'alors une
opposition en gants blancs, est aujourd'hui confronté à des socialistes moins mollassons. Un élan est donné. Nous le verrons aujourd'hui (jeudi NDLR) dans les manifs. Le président de la République a
mangé son pain blanc. Il devra tenir compte de la capacité d'influence de «l'autre gauche» sur la gauche institutionnelle. La pression sociale pousse la gauche à se rassembler sur une ligne de
rupture avec le capitalisme.
Dans ce cas, pourquoi ne pas tenter l'aventure du NPA d'Olivier Besancenot ?
Nous, nous sommes un parti républicain. Si nous sommes pour la révolution, c'est par les élections. Si nous tentions une fusion, nous y serions encore dans cent ans. Je pense donc plus efficace de
proposer un front qui respecte nos identités.
Serez-vous candidat aux européennes ?
Oui, il est possible que je le sois. Nous regardons où je pourrais être le plus utile. Nous en discuterons ensuite aussi avec le PCF.
Pendant que la direction du Parti communiste tentait de se débarrasser de tous ceux qui critiquent un ultime raidissement en son sein, un nouveau regroupement dans la gauche
de gauche est né. Reste à savoir comment la Fédération sera utile à l’émergence d’une nouvelle force unitaire sur le long terme.
Pour certains, il s’agissait d’une provocation, justifiant à elle seule l’ire de la direction du PCF. Pour d’autres, c’était le moyen de montrer au PCF qu’il se passe quelque chose en dehors de
lui, qui a à voir avec le communisme. Alors que le 34e congrès du Parti se tenait du 10 au 14 décembre à La Défense, la soirée du 13 décembre « Qui se ressemble se rassemble », à l’appel
des Communistes unitaires, a rencontré un vif succès. Représentants des Verts et de la LCR, militants de tous bords, acteurs du mouvement social, près de 300 personnes ont répondu présent à cette
initiative. Seuls le PCF et le Parti de gauche avaient refusé de venir. Les échanges de cette soirée se sont concrétisés lors du lancement, le 17 décembre dernier, de la « Fédération pour une
alternative sociale et écologique ». Les députés communistes Jacqueline Fraysse, François Asensi, Patrick Braouezec, la députée Verte Martine Billard, Gilles Alfonsi, Clémentine Autain, Yves
Salesse, François Simon, Pierre Zarka, étaient notamment présents, pour expliciter les bases de cette initiative qui regroupe déjà l’ADS (1), AlterEkolo, les Alternatifs, les Communistes
unitaires, les Collectifs unitaires antilibéraux locaux (CUAL), Ecologie solidaire et le Mouvement du Mai (2). Les ambitions sont en fait assez simples : que la Fédération soit un
interlocuteur de poids, avec le but avoué de créer un front commun de radicalités dans la gauche de gauche.
CONTRE L’EPARPILLEMENT
Certains vont lire dans cette initiative un énième éparpillement de l’autre gauche. Il s’agit, au contraire, pour les initiateurs, de rassembler cette gauche éparpillée. « La fédération
est une étape vers le rassemblement le plus large face aux enjeux sociaux », rappelle Martine Billard. Car la crise oblige, selon elle, à agréger d’urgence toutes ces forces en sortant des
« logiques de boutiques ». Pour Jean-Jacques Boislaroussie, des Alternatifs, « après la mobilisation contre le TCE, il est temps de produire du commun et d’engager des
initiatives unitaires ». Même son de cloche chez les Communistes unitaires, qui veulent « faire force, ensemble ». « Et nous assumons le caractère expérimental
de la Fédération qui sera un interlocuteur de toutes les autres forces de la gauche de gauche en présence », précise Gilles Alfonsi. Ainsi, l’adhésion à la Fédération se fait selon le
principe de la double appartenance, au sein d’un espace qui se veut « passerelle ». « Notre expérience commune dans les différents combats contre la déferlante néolibérale a
construit du commun. Il nous faut le consolider. Nous savons que notre diversité est riche d’avenir », conclut Yves Salesse (CUAL). « Ce n’est pas seulement autour de nous qu’il
faut rassembler, il faut viser plus loin, pour avoir le rassemblement le plus large possible, ajoute Clémentine Autain. D’où la nécessité d’un cadre souple, avec cette possibilité de double
appartenance. » La Fédération, rendue possible par les rencontres nouées avec l’Appel de Politis, porte donc une espérance forte : être un espace de convergence des
« communistes, altermondialistes, féministes, écologistes, antiracistes », précise Clémentine Autain.
LES EUROPEENNES COMME TEST
Est-il possible de voir la fin du petit commerce dans la gauche radicale, que nous appelions de nos vœux en octobre 2007 (3) ? C’est en tout cas ce à quoi les animateurs de la Fédération
veulent croire. Mais l’échéance des élections européennes peut risquer de gripper la machine. Alors que les Verts présentent un rassemblement hétéroclite des écolos, que le Parti de gauche et le PCF
ont déjà annoncé leur liste commune et que le NPA simule l’hésitation, la Fédération pourra-t-elle s’inscrire dans une stratégie d’unité ? Si une alliance de tout l’arc du « non » au
TCE, qu’elle appelle de ses vœux, n’advenait pas, quelle option pourra-t-elle alors prendre ? Celle de s’allier avec le NPA ? Avec la liste PCF/ Parti de gauche ? Ou passer son tour en
cas d’absence de solution unitaire ? En tout cas, tous s’accordent sur le fait qu’avoir plusieurs listes d’antilibéraux à ces élections, « ce serait grotesque et inutile »,
comme le précise Yves Salesse. « Il faut lancer cette bataille unitaire sinon notre inaction laissera des traces », ajoute-t-il. L’heure est donc encore aux tâtonnements, même si
l’Appel pour une autre Europe (4) qui défend la constitution de listes unitaires représentant l’arc du « non » de gauche TCE, dessine déjà une voie. « Rien n’est bouclé à ce
stade, la seule exigence commune est d’avoir les listes les plus larges pour rassembler toute la gauche de gauche », déclare Gilles Alfonsi. Ex-directeur de campagne de José Bové et
vice-président du conseil général du Val-de-Marne, Jacques Perreux a précisé qu’« il nous faut dépasser nos différences pour s’enrichir les uns les autres et mêler les traditions, les
sensibilités politiques, les courants. Tout le monde ne se reconnaîtra jamais dans un seul et unique de ces courants mais chacun a sa place dans le tout. Aussi José Bové a toute sa place dans la
Fédération ». Un meeting de lancement est prévu fin janvier ou début février (5). D’ici là, on y verra peut-être un peu plus clair.
E.C.
1. Alternative Démocratie Socialisme, proche de Marcel Rigout.
2. Mouvement politique pour une convergence des alternatives à la globalisation et pour la sortie du productivisme.
Ecologistes, autogestionnaires, communistes, féministes, militant-e-s des cités populaires, altermondialistes, syndicalistes, militant-e-s associatifs et de réseaux citoyens... nous sommes
des citoyen-ne-s et des forces qui veulent ensemble et avec d’autres faire exister une force politique nouvelle, rendant possible une transformation sociale et écologique. Pour commencer maintenant à
dépasser l’éparpillement actuel de la gauche de gauche, nous voulons contribuer dans la durée à inventer une autre culture politique.
20 janvier 2009
Besancenot pose ses conditions pour une alliance avec Mélenchon
Olivier Besancenot, qui doit lancer le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) début février, veut aller plus loin qu'"un bon coup électoral". Il souhaite qu'une éventuelle alliance avec
Jean-Luc Mélenchon et le PCF concerne aussi les régionales de 2010.
La réunion de la Gauche anticapitaliste européenne, les 13 et 14 décembre derniers, est incontestablement un pas en avant. La déclaration adoptée par les courants et les organisations
anticapitalistes d’Europe témoigne d’une volonté de discuter et d’agir ensemble.
La crise, comme les résistances sociales aux plans de restructuration capitaliste des gouvernements de l’Union européenne, a, à coup sûr, un effet accélérateur. Les discussions sur
la situation en Grèce ont bien montré qu’il ne s’agissait pas d’un exemple isolé.
Ce type de réunion est aussi utile pour « penser Europe » : les points communs des situations face à la crise, mais aussi leurs spécificités dans le développement
inégal des mouvements sociaux. Pour tous les délégués, et c’est une différence avec les autres courants de la gauche, il ne s’agit pas de s’attaquer aux seuls excès du capital financier ou de revenir
à l’État providence, comme le propose Die Linke en Allemagne. Il faut rompre avec le capitalisme, satisfaire les revendications et les besoins sociaux des classes populaires et, pour cela, s’en
prendre à la propriété et au pouvoir patronal.
Dans le même sens, à la différence de la majorité des forces regroupées au sein du Parti de la gauche européenne, les anticapitalistes rejettent la participation à des gouvernements
ou à des coalitions parlementaires avec la social-démocratie et le centre gauche. Car ce qui est en jeu dans toutes ces discussions, c’est l’émergence d’un nouveau courant politique à l’échelle de
l’Europe : un pôle anticapitaliste. Après la social-démocratie, les Verts et le Parti de la gauche, qui réunit essentiellement les partis communistes européens, il doit y avoir « les
anticapitalistes ».
Ce courant « anti » va au-delà des organisations qui ont signé la déclaration ci-contre. Des relations doivent aussi être tissées ou renforcées avec des partis comme le
Bloc de gauche au Portugal, Syriza en Grèce ou les courants de gauche de Die Linke. ■
François Sabado
Déclaration de la Gauche anticapitaliste européenne :
« Une conférence de la Gauche anticapitaliste européenne s’est tenue à Paris, à l’invitation de la LCR et du NPA. Nous tenons d’abord à manifester notre solidarité avec la
révolte de la jeunesse grecque contre l’assassinat du jeune Alexandros Grigoropoulos. Dans ces heures graves, nous soutenons pleinement le combat des organisations de la gauche anticapitaliste contre
la répression, les plans capitalistes et la corruption du gouvernement Caramanlis.
