« Là où on brûle des livres,
on finit aussi par brûler des hommes. »
Heinrich Heine
"Si les islamistes ne représentent qu'une petite minorité des musulmans, leur stratégie éprouvée consiste pourtant à se proclamer les porte-parole de cette communauté large et diversifiée. Multipliant les requêtes au nom de l'islam en invoquant leur droit à la liberté de religion, récusant toute critique qui leur est adressée comme une manifestation d'intolérance et d'islamophobie, ils réussissent ainsi à se faire passer pour les défenseurs de leur foi et à réduire au silence leurs coreligionnaires. Ils tirent même parti de la discrimination dont sont trop souvent victimes les immigrants musulmans pour favoriser un repli communautaire qui leur donne encore plus de pouvoir. Cette stratégie des islamistes, Djemila Benhabib la connaît bien. Elle l'a vue appliquée en Algérie, en France et au Québec, et elle estime qu'il est temps que d'autres voix de culture musulmane se fassent entendre. Elle dénonce donc haut et fort les manoeuvres des islamistes, qu'elle expose ici dans un témoignage solidement documenté, auquel elle donne de touchants accents personnels, parce qu'il remue en elle une histoire encore douloureuse."
"Lorsqu'une fois le fanatisme a gangrené un cerveau, la maladie est presque incurable. Que répondre à un homme qui vous dit qu'il aime mieux obéir à Dieu qu'aux hommes, est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant ?"
Voltaire
Quel est le sens de la décision prise par Olivier Besancenot et la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) de créer le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) ? Peut-elle changer la donne à gauche ? Comment s’articule-t-elle au bouillonnement des autres foyers de la gauche radicale, également anticapitalistes, mais dont beaucoup récusent l’organisation en « parti » ?
Philippe Pignarre restitue les fruits de son enquête auprès des dirigeants et des militants du NPA. Intellectuel engagé, ancien membre de la LCR, il remet en perspective les débats – notamment sur la place du marxisme – qui accompagnent la création du NPA. Il montre comment ses initiateurs ont abandonné la conception avant-gardiste de Lénine et Trotski : le nouveau parti devra apprendre non plus à faire de la pédagogie pour « élever le niveau de conscience des masses », mais, bel et bien, de la politique.
Sa réussite ou son échec dépendront moins de sa tactique électorale et de ses rapports avec le Parti socialiste – comme le croient la plupart des observateurs – que de sa capacité à fusionner dans la
même organisation l’expérience des militants ouvriers rompus aux luttes syndicales, hantés par la grève générale, et celle des activistes, souvent jeunes, qui expérimentent les moyens de mettre des
grains de sable dans la machinerie capitaliste.
Comme naguère Jean-Jacques Rousseau dénonçait le scandale d’une société fondée sur l’inégalité, avec la même clarté, et un bonheur d’écriture que seule peut inspirer la passion du juste, Aimé Césaire prend ses distance par rapport au monde occidental et le juge. Ce discours est un acte d’accusation et de libération. Sont assignés quelques ténors de la civilisation blanche et de son idéologie mystifiante, l’Humanisme formel et froid. En pleine lumière sont exposées d’horribles réalités : la barbarie du colonisateur et le malheur du colonisé, le fait même de la colonisation qui n’est qu’une machine exploiteuse d’hommes et déshumanisante, une machine à détruire des civilisations qui étaient belles, dignes et fraternelles. C’est la première fois qu’avec cette force est proclamée, face à l’Occident, la valeur des cultures nègres. Mais la violence de la pureté du cri sont à la mesure d’une grande exigence, ce texte chaud, à chaque instant, témoigne du souci des hommes, d’une authentique universalité humaine. Il s’inscrit dans la lignée de ces textes majeurs qui ne cessent de réveiller en chacun de nous la générosité de la lucidité révolutionnaires.
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Publié en 1955, le Discours sur le colonialisme fit scandale puis devint un des classiques de la littérature des nations colonisées en lutte pour leur indépendance et leur dignité. Chacune des lignes de ce pamphlet fait éclater avec force que l'oppression et la haine, le racisme et le fascisme non seulement demeurent mais croissent avec une vigueur nouvelle. Si le temps de l'histoire opère à l'égard de ce texte un effet d'éloignement ou de distanciation, son actualité la plus essentielle est de désigner la barbarie occidentale comme une part constitutive de sa civilisation même. Acte d'accusation et de libération, le Discours témoigne en même temps du souci des hommes et d'une authentique universalité humaine.
