Le Camp Action Climat vous appelle à rejoindre la lutte contre le système capitaliste responsable du changement climatique et du chaos social et humain qui en
résulte !
SONDAGE
Pétition en soutien à Charles Hoareau et contre la criminalisation du mouvement social et de la résistance
syndicale.
Signer la pétition contre la ligne THT Cotentin-Maine
"EN MODIFIANT LE GENOME DES PLANTES ET EN CONTROLANT LE COMMERCE DES SEMENCES GENETIQUEMENT MODIFIEES, LES FIRMES QUI LES PRODUISENT ESPERENT DETENIR L'ARME
ALIMENTAIRE ULTIME. DERRIERE CETTE CAPACITE A AFFAMER LA PLANETE EN PRETENDANT LA NOURRIR, UN PROJET GLOBAL DE SOCIETE TOTALITAIRE SE DESSINE, QUI DEPASSE LES LES VEGETAUX ET LES ANIMAUX POUR
S'ATTAQUER A L'HUMAIN."
Philippe GODARD, essayiste
Bulletin d'information sur les OGM n°23 mai-juin 2009
L’une des manières de percevoir l’inconséquence de notre monde et des hommes qui le font pourrait être le dévoilement de crimes de masse que la Justice ignore en renonçant encore à les
qualifier. Ces crimes sont perpétrés, au nom d’organisations légales puissantes, par des hommes au pouvoir d’autant plus exorbitant qu’il est non démocratique. Des hommes tantôt persuadés
d’agir pour la défense de l’intérêt général, tantôt agissant pour la sauvegarde d’intérêts particuliers inavoués. Il n’est pas très difficile, à partir de l’exemple du complexe nucléaire
mondial, de comprendre que l’intérêt de l’Humanité est menacé par ces formes méconnues du crime organisé.
Depuis 1959, un accord « secret » passé entre l’OMS (Organisation mondiale de la santé) et l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) ; appartenant toutes deux à
l’ONU, empêche toute prise de position officielle sur le sujet du nucléaire qui ne serait pas avalisée conjointement par les deux organisations. C’est ainsi que l’OMS s’interdit de faire
réaliser des études scientifiques permettant de mesurer l’impact sanitaire de l’exposition des hommes aux radionucléides et se dispense également de rendre publics les résultats d’études
partielles pourtant nombreuses existant sur le sujet. Pour l’OMS, la catastrophe de Tchernobyl n’a fait que 56 morts parmi les liquidateurs et 4 000 morts au sein des populations voisines
de la centrale dont l’un des réacteurs a explosé en avril 1986. Des études scientifiques indépendantes estiment quant à elles que 10% des liquidateurs sont morts dans les années qui ont
suivi l’accident et que 30% d’entre eux sont désormais invalides. Des estimations crédibles chiffrent à un million le nombre de ces liquidateurs, surtout de jeunes hommes, envoyés sur les
lieux de la catastrophe afin d’arrêter l’incendie, d’enfouir le réacteur sous des milliers de tonnes de sable, de décontaminer la zone. Ce serait donc 100 000 de ces hommes qui auraient
péri en raison directe de l’accident. S’agissant des populations exposées sur un périmètre étendu toujours contaminé aujourd’hui, le décalage entre les chiffres officiels de l’OMS et la
réalité du drame humain est, lui aussi, immense. Ces populations consomment des denrées alimentaires produites dans ce périmètre et continuent ainsi de s’empoisonner au quotidien
vingt-cinq ans après la catastrophe. Que la vie de millions d’hommes, de femmes et d’enfants soit sacrifiée sur l’autel des intérêts du lobby nucléaire est intolérable. Qu’en l’occurrence
l’OMS ne s’acquitte pas de la mission pour laquelle elle fut créée est assurément criminel.
Depuis cinquante ans, ce deal incroyable entre deux organisations supranationales majeures empêche la première nommée – au moins dans le domaine concerné ici – de remplir la mission qui
fonde son existence, à savoir la santé des populations exposées à des risques avérés, tandis que la seconde dispose de toute la latitude voulue pour défendre les intérêts du complexe
nucléaire tant civil que militaire. Le double objectif non avoué de l’AIEA est de dissimuler le désastre sanitaire du recours au nucléaire – comme moyen d’armement ou comme source
d’énergie – et d’entraver toute possibilité de débat sur la pertinence du développement de cette « surpuissance » beaucoup moins bien maîtrisée qu’on ne le prétend. Ainsi, on ne
connaît pas l’impact réel des essais atomiques perpétrés en divers points du Globe durant des décennies. Les « irradiés du Pacifique » ne sont pas dupes mais officiellement
toutes les mesures de protection maximale avaient été mises en œuvre. Une autre précaution avait été prise comme un aveu caché : la Polynésie a bénéficié de subsides compensatoires
de l’État afin de favoriser son développement économique de l’époque. Ainsi encore, on se garde bien de mesurer l’impact sanitaire sur les travailleurs exposés dans l’exploitation par
Areva des mines d’uranium du Niger. On pourrait dresser une liste longue des occasions nécessitant la constatation du malheur que constitue la rencontre des hommes avec diverses
applications nucléaires. Au sein de l’AIEA, trois pays exercent une influence majeure : les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France. Ce socle paraît pour le moment inébranlable.
C’est toute la crédibilité de l’énergie d’origine nucléaire qui en dépend.
Depuis trois ans des hommes et des femmes se postent par groupes de trois, de 8 heures à 18 heures les jours de travail, été comme hiver, devant le bâtiment de l’OMS à Genève. Ils
réclament la rupture du scandaleux contrat afin de délivrer l’OMS de son silence et de son impuissance criminelle. Ils se nomment les vigies d’Hippocrate. Certains salariés de
l’organisation leur demandent de tenir bon ; beaucoup semblent indifférents. Tous les voient, jour après jour, avec leurs pancartes explicites. Le geste opiniâtre de ces lanceurs
d’alerte est évidemment beaucoup plus que symbolique. Un jour viendra où la duperie monstrueuse sciemment organisée sera officiellement dénoncée. Ils en sont convaincus ces citoyens
éveillés. Ne les laissons pas seuls.
Aujourd’hui notre Terre Mère est blessée et le futur de l’Humanité est en danger. Avec l’augmentation de la température globale de plus de 2°C, à laquelle le dénommé « Accord de
Copenhague » risquerait de nous conduire, il y a 50% de chances que les dommages provoqués à notre Mère Terre soient totalement irréversibles. 20 à 30% des espèces seraient en danger
de disparition. De grandes étendues de forêts seraient affectées, les sécheresses et inondations toucheraient diverses régions du monde, les déserts s’étendraient et la fonte des pôles et
des glaciers des Andes et de l’Himalaya s’aggraverait. De nombreux États insulaires disparaîtraient et l’Afrique subirait une hausse de température de plus de 3°C. De ce fait la
production d’aliments dans le monde réduirait, entraînant des effets catastrophiques pour la survie des habitants de vastes régions de la planète, et le nombre de personnes souffrant de
la famine croîtrait de manière dramatique dans le monde, alors qu’il dépasse déjà le nombre de 1.020 millions de personnes.
Les multinationales et les gouvernements des pays dits « les plus développés », avec la complicité d’une frange de la communauté scientifique, nous imposent de discuter du
changement climatique comme d’un problème réduit à l’augmentation de la température, sans se poser la question de la cause, qui est le système capitaliste.
Nous sommes confrontés à la crise finale du système de la civilisation patriarcale basée sur la soumission et la destruction des êtres humains et de la nature, qui s’est accélérée avec la
révolution industrielle.
Le système capitaliste nous a imposé une logique de compétences, de progrès et de croissance illimitée. Ce régime de production et de consommation recherche le gain sans limites, séparant
ainsi l’être humain de la nature, établissant une logique de domination sur celle-ci, transformant tout en marchandise : l’eau, la terre, le génome humain, les cultures ancestrales,
la biodiversité, la justice, l’éthique, les droits des peuples, la mort et la vie elle-même.
Sous le capitalisme, le Terre Mère se transforme en une simple source de matières premières, et les êtres humains en moyens de production et en consommateurs, en personnes qui comptent
pour ce qu’ils ont et non pour ce qu’ils sont.
Le capitalisme demande une puissante industrie militaire pour son processus d’accumulation et le contrôle des territoires et des ressources naturelles, réprimant la résistance des
peuples. Il s’agit d’un système impérialiste de colonisation de la planète.
L’Humanité est face à une grande alternative : continuer sur la voie du capitalisme, du pillage et de la mort, ou s’engager sur le chemin de l’harmonie avec la nature et le respect
de la vie.
Nous avons besoin de forger un nouveau système qui rétablisse l’harmonie avec la nature et entre les êtres humains. Il ne peut y avoir d’équilibre avec la nature que s’il y a équité entre
les êtres humains.
Nous proposons aux peuples du monde de récupérer, revaloriser et renforcer les connaissances, les savoirs et les pratiques ancestrales des Peuples Indigènes, affirmés dans le vécu et la
proposition de « Bien Vivre », reconnaissant à la Terre Mère comme un être vivant, avec lequel nous avons une relation indissoluble, une relation d’interdépendance, de
complémentarité complémentaire et une relation spirituelle.
Pour affronter le changement climatique nous devons reconnaître la Terre Mère comme source de la vie et forger un nouveau système basé sur les principes :
- de l’harmonie et l’équilibre entre tous et avec tout - de la complémentarité, la solidarité et l’équité - du bien-être collectif et la satisfaction des besoins fondamentaux de tous en
harmonie avec la Terre Mère - du respect des Droits de la Terre Mère et des Droits de l’Homme - de la reconnaissance de l’être humain pour ce qu’il est et non pour ce qu’il a - de
l’élimination de toute forme de colonialisme, d’impérialisme et d’interventionnisme - de la paix entre les peuples et avec la Terre Mère.
Le modèle que nous demandons n’est pas un modèle de développement destructeur ni illimité. Les pays ont besoin de produire des biens et des services pour satisfaire les besoins
fondamentaux de leurs populations, mais ils ne peuvent en aucun cas continuer sur cette voie du développement dans laquelle les pays les plus riches ont une empreinte écologique cinq fois
plus grande que ce que la planète est capable de supporter. A ce jour on a déjà dépassé de plus de 30% la capacité qu’a la planète de se régénérer. A ce rythme de surexploitation de notre
Terre Mère on aura besoin de deux planètes en 2030.
Dans un système d’interdépendances dont les êtres humains constituent une composante, il n’est pas possible de reconnaître des droits à la seule partie humaine sans provoquer un
déséquilibre de tout le système. Pour garantir les droits humains et rétablir l’harmonie avec la nature, il est nécessaire de reconnaître et d’appliquer effectivement les droits de la
Terre Mère.
Pour ce faire nous proposons le projet ci-joint de Déclaration Universelle des Droits de la Terre Mère, dans laquelle seraient consignés :
Le droit à la vie et à l’existence ;
Le droit d’être respectée ;
Le droit à la continuation de ses cycles et processus vitaux sans altération humaine ;
Le droit à maintenir son identité et intégrité comme être différencié, auto-régulé et interagissant ;
Le droit à l’eau comme source de vie ;
Le droit à un air propre ;
Le droit à la santé intégrale ;
Le droit d’être à l’abri de la contamination et de la pollution, des déchets toxiques et radioactifs ;
Le droit de ne pas être altérée génétiquement et modifiée dans sa structure, menaçant ainsi son intégrité ou fonctionnement vital et sain ;
Le droit à une restauration pleine et rapide des violations aux droits reconnus dans cette Déclaration causés par les activités humaines.
L’orientation que nous partageons est de stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre pour rendre effectif l’Article 2 de la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement
Climatique qui détermine « la stabilisation des concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui empêche les interférences anthropogéniques dangereuses pour
le système climatique ». Notre vision est d’exiger, sur la base du principe des responsabilités historiques communes mais différenciées, que les pays développés s’engagent sur des
objectifs quantifiés de réduction des émissions qui permettent de faire revenir les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à 300 ppm, et ainsi limiter l’augmentation de
la température moyenne globale à un niveau maximum de 1°C.
Mettant en exergue la nécessité d’une action urgente pour réaliser ces orientations et, avec le soutien des peuples, des mouvements et des pays, les pays développés devront s’engager sur
des buts ambitieux de réduction des émissions, qui permettent d’atteindre les objectifs à court terme et maintenant notre orientation en faveur de l’équilibre du système climatique de la
Terre, en accord avec l’objectif ultime de la Convention.
La « Vision partagée » pour « l’Action Coopérative sur le Long Terme » ne doit pas se réduire, dans la négociation sur le changement climatique, à définir la limite de
l’augmentation de température et la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, elle doit aussi comprendre de façon intégrale et équilibrée un ensemble de mesures
financières, technologiques, d’adaptation, de développement des capacités, de modèles de production, de consommation et d’autres éléments essentiels comme la reconnaissance des droits de
la Terre Mère pour rétablir l’harmonie avec la nature. Les pays développés, principaux responsables du changement climatique, assumant leurs responsabilités passées et présentes, doivent
reconnaître et honorer leur dette climatique dans toutes ses dimensions, comme étant la base pour une solution juste, effective et scientifique au changement climatique. Dans ce cadre
nous exigeons des pays développés qu’ils :
Rendent aux pays en
développement l’espace atmosphérique qui est occupé par leurs émissions de gaz à effet de serre. Cela passe par la décolonisation de l’atmosphère via la réduction et l’absorption de leurs
émissions.
Assument les coûts et les
besoins de transfert de technologie des pays en développement dus à la perte de chance de se développer causée par le fait de vivre dans un espace atmosphérique restreint.
Prennent la responsabilité des
centaines de millions de personnes qui devront migrer du fait du changement climatique qu’ils ont provoqué et qu’ils éliminent leurs politiques restrictives de migration et offrent aux
migrants une vie digne avec tous les droits, dans leurs pays.
Assument la dette d’adaptation
liée aux impacts du changement climatique dans les pays en développement en leur fournissant les moyens de prévenir, minimiser et de prendre en charge les dommages qui découlent de leurs
émissions excessives.
Honorent ces dettes comme une
partie de la dette supérieure envers la Terre Mère, en adoptant et en appliquant la Déclaration Universelle des Droits de la Terre Mère aux Nations Unies.
L’objectif doit être non seulement une compensation économique, mais aussi principalement une justice restauratrice - c’est à dire qui restitue l’intégralité aux personnes et aux membres
qui forment une communauté de vie sue Terre. Nous déplorons la tentative faite par un groupe de pays d’annuler le Protocole de Kyoto, unique instrument légalement liant en matière de
réduction des émissions de gaz à effet de serre des pays développés.
Nous avertissons le monde que malgré l’obligation légale, les émissions des pays développés, au lieu de diminuer, ont augmenté de 11,2% entre 1990 et 2007. Les États Unis, du fait d’une
consommation illimitée, ont augmenté leurs émissions de gaz à effet de serre de 16,8% entre 1990 et 2007, émettant en moyenne entre 20 et 23 tonnes annuelles de CO2 par habitant, ce qui
représente plus de 9 fois les émissions d’un habitant moyen du Tiers Monde, et plus de 20 fois les émissions d’un habitant d’Afrique Subsaharienne.
Nous rejetons de manière absolue l’illégitime « Accord de Copenhague », qui permet à ces pays développés de marchander des réductions insuffisantes de gaz à effet de serre, sur
la base d’accords volontaires et individuels, qui violent l’intégrité environnementale de la Terre Mère, en nous conduisant à une augmentation d’environ 4°C.
La prochaine conférence sur le Changement Climatique qui aura lieu à la fin de l’année à Mexico doit approuver l’amendement au Protocole de Kyoto, pour la deuxième période d’engagements
débutant en 2013 et allant jusque 2017, dans laquelle les pays développés doivent s’engager sur des réductions domestiques significatives d’au moins 50% par rapport à l’année de référence
1990, sans inclure de marché carbone ni d’autre système de déviation qui viennent masquer le non accomplissement des réductions réelles des émissions de gaz à effet de serre.
Nous demandons à établir d’abord un objectif pour l’ensemble des pays développés pour ensuite réaliser l’assignation individuelle pour chaque pays développé, dans le cadre d’une
comparaison des efforts réalisés par chacun d’eux, maintenant ainsi le système du Protocole de Kyoto pour les réductions des émissions.
Les États Unis d’Amérique, en leur qualité d’unique pays de la Terre selon l’Annexe 1 à ne pas avoir ratifié le Protocole de Kyoto, ont une responsabilité significative devant tous les
peuples du monde, c’est pourquoi ils doivent ratifier le Protocole de Kyoto et s’engager à respecter et accomplir les objectifs de réduction des émissions à l’échelle de toute leur
économie.
Les peuples ont tous les mêmes droits de protection face aux impacts du changement climatique et nous rejetons la notion d’adaptation au changement climatique, entendue comme la
résignation aux impacts provoqués par les émissions historiques des pays développés, qui doivent adapter leur style de vie et de consommation face à cette urgence planétaire. Nous nous
voyons forcés à affronter les impacts du changement climatique, en considérant les adaptations comme un processus et non comme une obligation, ainsi que comme un outil qui serve à le
compenser, en démontrant qu’il est possible de vivre en harmonie avec un mode de vie différent.
Il est nécessaire de créer un Fonds d’Adaptation, qui soit un fonds exclusif destiné à affronter le changement climatique, et qui fasse partie d’un mécanisme financier manié et conduit de
manière souveraine, transparente et équitable par nos États. Avec ce Fonds il est nécessaire d’être attentif : aux effets du réchauffement et leurs coûts dans les pays en
développement et les besoins que ces effets induisent, et d’enregistrer et de piloter l’appui de la part de pays développés. Ce fonds doit de plus mettre en place un mécanisme
d’indemnisation des dommages passés et futurs dus à l’impact du réchauffement, des pertes d’opportunités et des reconstructions causés par des évènements climatiques extrêmes ou graduels,
et des coûts additionnels -comme ces effets qui sont en train d’entraver le droit de Bien Vivre- qui pourraient apparaître si notre planète dépasse les seuils écologiques.
L’« accord de Copenhague » imposé aux pays en développement par quelques États, non content de n’offrir que des ressources insuffisantes, prétend par lui même affronter les
peuples et prétend extorquer les pays en développement en conditionnant l’accès aux ressources d’adaptation au changement à la prise de mesures de mitigation. De plus il établit comme
étant inacceptable le fait que dans les processus de négociations internationales on essaie de catégoriser les pays en développement par leur vulnérabilité au changement climatique, ce
qui crée des disputes, des inégalités et des ségrégations entre eux.
L’immense défi que nous affrontons en tant qu’espèce pour endiguer le réchauffement climatique global et refroidir la planète sera relevé seulement en engageant une profonde
transformation de l’agriculture, dans le sens d’une modèle soutenable de production agricole paysanne et indigène/natifs, et d’autres modèles et pratiques ancestrales écologiques qui
contribuent à résoudre le problème du changement climatique et assurent la Souveraineté Alimentaire -entendue comme le droit des peuples de contrôler leurs propres graines, terres, eau,
ainsi que la production alimentaire, en garantissant, via une production en harmonie avec la Terre Mère, enracinée dans les terroirs et culturellement appropriée, l’accès des peuples à
suffisamment d’aliments, variés et nutritifs, complétant ce que donne la Terre Mère, en approfondissant la production autonome (participative, communautaire et partagée) de chaque nation
et peuple.
Le Changement Climatique est déjà en train de produire de profonds effets sur l’agriculture et sur les modes de vie des peuples indigènes/natifs et paysans du monde, et ces effets iront
en s’aggravant à l’avenir.
Le commerce agricole, à travers son modèle social, économique et culturel de production capitaliste globalisée et sa logique de production d’aliments pour le marché et non pour respecter
le droit à l’alimentation, est une des causes principales du changement climatique. Ses outils technologiques, commerciaux et politiques ne font qu’approfondir la crise climatique et
augmenter la faim sur la planète. Pour cette raison nous rejetons les Traités de Libre Commerce et les Accords d’Association, ainsi que toutes les formes d’application des Droits de la
Propriété Intellectuelle sur la vie, les technologies actuelles (agrochimiques, transgéniques) et celles qui se présentent comme de fausses solutions (agrocombustibles, géo-ingénierie,
nanotechnologies, technologies Terminator et similaires) qui ne feront qu’intensifier la crise actuelle.
Dans le même temps nous dénonçons le fait que ce modèle capitaliste impose des mégaprojets d’infrastructures, envahit des territoires avec des projets d’extraction, privatise et
marchandise l’eau, et militarise les territoires en expulsant les peuples indigènes et paysans de leurs territoires, en empêchant la Souveraineté Alimentaire et en approfondissant la
crise socio-environnementale.
Nous exigeons que soit reconnu le droit de tous les peuples, les êtres vivants et la Terre Mère, d’accéder et de jouir de l’eau et nous appuyons la proposition du Gouvernement bolivien de
reconnaître l’eau comme un Droit Humain Fondamental. La définition de la forêt utilisée dans les négociations de la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique, qui
inclue les plantations, est inacceptable. Les monocultures ne sont pas des forêts. Ainsi nous exigeons une définition destinée au commerce qui reconnaisse les forêts naturelles, la jungle
et la diversité des écosystèmes de la terre.
La Déclaration de l’ONU sur les Droits des Peuples Indigènes doit être pleinement reconnue, mise en œuvre et intégrée aux négociations sur le changement climatique. La meilleure stratégie
et action pour éviter la déforestation et la dégradation, et protéger les forêts naturelles et la jungle revient à reconnaître et garantir les droits collectifs des terres et territoires,
en considérant spécifiquement que la plupart des forêts et jungles se trouvent sur les territoires des peuples et nations indigènes, communautés paysannes et traditionnelles.
Nous condamnons les mécanismes de marché, comme le mécanisme de REDD (réduction des émissions par la déforestation et la dégradation des forêts) et ses versions + et ++, qui violent la
souveraineté des Peuples et leur droit au consentement libre, préalable et éclairé, tout comme la souveraineté des États nationaux, et violent les droits, us et coutumes des Peuples ainsi
que les Droits de la Nature.
Les pays pollueurs sont obligés de transférer de manière directe les ressources économiques et technologiques nécessaires à payer la restauration et le maintien des forêts et jungles, en
faveur des peuples et structures organiques ancestrales indigènes, originaires et paysannes. Cela devra constituer une compensation directe et additionnelle aux fonds et financements
auxquels se sont engagés les pays développés, en dehors du marché carbone, et ne servant jamais comme les compensations de carbone (offsets). Nous demandons aux pays d’arrêter les
initiatives locales en matière de forêts et jungles, basés sur des mécanismes de marché et proposant des résultats inexistants et conditionnés. Nous exigeons des gouvernements un
programme mondial de restauration des forêts naturelles et des jungles, dirigé et administré par les peuples, engageant des mesures pour les graines forestières, fruitières et de flore
autochtone. Les gouvernements doivent éliminer les concessions forestières et appuyer la conservation du pétrole sous terre, et faire cesser d’urgence les exploitations d’hydrocarbures
dans les jungles.
Nous exigeons que les États reconnaissent, respectent et garantissent l’application effective des standards internationaux des droits humains et droits des peuples indigènes, en
particulier la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples indigènes, l’accord 169 de l’OIT, parmi d’autres instruments pertinents, dans le cadre des négociations, des
politiques et des mesures pour relever les défis lancés par le changement climatique. Nous demandons surtout aux États de reconnaître la préexistence de notre droit sur nos territoires,
nos terres et ressources naturelles pour rendre possible et consolider nos formes traditionnelles de vie et contribuer activement à trouver une réponse au changement climatique.
Nous demandons la pleine et effective application du droit à la consultation, à la participation et au consentement préalable, libre et informé des peuples Indigènes dans tous les
processus de négociation tels que la conception et la mise en œuvre des mesures relatives au changement climatique. Actuellement, la dégradation environnementale et le changement
climatique atteignent un niveau des plus critiques, dont l’une des principales conséquences est la migration intérieure et internationale. Selon certaines études, en 1995, il existait
environ 25 millions de migrants climatiques, aujourd’hui, on estime qu’il y en a 50 millions et qu’il y en aura en 2050 entre 200 millions à 1 milliard de personnes déplacées à cause de
situations liées au changement climatique. Les pays développés doivent assumer leur responsabilité auprès des migrants climatiques, en les accueillant sur leur territoire et en
reconnaissant leurs droits fondamentaux, à travers la signature d’accords internationaux se basant sur la même définition du migrant climatique afin que tous les Etats se mettent d’accord
sur leurs objectifs. Constituer un Tribunal International de Conscience pour dénoncer, rendre visible, documenter, juger et sanctionner les violations des droits des migrants, des
réfugiés et déplacés dans leurs pays d’origine, de transit et d’accueil, en identifiant clairement les responsabilités des États, des compagnies et des autres acteurs. Le financement
actuel destiné aux pays en développement et la proposition de la conférence de Copenhague sont infimes. Les pays développés doivent s’engager à un nouveau financement annuel, en plus de
l’Aide Officielle au Développement et aux ressources publiques, d’au moins 6% de leur PIB pour faire face au changement climatique dans les pays en voie de développement. Ceci est
possible puisqu’ils gaspillent une somme équivalente pour la défense nationale et qu’ils ont dépensé 5 fois plus pour sauver les banques et les spéculateurs en déroute. Cela remettrait
sérieusement en question leurs priorités mondiales et leur volonté politique. Ce financement doit être direct, sans condition et ne pas affaiblir la souveraineté nationale des communautés
et des groupes les plus affectés.
Étant donné l’inefficacité du mécanisme actuel, lors de la Conférence de México, on doit établir un nouveau mécanisme de financement qui fonctionne sous l’égide de la Conférence des
Parties de la Convention-cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique, en lui rendant des comptes, dotée d’une représentation significative des Pays en Voie de Développement pour
garantir la tenue des engagements financiers des pays prévus par l’annexe 1. Il a été constaté que les pays développés ont augmenté leurs émissions durant la période 1990-2007, tout en
déclarant que la réduction se verrait ajustée par les mécanismes de marché.
Le marché du carbone s’est transformé en une affaire lucrative, en faisant de notre Terre-Mère une marchandise. Cela ne représente en aucune façon une alternative pour affronter le
changement climatique mais davantage un pillage, une dévastation de la terre, de l’eau et de la vie-même. La récente crise financière a démontré que le Marché est incapable de réguler le
système financier, qu’il est fragile et instable face à la spéculation et l’apparition d’agents intermédiaires, par conséquent, ce serait une irresponsabilité totale de le laisser
s’occuper et protéger l’existence humaine et de notre Terre-Mère.
Il est inadmissible que les négociations en cours prétendent la création de nouveaux mécanismes qui augmentent et promeuvent le marché du carbone alors que les mécanismes existants n’ont
jamais résolu le problème du changement climatique et qu’ils ne se sont jamais transformé en actions concrètes pour la réduction des gaz à effet de serre.
Il est indispensable d’exiger la tenue des engagements pris par les pays développés dans la Convention-cadre Nations Unies sur le changement climatique en ce qui concerne le développement
et le transfert de technologie, de même que le fait de rejeter la « vitrine technologique » proposée par des pays développés qui ne font que commercialiser la technologie. Il
est fondamental d’établir des alignements pour créer un mécanisme multilatéral et multidisciplinaire pour le contrôle participatif, la gestion et l’évaluation continue des échanges de
technologies. Ces technologies doivent être utiles, propres et socialement appropriés. De la même façon, il est nécessaire d’établir un fond de financement et un inventaire de
technologies adéquates et libre de droit quant à la propriété intellectuelle en particulier, de brevets qui doivent passer de monopoles privés au domaine publique, librement accessible et
à bas coût.
La connaissance est universelle, et rien ne justifie qu’elle ou ses applications technologiques soient une propriété privée à usage privé. Il incombe aux pays développés de partager leur
technologie avec les pays en voie de développement, de créer des pôles de recherches pour la création de technologies et d’innovations propres, ainsi que de défendre et d’encourager leur
développement et leur application pour un mieux vivre. Le monde doit récupérer, apprendre, réapprendre les principes et les priorités de l’héritage ancestral de ses peuples natifs pour
stopper la destruction de la planète, ainsi que les connaissances et les pratiques ancestrales, la spiritualité dans la réintroduction du mieux vivre en harmonie avec la Terre-Mère.
Considérant le manque de volonté politique des pays développés pour tenir leurs engagements et leurs obligations pris lors de la Convention-cadre des Nations Unies sur le Changement
Climatique et le Protocole de Kyoto, et face à l’inexistence d’une instance légale internationale qui avertisse et sanctionne tous ces délits et crimes climatiques et environnementaux
perpétrés contre les droits de la Terre-Mère et de l’humanité, nous demandons la création d’un Tribunal International de Justice Climatique et Environnemental capable juridiquement
d’avertir, de juger et de sanctionner les États, les entreprises et les personnes qui , par action ou par omission, polluent et provoquent le changement climatique.
Appuyer les États qui présentent des demandes à la Cour Internationale de justice contre les pays développés qui ne tiennent pas leurs engagements sous la Convention-cadre des Nations
Unies sur le changement climatique et le Protocole de Kyoto incluant leurs engagements sur la réduction des gaz à effet de serre. Nous invitons les peuples à proposer et à promouvoir une
réforme profonde de l’Organisation de Nations Unies (ONU), afin que tous ses États-membres appliquent leurs décisions du Tribunal International de Justice Climatique et Environnementale.
L’avenir de l’humanité est en danger et nous ne pouvons accepter qu’un groupe de gouvernants de pays développés veuille décider pour tous les pays comme ils ont tenté de le faire à la
Conférence des Parts de Copenhague. Cette décision incombe à tous les peuples. C’est pourquoi, il est nécessaire de réaliser un référendum mondial, un plébiscite ou un consultation
populaire sur le changement climatique dans lequel nous soyons tous consultés sur : le niveau de réduction des émissions que doivent effectuer les pays développés et les entreprises
transnationales ; le financement par les pays développés ; la création d’un Tribunal International de Justice Climatique ; la nécessité d’un déclaration Universelle des
Droits de la Terre-Mère ; La nécessité de changer l’actuel système capitaliste.
Le processus de référendum mondial, le plébiscite ou la consultation populaire sera le fruit d’un processus de préparation qui assurera son propre succès. Afin de coordonner notre action
internationale et la mise en place des résultats du présent « Accord des Peuples », nous appelons à construire un Mouvement Mondial des Peuples pour la Terre-Mère qui se basera
sur les principes de complémentarité et de respect de la diversité d’origine et de visions de ses membres, se constituant en un grand espace démocratique de coordination et d’articulation
des actions au niveau mondial. A cette fin, nous adoptons le plan d’action mondial ci-joint pour que, à México, les pays développés de l’Annexe 1 respectent le cadre légal en vigueur et
réduisent leurs émissions de gaz à effet de serre de 50% et respectent les différentes propositions contenues dans cet Accord. Enfin, Nous projetons de réaliser la 2° Conférence Mondiale
des Peuples sur le Changement Climatique et les Droits de la Terre-Mère en 2011 , dans ce processus de construction du Mouvement Mondial des Peuples pour la Terre-Mère et en réaction face
aux résultats de la Conférence du Changement Climatique qui se déroulera à la fin de l’année à Cancún, au Mexique.