« Cette explosion sociale est révélatrice des tensions qui sont en train de s’accumuler en Europe contre les plans des capitalistes et des gouvernements de l’Union européenne
(UE). D’autant que, face à la crise capitaliste, les politiques des classes dominantes et des gouvernements vont aggraver les conditions de vie de millions de travailleurs.
« Nous rejetons les plans des gouvernements de l’UE, qui sauvent les banques et pas les peuples. Cette Europe n’est pas la nôtre, comme l’a clairement exprimé le “non” à la
Constitution européenne en France et en Irlande.
« Nous proposons, au contraire, un plan d’urgence anticapitaliste qui s’oppose aux centaines de milliers de licenciements prévus par les patrons ; qui donne la priorité à
l’emploi, aux salaires, aux services publics ; qui mette en avant la nationalisation intégrale des systèmes bancaires et de crédit, sous contrôle des salariés et des populations ; et qui satisfasse
les besoins sociaux, face à la crise écologique et climatique. Car il ne s’agit pas de remettre en cause les prétendus excès de la “financiarisation” et d’améliorer la gestion du système, mais de
rompre avec le capitalisme et sa logique.
« Dans ces conditions, et en tenant compte des particularités de chaque pays, nous nous engageons à construire une opposition coordonnée et unitaire aux attaques patronales et
gouvernementales et, en même temps, à créer les conditions d’une alternative politique et d’un pôle anticapitaliste qui s’appuie sur les mobilisations populaires, qui défende une Europe au service
des travailleurs et des peuples, et qui refuse tout soutien ou participation à des gouvernements en alliance avec le social-libéralisme des partis sociaux-démocrates ou du centre gauche.
« C’est sur cette base, et au-delà des possibilités et des choix de chaque organisation, que nous comptons être présents, pour défendre nos propositions politiques, lors des
prochaines élections européennes. Mais, avant ces échéances, nous participerons à une grande manifestation unitaire contre l’Otan à Strasbourg, à l’occasion du 60e anniversaire de cette organisation,
symbole du militarisme impérialiste dans le monde.
Paris, le 13 décembre 2008 »
Signataires :
Belgique : Ligue communiste révolutionnaire (LCR-SAP) ; Espagne : Izquierda anticapitalista (IA, « Gauche anticapitaliste ») ; France : Ligue communiste révolutionnaire
(LCR) ; Royaume-Uni : Socialist Party (SP, « Parti socialiste ») et Socialist Workers Party (SWP, « Parti socialiste ouvrier ») ; Grèce : Enantia (« Gauche anticapitaliste
unie »), Sosialistiko Ergatiko Komma (SEK), OKDE-Spartakos ; Italie : Sinistra critica (SC, « Gauche critique ») ; Irlande : People Before profits (PBP, « Le peuple avant les
profits ») ; Pologne : Polska Partia Pracy (PPP, « Parti polonais du travail ») ; Suède : Socialistiska Partiet (SP, « Parti socialiste »).
La nouvelle porte-parole nationale fera ses premiers pas à la tête du parti lors des élections européennes de juin 2009 auxquelles LO a décidé de participer.
Arlette Laguiller, figure emblématique de Lutte ouvrière (LO), a annoncé, lundi 8 décembre, que son parti participera aux élections européennes
de juin 2009 avec une nouvelle porte-parole nationale, Nathalie Arthaud.
Au cours de son congrès annuel qui s'est déroulé à huis-clos samedi et dimanche à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), LO a "pris la décision de participer aux élections européennes", "sans nous faire
d'illusions sur nos résultats", a déclaré Arlette Laguiller, lors d'une conférence de presse en présence de huit porte-parole régionaux du parti.
Pour la campagne européenne de LO, dont les listes ne sont pas encore arrêtées, Nathalie Arthaud, "qui a trente ans de moins que moi", fera "ses premières armes" dans ces nouvelles fonctions de
porte-parole, a annoncé Arlette Laguiller, 68 ans.
"Envie de renouveler"
"On a envie de renouveler" le parti, a déclaré la sextuple candidate à la présidentielle, répétant qu'elle ne se présenterait pas en 2012.
La nomination de Nathalie Arthaud ne signifie pas pour autant qu'elle sera la candidate de LO en 2012, a précisé Arlette Laguiller.
Enseignante de profession, Nathalie Arthaud est porte-parole de LO pour la région lyonnaise et conseillère municipale à Vaulx-en-Velin (Rhône).
Alors que des alliances avaient été nouées aux municipales 2008 avec des partis de gauche, dont le PS, le parti trotskyste (8.600 adhérents) se lance seul pour les européennes.
Le NPA, un "objet politique assez peu identifié"
Interrogée sur l'éventualité d'une alliance avec le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) d'Olivier Besancenot, Arlette Laguiller a estimé que ce parti était un "objet politique assez peu identifié"
dont on avait "bien du mal à cerner" le programme politique et les effectifs.
Elle a par ailleurs critiqué le mode de scrutin des élections européennes.
"Avec le morcellement de l'unique circonscription nationale en huit circonscriptions, non seulement le scrutin perd en grande partie son caractère national, mais il perd aussi son caractère
proportionnel", a expliqué Arlette Laguiller, rappelant que cinq députés de la liste commune LO-LCR avaient été élus en 1999 avec l'ancien mode de scrutin.
Selon elle, ces réformes ont été "imposées pour réserver le monopole de la représentation aux grands partis et pour éliminer les autres".
Le Parti de Gauche : questions, ambiguïtés, certitudes
Avertissement : Le parti de Gauche a proposé « d’élargir » l’alliance en cours de
construction avec le Parti Communiste en vue des élections européennes. Le texte qui suit n’aborde pas cette question qui est en discussion au sein du NPA, mais s’attache à la discussion de fond,
dépassant les péripéties tactiques d’une élection précise.
Le Parti de Gauche (PG) lancé par Jean-Luc Mélenchon et Marc Dolez tiendra son congrès au début de 2009. C’est à ce moment là que l’on pourra juger de son programme et de son profil
dans le détail. On sait déjà que c’est une bonne nouvelle que cette rupture, même tardive, qui renforce le camp de ceux qui ne baissent pas l’échine face à Sarkozy. Mais restent les discussions sur
le fond.
Dans l’immédiat, seul un « 4 pages » donne des indications (la plupart des citations ci-dessous en sont tirées). Dans la loi du genre, ce document mêle des propositions
immédiates (qu’au NPA on appelle « plan d’urgence ») et des formules d’ambition plus générale. Dans ces conditions, les commentaires ci-dessous prennent le risque parfois de verser dans le
procès d’intention. Que les militant-e-s du PG veuillent bien ne pas en prendre ombrage, il leur suffira alors de lever les malentendus. D’une manière plus générale, c’est ce qui explique le titre de
cette contribution. Il y a de vraies demandes de clarification qui se posent à la lecture de ce court texte, et il y a ce qui m’apparaît (peut-être à tort donc) déjà comme des ambiguïtés. Puis il y a
quelques certitudes qui résument l’essentiel des débats stratégiques qui, pour l’heure, séparent le NPA du PG.
Le positionnement écologique
Dès son lancement, le PG a tenu à se positionner clairement en faveur d’une « politique écologiste ». Ainsi le document du PG résume : « Il promeut une politique
écologique basée sur un autre modèle de développement économique, social, environnemental à l’opposé du modèle productiviste…Nous affirmons l’urgence de changer rapidement les modes de consommation
et de production forgés par le capitalisme. Nous nous prononçons pour une planification écologique au service d’un autre développement, d’un « alterdéveloppement ».
Malheureusement, on ne sort en rien des généralités en répétant ce qui relève désormais du tout venant de tous les discours des partis politiques, de gauche comme du centre et de la
droite. Le PG est-il favorable aux conclusions du Grenelle de l’environnement, salué en son temps par le PS et aussi par le PC et les Verts ? Est il favorable en particulier à la marchandisation
de l’air et à l’instauration de mécanismes capitalistes pour faire face à la crise écologique (taxe carbone par exemple) ? Le reste de son positionnement « altermondialiste » laisse
supposer que non. Ça ira mieux en le disant. Mais si c’est dit, on voit mal comment, sur une question aussi décisive, l’alliance stratégique en cours avec le PCF pourrait ne pas en souffrir. De plus
(et surtout) on ne sache pas que les camarades du PG aient une position nette sur le nucléaire. Sur France 24 Jean-Luc Mélenchon déclarait : « En France, nous avons un métro d’avance avec
le nucléaire (même si le nucléaire pose des grands problèmes). Mais nous devons aussi faire deux choses : premièrement, sortir de la consommation du pétrole, et, deuxièmement, sortir du
nucléaire ». Le « aussi » donne toute l’ambiguïté de la position. Dans un cas (« un métro d’avance ») le PG fait partie de la même famille que le PC, et le même mouvement
l’éloigne pour le coup non seulement du NPA, mais de toute possibilité de prendre au sérieux les déclarations « écologistes » du nouveau parti. Dans l’autre (« sortir du
nucléaire ») il rejoindrait le NPA sur une question décisive, mais s’éloignerait autant du PCF.