Le capitalisme est malade. Les anticapitalistes ne sont plus les seuls à le diagnostiquer. I y a encore quelques mois, les tenants du nouvel ordre mondial n'avaient pas de mots assez flatteurs pour vanter les mérites indépassables de l'économie de marché. Si c'est la soupe à la grimace pour tous ceux patrons, banquiers et spéculateurs qui ont vu leurs avoirs fondre comme neige au soleil, la situation est autrement dramatique pour nous, simples citoyens salariés. Le monde est entré en récession à l'automne 2008. Chacun sait, chez les travailleurs, les retraités, les chômeurs, au sein des familles, que des nuages noirs s'accumulent à l'horizon, et que nous allons payer la débâcle du système. L'exaspération sociale gronde. Elle peut gronder plus fort encore à la base de la société. Au sommet, dans les sphères économiques et politiques, les stratèges du capital ne sont pas d'accord entre eux. Mais le président. Sarkozy et le Medef' s'entendent à continuer leur casse sociale... Pour nous, pas d'hésitation: nous combattons le modèle défaillant de la contre-réforme néolibérale. Renverser le capitalisme, nous le voulons. Pour bâtir une nouvelle société, solidaire et réellement démocratique, nous sommes déterminés à ne plus subir, à nous regrouper et à prendre parti.
Zéro espace, zéro choix, zéro boulot : tel est, selon Naomi Klein, la société issue de la mondialisation et du règne des marques. La ville est envahie par la publicité, les marques influencent notre personnalité. Les années quatre-vingt-dix ont marqué un tournant dans la conception même de la marque : les entreprises ne vendent plus des objets mais des concepts. Résultat : les budgets et l'énergie de l'entreprise sont centrés sur le branding. La production, elle, devient secondaire et est délocalisée dans le tiers-monde. Alors comment réagir ? Puisque les États semblent impuissants, boycotts, manifestations anti-mondialisation, information des consommateurs semblent être les seules armes des citoyens.
" Entre nous, ce n'est pas parce qu'un président est élu que, pour des gens d'expérience comme nous, il se passe quelque chose. J'en ai assez dit sur le vote pour que vous sachiez que s'il s'est en effet passé quelque chose, on ne trouvera pas ce dont il s'agit dans le registre de la pure succession électorale. [...] On s'expérimente un peu aveugle, légèrement incertain, et finalement quelque peu dépressif. Oui, chers amis, je flaire dans cette salle une odeur de dépression. Je pose alors que Sarkozy à lui seul ne saurait vous déprimer, quand même ! Donc, ce qui vous déprime, c'est ce dont Sarkozy est le nom. Voilà de quoi nous retenir : la venue de ce dont Sarkozy est le nom, vous la ressentez comme un coup que cette chose vous porte, la chose probablement immonde dont le petit Sarkozy est le serviteur. "
Alain Badiou
Ce livre raconte le quotidien d’un officier SS des premiers jours de la campagne de Russie de 1941 à la chute de Berlin au printemps 45...
Malgré les polémiques qui ont entouré ce livre, il faut le lire pour découvrir la "banalité" du mal... les méchanismes de l'horreur...
Ce roman extrêmement bien documenté se lit comme un livre d'histoire... même s'il est vrai que cela donne la nausée de se retrouver dans la peau d'un bourreau...
LES BIENVEILLANTES par Jonathan Littell
Editeur Folio
Michel
Pour la première fois, la stupéfiante montée de l'hitlérisme en Allemagne est décrite et expliquée sur un plan strictement local. Comme un savant penché sur son microscope, William Sheridan Allen a analysé, jour après jour, dans leurs moindres détails, tous les événements qui se sont passés dans une petite ville allemande de 1930 à 1935. Interrogeant des centaines de témoins, dépouillant les journaux locaux et les archives de la ville, l'auteur a démonté les rouages du mécanisme implacable qui a conduit à la transformation du Reich, au dépérissement de la démocratie et au triomphe de la dictature. Cette étude, profondément originale, dépeint la facilité avec laquelle quelques hommes sans scrupule peuvent imposer leur loi à une nation entière, montre comment, lentement, insidieusement mais sûrement, on devient nazi.
L'origine de 1984 est connue : militant de gauche violemment opposé à la dictature soviétique, George Orwell s'est inspiré de Staline pour en faire son "Big Brother", figure du dictateur absolu et du fonctionnement de l'URSS des années trente pour dépeindre la société totalitaire ultime. Mais Orwell n'oublie pas de souligner que les super-puissances adverses sont elles aussi des dictatures...