L’uranium importé du Niger alimente les réacteurs nucléaires hexagonaux. Les impacts de son extraction sur la santé des populations locales et l’environnement restaient encore peu connus. La
publication, le 4 mai 2010, d’une étude de Greenpeace commence à combler cette lacune. Ses résultats laissent perplexes sur la stratégie d’Areva, géant français
du nucléaire, en matière de « développement durable ».
En collaboration avec la Criirad, un laboratoire français indépendant spécialisé dans les mesures de radioactivité, et le réseau nigérien d’organisations non
gouvernementales ROTAB, Greenpeace a accédé à proximité des villes minières où opère Areva. Sur place, l’ONG a prélevé des échantillons de sol, d’eau et d’air
que la Criirad a ensuite analysés en France pour en mesurer la radioactivité. Résultat : la radioactivité dans ces zones habitées et les déchets produits par l’extraction minière sont
« alarmants ».
Eau polluée à la radioactivité
Sur quatre des cinq échantillons d’eau analysés, et provenant de la région d’Arlit, la concentration en uranium est supérieure à la limite recommandée par l’Organisation mondiale de la santé
pour l’eau potable. Pour Greenpeace, « les données historiques indiquent une augmentation progressive de la concentration en uranium au cours des 20 dernières années, ce qui peut
être révélateur de l’impact des opérations minières ». Greenpeace a également trouvé plusieurs morceaux de ferraille radioactive sur le marché local d’Arlit, présentant des
taux de radiation supérieurs à 50 fois les niveaux habituels. Or, les populations locales se servent de ces matériaux pour construire leurs habitations. Toujours selon le rapport, dans les
rues d’Akokan, l’intensité des radiations est environ 500 fois supérieure aux niveaux normaux. « Une personne passant moins d’une heure par jour dans cet endroit serait donc exposée
à une radiation supérieure au taux maximal annuel autorisé ». Charmante attention à l’égard des populations locales !
Après qu’une partie des premiers résultats de l’étude aient été publiés fin novembre 2009, Areva a entamé le nettoyage d’endroits radioactifs dans un des villages miniers cités dans le
rapport. Mais cela est loin d’être suffisant pour Greenpeace qui exige la mise en place de « contrôles permettant de garantir que les activités d’Areva respectent les normes
internationales en matière de sécurité et l’environnement, et tiennent compte du bien-être des employés et des populations vivant à proximité des sites miniers ». L’ONG demande
également « qu’une étude indépendante soit réalisée autour des mines et des villes d’Arlit et d’Akokan, suivie d’un nettoyage et d’une décontamination complète ».
Classée 480e parmi les 500 plus importantes multinationales mondiales, Areva puise abondamment depuis 40 ans dans les ressources
minières du Niger pour alimenter les centrales nucléaires françaises. Aujourd’hui, ce sont les éléments essentiels à la vie même des populations à proximité des sites miniers qui
disparaissent.
Photo prise le 31 août 2006 de la centrale nucléaire de Cattenom.
(AFP Jean-Christophe Verhaegen)
Dans le magma d’articles discutés la semaine dernière dans la loi Grenelle 2, l’un d’entre eux a peu fait parler de lui. Il concerne les rejets dans l’environnement des installations nucléaires.
Cet amendement supprime purement et simplement la procédure d’enquête publique pour toutes les demandes d’augmentation des rejets radioactifs et chimiques et des prélèvements d’eau des
installations nucléaires.
Adopté vendredi sans être véritablement discuté, il fait partie des amendements proposés par le gouvernement, «ce qui signifie qu’il a été imposé très discrètement», signale Arnaud
Gossement, juriste spécialisé en environnement. Pour lui, ce texte constitue une grave entrave à l’information du public justement.
En matière nucléaire, une autorisation est nécessaire quand on modifie notablement l’activité de l’installation car celle-ci peut entraîner une augmentation des rejets dans l’environnement.
«Or, dans sa formulation, l’amendement dissocie augmentation des rejets et modification de l’activité: plus besoin de modifier son installation pour rejeter plus dans l’environnement, donc
plus besoin de mener une enquête publique», explique Arnaud Gossement.
«Un blanc-seing donné à l’industrie nucléaire»
«Il suffit désormais de mettre l’information à disposition du public». En effet, pour le gendarme du nucléaire, une installation peut avoir des rejets supérieurs à ceux prévus par les
décrets sans qu’on ait modifié notablement son activité, ni doublé la production. «Il existe des cas où on constate des rejets supérieurs de quelques pour-cent, ce qui n’est pas
significatif», justifie Julien Collet. Par exemple, quand les installations vieillissent — ce qui est le cas actuellement — ou lorsqu’on charge un combustible plus enrichi...
Lors de la canicule de 2003, il a également fallu adapter les températures de rejet de l’eau dans les fleuves. Dans ces cas-là, donc, il ne sera plus nécessaire de mener une enquête publique pour
obtenir une autorisation. Pour le Réseau Sortir du nucléaire, cela constitue «un blanc-seing donné à l’industrie nucléaire pour accroître discrètement les atteintes à l’environnement
et aux êtres vivants, la pollution des milieux naturels et la mise en péril de la biodiversité des milieux aquatiques».
«L’amendement vise à consulter le public là où on ne le consultait pas, rectifie Julien Collet de l’ASN. Il introduit une information du public quand il n’y a pas de modification
notable de l’activité du site.» Certes, mais les décisions seront prises sans enquête publique. C’est là que le bât blesse pour les ONG car l’enquête est garante d’une bonne information du
public: elle dure plusieurs mois, elle impose aux exploitants de mettre toutes les informations à disposition du public durant 30 jours, un commissaire-enquêteur est nommé par un tribunal
administratif et une étude d’impact accompagne généralement le tout.
Pourquoi l’ASN a-t-elle besoin d’une procédure plus pratique et plus rapide aujourd’hui? Dans le passé, de nombreuses centrales ont déjà produit des demandes d’autorisation de rejets et de
prélèvements (Darpe), de plusieurs milliers de pages, officiellement pour «mettre en conformité les rejets réels des installations et la réglementation». Comprendre que les installations
rejettent déjà plus que les réglementations ne les y autorisent.
Vous l’ignorez sans doute mais « la mise au point des pesticides de synthèse commercialisés aujourd’hui est de plus en plus fine alors que les pesticides naturels utilisés par
l’agriculture biologique (…) ont un spectre souvent beaucoup plus large les rendant parfois potentiellement plus dangereux. » En clair : les pesticides de l’industrie chimique
seraient plus sains que les insecticides ou fongicides naturels, comme le purin d’ortie.
Ce sont les députés et sénateurs de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques qui l’assurent haut et fort ! Leur dernier rapport, remis à l’Assemblée nationale le 29 avril dernier, est ainsi truffé de croustillantes
affirmations. On apprend notamment que « l’usage des produits phytopharmaceutiques (l’expression consacrée au sein de l’industrie chimique) est, d’ores et déjà, très
sérieusement limité et encadré par les réglementations européenne et nationale (et) par les organisations professionnelles ». Il est aussi écrit que les agriculteurs
« utilisent à bon escient les quantités les plus faibles possibles de produits phytopharmaceutiques nécessaires à la production de notre alimentation. » Précisons que
l’un des auteurs du rapport, le député UMP de la Manche Claude Gatignol est l’un des ardents défenseurs des OGM.
Sachez enfin que « par le biais de la formation et de l’information, l’agriculture conventionnelle tend à céder le pas à l’agriculture raisonnée ». Laquelle
agriculture, bénie par le gouvernement actuel, est très soutenue par l’industrie phytosanitaire. Nul doute que ces informations impartiales, et très pointues, vont éclairer les députés
occupés à voter le Grenelle 2, qui décline la mise en application du Grenelle 1. Ce même Grenelle de l’environnement qui envisageait alors (à l’automne 2007) de diviser par deux la quantité
de pesticides utilisés d’ici 15 ans.
La terrible marée noire qui s’est formée après l’explosion, la semaine dernière, d’une plate forme pétrolière exploitée par BP (British Petroleum) au large du golfe du Mexique a touché hier dans
la soirée les côtes de Louisiane et a été déclarée par le Président OBAMA « catastrophe nationale ».
Elle laisse encore échapper 5000 barils de pétrole par jour.
Elle pourrait être plus grave encore que celle de 1969 au large de Santa Barbara, qui avait entraîné l’adoption d’un moratoire sur les forages en mer, et plus grave encore que la catastrophe de
l’Exxon Valdez en 1989 qui avait souillé près de 1500 kilomètres de côtes en Alaska.
Les efforts réalisés jusqu’ici pour tenter d’endiguer la nappe de pétrole ont été vains (le forage d’un puits de secours prendrait plusieurs mois, tout comme la construction d’un couvercle
sous-marin, brûler la nappe ajoute une pollution atmosphérique à la pollution maritime).
Les limites de la technologie et des investissements de BP dans la sécurité
Cette plateforme est pourtant récente : elle a été construite en 2001 et était censée être équipée des technologies de pointe. À partir de cette plate-forme, BP forait le puits de pétrole le plus
profond du monde (plus d’une dizaine de km). Pour exploiter cette plateforme, BP payait la somme de 181 millions de dollars par an à Transocean, soit 500 000 dollars par jour environ.
La plate-forme était équipée de nombreux systèmes technologiques « dernier cri » destinés à améliorer son rendement et à limiter les périodes d’arrêt. Malheureusement, aucun système ne permettait
d’actionner sa mise à l’arrêt à distance. Elle était seulement équipée d’un dispositif censé prendre automatiquement le relai en cas de défaillance humaine ou de détection de panne, et fermer
immédiatement le puits. Mais le système n’a pas fonctionné.
En Norvège et au Brésil, par exemple, les dispositifs d’arrêt à distance sont obligatoires. Le coût de ces systèmes a été évalué par les industriels à 500 000 dollars. Depuis 2000, le Minerals
Management Service (MMS : service de gestion des minéraux, organisme gouvernemental chargé d’attribuer les autorisations de forage aux USA) envisageait de rendre obligatoire l’utilisation de ces
interrupteurs à distance. Mais les industriels se sont opposés à ce projet. En 2003, le MMS a affirmé que l’utilisation de systèmes de commande à distance n’était pas recommandée, car « ces
dispositifs ont tendance à être très onéreux ».
À titre de comparaison, BP a réalisé six milliards de dollars de bénéfices et dépensé 3,5 millions de dollars en activité de lobbying, rien qu’au cours du premier trimestre 2010.
Un désastre pour la biodiversité…
Toute la biodiversité exceptionnelle de la région est menacée, des thons rouges de l’Atlantique nord, à certaines espèces de tortue de mer, des requins, mammifères marins (marsouins, dauphins,
baleines), Pélican bruns, Oiseaux de rivage migrateurs et oiseaux nidificateurs, huitres, crabes bleus, crevettes, etc. En savoir plus
Une politique énergétique et climatique absurde
Dans le même temps où Barack OBAMA déclarait l’état de « catastrophe nationale », il annonçait également aujourd’hui un moratoire sur les nouveaux forages offshore dans les eaux américaines, ceci
à peine un mois après avoir annoncé la fin du moratoire qui existait précédemment et surtout avoir annoncé la relance des forages au large de la côte Atlantique. Un pas en avant, un pas en
arrière…
Cette marée noire est la conséquence directe du mode de vie soit disant « non négociable » des pays industrialisés, basé sur une réelle addiction au pétrole et aux énergies fossiles.
Cette marée noire nous laisse tous impuissant face à la destruction inéluctable de toute une région.
Les gouvernements –USA en tête- des pays industrialisés semblent pieds et poings liés avec les lobbies des « vieilles » énergies (gaz, pétrole, et même nucléaire) qui portent toutes en elles de
potentielles catastrophes comme cette marée noire.
Les seules solutions propres, viables et sûres sont les énergies renouvelables et l’adoption d’un mode de vie moins énergivore. C’est ce dont il était question à Copenhague en décembre, ou les
leaders mondiaux ont fait l’étalage de leur manque de courage, et, ou de volonté.
Le projet de loi dit « Grenelle 2 » sera examiné par les députés à partir du 4 mai. Il est censé préciser la mise en œuvre des engagements pris deux ans plus tôt, lors du
Grenelle de l’environnement. Mais les députés UMP préfèrent suivre le nouvel adage présidentiel : l’environnement, « ça commence à bien faire ! ». Ils mènent la charge
contre la filière éolienne tout en allégeant les autorisations encadrant le rejet de matières radioactives.
Portes qui claquent, refus de signer, communiqués alarmistes… Chacun à sa manière manifeste son mécontentement à l’égard du projet de loi « Grenelle
2 ». Ce texte sera examiné à l’Assemblée nationale à partir du 4 mai 2010. Adopté par le Sénat en octobre dernier, il doit préciser les modalités d’applications des engagements
pris par le gouvernement lors du Grenelle de l’environnement. Le renoncement à la mise en place de la taxe carbone avait déjà poussé Nicolas Hulot à « suspendre sa
participation » fin mars. Depuis ce départ, le projet de loi est passé sous les fourches caudines de la « Commission du développement durable et de l’aménagement du
territoire ». Pas moins de 1.625 amendements déposés dont 619 adoptés. Et au final, une opposition qui vote contre le projet de loi lors de son examen en Commission le 8 avril. En cause,
des amendements qui durcissent les règles d’implantation de l’éolien.
Lors du sommet de Copenhague, le ministre de l’Environnement Jean-Louis Borloo s’est engagé à ce que la France atteigne 23% d’énergies renouvelables d’ici 2020, contre 13%
aujourd’hui [1], essentiellement d’origine hydraulique, le reste de la production s’appuyant sur le nucléaire et les centrales au fuel.
Réaliser cet objectif suppose l’installation de 9.000 éoliennes sur le territoire national en 10 ans, contre 2.500 actuellement. Logique : la France détient le deuxième gisement éolien
naturel en Europe, derrière la Grande-Bretagne. Le secteur est d’ailleurs en pleine croissance. La filière revendique la création de 10.000 emplois en quelques années, notamment dans des
régions durement frappées par la crise, comme la Picardie ou la Lorraine, « leaders » régionaux en terme de puissance installée.
Quand les éoliennes menacent « l’identité de la France »…
Le Syndicat des énergies renouvelables promet la création de 50.000 nouveaux emplois « non délocalisables » dans les dix prochaines années. L’énergie éolienne est certes tributaire
des alizés. Sa production réelle d’électricité est donc très inégale (22% de la puissance installée en moyenne sur l’année) mais elle s’adapte parfaitement aux pics saisonniers de
consommation. Lorsqu’il fait plus froid, d’octobre à avril, les vents soufflent aussi davantage. Cela en fait un pilier de la diversification énergétique capable, selon ses promoteurs,
« d’endiguer la baisse de l’emploi industriel en France ». Problème : les députés UMP ne semblent pas considérer l’éolien comme un secteur d’avenir.
En cause, trois amendements qui seraient « de nature à compromettre fortement le rythme de développement de l’éolien », selon l’Union française de
l’électricité (UFE). L’organisation professionnelle déplore l’application à l’éolien du régime des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE). Les installations classées ICPE sont celles « qui peuvent présenter des dangers ou inconvénients » en matière de commodité du voisinage, de santé, de sécurité
ou de protection de l’environnement. Les éoliennes risquent donc demain d’être rangées dans la même catégorie qu’une décharge, un oléoduc ou une cimenterie…
Cet amendement semble répondre à l’intense lobbying mené par Valéry Giscard d’Estaing contre les éoliennes, qui estime qu’elles détériorent les paysages. Largement cité dans le rapport de la
mission parlementaire sur l’énergie éolienne, conduite par le député UMP Patrick Ollier, l’ancien Président de la République évoque une région allemande « dévastée par une ceinture
d’éoliennes » (bigre !) et rappelle que « dans le paysage se lit l’histoire et donc l’identité de la France ! ». On peut se demander pourquoi VGE ne
s’est pas élevé quelques dizaines d’années plus tôt contre la construction des centrales nucléaires ou la multiplication des lignes à haute tension…
Pour les professionnels de la filière, rien ne justifie le classement de leurs mâts parmi les installations à risque. L’UFE rappelle que toute implantation suppose au préalable
l’établissement de zones de développement de l’éolien, une étude d’impact, une enquête publique et un permis de construire. En moyenne, « la réalisation d’un projet prend près de 5
ans entre son initiation et sa mise en service ». L’application du régime ICPE pourrait donc allonger cette durée et noircir quelque peu l’image de l’éolien. Précisons également
que, contrairement au nucléaire où personne n’a eu droit au chapitre, des habitants opposés à l’installation d’éoliennes dans leur commune peuvent plus facilement interpeller leurs élus.
Énergies renouvelables : mieux vaut jamais que tard
L’installation d’éoliennes pourrait également être soumise à l’établissement de schémas régionaux. Ceux-ci restent à définir, ce qui ne sera pas le cas avant 2011. Les associations environnementales ne récusent pas le principe d’une « planification régionale » qui permettrait d’éviter l’implantation chaotique d’éoliennes. Mais
elles craignent qu’une vision « centralisatrice » et « technocratique » n’enlève toute marge de manœuvre aux régions et départements, à l’heure ou plusieurs collectivités
territoriales sont particulièrement actives en la matière, comme la Bretagne qui souhaite développer les énergies marines. Or, les amendements issus des travaux
de la mission parlementaire sur l’énergie éolienne ne vont pas vraiment dans le sens d’une planification locale. Le texte propose d’interdire purement et
simplement les petits projets, en dessous de cinq éoliennes et d’une production théorique de 15 mégawatts. Si ce seuil est adopté à l’Assemblée nationale, la moitié des projets en cours
seront supprimés, estime l’Union française de l’électricité. Il y a également fort à parier que l’obligation d’implanter de grands parcs éoliens risque d’engendrer des oppositions locales
majeures.
« C’est une vision centralisatrice consistant à mettre l’énergie dans les mains de gros groupes puissants, regrette Raphaël Claustre du Comité de liaison des énergies
renouvelables (CLER). En affaiblissant le rôle des élus locaux, les nouvelles mesures vont créer un fossé évident entre les projets éoliens et les citoyens qui composent les
territoires ». Patrick Ollier assure lui s’être clairement prononcé « pour un développement contrôlé, réglementé et contingenté [de l’éolien] pour le rendre
acceptable. » Le Syndicat des énergies renouvelables craint, de son côté, que le développement de l’éolien soit « brutalement interrompu ». Un étrange paradoxe
alors que les députés eux-mêmes relèvent que « la filière française a pris du retard par rapport à certains pays, tels que le Danemark, l’Allemagne, les Etats-Unis, l’Espagne ou
encore la Chine ». Un retard de plusieurs années, au même titre que les filières bois et photovoltaïque…
Les pollutions radioactives banalisées
Durcissement du régime juridique de l’éolien d’un côté, « feu vert pour la contamination nucléaire » de l’autre alerte le Réseau Sortir du
nucléaire. L’énergie nucléaire était jusqu’à présent écartée des discussions du Grenelle de l’environnement. Mais « une disposition assez surprenante sur le nucléaire s’est
malheureusement glissée dans la rédaction de ce texte », relève l’avocat en droit de l’environnement et de l’énergie Arnaud Gossement, ancien porte-parole de France nature
environnement. De quoi s’agit-il ? Pour prélever davantage d’eau ou rejeter plus d’effluents chimiques ou radioactifs, une installation nucléaire avait besoin d’une enquête publique
préalable.Déposé en commission des affaires économiques au Sénat, un amendement propose de faire sauter cette réglementation et la remplace par une simple autorisation. Son auteur, Eric Diard
est secrétaire national UMP en charge des énergies et de la croissance verte. Sa proposition a reçu un avis favorable. Elle est présentée comme un progrès en
matière de transparence parce qu’elle « introduit une consultation obligatoire du public ».
Pour le Réseau sortir du nucléaire, c’est au contraire « un véritable blanc-seing donné à l’industrie nucléaire » et « un déni de démocratie », les
populations ne pouvant plus donner leur avis sur ces augmentations. Cet amendement s’ajoute au régime dérogatoire qui autorise désormais le recyclage de certains déchets
radioactifs dans les biens de grande consommation. « Le gouvernement n’a absolument pas revu à la baisse ses ambitions écologiques », rassure, le 14 avril, le
Premier ministre François Fillon. Une appréciation somme toute logique pour un gouvernement qui considère qu’une centrale nucléaire est bien moins polluante et dangereuse qu’une éolienne.
Sophie Chapelle et Ivan du Roy
Notes
[1] Part des énergies renouvelables dans la consommation intérieure brute d’électricité en 2007.
35.000 citoyens du monde entier ont participé du 20 au 25 avril à Cochabamba, en Bolivie, à la première « Conférence des peuples sur
le changement climatique ». Entre utopie et réalisme, l’accord qui en est sorti appelle notamment à la constitution d’un tribunal international pour juger les « crimes
environnementaux ».
Quelques semaines après l’échec de la conférence de Copenhague, le Président bolivien, Evo Morales, lançait une invitation à tous les « les peuples, mouvements sociaux,
scientifiques, chercheurs, juristes et gouvernements » à venir participer à Cochabamba à la première « Conférence des Peuples sur le changement climatique et les droits de la
Terre mère ». Selon les chiffres officiels, plus de 35.000 personnes, dont 9.000 venant de 142 pays, ont répondu à l’appel. Après quatre jours de conférences, ateliers, et diverses
activités autogérées, le sommet de Cochabamba s’est terminé par l’adoption d’un texte, « l’accord des peuples », et un avertissement lancé à l’ONU et aux pays développés.
La déclaration finale issue des travaux de la Conférence sera présentée dès la semaine prochaine au secrétariat de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique, et devrait
rejoindre l’ensemble des documents servant de base aux négociations officielles. Evo Morales enjoint les pays industrialisés et les Nations Unies à « écouter et prendre en compte les
demandes et les propositions issues de Cochabamba » : « Si l’ONU ne veut pas perdre son autorité morale, elle doit appliquer les conclusions de la
conférence. » L’inverse pourrait conduire, selon lui, à « une véritable révolution sociale ». La représentante de l’ONU, chahutée par les participants lors de la
cérémonie d’ouverture, reconnaît « le manque d’ouverture de l’organisation aux différents groupes sociaux, leaders indigènes et au public en général » ainsi que la
nécessité de « s’ouvrir beaucoup plus pour écouter, dialoguer et travailler avec tous les secteurs des sociétés des pays ». Le gouvernement mexicain, via son représentant,
promet de son côté qu’il recevra « à bras ouverts » les représentants des peuples indigènes et les mouvements sociaux qui viendront présenter les propositions de Cochabamba
à la prochaine conférence des Nations Unies sur le changement climatique qui se déroulera sur son territoire, à Cancun.
Attaque en règle contre les pays industrialisés
En quoi consiste « l’accord des peuples » ? Synthèse des travaux de 17 groupes de travail, le texte aborde des sujets directement liés à l’agenda de l’ONU, comme le financement
de l’adaptation des sociétés aux contraintes écologiques, ou les suites à donner au protocole de Kyoto. L’une des originalités de cette conférence est d’élargir la réflexion à des questions
peu ou pas abordées en Occident – rédiger une déclaration des « droits de la Terre mère », prendre en compte des solutions portées par les peuples indigènes, rechercher
l’« harmonie avec la nature » – et de proposer de nouveaux outils pour lutter contre le changement climatique tout en impliquant les peuples dans ce processus :
instauration d’un tribunal de justice environnementale, organisation d’un referendum mondial…
La déclaration finale souligne la responsabilité du système capitaliste dans la crise environnementale actuelle, du fait de sa recherche perpétuelle du « profit à tout
prix » qui conduit à « séparer l’homme de la nature, et à établir une logique de domination et de marchandisation de la nature ». Le texte souligne que seul un
changement profond de modèle, basé sur les principes de « complémentarité, de solidarité, d’équité, de bien-être collectif et de satisfaction des nécessités de tous en harmonie avec
la nature » peut limiter la crise climatique et environnementale actuelle.
Côté propositions concrètes, la déclaration exige qu’à la prochaine conférence de Cancun, les États industrialisés s’engagent à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 50% par
rapport à 1990, de sorte que l’augmentation de la température ne dépasse pas 1 à 1,5 degrés. La déclaration rejette les principes de compensation tels qu’ils existent actuellement dans le
cadre du « Mécanisme de développement propre », les marchés d’émission de carbone revenant à commercialiser la nature. Le texte enjoint les pays industrialisés à assumer leur dette
climatique en dédiant 6% de leurs revenus à des actions destinées à protéger et restaurer l’environnement, et en mettant l’accent sur le transfert de technologies propres.
Vers un tribunal de justice environnementale ?
Le souhait d’organiser un référendum mondial sur l’environnement reste assez flou et rencontrera des difficultés logistiques probablement insurmontables. Quelles que soient les suites qui
seront données à cette initiative – consultation sur Internet, campagne de sensibilisation, référendum dans certains pays… –, c’est bien la volonté d’impliquer les citoyens et d’écouter les
populations directement affectées par le changement climatique qu’il faut retenir. La proposition de créer un « tribunal de justice climatique et environnementale » sur le modèle
des tribunaux internationaux existants, paraît plus réaliste. Ce tribunal pourrait être saisi par des États ou des peuples pour juger des personnes, gouvernements ou entreprises ayant commis
des « crimes environnementaux ». Mais comment garantir, s’il voit le jour, qu’il aura un poids suffisamment contraignant pour obliger les coupables à réparer leurs atteintes à
l’environnement et à payer des amendes ? Enfin, la plupart des exigences adressées aux pays industrialisés, notamment en matière de réduction d’émission de gaz à effet de serre ou
d’engagements financiers, semblent déconnectées des réalités actuelles. On imagine mal les États du Nord engager 6% de leur PIB pour lutter contre le réchauffement climatique et ses impacts
au Sud.
Reste la dimension politique de cette première édition de la conférence des peuples sur le changement climatique. Il est évident qu’en organisant cet événement, le gouvernement bolivien
souhaite établir un nouveau rapport de forces dans les négociations internationales sur le climat. La virulence des propos tenus à l’égard des Nations Unies et des pays industrialisés, de
même que l’inscription dans l’accord final d’exigences qui ne pourront en tout état de cause être acceptée, en sont la preuve. Cette conférence a cependant contribué à souligner les
insuffisances de l’accord de Copenhague et, surtout, à rappeler l’absolue nécessité de démocratiser les négociations et d’écouter les peuples, communautés et pays qui subissent de plein fouet
les effets de la crise environnementale et climatique.
La paralysie du trafic aérien sur une partie de l’Europe et de la planète pour cause de nuage de cendres islandais, nous offre une merveilleuse occasion d’imaginer ce qui nous attend,
d’imaginer l’avenir sur le point d’être fracassé de la mondialisation qui veut tout transporter d’un bout à l’autre de la planète. Quand il n’y aura pratiquement plus de pétrole ou quand il
sera devenu si cher qu’il ne représentera plus qu’un luxe réservé à quelques hommes d’affaires et aux chefs d’Etat et de gouvernement.
Il suffit de réfléchir quelques instants pour mesurer, grâce à un volcan, les folies du transport aérien. Et je ne parle pas des quelques imbéciles déclarant il y a quelques jours devant une
caméra de télévision qu’ils étaient heureux d’avoir pu voler de Nantes à Paris. En avion ! Pour 400 kilomètres qui peuvent se parcourir en TGV !
Chaque jour une vingtaine de millions de roses débarquent aux Pays-Bas, avec quelques millions d’autres fleurs, en provenance du Kenya, d’Ethiopie, d’Equateur ou du Brésil. Chaque jour des
raisins arrivent en France depuis l’Afrique du sud. En France et dans la plupart des pays européens. Chaque jour des haricots verts nous parviennent du Sénégal, du Kenya. En compagnie de
petits pois écossés et préemballés. Sans oublier les tomates cerises d’Israël ou les tomates de Chine. Fruits et légumes exotiques, fruits et légumes de contre-saison prennent l’avion et les
consommateurs et la planète payent le billet. Que chacun jette un coup d’oeil dans les magasins –même les magasin bio parfois, hélas- pour compter le nombre de ces produits qui ne nous
atteignent que par la voie des airs.
Chaque jour, parce que la grande distribution travaille en flux tendu avec les pays qui nous fournissent des produits cultivés ou fabriqués au loin et au moindre coût, des milliers de tonnes
de fret qui ne peut pas attendre investissent nos marchés ; sans que tous ces importateurs soient le monde effleurés par la gaspillage énergétique et par l’émission des gaz à effet de
serre. Mais il est vrai que, d’ordre du Prince, ce n’est plus une priorité.
Et nos medias s’interrogent gravement sur les vacances, sur les files d’attente dans les aéroports, sur les vacances gâchées et sur les formalités de remboursements. Sans préciser qu’un jour
probablement proche nous devrons, faute de kérosène, renoncer à ces déplacements, courts ou longs qui plombent l’avenir de la planète.
Priver une partie ou la totalité du monde n’est pas un scandale de vacances, juste une préfiguration de ce qui nous attend si nous ne réfléchissons pas à la nature de nos échanges
mondialisés. Et avoir empêché les Grands du monde entier de rendre hommage au crypto-fasciste chef d’Etat polonais enterré à Cracovie est à mettre au crédit de ce volcan qui fait irruption
dans les folies d’un monde qui s’obstine à tout transporter à toute vitesse sans jamais se demander pourquoi et aux dépends de qui.
Téléphones, ordinateurs portables, appareils photos, GPS... Les batteries « nouvelle génération » fonctionnent avec du lithium. Ce composant est également essentiel pour la
voiture électrique. Multinationales et États se lancent dans la bataille de l’extraction de ce nouvel « or blanc ».
On la surnomme « l’Arabie Saoudite du lithium ». La Bolivie
renfermerait dans son sous-sol 5,4 millions de tonnes de lithium soit près de 40 % des réserves mondiales selon l’Institut américain de veille géologique. D’autres pays de la Cordillère des Andes
possèderaient également en grande quantité du lithium, composant essentiel pour la fabrication des batteries nouvelle
génération. Les lacs salés du Chili et de l’Argentine concentreraient respectivement 20 et 13 % des réserves de lithium. Aux côtés du Chili, la Chine est devenue depuis 2008 l’un des
premiers producteurs de lithium grâce aux réserves de sel tibétaines. De quoi bousculer les rapports de force et agacer sérieusement les États-Unis dont les réserves seraient de 410.000
tonnes. Les estimations restent néanmoins variables. Certaines compagnies comme Western Union se prévalent de
pouvoir extraire 2 millions de tonnes dans le Nord du Nevada (États-Unis) et de devenir un des plus gros producteurs mondiaux de carbonate de lithium.