Le « dépassement du capitalisme »
Les porte-parole du PG ont multiplié les déclarations hostiles au système capitaliste. Déclarations bienvenues, mais qui demandent à être clarifiées. Il s’agit d’une question
stratégique capitale : le PG est-il anticapitaliste au point d’en souhaiter le détruire ? Est-il partisan d’une société socialiste ? Dans le désastre que constitue l’évolution continue
vers le centre du PS, on peut saluer à juste titre des déclarations qui sonnent fort contre le capitalisme. Mais ce n’est sans doute qu’un effet de miroir, et il n’est pas certain du tout que le
positionnement réel du PG ne soit pas un pâle keynésianisme visant à endiguer le capital, ou, au maximum, au partage du pouvoir avec lui (la fameuse « économie mixte » alpha et oméga de la
social-démocratie de l’après-guerre). Voilà ce qu’en dit le PG : « En affaiblissant les moyens publics d’intervention économique, de solidarité et de redistribution, il veut substituer le
client au citoyen, le contrat à la loi, la différenciation des droits au principe d’égalité et aux exigences de l’intérêt général. Pour atteindre l’objectif d’émancipation que nous visons, nous ne
pouvons ni accepter ce système, ni nous contenter de l’amender et de l’humaniser ; nous devons le dépasser et proposer un autre développement qui fixe de nouvelles limites à la sphère marchande,
ouvre de nouvelles perspectives à la sphère publique, propose de nouvelles formes de propriété de l’entreprise plus démocratiques, transparentes et plus relocalisées. Nous voulons engager de manière
urgente la profonde redistribution des revenus entre le capital et le travail ». Bien entendu beaucoup de ce qui est dit est partagé au NPA, puisqu’il s’agit par là de limiter la nocivité du
capitalisme. Mais au-delà ? Peut-on réellement définir un « intérêt général » qui dépasse la lutte des classes (dont au demeurant, on ne prononce pas le terme) ? Faut-il
« dépasser le capitalisme » (formule identique à ce qui se dit désormais au PCF) ou faut-il une rupture ? Les positions du PG sont, sur ce point, identiques à celles de Die Linke,
présentées par Lafontaine lui-même comme celles d’une « vraie social-démocratie ». On ne peut pas se contenter de « nouvelles formes de propriété de l’entreprise plus démocratiques,
transparentes et plus relocalisées , d’un nouveau partage capital-travail ». Il faut enlever la propriété aux grands capitalistes. Il est remarquable que les termes « classiques » du
socialisme (« rupture avec le capitalisme », « nationalisation des grands moyens de production et d’échange », pourtant présents lors du Congrès d’Epinay du PS) ne soient pas
utilisés. Sur ce point, décidemment, on ne peut pas classer le PG dans les anticapitalistes au sens commun du terme, qui signifierait non seulement qu’on en condamne les excès, mais les fondements
mêmes. Peut-être le programme plus complet qui sera adopté en 2009 sera t-il plus précis. Mais il convient à ce point de se souvenir que Jean-Luc Mélenchon n’a pas trouvé justifié de voter contre la
nouvelle déclaration de principes du PS (celle qui achève la conversion écrite à l’économie de marché et élimine toute référence aux classes et à leurs luttes). Il s’est abstenu. Et pas pour de
médiocres raisons tactiques. Il n’a cessé de revendiquer au contraire combien cette abstention était justifiée sur le fond, sans se décider à juger ce qui l’emportait entre ce qu’il condamnait et ce
qu’il approuvait, dans un texte pourtant éclatant de reniements.
Tout cela a sa traduction dans l’extraordinaire modération des mesures proposées dans ce paragraphe particulier, qui n’apparaît « radical » qu’à cause du tapage médiatique
de la pensée unique libérale, si justement attaquée par Mélenchon. Mais que nos ennemis communs s’effarouchent de la moindre critique sérieuse du capitalisme ne conduit pas, dans un débat de fond, à
ne pas prendre au sérieux les positions très classiquement social-démocrates du PG. Ainsi ce qu’il convient de discuter avec nos camarades ne sont pas d’abord les rythmes ou les moyens : mais le
but lui-même. Le but est-il plus « réaliste » que le nôtre (qui serait « utopique » donc) ? On sent bien que l’espoir du PG est le retour de la politique de l’après-guerre,
sans saisir ce que, dans l’histoire du capitalisme, ces années ont d’exceptionnel. Notre conception est que l’espace pour une telle politique qui laisserait intacts les rapports de production (au
sens fort du terme) du capitalisme est désormais réduit à la portion congrue. L’ironie de ce débat est que les analyses sur la crise de la social-démocratie du sénateur Mélenchon lui-même fournissent
nombre d’arguments en ce sens. Mais voilà : on peut poser les termes de l’analyse de manière correcte et se perdre volontairement dans la suite de la démonstration, par simple peur de la
conclusion inévitable.
De l’Europe
S’il y a un thème qui agit comme un drapeau pour le PG, c’est bien la lutte contre l’Europe libérale, que nous avons menée en commun en 2005. Mais il y a une logique aux positions de
fond adoptées, sur l’Europe aussi, soit que ces positions se situent dans la volonté de « dépasser » le capitalisme, soit, peut-être, que le PG cherche par avance à les rendre compatibles
avec les positions du PCF (qui lui-même cherche à ne pas rompre de trop avec le PS, une chaîne mortifère sur laquelle je reviens ci-dessous), tout comme avec celles de Die Linke et du Parti de la
Gauche Européenne (bien plus timorées). Voilà ce que dit le PG : « Nous voulons une réorientation profonde de l’Union européenne afin d’en faire un espace démocratique et social respectant
la souveraineté populaire…Un processus démocratique doit enfin s’ouvrir pour permettre aux citoyens européens de faire prévaloir l’intérêt général ». C’est tout ? C’est tout. Certes il faut
y ajouter le rejet du Traité de Lisbonne. Mais alors, et les autres traités ? Mais la sortie de l’OTAN (et pas seulement le refus de la domination US) ? Encore « l’intérêt
général » ? Pas de Constituante ? Ce dernier point d’ailleurs est décisif. Le PG attire des souverainistes convaincus, hostiles évidemment à tout enracinement populaire, par en bas, à
une entité dont ils réfutent le principe même. On ne peut pas lutter seulement contre la politique libérale actuelle de l’UE. Ce sont ses fondements mêmes qui sont libéraux. La seule issue pour
aboutir à l’Europe sociale qu’on demande de concert, NPA et PG, est une mise à plat globale, donc une Constituante qui aura le loisir de dénoncer l’ensemble des bases constitutives de l’Union. Et
cela non au nom d’un repli sur les frontières nationales, mais d’une ouverture internationaliste, européenne et mondiale.
Des élus et de leur cotisation
« La cotisation élu est fixée à : 20 % des indemnités d’élu. » annonce fièrement le texte du PG. Prenons l’exemple d’un député européen, pour ne fâcher personne.
Indemnité mensuelle (brut) : 6.952,91 € ; indemnité mensuelle représentative de frais de mandat : 3.500 € brut ; indemnité journalière pour frais de bouche et de logement :
251 €. 20% de ceci, c’est pas mal. Mais à qui fera t-on admettre que le député en question a vraiment besoin des 80% restant ? Pourquoi ne pas prendre une règle simple : les élus sont
rétribués au salaire moyen du pays. Le reste va au parti qui lui a permis d’être élu. Trop simple peut-être ?
De la République Sociale
Le chapeau qui coiffe ensemble l’appel à « l’intérêt général » (et non à la lutte de classes et à l’anticapitalisme) d’un côté, et de l’autre l’hésitation sur la profondeur
de la révolution sociale et démocratique nécessaire en Europe, est ce qui fait le cœur de cible du PG, la « République Sociale ». Citations : « Nous voulons une refondation
républicaine de la démocratie…Nous entendons rétablir la prééminence de la démocratie parlementaire à l’opposé de la logique présidentialiste, revaloriser la portée du suffrage universel et fonder
une VIe République. Nous considérons que la défense et la promotion de l’égalité des droits se concentrent dans l’exigence intransigeante de la laïcité dans l’organisation républicaine de la société,
ainsi que dans celle de l’égalité entre hommes et femmes. ». Dans l’histoire du pays, la référence à la République n’est pas vaine, certainement. Mais elle est et demeure ambiguë. La Montagne
Jacobine dont Mélenchon se veut le successeur s’oppose à juste titre aux ancêtres de nos « libéraux », la Gironde. Mais la « prééminence de la démocratie parlementaire » que le PG
revendique contre le présidentialisme (à juste titre) fut aussi, toujours, appelée à la rescousse contre toutes les révolutions, et pas plus tard qu’en juin 68. Faut-il rappeler que la Constitution
de 1793 promulguait le « droit à l’insurrection », y compris contre l’Assemblée elle-même ? Certes l’ajout de « Sociale » à « République » n’est pas anecdotique.
Mais ça dépend de quelle République on parle. Celle de la Commune de Paris (lancée elle aussi au nom de la République) n’est pas celle de Thiers (évidemment) mais pas plus celle de Clemenceau.
Autrement dit, au-delà de la forme républicaine, c’est le contenu social et la forme d’organisation du pouvoir (d’en bas ou d’en haut ?) qui sont premiers. La République Française réellement
existante, telle qu’elle s’est imposée depuis la Troisième République, est consubstantielle du libéralisme politique et économique, comme d’ailleurs du colonialisme et de l’impérialisme. Rompre avec
le capitalisme, aujourd’hui, suppose inévitablement de rompre avec la forme politique qu’il s’est choisi pour asseoir sa domination.
« Intérêt général, intérêt du capital » était-il crié dans les années 70. C’est vrai ou non ? On peut objecter, à juste titre, que l’évolution du capitalisme dans la
phase globalisée et néo-libérale abandonne même le drapeau fictif de « l’intérêt général » ; et que toute émancipation socialiste ne doit pas prendre en charge le seul l’intérêt du
statut de prolétaire, mais doit viser à émanciper la société toute entière, donc prendre effectivement en charge un réel « intérêt général ». Certes. Mais cette objection ne prend son sens
que si l’on choisit d’abord l’option de la non compatibilité constitutive des rapports de production capitalistes avec toute émancipation réelle et durable.