Ce qui fait la force du roman, outre son thème, c'est la richesse des personnages, qu'il s'agisse du couple qui se forme, malgré la morale étroite du Parti, ou même du policier en chef qui traque les déviants, ex-opposant lui-même, passé dans les rangs du pouvoir... C'est aussi cette "novlangue", affadie et trompeuse, destinée aux "proles", et ces formules de propagande ("L'ignorance, c'est la force") scandées par des foules fanatisées et manipulées.
1984 est un livre-phare, apologie de la liberté d'expression contre toutes les dérives, y compris celles des sociétés démocratiques. --Stéphane Nicot
"J'espère que vous serez indulgent avec moi..."
Juin 2001, les journalistes découvrent pour la première fois un jeune homme au visage joufflu, habillé en jean et baskets.
Cet inconnu, c'est Olivier Besancenot, tout juste vingt-sept ans et déjà candidat à l'élection présidentielle. Sept ans plus tard, le militant révolutionnaire est devenu l'une des personnalités de gauche les plus populaires. L'une des plus redoutées aussi. Un hasard ? Pas tout à fait. Militant dans l'âme, le facteur est un surdoué du débat politico-médiatique. Mais, décidément, Besancenot dit "Lucien" ne se réduit pas à l'image éculée d'un "produit marketing" conçu en laboratoire trotskiste.
De sa première grève lycéenne en 1990 aux élections présidentielles de 2002 et 2007, du "Tous ensemble ! Tous ensemble !" de 1995 à la mobilisation contre le CPE en 2006, son parcours renvoie aux échecs et aux succès d'un mouvement ouvrier en quête d'espérance.
Son dernier pari : la création d'un nouveau parti anticapitaliste. L'ultime coup de poker d'un homme politique qui, bien qu'entouré d'un épais mystère, peut être considéré comme l'un des plus brillants de sa génération.
Agriculteur du Larzac, José Bové s'est rendu célèbre en démontant un restaurant McDonald's à Millau. Cette action symbolique visait à dénoncer la "malbouffe", résultat d'une agriculture productiviste encouragée par l'Union européenne et d'une mondialisation indifférente aux spécificités culturelles et à la qualité des échanges.
Le monde n'est pas une marchandise est le récit du combat des agriculteurs modernes qui refusent la surproduction et le règne d'une alimentation sans goût. Il fait le point sur les propositions du syndicat la Confédération paysanne afin de favoriser une croissance durable : produire mieux, lutter contre la désertification des campagnes et préserver les ressources naturelles. Ce combat n'est pas celui des seuls paysans. Il implique déjà les citoyens mobilisés contre les OGM et soucieux de changer leurs modes de consommation.
Loin des actions d'éclat relayées par les médias, cet ouvrage permet une pause propice à la réflexion prospective à laquelle chacun est convié. Le civisme, qu'on se le dise, commence par le choix du contenu de son assiette ! --Paul Klein
"La paix est le seul combat qui vaille d'être mené."
Albert Camus
J. E. Hoover est embauché par le «Bureau d'investigation» au lendemain de la Première Guerre mondiale. Sans délai, il se consacre à la chasse aux communistes, qui demeurera, toute sa vie,
sa hantise. Nommé directeur en 1924, il sera le patron du FBI jusqu'à sa mort, le 2 mai 1972.
Les Etats-Unis lui «doivent» le laboratoire le plus moderne du monde, un archivage d'empreintes digitales qui englobait, au terme de sa carrière, 159 millions d'individus. Il a traqué toutes les
«sarcières» possibles et imaginables, privilégiant les cibles en vue et ne négligeant aucun recoin de leur vie privée.
J. E. Hoover a servi huit présidents qui, tous, l'ont craint et ménagé. Celui qu'il haïssait le plus, J. F. Kennedy, n'osait s'attaquer à lui tant le dossier de ses frasques sexuelles était fourni.
Hoover se passionnait pour les déviances idéologiques ou intimes, mais il combattait fort peu les gangsters et ne dédaignait point de jouer aux courses. On apprendra ici que ce puritain conservateur
cachait un homosexuel honteux.
Avec un réalisme féroce, Anthony Summers nous fait revivre cinquante ans d'histoire américaine. Commentant son livre, Norman Mailer a écrit : «Hoover a fait plus de mal aux Etats-Unis que Joseph
Staline...»