Batailles dans les déserts de sel
La concurrence ne s’en tient pas à une bataille chiffrée, elle se déploie dans les déserts de sel. Le groupe français Bolloré, les japonais Sumitomo et Mitsubishi, LG en Corée du Sud et Vale
au Brésil sont dans la course pour extraire le carbonate de lithium bolivien. Evo Morales, le chef de l’État bolivien, a en effet besoin des compétences techniques de compagnies étrangères
pour l’extraction. Le lithium est un métal léger contenu dans une matière brute, la saumure : la séparation du lithium de la saumure est préalable à l’obtention du carbonate de lithium.
En septembre 2009 c’est le groupe Bolloré, en partenariat avec le minier Eramet, qui a signé avec le ministère bolivien des Mines un partenariat technique. Il accorde un prélèvement de 15.000
litres de saumure en vue d’une analyse en France. Fort d’une Constitution adoptée en janvier
2009, Evo Morales précise que « les ressources naturelles sont consacrées propriété du peuple bolivien ». L’exploitation du lithium serait donc conditionnée à son
industrialisation dans le pays et sous le contrôle de l’État. Afin de prendre les devants, la Bolivie a également investi 6 millions de dollars dans la construction d’une usine pilote près du
désert de sel d’Uyuni, et de 150.000 m² de piscines d’évaporation. Pas d’inquiétude toutefois pour les groupes Bolloré - Eramet qui ont signé le 16 février 2010
« un contrat d’exploration assorti d’une option d’achat portant sur des gisements de lithium avec la société argentine Minera Santa Rita ».
Israël dans la course
« Géographie propice », « volonté politique », nul doute pour le groupe Renault-Nissan : « le premier marché à fort volume [est] Israël ». Dans une vidéo, Shimon Peres, président de l’État d’Israël, affirme voir dans le pétrole « le plus
grand pollueur de notre temps [et] la plus grande source de financement du terrorisme ». Visant l’indépendance énergétique du pays, Israël cherche donc à déployer à grande échelle
des voitures électriques d’ici 2011. Alors qu’un million de véhicules circulent aujourd’hui en Israël, le marché national est estimé à environ 30.000 véhicules électriques par an. Le
gouvernement israélien s’est notamment engagé à ce que les taxes sur le véhicule électrique ne dépassent pas 10 % au lieu de 79 % pour les voitures à essence.
Israël a par ailleurs développé un partenariat avec le groupe Renault-Nissan. Son président, Carlos Ghosn, a lui-même passé un accord avec Shaï Agassi, le patron de Better Place, constructeur
des bornes de recharge et de remplacement de batteries pour les véhicules électriques. Mi-février, un premier centre de démonstration de véhicules électriques s’est ouvert à Tel Aviv. D’ici à
2012, 500.000 points de charge devraient être installés sur le territoire ainsi que plusieurs centaines de stations d’échange des batteries. À ce jour, on compte un millier de bornes en
Israël et une dizaine au Danemark, pays dans lequel Better Place met aussi son système à l’essai.
Brevets contre responsabilité
Dans le souci de ne pas être dépendant du lithium, certains constructeurs continuent à équiper les voitures avec des batteries à base de nickel. D’autres, comme l’Islande, l’Italie et la
Californie, continuent de miser sur le lithium mais en exploitant les eaux chaudes de zones volcaniques en vue de produire de l’électricité. Une start up, Simbol Mining, affirme que les eaux
à haute température chauffées par des réservoirs de lave contiendraient du carbonate de lithium. Brièvement, l’entreprise affirme sur la seule page que contient son site que ce type d’extraction « ne génèrerait ni déchets, ni gaz carbonique ». Dépositaire d’un brevet pour précipiter et
extraire les silicates contenus dans les eaux géothermiques, Simbol Mining escompte avoir déniché un nouvel eldorado. La question de la responsabilité sociale et environnementale des
entreprises dans l’extraction du lithium ne semble pas, elle, être à l’ordre du jour.
2009, année de crise pour le secteur laitier, a été une grosse année de conversion en bio. Les agriculteurs qui font le choix de changer de mode de production, découvrent
d’autres méthodes de travail. Et, pour certains d’entre eux, un nouveau mode de vie.
Quand Patrice, éleveur laitier de 34 ans, est allé visiter la ferme bio d’Ifer, située à une dizaine de kilomètres de Rennes, il a trouvé ça simplement
« génial »... Pourtant, il n’y a pas si longtemps, les bios, pour lui, c’était « des babas cool à cheveux longs, peu réalistes ». C’est-à-dire
moins sérieux que lui, qui est installé depuis 6 ans sur une ferme de 45 hectares, avec 60 vaches, 350 000 litres de lait et plus de 200 000 euros de dettes ! « Ce qui
m’a plu, là-bas, c’est l’ambiance, plutôt détendue. Et l’impression qu’ils sont maîtres de leurs choix. Nous, nous sommes coincés par les coopératives, qui fixent le prix du lait, et
qui veulent collecter des quantités de plus en plus importantes. Nous gagnons peu à l’hectare et, avec un prix du lait qui ne cesse de baisser, nous devrions nous agrandir sans cesse,
pour pouvoir espérer nous en sortir. » Patrice a donc décidé de changer de cap. Il a commencé par remettre ses vaches au pré, sous le regard incrédule, voire méfiant, de
plusieurs de ses proches. Puis, sachant que le lait bio était bien valorisé, il s’est penché sur le cahier des charges, et a choisi de se lancer.
« L’économie de la filière lait conventionnelle, et l’ambiance générale plutôt favorable aux produits bios, poussent aux conversions, estime David Roy d’Agrobio. En
Ille-et-Vilaine, il y avait en 2009, 350 agriculteurs certifiés bios et nous avons eu 70 reconversions, parmi lesquelles beaucoup de producteurs de lait. Outre l’aspect économique
(peu de valeur ajoutée à l’hectare), les agriculteurs se rendent compte qu’ils sont dans une impasse technique et économique. Il y a aussi une vraie remise en cause des produits
phytosanitaires. »
Les candidats à la conversion n’ont pas tous le même profil. Certains, comme Olivier Costard, 44 ans, n’ont pas grand chose à changer à leurs méthodes de travail. « Je suis
sur une petite ferme : 40 hectares, 30 vaches, nourries quasi-exclusivement à l’herbe », explique-t-il. « J’utilisais peu d’intrants. Je vivais bien, je ne
voyais pas l’intérêt de faire autrement. Puis la conjoncture économique s’est dégradée, le prix du lait a chuté. J’avais l’impression de me marginaliser au sein de l’agriculture
conventionnelle. Les petites fermes comme la mienne intéressent de moins en moins les collecteurs : la laiterie allait-elle continuer à venir chercher mon lait ou
pas ? »
Une pratique valorisante
La différence de pratique agricole, minime dans le cas d’Olivier Costard, peut représenter un véritable bouleversement, pas toujours bien mesuré. « Certains ne se rendent pas
forcément compte qu’il faut réfléchir globalement au système de façon totalement différente », souligne David Roy. « Ce n’est pas le même travail, confirme Patrice.
C’est plus complexe, mais plus intéressant. » « Il y a comme un challenge supplémentaire, précise Olivier Costard. Cela crée de l’intérêt de voir comment je peux
arriver à me débrouiller avec les seuls éléments que j’ai ici. Il y a un vrai plaisir, même si les moments de réflexion qui précèdent sont un peu stressants. » « En
conventionnel, il faut dire ce qui est : on ne s’emmerde pas !, reprend Patrice. On est très consommateurs, de pesticides, d’engrais, de compléments minéraux pour les bêtes,
de fioul... Pour faire pousser un hectare de blé, il faut en dépenser de l’argent ! Après, il faut s’habituer à travailler sans les produits auxquels on est habitué depuis des
années, ce n’est pas forcément simple non plus. »
Mais Patrice ne semble pas inquiet. « J’ai l’impression de mieux travailler, et de proposer de meilleurs produits. On a commencé la vente directe de viande sur la ferme, il y
a un an et demi. Les gens sont très contents, nous avons beaucoup de demandes. Quand ils viennent ici, on leur explique comment on travaille, comment on vit. Ils redécouvrent nos
métiers, c’est très gratifiant pour nous. Ceci dit, on a changé nos pratiques avant de passer au bio, qui n’est, pour moi, qu’un label qui vient valoriser une
démarche. »
Olivier Costard tient, lui aussi, à tempérer l’emballement autour du bio. « Je ne pense pas qu’il soit opportun de faire un clivage entre les bios et les non bios. J’ai un
peu l’impression qu’on partage le monde rural entre le bien et le mal, cela me dérange. Il y a aussi de bonnes pratiques chez les agriculteurs conventionnels. » Et de citer
les réseaux de l’Adage (Agriculture durable par l’autonomie, la gestion et l’environnement), en Ille-et-Vilaine,
ou encore du Cedapa (Centre d’étude pour un développement agricole plus autonome), dans les Côtes-d’Armor.
La cour d'appel de Paris a confirmé et même légèrement augmenté, mardi 30 mars, les indemnisations accordées aux parties civiles du procès de l'Erika, les portant de 192,5 millions d'euros à 200,6 millions d'euros, selon un décompte fourni par la cour. La cour d'appel
a en outre alloué aux 80 parties civiles une somme totale de 3,2 millions d'euros pour les frais de procédure.
Par ailleurs, la cour a confirmé la reconnaissance du "préjudice écologique" subi par des collectivités et associations après le naufrage de l'Erika en 1999, tout en
l'élargissant à de nouvelles parties civiles, qui avaient été déboutées en première instance.
Des sanctions justifiées pour la cour d'appel
Lors du jugement du 16 janvier 2008, le tribunal correctionnel avait condamné le groupe pétrolier Total, la société de classification Rina, l'armateur
Giuseppe Savarese et le gestionnaire Antonio Pollara à verser solidairement 192 millions d'euros d'indemnités à une centaine de parties civiles, dont l'essentiel
-154 millions d'euros- à l'Etat.
En première instance, le tribunal correctionnel de Paris avait condamné Total et Rina aux peines d'amende maximales pour "pollution" de 375.000 euros. Les personnes physiques
(Giuseppe Savarese et Antonio Pollara), s'étaient également vu infliger la sanction maximale : une amende de 75.000 euros chacun. Lors du procès en appel, à l'automne, le parquet
général avait requis la confirmation de ces peines.
Mardi, la cour d'appel a estimé que ces sanctions étaient justifiées "compte-tenu de l'ampleur de la pollution, de la gravité des fautes commises, des ressources et des charges
des condamnés".
L'agence de classification Rina a déjà fait part de son intention de se pourvoir en cassation, a annoncé à l'AFP son avocat Me Olivier Metzner. Le conseil de Rina envisage
également "un recours devant le Conseil constitutionnel" sur la question de "la supra-nationalité des traités internationaux".
Total a "commis une faute d'imprudence"
Dans ses attendus, la cour, présidée par Joseph Valantin, a estimé que le groupe Total, affrêteur de l'Erika, avait bien "commis une faute d'imprudence en relation de causalité
avec le naufrage" de l'Erika, en décembre 1999, au large du Finistère. Aux yeux du président Valantin, le naufrage est "la conséquence directe d'une grave corrosion au niveau où l'Erika s'est
plié". Or, pour la cour, "cette corrosion est directement en relation avec l'insuffisance d'entretien de ce navire".
Dès le début du procès en appel, Total avait précisé avoir d'ores et déjà versé à 38 parties civiles (dont l'Etat) 170 millions d'euros sur les 192. Mardi, la cour d'appel a
d'ailleurs confirmé qu'il "n'était plus rien dû à ces parties civiles".
Total se réjouit de la décision
L'avocat de Total, Me Daniel Soulez-Larivière, s'est réjoui de la décision de la cour qui n'a "pas condamné la société sur le plan civil". "Total n'a pas de responsabilité civile
dans cette affaire, c'est expressément dit par la cour", a-t-il déclaré à l'issue de l'audience.
Il a précisé que le groupe allait dans les prochains jours analyser l'arrêt "très riche, très complexe" de la cour d'appel avant de décider d'un éventuel pourvoi en cassation. Il dispose de cinq
jours pour former ce pourvoi.
Parmi les "avancées" qu'il a relevées dans cet arrêt, Me Soulez-Larivière s'est satisfait que la cour fasse "une distinction entre les prévenus". "Elle dit que Total a fait une
erreur dans le vetting [inspection des navires par les compagnies pétrolières, NDLR] du navire, mais que cette erreur n'était pas suffisante pour entraîner sa
responsabilité civile au regard des conventions internationales", a-t-il poursuivi.
En effet, la cour a considéré que Total, en tant qu'"affréteur véritable" de l'Erika, était exonéré du versement des dommages et intérêts, du fait de la convention internationale
CLC, qui "canalise la responsabilité de la pollution par hydrocarbures sur le propriétaire du navire".
La cour d'appel élargie le "préjudice écologique"
Par ailleurs, en première instance en janvier 2008, le tribunal correctionnel de Paris avait pour la première fois en France reconnu un "préjudice écologique" pour la Ligue de
protection des Oiseaux (LPO) et pour le département du Morbihan. La cour d'appel de Paris a jugé qu'"il suffisait qu'une pollution touche le territoire des collectivités territoriales pour que
celles-ci puissent réclamer, à l'instar des associations de protection de l'environnement, le préjudice direct ou indirect que celle-ci lui avait personnellement causé".
Les juges d'appel ont également estimé "que ce préjudice était personnel à chaque collectivité territoriale, car l'intérêt de la Nation ne se confond pas avec celui de la commune, du département
ou de la région, qui peuvent avoir des intérêts contradictoires en matière d'environnement". La cour a donc "octroyé à chacune des collectivités territoriales touchées par la
marée noire qui le demandaient une indemnité pour préjudice écologique dit 'pur'", ainsi qu'aux associations de protection de la nature, parties civiles au procès. Les juges n'ont pas détaillé le
montant des dommages et intérêts alloués à ce titre, ni identifié les bénéficiaires. Ces éléments devraient figurer dans l'arrêt, qui sera disponible à l'issue de la lecture.
Si le Morbihan avait obtenu gain de cause en première instance, les autres collectivités avaient été déboutées. Les régions Bretagne, Poitou-Charentes et Pays-de-la-Loire demandaient 30
millions d'euros chacune et les départements du Finistère et de la Vendée 10 millions chacun.
La marée noire provoquée par le naufrage du pétrolier, le 12 décembre 1999 au large du Finistère, avait souillé 400 kilomètres de côtes et mazouté 150.000 oiseaux. Durant les
sept semaines du procès en appel, qui s'est achevé le 18 novembre dernier, le groupe pétrolier Total et ses coprévenus ont tous clamé leur innocence dans cette catastrophe écologique.
La voiture électrique est présentée comme une alternative pour diminuer la pollution et réduire les émissions de CO². Remplit-elle le contrat ? Ça se discute. En cause : son
coût, les composants de sa batterie et les contraintes liées à sa recharge. Des problèmes à résoudre, avant d’envisager une commercialisation à grande échelle.
« Et s’il y avait 600 millions de voitures électriques... » dans le monde interroge l’Expansion.com. Peut-être, en 2020, « 10 % du parc en Union
européenne ? » poursuit Le Figaro. Si la presse s’essaie à quelques pronostics, le ministre de l’Écologie, Jean-Louis Borloo, a affiché en octobre dernier l’objectif
de deux millions de véhicules électriques en France en 2020. Son plan prévoit la création d’une usine de batterie à Flins et 75.000 points de recharge. « Pas si vite »,
rétorque l’association France Nature
Environnement selon laquelle « le progrès technologique n’est pas toujours un progrès écologique ».
Pas mieux qu’une voiture classique ?
Selon une étude de l’Ademe (Agence de développement et de la
maîtrise de l’énergie) publiée en juillet 2009, le bilan en émissions du véhicule électrique – environ 126 g de C02 – serait équivalent à un véhicule classique. « Le facteur CO2 de
la production d’électricité est l’élément sensible », explique l’Agence. Si le moteur électrique présente un rendement mécanique beaucoup plus important que le moteur
thermique, c’est en amont que le problème se pose : la recharge des véhicules s’appuierait en France sur « un mix énergétique moyennement émetteur », avec des pertes
importantes lors des étapes de production, d’acheminement et de chargement de l’électricité. Au-delà des critiques sur les émissions de carbone, le réseau Sortir du Nucléaire dénonce « un parc de voitures électriques responsables de toutes
les tares du nucléaire [dont les déchets, ndlr] », si les batteries étaient amenées à être rechargées sur le secteur.
Le carbonate de lithium, composant le plus important des batteries actuelles, constitue une ressource essentielle pour la filière. Clé de voûte du mode de vie occidental, le lithium sert
également à fabriquer les batteries des téléphones, ordinateurs portables, appareils photos et autres GPS. Ses réserves, concentrées dans quelques pays et diluées dans les océans, font
l’objet d’un début de guerre commerciale. Entre 2003 et 2008, le prix du lithium est passé de 350 à 3000 € la tonne ce qui rend la voiture électrique très chère à l’achat. En conséquence, le
groupe Bolloré a décidé de louer le véhicule en longue durée, Renault de son côté mise sur la location des batteries. Le rapport Syrota pointe également « l’incertitude sur la longévité
des batteries dont le coût peut représenter la moitié du coût total du véhicule électrique ».
Énergivore et chronophage
Pour quelle autonomie ? Celle-ci oscillerait entre 100 et 200 kilomètres. « Le véhicule électrique présente un avantage environnemental certain en circulation urbaine et
périurbaine », confirme l’Ademe. Mais il faudrait compter actuellement environ une demi-heure pour recharger une batterie sur des bornes à haute tension, 8 heures sur une prise
standard. Le principal obstacle au développement de la voiture électrique réside donc dans les infrastructures, en particulier l’équipement massif des villes en bornes électriques. L’Ademe
relève les risques des recharges rapides extrêmement énergivores. « Si on recharge un véhicule électrique sur une prise pendant 7 ou 8 heures, c’est en gros un chauffe-eau
électrique, soit environ 3 kilowatts, rappelle Benjamin Dessus de l’association Global Chance. Si on le fait en une heure, c’est 30 kilowatts c’est à dire la puissance dépensée par
un immeuble. Et si vous voulez le faire en trois à quatre minutes, c’est un quartier de Paris. » Par conséquent, si des dizaines de milliers de voitures effectuaient en même temps
une recharge « flash » de seulement quelques minutes, l’appel serait tel sur le réseau que la production nationale pourrait ne pas suffire.
Côté gouvernement, on mise sur « une gestion intelligente du réseau », autrement dit des charges lentes, la nuit, à domicile ou au bureau, qui permettraient de
« lisser » la consommation. L’entreprise Better Place a trouvé là un formidable créneau. Ce fournisseur de services « développe et installe un vaste réseau de stations de
recharge et de stations d’échanges de batteries pour alimenter les véhicules électriques ». L’entreprise propose également un « logiciel intelligent » pour « aide[r] les conducteurs de véhicules à savoir quand
et où recharger leur voiture, à communiquer avec le réseau et le centre de contrôle Better Place, et [à fournir] une « cartographie » énergétique personnelle actualisée en
continu. » Un nouveau mouchard social en perspective. Pour l’Ademe, le bilan est sans
appel : « l’efficacité en termes d’émission de CO2, par voyageur/km ou par tonne/km, des transports ferroviaires par rapport aux autres modes, reste incontestable ».
Les « climato-sceptiques » seront là aussi longtemps que la planète continuera de chauffer.
Régulièrement, les climato-sceptiques reviennent sur le devant de la scène, propulsés par des médias en manque de contradicteurs sur un enjeu de société majeur : le dérèglement climatique. Ils
crient au complot des élites, à l’imposture, se glissent dans chaque petite faille qu’ils peuvent détecter alors que les scientifiques disposent d’un ensemble de données convergentes qui prouve
que la menace est réelle.
S’il y a complot, il faudra nous expliquer comment le Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), qui fait autorité en la matière, a réussi à embarquer les 194 pays
membres depuis plus de 20 ans ! Rappelons que chaque rapport du Giec fait l’objet d’un vote en assemblée plénière : à ce jour, tous l(es rapports ont été votés à l’unanimité, même par les
États-Unis ou l’Arabie saoudite qui n’ont pas particulièrement intérêt à ce qu’on dénonce les méfaits des hydrocarbures.
Les climato-sceptiques avancent des arguments peu étayés et souvent faux (1). Ils jouent sur le fait que la science progresse par des débats et des théories qui peuvent se
contredire. Pourtant la compilation des données scientifiques a permis de créer des modèles climatiques capables de rendre compte des évolutions du passé. Et de rapport en rapport, les tendances
climatiques prévues par les simulations informatiques du Giec se révèlent justes…
Le débat glisse donc du terrain scientifique à celui de l’idéologie : pour ceux qui ne veulent rien changer, il s’agit de croire et de faire croire, que l’on pourra rester assis sur la branche
que l’on est en train de scier.
De fait, le dérèglement climatique est une très mauvaise nouvelle pour le système et ses promoteurs. Les libéraux qui vivent le monde comme un terrain de jeu et d’enrichissement mettant à
disposition les ressources naturelles et les êtres humains, ne peuvent voir que d’un mauvais œil une réalité qui invite à la modération, voire à l’abstinence pour certaines productions.
Par conséquent, la tentation est très forte de nier le réchauffement climatique, car c’est une donnée qui s’oppose à leur stratégie de vie. S’équiper d’œillères rend alors possible la fuite en
avant. Ne pouvant plus aujourd’hui nier le réchauffement sans se discréditer (ce qu’ils ont pourtant fait pendant longtemps), ils nient maintenant l’implication des activités humaines dans le
processus ou, à bout d’arguments, la dangerosité d’un basculement climatique.
Le succès que les négateurs rencontrent auprès d’une partie importante de la population est inévitable. Le désir de ne pas remettre en question ses conditions de vie quand on s’en satisfait est
vieux comme le monde. Et la perspective d’un avenir incertain n’est pas facile à accepter.
Car la nécessaire réduction des émissions de gaz à effet de serre suppose de repenser radicalement nos modes de production. Cette transition, pour qu’elle soit à la hauteur des enjeux, implique
un véritable bouleversement de nos modes de vies. Certains pensent pouvoir le faire par une simple reconversion du système au moyen d’un capitalisme vert. Nous pensons que l’impératif de
diminution de 75 % des émissions de gaz à effet de serre pour les pays industrialisés ne sera pas réalisable en maintenant la logique d’accumulation propre au capitalisme.
L’heure de comprendre que nous butons sur les limites de la biosphère a largement sonné. Le réchauffement climatique n’est qu’un des aspects de la crise écologique globale (chute de la
biodiversité, pollutions, surexploitation des stocks, dégradation des sols…). Il est évident que cette crise va servir de prétexte pour nous imposer des restrictions qui ne servent qu’à
entretenir un système en faillite.
Mais ne nous trompons pas de combat : il faut lutter contre les réformes injustes et inefficaces comme la taxe carbone, mais nous devons comprendre en parallèle que la transformation de la
société ne pourra pas se faire sans une redéfinition des rapports entre les sociétés et leur environnement. Cette donnée nous impose de sortir du productivisme et de la surconsommation qui
découle de la logique du « toujours plus » inhérente au capitalisme. Cette évolution ne pourra pas se faire sans justice sociale, car on ne pourra pas demander à certains de changer de mode de
vie si d’autres continuent de dilapider les ressources.
En matière d’écologie, le programme du NPA pourrait se résumer ainsi « Protéger les ressources - Partager les richesses ».
Pierre Kohmiju
(1) Pour des réponses à la plupart des arguments des climato-sceptiques, se référer au site www.europe-solidaire.org
C’est encore mieux que de transformer le plomb en or. Une poignée d’industries très polluantes ont réussi un tour de force : convertir des millions de tonnes de CO2 en dizaines
de millions d’euros, grâce aux systèmes d’échanges des « droits à polluer » mis en place dans l’Union européenne. Un pervers effet d’aubaine que dénonce un rapport listant ces
nouvelles grandes fortunes du marché carbone. Et une belle arnaque à venir pour les consommateurs. Explications.
Certains rêvaient de transformer le plomb en or. C’est désormais le CO2 qui fait figure d’Eldorado. Une poignée d’industries très polluantes ont réussi à métamorphoser le volatile gaz
carbonique en pièces sonnantes et trébuchantes, convertir des millions de tonnes de CO2 en dizaines de millions d’euros. Ainsi, le champion de la métallurgie ArcelorMittal, l’entreprise la plus polluante de France, a engrangé en 2008 l’équivalent de 202 millions d’euros grâce à ses « droits à
polluer », et s’apprêterait à capter en 2009 à nouveau 42 millions d’euros. Comment cette étrange et lucrative alchimie est-elle possible ? Grâce au marché carbone mis en place par
l’Union européenne.
Petit rappel pour celles et ceux qui auraient raté tous les épisodes précédents (Kyoto, Copenhague, débats autour de la « taxe carbone »…). Pour limiter ses émissions de CO2,
l’Union européenne instaure en 2005 des quotas d’émissions par pays, secteurs d’activité et entreprises. Ces quotas d’émissions sont réévalués chaque année. Une entreprise qui dépasse son
quota (accordé gratuitement) doit acheter des « permis de polluer » sur le marché carbone, correspondant aux tonnes de CO2 qu’elle a émis en trop. Inversement, une entreprise qui ne
dépasse pas son plafond d’émissions dispose d’un surplus de « permis de polluer ». Elle peut alors le revendre sur les marchés carbone pour un profit immédiat, les confier à un
fonds spéculatif et engranger un intérêt, ou attendre que le cours du carbone (autour de 13 euros la tonne de CO2 depuis début 2010) grimpe pour les revendre. Ce recours au « laissez
faire » du marché est censé inciter les entreprises à respecter leurs quotas. Mais ses effets pervers n’ont pas tardé à se faire sentir.
Opacité des marchés carbone
C’est ce que pointe un rapport publié par l’organisation non gouvernementale britannique Sandbag qui s’appuie sur les données fournies par la société de conseils et d’informations Carbon
Market Data spécialisée sur les marchés carbone. Selon l’étude, dix grandes entreprises européennes ont accumulé 35 millions de tonnes de CO2 en droits à polluer sur l’année 2008,
l’équivalent des émissions de petits États européens comme la Lituanie. « Sur les cinq années d’échanges sur les marchés carbone (de 2005 à 2010), nous estimons que ces dix
entreprises ont accumulé 230 millions de tonnes de surplus en permis de polluer », écrit Sandbag. Soit près de 3 milliards d’euros au cours actuel de la tonne de CO2.
Deux entreprises implantées en France figurent au premier rang de ce palmarès : ArcelorMittal et le cimentier Lafarge, quatrième plus gros émetteur de CO2 dans l’Hexagone, qui a
virtuellement empoché 59 millions d’euros en 2008. Comment des grandes industries parmi les plus polluantes arrivent à dégager des « bénéfices » sur leurs émissions de CO2 ? La
logique du système voudrait, au contraire, qu’elle ne dispose pas de droits à polluer à revendre, voire qu’elles soient obligées d’acheter des droits d’émissions sur le marché carbone, et
donc de payer au moins partiellement leurs émissions. Comme on va le voir, le coût de la pollution est supporté par d’autres épaules.
L’ONG britannique dénonce la très grande opacité des marchés carbone. Ceux-ci sont en fait faussés dès le départ. Le péché originel réside dans les quotas que chaque pays attribue à ses
secteurs d’activité en 2005. « Pour protéger la compétitivité de leurs secteurs industriels, de nombreux pays ont choisi d’accorder des quotas très généreux, qui incluaient déjà des
estimations sur la croissance d’émissions à venir. » De nombreuses entreprises ont été particulièrement protégées par leur État dans le cadre des attributions de quotas. Ainsi
Peugeot a accumulé de futurs « droits à polluer » 2,5 fois plus importants que ses propres émissions de CO2. Les quelques investissements réalisés dans le développement d’énergies
renouvelables ou dans la protection des « puits de carbone » forestiers dans les pays du Sud permettent bien de bénéficier en échange de droits à polluer. Mais ces quelques efforts
n’expliquent pas - loin de là - l’ampleur des droits à polluer qu’ils ont accumulé et qu’ils vont s’empresser de revendre aux entreprises qui émettent trop de CO2.
Pendant que certains profitent, il faut bien que d’autres compensent. Les pays européens « ont compensé cette générosité à l’égard de l’industrie en fixant des plafonds plus bas pour
le secteur de l’énergie, qui n’est pas exposé à la compétition internationale », explique Sandbag. Résultat : ArcelorMittal, Lafarge ou Peugeot ont pu accumuler des permis de
polluer très importants pendant que d’autres entreprises, notamment dans l’énergie, dépassaient – voire explosaient - leurs quotas d’émissions.
Une double peine pour les entreprises ? Ou les consommateurs ?
C’est le cas des énergéticiens allemands RWE et E.ON, ou, en France, de GDF-Suez et d’EDF. Ces entreprises seront donc obligés de réduire leurs émissions : en investissant dans des
« mécanismes de développement propres » dans les pays du Sud ou en achetant des droits à polluer... à ceux-là même qui n’ont pas eu besoin de faire de réels efforts pour les
obtenir.
Qui supportera ces investissements et ces surcoûts ? Les clients des compagnies énergétiques. « Les consommateurs européens vont donc à leur insu subventionner l’industrie et
payer pour des réductions de CO2 qui n’ont pas demandé d’efforts. Le risque existe aussi qu’ils supportent le coût des droits à polluer que ces entreprises recevront en échange de leurs
investissements ou qu’elles devront acheter », pointe le rapport. Bref, sous prétexte d’activité économique plus « propre », on s’apprête à payer des réductions
d’émissions de CO2 qui n’ont pas vraiment eu lieu.
« Les mécanismes imaginés pour les entreprises soumises aux quotas européens sont beaucoup trop coûteux. On risque de mettre à mal la compétitivité des entreprises »,
s’inquiétait, mi-février, la présidente du Medef Laurence Parisot. En cause : la « double peine » que constituerait le système des quotas européens assortis d’une taxe carbone
étendue aux entreprises sur laquelle le gouvernement réfléchit. « Peu loquaces sur ces profits faramineux obtenus grâce au système européen d’échanges de quotas, les lobbyistes des
secteurs industriels appellent le gouvernement à reporter la mise en œuvre de la contribution carbone au-delà de juillet 2010 ou à l’abandonner purement et simplement. Les chiffres montrent,
au contraire, que non seulement il n’y aura pas de « double peine », mais que les industriels pourront puiser dans ces surplus pour payer la contribution
carbone », estime de son côté le Réseau action climat, qui regroupe plusieurs ONG écologistes comme Les Amis de la terre, Greenpeace ou WWF. C’est aussi le
fondement même de cette logique – faire reposer les efforts environnementaux (et donc en partie l’avenir de la planète) sur des mécanismes de marché, sans véritable régulation – qui est à
remettre en cause. Ces marchés qui sont socialement néfastes et écologiquement inefficaces.