Les conséquences de ces débats sont immédiates. J’en donne trois exemples. Que faire de la puissance militaire de la France ? Sommes nous pour un abandon unilatéral de l’arme
atomique ? Plus profondément encore, sommes nous pour la condamnation de l’impérialisme français, certes moins puissant en général que l’étasunien, mais pas pour les populations qui en subissent
directement les effets ? Sommes nous pour le droit à l’autodétermination des colonies de la France ? Deuxième exemple, celui des « langues minoritaires » dont le droit à
l’enseignement public a été combattu avec la dernière vigueur par Jean-Luc Mélenchon, allié pour l’occasion à des élus de droite. Question marginale ? Révélatrice en tout cas. La position de
Jean-Luc Mélenchon est totalement opposée à l’héritage qui est le mien (et j’espère celui du NPA), celui de la Commune de Paris. Laquelle, on s’en souvient, au titre toujours de la république sociale
appelait à en finir avec la « République une et indivisible » au nom d’une « Fédération de Communes », librement associées. Et qui, de plus, instaurait un droit de révocation des
élus et une démocratie de base. Troisième exemple enfin, la question des étrangers. Des groupes issus du chevènementisme ont rallié le PG ou s’apprêtent à le faire. Et sur cette question, majeure,
ils emportent avec eux l’hostilité au droit de vote des étrangers. On ne sait pas quelle sera la position du PG sur cette question. On sait en revanche que le sénateur Mélenchon s’est à plusieurs
reprises prononcé en faveur de ce droit de vote, et n’a pas manqué une occasion de soutenir le combat de RESF. Et c’est tout à son honneur. Mais il y a une logique à sa position
« républicaine ». Il ne peut pas pousser cette position humaniste jusqu’à ce qui serait indispensable : la régularisation de tous les papiers sans condition et surtout la libre
circulation et d’installation de tout être humain, pour commencer en France et Europe. Franchement, comment mener une campagne européenne conséquente si, à la directive de la honte que nous
combattons ensembles, on n’oppose pas la seule position qui soit cohérente ? Sinon, comment éviter l’infernale spirale du « contrôle », donc de la police et de la justice, si on
interdit ces droits d’une manière ou d’une autre ?
De l’alliance avec le PS Après tout ceci, la divergence bien connue du PG avec le NPA concernant un gouvernement avec le PS apparaît comme une
conséquence presque normale. Voilà la position résumée du PG : « Le PG est un outil pour battre la droite et conquérir la majorité politique autour d’un programme républicain de dépassement
de la logique capitaliste…La conquête du pouvoir d’Etat par le suffrage universel n’est efficace que si elle s’appuie sur des citoyens mobilisés et acteurs de leur propre changement…Le PG a vocation
à devenir majoritaire et à prendre des responsabilités gouvernementales en s’appuyant sur une mobilisation massive, populaire et citoyenne. » Outre que le terme revient de « dépassement de
la logique capitaliste » (mais comment même l’imaginer sans détruire la propriété privée des grands moyens de la production, autrement dit du capitalisme en majesté ?), on voit bien là que
le PG n’a tiré aucune leçon sérieuse des expériences de l’Union de la Gauche et de la Gauche Plurielle. On attend toujours un bilan circonstancié de la participation de Jean-Luc Mélenchon au
gouvernement d’une des principales puissances capitalistes et impérialistes, sous la direction de Lionel Jospin. Sera t-il « globalement positif » ? Une partie du débat entre nous est
de portée historique, et touche à la priorité donnée aux mouvements de masse, extra institutionnels, ou à l’occupation des centres de pouvoir parlementaire pour qui veut aboutir à révolutionner le
système. Mais dans la conjoncture, ce débat se double d’une esquive. Tout se passe comme si le problème à résoudre à gauche était né après 2002, avec l’accentuation du virage social-libéral des
sommets de le gauche. Et que, partant, le retour aux années fastes où ceci ne s’était pas encore vérifié était la solution. Sans même discuter du fond de cette position, il y a là un paradoxe. Le
départ de Mélenchon du PS s’est accompagné de l’affirmation juste, et répétée à l’envi, que « 80% du PS était acquis au social-libéralisme », que l’évolution du parti était irréversible,
que Ségolène Royal y était victorieuse. On pourrait alors s’attendre à ce que le PG en tire les conséquences, sinon pour toutes les générations à venir, du moins en ce qui concerne ce parti là, dans
cette période là, et en vienne à la conséquence inévitable : une alliance gouvernementale et parlementaire avec le PS tel qu’il est n’est pas envisageable. Mais c’est ce que le PG se refuse
obstinément à dire, tout comme le PCF sur cette même question. Jusque dans les détails d’ailleurs. Dans « LibéToulouse », Jean-Christpohe Sellin au du PG affirme : « Toulouse n’a
pas élu le Parti socialiste pour les municipales, mais une équipe de femmes et d’hommes de la gauche plurielle. Je reste donc au côté de Pierre Cohen pour mettre en œuvre les orientations de gauche
choisies par ce peuple souverain ». On ne sache pas pourtant que le sort des toulousain-ne-s se soit un tant soit peu amélioré depuis la prise de fonction de la nouvelle équipe
Comme le NPA l’a indiqué à maintes reprises, ce n’est pas la question abstraite « gouvernement ou pas » qui est en discussion à gauche (comment un parti politique
pourrait-il ne pas postuler à voir ses idées mises en œuvre ?) mais pourquoi gouverner, et donc avec qui. Mélenchon s’abstenant sur la déclaration de principes du PS, voilà une position
cohérente avec la volonté de gouverner à nouveau avec Aubry et Royal. Le PG y ajoute une petite musique qui consiste à laisser entendre : à condition que les rapports de force changent. Et s’ils
ne changent pas ? La réponse est donnée par Die Linke qui gouverne déjà avec le SPD en position subordonnée à Berlin, et pour une politique libérale. Et elle est donnée par le PG lui-même qui
n’a abandonné aucun des exécutifs régionaux ou de grandes villes en France, où pourtant le rapport de force ne lui est nulle part favorable. Dans ces conditions, tout au plus peut-on le créditer
d’une volonté de rééquilibrage de ce rapport de force. L’histoire est sans fin : en 1981 l’argument avait déjà servi à un PCF bien plus puissant qu’aujourd’hui pour entrer dans le gouvernement
de Mitterrand. Avec les résultats que l’on connaît, pour lui-même et pour les travailleurs de ce pays.
PARIS - Des partisans de "l'autre gauche" française ne renoncent pas à fédérer les différents partis au sein d'une force visant à concurrencer le Parti socialiste.
Sur le thème "qui se ressemble s'assemble", beaucoup se sont retrouvés samedi soir à la Défense, à deux pas du congrès du Parti communiste, pour une soirée destinée à
"interpeller" les militants de tous bords.
Parmi eux, Clémentine Autain, ex-adjointe au maire de Paris, qui participera mercredi au lancement d'une "Fédération pour une alternative sociale et écologique" qui veut agir comme un
aiguillon.
"C'est un levier pour forcer la main des dirigeants des partis, la politique, c'est un rapport de forces", a-t-elle dit dimanche à Reuters.
"La situation actuelle est incompréhensible, ça n'a pas de sens", ajoute-t-elle par allusion à la création du "Parti de Gauche" de Jean-Luc Mélenchon, du Nouveau parti
anticapitaliste (NPA) d'Olivier Besancenot ou du Nouvel espace progressiste (NEP) de l'ex-dirigeant communiste Robert Hue.
Pour Clémentine Autain, figure antilibérale, cette "multiplicité soudaine" montre bien "qu'il n'y en a pas un qui va réussir à agréger tout le monde."
Les communistes ont toutefois écarté ce week-end toute fusion au sein d'une nouvelle force lors de leur 34e congrès, qui a confirmé la stratégie de leur dirigeante, Marie-George Buffet.
Nullement découragée par l'échec d'une candidature antilibérale unique à la présidentielle de 2007, Clémentine Autain estime qu'elle a au contraire "crédibilisé l'idée d'un
rassemblement."
Après avoir quitté l'exécutif parisien, la jeune femme avait été annoncée au NPA puis y a renoncé.
"Olivier Besancenot tient un discours clairement de gauche, sans tortiller, et draine une nouvelle génération militante", a-t-elle récemment expliqué dans Libération.
"Mais j'attends davantage d'un parti : qu'il cherche à construire des majorités politiques et donc à travailler et s'allier avec d'autres", a-t-elle ajouté.
Pour Clémentine Autain, le départ du PS de Jean-Luc Mélenchon pour fonder le "Parti de gauche" a "relancé l'espoir d'un rassemblement plus large."
"Alors que se profilent des recompositions politiques, nous invitons courants et personnalités à débattre de la création de la force unitaire de l’autre gauche.
Engagés franchement à gauche, nous croyons temps de dépasser nos anciens clivages et nos récentes déchirures. Nous ne pouvons plus rester éparpillés, morcelés alors que l’essentiel nous
réunit : la volonté de changer de logique et de système, de contester le capitalisme et l’ordre dominant. L’espérance et les luttes sociales ont besoin de voix politiques.
Nous connaissons nos différences. Si il n’y en avait pas, la question de la convergence ne se poserait pas. La gauche pour la transformation sociale est faite de courants divers. Ensemble,
nous pouvons être majoritaires à gauche. Il est difficile mais raisonnable de rassembler dans un même mouvement les communistes, les écologistes de gauche, les féministes, les trotskistes, les
républicains, les altermondialistes, les militants de la culture et ceux de l’éducation populaire, les antiracistes, les syndicalistes, …"
Clémentine Autain rallie un nouveau mouvement antilibéral
Annoncée au Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), après avoir quitté l’exécutif parisien et manqué son atterrissage aux municipales à Montreuil (Seine-Saint-Denis), Clémentine Autain, figure de la
gauche antilibérale, révèle dans Libération les contours de la Fédération pour une alternative sociale et écologique, qui sera présentée le 17 décembre.