Dans une première partie, sont décrites son enfance et sa jeunesse douloureuses, son entrée dans l'armée, la démobilisation bientôt suivie de la misère. Dans la seconde partie, très bien documentée, nous voyons un Waffen SS nommé commandant d'Auschwitz, où il reste jusqu'en 1943. Cet homme, pour qui rien n'est plus important que le respect aveugle des décisions de l'autorité, y met en place l'organisation de la "solution finale". C'est lui qui a l'idée d'employer le Zyklon B comme moyen d'extermination de masse. Le roman de Robert Merle est une œuvre puissante et terrifiante qui montre jusqu'où peut aller un homme, ni violent, ni bien méchant à priori, mais qui a un sens du devoir exacerbé.
A méditer...
"On ne peut prétendre que quelques belles pages peuvent à elles seules changer la face du monde. L'œuvre de Dante tout entière n'a pas suffi à rendre un saint empereur romain aux Communes italiennes. Toutefois, lorsque l'on parle de ce texte que fut le Manifeste du parti communiste publié par Marx et Engels en 1848 et qui a, indéniablement, exercé une influence considérable sur deux siècles d'histoire, je pense qu'il faut le relire du point de vue de sa qualité littéraire ou, du moins, de son extraordinaire structure rhétorique et argumentative."
Umberto Eco
Après la perte d'un être cher, bien des écrivains sont tentés de retracer, pour l'exorciser, l'histoire du cauchemar qu'ils viennent de traverser. Mais ce livre est exceptionnel. Du jour où il est évident que Else va mourir bientôt, commence vraiment, pour elle et son mari, une nouvelle et étrange période de bonheur. C'est le sommet de leur amour, le moment où ils s'aiment le mieux et où ils revivent tout ce que leur rencontre leur a apporté.
Après Stirner, Proudhon et Bakounine, Pierre Kropotkine poursuit le grand rêve libertaire : ce prince russe devenu géographe de renom se fait le généalogiste d'une morale anarchiste qui dénonce les fausses morales imposées depuis des lustres par " le prêtre, le juge, le gouvernant ". Avec La Morale anarchiste (1889), livre virulent et raisonné, il montre que seul l'instinct d'entraide est le dépositaire des valeurs humaines à construire.
Implantée dans 46 pays, monsanto est devenue le leader mondial des OGM, mais aussi l’une des entreprises les plus controversées de l’histoire industrielle avec la production de PCB (pyralène), d’herbicides dévastateurs (comme l’agent orange pendant la guerre du Viêt-nam) ou de l’hormone de croissance bovine (interdite en Europe). S’appuyant sur des documents inédits, des témoignages de victimes, de scientifiques, ce livre reconstitue la genèse d’un empire industriel qui, à grand renfort de rapports mensongers, de collusions avec l’administration nord-américaine, de pressions et tentatives de corruption, est devenu le premier semancier du monde.
" Le droit du licenciement doit être assoupli ", " les 35 heures n'ont pas profité aux salariés ", " les charges sociales sont trop lourdes ", " les fonctionnaires sont des privilégiés", " à terme, on ne pourra plus financer les retraites ", etc. Telles sont quelques-unes des idées reçues qui dominent le débat public sur le travail en France. En dix réponses critiques, chiffres à l'appui, Gérard Filoche bat ici en brèche ces préjugés distillés par la vulgate néolibérale pour tenter de liquider un siècle de conquêtes sociales et justifier une vaste offensive contre les droits de la majorité écrasante - plus de 90 % - de la population active : les salariés. Le salariat représente une puissance sociale dont il n'a pas conscience, face à une organisation patronale qui s'efforce par tous les moyens de le diviser pour faire régner l'ordre du marché. Pourtant - les exemples récents des grèves de 1995 et de la mobilisation contre le contrat première embauche en 2006 l'ont bien montré -, c'est en s'unifiant autour de la défense du Code du travail, des salaires, des horaires et des statuts que l'on pourra agir sur les conditions de l'emploi et la redistribution des richesses.
Gérard Filoche, militant syndical et socialiste, est inspecteur du travail.
Solidarité avec Gérard Filoche
Inspecteur du travail mis en examen
dans l’exercice de ses missions !