CONTRE-EXPERTISE - Après avoir examiné les rapports d’autopsie et d’expertises médico-légales réalisés après la mort en juillet d’un chauffeur qui était
régulièrement en contact avec les algues vertes, trois scientifiques ont conclu que ce décès avait été provoqué de façon “quasi-certaine” par l’inhalation de sulfure d’hydrogène
dégagé par les algues. Thierry Morfoisse, un costarmoricain de 48 ans, avait succombé à un infarctus peu après avoir déchargé des algues vertes le 22 juillet 2009, le procureur de
Saint-Brieuc avait classé le dossier sans suite en novembre.
"L’inhalation de sulfure d’hydrogène a, de manière quasi certaine, déclenché la survenue de l’infarctus ayant entrainé le décès de Mr Morfoisse", ont affirmé dans un communiqué Claude
Lesné, médecin-chercheur au CNRS, Françoise Riou, chef du service d’épidémiologie au CHU de Rennes et André Picot, expert en toxico-chimie.
Les trois scientifiques ont fondé leurs conclusions sur les rapports remis il y a quelques semaines à la famille de Thierry Morfoisse, à sa demande, par le procureur de Saint-Brieuc Gérard Zaug.
Celui-ci avait estimé en novembre 2009, sur la foi des mêmes expertises, qu’il n’y avait pas de liens entre la mort du chauffeur et les algues vertes. Il avait classé le dossier sans suite.
“A l’occasion du transport et du déchargement de bennes d’algues en putréfaction (...) Mr Morfoisse avait été notoirement exposé avant son décès depuis plus de deux heures à l’inhalation de
gaz toxiques nauséabonds et très agressifs pour la fonction respiratoire”, précisent les scientifiques dans leur communiqué.
Ils rapprochent le décès de Thierry Morfoisse de deux graves accidents survenus au contact des algues vertes: l”’intoxication suraigüe” d’un cavalier de 28 ans survenue en juillet sur la
plage de Saint-Michel en Grève (son cheval est mort asphyxié) et, dix ans plus tôt, sur la même plage, l’intoxication suraigüe également, suivie de quatre jours de coma, d’un ramasseur d’algues
de 53 ans.
"Les circonstances du décès de Monsieur Morfoisse sont suffisamment explicites pour que lesreprésentants de l’Etat admettent à présent les faits et cessent de faire obstacle à la
reconnaissance de ce décès en accident de travail", concluent les docteurs Lesné, Riou et Picot.
La décision de la Commission européenne d'autoriser le commerce de plusieurs organismes génétiquement modifiés (OGM), suscite mardi 2 mars un tollé chez les
écologistes. Cette décision, qui concerne la culture de la pomme de terre Amflora, mise au point par la firme BASF, ainsi que plusieurs variétés du maïs MON 863, est particulièrement critiquée en
France et Italie.
Pour la secrétaire nationale des Verts, Cécile Duflot, "c'est une très mauvaise nouvelle". Elle appelle notamment le gouvernement français a refuser
d'appliquer la décision de la Commission. Selon elle, le danger de la commercialisation de ces OGM est d'autant plus grand qu'on ignore les conséquences que leur consommation pourrait avoir sur
l'organisme. "On a pu avoir, sur le maïs notamment, quelques études qui ont montré sur des rats des conséquences sur des atteintes au foie. Ces travaux scientifiques doivent être approfondis,
on doit aller jusqu'au bout de ces études-là avant de commercialiser", estime Cécile Duflot.
Même son de cloche dans les rangs des députés écologistes européens. Fer de lance de la contestation des OGM en France et plusieurs fois condamné en justice pour ses actions d'arrachage illégal
de plantations transgéniques, José Bové a exhorté Bruxelles à sortir de sa "tour d'ivoire". La Commission "doit entendre enfin les citoyens qui ne
veulent pas d'OGM. Elle doit, en outre, accepter la position des 27 Etats membres (de l'UE) qui en décembre 2008 avaient majoritairement souhaité une réforme radicale des procédures
d'évaluation" des demandes d'autorisation des produits transgéniques, a-t-il affirmé.
"UNE VÉRITABLE DÉCLARATION DE GUERRE"
"Des doutes sérieux persistent concernant les conséquences possibles sur la santé humaine et l'environnement", a précisé le député vert allemand Martin
Heusling, jugeant le feu vert de Bruxelles "au mieux inutile, et au pire dangereux"."Il y a de sérieuses inquiétudes au sujet d'un gène" de la pomme de
terre Amflora "qui est résistant aux antibiotiques", a-t-il ajouté.
"Cette décision de reprendre les autorisations de dissémination d'OGM dans l'environnement, en évacuant le débat sur leurs risques, est inacceptable", a critiqué de son côté la
libérale française Corinne Lepage, vice-présidente de la commission environnement du Parlement. Elle "constitue une véritable déclaration de guerre à l'égard
des citoyens européens majoritairement opposés aux cultures OGM, de la part de M. (José Manuel) Barroso", le président de la Commission, a-t-elle ajouté.
L'ITALIE EST "CONTRE"
Le ministre de l'agriculture italien a lui aussi vivement critiqué la décision de Bruxelles. "Le fait de rompre la prudence d'usage qui était respectée depuis 1998 est un acte qui risque de
modifier profondément le secteur primaire européen. Non seulement, nous ne nous reconnaissons pas dans cette décision mais nous tenons à répéter que nous ne permettrons pas que cela remette en
question la souveraineté des Etats membres en la matière", a expliqué Luca Zaia.
"Nous évaluerons donc la possibilité de promouvoir un front commun de tous les pays qui voudront s'unir à nous pour défendre la santé des citoyens et les agricultures identitaires
européennes", a-t-il souligné. Membre du parti populiste de la Ligue du Nord, le ministre est fermement opposé aux OGM.
Si le gouvernement avait voulu creuser le fossé entre écolos et paysans sur les algues vertes, il ne s’y serait pas pris autrement. En distillant des infos partielles avant d’annoncer, hier
en Conseil des ministres, un plan de 134 millions d’euros sur cinq ans - dont les détails ne seront connus que demain - il a exaspéré tout le monde. «C’est la confusion,
lâche Gilles Huet, de l’association Eau et Rivières. Sur l’axe préventif, c’est la nébuleuse. Il est
question de la mise en œuvre de projets territoriaux, de protection des zones humides sur la base du volontariat. Et qu’est ce qu’on fait si ça ne marche pas ?»
«Nous craignons un énième plan qui va coûter cher, renchérit Michel Guillemot, président de Halte aux marées
vertes. On va ramasser les algues, nettoyer les plages et le cancer des algues vertes aura encore de beaux jours devant lui.» Les agriculteurs ne sont pas moins
remontés. «On entend que c’est un plan fait par les agriculteurs et pour les agriculteurs, mais c’est faux ! s’exclame Jacques Jaouen, président de la chambre d’agriculture de
Bretagne. C’est un plan gouvernemental dont on peut craindre certaines mesures.»
Les paysans redoutent des contraintes qui seraient élargies à six baies en Bretagne. Une décision qui signerait selon eux la fin de l’agriculture familiale. «Sur les algues vertes, il
y a un problème de coresponsabilité, mais on va être une fois de plus au bout du fusil», s’alarme Michel Bloc’h, président de l’Union des groupements de producteurs de viande
bovine, qui réclame la nomination d’«une commission d’experts de renommée internationale». Un point sur lequel le rejoint Chantal Jouanno, secrétaire d’Etat à l’Ecologie, qui a
annoncé hier la mise en place d’un «groupe de recherche national». Au programme aussi, la création d’unités de méthanisation ou le contrôle des flux d’azote (qui nourrissent les
algues vertes) dans les sols. Sans oublier le volet curatif pour le ramassage et le traitement des algues. 40 millions d’euros seront consacrés à ce plan en 2010 et 2011. Pour
l’heure, alors que tous reconnaissent que le fléau ne pourra être réglé que collectivement, le gouvernement n’a réussi qu’à cristalliser les divergences.
Certains sèment la biodiversité, d’autres préfèrent disperser la radioactivité. Les ministères de l’Ecologie, de la Santé et de l’Economie ont ouvert la porte au
« recyclage » des déchets radioactifs issus de l’industrie nucléaire dans les biens de grande consommation. Du ciment radioactif pourra ainsi servir demain à bâtir des logements ou
des écoles. Au grand dam des associations de consommateurs.
Faudra-t-il bientôt se munir d’un compteur Geiger pour vérifier le taux de radioactivité que dégageront les murs de votre logement, vos équipements contenant du métal ou les matériaux présents
sur votre lieu de travail ? Scénario de science-fiction ? Malheureusement non. Depuis 2002, le Code de la santé publique interdisait l’ajout ou l’utilisation de substances radioactives
pour la fabrication de biens de consommation et de matériaux de construction. Toute acquisition et cession de sources radioactives étaient sévèrement encadrées. Ce n’est désormais plus le cas. Le
5 mai 2009, quatre ministères – celui de l’Ecologie, de la Santé, de l’Economie et du Logement – ont signé un arrêté interministériel qui permet de déroger à cette interdiction. Le texte est
entré en vigueur malgré l’avis défavorable de l’Autorité de sûreté nucléaire.
Cela signifie que demain, si EDF veut se débarrasser de ses gravats faiblement radioactifs générés par le démantèlement de la centrale de Brennilis, en Bretagne (la première centrale nucléaire
française à être démantelée), elle aura la possibilité de les céder ou les vendre à une cimenterie. Celle-ci transformera les gravats en matériaux de construction, qui serviront ensuite à bâtir
des bureaux, des logements, des écoles ou des hôpitaux... Idem pour Areva. Si la multinationale ne sait que faire de fûts en métaux contaminés suite à un transport d’uranium, elle pourra les
livrer à une fonderie qui le recyclera dans des produits de grande consommation : outils, véhicules, machines agricoles ou tuyaux (ce qu’avait déjà tenté de faire Areva en
2004 [1]). Seuls cinq catégories de produits restent exclues de toute dérogation : les aliments, les cosmétiques, les parures (bijoux),
les jouets et les matériaux en contact avec les aliments et les eaux (les emballages par exemple).
Radioactivité lâchée dans la nature
Seuls les déchets radioactifs dits de « très faible activité » (TFA) sont concernés. Il n’empêche. Jusqu’à présent, l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra)
entrepose ces déchets dans un centre de stockage situé dans l’Aube (Champagne-Ardenne). Les déchets sont enterrés « à quelques mètres de profondeur dans une roche argileuse », puis le
lieu de stockage est ensuite recouvert « d’une couche d’argile compactée pour lui redonner son imperméabilité d’origine ». En cas de recyclage, seuls les acteurs de la filière nucléaire
sont habilités à réutiliser du béton ou les gravats contaminés pour leurs installations. Ces précautions disparaissent avec le système de dérogation. Une fois lâchés dans la nature, ces matériaux
ne seront plus tracés ni contrôlés.
« Même si ces déchets TFA seront dilués dans d’autres matériaux, cela va augmenter le bruit de fond de la radioactivité. Faible niveau de risque ne signifie pas absence de
risque », explique Corinne Castanier, directrice de la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad). Contrôler les rayonnements radioactifs coûte très cher. Les entreprises qui recycleront ces matériaux auront donc tendance à ne procéder qu’à des vérifications
partielles sur des échantillons de ciment ou de ferraille « dilués ». Ce qui augmentera la possibilité de laisser passer un parpaing ou une tôle trop radioactive.
Multiplicateurs de cancers
Corinne Castanier ne comprend pas pourquoi le gouvernement a pris une décision si lourde de conséquences pour la santé, à l’heure où les pouvoirs publics cherchent, dans le cadre du « plan
cancer », à diminuer l’exposition des populations à la radioactivité naturelle (notamment le radon, qui favorise les cancers pulmonaires selon l’Organisation mondiale de la santé). En rendant possible l’ajout de substances radioactives dans des biens et des matériaux
destinés au grand public, le système de dérogation risque bien d’augmenter la radioactivité artificielle, et les risques de cancer. « Seuls les industriels y trouvent un intérêt. Au lieu
de stocker ces déchets, ce qui coûte cher, ils pourront s’en débarrasser tout en récupérant de l’argent. » Avec le démantèlement progressif des centrales nucléaires vieillissantes, le
volume des déchets radioactifs sera multiplié par trois d’ici 2020, selon les prévisions de l’Andra.
Ce retour en arrière est d’autant plus incompréhensible que l’on cherche à réparer les erreurs commises depuis un demi-siècle. Jusqu’en 1986, 50 000 paratonnerres
radioactifs [2] ont été disséminés dans toute la France, plus sept millions de détecteurs de fumée contenant de l’américium
241 [3], radioactif pendant 433 ans ! « Nous sommes en train de courir pour retrouver les objets radioactifs disséminés sur tout
le territoire et le gouvernement rouvre la porte à des dérogations. Il faut tirer les leçons de ces années-là ! », assène la directrice de la Criirad. L’interdiction, en 2002,
d’ajouter ou d’utiliser des substances radioactives dans des matériaux ou des biens de grande consommation avait été obtenue après un long travail de la Criirad et des associations de
consommateurs, comme l’UFC Que choisir.
Avant cette réglementation, presque tout était permis. Ainsi Saint-Gobain avait introduit des déchets radioactifs dans la fabrication de sa laine de verre (Isover) multipliant par vingt les
rayonnements. Ou la Cogema (devenue Areva) qui avait ajouté de l’uranium appauvri dans la poudre d’émail jaune destinée à la fabrication de bijoux. « Si demain la législation autorise
l’addition de substances radioactives, il s’agira de modes de fabrication standard. Ce ne sont plus seulement la laine de verre et les émaux qui seront radioactifs, mais le ciment, le béton,
l’acier, les pièces métalliques, le carrelage, les appareils ménagers, les ustensiles quotidiens... On peut légitimement s’inquiéter car le risque est bien réel. Le démantèlement des
installations nucléaires va générer 15 millions de tonnes de déchets », s’inquiétait alors l’UFC Que choisir. Tout est désormais à refaire.
Recours juridique et responsabilité politique
La Criirad a d’abord adressé un recours au Conseil d’Etat pour faire annuler l’arrêté sur la base de ses « anomalies juridiques ». En cause : les modalités d’information des
consommateurs. Celles-ci restent à la discrétion des industriels qui se garderont bien de mettre le logo spécifique aux matériaux radioactifs sur les emballages ! On ne peut faire plus
laxiste. Or, c’est aux ministères concernés de définir ces modalités d’information. Ensuite, une telle décision concernant le Code de la santé publique ne peut être prise que par décret, signé
directement par les ministres. Mais seuls les chefs de service des administrations concernées ont apposé leur signature au bas de l’arrêté.
L’association a adressé à Jean-Louis Borloo, Roselyne Bachelot et Christine Lagarde une lettre ouverte le 6 novembre 2009 pour les alerter « sur le contenu et les conséquences d’un
texte, pris en leur nom » et pour qu’ils l’annulent. Plus de 7 000 cartes pétitions ont également été envoyées par des citoyens. Après deux mois de silence gouvernemental, Corinne
Castanier sera reçue le 11 janvier au ministère de l’Ecologie. « Ils ne pourront pas dire qu’ils ne sont pas au courant ». Si rien ne bouge, la campagne pour l’annulation de
l’arrêté se durcira, avec l’entrée en lice des associations de consommateurs.
Ivan du Roy
Notes
[1] Le Tribunal administratif de Lyon avait à l’époque annulé l’autorisation délivrée par le Préfet de la Loire pour un tel projet.
L’entreprise Socatri (Areva) et une fonderie (Feursmetal) envisageaient de procéder à la fusion de 550 tonnes de ferraille contaminée provenant du site du Tricastin pour fabriquer des pièces
en acier moulé destinées au domaine public.
[2] Ces paratonnerres sont équipés de sources de radium 226 (période radioactive de 1 600 ans) ou, plus rarement, d’américium 241 (période
radioactive de 433 ans). Dans les deux cas, il s’agit de radionucléides émetteurs alpha de très forte radiotoxicité et l’activité des sources est élevée (de plusieurs millions à près d’un
milliard de becquerels). L’Andra n’en a récupéré qu’un quart.
[3] Les professionnels estiment que 35% seulement de ces appareils sont sous contrats de maintenance. Pour les autres – environ 4,5 millions –
la récupération sera beaucoup plus difficile, d’autant plus qu’aucune garantie financière n’a été mise en place. Sur la base d’une période de 433 ans et partant d’une activité de 30 000 Bq,
il faudra attendre environ 2 000 ans pour que l’activité soit réduite à 1 000 Bq ; environ 5 000 ans pour atteindre 10 Bq et plus de 6 000 ans pour une activité résiduelle d’1 Bq.
L’Union européenne recommande une norme de 200 bq/m3 dans les maisons neuves.
On savait que le sommet des Nations Unies à Copenhague ne déboucherait pas sur un nouveau traité international mais sur une simple déclaration d’intention – une de plus. Mais le texte
adopté au terme de la rencontre est pire que tout ce qu’on pouvait imaginer : pas d’objectifs chiffrés de réduction des émissions, pas d’année de référence pour les mesurer, pas
d’échéance, pas de date !Le texte comporte une vague promesse de cent milliards de dollars par an pour l’adaptation dans les pays en développement, mais les formules utilisées et divers
commentaires font craindre des prêts administrés par les grandes institutions financières plutôt que de vraies réparations payées par les responsables du gâchis.
L’incohérence du document est totale. Les chefs d’Etat et de gouvernement reconnaissent que « le changement climatique constitue un des plus grands défis de notre
époque » mais, à l’issue de la quinzième conférence de ce type, ils sont toujours incapables de prendre la moindre mesure concrète pour y faire face. Ils admettent – c’est une
première ! - la nécessité de rester « au-dessous de 2°C » de hausse de la température, donc la nécessité de « réductions drastiques » (deep
cuts) des émissions « conformément au quatrième rapport du GIEC », mais sont incapables d’endosser les conclusions chiffrées par les climatologues: au moins 40% de
réduction en 2020 et 95% de réduction en 2050 dans les pays développés. Ils soulignent avec emphase leur « forte volonté politique » de « collaborer à la
réalisation de cet objectif » (moins de 2°C de hausse de la température), mais n’ont rien d’autre à proposer qu’une auberge espagnole où chaque pays, d’ici le 1er février 2010,
communiquera aux autres ce qu’il compte faire.
Un chiffon de papier
Piégés par l’hyper-médiatisation qu’ils ont eux-mêmes orchestrée, les grands de ce monde se sont retrouvés sous les feux de la rampe, sans rien d’autre à montrer que leurs rivalités
sordides. Alors, les représentants de 26 grands pays ont viré les ONG, écarté les petits États et pondu en catastrophe un texte dont le but principal est de faire croire qu’il y a un
pilote politique dans l’avion. Mais il n’y a pas de pilote. Ou plutôt, le seul pilote est automatique : c’est la course au profit des groupes capitalistes lancés dans la guerre de
concurrence pour les marchés mondiaux. Le candidat Obama et l’Union Européenne avaient juré leurs grands dieux que les entreprises devraient payer leurs droits d’émissions.
Bernique : en fin de compte, la plupart d’entre elles les ont reçu gratuitement et font du profit avec, en les revendant et en les facturant au consommateur ! Tout le reste
est à l’avenant. Touche pas au grisbi, telle est la consigne.
Ce soi-disant accord sue l’impuissance par tous les pores.
Rester au-dessous de 2°C, cela ne se décrète pas. Pour peu que ce soit encore possible, il y a des conditions drastiques à remplir. Elles impliquent en définitive de consommer moins
d’énergie, donc de transformer et de transporter moins de matière. Il faut produire moins pour la demande solvable et satisfaire en même temps les besoins humains, notamment dans les pays
pauvres. Comment faire ? C’est la question clé. Elle n’est pas si difficile à résoudre. On pourrait supprimer la production d’armes, abolir les dépenses de publicité, renoncer à
quantité de fabrications, d’activités et de transports inutiles. Mais cela irait à l’encontre du productivisme capitaliste, de la course au profit qui nécessite la croissance.
Sacrilège ! Tabou !
Résultat des courses ? Alors que les émissions mondiales doivent diminuer de 80% au moins d’ici 2050, alors que les pays développés sont responsables de plus de 70% du réchauffement,
la seule mesure concrète épinglée dans l’accord est l’arrêt de la déforestation… qui ne concerne que le Sud et représente 17% des émissions. Avancée écologique ? Que nenni !
« Protéger » les forêts tropicales (en chassant les populations qui y vivent !) est pour les pollueurs le moyen le moins cher d’acheter le droit de continuer à produire
(des armes, de la publicité, etc) et à polluer … donc de continuer à détruire les forêts par le réchauffement. C’est ainsi que la loi du profit pourrit tout ce qu’elle touche et
transforme tout en son contraire.
Victoire de la base
Heureusement, face à la déroute au sommet, Copenhague est une magnifique victoire à la base. La manifestation internationale du samedi 12 décembre a rassemblé quelque 100 000 personnes.
Le seul précédent de mobilisation aussi massive sur cette thématique est celui des cortèges qui ont regroupé 200.000 citoyens australiens dans plusieurs villes simultanément, en novembre
2007. Mais il s’agissait d’une mobilisation nationale et l’Australie subit de plein fouet les impacts du réchauffement : ce n’est (encore) pas le cas des pays européens d’où sont
venus la plupart des manifestants qui, en dépit d’une répression policière féroce, ont investi la capitale nordique au cri de « Planet first, people first ». Face à l’incapacité
totale des gouvernements, face aux lobbies économiques qui empêchent de prendre les mesures pour stabiliser le climat dans la justice sociale, de plus en plus d’habitants de la planète
comprennent que les catastrophes annoncées par les spécialistes ne pourront être évitées qu’en changeant radicalement de politique.
Copenhague symbolise cette prise de conscience. Elle s’exprime par la participation d’acteurs sociaux qui, il y a peu encore, se tenaient à l’écart des questions écologiques, voire les
envisageaient avec méfiance : organisations de femmes, mouvements paysans, syndicats, associations de solidarité Nord-Sud, mouvement de la paix, groupements altermondialistes, etc.
Un rôle clé est joué par les peuples indigènes qui, en luttant contre la destruction des forêts (dans un rapport de forces digne de David affrontant Goliath !), symbolisent à la fois
la résistance à la dictature du profit et la possibilité d’une autre relation entre l’humanité et la nature. Or, ces forces ont en commun de miser davantage sur l’action collective que
sur le lobbying, cher aux grandes associations environnementales. Leur entrée en scène déplace radicalement le centre de gravité. Désormais, la lutte pour un traité international
écologiquement efficace et socialement juste se jouera dans la rue - plus dans les couloirs des sommets - et ce sera une bataille sociale - plus un débat entre experts.
Tandis que le sommet officiel accouchait d’un chiffon de papier, la mobilisation sociale et le sommet alternatif ont jeté les bases politiques de l’action à mener à la base dans les
prochains mois: « Change the system, not the climate », « Planet not profit », « bla bla bla Act Now », « Nature doesn’t compromise »,
« « Change the Politics, not the climate », « There is no PLANet B ». En dépit de ses limites (concernant le rôle des Nations Unies, notamment) la déclaration du
Klimaforum09 est un bon document, qui rejette le marché du carbone, le néocolonialisme climatique et la compensation (« offsetting ») des émissions par des plantations d’arbres,
ou d’autres techniques bidon. De plus en plus de gens le comprennent : la dégradation du climat n’est pas le fait de « l’activité humaine » en général mais bien d’un mode
de production et de consommation insoutenable. Et ils en tirent la conclusion logique : le sauvetage du climat ne saurait découler seulement d’une modification des comportements
individuels, il requiert au contraire des changements structurels profonds. Il s’agit de mettre en accusation la course au profit, car celle-ci entraîne fatalement la croissance
exponentielle de la production, du gaspillage et du transport de matière, donc des émissions.
Deux logiques opposées
Catastrophe, l’échec du sommet ? Excellente nouvelle au contraire. Excellente nouvelle car il est temps que s’arrête ce chantage qui impose que, en échange de moins d’émissions, il
faudrait plus de néolibéralisme, plus de marché. Excellente nouvelle car le traité que les gouvernements pourraient conclure aujourd’hui serait écologiquement insuffisant, socialement
criminel et technologiquement dangereux : il impliquerait une hausse de température entre 3,2 et 4,9°C, une montée du niveau des océans de 60cm à 2,9 mètres (au moins), et une fuite
en avant dans des technologies d’apprenti-sorcier (nucléaire, agrocarburants, OGM et « charbon propre » avec stockage géologique de milliards de tonnes de CO2). Des
centaines de millions de pauvres en seraient les principales victimes. . Excellente nouvelle car cet échec dissipe l’illusion que la « société civile mondiale » pourrait, par
« la bonne gouvernance », en associant tous les « stakeholders », trouver un consensus climatique entre des intérêts sociaux antagoniques. Il est grand temps de voir
qu’il n’y a, pour sortir des combustibles fossiles, que deux logiques totalement opposées : celle d’une transition pilotée à l’aveugle par le profit et la concurrence, qui nous mène
droit dans le mur; et celle d’une transition planifiée consciemment et démocratiquement en fonction des besoins sociaux et écologiques, indépendamment des coûts, donc en recourant au
secteur public et en partageant les richesses. Cette voie alternative est la seule qui permette d’éviter la catastrophe.
Le roi est nu. Le système est incapable de répondre au gigantesque problème qu’il a créé autrement qu’en infligeant des dégâts irréparables à l’humanité et à la nature. Pour l’éviter, l’heure
est à la mobilisation la plus large. Nous sommes toutes et tous concerné(e)s. Le réchauffement de la planète est bien plus qu’une question « environnementale » : une énorme
menace sociale, économique, humaine et écologique, qui nécessite objectivement une alternative écosocialiste. Le fond de l’affaire : le capitalisme, en tant que système, a dépassé ses
limites. Sa capacité de destruction sociale et écologique l’emporte clairement sur son potentiel de progrès. Puisse ce constat aider à faire converger les combats en faveur d’une autre
société. Les manifestants de Copenhague ont ouvert la voie. Ils nous invitent à les rejoindre dans l’action : « Act now. Planet, not profit. Nature doesn’t compromise ».
Daniel Tanuro, le 19 décembre 2009
Négociations sur le climat
Ces Etats qui placent leurs intérêts avant ceux de la planète
La plupart des gouvernements sont unanimes : nous devons freiner le réchauffement climatique. Mais derrière les discours de façade, dans les couloirs du sommet de Copenhague, les
mesquineries de chacun reprennent vite le dessus sur l’intérêt général. Des Etats-Unis à la Chine, en passant par l’Union européenne ou l’Arabie Saoudite, petit tour de ceux qui rechignent à
conclure un accord contraignant. Sous l’oeil atterré des Etats, notamment africains, qui ont le plus à perdre.
« Depuis l’ouverture des négociations, chaque grand groupe de pays avance ses cartes et montre ce qu’il attend », explique Mathieu, de l’ONG de solidarité international
d’Oxfam. Il y a d’abord eu les suspensions de séance liées à la pression des pays en développement pour ratifier un
nouvel accord juridiquement contraignant. Une fronde menée par le minuscule Etat de Tuvalu, dont les 12.000 habitants sont menacés par la montée des océans. Puis cette phrase, lourde de reproches, de Dessimila Williams, déléguée générale de la Grenade, dans les
Caraïbes, et porte parole des petits Etats insulaires : « Nous ne sommes même pas sur le globe dans le hall de la COP15 ». Pour Morgane Créach du Réseau Action Climat
– France, « la question qui a beaucoup pesé dans les négociations cette semaine est la symétrie des engagements alors même que les Etats-Unis ne sont pas dans le Protocole de
Kyoto ». En clair : dis-moi ce que tu feras, je te dirai ce que je compte faire de mon côté. Résultat : rien ne bouge. « Il est possible que l’on ait un
amendement au Protocole de Kyoto ou un nouveau Protocole comme le propose Tuvalu. Dans ce cas, un protocole lié à la Convention contraindrait les Etats-Unis », espère Morgane.
Les pays en développement n’acceptent de contrainte... que volontaire
Cette proposition pourrait effriter le groupe du G77 et de la Chine. Si les pays émergents soutiennent Tuvalu pour aboutir à de vrais engagements contraignants des pays riches et en particulier des
Etats-Unis, ils refusent d’être eux-mêmes contraints sous la Convention. « Le G77 est derrière Tuvalu, mais ils refusent d’être contraints sur le marché international,
relativise Geneviève Azam, d’Attac-France. Cependant, ils acceptent des plans nationaux de réductions. » En gros, de fixer eux-mêmes leurs objectifs de limitation des émissions
de CO2. Problème : « Si l’on reste seulement sur du volontariat, il n’y aura pas d’accord », précise Pierre Radanne, expert pour l’Organisation de l’unité africaine
(OUA) sur les négociations climat.
L’Arabie Saoudite ne veut pas perdre ses pétrodollars
Le consensus est donc loin d’être atteint. Dans le G77, on trouve des pays pétroliers
comme l’Arabie Saoudite qui ont beaucoup à perdre à la signature d’un accord ambitieux et contraignant. Jean-Pascal van Ypersele, vice-président du GIEC rappelle que « selon
l’Agence internationale de l’énergie, un accord fort pour réduire les émissions de gaz à effet de serre ferait perdre 4 milliards de dollars aux Saoudiens d’ici à 2030 en limitant le recours
aux énergies fossiles comme le pétrole ».
L’Afrique du Sud et la Norvège ont le sens de l’intérêt général
La plupart des ONG saluent toutefois les propositions chiffrées des pays émergents. « L’Afrique du Sud a annoncé qu’elle allait entreprendre des actions de réductions qui diminueront
de 34% ses émissions par rapport à son tendanciel d’ici à 2020 et d’environ 42% d’ici à 2025. C’est un chiffre très ambitieux, un vrai pas en avant, reconnaît Morgane Créach.
Malheureusement, les pays industrialisés restent eux sur des propositions de réductions d’émissions très faibles ». Mis à part quelques pays, comme la Norvège qui propose des
réductions d’émissions de 40 %, l’ensemble des pays développés n’atteint que 8 à 12 % de
réductions. Leurs propositions sont parfois même provocatrices. Le deuxième jour des négociations, le Guardian a révélé le projet d’accord du Danemark : ne faisant aucune allusion au Protocole de Kyoto, ce texte a fait souffler un vent de
colère dans les couloirs du Bella Center, lieu de négociations officielles.