Pourquoi, finalement, ne rejoignez-vous pas Olivier Besancenot ?
J’ai participé à quelques réunions du comité NPA de Montreuil et à leur université d’été. Ils étaient alors les seuls à faire une proposition dynamique. Olivier Besancenot tient un discours
clairement de gauche, sans tortiller, et draine une nouvelle génération militante. Mais j’attends davantage d’un parti : qu’il cherche à construire des majorités politiques et donc à travailler et
s’allier avec d’autres. Enfin, le départ du PS de Jean-Luc Mélenchon pour fonder le Parti de gauche a relancé l’espoir d’un rassemblement plus large.
Justement pourquoi ne pas rallier le Parti de gauche(PG) ?
Jean-Luc Mélenchon est pour une révolution par les urnes. Le NPA met l’accent sur les luttes sociales. Il faut raccorder les deux. Chacun fait de vibrants appels à toutes les sensibilités -
écolos, féministes, altermondialistes… -, mais veut rassembler autour de lui. Il faut réunir un arc plus large pour pouvoir, un jour, boxer à gauche dans la même catégorie que le PS. La crise
financière nous impose de construire une alternative à une droite ultralibérale et autoritaire. Et de réenchanter la gauche.
Avec qui construire ce rassemblement ?
Les Alternatifs rouge et vert, les «communistes unitaires» et les collectifs [ex-antilibéraux et ex-bovétistes, ndlr], et les écolos radicaux ont décidé de mettre leurs forces en commun
avec des personnalités et des citoyens qui ne se retrouvent nulle part. C’est un cadre souple qui accepte la double appartenance : on peut être au PCF, au NPA, au Parti de gauche, chez les Verts et
en même temps membre de la Fédération pour une alternative sociale et écologique. La structure se veut éphémère car elle souhaite son dépassement vers une force plus large et unitaire. Voilà pourquoi
j’ai décidé d’y adhérer. Je ne suis pas de la gauche radicale bisounours qui pense qu’il suffirait de se donner la main, mais je crois l’éparpillement mortifère.
N’allez-vous pas rajouter à l’éparpillement, notamment en vue des élections européennes ?
On veut travailler jusqu’au bout pour qu’il y ait des listes regroupant toute l’autre gauche, du NPA au PG en passant par le PCF. Ces «groupuscules», l’air de rien, représentent du monde. Il faut
sortir des logiques boutiquières.
Votre parcours semble tortueux. Est-ce par opportunisme ?
Je reconnais que je cherche, sans sectarisme. Mon chemin peut paraître tortueux mais mon cap reste le même depuis dix ans. On m’a annoncée au PS avec Benoît Hamon, ce qui aurait été beaucoup plus
porteur pour des ambitions personnelles. Rester tournée vers une gauche de gauche en pleine recomposition, n’est pas le signe d’un opportunisme crasse !
Communistes : des libertaires interviewent un unitaire
Cet interview a été réalisé par les communistes libertaires :
Les Communistes unitaires veulent "construire un espace communiste ouvert en articulation avec les luttes sociales et le
mouvement antilibéral". Mais le communisme, c'est l'antithèse du capitalisme. Alors, antilibéraux, ou anticapitalistes?
Nous sommes antilibéraux et anticapitalistes. Nous ne limitons pas notre approche à la critique des formes
actuelles du capitalisme et notre horizon est le dépassement de toutes les grandes aliénations historiques. Là où le Président directeur général de la France fait de l’abandon du combat pour
transformer la société le cœur de son approche idéologique, nous revendiquons au contraire une visée d’émancipation radicale, individuelle et collective. Enfin, nous sommes pour l’inclusion d’une
sensibilité communiste organisée au sein d’une force politique de transformation sociale et écologiste capable de contester l’hégémonie du social-libéralisme sur la gauche.
Les Communistes unitaires soutiennent l'Appel de Politis. Il ressemble à beaucoup d'appels à construire
une "gauche vraiment de gauche". Qu'est-ce qui est différent cette fois?
Nous sommes partie prenante de cet appel, qui est aujourd’hui le cadre d’initiative le plus large sur
l’alternative politique. Il réunit à la fois des forces politiques et des forces sociales, mouvementistes, syndicalistes, associatifs, des citoyens… Or, pour les Communistes unitaires, les enjeux du
rapport entre mouvement social et politique d’une part, et du rapport aux institutions d’autre part sont essentiels si l’on veut s’émanciper d’une délégation de pouvoir qui dépossède les citoyens. En
ce sens, nous pensons qu’à côté des réflexions et initiatives à prendre sur les urgences - économiques, sociales, démocratiques, écologiques, européenne et de paix -, il est nécessaire de penser
« projet politique », c’est-à-dire de dessiner une cohérence politique entièrement neuve. Reste ensuite l’enjeu de lui donner force politique, sans quoi il n’existe pas d’alternative
politique.
En quoi cette dynamique est-elle différente de celle du Nouveau parti anticapitaliste lancé par la Ligue
communiste révolutionnaire?
La LCR se métamorphose en NPA et propose de rallier à sa démarche ceux qui le souhaitent. Pour notre part,
nous pensons que l’objectif doit être la création d’une force de transformation sociale et écologique pluraliste, impliquant les différentes cultures politiques de la gauche de gauche. Cela nécessite
un processus coélaboré de bout en bout, ouvert aux citoyens et aux forces qui y sont prêtes, et sans préalable.
En regardant votre site, on voit que vous vous rapprochez des Alternatifs, Alter Ekolo, et Ecologie
Solidaire. Peux-tu nous expliquer la dynamique dans laquelle vous vous situez?
Nous disons depuis l’échec de la candidature unitaire à la présidentielle qu’il faut une force politique la
plus large possible. Pour avancer dans ce sens, nous esquissons une initiative avec la coordination des Collectifs unitaires, les Alternatifs et certains courants de l’écologie radicale, en
souhaitant que d’autres forces et cultures militantes y contribuent aussi. Il s’agit de fédérer nos énergies, d’agir ensemble et de développer des initiatives politiques en commun.
La construction de listes unitaires à l’occasion des élections européennes est un autre enjeu majeur pour la
prochaine période : nous proposons là aussi une approche « grands bras » : fédérer toutes les forces de la gauche de gauche, sur la base de la victoire du Non de gauche au TCE de
2005, et non seulement réaliser un cartel de partis. A chaque fois, notre démarche consiste à formuler les propositions correspondant aux enjeux - donc de haute ambition -, et nous actons ce qui
permet d’avancer.
Qu'est ce que les Communistes unitaires et l'appel de Politis peuvent apporter aux mouvements
sociaux?
Le mouvement social en général et le mouvement syndical en particulier sont aujourd’hui dans une situation
paradoxale : les initiatives défensives sont nombreuses et fortes, mais les résultats sont à peu près nuls. Les luttes sont focalisées sur les exigences immédiates, au détriment de la
« besogne d’avenir », des exigences de transformation. Ni le mouvement social, ni les forces politiques ne peuvent espérer reprendre l’initiative sans une transformation de leur rôle, de
leurs discours et de leurs actes. Il ne s’agit pas seulement que le politique prolonge les luttes ou les mouvements, à l’ancienne. Il s’agit de favoriser l’appropriation citoyenne des enjeux
politiques, et d’inventer des convergences entre les forces.
La partie de votre site sur les relations avec les communistes libertaires est vide! Quelles sont les
perspectives de travail commun entre communistes unitaires et communistes libertaires?
Nous serions ravis d’alimenter cette rubrique avec les documents que vous nous transmettrez. Au-delà de
cette rubrique, nous sommes très désireux d’échange et de travail en commun sur les thématiques clefs de la critique de l’Etat et des formes de dépossession, sur l’appropriation citoyenne des savoirs
et des pouvoirs et sur la visée autogestionnaire, entre autres sujets qui vous sont familiers et qui sont au cœur des enjeux actuels.
L'association des communistes unitaires a été créée en mars 2007, à la suite de l’échec de la candidature unitaire de la gauche de gauche à la présidentielle. Elle
est présentée comme un "outil d’élaboration, de mise en commun, d’initiatives" "pour changer l’ordre d’un monde démoli par la logique libérale et la domination du capital" (voirwww.communistesunitaires.net).
Elle regroupe principalement des militants et militantes issus du PCF, mais également certains de la LCR et des gens non encartés politiquement au préalable.
Localement, Alternative libertaire et les communistes unitaires travaillent ensemble au sein de collectifs unitaires.
Les « refondateurs » (ou « rénovateurs ») proches de Patrick Braouezec et Roger
Martelli, souhaitent un dépassement de la forme-parti, et une réflexion sur de nouvelles logiques
d'organisation fondées sur le mouvement social. Des militants proches de ce courant éditent le bulletin Communisme en
mouvement. L'association Communistes unitaires, en faveur de l'action des communistes à la formation d'un espace unitaire à gauche du PS, est liée à
cette orientation minoritaire. Après la réunion nationale de l'association Communistes unitaires à Paris le 30 juin 2007, il fut décidé que Communisme en mouvement devienne le nom du courant
interne au sein du PCF de l'association des Communistes unitaires regroupant aussi de nombreux communistes non-encartés, altermondialistes, libertaires ou venant de la LCR.
Quelle est la situation du Parti communiste en 2008 ? Les chiffres officieux circulent, différents des données communément admises. Combien a-t-il réellement de militants, de
membres et d’élus ?
Où en est exactement le PCF à la veille de son congrès ?