La place du travail au sein de la société n est ni une évidence, ni une fatalité. La prédominance de la « valeur travail » est une exception historique née du développement du capitalisme et de l impératif de croissance qu il implique. Sous peine d enfermer chacun dans ce bagne doré qu est la société de surconsommation et de surproduction, le culte du travail doit impérativement être remis en cause. Au-delà de tout choix de société et de toute orientation politique, chaque individu doit pouvoir décider librement de la place qu il entend accorder au travail dans son existence. Dans cette optique, la création d un revenu de citoyenneté, qui répond à un idéal de justice sociale, prend tout son sens. Même si cette idée n est pas neuve - Thomas More y faisait déjà allusion au XVIe siècle - le revenu de citoyenneté s appuie sur une justification philosophique forte, fondée sur la reconnaissance de l utilité sociale de chaque membre de la société et de l intérêt qu a cette société à soutenir et promouvoir la richesse sociale que chacun contribue à créer.
L'alerte a été lancée par les scientifiques : un profond changement climatique est en train de s'accomplir, qui inquiète les populations. Ces prévisions alarmantes obligent les hommes politiques et les pouvoirs économiques à se positionner. Dans l'esprit de bon nombre de citoyens, il serait temps de passer à une phase qui marquerait une rupture réelle avec la société productiviste négatrice de l'environnement. Or, dans l'esprit des dirigeants, il est au contraire temps de tirer profit de la crise environnementale. De fait, la finance s'est déjà emparée de la crise environnementale et la "valorise". Derrière les émissions de CO2 que tout le monde ou presque affirme vouloir diminuer, dans le cadre du fameux protocole de Kyoto, a été taillée sur mesure une "solution" pour les industriels et les investisseurs : le boursicotage des " droits à polluer". Comme si le marché était à même de remplir les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre... Nouvel étage de la finance internationale, des marchés où s'échangent les "droits à polluer" sont depuis peu en activité. Plus de dix ans après l'entrée en vigueur de Kyoto, il est crucial d'analyser les conséquences de la "finance carbone". L'auteur décrit pour la première fois les coulisses d'un secteur émergent, promis à un avenir radieux, jusqu'aux krachs certains : spéculatif et écologique.
Aurélien Bernier membre d'Attac France jusqu'en 2007, président de l'association Inf'OGM, secrétaire national du Mouvement politique d'éducation populaire (M'PEP).
Un autre monde est possible, il est indispensable, il est à notre portée. Le capitalisme, après un règne de deux cents ans, s'est métamorphosé en entrant dans une phase mortifère : il génère tout à la fois une crise économique majeure et une crise écologique d'ampleur historique. Pour sauver la planète, il faut sortir du capitalisme, en reconstruisant une société où l'économie n'est pas reine mais outil, où la coopération l'emporte sur la compétition, où le bien commun prévaut sur le profit. Dans un récit original, l'auteur explique comment le capitalisme a changé de régime depuis les années 1980 et a réussi à imposer son modèle individualiste de comportement, marginalisant les logiques collectives. Pour en sortir, il faut prioritairement se défaire de ce conditionnement psychique. L'oligarchie cherche à détourner l'attention d'un public de plus en plus conscient du désastre imminent en lui faisant croire que la technologie pourrait surmonter l'obstacle. Cette illusion ne vise qu'à perpétuer le système de domination en vigueur. Comme l'illustre la démonstration ancrée dans la réalité et animée de nombreux reportages, l'avenir n'est pas dans la technologie, mais dans un nouvel agencement des relations sociales. Ce qui fera pencher la balance, c'est la force et la vitesse avec lesquelles nous saurons retrouver l'exigence de la solidarité.
"Ils avaient dix-sept ou vingt-cinq ans. Se prénommaient Gaston, Louis, René. Ils étaient palefreniers, boulangers, colporteurs, bourgeois ou ouvriers. Ils devinrent soudainement artilleurs, fantassins, brancardiers...
Voyageurs sans bagage, ils durent quitter leurs femmes et leurs enfants et revêtir l'uniforme mal coupé, chausser les godillots cloutés...
Sur huit millions de mobilisés entre 1914 et 1918, plus de deux millions de jeunes hommes ne revirent jamais le clocher de leur village natal. Plus de quatre millions subirent de graves blessures..
Huit mille personnes ont répondu à l'appel de Radio France visant à collecter les lettres, jusqu'ici éparpillées, de ces Poilus. Cet ouvrage en présente une centaine. Des mots écrits dans la boue et qui n'ont pas vieilli d'un jour.
Des mots déchirants, qui devraient inciter les générations futures au devoir de mémoire, au devoir de vigilance comme au devoir d'humanité..."