L’Union européenne ? « Wait and see »
Quant à l’Union européenne, « sa position est poussiéreuse », s’indigne Morgane Créach. Beaucoup attendait du Conseil des 27 chefs de l’Etat de l’Union européenne qui s’est tenu les 9 et 10 décembre
un objectif de 30 % de réductions d’ici 2020. Mais le texte du Conseil européen réitère la promesse inscrite dans le paquet énergie climat voté il y a un an, à savoir que l’objectif de
réduction des gaz à effet de serre pourrait passer de 20% à 30% en 2020, à condition « que d’autres pays développés prennent l’engagement de parvenir à des réductions comparables de
leurs émissions, et que les pays en développement contribuent à l’effort de façon appropriée, en fonction de leurs responsabilités et de leurs capacités respectives ». Bref, si ni
les Etats-Unis ni la Chine ne font d’efforts, l’Europe en consentira très peu.
« L’Union européenne a choisi de rester sur ses positions, et d’attendre que les autres états bougent sur leurs propres objectifs. Elle est incapable de faire une coalition avec les
pays en développement pour isoler ceux qui n’avancent rien », ajoute Morgane Créach. L’Union européenne s’engage par ailleurs à des financements de 2,4 milliards d’euros par an sur
du court terme entre 2010 et 2013, alors que les ONG demandent un minimum de 35 milliards d’euros par an à long terme. Une annonce qui a fait sombrer le porte-parole du G77 dans une froide
colère, « 10 milliards de dollars ne suffiront pas à acheter les cercueils des habitants des pays en développement ».
Etats-Unis et Canada : le climat ? Rien à f...
Outre Atlantique, les positions des Etats-Unis et du Canada seraient « catastrophiques ». Selon la chargée de campagne du Réseau Action Climat – France, « les Etats-Unis
veulent demander les mêmes engagements aux pays en développement et aux pays industrialisés alors qu’ils n’ont même pas réduit leurs émissions et qu’ils ne proposent rien en terme de
financements ». Cette question du financement de l’adaptation était le parent pauvre du Protocole de Kyoto. Subissant dès aujourd’hui les impacts du changement climatique, le groupe
africain met en avant cette question dans les négociations à Copenhague. « La Chine et l’Inde, même si elles ne demandent pas d’argent pour leur propre pays, n’accepteront pas un
accord qui ne donnent pas de l’argent aux pays en développement », explique Pierre Radanne. Alors que les décisions se prennent au consensus, le refus de signer de l’une des parties
empêcherait donc tout accord.
C’est dans cette configuration que le diplomate maltais Michael Zammit Cutajar a proposé vendredi 11 décembre « un brouillon » (draft text en anglais) visant à chapeauter
les discussions. Il prend pour base la continuation du Protocole de Kyoto. « Cutajar est le plus légitime car il est le président de la COP, estime Morgane Créach. Il
propose une vision partagée, des objectifs de réductions des émissions des pays industrialisés, des financements, des actions des pays en développement, avec plein d’options entre
crochets ». M. Cutajar indique notamment que l’on « devrait » limiter la hausse de la température de la planète à 2°C ou à 1,5°C, le choix étant laissé à la
discussion. Les petits Etats insulaires ainsi que le groupe africain sont particulièrement attentifs à cette question assurant que leur « survie dépend de ces chiffres ».
Vers un compromis ?
La semaine qui s’annonce au Bella Center devrait donc porter essentiellement sur la poursuite du Protocole de Kyoto, les finances et les objectifs d’émissions. Les ministres, arrivés le 13
décembre, préparent le terrain pour l’arrivée des chefs d’Etats le 17 décembre. « Les négociations ne vont pas se jouer sur la base d’une discussion purement Chine – Etats-Unis,
commente Pierre Radanne. Lorsque Obama est venu voir Su Wei fin novembre ils ont passé un pacte. » « Depuis l’ouverture des négociations, précise Geneviève Azam,
on sent monter une tension très forte entre pays du Sud et pays riches. Une nouvelle configuration se redessine ». Un rapport de force illustré par la décision, le 14 décembre,
de plusieurs pays africains ainsi que de l’Equateur de ne plus participer aux négociations jusqu’à ce que le Protocole de Kyoto soit traité de manière prioritaire en séance plénière.
Sophie Chapelle
Notes
[1] Du 6 au 19 décembre 2009, les photographes du collectif à-vif(s) sont à Copenhague pour la Conférence des Nations unies sur le climat. En
publiant quotidiennement des reportages photographiques et sonores, ils portent un regard subjectif sur une ville, théâtre d’un évènement planétaire surmédiatisé. Chaque jour, en
collaboration avec les sites mouvements.info, Mediapart.fr et m-e-dium.net des collectifs et des organisations participant à l’événement, l’équipe d’à-vif(s) vous convie à suivre en ligne le sommet du climat
sous un angle original et décalé.
Quand le « développement durable » se transforme en néocolonialisme vert
Dans l’Etat d’Oaxaca, au Sud du Mexique, des multinationales européennes tentent d’implanter de gigantesques fermes éoliennes pour compenser leurs émissions de CO2. Ces projets
estampillés écologiques se font au détriment des populations locales et menacent leurs ressources alimentaires. Betina Cruz Velásquez raconte la résistance à ce néocolonialisme vert. Un
exemple des dérives du business vert induit par le marché des droits à polluer.
Betina Cruz Velásquez vit dans l’Isthme de Tehuantepec (Etat d’Oaxaca, Mexique). Elle participe à un mouvement de résistance aux fermes éoliennes que les multinationales installent dans
les pays du Sud.
Quelles solutions proposez-vous à la crise climatique ?
J’espère que les solutions au changement climatique viendront d’en bas, qu’elles seront construites à partir de l’expérience du mouvement global des exclus et des victimes du changement
climatique. Je n’attends rien de Copenhague, mais du mouvement international qui se bat pour de vraies solutions.
Dans nos communautés, nous n’avons pas une consommation d’énergie très élevée, et ça ne signifie pas que nous en vivons mal. Pour nous, les appels à augmenter la production d’énergie sont
mauvais. Bien sûr, il est nécessaire de trouver de nouvelles sources d’énergies renouvelables, comme l’éolien. Mais nous devons nous assurer que ce soit basé sur les besoins des peuples,
et non imposé par les besoins du marché et des multinationales. Nous avons été accusés de ne pas vouloir nous développer. Alors que ce que nous voulons, c’est un mode de développement qui
diffère de celui qui nous est imposé.
Que pensez-vous des solutions basées sur le marché, présentées comme pouvant résoudre la crise climatique ?
Les fermes éoliennes du Mexique ont été présentées comme s’intégrant dans les soi-disant « mécanismes de développement propre » et reçoivent des subventions dans le cadre de ce
programme. Mais le combat contre le changement climatique ne pourra être gagné en marchandisant nos vies, car c’est justement cela qui a été l’une des plus grandes racines du changement
climatique. Pour résoudre la crise climatique, les projets d’énergie renouvelable, qu’il s’agisse de l’éolien, du solaire ou de la géothermie, ne peuvent être vus comme du business.
Pour trouver de vraies solutions à la crise climatique, il ne suffit pas de commencer à produire de l’énergie renouvelable. Nous avons également besoin de nous attaquer à la consommation
d’énergie excessive, particulièrement dans le Nord. Nous ne pouvons pas continuer à produire de l’énergie pour faire face à ces excès, si le prix à payer c’est l’utilisation pour ces
énergies de terres destinées à produire notre nourriture.
Pourquoi résistez-vous à ces projets d’énergie renouvelable ?
Au motif de développer les énergies renouvelables, les grandes entreprises occupent notre terre avec des éoliennes. L’agriculture, particulièrement les cultures de maïs, c’est l’essence
de notre région. Et elle sera complètement déplacée par ces projets de fermes éoliennes.
Le gouvernement et les entreprises nous ont expliqué que ces projets apporteraient du travail et le développement de la région. Au lieu de quoi les gens perdent leurs terres, et l’énergie
produite ne bénéficie pas au peuple mexicain. Aucun investissement ne reste dans le pays. Ces firmes annoncent qu’elles vont investir trois milliards de dollars : 78% de ce montant
sera investi dans l’achat de turbines en Allemagne, en Espagne ou au Danemark. Les 22% restants seront utilisés pour installer les turbines. Moins d’1% sera alloué au développement de la
région. Le développement de l’éolien ne signifie pas que les autres sources d’énergie polluantes seront bannies. C’est l’inverse qui se produit : il y a des discussions autour de
l’installation d’une nouvelle centrale nucléaire au Mexique.
Voilà les raisons pour lesquelles nous demandons un moratoire immédiat sur les projets de fermes éoliennes. Nous n’avons pas été consultés convenablement, et les projets de fermes
éoliennes ont été réalisés avec des contrats et des baux abusifs, obtenus par des multinationales qui ont violé les accords exigeant une consultation locale pour de tels projets.
Ces expériences nous ont amenés à penser que nous devons analyser avec attention ce que sont les énergies alternatives. Les vraies solutions doivent être pensées de manière globale. Nous
ne pouvons pas boucher un trou pendant que nous en creusons trois autres au même moment.
À quelle situation votre communauté fait-elle face ?
La plupart des firmes qui viennent pour produire de l’énergie éolienne sont d’origine espagnole : Endesa, Union Fenosa, Preneal, Iberdrola, Acciona and Gamesa. Il y a aussi des
firmes françaises, suisses, allemandes et italiennes. Ces parcs éoliens font partie du plan « Puebla Panama » lancé en 2001.
Ces entreprises, en collusion avec le gouvernement mexicain, manipulent les pauvres, pour la plupart des Indiens non-hispanophones de ma communauté, pour qu’ils signent des contrats de
location. Ces contrats signifient en réalité l’abandon de leurs terres pour 30 ans. Un abandon compensé par des sommes ridiculement basses : les propriétaires Indiens reçoivent 150
pesos (environ huit euros) par hectare et par an. Ils reçoivent également un versement unique de 1000 pesos (environ 50 euros) quand ils signent le contrat. Ces accords ont été présentés
à notre peuple en espagnol, alors que dans la plupart des cas les gens ne parlent que le zapotèque.
Ces accords sont également trompeurs parce que les firmes ont promis que les propriétaires pourraient continuer à cultiver leurs terres. Mais le contrat inclut comme restriction que les
cultures de plus de deux mètres ne peuvent être plantées. Or le maïs peut pousser plus haut. De leur côté, les firmes n’ont aucune restriction dans leur utilisation de la terre. Les baux
sont de 30 ans, mais ils peuvent être automatiquement renouvelés pour 30 années. Et seules les firmes peuvent mettre fin au contrat.
Ces locations représentent une nouvelle forme de féodalisme. Les entreprises contrôlent des milliers d’hectares. Dans la ville de San Mateo del Mar, elles voulaient louer 4000 hectares,
alors que la superficie totale de la commune est de 7000 hectares. C’est un manque complet de respect de notre mode de vie. Les firmes se comportent comme si nous étions des marchandises
qui pourraient être achetées.
Quelles sont vos stratégies de résistance ?
Dans ma ville, Juchitán, nous avons créé une Assemblée de défense des terres et du territoire. Nous avons rejoint d’autres groupes qui rejettent ce genre de projets de fermes éoliennes et
nous avons créé le Front Populaire de l’Isthme en défense de la terre, « Frente de Pueblos del Istmo en Defensa de la Tierra ». Ensemble, nous avons commencé une campagne de
sensibilisation dans les zones où les fermes sont basées.
Dans le cadre de notre campagne, nous avons organisé des occupations de terres et des recours pour annuler les contrats de location. Jusqu’à présent, nous avons gagné environ 200 procès.
Grâce à la mobilisation, les firmes ont accepté de révoquer les contrats des propriétaires qui avaient entamé des recours, libérant ainsi les gens des contrats draconiens.
Nous avons hérité de nos terres et nous les considérons comme communales. Elles ne peuvent donc pas être sujettes à des contrats privés. Nous commençons à faire appel auprès du Tribunal
agraire, pour demander le respect de ces terres communales et exiger que les firmes quittent nos territoires. Ce sera une bataille rude, puisque le gouvernement de Oaxaca est connu pour
défendre les entreprises et terroriser les communautés.
Comment avez-vous commencé à vous impliquer dans les luttes sociales ?
Je viens d’une communauté zapotèque, dont la population est majoritairement indienne. Pour nous, le maïs est la principale ressource alimentaire, et il est aussi présent dans la plupart
de nos rites quotidiens. Sans le maïs, nous mourrons. J’ai rejoins la lutte pour défendre notre droit à cultiver quand les multinationales ont commencé à s’intéresser à notre terre. Je
fais maintenant partie de l’Assemblée de défense des terres et du territoire de Juchitán.
Les africains ont encore en mémoire les récentes inondations qui ont causé, dans plusieurs pays du continent, au cours de cette année, des centaines de morts et des centaines de milliers de
déplacés. Ce genre de catastrophe naturelle devient de plus en plus fréquent en Afrique qui fut relativement épargnée par de tels déchainements de la nature. Les prévisions ne sont pas de
nature à rassurer : les climatologues prévoient de véritables drames climatiques du fait du réchauffement climatique. L’Afrique est, d’ores et déjà, une grande victime du changement
climatique en cours.
Il est actuellement largement admis, au sein de la communauté scientifique internationale, qu’une augmentation de deux degrés Celsius de la température moyenne à la surface du globe aura pour
conséquence directe en Afrique, notre continent, une augmentation de 127 % des victimes des inondations, plus de 600 millions de personnes affectées de manque d’eau, 55 millions de
personnes qui seront touchées par la famine, avec également une augmentation de 17% du nombre de malades du paludisme et de 16 % du nombre de personnes atteintes par les maladies
diarrhéiques. L’agriculture et l’élevage sur le continent seront également très affectés avec des pertes évaluées à 133 milliards de dollars. Face à ces catastrophes qui s’annoncent, il faut
plus que jamais que les gouvernements africains, au lieu de recourir à des appels continuels à l’aide humanitaire, perpétuant ainsi dans les esprits à travers le monde l’image d’une Afrique
éternellement mendiante, s’engagent résolument dans la dénonciation de la responsabilité du système économique capitaliste actuel dans ce drame.
Après près de trois siècles de règne du capitalisme au niveau mondial et autant de présence coloniale en Afrique, il est plus qu’urgent de faire le bilan. Ce système économique impose son
modèle individualiste de comportement, marginalisant les logiques collectives de nos sociétés ancestrales, exploitant les peuples et pillant les richesses naturelles et minières sur le
continent, déniant les droits sociaux des populations et saccageant leur environnement naturel, sans d’autre logique que l’accumulation des profits par et pour une minorité sociale dominante
dans les pays du Nord comme sur le continent. Et comme toujours ce sont les pauvres sur le continent qui continueront de subir les conséquences dramatiques de cette crise climatique. Ils sont
les plus exposés à la pollution, aux inondations et autres conséquences du changement climatique, tout en étant dépourvus de moyens d’adaptation au nouveau contexte climatique.
Face à cet avenir incertain, l’oligarchie capitaliste qui domine le monde cherche à détourner l’attention de citoyens de plus en plus conscients du désastre imminent en essayant de leur faire
croire que la technologie et la marchandisation du climat pourraient contribuer à lutter contre le réchauffement de la planète. Ainsi nous propose-t-on la compensation des excès d’émissions
des gaz à effet de serre des industries du Nord par des compensations financières pour le reboisement au Sud ; nous parle-t-on de fabriquer plus de voitures électriques ou plus de
biocarburants, d’intensifier le développement de l’énergie nucléaire, d’amplifier des taxes écologiques au niveau mondial… Tout un ensemble de mesures pour faire perdurer la logique
économique de croissance et de destruction des ressources naturelles et minières au Sud au profit des riches.
Nous rejetons catégoriquement ces solutions et nous appelons les peuples africains à ne pas se laisser berner par ces mystifications que nourrissent les médias qui sont aux mains des
dirigeants du système. L’avenir n’est pas dans une technologie au service des profits, mais dans un nouvel agencement des relations sociales dans nos pays et entre le Nord et le Sud. Plus que
jamais, nous devons lutter pour sauver nos vies, ainsi que celles des générations futures, du changement climatique en prenant la défense de nos forêts, en luttant également pour l’accès à
l’eau, la souveraineté alimentaire et énergétique pour tous. Nous devons plus que jamais lutter en solidarité avec les peuples pygmées d’Afrique centrale et les peuples nomades du désert, qui
ont de tout temps vécus en symbiose avec la nature, et que l’exploitation capitaliste effrénée des ressources naturelles et minières dans nos forêts et déserts est en train de décimer. Nous
devons lutter pour la reconnaissance enfin de la dette écologique historique que nous doivent les pays du Nord après 300 ans d’esclavage, de colonisation, de pillage et d’assassinats des
leaders africains éclairés pouvant conduire le continent africain à l’émancipation totale et à la préservation de ses richesses.
Nous appelons les salariés, les paysans, les pêcheurs, les jeunes et les étudiants, les peuples d’Afrique dans toutes leurs composantes à se mobiliser contre la logique du marché que nous
impose le capitalisme néolibéral basé sur le consumérisme et la croissance sans fin et pour revendiquer que les questions sociales et de justice climatique, soient au cœur des discussions du
Sommet sur le climat qui se tient actuellement à Copenhague.
Nous soutenons les actions et mobilisations des mouvements sociaux présents à Copenhague et nous sommes solidaires de la mobilisation mondiale du 12 décembre pour la justice sociale et pour
la sauvegarde du climat.
Ensemble sauvons notre mère nourricière, la Terre.
Au bout d'un an d'opposition sans relâche, enfin est abandonné ce non sens indécent sur toute la ligne et révélateur d'un projet de société dont nous ne voulons plus !
Le NPA, partie prenante active et immédiate du combat local devenu national contre ce projet aberrant, tient à saluer l'engagement remarquable et sans relâche, de nombreux citoyens, associations
et partis au sein du Collectif Flins sans F1 depuis un an.
Oui ce projet était un non sens économique et social : aucune issue sérieuse pour l'avenir de l'emploi automobile, mis à mal depuis des années dans les Yvelines, malgré les promesses
d'hypothétiques «retombées économiques» jouant avec la désespérance sociale notamment des jeunes de la région.
Oui ,c'était indécent de la part des tenants de ce projet, d'avoir laisser pendant plus de 20 ans, l'emploi à Renault Flins et ses équipementiers se désagréger à ce point (de 22 0000 à 3500
salariés!) tout comme à PSA Poissy, et n'avoir pas empêché les délocalisations de production.
L'enrobage de la «Vallée de l'automobile» avec l'objectif lointain de quelques centaines d'emplois pour la voiture électrique ou hybride, ne doit pas non plus faire illusion ...
Indécente était l'utilisation de 155 millions (voire plus) d'argent public qui seraient mieux utilisés pour d'autres emplois utiles, locaux et non précaires : construction et rénovation de
logements, services publics de santé, d'enseignement, de transports collectifs, de formation et de recherche, développement conséquent de l'agriculture biologique ...
De plus en plus indécentes, les sommes faramineuses de ce sport en perte de vitesse, historiquement dépassé, symbole d'une idéologie de compétition et réservé à une élite, qui ne fait que creuser
un peu plus les inégalités en confortant de surcroit l'évasion des gains dans un paradis fiscal ...
OUT ce non sens écologique, avec ses nuisances insupportables dont les dégâts en pleine crise écologique fondamentale auraient été énormes :
destruction d'une zone verte, promise à un projet d'agriculture biologique, bruit infernal , danger pour la 2ème nappe phréatique d'Ile de France, pollution accrue par une circulation routière et
aéronautique aggravée, et par ces moteurs qui consomment plus que ce que le citoyen a du mal à s’acheter pour allez au boulot ou en week end...
La planète et l'humanité ont besoin de développement qui préserve leur avenir et celui des générations futures en sortant du gâchis pétrolier.
Ce projet de circuit F1, décidé sans concertation avec les habitants, n'était ni une bévue ni un dérapage. Il est emblématique d'un projet de société que nous combattons et révélateur des
solutions factices soutenues par les tenants d'un système capitaliste mortifère, alors que sa mécanique est aujourd'hui enrayée.
La mobilisation active, déterminée de nombreux citoyens et citoyennes, prenant en charge leur avenir et refusant que des élites en décident à leur place, a obligé les «décideurs» à déchirer leur
copie !
En plus d'une victoire sociale et écologique, c'est une victoire de la démocratie réelle à mettre à l'actif des combats essentiels qui se développent inévitablement sur toute la planète.
Au sein du collectif, le NPA continuera la mobilisation pour que cette victoire soit réellement celle des citoyens et du développement concret de l'agriculture biologique en Val de Seine.
Sommet de Copenhague:
les positions des principaux partis d'opposition en France
Les principaux partis d'opposition français abordent le sommet de Copenhague sans illusions et avec une certaine méfiance vis-à-vis d'un accord éventuel. Tour d'horizon
de leurs positions.
- Le Parti socialiste:
"Selon toutes les informations, les résultats de Copenhague ne seront pas à la hauteur de ceux qu'il faudrait atteindre", souligne le pôle écologique du PS dans un communiqué. "Le pire serait la
conclusion d'un mauvais accord".
Pour le PS, les "conditions minimales que Nicolas Sarkozy devra apprécier avant de signer" sont: un accord formel sur un dispositif légalement contraignant de traité; des engagements chiffrés
pour 2020 permettant de se mettre sur la trajectoire de la réduction de 50% des émissions de gaz à effet de serre à l'horizon 2050; une réduction pour les pays industrialisés de 30 à 40% à
l'horizon 2020; un fonds pour les pays en voie de développement doté d'un chiffre proche de 100 milliards de dollars.
- Les Verts-Europe Ecologie:
"L'Union européenne et la France ne sont pas les bons élèves qu'elles prétendent", estime Europe Ecologie. L'UE doit "s'engager à réduire ses émissions de 30% d'ici à 2020 par rapport à 1990 et
être prête à aller jusqu'à 40% à Copenhague". Elle doit "faire une proposition de soutien aux pays du Sud: 35 milliards d'euros par an d'ici à 2020, c'est un minimum".
Europe Ecologie met en garde contre "de fausses bonnes idées, coûteuses et inadaptées", citant notamment l'énergie nucléaire ou la technique de captage et de stockage du carbone.
- Le Parti communiste:
"Laisser faire les gouvernements, notamment ceux des grands pays capitalistes dont la France, c'est prendre le risque d'un échec catastrophique, celui de l'adoption d'un accord au rabais",
avertit le PC dans un communiqué, réclamant "un accord exigeant, visant le haut de la fourchette de réduction des émissions de gaz à effet de serre soit 40%, et qui soit cette fois juridiquement
contraignant, contrairement à Kyoto".
- Le NPA:
"Les Etats-Unis comme de nombreux autres Etats refusent toute contrainte, tout objectif chiffré, et préfèrent reculer au plus tard les échéances, afin de laisser plus de marges de manoeuvre à
leurs entreprises", regrette le Nouveau parti anticapitaliste. "Ce ronron des négociations doit être bousculé par les mobilisations populaires". Le NPA sera présent à Copenhague dans le cadre du
"sommet alternatif" et de la manifestation internationale prévue le 12 décembre.
Marché des droits à polluer
Pour sauver le climat, le Parlement européen ouvre la porte au nucléaire, et demain aux OGM
Par Sophie Chapelle(1er décembre 2009)
Ce vote est presque passé inaperçu : le 25 novembre, les trois quarts des députés européens, dont – surprise ! – la plupart des écologistes, ont adopté une résolution lourde
de conséquences : l’extension du marché carbone mis en place en Europe à l’ensemble de la planète. Le recours au marché pour acheter et vendre des « droits à polluer » est loin
d’avoir rempli son objectif : réduire les émissions de gaz à effet de serre. Pire : plusieurs techniques polluantes pourraient demain être considérées comme relevant du
« développement durable » : l’énergie nucléaire, la culture de certains OGM ou la captation et séquestration du CO2. Sans oublier les effets socialement néfastes de certains
projets sur les populations locales. Explications.
Une résolution adoptée à 76 % des voix le 25 novembre par le Parlement européen entérine la volonté de mettre en oeuvre « un marché du carbone mondial ». Objectif :
réduire de 20 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020 (par rapport au niveau de 1990). L’extension mondiale du « marché carbone », jusque là réservé à l’Union
européenne (depuis 2005), permettra aux multinationales européennes d’investir dans de nouvelles techniques pour compenser au Sud leurs émissions industrielles au Nord. Parmi elles : le
nucléaire, une « agriculture de conservation » dont certains OGM, la préservation de la forêt (parfois aux dépens des populations qui en vivent), la capture et la séquestration de
carbone figurent sur la table des négociations de Copenhague. Des projets entrant dans ce cadre pourront ainsi être financés par les grandes entreprises en échange de « droits à
polluer ». La droite, les néo-libéraux et la gauche social-démocrate ont très largement voté pour. Plus surprenant : la grande majorité du groupe écologiste également (Yannick
Jadot, député européen d’Europe écologie, s’en explique ici). Un vote lourd de conséquences.
Quand la pollution devient une marchandise
Chaque pays de l’Union européenne dispose d’un quota de dioxyde de carbone. Ce quota de CO2 est ensuite réparti par le gouvernement à chaque secteur économique puis à chaque entreprise.
Les entreprises qui n’utilisent pas tout leur quota peuvent vendre leur surplus à celles qui ont dépassé leur plafond. Ce sont les fameux « droits à
polluer ». « Les émetteurs sur le marché carbone européen peuvent aussi compenser leurs émissions, c’est à dire financer des projets permettant de réduire les émissions de CO²
en dehors de leur secteur et de leur pays », explique Sarah-Jayne Clifton, auteur d’un rapport sur les marchés carbone (en anglais) pour l’organisation écologiste Les Amis de la terre. Selon elle, cela revient à acheter et
vendre « une marchandise artificielle : le droit d’émettre du dioxyde de carbone » Plus des deux tiers de ces projets concernent l’Asie, suivie par l’Amérique latine
(30 %) et l’Afrique (3 %).
Présentés par les entreprises qui les mettent en oeuvre comme de généreuses actions de « développement durable », ces projets ont souvent des effets pervers. L’Etat d’Oaxaca, au
Mexique, a ainsi été choisi par des multinationales pour une implantation d’éoliennes à grande échelle. Problème : les populations locales en profitent-elles ? « Les
peuples indigènes ont été contraints de signer des contrats qu’ils ne comprenaient pas et selon lesquels on leur offrait une compensation de 7 € par an et par hectare en contrepartie des
terrains occupés par les éoliennes », relativise Bettina Covz Velasquez, membre d’une assemblée citoyenne locale. A ce jour, 300 de ces contrats ont été annulés. Pour Bettina, une chose est sûre : « Ces
projets ne sont pas du développement durable car ils se font contre les populations locales et au profit des multinationales ».
Les forêts intégrées dans la finance carbone, mais pas les populations
Ces mécanismes de compensation pourraient être étendus aux forêts lors des négociations de Copenhague. Discuté sous l’acronyme REDD (Réduction des émissions liées à la déforestation et à la
dégradation des forêts), ce mécanisme est censé aider les pays en développement à protéger et gérer leurs forêts primaires et à réduire les émissions causées par le déboisement. La
déforestation représente environ 20 % des émissions mondiales de CO2 : les arbres absorbent le carbone et le rejettent quand ils sont brûlés. Les acteurs économiques pourraient donc
recourir à ce mécanisme pour préserver les forêts et revendre un droit à polluer correspondant aux quantités de carbone qui y sont stockées.
Ce mécanisme de compensation est cependant fortement contesté. D’une part, il est fondé sur une définition des forêts qui inclut les plantations nouvelles. Or, les forêts tropicales stockent
cinq fois plus de carbone que les plantations mais elles constituent des réserves de biodiversité irremplaçables. « Sur un hectare à Yasuni (Equateur), on trouve autant de
biodiversité que dans l’ensemble des Etats-Unis et du Canada », illustre Alexandra, militante d’Acción Ecológica. REDD soulève également des problèmes de gouvernance : alors
même qu’1,6 milliards de personnes dans le monde dépendent des forêts, l’absence de droits fonciers bien définis ne leur garantit aucune assurance de recevoir des fonds pour leurs efforts de
conservation. Qui ira signer un chèque à telle communauté qui vit au coeur de l’Amazonie pour sa contribution à la préservation de la forêt ? Pire, selon le Mouvement mondial pour les
forêts tropicales (WRM), l’établissement d’aires protégées aurait conduit à 600.000 expropriations en Inde depuis 2002 et au déplacement forcé de 51.000 résidents en Afrique centrale, sous
prétexte de créer des espaces naturels.
Porte ouverte au soja génétiquement modifié
Dans la novlangue des négociateurs de Copenhague, que peut-bien signifier « agriculture de conservation » ? Ce label recouvre des réalités très différentes allant de
l’agriculture biologique à l’agrobusiness, y compris la culture d’organismes génétiquement modifiés (OGM) avec « semis direct »,
c’est-à-dire sans labour. « Le semis direct est considéré comme une pratique favorable à l’environnement, qui accroît le taux de matière organique dans le sol et réduit son
érosion », explique Javier Rulli. Dans le cas des monocultures industrielles de soja Roundup Ready, une partie de cette technique
est utilisée en conjonction avec d’autres pratiques très préjudiciables pour l’environnement. »
La culture de ce soja est en effet combinée à l’utilisation d’un herbicide, le glyphosate. Lorsque ce dernier est répandu, toutes les plantes meurent sauf le soja génétiquement modifié. Dès
2005, l’Association des agriculteurs argentins pratiquant le semis direct a proposé l’intégration de cette technique dans les mécanismes de compensation carbone. Quatrième exportateur de soja
au monde, le Paraguay est particulièrement concerné. « Il est essentiel d’éviter que les producteurs de soja obtiennent la compensation carbone pour cultiver le soja
transgénique, explique Jorge Galleano, président du Mouvement agraire populaire au Paraguay. Au bout de dix ans de cultures de soja génétiquement modifié, 30.000 familles paysannes
ont été expropriées et vivent aujourd’hui dans les décharges. » L’agriculture de conservation est promue par la FAO et « représente une opportunité de premier ordre pour la mise en oeuvre de conventions
internationales ». Si ces techniques agricoles figurent parmi les mécanismes de compensation qui se décideront à Copenhague, l’Union européenne devra les intégrer dans son marché
carbone. Estimera-t-elle que financer les OGM en dehors de ses frontières permet de lutter contre le réchauffement climatique ?