Electoralement, il est dans les basses eaux du communisme et de la gauche de gauche européenne. 5,9 % aux élections européennes de 2004, 1,9 % à la présidentielle de 2007, 4,6 % aux législatives
de la même année et 8,8 % aux récentes cantonales de 2008 (tableau 1). Quelle que soit l’élection, le recul de longue durée est confirmé. Si l’on observe la moyenne obtenue par les communistes, quel
que soit le type d’élection, ils mettent trois décennies pour reculer de 25 % à 20 %, deux décennies pour passer de 20 % à 15 % et une décennie, chaque fois, pour passer de 15 % à 10 %, puis de 10 %
à 5 %.
Combien y a-t-il d’élus communistes ?
Au lendemain des élections municipales et cantonales du printemps dernier, la direction annonçait le chiffre de 13 000 élus (tableau 2). En octobre, les dirigeants de l’Association nationale des
élus communistes et républicains avancent, dans un document interne, un chiffre plus modeste mais plus vraisemblable, oscillant entre 6 800 et 9 500 ; trois semaines plus tard, le congrès de
l’association suggère le chiffre de… 11 500 élus de l’Association, sans que soit cette fois donnée la ventilation départementale des effectifs. Quels sont les effectifs du parti lui-même ? Difficile
de les évaluer exactement : depuis toujours, il convient de faire la différence entre les effectifs déclarés et les chiffres retenus en interne ; depuis quelques années s’établit la différence entre
les « adhérents » et les « cotisants », les seconds étant numériquement plus près de la réalité que les premiers. Quelle tendance d’évolution retenir ? En 1979, la direction communiste annonçait
officiellement un chiffre de 703 000 adhérents ; au même moment, des sources internes confidentielles n’en recensaient que 530 000. Depuis, les mêmes sources ne font qu’enregistrer le recul, plus ou
moins fort selon les périodes : 345 000 en 1989, 182 000 en 1999. En 2002, la direction publie le chiffre de 125 600 cartes placées. A partir de cette date, la multiplication des consultations
internes conduit à la publication régulière des statistiques de cotisants. En février 2006, au moment du congrès précédent, ce sont 99 300 cotisants qui participent au vote sur la « base commune »
préparatoire au congrès. A l’automne 2008, le même type de statistiques avance le chiffre de 78 800 cotisants, soit 20 000 de moins qu’au précédent congrès. Or, curieusement, alors que le nombre de
cotisants a sérieusement fléchi, la direction persiste à ajouter un chiffre de 132 000 adhérents supérieur à celui de… 2002. Au total, le PCF est dans une situation d’extrême fragilité. Ses résultats
bruts ne sont pas des plus négligeables : selon le type d’élection, son potentiel se situe entre 2 % et 9 % des suffrages exprimés. Ses élus approchent du seuil des 10 000 et son réseau municipal
continue de susciter bien des convoitises. Mais l’ensemble des indicateurs est au reflux : depuis 2001, le PCF a officiellement perdu au moins un quart de sa réserve d’élus. A l’Assemblée, il ne
dispose d’un groupe parlementaire que grâce à une alliance « technique » avec les Verts. L’électorat communiste était autrefois structuré autour d’un noyau solide qui lui assurait une présence
nationale conséquente. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Le communisme se cherche.
Le PCF reste une force militante, qui s’interroge toutefois sur le sens de sa propre existence. Il conserve en outre un patrimoine électoral qui compte. Mais s’il ya des électeurs (bien sûr moins
qu’avant…), il n’y a plus d’électorat structuré. Pour une grande part, quelque chose n’est plus de ce qui a été dans l’histoire le Parti communiste français. Ce n’est pas pour autant que le
communisme politique a dit son dernier mot.
Franck Pupunat, dirigeant du petit courant du PS Utopia
(socialiste, altermondialiste, écologiste) a décidé de quitter le Parti socialiste pour rejoindre le Parti de gauche que vient de créer le sénateur Jean-Luc Mélenchon,
lui aussi démissionnaire du PS. C’est sur le site de cette nouvelle
formation que M. Pupunat a annoncé sa décision aujourd’hui.
S’il regrette le « spectacle » que donne le PS, déchiré entre les partisans de Martine Aubry et de Ségolène Royal, Franck
Pupunat, joint par téléphone, motive sa décision par une raison politique : le PS n’est plus à ses yeux « le cadre qui permet de militer pour changer la
société ». Selon lui, le Parti de gauche en création incarne « un espace entre un PS en train de se droitiser et le NPA qui refuse de prendre des
responsabilités » à condition de « réunir toutes les sensibilités et radicalités de la gauche ».
Le courant Utopia, qui présente une motion à chaque congrès depuis 2003, avait recueilli 1,25% au Congrès de Reims (1.632 voix). Il avait ensuite soutenu
la candidature de Benoît Hamon, de l’aile gauche du parti, au poste de Premier secrétaire. Franck Pupunat, qui en était l’inlassable animateur, précise que son départ est une « décision personnelle ». D’autres membres de son courant ont toutefois fait le même choix.
Corinne Morel Darleux, qui s’est exprimée plusieurs fois dans Politis, a elle aussi annoncé, ce matin dans une déclaration, son intention de « répondre à l’appel du Sénateur Jean-Luc Mélenchon et du Député Marc
Dolez et de rejoindre dès aujourd’hui le Parti de Gauche (PG) ».
« Je le fais avec la volonté de contribuer utilement au développement d’un projet politique de dépassement du système capitaliste, intégrant l’urgence écologique et
sociale », a-t-elle expliqué.
Les bénéfices du CAC 40 seront encore record en 2008
"Les entreprises du CAC 40, c'est-à-dire les quarante plus grandes firmes françaises en termes de capitalisation boursière, devraient finir l'année avec des
résultats supérieurs, en moyenne, de 12,09 % par rapport à 2007. Tel est l'un des constats de l'étude réalisée, vendredi 14 novembre, jour de la publication des derniers résultats trimestriels des
entreprises du CAC 40, par le cabinet d'expertise comptable PricewaterhouseCoopers (PWC) pour Le Monde.
Ce taux de croissance est une moyenne pondérée (en fonction de la capitalisation boursière de chaque société) des résultats anticipés par l'ensemble des analystes de la place, "le
consensus" dans le langage des spécialistes. Globalement, les 40 firmes devraient donc terminer 2008 avec 2,2 milliards d'euros de bénéfices de plus qu'en 2007, qui avait déjà été une année
record.
Ce chiffre peut surprendre, alors que la récession est sur toutes les lèvres. Car chacun a tendance à oublier que "le premier semestre de l'année a été bon, meilleur qu'en
2007", explique Thierry Charron, associé responsable de la communication financière chez PWC. "La dégradation née à l'automne va s'amplifier d'ici à la fin de l'année. La
traduction chiffrée de la crise n'apparaîtra réellement dans les résultats qu'en 2009", poursuit-il.
D'où l'effondrement des cours de Bourse constaté ces dernières semaines, car les investisseurs se déterminent sur les bénéfices futurs des entreprises, le présent n'étant là que pour
valider leurs anticipations. La bonne tenue des résultats en 2008 et la chute des cours ne sont donc paradoxaux qu'en apparence. Car les investisseurs regardent déjà ce qui va se passer en 2009, et
l'optimisme n'est pas de mise.
Déjà, le chiffre d'affaires cumulé des sociétés du CAC 40 n'a augmenté "que" de 8,1 % au troisième trimestre, contre 9,5 % sur l'ensemble des neuf premiers mois. Le tassement est donc
réel, même s'il n'est encore que de faible ampleur. Car les commandes engrangées avant que la crise n'éclate ont été livrées et payées (...)"
CONGRES DES ALTERNATIFS 7-8-9 NOVEMBRE 2008
Le congrès des Alternatifs, réuni à Lyon les 7, 8 et 9 novembre débattra notamment des thèmes suivants :
- dans une période marquée à la fois par la crise du capitalisme financiarisé et la crise écologique, travailler à des objectifs et des formes d'action permettant de rassembler, en liant le rouge
et le vert, pour multiplier les initiatives, mobilisations, contre-pouvoirs. Ce travail s'inscrit dans une réflexion plus globale sur le projet alternatif.
- proposer aux partenaires proches que sont les communistes unitaires, les collectifs untaires pour une alternative au libéralisme, les courants écologistes radicaux, une fédération de forces
politiques et militant-e-s s'enrichissant de la diversité des forces concernées et avec l'engagement de militant-e-s des combats sociaux, écologistes, féministes, antiracistes, altermondialistes, une
fédération permettant de débattre et agir ensemble (texte en débat au sein des Alternatifs en annexe)
- tirer un bilan d'étape et définir des perspectives pour le rassemblement d 'une gauche antilibérale/anticapitaliste large, en lien avec l'appel initié par Politis.
Les Alternatifs proposent la constitution d'une fédération de forces politiques et de militant-e-s
1/ LE MOMENT POLITIQUE
Depuis plusieurs mois, des appels se sont multipliés et différentes organisations et courants (Les Alternatifs, l'Association des Communistes Unitaires, les collectifs pour une alternative au
libéralisme...) ont exprimé l'aspiration à la constitution d'une convergence politique pour la transformation sociale et écologique. Cette aspiration s'est aussi traduite au sein de courants de
l'écologie radicale .
Cette démarche ne se confond pas avec l'appel Politis qui vise, à organiser l'alternative à gauche en créant un cadre de rencontre entre militants politiques, associatifs, syndicaux, citoyens
désireux de s'approprier les enjeux de cette alternative, de dépasser les divisions au sein du camp antiliéral/antcapitaliste.
La fédération que nous proposons ouvre une perspective certes partielle mais indispensable pour concrétiser la convergence de militant-e-s et forces disponibles pour un pas en avant politique et
organisationnel.
L'initiative des signataires de l'appel de Politis et la constitution de la fédération peuvent se renforcer mutuellement. Pour les composantes de la Fédération,, le cadre de l'appel apporte un
ferment pérenne d'ouverture et de pluralisme. Les initiatives de la fédération encouragent les antilibéraux et unitaires des Verts, du PS, de la LCR et du PC qui participent à l'Appel à ne pas se
résigner aux politiques de fermeture de leurs partis.