La consommation est devenue la morale de notre monde. Elle est en train de détruire les bases de l'être humain, c'est-à-dire l'équilibre que la pensée européenne, depuis les Grecs, a maintenu entre les racines mythologiques et le monde du logos. L'auteur précise : « Comme la société du Moyen Âge s'équilibre sur la consommation et sur le diable, ainsi la nôtre s'équilibre sur la consommation et sur sa dénonciation. »
Conçu sous forme de brèves analyses et thèses, Nous qui désirons sans fin fait l'examen critique d'une société marchande en déclin et d'une société vivante appelée à la dépasser. Le capitalisme mondial n'est plus qu'un système parasitaire déterminant l'existence d'une bureaucratie où le politique est aux ordres d'une pratique usuraire. Toute l'organisation sociale est ainsi menacée jusque dans sa contestation qui, ne cherchant d'autre solution en dehors de l'économie d'exploitation, se dégrade avec elle. Cependant, si nous ne voulons plus d'une civilisation qui a tourné toutes ses espérances vers la mort, nous ne voulons pas davantage d'une société où la vie est perçue à travers l'optique de la rentabilité. Comment empêcher les désirs de devenir leur contraire ? Comment les dépouiller du négatif dont les a revêtus une tradition séculaire ? Comment savoir ce que l'on veut et vouloir ce que l'on sait ? La réponse est en chacun dès l'instant où il lui importe avant tout de renaître à ce qu'il a en lui de plus vivant.
Philosophes du socialisme naissant, fondateurs des premiers groupes anarchistes, Proudhon, Bakounine et Kropotkine furent des révolutionnaires déterminés, comme le montrent les biographies présentées dans ce livre. Authentiques penseurs et hommes d'action, ils ont joué chacun en leur temps un rôle éminent dans l'organisation des luttes internationales contre l'oppression religieuse, la dictature politique et l'exploitation économique.
Réunis par thèmes pour la première fois, 140 textes de ces trois auteurs peuvent être lus comme les éléments à la fois originaux et complémentaires d'une pensée philosophique et politique solidement
construite.
Redonner à lire, en ce début de XXIe siècle, la cohérence et la radicalité de la réflexion des fondateurs du communisme libertaire ; recréer les conditions d'un dialogue constructif entre tous les
courants désireux de rassembler leurs forces pour construire une alternative crédible au capitalisme contemporain ; tels sont les objectifs théoriques et pratiques de cet ouvrage.
La jeune Berlinoise qui a rédigé ce journal, du 20 avril 1945 - les Soviétiques sont aux portes - jusqu'au 22 juin, a voulu rester anonyme, lors de la première publication du livre en 1954, et après. À la lecture de son témoignage, on comprend pourquoi.
Sur un ton d'objectivité presque froide, ou alors sarcastique, toujours précis, parfois poignant, parfois comique, c'est la vie quotidienne dans un immeuble quasi en ruine, habité par des femmes de
tout âge, des hommes qui se cachent : vie misérable, dans la peur, le froid, la saleté et la faim, scandée par les bombardements d'abord, sous une occupation brutale ensuite. S'ajoutent alors les
viols, la honte, la banalisation de l'effroi.
C'est la véracité sans fard et sans phrases qui fait la valeur de ce récit terrible, c'est aussi la lucidité du regard porté sur un Berlin tétanisé par la défaite. Et la plume de l'auteur anonyme
rend admirablement ce mélange de dignité, de cynisme et d'humour qui lui a permis, sans doute, de survivre.
Le Journal d'Anne Frank est le document le plus lu dans le monde après la Bible. Voici la première biographie complète de cette adolescente devenue une figure mythique. Sur une toile de font dramatique - la guerre, la chasse aux Juifs -, c'est toute l'histoire d'Anne Frank que raconte Carol Ann Lee : de sa naissance à Francfort en 1929 jusqu'à son décès en 1945, après avoir subi l'humiliation et les pires souffrances dans les camps d'extermination d'Auschwitz et de Bergen-Belsen. Partie des Journaux et des récits d'Anne Frank, et avec l'aide du seul parent proche encore en vie - qui préside le Fonds Anne Frank -, l'auteur a interrogé tous les témoins et survivants, épluché les correspondances privées, fouillé les archives en grande partie inédites, pour arracher son héroïne aux clichés et lui donner sa pleine stature de jeune fille espiègle et sauvageonne, mais aussi d'écrivain en herbe en révolte contre le monde des adultes.