Stockage du CO² et promotion du nucléaire
Autre technique en vogue dans les négociations climat, la capture et le stockage artificiel souterrain de CO². Cette technique est en cours d’expérimentation sur le sol français. Elle vise à
capturer le CO² émis par des sites pétroliers ou industriels pour l’injecter en sous-sol. Pour Arnaud Gossement, porte parole de France Nature Environnement, « mettre du carbone sous
le tapis ou dans un grand trou ne permet pas de réduire nos émissions mais simplement de différer, voire même d’aggraver le problème ». Le stockage de CO2 comporte également un
risque pour les populations qui vivront à proximité du site en cas de fuite massive de gaz. Cette technologie - pas vraiment au point - entrera-t-elle demain dans les projets que l’Europe
considère comme préservant l’environnement ?
EDF et Areva pourraient faire partie des grands gagnants du sommet de Copenhague. Dans sa résolution du 25 novembre 2009, le Parlement européen souligne que « le passage à l’échelle internationale à une économie à
faible intensité de carbone conférera à l’énergie nucléaire un rôle important dans le bouquet énergétique à moyen terme ». Le nucléaire est revenu sur la table des négociations en
octobre 2009, lors de la session de négociations de Bangkok. Le Canada, les Etats-Unis, le Japon, le Mexique, l’Inde, l’Afrique et aussi la France souhaitent que cette source d’énergie puisse
bénéficier de financements par les pays industrialisés pour réduire les émissions de gaz à effet de serre des pays en développement. « Si le nucléaire est inclus dans l’accord de
Copenhague, il absorbera des fonds considérables, et privera les pays en développement de financement cruciaux pour limiter leurs émissions via les vraies solutions, comme les énergies
renouvelables, l’efficacité énergétique ou la lutte contre la déforestation », prévient Morgane Créach, du Réseau Action Climat.
Après la crise des subprimes, la crise du marché carbone ?
Le marché carbone est présenté par l’Union européenne comme un outil indirect pour réduire les émissions, par opposition à d’autres outils directs dont disposent les gouvernements tels que
l’investissement et la réglementation. Dans les faits, la première phase du système communautaire d’échange des quotas d’émissions entre 2005 et 2007 s’est soldée par un échec : le prix
de la tonne de carbone s’est effondrée à un point tel – 1,30 € en février 2007 - que les entreprises et secteurs n’ont en rien été incités à réduire leurs émissions.
Du côté des institutions, on sent poindre un certain abattement. Dans un récent communiqué, la Deutsche Bank reconnaît que « les marchés carbone n’encouragent pas les investissements
propres ». Le Comité sur le changement climatique britannique
confirme que « nous ne pouvons donc pas espérer que le système communautaire d’échange des quotas
d’émissions garantisse les investissements en solutions à faible émission de carbone exigés pour la décarbonisation du secteur ayant fait l’objet des échanges, d’ici 2020 ». Le
marché carbone pourrait également être à l’origine de la prochaine crise financière. Il y a « un risque, alerte Sarah-Jayne Clifton, des Amis de la terre, que l’échange de
quotas de carbone forme une bulle de marchandises spéculative susceptible de provoquer une faillite financière mondiale d’une ampleur et d’une nature similaires à celle causée par la récente
crise des subprimes ».
La lutte contre le changement climatique est-elle soluble dans le marché ? C’est la voie que semble indiquer les parlementaires européens, y compris le groupe des députés écologistes français où seuls José Bové et Pascal Canfin ont exprimé leur réserve, l’un par l’abstention, l’autre par la non
participation au vote, pendant que la Gauche unitaire européenne (gauche radicale et communistes) se divisait sur la question.
Par souci d'équité, voici une réponse du député Vert européen
Alain LIPIETZ à cet article :
"Négocations de Copenhague et vote des eurodéputés Verts : ne racontons pas n’importe quoi !
L’article de Sophie Chapelle, publié par le site Basta sous le titre « Pour sauver le climat, le Parlement européen ouvre la
porte au nucléaire, et demain aux OGM » représente hélas le type d’article peu utile à la lutte des écologistes pour faire comprendre et réussir Copenhague et, à la limite,
démobilisateur."
Les gros pollueurs n’apporteront pas de solutions à l’urgence climatique.
À quelques jours de l’ouverture du sommet international de Copenhague, le 7 décembre, les services de communication gouvernementaux et les médias dominants mettent en scène une confrontation
aiguë opposant d’un côté Obama et Hu Jintao, de l’autre Sarkozy et Lula.
Si les grandes puissances, et donc les plus gros pollueurs, peuvent mener des politiques qui correspondent à leurs intérêts nationaux, aux rythmes et aux rapports de forces dans leurs États
respectifs, de là à dessiner un pôle vertueux autour de la France, donc de l’Union européenne, et du Brésil, c’est aller un peu vite en besogne. Et c’est oublier que le paquet climat-énergie de
l’Union européenne a fixé en 2008 des objectifs de réduction des gaz à effet de serre (GES) inférieurs aux préconisations du Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat (GIEC), et que l’UE
donne la priorité aux mécanismes marchands qui ont pourtant montré leur inefficacité.
Avant donc de présenter un conflit entre puissances, il faut rappeler qu’il existe désormais un large accord pour que le sommet de Copenhague n’accouche d’aucun accord contraignant les États à
respecter des quantités précises de réduction de GES. Tout au plus, une déclaration politique commune permettra aux chefs d’État de noyer le poisson et de repousser encore d’un an d’éventuelles
décisions plus précises. Mais dans un an, seront-ils à même de mener des politiques plus ambitieuses alors qu’aura peut-être été adoptée par le Sénat américain une loi dont les objectifs sont
ridiculement bas : 17 % de réduction d’émissions de GES en 2020, ce qui est inférieur à ce à quoi les États-Unis auraient dû parvenir en 2012, s’ils avaient ratifié le protocole de Kyoto.
Une étude récente résume les impasses des projets en cours : si les objectifs états-uniens et européens servaient de base à un accord international, la température augmenterait de 3,3 à 4,9°C en
2100, bien au-dessus des 2°C au-delà desquels les risques deviennent majeurs.
Les discours écologistes et quasi tiers-mondistes de Sarkozy ne doivent aveugler personne. Il propose que les fonds d’adaptation aux pays du Sud pour faire face au dérèglement climatique
s’élèvent à 450 milliards d’euros sur vingt ans, soit 22,5 milliards par an. Or selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), il faudrait 86 milliards de dollars annuels. On
est aujourd’hui loin du compte avec les propositions du gouvernement français, d’autant que l’épineuse question de la gestion de ces fonds reste posée, le FMI et la Banque mondiale se portant
volontaires.
Il reste à montrer que les peuples ne sont pas dupes. Que des solutions existent pour sauver le climat et assurer la justice sociale à l’échelle planétaire. Que cela ne viendra pas d’un accord
entre puissants, mais de vastes mobilisations populaires, associant divers secteurs des sociétés, au Nord comme au Sud.
Le sommet alternatif de Copenhague et la manifestation internationale du 12 décembre doivent être un premier pas en ce sens.
Urgence Climat Justice Sociale : les réponses du PG aux enjeux de Copenhague
Le Parti de gauche a participé mercredi 8 novembre à l'interpellation des partis politiques sur les enjeux de Copenhague par le collectif UCJS.
Vous trouverez dans le document joint ses réponses ainsi que celles des autres partis.
UCJS - table ronde du 18 novembre 2009
Les Verts
Parti de Gauche
Parti Communiste Français
Nouveau Parti Anticapitaliste
Les Alternatifs
Fédération pour une Alternative Sociale et Ecologique
Association des Objecteurs de Croissance
PS, NPA, PCF, Parti de Gauche et Verts s'accordent par ailleurs à dire qu'il est nécessaire d'aller vers un autre modèle économique pour "sauver le climat" à long terme.
Des responsables de plusieurs partis de gauche français ont jugé mercredi 18 novembre que le sommet de l'Onu de décembre à Copenhague devrait donner lieu à un accord "contraignant". Ils défendent aussi la nécessité d'aller vers un autre modèle économique pour "sauver le
climat" à long terme.
"Comment Copenhague peut être aussi une occasion d'opérer des transitions vers un nouveau modèle de développement?", a demandé Laurence Rossignol (PS), au cours d'une table ronde qui s'est tenue
mercredi à Paris par le collectif Urgence climatique-Justice sociale (regroupant plus de 40 associations, mouvements et partis) et à laquelle participaient aussi d'autres partis
de gauche, dont Les Verts.
Selon elle, "on ne peut pas se satisfaire (...) de dire: 'c'est le capitalisme et on ne pourra pas sauver le climat sans détruire le capitalisme et donc on n'attend rien de Copenhague'".
"Pouvons-nous aujourd'hui annoncer une réduction des gaz à effet de serre de 40% d'ici 2020 sans envisager tout de suite une révolution profonde de la façon dont nous consommons, nous nous
déplaçons, nous vivons?", a demandé de son côté Elodie Vaxelaire (Parti de Gauche).
"On a bien sauvé les banques, on peut bien sauver la planète"
"Ca va obliger (...) aussi à revoir et, si possible, sortir des accords de libre-échange au niveau mondial parce que nous savons très bien que c'est la mondialisation libérale depuis 30 ans qui a
fait exploser les émissions de gaz à effet de serre", selon elle.
A l'instar d'autres partis de gauche, "nous militons pour un cadre juridiquement contraignant", a rappelé Hervé Bramy (PCF), pour qui "on ne s'en sortira que par un changement de système".
"Il y a nécessité de transformation et de ruptures profondes dans la société (...). Les services publics doivent être des points d'appui ou des atouts", a-t-il ajouté, précisant: "on a bien sauvé
les banques, on peut bien sauver la planète".
Michael Löwy (NPA) a également jugé nécessaire de "changer le système si l'on veut sauver le climat. Comme l'a bien dit notre ami du Parti communiste, le capitalisme est un système qui n'est pas
écocompatible (...), qui ne peut conduire qu'à la destruction des équilibres écologiques et notamment du climat", a-t-il affirmé.
Erika : 375.000 euros d'amende requis contre Total
Le groupe avait été condamné à la même peine en première instance. Le parquet a estimé que Total était bien "responsable du préjudice écologique" causé par le naufrage du pétrolier en
1999.
(Sipa)
Une amende de 375.000 euros, le maximum pour délit de pollution, a été requise mardi 10 novembre au procès en appel de l'Erika contre Total, condamné à cette même peine en première instance, et contre sa filiale Total Petroleum Services, qui
avait été relaxée.
L'avocate générale, Françoise Mothes, a également requis la "confirmation" des peines prononcées par le tribunal correctionnel de Paris à l'égard des autres prévenus: une amende de 375.000 euros
pour la société de classification Rina, personne morale, et les amendes maximum de 75.000 euros prévues envers des particuliers, pour l'armateur du navire Giuseppe Savarese et le gestionnaire
Antonio Pollara.
Elle s'en est remise à l'appréciation de la cour pour une autre filiale de Total, Total Transport Corporation (TTC), relaxée il y a deux ans.
Les prévenus au procès en appel de l'Erika sont bien "responsables du préjudice écologique" causé par le naufrage du pétrolier en 1999, qui avait souillé 400 km de côtes et
mazouté plus de 150.000 oiseaux, a estimé le parquet général lors de ses réquisitions.
"Préjudice écologique"
"Vous êtes responsables d'une catastrophe et du préjudice qui en a résulté pour presque toute la côte atlantique", a accusé l'avocate générale Françoise Mothes, avant d'ajouter: "vous êtes
responsables du préjudice écologique dont on vous demande réparation à juste titre".
Total "ne pouvait ignorer que l'Erika était potentiellement dangereux", a estimé Françoise Mothes, considérant que le groupe était pénalement responsable de la catastrophe. Pour elle, il a commis
une "imprudence dans la mise en oeuvre de ses procédures de 'vetting'", inspection du navire par ses propres services.
Selon elle, l'agence de classification Rina "a renouvelé le certificat de navigabilité de l'Erika dans la précipitation", tandis que l'armateur et le gestionnaire, Giuseppe Savarese et Antonio
Pollara, sont "indissociables" car leurs "décisions ont été prises de concert".
Pour l'avocate générale, "c'est l'insuffisance d'entretien et le développement rapide d'une corrosion non traitée qui sont à l'origine de l'affaiblissement de structure de l'Erika". Or, Savarese
et Pollara ont effectué "des réparations à la petite semaine", avec "le moins d'argent possible".
400 km de côté souillée
En première instance, le tribunal correctionnel de Paris avait retenu la notion de "préjudice écologique", une première en matière de droit de l'environnement.
A ce titre, elle avait condamné Total et les autres condamnés à payer des dommages et intérêts à la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) et au département du Morbihan.
Depuis, les régions parties civiles -Bretagne, Pays de la Loire et Poitou-Charentes- réclament un traitement similaire et demandent chacune 30 millions d'euros, pour aider à
financer un projet de recherche sur la biodiversité du littoral, tandis que le Finistère et la Vendée réclament 10 millions d'euros chacun.
Cette condamnation étant civile, le parquet général n'a pas le pouvoir de requérir sur ce point. Il peut toutefois exprimer son sentiment.
La marée noire provoquée par le naufrage du pétrolier, le 12 décembre 1999 au large du Finistère, avait souillé 400 kilomètres de côtes et mazouté plus de 150.000 oiseaux.
Le procès de «l’Erika» ou le prix de la nature endeuillée...
Marée noire . Des collectivités locales et la Ligue de protection des oiseaux demandent que soit reconnue l’atteinte au patrimoine naturel.
«A quoi sert un eider à duvet ?» C’est Allain Bougrain Dubourg, le président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), qui a osé la question mardi, au procès en appel de
l’Erika. L’eider à duvet, c’est ce canard marin qui, depuis la marée noire provoquée par le naufrage du pétrolier, en 1999, a disparu du golfe de Gascogne. «A quoi sert la
Joconde ?Comme on est fier de son patrimoine culturel, on peut être fier de son patrimoine naturel, a-t-il argumenté. La biodiversité, c’est notre assurance-vie, la France est
riche d’un tissu vivant exceptionnel mais la différence avec le patrimoine culturel c’est qu’on ne connaît pas le prix de la nature.»
Mazoutés. En première instance, la LPO avait obtenu, au-delà de l’indemnisation de ses préjudices matériel et moral, celle du «préjudice résultant d’une atteinte à
l’environnement». Une notion neuve en droit français. Le juge avait reconnu le rôle de gardien de l’environnement de la LPO qui, depuis quatre-vingt-dix-huit ans, protège les oiseaux. La
LPO a collecté 74 000 oiseaux mazoutés dont 32 000 vivants ; 20 000 ont été soignés, mais seuls 2 100 ont été relâchés. Au moins 150 000 auraient succombé.
Cité comme témoin par la LPO, Jacques Trouvilliez, directeur du service du patrimoine naturel au Muséum national d’histoire naturelle, a expliqué qu’il était difficile d’évaluer l’atteinte à
la biodiversité en «l’absence d’un état initial, avant catastrophe». En revanche, pour les oiseaux, il a pu s’appuyer sur les comptages faits dans le golfe de Gascogne par des
chercheurs du CNRS de Bordeaux. «Avant l999, 500 000 oiseaux marins fréquentaient le golfe, un site majeur d’hivernage. 15%, en fourchette basse, auraient succombé à la marée
noire.» «En outre, a-t-il ajouté, sur la Liste rouge des espèces menacées en France, actualisée en 2008 par l’Union internationale de conservation de la nature, trois
sur les onze espèces d’oiseaux sont des victimes de l’Erika : l’eider à duvet, le macareux moine et le pingouin commun.» L’oiseau est «un indicateur de l’état de santé du
milieu» et les changements, de répartition et de diminution d’espèces, témoignent d’une profonde atteinte de la niche écologique.
Puis, ce sont les collectivités qui ont témoigné pour faire valoir leur droit à une réparation du préjudice environnemental. En première instance, seul le Morbihan l’avait obtenu : il
avait su démontrer qu’il intervenait comme gestionnaire d’espaces naturels sensibles. Cette fois, les régions Bretagne, Poitou-Charentes et Pays de la Loire demandent chacune 30 millions
d’euros à ce titre, et le Finistère 10. Toutes soulignent les «euros investis dans la protection de l’environnement».
Réparation.«Le mazoutage des côtes, ce n’est pas juste des années de tourisme perdu, ou des kilomètres de littoral à réhabiliter, a noté
Jean-Yves Le Drian, président de Bretagne. C’est d’abord une atteinte à notre intégrité, à notre patrimoine collectif.» Or, selon lui, les collectivités sont «garantes du
patrimoine écologique» La preuve ? «Les contrats de plan et les contrats nature, conclus dans le cadre d’un partenariat avec l’Etat.» Pour Jacques Auxiette, président des
Pays de la Loire, le conseil régional «gère et finance des réserves ou des parcs naturels, tel celui de la Brière, souillé par le mazout de l’Erika».
Motivation supplémentaire pour ces collectivités : l’Etat n’a pas jugé utile de demander réparation du préjudice écologique provoqué par le pétrolier affrété par Total SA.
Communiqués de presse du Réseau Sortir du nucléaire
Défauts des systèmes de contrôle du réacteur EPR :
"Sortir du nucléaire" met en accusation l'Autorité de sûreté nucléaire française
C'est l'autorité de sûreté britannique qui a détecté en juin 2009 la grave faille du contrôle-commande de l'EPR... alors que l'ASN française n'avait rien signalé et avait déjà autorisé la
construction de l'EPR
Ce lundi 2 novembre, les autorités de sûreté nucléaire britannique, finlandaise et française ont publié un communiqué commun mettant en lumière les failles du système de contrôle du réacteur
nucléaire EPR. Mais cette démarche unanime masque la réalité : c'est l'autorité de sûreté britannique seule qui a détecté le problème en juin 2009... alors que l'autorité se sûreté française
(ASN) avait depuis longtemps autorisé la construction de l'EPR : l'ASN n'a donc rien vu... ou rien dit.
Reprenons la chronologie des faits :
- Le 1er juillet 2009, le quotidien britannique The Times révèle (1) que l'Autorité de sûreté britannique (la NII) met sérieusement en cause la sûreté du système de
contrôle-commande de l'EPR et vient d'écrire à ce sujet à EDF et Areva.
- Le 7 juillet 2009, après avoir découvert l'information venue de Grande-Bretagne, l'ASN annonce (2) qu'elle est "en train d'élaborer [sa] position sur le contrôle commande" du
réacteur nucléaire EPR. Il est grand temps : depuis des années, elle a autorisé la construction de l'EPR en Finlande puis en France (3)
- Le 2 novembre 2009, les autorités de sûreté française et finlandaise se joignent à la NII pour remettre en cause le contrôle-commande del'EPR.
Il a donc fallu que ce soit l'Autorité de sûreté britannique - saisie par EDF et Areva qui espèraient alors construire des réacteurs outre-Manche - qui détecte de graves défauts... que n'avait
pas signalé l'ASN française.
L'ASN se défend de façon parfaitement ridicule : pour évaluer la sûreté du contrôle-commande, elle attendrait que ce dernier soit en cours d'installation dans le réacteur EPR actuellement en
construction à Flamanville (Manche). Mais pourquoi attendre ? L'autorité de sûreté britannique, elle, a immédiatement détecté ces graves défauts alors que l'EPR n'existe que de façon virtuelle en
Grande-Bretagne... et pourrait bien ne jamais y être construit.
On est logiquement amené à envisager deux hypothèses :
- soit l'ASN a été gravement incompétente en ne détectant pas les défauts de l'EPR, et elle tente maladroitement de se cacher son erreur
- soit l'ASN a délibérément décidé de passer sous silence les défauts de l'EPR afin ne pas compromettre les intérêts de l'industrie nucléaire française, prenant le risque d'une ou plusieurs
catastrophes nucléaires.
Dans les deux cas, cette affaire met profondément en cause la compétence et la fiabilité de l'ASN : si elle commet des fautes aussi graves concernant l'EPR, comment ne pas penser qu'elle en a
commis aussi sur d'autres dossiers ? C'est d'ailleurs cette même ASN qui affirme actuellement (4) que les réacteurs français peuvent fonctionner au-delà de 30 ans.
Il semble donc nécessaire, avant que l'irréparable ne se produise, qu'une commission d'enquête indépendante fasse toute la vérité sur cette affaire et surtout sur la fiabilité de l'ASN. Le Réseau
"Sortir du nucléaire" rappelle d'ailleurs que la seule façon d'assurer la sûreté nucléaire est... de fermer au plus vite les centrales.
La solution passe par des investissements majeurs - à l'image de ceux dont a hélas bénéficié le nucléaire depuis 50 ans - dans les plans d'économies d'énergie et de développement des énergies
renouvelables.
Depuis 40 ans, la multinationale Areva puise abondamment dans les ressources d’un des pays les plus pauvres de la planète. Le Niger pourrait demain devenir le deuxième producteur mondial
d’uranium. Pourtant, le pays figure à la dernière place de l’indicateur de développement humain. C’est dans cette absence de partage des richesses et sur fond de crise institutionnelle, que se
profile une catastrophe sociale, environnementale et économique. Produire ici de l’électricité d’origine nucléaire a pour corollaire, là-bas, contaminations radioactives et
désertification.
Areva, champion français de l’industrie nucléaire, le clame fièrement : sa nouvelle mine d’uranium d’Imouraren, au Niger, sera la plus importante d’Afrique et la deuxième au monde. Areva répète avoir
« fait du développement durable la clé de voûte de sa stratégie industrielle avec la triple ambition d’une croissance rentable, socialement responsable et respectueuse
de l’environnement ».
Dans le cadre de cette stratégie, Areva a organisé le 16 mai dernier à Agadez, dans le nord du Niger, « une audience publique et un atelier de validation de l’étude d’impact
environnemental d’Imouraren ». La multinationale de l’atome se serait-elle reconvertie à un soudain souci de transparence ? « Un écran de fumée », selon
le collectif Areva ne fera pas la loi au Niger, au moment où - coïncidence ? - l’état d’exception est décrété sur la région d’Agadez. Dénonçant
l’impossibilité de consulter le rapport provisoire, la mise à l’écart du comité Ad-hoc, la réduction du temps imparti à la consultation, le collectif associatif demande de disposer de cette
étude d’impact et d’une contre-expertise scientifique indépendante. Il attend toujours.
Areva, éco-responsable ?
Derrière les grands discours socialement responsables et respectueux de l’environnement se cache une toute autre réalité. Des études indépendantes ont d’ores et déjà été menées. La Commission de recherche et d’information indépendantes sur la
radioactivité (CRIIRAD) révèle que les eaux distribuées dans la ville minière d’Arlit, où opère Areva, ne sont pas aux normes
de potabilité : d’après les prélèvements de 2004 et 2005, le taux de
contamination de ces eaux dépasse de 7 à 110 fois les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé ! Toujours selon la Criirad, des boues radioactives et
d’énormes masses de déchets radioactifs, les « stériles », sont stockées à l’air libre. La société civile nigérienne, via l’association Aghir In Man ou le réseau Rotab, ont tenté d’alarmer Areva et les responsables politiques nigériens sur la question. En vain. A ce
jour, rien n’a été fait pour revoir la gestion de ces sites uranifères, selon le collectif Areva ne fera pas la loi au Niger.
Il n’y a pas que la contamination radioactive qui pose problème. Areva, et d’autres industries minières, contribuent à la désertification du pays. « L’économie pastorale est en train
de disparaître dans le Nord du Niger, région où s’installent les miniers du monde entier. On va vers une catastrophe environnementale et économique », prévient l’hydrogéologue Alain
Joseph. L’élevage extensif - principale source de revenus d’un des Etats les plus pauvres de la planète - mené par les Touaregs, les Peulhs et les tribus arabes Kounta dans l’immense plaine
de l’Irhazer est fortement remis en cause par l’assèchement des nappes phréatiques d’Agadez (nord du Niger), seule ressource en eau de la région. La cause de leur épuisement ? L’octroi
de concessions minières : 139 permis de recherche et d’exploitation ont été vendus en moins d’un an. L’eau des nappes est acheminée vers des mines de
charbon qui alimente en électricité les installations d’Areva à Arlit.
Un comportement prédateur
A Akokan et Arlit, les sociétés Cominak et Somaïr, dont Areva est l’opérateur, ont déjà épuisé à 70% l’aquifère carbonifère au nord du Tarat, à raison de 22 000 m3/j depuis 38 ans.
Ces deux sociétés envisagent d’utiliser un pipeline de 30 km et de déplacer leurs pompages vers l’ouest, dans la nappe des grès d’Agadez. « C’est significatif du comportement
prédateur minier : on s’installe, on prend le maximum et après moi, le désert, s’insurge Alain Joseph. Non content d’avoir vidé l’aquifère du Tarat, Areva s’installe maintenant
à Imouraren. Bien d’autres pays, la Chine, le Canada, l’Inde, l’Australie, se ruent sur les ressources du sous-sol nigérien. Nous allons assisté à un assèchement rapide de cette nappe.
Comment vont vivre les pasteurs si les sources sont épuisées ? Comment vont-ils se déplacer dans un univers qui va être maintenant essentiellement minier ? »
Côté face : L’uranium nigérien sert à alimenter les centrales nucléaires françaises
« Ce que nous voulons c’est l’arrêt de l’exploitation des mines d’uranium. Seul le régime en profite, le peuple nigérien lui ne profite que de la misère et des
radiations ». Pour Aghali Mahiya, Touareg du Niger et ancien salarié de la Somaïr, filiale nigérienne d’Areva, la population ne bénéficie d’aucune retombée économique. Bien que
l’exploitation d’Imouraren fasse du Niger le deuxième producteur mondial d’uranium, le pays est encore classé parmi les trois plus pauvres de la planète et figure à la dernière place de
l’Indicateur de développement humain. De son côté, Areva a tiré du Niger près de 40 % de sa production d’uranium depuis 40 ans. Sans ce précieux combustible, jamais la multinationale
n’aurait pu se développer ni le nucléaire français fonctionner. Pas question, pour autant, de favoriser le développement du pays.
« Le peuple nigérien ne profite que de la misère et des radiations »
Pour Myrtho, président d’une association au Nord-Niger, le partage des richesses n’existe pas. « J’ai rencontré Issouf ag Maha, le maire de Tchirozerine au Niger. Areva lui a demandé
une liste de gens intéressés pour travailler pour Areva. M. le Maire a fait une liste de 800 personnes avec leur nom, leur adresse... mais à ce jour aucune de ces personnes n’a été
embauchée par Areva. » La multinationale pèse plus de 13 milliards d’euros de chiffre d’affaire en 2008. L’Etat nigérien, lui, voit son produit intérieur brut plafonner à 2,7 milliards d’euros en 2007. Soit cinq fois moins que le groupe dirigé par Anne
Lauvergeon (en photo). Comment rivaliser ? Surtout quand, derrière Areva, on trouve l’Etat français.
La poursuite de l’exploitation d’uranium au Niger s’établit sur le fond d’ « une très grave crise institutionnelle », rappelle Olivier Thimonnier de l’association Survie. En mai dernier, le président Tandja annonce l’organisation d’un référendum en vue d’un changement
constitutionnel afin de prolonger son mandat. S’ensuit la dissolution de la cour constitutionnelle et de l’Assemblée nationale qui jugent le projet de référendum inconstitutionnel. En juin,
alors que Tandja s’arroge les pleins pouvoirs, le Quai d’Orsay se contente de rappeler « [l’importance que la France attache au cadre constitutionnel du Niger, à la préservation de l’acquis démocratique de ce pays et à sa
stabilité. » Le référendum est organisé le 4 août, et malgré la forte opposition des syndicats, des partis et d’une partie de la société civile, le Niger finit par adopter une 6e
Constitution. Dans l’indifférence presque totale des médias français [1].
Areva, outil de la Françafrique ?
Le 20 octobre, Tandja organise des élections législatives. Il est isolé sur la scène politique intérieure : l’ensemble de la société civile, des centrales syndicales et son propre parti,
divisé, s’y sont opposés. Il est la cible de critiques internationales : gel partiel de
la coopération de l’UE avec le Niger, suspension du Niger par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest, mesures à venir de l’Union africaine.
Seule la France reste silencieuse. « Le 10 août, le ministère des affaires étrangères déclare que la France est attentive à l’élection, qu’elle doit être transparente et
démocratique. Ceci valide la réforme de la Constitution par le président Tandja, analyse Olivier Thimonnier. Cette position française est le résultat de la défense d’intérêts
économiques clairement liés aux intérêts d’Areva au Niger. Elle s’inscrit dans le prolongement de la politique d’indépendance énergétique de la France lancée par le Général de Gaulle dans les
années 60. »
Une indépendance énergétique qualifiée de « parfaitement virtuelle » par Johnny Da Silva du Réseau Sortir du Nucléaire. « La France importe 100 % de son uranium pour 80 % de son électricité. C’est sans
compter les transports de matières radioactives sur des milliers de kilomètres. » « Quand on nous explique que le nucléaire est une énergie propre, c’est un mensonge à
plusieurs niveaux, poursuit le Député Vert Noël Mamère. Ce n’est ni une énergie renouvelable, ni une énergie propre mais bien une énergie sale dans sa contribution à soutenir les
réseaux de la Françafrique et les régimes dictatoriaux. » Le Collectif Areva ne fera pas la loi au Niger demande à toutes les parties impliquées un moratoire sur
l’extraction minière. En attendant l’hypothétique appui de ce moratoire par le gouvernement français, les choix énergétiques de ce dernier continuent d’avoir de désastreuses conséquences…
loin de nos vertes campagnes.
Sophie Chapelle
Notes
[1] Ce qui n’est pas le cas quand ce genre de référendum se passe en Amérique latine, en Bolivie ou au Venezuela par exemple. On peut
s’interroger sur ce deux poids, deux mesures...
EPR : Les banques françaises portent à bout de bras un fiasco industriel
Malgré les dernières révélations intervenues ce jeudi au sujet de l’EPR finlandais, les banques françaises s’obstinent à vouloir financer un projet d’EPR en Inde, nous enfermant toujours un
peu plus dans la fuite en avant nucléaire. Alors que TVO vient d’annoncer que l’EPR finlandais ne serait mis en service qu’en 2013 et que l’autorité de sûreté nucléaire finlandaise (STUK) a
ordonné l’arrêt des travaux de soudure sur le chantier, les Amis de la Terre, Greenpeace et le Réseau Sortir du Nucléaire demandent aux banques françaises (BNP Paribas, Société Générale,
Crédit Agricole et Natixis) de cesser immédiatement leurs pourparlers avec l’Inde et de se mettre enfin à financer les réelles solutions aux crises climatiques et énergétiques :
l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables.