2/ UN PAS EN AVANT POLITIQUE ET ORGANISATIONNEL
Ce pas en avant est nécessaire pour mettre en commun des forces, des projets qui puissent s'exprimer et peser dans les champs social et politique, une force de résistance, et d’élaboration d’ un
projet d'alternative sociale et écologique.
Une "fédération" de militant-e-s et de forces,
- qui partagent les mêmes valeurs fondamentales de l'émancipation, pour élaborer des points de vue communs sans ignorer leurs différences et divergences,
- qui se rapprochent, sans se perdre, dans l'objectif de se dépasser quand les conditions en seront remplies.
- qui mettent en commun des moyens pour travailler et agir ensemble, sans les entraves d'un accord étroit, rigide dans tous les do:maines.
3/ DES FORMES DE COOPERATION ET DE CONSTRUCTION NOUVELLES
Les Alternatifs proposent que se coordonnent des courants et organisations politiques qui apporteront leurs acquis, leurs identités diverses, se rapprocheront sans, à ce stade, se dissoudre dans le
cadre commun. Ils donneront ainsi à voir la diversité des forces en mouvement et en convergence, sans étouffer ni confisquer les engagements individuels et sectoriels parties prenantes du processus.
Ce processus se veut dès le départ largement ouvert aux militant-e-s assocoatids, syndicaux, écologistes, féministes, altermondialistes, antiracistes...
Les Alternatifs proposent que le processus s'engage dans les semaines qui viennent par l'organisation de débats et d'action communs dans le plus grand nombre de villes, départements, régions, que ces
débats soient autant que faire se peut co-organisés par les composantes politiques ou que pour le moins elles y soient représentées. Ces débats devront être également l'affaire des militant-e-s des
combats sociaux, écologiques, antiracistes, féministes, altermondialistes qui se retrouveront dans la démarche. Ces débats pourront prendre la forme de réunions de travail sur les thèmes choisis en
commun.
Une première assemblée pourra être organisée au premier trimestre de l'année 2009 pour poser les bases de la fédération.
Les Alternatifs proposent qu'une adhésion d'un faible montant minimum (5, 10 euros ?) concrétise la participation à la fédération (individuelle et pouvant être payée collectivement dans les
départements ou villes par les collectifs militants engagés dans le processus en fonction de leur nombre d'adhérent-e-s).
Les financements ainsi recueillis contribuant au fonctionnement de la fédération.
Les campagnes et initiatives décidées en commun auront vocation à être financés par la contribution des composantes et des collectifs constitués dans les villes, entreprises, établissements
d'enseignement, coordonnés au niveau départemental et si possible régional.
Une assemblée semestrielle large, représentative de la réalité des adhésions à la fédération et de la diversité des composantes politiques et des origines militantes permettra la définition des
priorités politiques de la fédération comme des champs de mobilisation prioritaires pour une intervention communeet la mise en commun le travail des groupes thématiques.
Une instance de coordination élue par l'Assemblée devra assurer le suivi des activités. Elle comprendra des représentant-e-s des régions et des composantes politiques. Cette instance a vocation à
mettre en oeuvre les décisions politiques de l'assemblée semestrielle et d'assurer un suivi efficace des initiatives politiques et campagnes décidées en commun. Dans chacune des instances et dans
chaque lieu de débat, sera assurée au mieux la place des militants non membres d’une des composantes organisées de la fédération.
Les Alternatifs proposent que les composantes politiques et militant-e-s de la fédération s'expriment régulièrement dans "Rouge et Vert", et relaieront les initiatives et positions de la fédération
dans leur presse et leurs divers outils d'information internet.
Ils proposent l'organisation d'une université d'automne commune, afin d'approfondir un projet de la fédération.
Les Alternatifs ouvriront leur université d'été aux composantes de la fédération.
Une assemblée réunie fin 2009 ou début 2010 débattra des suites du processus : confirmation, approfondissement, élargissement, évolution de tout ou partie des composantes vers une organisation
commune.
Cette dernière hypothèse implique que soient définis d'un commun accord, le projet, la stratégie, les champs d'intervention, les modes d'organisation, les moyens de fonctionnement d'un parti
mouvement commun.
Mélenchon annonce la création du «Parti de gauche»
Après son départ du PS en raison de la victoire de la motion Royal, le sénateur veut créer un nouveau parti «pour changer la gauche, affronter la droite et ouvrir une alternative au
capitalisme».
Le sénateur Jean-Luc Mélenchon et le député Marc Dolez, qui ont quitté la semaine dernière le PS après la victoire de la motion Royal lors du vote des militants, ont annoncé ce mercredi la
création du «Parti de gauche», qui tiendra son premier meeting le 29 novembre.
Dans un communiqué, le sénateur de l’Essonne et le député du Nord saluent le «mouvement de soutien» à leur démarche, faisant état de «plus de 3.000 soutiens» enregistrés sur leur
site internet www.casuffitcommeca.fr.
«Ces soutiens montrent l’immense énergie disponible dans notre pays pour changer la gauche, affronter la droite et ouvrir une alternative au capitalisme de notre époque», estiment les deux
parlementaires, naguère figures de l’aile gauche du Parti socialiste. «C’est pourquoi nous annonçons la fondation du "Parti de gauche" avec tous ceux qui partagent ces orientations»,
indiquent-ils.
«Nous voulons que le «Parti de gauche» soit un parti unitaire à gauche. Nous voulons en faire un trait d’union au service de la constitution d’un front de forces de gauche pour les élections
européennes, sur une ligne claire de refus du Traité de Lisbonne et de construction d’une autre Europe. Dans ce but nous avons d’ores et déjà demandé à rencontrer notamment le PCF et le NPA»,
futur parti d’Olivier Besancenot.
Le Parti de Gauche tiendra son «meeting de lancement» le 29 novembre en région parisienne en présence de l’ancien ministre social-démocrate allemand Oskar Lafontaine, qui a fondé avec des
ex-communistes le parti «Die Linke».
Ces deux représentants de l’aile gauche du PS quittent le parti pour créer un nouveau mouvement «sans concession face à la droite».
Le sénateur Jean-Luc Mélenchon et Marc Dolez, député du Nord, de l’aile gauche du PS, ont annoncé aujourd’hui qu’ils quittaient le Parti socialiste pour créer un nouveau mouvement «sans
concession face à la droite», après la victoire de la motion de Ségolène Royal.
«Par fidélité à nos engagements, nous prenons notre indépendance d’action. Nous quittons le Parti socialiste», ont déclaré dans un communiqué les deux élus, partisans de la motion de Benoît
Hamon, qui a obtenu autour de 19% hier soir lors du vote des militants socialistes en vue du Congrès de Reims.
Les deux parlementaires ont annoncé «la construction d’un nouveau parti de gauche» et appelé «à la constitution d’un front de forces de gauche pour les élections européennes». «Nous prenons nos responsabilités. Dans la crise du capitalisme, notre pays a besoin d’une autre voix à gauche», disent-ils.
Les deux responsables entendent «porter publiquement (leur) conception du combat républicain et socialiste, sans concession face à la droite, au capitalisme et leur irresponsabilité destructrice
contre la société humaine et l’écosystème».
Le résultat du vote, selon eux, «est sans ambiguïté: les trois motions issues de la majorité sortante du Parti arrivent en tête» et obtiennent «80% des suffrages». «La motion de Ségolène
Royal l’emporte avec sa proposition d’alliance au centre». «Le score respectable de la gauche du parti» défendue par Hamon «n’y change rien malheureusement», ajoutent-ils.
Selon eux, «les orientations qui dominent la social-démocratie européenne l’ont "emporté" alors qu’elles conduisent partout à l’échec. Elles avalisent l’Europe du traité de Lisbonne, les
alliances changeantes, l’abstention face à la droite, et refusent de mettre en cause le capitalisme».
«Nous refusons de nous renier en participant à des complots et des combinaisons tactiques» car, selon eux, «quels que soient les arrangements qui sortiront du Congrès de Reims, la future
direction du PS appliquera l’orientation majoritaire en particulier quand viendront les prochaines élections européennes».
«Nous décidons d’engager avec tous ceux qui partagent ces orientations la construction d’un nouveau parti de gauche et nous appelons à la constitution d’un front de forces de gauche pour les
élections européennes», affirment-ils en rappelant l’expérience en Allemagne où l’ancien ministre Oskar Lafontaine a quitté le parti social-démocrate (SPD) pour construire avec notamment des
ex-communistes un parti d’extrême-gauche «Die Linke», remportant des succès électoraux notables.
Source AFP
21 SEPTEMBRE 2008 :
LUTTE OUVRIERE exclut sa minorité "Fraction L'Etincelle" lors de sa conférence nationale.
Par 97,3 % les militants ont exclut les membres de la Fraction pour leur participation à la construction du NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste) et suite à des
divergences lors des élections municipales de 2008.
>> VOIR le communiqué de LO et la réaction de la Fraction :
22 avril 2007 : Olivier BESANCENOT obtient 4,08 % des voix au premier tour de l'élection présidentielle
Suite à l'élection présidentielle et de l'élection de SARKOZY, la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR) annonce la création d'un "Nouveau Parti
Anticapitaliste" afin de rassembler tous ceux qui se réclament de ce courant.
juin 2007 : réunion de la Direction nationale (DN) de la LCR qui établit les échéances de la constitution du NPA
JUILLET 2007-JANVIER 2008 :
A partir de septembre 2007, se mettent en place des réunions publiques dans toutes la France pour discuter de la mise en place de ce nouveau partis. C'est le
noyau d'origine des "comités d'initiatives pour un NPA" mis en place en 2008.