La presse indienne a évoqué hier pour la première fois les sources potentielles de financement des EPR envisagés dans ce pays. On y apprend ainsi que la Nuclear Power Corporation of India
Limited (NPCIL) est en pourparlers avec quatre banques françaises : BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole et Natixis, et une banque anglaise, HSBC, pour le financement de la
construction de deux EPR [1]. Yann Louvel, chargé de campagne Finance privée aux Amis de la Terre, commente cette information :
« On retrouve là les mêmes "usual suspects" que pour la majorité des projets controversés dans lesquels des banques françaises sont impliquées. BNP Paribas s’était déjà brillamment
illustré pour son implication dans le projet de centrale nucléaire en zone sismique de Belene, en Bulgarie, et la Société Générale et le Crédit Agricole dans celui de Mochovce, en Slovaquie,
deux projets obsolètes toujours pas opérationnels après 20 ans de tergiversations ».
Cette nouvelle intervient alors que le premier projet de construction d’EPR, à Olkiluoto, en Finlande, se transforme chaque jour un peu plus en fiasco industriel et financier, comme le
précise Stéphane Lhomme, du Réseau "Sortir du nucléaire" : « Le chantier du premier EPR a déjà pris quatre ans de retard. La centrale devait entrer en fonction en 2009 alors que les
dernières prévisions ont été repoussées à 2013 ! De même, sur le plan financier, AREVA avait vendu le projet aux Finlandais pour 3 milliards d’euros, mais nous en sommes déjà rendus à
5,5 milliards d’euros, soit un surcoût de plus de 80% ! Tout cela est dû aux multiples problèmes rencontrés sur le site, ce qui prouve bien que cette nouvelle génération de réacteur
n’est qu’un miroir aux alouettes, comme l’est le nucléaire en tant que solution aux crises climatiques et énergétiques ».
Laura Hameaux, de Greenpeace France, conclut : « Les banques françaises ont assez fait parler d’elles avec la crise financière et les multiples scandales, ainsi que par leur
implication dans de nombreux projets controversés aux impacts environnementaux et sociaux désastreux. Elles doivent immédiatement stopper leurs discussions avec NPCIL et cesser de détourner
des capitaux vers ce type de fausses solutions pour se mettre enfin à financer les réelles solutions aux changements climatiques : l’efficacité énergétique et les énergies
renouvelables ».
Yann Louvel
NOTES
[1] L’article du Daily News & Analysis India « Nuclear Power Corp to raise Rs15,000 core debt » est accessible en ligne en cliquant
ici.
Nucléaire :
l'Autorité de sûreté (ASN) punit le CEA et Areva
L'Autorité de Sûreté Nucléaire vient de suspendre toutes les opérations de démantèlement de l'Atelier de technologie plutonium du centre du CEA à Cadarache.
La décision a été rendue publique aujourd'hui, sur le site web de l'ASN. Elle manifeste la colère de l'Autorité de sûreté devant la manière dont Areva et le Cea conduisent
le démantèlement de cette installation ancienne. Selon une déclaration d'incident, le CEA Cadarache a informé l’ASN de la sous-évaluation des dépôts de plutonium dans les boîtes
à gants de l’installation. Evalués à environ 8kg pendant la période d’exploitation de l’installation, les dépôts récupérés à ce jour sont, selon le CEA, de l’ordre de 22kg et le CEA estime que la
quantité totale pourrait s’élever à près de 39kg. Ces masses peuvent sembler petites, mais s'approchent des marges de sécurité nécessaire à la manipulation du plutonium dans ce type
d'installation, de simples "boites à gants".
Cette décision intervient au lendemain de la diffusion sur Arte d'un documentaire sur les déchets nucléaires qui soulève un vif débat.
Déjà, en novembre 2006, un incident de ce type avait été déclaré, et déjà classé niveau 2 par l'ASN. Le CEA et Areva s'étaient engagés à ce que cela ne se reproduise
pas. D'où la décision de l'ASN de stopper net les opérations en cours.
L'atelier de technologie plutonium, ATPu est en effet en cours de démantèlement. C'est une ancienne installation (elle date d'il y a 40 ans), dont l'activité
principale lors de ses dernières années de fontionnement fut la production de combustible MOX pour les réacteurs de la filière REP et à un niveau moindre pour le réacteur RNR Phénix. En fin
d'activité, sa production fut surtout destinée aux électriciens allemands. Compte tenu du risque de séisme inhérent à la région de Cadarache et des faiblesses de l'ATPu face à ce risque,
l'Autorité de sûreté nucléaire a demandé en 1998 à l'exploitant de lui transmettre un engagement de la fermeture de cet atelier. En 2003, l'exploitant a arrêté sa production commerciale. A
l'époque, l'ASN avait fixé à fin 2007 le délai pour évacuer toute matière nucléaire (les "rebuts") de l'installation. Manifestement, il y a du retard...
Le Cea et Areva ont un peu traîné des pieds, afin de terminer les contrats commerciaux. Puis ont enfin engagé le processus de décontamination puis de démantèlement de l'installation. Il ne s'agit pas d'un énorme chantier, et beaucoup plus simple en terme de
radioactivité à gérer que les installations qui reçoivent du combustible usé. Mais les précautions d'usage doivent être prises qui suposent une parfaite comptabilité des matières
nucléaires qui ont séjourné dans l'installation. Il semble cette comptabilité n'est justement pas été... parfaite.
Voici l'extrait significatif du communiqué de l'ASN de ce jour :
«La division de Marseille de l’ASN a procédé à une inspection sur l’ATPu le vendredi 9 octobre afin d’analyser cet incident. Cette inspection a permis de confirmer que le CEA avait
connaissance de l’incident depuis le mois de juin 2009.
L’ASN a demandé une expertise de la situation à l’IRSN, son appui technique qui lui a rendu son avis ce jour.
L’ASN par décision du collège n° 2009-160 prise ce jour a suspendu les opérations de démantèlement dans l’installation et a soumis leur reprise à son accord préalable.
L’incident n’a eu aucune conséquence. Toutefois, la sous-estimation de la quantité de plutonium a conduit à réduire fortement les marges de sécurité prévues à la conception pour
prévenir un accident de criticité, dont les conséquences potentielles pour les travailleurs peuvent être importantes.
L’ASN considère que l’absence de détection de cette sous-estimation pendant la période d’exploitation de l’installation, ainsi que ladéclaration tardive de cet
événement à l’ASN, révèlent une lacune dans la culture de sûreté de l’exploitant et de l’opérateur industriel de l’installation. En conséquence, l’ASN a classé cet événement au niveau 2 de
l’échelle INES, qui en compte 7.»
Loin de marquer un jalon dans une politique de rupture avec une économie destructrice des écosystèmes, la « taxe carbone » s’inscrit dans la continuité d’une politique
libérale dans laquelle la production et la consommation sont régies par le marché.
Alors qu’une véritable fiscalité écologique aurait pu constituer un volet essentiel d’une politique de reconversion écologique de l’économie, la « taxe carbone » à la
Sarkozy protège les intérêts des entreprises les plus polluantes, ne touche pas aux intérêts du lobby nucléaire et s’avère n’être que le vernis vert d’une économie qui poursuit sa lancée sur la voie
de la destruction de la planète.
Eléments explicatifs
À partir du 1er janvier 2010, les émissions de gaz à effet de serre (GES) liées à la combustion des énergies fossiles seront taxées sur la base de 17€ la tonne. Cette taxe
s’appliquera au fioul, à l’essence, au gasoil, au gaz, au charbon et au GPL. Le prix de « 17 €/tonne de CO2 » impliquera un surcoût de 4,5 cts par litre de fioul ou de gasoil, 4 cts par
litre d’essence et 0,35 cts par KwH de gaz. La taxe s’appliquera aux ménages et aux entreprises. Elle ne touchera pas le transport aérien, ni les grandes entreprises déjà soumises au système européen
des permis d’émission (dont les fournisseurs d’électricité).
Le gouvernement estime qu’à ce prix, le coût moyen par foyer sera de 74€ pour l’année 2010. Il s’est engagé à compenser ce coût par un crédit d’impôt – ou un chèque vert – qui sera
versé aux ménages dès février 2010. Ce montant sera de 46€ par adulte et 10€ par enfant, auxquels s’ajouteront 15€ par adulte au cas où le foyer réside dans une zone non couverte par les transports
en commun. En ce qui concerne les entreprises, aucune compensation n’est prévue, les entreprises bénéficiant de l’annulation de la Taxe Professionnelle portant sur les actifs industriels.
La taxe carbone est-elle juste socialement ?
A priori, il est difficile de la présenter comme anti-sociale, du moins, si on ne considère que son volet « particuliers ». En effet, l’intégralité des prélèvements étant
redistribuée sur une base uniforme, cette taxe agit en réalité comme une redistribution des sommes prélevées. Plus précisément, d’après une étude de l’ADEME (référence ?) cette mesure serait
favorable aux 3 déciles inférieurs et pénaliserait les 7 déciles supérieurs.
Si on intègre les mesures touchant les entreprises, on ne peut en revanche qu’être choqué-e par la différence de traitement entre les grandes entreprises soumises au système européen
des permis d’émission, qui sont exonérées de cette taxe, et les autres. Il existe en effet une différence de taille entre les deux mécanismes : les permis d’émission sont accordés gracieusement
aux industries polluantes, tandis que la taxe carbone implique une somme à payer. On sait par ailleurs de quelle manière les mécanismes de flexibilité associés au système des permis (dont les
« Mécanismes de Développement Propre »), ainsi que l’instauration d’une bourse du carbone, permettent aux entreprises les plus habiles en matière de spéculation, et les plus aptes à
utiliser les possibilités de détournement du système (investissements dans les pays du Sud qui rapportent doublement, financièrement et en termes de quotas d’émissions) à sortir gagnantes de ces
pseudo-mesures écologiques. On ne peut également que s’indigner de ce que les « producteurs agricoles », qui contribuent au réchauffement climatique de par l’influence de gaz autres que le
CO2, liés à l’élevage (méthane ; protoxyde d’azote) au potentiel de réchauffement dramatiquement plus grave (23 fois plus pour le méthane ; 296 fois plus pour le protoxyde d’azote), ne
soient pas concernés par l’instauration de la taxe, ce qui semble indiquer clairement quels intérêts le gouvernement protège.
Par ailleurs, considérée dans un paysage fiscal plus large, l’instauration de la « taxe carbone » peut inquiéter. Elle est en effet associée à la réforme de la Taxe
Professionnelle (TP), qui occasionnera une perte nette d’environ 8 milliards d’euros pour le budget de l’État. Le produit attendu de la Taxe Carbone sera de l’ordre de 4,3 milliards d’euros, dont 2,3
milliards environ redistribués aux ménages, soit 2 milliards nets prélevés sur les entreprises. La combinaison de l’abandon de la TP et la mise en place de la taxe carbone aboutit donc à faire un
cadeau de 6 milliards d’euros aux entreprises. La TP alimentait essentiellement les budgets des collectivités territoriales, et on peut valablement se demander si l’effet combiné des deux taxes ne
risque pas d’amener les collectivités locales à augmenter les prélèvements aux particuliers, ce qui, au final, pèsera sur les ménages.
Est-elle efficace écologiquement ?
La première remarque à faire au sujet de cette taxe est qu’elle évite soigneusement de pénaliser la consommation électrique, ce qui, dans l’environnement industriel français,
constitue une prime indiscutable à l’énergie d’origine nucléaire. Souvent présentée comme une énergie « propre » en ce qui concerne le climat, la filière nucléaire émet néanmoins des
quantités de GES non négligeables, liées au cycle de vie des réacteurs (construction, démantèlement), et de leur combustible (extraction, transport, retraitement…). Alors que la voie d’une économie
véritablement écologiste devrait reposer surtout sur des encouragements aux économies d’énergie, cette « taxe carbone » constitue en fait une prime à l’énergie nucléaire.
Nous avons mentionné plus haut l’impact de l’agriculture, et notamment de l’élevage, qui est responsable sur Terre de 18% des émissions de GES (rapport de la FAO, novembre 2006). Il
est très préoccupant que la taxe fasse l’impasse sur un secteur aussi important. Il est par ailleurs incompréhensible que le secteur aérien, qui est responsable de 4% des émissions de gaz d’origine
anthropique, proportion en augmentation très rapide, soit également exclu de la taxation (comme c’est déjà le cas pour le transport aérien international, qui n’est pas comptabilisé dans le cadre du
protocole de Kyoto).
Deuxièmement, on peut s’interroger sur les effets dissuasifs sur la consommation d’une taxe au montant aussi faible, qui ne pèsera que de 80€ par an sur les ménages les plus touchés,
c’est-à-dire les plus riches (d’après l’étude de l’ADEME). Est-ce en demandant une somme aussi modique au dixième de la population ayant les revenus les plus élevés que l’on espère les voir changer
de comportement ? La manière dont le débat a été orchestré par le gouvernement montre que celui-ci ne voulait surtout rien faire qui pénaliserait la consommation et donc les profits des
entreprises : on a laissé un tollé s’installer autour d’un prélèvement de 32 € la tonne pour, quelques mois plus tard, diviser ce montant par presque deux et instaurer une redistribution totale
de ses bénéfices, ce qui divise à nouveau ses effets sur les ménages les plus riches par 2 ! On aurait voulu dénigrer une fiscalité écologique qu’on ne s’y serait pas mieux pris...
Enfin et surtout, il s’agit d’un dispositif censé conduire à une réorientation des comportements, mais qui ne participe d’aucune politique permettant à ces comportements de se
réorienter vers des pratiques moins nocives écologiquement. Il s’inscrit dans le cadre d’une politique de casse des services publics (fret ferroviaire, transport de passagers) et de soutien aux
activités les plus polluantes (industrie automobile, élevage, autoroutes…). De manière générale, une mesure dissuasive n’a de sens que si elle s’accompagne d’une politique offensive offrant aux
agents économiques de réels choix. Ce n’est bien entendu aucunement l’orientation du gouvernement qui consiste à laisser le marché régler les choix économiques fondamentaux pour le meilleur profit
des détenteurs de capitaux.
Des propositions alternatives
Si taxe il doit avoir, nous revendiquons le principe du pollueur-payeur, c’est-à-dire que les responsables des émissions de GES soit taxés sans exemption – de même que nous nous
prononçons pour une fin des exceptions dans l’application de la TIPP (transport aérien ; marins-pêcheurs ; taxis…) – : production d’énergie y compris nucléaire ; grandes
entreprises soumises aux permis d’émission ; agriculture.
Surtout, nous n’envisageons une telle taxe que dans le cadre d’une politique écologique ambitieuse et cohérente. La fiscalité doit accompagner une telle politique, elle ne doit pas
s’y substituer. Cette politique doit reposer :
sur un renforcement et une écologisation des services publics, notamment du transport et du logement, sous contrôle des salarié-e-s et des usager-e-s, avec soutien au fret
ferroviaire, et isolation thermique des bâtiments.
sur un financement important de la recherche dans le domaine des énergies renouvelables, et une aide fiscale aux particuliers et aux entreprises qui désirent recourir à ces
énergies.
sur une relocalisation de la production, notamment alimentaire (avec un soutien à la production coopérative locale), et une incitation aux économies d’énergie et à des
pratiques réductrices de l’empreinte écologique et climatique (réduction de la part animale dans l’alimentation).
sur une rupture avec le culte de la productivité, et une réduction du temps de travail pour tou-te-s, avec une réappropriation des bénéfices des entreprises par les
travailleurs/euses au détriment des détenteurs/trices du capital.
Hillion, 2 500 personnes contre les algues vertes
Dimanche après-midi, quelque 2 500 personnes ont manifesté à Hillion contre les algues vertes : David Adémas
Dimanche après-midi, on est venu manifester de toute la Bretagne et même de Paris contre la pollution des plages. Une mobilisation pour un combat de très longue
haleine.
« Hillion, déception! Pas une algue à l'horizon! » Dimanche, en début d'après-midi, à Hillion, dans les Côtes-d'Armor. Un homme, avec humour,
scande cette phrase en arrivant sur la plage de la Grandville. Comme beaucoup d'autres à s'être déplacés pour le rassemblement contre les algues vertes, il est surpris en arrivant.
Pas d'odeur nauséabonde à vous pincer les narines, ni une algue verte sur la plage... «Des algues vertes étaient encore présentes il y a une quinzaine de jours. Même si nous avons procédé
à un nettoyage cette semaine, les algues ont été déplacées par les vents un peu plus loin », explique Yvette Doré, maire d'Hillion.
« Pas contre les agriculteurs »
André Ollivro, porte-parole de Halte aux marées vertes, de son cabanon dressé sur les hauteurs de la plage, contemple le paysage de la baie de Saint-Brieuc. Il profite de ce moment paisible avant
de prendre la parole devant les 2 500 personnes qui se sont déplacées. « J'ai l'impression de retrouver la plage que j'ai connue il y a plus de vingt ans. Vous voyez, lorsqu'on les ramasse,
la mer reprend ses droits. Le problème, c'est le stockage. Sur les 20000 tonnes ramassées à Hillion, 7000 sont parties à la déchèterie des Châtelets. Où sont les
autres? Nous avons demandé la traçabilité du ramassage.»
15 h 15. Le site se remplit douce-ment, puis s'anime soudain. Les manifestants débarquent des six cars stationnés dans les champs plus haut. Des airs, joués à la bombarde et à l'accordéon
diatonique, les accompagnent. Pancartes et banderoles sont brandies : « La Bretagne est enlisiée. Stop aux bagnes à poules,... »
Ils sont venus de toute la Bretagne, et beaucoup du Finistère. D'autres de Paris, comme ces trois jeunes attachés à ce coin des Côtes-d'Armor. Françoise, de Saint-Brieuc, les algues vertes, ça
fait un paquet de temps qu'elle les côtoie. Aujourd'hui, elle participe pour la première fois à ce genre de rassemblement : « Parce que trop c'est trop. Il faut qu'il y ait une prise de
conscience collective et que l'on fasse bouger les choses. Cela ne peut plus continuer. »
Les prises de paroles des associations et des élus s'enchaînent. Yvette Doré achève son discours avec des trémolos dans la voix. « Vous excuserez mon émotion. Votre présence, très
nombreuse, nous donne la force de poursuivre notre combat. Un combat contre les algues vertes et pas contre les agriculteurs. Je remercie le collectif Halte aux marées vertes qui se mobilise depuis
des années. »
17 h. Les 2 500 personnes descendent en procession sur la plage de la Grandville. Pour une dernière photo qui immortalisera cette journée de mobilisation. Une mobilisation qu'il faudra
continuer.
Véronique CONSTANCE
Environnement :
"le scandale des algues vertes"
Le dimanche 27 septembre, des milliers de personnes sont attendues à Hillion, dans les Côtes-d’Armor, pour
manifester contre les algues vertes, qui infestent les plages de la commune. Nous avons rencontré André Ollivro, porte-parole de l’association « Halte aux marées vertes ».
Tu as été le premier président – fondateur – de l’association « Halte aux marées
vertes »...
En 2001, nous nous sommes dit qu’il fallait agir, créer une mobilisation populaire au travers de nombreuses initiatives
de type théâtre de rue... Pour faire un diagnostic, nous avons rencontré toutes les structures qui s’occupent de l’eau, et nous avons constaté que tous savaient déjà ! La prolifération des algues
vertes provient à 95 % des excédents de nitrates issus de l’élevage intensif, constat qui ressort d’un colloque des pollutions, dès 1999, confirmé depuis par Ifremer1.
Nous avons alors déposé un recours contre le préfet au tribunal administratif, car les lois sur l’eau n’étaient pas
respectées. Avec plusieurs autres associations qui se battent contre le même fléau (à Douarnenez, dans le Trégor...), nous avons pointé et chiffré les dommages : la perte d’image, la privation de
l’espace ludique, le repli des personnes vers d’autres rivages, les dommages sanitaires et leurs coûts sociaux... Et nous avons gagné ! L’État est désigné en 2007 comme responsable, car la potabilité
n’est pas garantie.
Le taux de 50 milligrammes de nitrates par litre est dépassé (alors que l’Europe préconise de ne pas dépasser 25 mg). Mieux encore, le jugement précise que pour en finir avec les algues vertes, il
faudra revenir à des taux encore nettement plus bas, de l’ordre de 10 à 15 mg...
Nous avons même gagné définitivement, car l’État renonce à faire appel. Après ce qui s’est passé cet été, il leur était
difficile de faire autrement ! Un cheval est mort – et le cavalier a eu chaud – sur la plage de Saint-Michel-en-Grève, dans le Trégor, ce qui a provoqué la visite de Fillon sur le site. Tout le monde
reconnaît maintenant le danger des algues vertes, que nous dénonçons depuis si longtemps ! En décomposition, elles dégagent des émanations de gaz extrêmement toxiques (DMS et H2S2, connu
pour son odeur d’œuf pourri). L’affaire tourne au drame avec le décès cet été, dans des conditions suspectes, d’un conducteur de camion préposé à l’enlèvement des algues sur les
plages.
Quelle est la réaction des pouvoirs publics ?
On nous a envoyé Fillon le 20 juillet... et le 21, le préfet des Côtes-d’Armor permettait l’implantation d’un poulailler
industriel de 80 000 têtes, avec autorisation d’épandage sur le bassin versant, notamment à Hillion !
Quelle est la responsabilité de l’élevage industriel ?
Il est inconcevable de continuer de mettre sur les champs les déchets de l’élevage industriel, qui provoquent d’énormes
excédents de nitrates, à l’origine des algues vertes. Mais en plus, avec tout ce que l’on donne aux animaux dans ces exploitations, antibiotiques, aliments, on retrouve sur la terre de nombreux
composants chimiques toxiques, des métaux lourds... Les grands groupes agroalimentaires, les coopératives agricoles, l’industrie chimique, tous ensemble, portent la responsabilité de ces pollutions,
avec l’aval de la FNSEA. C’est tout ce système qui ne vise qu’à faire du fric sur le dos des éleveurs, des consommateurs et des citoyens.
Quelles sont les solutions ?
Il faut faire baisser radicalement les taux de nitrates, contrôler la qualité de l’eau, faire réinstaller sur les cours
d’eau les capteurs qui ont été supprimés. Il faut « remettre les cochons sur la paille et les vaches sur l’herbe » !
Il faut développer une agriculture paysanne, aider les productions bio et durables, produites et commercialisées
localement, inciter à la reconversion, interdire les épandages sur les bassins versants. On doit aussi s’occuper de la collecte et du traitement des déchets de l’élevage, créer des stations de
raffinage, qui, au bout du compte, ne génèrent que du compost sain. Pour maîtriser la qualité de l’eau, il faut municipaliser les abords des captages, préempter les terres des bassins versants : on
sait le faire pour préserver les sources d’eau minérale ! Pour tout cela, il faut une vraie volonté politique...
Et la mobilisation ?
On s’attend à quelque chose d’important le 27 septembre. Le rapport de forces a changé, l’écho médiatique suscité par
les évènements de l’été, l’approche des élections, tout cela provoque comme un vent de panique chez les « autorités ». Reste à installer un mouvement durable qui bouleverse les choses sur
le fond.
* Titre de l’ouvrage d’André Ollivro, Éditions du Temps, 17€.
1.Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer
L'avocat général de la cour d'appel de Bordeaux a requis dans la nuit de mercredi à jeudi huit mois de prison ferme et quatre ans de privation de ses droits civiques et de
famille contre José Bové qui comparaît avec 11 autres "faucheurs volontaires" pour la dégradation d'un silo de maïs transgénique en novembre 2006 à Lugos (Gironde).
En octobre dernier, le leader altermondialiste avait été condamné à 200 jours-amende à 60 euros. Marc Giblet, le propriétaire de l'exploitation qui avait tiré des coups de fusil en l'air, s'était
vu infliger 160 jours-amende pour violence avec usage d'une arme.
"C'est complètement décalé par rapport à la réalité! On peut dire que c'est du copier/coller au regard du jugement de première instance". Réagissant au réquisitoire de l'avocat général après
l'examen par la cour d'appel de Bordeaux du jugement de première instance, José Bové a déclaré jeudi matin à l'Associated Press qu'il s'agit à ses yeux d'un "mauvais film en noir et blanc".
"S'il devait y avoir une décision de privation de liberté le tribunal serait obligé de saisir le Parlement Européen", a précise à AP le vice Président de la commission Agriculture au Parlement de
Strasbourg. Deux des 11 autres faucheurs volontaires se sont vu réclamer par l'avocat général des peines de trois mois de sursis. Quant à l'exploitant agricole qui avait tiré au fusil lors de
l'opération l'avocat général requis à son encontre 10 mois de prison avec sursis. Le délibéré doit être prononcé le 25 novembre prochain.
José Bové, fraîchement élu au Parlement européen sur la liste Europe Ecologie, n'avait pas souhaité que soit évoqué son statut d'élu à l'audience dans le soucis d'être "jugé comme les autres
faucheurs volontaires".
José Bové a un autre rendez-vous avec la justice, à Béziers le 5 février prochain, pour une autre action de fauchage.
Apiculture.
Sauver les abeilles !
Les colonies d’abeilles disparaissent, avec des conséquences sans précédent sur la pollinisation des cultures. En cause, l’usage des pesticides et l’agriculture
intensive. Face à ce mal sanitaire, les pouvoirs publics jouent le statu quo.
C’est une constante observée depuis une bonne vingtaine d’années. Les abeilles, domestiquées ou sauvages, dépérissent. Tous les apiculteurs voient les colonies se raréfier. Il y a les attaques
d’un terrible acarien, le Varroa destructor, qui met le bordel dans le rucher, contre lequel tous les traitements échouent. Il y a les attaques du frelon d’Asie, dangereux prédateur qui ravage les
colonies. « Tout cela crée une fragilité sanitaire des essaims, à laquelle il faut ajouter le problème environnemental et notamment l’usage des pesticides », explique Jean-David Abel, qui
fut apiculteur professionnel durant quinze ans dans la Drôme.
INSECTICIDES MEURTRIERS
Des taux de mortalité de 30 % à 35 % ont ainsi été observés dans les colonies domestiquées. Au point que, dans certains pays, on manque d’abeilles pour assurer la pollinisation dont
dépendent directement près de 80 % des espèces végétales. Comme le souligne Agir pour l’environnement dans sa nouvelle campagne, « Les abeilles piquées au
vif ! » (1), s’il fallait donner une valeur monétaire à ce service écologique, il serait estimé à 153 milliards d’euros, soit presque 10 % de la valeur de la production
agricole mondiale destinée à la consommation humaine. Pourtant, les pouvoirs publics ne semblent pas s’alarmer : ils continuent à homologuer produits chimiques et insecticides meurtriers.
Il aura fallu près de dix ans de bataille juridique pour faire retirer du marché des pesticides tels que le Gaucho et le Regent, dont le rôle prépondérant dans la destruction des colonies
d’abeilles a finalement été prouvé. Cela n’a pas empêché le ministre de l’Agriculture, Michel Barnier, l’inventeur du principe de précaution, de réautoriser en décembre 2008 l’utilisation du Cruiser,
un autre insecticide de traitement des semences de maïs mortel pour les abeilles. Pour Henri Clément, apiculteur en Lozère et président de l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf), qui
regroupe environ 22 000 apiculteurs, c’est « aberrant » : « Il suffit de voir les conditions d’usage drastiques de ce produit pour comprendre sa dangerosité.
Aujourd’hui, l’Allemagne l’a retiré du marché, contrairement à la France. On sacrifie l’apiculture au profit d’une économie aveuglée par le court terme. C’est comme si le combat contre le Gaucho ou
le Regent n’avait servi à rien. » Il est très en colère. « Un an après le Grenelle de l’Environnement, les engagements pris semblent déjà enterrés. Alors que la France était plutôt
en avance sur le reste de l’Europe à la fin des années 1990, en refusant l’homologation des produits phytosanitaires les plus dangereux, le passage de Michel Barnier au ministère de l’Agriculture
aura surtout laissé le souvenir d’une passivité à toutes épreuves. »
RENOUVEAU DU SYNDICALISME
Comme la Confédération paysanne, qui a su expliquer les problèmes de la malbouffe aux Français, les apiculteurs cherchent depuis dix ans à populariser leur métier et faire connaître la situation
de leurs ruchers. Campagne de communication sur les dangers des pesticides, rôle primordial de l’abeille dans la chaîne alimentaire, dénonciation de l’agriculture intensive… On est passé d’une vision
un peu ringarde, vaguement désuète, de l’apiculteur, à celle d’un professionnel averti et défenseur d’une autre agriculture, plus raisonnée. « Avec l’apiculture, on peut traiter des
questions essentielles : quelle agriculture ? quelle alimentation ? quel environnement ? quel lien entre l’homme et la nature ? Si on ne s’en s’occupe pas, cela va mal
tourner dans les campagnes », juge Henri Clément. D’ailleurs, les firmes phytosanitaires ont été complètement « plantées » par ce nouveau syndicalisme. « Les combats
contre le Gaucho ou le Regent nous ont appris à nous professionnaliser, poursuit Henri Clément. C’est ainsi qu’on a développé une collaboration avec les scientifiques de l’INRA ou du CNRS
pour apporter les preuves scientifiques de l’impact des pesticides, travaillé avec les médias et monté des dossiers juridiques ». Et ça a payé. Mais la lutte est loin d’être gagnée, surtout
que l’apiculture, professionnelle ou non, est en complète perte de vitesse.
DISPARITION MYSTÉRIEUSE
Récemment l’Afssa, l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments, a pourtant conclu que la disparition des abeilles s’expliquait par des facteurs multiples. Et qu’incriminer uniquement les
pesticides serait une erreur. Réponse cinglante de l’Unaf : « Au moment où tous les représentants des organismes apicoles européens relatent les effets dévastateurs pour les abeilles
des produits phytopharmaceutiques, insecticides, fongicides, herbicides utilisés sur les grandes cultures, le discours de l’Afssa qui dénie une évidence environnementale lui fait perdre tout
crédit. » Pour Jean-David Abel, apiculteur professionnel pendant quinze ans, c’est aussi difficile à croire. « Evidemment qu’il y a d’autres causes, comme la monoculture, la baisse
des apports polliniques ou la disparition des haies. Mais l’effondrement des colonies est colossal. Aujourd’hui, certaines sont exsangues en moins d’un an, là où avant on pouvait les utiliser une
dizaine d’années. A chaque effondrement de mes colonies, je faisais faire des analyses. Il n’a jamais été compliqué de trouver la molécule. Le problème, c’est que la commission d’étude de la toxicité
du ministère de l’Agriculture n’est pas une structure indépendante des pouvoirs publics. Elle ne fait pas son boulot. » Les apiculteurs dénoncent également l’insuffisance des essais
cliniques avant l’utilisation en plein champ. Et le principe des homologations aux conditions d’usage strictes, mais dont le respect n’incombe réellement à personne. « Leur bon usage n’est
pas contrôlé, de même que la destruction des stocks quand les produits sont retirés du marché », rappelle Jean-David Abel.