24-27 janvier 2008 : 17ème Congrès national de la LCR.Adoption à une très forte majorité du lancement du processus de construction
d’un nouveau parti anticapitaliste souhaité par Olivier Besancenot.
> Détail du vote :
- Plate-forme "A" : 83,01 %
- Plate-forme "B" : 14,10 %
- Plate-forme "C" : 2,88 %
DEPUIS FEVRIER 2008 :
Mars 2008 : Elections municipales, dans 114 villes les listes présentées ou soutenues par la LCR ont franchis la barre des 5 % (34 d'entre elles les 10 %)
28-29 juin 2008 : Réunions nationale des Comités NPA en présence d'observateurs de la "Fraction l'Etincelle de LO" et de la "Gauche Révolutionnaire
(GR)" :
1) Echéances pour le NPA :
- l’investissement par le npa de la journée qui lui est réservée au cours de l’Université d’été de la LCR à Port Leucate du 23 au 27 août,
- une nouvelle réunion nationale des comités à l’automne, fin octobre/début novembre,
- un congrès fin janvier 2009, pas trop tôt pour laisser le temps au processus encore en plein développement, pas trop tard parce que les échéances européennes
sont proches et qu’il serait fâcheux qu’à ces élections, il y ait des listes de la LCR et pas des listes du NPA.
2) Création d'un "Comité d'animation national (CAN)" mis en place pour assumer le transfert progressif des tâches qui étaient jusque là assurées
par la direction de la Ligue.
5 juillet 2008 : 1ère réunion du CAN :
"Chacune et chacun aura également noté un début d’élargissement politique du mouvement à des courants ou sensibilités de la gauche radicale ou
révolutionnaire. Le comité d’animation est déterminé à contribuer à l’élargir. C’est pourquoi des courriers sont en cours de rédaction afin de proposer des rencontres unitaires à une série de forces
et mouvements politiques locaux ou nationaux, comme LO, Les Alternatifs, les Motivés, l’Alternative libertaire, des écologistes radicaux…"
25 août 2008 : 2ème réunion du CAN :
"En juillet, un courrier proposant une rencontre à une série d’organisations politiques nationales a été envoyé. Il faudra aussi s’adresser rapidement à des
mouvements locaux comme les Motivé-e-s. A ce jour, le PC, LO, Gauche Unitaire n’ont pas répondu. Alternative libertaire est ok pour une rencontre à la mi-septembre. Les Alternatifs la 1ère semaine de
septembre. La Coordination Nationale des Collectifs Unitaires (gauche Alternative ) 1ère semaine de septembre. Les auteurs de la tribune du Monde, sont ok pour une rencontre attente de proposition de
date."
Calendrier prévu dernier trimestre 2008 :- 14 septembre CAN à
Paris, 9h, Local de LCR, rue Taine. - 27 et 28 réunion salariés publics/privé/privés d’emploi
- 11 et 12 octobre CAN à Paris
- 8 et 9 novembre réunion nationale des comités NPA.
- 31 décembre date limite adhésion au processus d’engagement du NPA
- 17 et 18 janvier 2009 congrès fondateur du NPA
14 septembre 2008 : 3ème réunion CAN :
"La LCR doit se dissoudre et fonder un nouveau parti dans le même temps. La proposition majoritaire consiste en un congrès de dissolution
débutant le jeudi précédent le congrès de constitution du nouveau parti. Les délégué-es au congrès LCR non délégués au congrès de fondation npa pourraient assister au congrès de fondation du NPA
comme observateurs. De même les délégué-es pour le congrès npa pourraient assister au congrès de la lcr en tant qu’observateurs.
Une minorité de la LCR désirerait un congrès de dissolution plus long, par exemple la semaine précédente.
- 29 janvier : dissolution de la ligue
- 30, 31, 1/02 : congrès de fondation du nouveau parti"
11-12 octobre 2008 : 4ème réunion CAN
"Le CAN s’est réuni en plein développement de la crise capitaliste. L’occasion d’analyser ce qui se passe et de discuter des réponses du NPA.
La crise n’est pas celle d’un « mauvais » capitalisme, mais bien celle d’un système tout entier orienté vers la recherche effrénée du profit. À l’heure où des millions de travailleurs, de
jeunes, de chômeurs en prennent la mesure, l’appel au rassemblement des anticapitalistes prend tout son sens. Face à la crise, les tentatives pour moraliser le système, en corriger les défauts, sont
vouées à l’échec."
"Le CAN a fait aussi le point sur les contacts avec d’autres courants. Il a été réaffirmé la volonté de tout faire pour que se rassemblent les
forces de la gauche anticapitaliste. Concrètement, la discussion se poursuit avec les camarades qui ont
signé l’appel dans Le Monde (Clémentine Autain, Luc Boltanski...), avec les Communistes unitaires, avec les Motivés. La fraction
l’Étincelle, minorité de LO, vient d’être exclue de cette organisation. Elle participe positivement au processus en qualité d’observateur. Il s’agit de voir si les camarades souhaitent désormais
prendre toute leur place, ce que tous les participants souhaitent."
"Nous sommes des milliers de travailleur-s-es, des villes et
des campagnes, avec ou sans emploi, avec ou sans papiers, des jeunes, des retraité-e-s, des précaires, des militant-e-s politiques, associatifs, syndicaux, nouveaux ou anciens, en train de
concrétiser ce projet.
Il regroupe aujourd’hui plus de 300 comités et la dynamique se renforce. Elle est le résultat d’une prise de conscience : on ne peut plus laisser faire un système
capitaliste mondialisé qui conduit le monde dans le mur ! Entré dans une crise économique, financière, énergétique, alimentaire dont nul ne peut prédire les conséquences, ce système met plus que
jamais la seule recherche du profit au centre de ses décisions au mépris de millions de vies. Les grands équilibres écologiques sont menacés. Parce qu’il est à la source du problème, le capitalisme,
comme tous les systèmes productivistes, est incapable d’y apporter une solution. Dans un monde où les inégalités se creusent, les émeutes de la faim se généralisent, conséquence de la politique des
grandes puissances impérialistes, des institutions à leur service (FMI, OMC...) et de la spéculation honteuse sur les produits de première nécessité. La guerre « sans limites » décrétée par
Bush et ses alliés dont la France, étend ses horreurs à travers le monde.
Ici, Sarkozy et le Medef multiplient les attaques qui traduisent l’arrogance des puissants. Rarement la politique de la droite a été aussi ouvertement agressive envers
l’immense majorité de la population. Rarement les possédants, les actionnaires, le patronat se sont montrés aussi avides de profits au mépris du bien-être élémentaire des populations. Oui,
l’exaspération est partout, contre la mise en cause des acquis, des solidarités, des services publics, la difficulté à « joindre les deux bouts », contre la dégradation des conditions de
vie et de logement, le racisme et les discriminations, les politiques sécuritaires… Il ne faut pas gaspiller les potentialités de cette exaspération en se prêtant au jeu de dupes du « dialogue
social » avec le gouvernement, par la division, les journées de grève saucissonnées, secteur après secteur. Ici et maintenant, nous pouvons réagir ! Un « tous ensemble » déterminé
et unitaire, la généralisation des luttes et des grèves, voilà ce qu’il faut pour battre le gouvernement et ses contre-réformes !
Pour peser dans ce sens, il faut regrouper nos forces dans un parti qui ne lâche rien, n’abandonne personne. Il n’est pas possible de rassembler dans un même parti ceux
qui veulent en finir avec le capitalisme et ceux qui s’en accommodent. Il n’est pas possible de rassembler dans un même gouvernement ceux qui défendent les droits des travailleurs et ceux qui
défendent le pouvoir des actionnaires, ceux qui veulent rompre avec les politiques libérales et ceux qui les mettent en pratique, ceux qui veulent construire une Europe des travailleurs et les plus
zélés artisans de l’Europe de la libre concurrence et du profit. C’est pourquoi nous voulons un parti totalement indépendant du Parti socialiste, un parti qui défende jusqu’au bout les intérêts de
tous les exploité(e)s.
Nous vous appelons à construire toutes et tous ensemble une gauche qui ne renonce pas, une gauche de combat, anticapitaliste, internationaliste, antiraciste, écologiste,
féministe, révoltée par toutes les discriminations. Pour changer le monde, il nous faut un parti qui se bat jusqu’au bout contre le système, pour la transformation révolutionnaire de la société. La
gauche que nous voulons doit s’organiser à l’échelle internationale et notamment européenne, être présente aux élections sans jamais oublier que ce sont les mobilisations sociales, culturelles et
écologistes qui imposeront le changement.
Avec la mémoire des expériences passées, nous allons élaborer ensemble, en prenant le temps du débat, une nouvelle perspective socialiste démocratique pour le 21ème
siècle. Nous n’avons pas de modèle, et surtout pas les régimes prétendument « communistes » du siècle dernier, mais nous avons des objectifs. En finir avec la dictature que le capital
impose à l’économie et à la société toute entière, pour construire la démocratie la plus large que l’humanité ait jamais connu, où la « main invisible du marché » sera remplacée par des
décisions collectives.
Nous sommes de plus en plus nombreux à vouloir répondre à ce défi. Individus, équipes militantes, courants politiques révolutionnaires, libertaires, communistes,
socialistes, écologistes, antilibéraux, continuons à nous rassembler !… Dans son village, son quartier, son entreprise, son lieu d’étude, chacune, chacun peut et doit apporter, à son rythme, sa
pierre à la construction de cet outil pluraliste et démocratique. La réussite est à notre portée.
A visionner en vidéo... Entretien croisé entre le sociologue Luc Boltanski et le porte-parole de la LCR, Olivier Besancenot. A partir d'une
discussion sur le projet de Nouveau Parti Anticapitaliste, ils abordent la question du rôle de l'Etat, s'interrogent sur le type d'organisation politique à construire et sur la place des
"intellectuels" dans le processus.
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