RIPOSTER
« On a l’impression que la cause apicole est marginale alors qu’elle est essentielle, tonne Henri Clément. Sans pollinisation, la production chute. C’est déjà le cas en
Californie, où il n’y a plus assez d’abeilles pour assurer la pollinisation nécessaire à la production d’amandiers. En Caroline du Sud, la production des concombres a baissé de 50 % pour la même
raison. Et en Chine, on a repris la pollinisation à la main des arbres fruitiers ! » En France, certains secteurs agricoles commencent à prendre la mesure du problème, notamment les
arboriculteurs qui craignent pour leur production. Afin de populariser ses combats, l’Unaf a aussi lancé le programme des abeilles sentinelles pour faire mieux connaître à la population urbaine les
abeilles. Il s’agit d’installer, en collaboration avec les collectivités, des ruches en ville. Le résultat est très encourageant. Étonnamment, les plus belles récoltes se font aujourd’hui à Paris :
car il y a plus de floraisons, de grandes allées d’arbres et pas d’insecticides. « Mais soyons clairs, l’avenir de l’apiculture n’est pas en ville ! Il s’agit d’alarmer »,
précise Henri Clément.
L’avenir de l’apiculture passera aussi par une évolution des pratiques, estime Jean-David Abel : « Comme l’abeille est un insecte résistant, on lui a fait faire tout et n’importe
quoi. Cette apiculture intensive a eu un effet. » On est ainsi passé à une apiculture professionnelle avec de très grosses exploitations et une augmentation des récoltes de miel. La gamme
s’est élargie, passant du miel toutes fleurs à des récoltes saisonnières très exigeantes, offrant des sortes spécifiques comme le miel de lavande, de thym ou de châtaignier. Cela joue aussi sur la
santé des ruchers. « L’apiculture de demain ne parviendra pas à se développer si les moyens scientifiques ne suivent pas pour lutter contre les acariens, et que les apiculteurs ne
réfléchissent pas sur leurs pratiques. Il faut ménager les insectes, même s’ils ont des capacités incroyables ! »E.C.
Action Consommation, A.C.! Agir ensemble contre le chômage, Aitec - IPAM, Amis de la Terre, Attac,
Bizi !, Confédération Paysanne, Ecorev', Fac Verte, FSU, Fondation Copernic, LDH, Mouvement de la Paix, MRJC, Réseau Féministe « Ruptures », Réseau Sortir du nucléaire, Solidaires, Vélorution Paris
Île-de-France, Zone d'Ecologie Populaire
Soutenu par :
Alter Ekolo, Fédération pour une Alternative Sociale et Ecologique (FASE), Les Alternatifs, Les
Verts, Parti de Gauche, NPA
Nous sommes à la croisée des chemins. Issu de l’activité humaine, dans le cadre d’un modèle de production
agricole et industriel que les sociétés industrialisées ont mis en place et qui se répand sur l’ensemble de la planète, le réchauffement climatique met en danger les moyens d’existence et les vies de
milliards d’êtres humains, et menace d’extinction des millions d'espèces.
D'ores et déjà, des populations entières sont affectées, en particulier les femmes, les peuples indigènes, les
paysan-ne-s et, de façon générale, les plus défavorisés.
Face à cette crise écologique et sociale, mouvements sociaux, organisations écologistes, politiques et
scientifiques du monde entier appellent à une action urgente et radicale.
Du 7 au 12 décembre prochains, la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique se tiendra à
Copenhague. Elle doit déterminer les objectifs et les solutions à mettre en œuvre à l’échelle internationale pour prolonger le protocole de Kyoto, qui prend fin en 2012.
Selon les climatologues, il faudrait que les pays industrialisés, premiers responsables de l’émission des
gaz à effet de serre (GES), réduisent leurs émissions de 25 à 40 % d’ici à 2020 et de 80 à 95 % d’ici à 2050 (par rapport à 1990). Faire diminuer les émissions dans ces proportions est impératif pour
limiter à 2°C la hausse des températures par rapport au niveau de l’ère préindustrielle. Au-delà, l’emballement climatique se produirait. Il ne serait plus possible de maintenir une température
vivable sur terre.
Les politiques actuelles sont dans l’impasse
Jusqu’ici, les mesures mises en œuvre et prévues par les différents États sont tout à fait insuffisantes.
Les mesures que préconise notamment l’Union Européenne, qui n’envisage de réduire ses émissions que de 20 % en 2020, sont très en deçà des enjeux. Et alors que leurs émissions de GES par habitant
sont les premières au monde, la proposition des Etats-Unis (réduction de 5 % des émissions sur la même période) est, quant à elle, une véritable provocation vis-à-vis des autres
Nations.
Les solutions proposées actuellement ne sont pas crédibles. Car elles reposent essentiellement sur les
mécanismes de marché alors que la crise économique et financière a, une fois encore, montré leur incapacité à se substituer à l’action publique et collective. La politique du « marché
pilote » international de droits à polluer est clairement défaillante et les projets de l’Union européenne et des Etats-Unis en la matière relèvent du mirage idéologique.
Les fausses solutions sont également technologiques. Le nucléaire, outre qu'il s'agit d'une
technologie porteuse de risques majeurs, ne peut être en aucun cas la solution : même un développement ambitieux du parc nucléaire ne réduirait les émissions de gaz à effet de serre que de
façon très marginale. Les agrocarburants industriels quant à eux posent de nombreux problèmes environnementaux et aggravent la crise alimentaire sans contribuer à la baisse des
émissions.
Des mesures véritablement alternatives sont nécessaires
Les objectifs de réduction des émissions de GES à atteindre ne peuvent l’être que par l’adoption, par les
collectivités, les pays et les ensembles régionaux, de mesures radicales et alternatives :
- Démocratisation de l’économie, qui doit être orientée vers la satisfaction des besoins sociaux et le
respect des contraintes écologiques, et non par le profit à tout prix, par les diktats de la société de consommation et du productivisme ; cela implique le soutien aux circuits courts, à
l’économie sociale et solidaire, au secteur coopératif ;
- Réorientation des investissements (notamment de recherche) vers les énergies renouvelables, la
cogénération, l’efficacité énergétique et les projets écologiquement soutenables ; valorisation de la sobriété énergétique ;
- Reconnaissance et protection des biens publics mondiaux tels que l’énergie, le climat, les forêts, la
terre et l’eau ; arrêt de la déforestation, protection des forêts primaires et des océans, et, de façon générale, défense de la biodiversité sauvage et cultivée ;
- Relocalisation des activités économiques, rapprochement des lieux de vie et de travail, maîtrise de
l’urbanisation, développement des transports collectifs, limitation du transport aérien ; taxation juste et progressive, au niveau national et international, de l’énergie et des transports les
plus polluants ;
- Retour à la régulation du commerce international, garantissant notamment la souveraineté alimentaire et
le développement massif de l’agriculture paysanne, au Nord comme au Sud ;
- Promotion d’un modèle alimentaire alternatif au modèle des pays industrialisés (majoritairement à base de
protéines animales) afin de pouvoir diminuer les surfaces cultivées pour l’alimentation animale, donc réduire les émissions de GES du secteur agricole ;
- Rénovation massive des bâtiments et promotion de la construction écologique.
La Justice climatique et sociale doit être au centre des politiques mises en
œuvre
Les responsabilités historiques des pays du Nord et du mode de développement productiviste dans cette crise
globale doivent être reconnues. La justice et l’équité exigent que soit réparée la dette écologique du Nord, a minima par l’annulation des dettes du Tiers-Monde. Les transferts technologiques
respectueux de l’environnement et des sociétés au Sud doivent être financés et l’aide publique au développement augmentée, sans que cela exonère le Nord de ses propres objectifs de réduction des
émissions. Les réfugiés climatiques doivent être reconnus et accueillis.
Au sein de chaque pays, des mesures d’accompagnement et de justice sociale sont indispensables afin que
chacun puisse faire face aux changements à opérer, en ayant la certitude que les efforts seront partagés par tou-te-s. Il faut garantir un accès juste et équitable aux biens et services essentiels
tels que l’énergie, qui ne doivent pas être laissés au marché mais faire l’objet d’une réappropriation par la société.
Une autre répartition des richesses doit permettre une transition solidaire vers des économies écologiques,
au Nord comme au Sud. Le droit au travail pour tous est au cœur de cette répartition. C’est pourquoi un emploi décent permettant un revenu digne doit être garanti à chacun-e. Les revenus financiers
et du patrimoine doivent être lourdement taxés afin de dégager les moyens nécessaires à la transformation des économies.
La gestion des financements doit être démocratique et garantir la participation des populations
locales.
Les sommes colossales investies dans le sauvetage du système bancaire montrent que les moyens financiers
existent. Les mesures à prendre doivent être débattues démocratiquement et faire l’objet de politiques publiques audacieuses, passant outre les intérêts des grands lobbies – notamment des
hydrocarbures, et définissant une production industrielle axée sur les besoins et non sur le profit ainsi qu'une répartition plus juste des richesses naturelles et produites.
En France, nous appelons les associations de défense de l’environnement, syndicats, associations de
solidarité internationale, organisations politiques, collectivités locales, et plus généralement tous les citoyen-ne-s à rejoindre la mobilisation internationale et à organiser des initiatives
communes pour peser sur les décisions du sommet de Copenhague de décembre 2009.
Mobilisons-nous maintenant pour le climat et la justice
sociale
Sortie du chapeau de la commission Rocard cet été, la taxe carbone n'en finit pas de faire des vagues, y compris au sein du gouvernement et de l'UMP.
Au point que des responsables politiques des Verts et d'Europe-Ecologie, au nom d'une soi-disant fiscalité écologique, se retrouvent contraints de témoigner en faveur de Sarkozy à l'issue de leur
réception à l'Elysée.
Autant, il est juste d'avoir une politique pour lutter contre le réchauffement climatique et donc de prendre des décisions, autant la taxe carbone, telle qu'elle est envisagée aujourd'hui par le
gouvernement, et quelle que soit la valeur attribuée à la tonne de CO2 est irrecevable.
Pour le NPA, mais aussi pour d'autres partis ou associations de consommateurs, il s'agit d'un hold-up fiscal qui ne dit pas son nom et qui va taxer uniquement les consommateurs, leur rendre encore
plus onéreux l'accès à l'énergie et permettre au gouvernement de liquider la taxe professionnelle.
Madame Parisot, la présidente du MEDEF, a le culot, aujourd'hui, de réclamer un chèque vert pour les entreprises alors que beaucoup d'entre elles fortement émettrices de CO2 seront exclues de
cette fiscalité au titre de la compétitivité économique. Elles continueront à bénéficier du droit à polluer.
A qui fera-t-on croire que les salariés, les consommateurs de ce pays, exclus des choix économiques, ont vraiment le choix du mode transport que ce soit en milieu rural, en zone urbaine ou
péri-urbaine alors que des lignes de chemins de fer sont fermées en régions, que les transports en bus ou en car sont notoirement insuffisants et inconfortables.
La taxe carbone, impôt supplémentaire pour les salariés et les consommateurs, ne doit pas voir le jour. Cette taxe carbone, non seulement est injuste socialement, mais de plus elle est inefficace
car elle ne s'attaque pas à l'organisation capitaliste de la production et de la société, cause principale du réchauffement climatique.
Un abattoir de Charal infiltré, des images insoutenables.
L'abattoir Charal de Metz a été infiltré par un enquêteur de l'association de protection animale L214. Les images tournées en caméra cachée sont sans appel. Que ce soit en abattage rituel ou non, le non
respect de la réglementation en vigueur entraîne des morts insoutenables : des bovins (vaches, boeufs) suspendus par une patte à la chaîne d'abattage s'agitent désespérément pendant de
longues minutes avant de rendre leur dernier souffle. L214 porte plainte contre Charal pour cruauté envers les animaux et dénonce la tromperie de l'entreprise envers les
consommateurs.
Une réglementation sans effet, des souffrances évitables
Pour l'abattage standard, les bovins sont étourdis puis suspendus à la chaîne d'abattage, mais au lieu d'être immédiatement égorgés comme l'exige la réglementation (1),
l'employé chargé des mises à mort accumule du retard ce qui entraîne une reprise de conscience des animaux avant leur égorgement.
Concernant l'abattage rituel (sans étourdissement préalable à l'égorgement), la vitesse de la chaîne d’abattage est inchangée par rapport à l'abattage standard (entre 50
et 60 bovins à l’heure). Cette cadence ne permet pas d’attendre le temps nécessaire à une saignée complète dans le tonneau à contention (entre 20 et 30 bovins à l'heure). Pourtant la
réglementation exige que « l’immobilisation [soit] maintenue pendant la saignée. » (2)
Comme le montre clairement les images, ces deux principales violations entraînent une mort des bovins en toute conscience, suspendus par une patte à la chaîne
d'abattage.
L'enquêteur a pu constater que ces infractions étaient répétées et quotidiennes.
Les mensonges de Charal
« Notre groupe a fait de la protection animale un volet central et spécifique de sa politique "Qualité", qui va au-delà des exigences actuelles et préfigure les évolutions
réglementaires. » C'est ainsi que se présentait Charal dans une lettre à L214 motivant un refus de visite (3). L'enquêteur a également pu constater le changement
momentané des pratiques de l'abattoir à l'occasion d'un audit mené par McKey, le fournisseur des steaks chez McDonald's.
Services vétérinaires inefficaces
Les Services vétérinaires pourtant présents en permanence dans l'abattoir ont montré leur incapacité à faire respecter la réglementation de protection des
animaux. Ces constatations corroborent celles de l'Office alimentaire et vétérinaire (OAV) de la Commission européenne qui relève des défaillances récurrentes des Services
vétérinaires français. Au cours de sa dernière mission (4), l'OAV a notamment pointé explicitement l'insuffisance de formation des agents officiels concernant le bien-être des animaux.
(1) Article R214-71 du Code
Rural.
(2) Article R214-74 du Code Rural.
(3) Télécharger la lettre de Charal du 15 juin 2009.
(4) « Rapport d'une mission effectuée en France en vue d'évaluer les systèmes de contrôle en place régissant la production et la mise sur le marché de viandes de volaille et produits à base de viande
de volaille », OAV, du 17 au 26 novembre 2008.
Des analyses montrent que les algues vertes sur les plages bretonnes sont dangereuses pour l'homme, car elles dégagent des niveaux très élevés d'hydrogène sulfuré.
Ramassage des algues vertes à Saint-Michel-en-Grève (AFP)
Les algues vertes en décomposition sur les plages bretonnes sont dangereuses pour l'homme, car elles dégagent des niveaux très élevés d'hydrogène sulfuré,
un gaz létal, estime l'Institut national de l'environnement et des risques (Ineris), selon une information publiée mercredi 19 août sur le site internet du Figaro.
Après la mort soudaine d'un cheval, le 28 juillet, et le malaise de son cavalier, sur la plage de Saint-Michel-en-Grève (Côtes d'Armor), provoquée vraisemblablement
par l'inhalation d'hydrogène sulfuré dégagé par les algues vertes en décomposition, la secrétaire d'État à l'Écologie Chantal Jouano avait demandé à l'Ineris d'effectuer des prélèvements d'air sur
ces amas d'algues vertes.
Un niveau entraînant une mort rapide
"Ces résultats sont mauvais", d'après Le Figaro, qui rapporte le verdict du secrétariat à l'Écologie. "Dans les pires cas, souligne le quotidien, la concentration avoisine les 1.000
parties par million (ppm, aussi utilisées pour mesurer la pollution de l'air). A ce niveau, la mort est rapide et les méfaits sont de toute façon irréversibles. Car ce gaz s'attaque au système
nerveux." "Un humain meurt en une minute, s'il traverse une zone où stagne de l'hydrogène sulfuré à 1.700 parties par million", rappelle-t-il.
Ce pic des 1.000 ppm n'a été toutefois relevé qu'à l'endroit de la plage où le cheval s'était écroulé, à savoir l'unique zone où les algues n'avaient pas été ramassées, la vase empêchant le passage
des tractopelles. Toutes les autres mesures effectuées par l'Ineris révèlent des taux allant de zéro à 500 ppm. "Ces niveaux restent élevés et peuvent provoquer des irritations des yeux et des voies
respiratoires, ainsi que des maux de tête à répétition", indique cependant le quotidien.
Ces résultats sont révélés alors que le premier ministre François Fillon est attendu jeudi à Saint-Michel-en-Grève. Il devrait annoncer de nouvelles mesures contre la prolifération
des algues vertes, liée en partie aux engrais de l'agriculture.
Pollution aux hydrocarbures du site Natura 2000 de la Crau,
Cette plaine steppique, couverte de lavande, de
thym et d'asphodèle est unique en France. Classée réserve naturelle en octobre 2001, le site Natura 2000 de la Crau vient d’être touchée, pour cause de rupture d’un oléoduc, par un
déversement de pétrole. Pour la Ligue ROC, cette réserve naturelle mérite « beaucoup plus d’attention de la part des sociétés qui y installent des
infrastructures. »
Suite à la pollution aux hydrocarbures de la
réserve naturelle de la Crau, Greenpeace dénonce « le laxisme des autorités françaises, » et la Ligue ROC dénonce de son côté une nature exceptionnelle « engluée par du pétrole ».
Pour Greenpeace, le déversement de plusieurs milliers de m3 de pétrole brut dans
la plaine du Crau rappelle « l’urgence et la nécessité de la mise en place de systèmes de sécurité renforcés, notamment sur des zones situées près du littoral. »
Il ne résulte aucun problème d'approvisionnement en pétrole dans le Nord de
l'Europe, mais des milliers de mètres cubes de pétrole brut se sont déversés sur deux hectares souillant cet écosystème unique pour « lequel les précautions n’ont pas été suffisantes »
estime la Ligue ROC.
Cette pollution d’une réserve naturelle par du pétrole « met également en
lumière la piètre prise en compte et gestion des risques industriels en amont par les autorités françaises. Est-il nécessaire de rappeler que 80% des pollutions en mer proviennent de la terre ? Ainsi
les impacts des activités humaines sur l’écosystème marin peuvent causer des dommages irréversibles » précise Greenpeace.
Pour la ligue ROC, « quand un pipeline traverse un milieu si rare et
précieux on pourrait s’attendre à ce que des dispositifs d’alarme fonctionnent pour tout incident. D’autant que la Société du Pipeline Sud-Européen (SPSE
transporte de l'ordre de 23 millions de tonnes par an et dispose donc de moyens considérables qui n’auraient pas été gravement amputés par une surveillance adaptée plus sérieuse », concluant pas
la question suivante : « Quelle sera la réponse des groupes pétroliers qui utilisent les services de la SPSE s’ils se soucient vraiment de la préservation de la biodiversité
? ».
De son côté, Greenpeace rappelle les demandes fortes exprimées lors du Grenelle
de la Mer par toute la Plateforme des ONG environnementales « pour un renforcement des mesures de sécurité dans les installations industrielles sensibles, tout particulièrement celles situées
sur notre littoral, » ajoutant que « l’incident survenu à la raffinerie de Donges en 2006 et qui avait souillé une zone Natura 2000 peut à tout moment se reproduire sur les côtes françaises
ou à proximité ».
Quiconque pensait que les courses cyclistes étaient placées sous le signe du respect de l’environnement devrait voir ses illusions réduites à néant par les récentes déclarations de la Communauté
d’agglomération du Ventoux Comtat Venaissin (CoVe) dans le Vaucluse. Après le passage du Tour de France et de quelques centaines de milliers de spectateurs, les services de la CoVe se sont attelés
lundi 27 juillet, de 5h à 14h, à un laborieux travail de nettoyage. Au total, dix agents du service Gestion des déchets ont pris en charge la collecte des 88 caisses, colonnes et conteneurs
spécialement installés pour la manifestation. En parallèle, cinq autres agents du service Nettoiement nettoyaient les bas-côtés menant au sommet du Géant de Provence, ou Mont Ventoux, arrivée de
cette étape.
Le bilan de cette opération massive de nettoyage s’élève à 20 tonnes de déchets ramassées, dont 1,5 tonne de verre et 800 kg de plastiques et d’acier-aluminium (équivalent de 30 000 bouteilles d’eau
et 20 000 canettes). Pour le mouvement politique écologiste Génération Ecologie, cela représente autant de déchets qui ne seront pas revalorisés et iront directement soit à l’enfouisseur, soit à
l’incinérateur. En définitive, les collectivités, outre le privilège de s’acquitter du droit d’accueillir le Tour de France, doivent prendre à leur charge l’intégralité des coûts de collecte et
d’élimination des déchets.
Cependant, les déchets ne sont pas les seules nuisances à ternir l’image emblématique du Tour de France. Aussi paradoxal que cela puisse paraître pour un événement qui promeut ce mode de déplacement
respectueux de l’environnement qu’est le vélo, le Tour de France est loin d’être neutre en terme d’émissions de CO2. Si les candidats sont au cœur de la course, il ne faut pas omettre l’encadrement
massif dont ils font l’objet, composé notamment d’une caravane publicitaire permanente, d’une escorte de motos et de voitures de directeurs sportifs, de bus et de camions de logistique, sans oublier
les nombreux fidèles de cette manifestation qui n’hésitent pas à parcourir des kilomètres pour suivre l’évolution des coureurs.
Pointant du doigt les coulisses de l’un des événements nationaux les plus populaires, Génération Ecologie demande à la société du Tour de France de prendre ses responsabilités. Le parti politique
exige ainsi que celle-ci publie son Bilan Carbone et verse la compensation au PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement) ou à Landes Aids (Ensemble pour la reforestation de la forêt
landaise). Il insiste également sur la nécessité de faire de la sensibilisation des spectateurs à la question des déchets une priorité, la caravane publicitaire devant, elle aussi, « adopter un
comportement éco-citoyen ».
Festival de musique, semaine de résistance, camp climat, Alter tour, l'été sera chaud à Notre Dame des Landes du 1° au 9 août
NPA vendredi 31 juillet 2009
Depuis 40 ans, Notre Dame des Landes, un petit village d'irréductibles, résiste dans l'ouest de la France,
à l'implantation d'un aéroport international.
Il s'agissait dans les années 70, de créer une base d'accueil transatlantique pour Concorde, sorte de Hub Européen, d'où
les passagers du bel oiseau supersonique pourraient atteindre leur destination finale dans le vieux continent. Le projet avait un sens, le vol à plus de Mach 2 ne pouvant se faire qu'au dessus des
océans. A l'époque la zone aéroportuaire était dix fois moins peuplée qu'aujourd'hui, cependant les autochtones ne voulaient pas de cet équipement chez eux, leur pays étant un havre de calme et un
paradis naturel pour les espèces et pour y vivre.
Le projet Concorde n'a jamais décollé, il est même définitivement enterré, mais le projet initial s'est transformé en un
projet pharaonique avec deux pistes et une zone aéroportuaire de plus de 1400 ha (1200 à Roissy) à laquelle s'ajouterait une vaste zone industrielle destinée à alimenter et à digérer le fret du futur
plus grand aéroport français destiné au transport des marchandises internationales. Le projet a été monté par quelques lobbyistes, multinationales du bétonnage des transports de la logistique, avec
la bénédiction des banques (avant l'effondrement du système). Ils ont su trouver des appuis politiques auprès des élus UMP ou PS des collectivités locales, région, département, communauté de
communes, grandes villes, avec Jean Marc Ayrault comme chef de file des Auxiette, Maréchal, Batteux, mais aussi des Fillons, Bachelot, De Charrette, Hunault, Guedon, De Villiers, sans oublier la
complicité de quelques communistes qui pour conserver leurs sièges font allégeance au monarque PS du cru.
Au fil du temps le projet «d'Ayraultport» se révèle de plus en plus décalé et impopulaire. Les réalités
financières, industrielles, écologiques, culturelles, sociologiques suscitent de la part des populations locales mais aussi dans tout le pays et dans toute l'Europe, plus de critiques et
d'oppositions que d'adhésions. L'opposition commence depuis le citoyen local, l'agriculteur, le résident, et va jusqu'à la commission Européenne qui ne donnera pas son feu vert au financement du
monstre, en passant par un collectif d'élus, de plus en plus nombreux, des associations, des collectifs citoyens, des ONG, des partis politiques. La résistance s'organise et le projet a du plomb dans
l'aile...
Venez nombreux avec une tente et du matériel de camping, c'est gratuit.
Le site de « La Rolandière » à Notre Dame des Landes est très champêtre mais confortable, vous aurez accès à
des douches, des toilettes sèches et de l'électricité. Pour vous restaurer, vous trouverez plusieurs bars et cuisines autogérées. Pour vous informer et vous documenter, vous trouverez de
nombreux stands, dont un stand NPA que nous vous invitons à venir tenir quelques heures. Toute la semaine, vous pourrez participer à des débats (y compris organisées par le NPA*), des projections de
films militants, des stages sur la Désobéissance civile et l'action non violente, des animations musicales (si vous faites de la musique, apportez votre instrument et venez vous exprimer en public),
et encore beaucoup d'autres choses et de belles rencontres...
Le Vendredi 7, en fin d'après-midi, un grand débat sera organisé avec des représentants des principales formations
politiques de la gauche de gauche sur le thème:
Comment les politiques prennent en compte l'écologie ?
Avec :Corinne Morel-Darleux (PG), José Bové (Altermondialiste, Europe Ecologie), Yannick Jadot (Greenpeace, Europe Ecologie), J-J Boislaroussie et Rachelle Lafontaine
(les Alternatifs),Christine Poupin (NPA), Vincent Liegay, Paul Ariès (Objecteurs de
Croissance),Aurélien Bernier (M'Pep), Alliance Ecologique, ...
Au programme par ailleurs :
Samedi 1er Août :
2° édition du festival «Le Plancher des Vaches»
Concert à partir de 20 H
Dimanche 2 Août :
9ème Pique-Nique des opposants à 12 H
Du 3 au 9 Août :
CAMP ACTION CLIMAT
Ateliers, Débats, forums, Concerts, Projections ...etc.
Samedi 8 Août :
MANIFESTATION
Arrivée de l’Alter Tour, action de masse...
* Au niveau du NPA, nous souhaitons organiser des forums sur les thèmes suivants:
- Qu'est-ce que le NPA ?
- Ecologie et capitalisme
- Agriculture et capitalisme
- Productivisme et écologie
- Décroissance
- Biens communs et services publics
- Transports, aménagement du territoire, urbanisme...
- Privatisation de La Poste (initiative pour l'organisation d'un référendum national)
...
Liste non exhaustive, suivant le temps et la bonne volonté de chacun...
Initiative de la Coordination Anti-Aéroport* soutenue par : ATTAC, CIRCA (clowns activistes), Décroissants radicaux,
Europe-écologie , Faucheurs et Semeurs volontaires (44), FASTI, Greenpeace, Nouveau Parti Anticapitaliste, Objecteurs de croissance, le Parti de Gauche, les Alternatifs, Réseau Action-Climat, Réseau
No Pasaran, Utopia…
*COORDINATION ANTI-AÉROPORT : ACCV, ACIPA, ADECA, A l’est de l’erdre, ANDE, ATTAC 44-56, BVV, Bretagne Vivante,
Collectif anti-marées noires, Confédération Paysanne, FEA, FNAUT, GND, Greenpeace 44, Les Alternatifs 44-56, Les Verts 44, LPO, Malice, MEI 44, Nature-Action, Nature Avenir, Nature et progrès,
Objecteurs de Croissance, SDN-L&V, Solidarité-Ecologie, SP 2015, VAS, VAT
Site de La Rolandière, 44130 Notre Dame des Landes.
La manne financière du CO2
A l’heure où le portefeuille des Français ne devrait pas tarder à être mis à contribution par la mise en place de la Taxe Carbone, une étude de l’ONG anglo-saxonne Sandbag dénonce les profits
financiers de l’industrie européenne liés au marché du carbone.
D’après le rapport publié par Sandbag, l’industrie européenne bénéficiera globalement, dans les prochaines années, d’un surplus équivalent à 400 millions de tonnes de crédits CO2. L’apparition
de cette manne est le fruit, d’une part, d’un excellent travail de lobbying des industriels, au nom de la compétitivité internationale, auprès des instances européennes et, d’autre part, de la baisse
générale de l’activité économique. La revente de ces droits à polluer pourrait générer un bénéfice de l’ordre de 5 milliards d’euros.
Pour Morgane Créach, du RAC-France, « Avec cet excédent, les industriels européens n’auront pas à lever le petit doigt pour réduire leurs émissions au moins jusqu’en 2015 ! Les industriels
français quant à eux pourront empocher jusqu’à plus de 280 millions d’euros (environ 20 millions de quotas excédentaires sur 2008-2012 à un prix de 14 €) en vendant ce surplus. On nage
en plein paradoxe avec un système qui fonctionne sur le mode du pollueur-payé ! ».
Pour Damien Demailly du WWF-France : « L’Europe doit rectifier le tir sans plus attendre et passer à un objectif de réduction de ses émissions beaucoup plus ambitieux. Elle s’est engagée
l’année dernière à réduire ses émissions de 20 %, voire de 30 % en cas d’accord international ».
Des victimes de l’agent Orange, cet herbicide très toxique utilisé pendant la guerre du Vietnam, ont déboutées par la Cour suprême des Etats Unis. En France, des faucheurs volontaires sont
condamnés à payer 73 000 euros à la firme agro-chimique Monsanto. Deux poids, deux mesures... Entre les luttes des faucheurs volontaires et celles des populations civiles vietnamiennes, Monsanto
reste le dénominateur commun. Et continue de sévir impunément.
Citer le nom de l’entreprise Monsanto fait inévitablement penser aux OGM, en particulier au maïs transgénique
Mon810 qui a défrayé la chronique. On pense aussi à la production de l’herbicide Roundup qui fut longtemps présenté par
la firme comme « sans risque pour l’homme, les animaux et leur environnement »... avant que Monsanto soit condamné en 1996 par le Bureau de la répression des fraudes de l’Etat de New York pour publicité mensongère. Mais on oublie trop
souvent que Monsanto a participé à la création de l’agent Orange, un défoliant chimique ultra puissant.
Monsanto invente l’agent Orange
C’est au début des années 1940 que des chercheurs isolent l’hormone qui contrôle la croissance des plantes et en reproduisent la molécule de manière synthétique. Or, la synthèse de cette hormone
artificielle libère des produits toxiques dérivés dont la dioxine TCDD. Cette dioxine est un véritable poison. Les personnes qui y sont exposées peuvent développer différents types de cancers et
leucémies, jusqu’à de dramatiques malformations chez les enfants. Cela n’empêchera pas Monsanto d’utiliser cette découverte en vue de créer son désherbant, l’agent Orange.
Ce dernier est utilisé par l’armée américaine de 1961 à 1971 pour détruire à grande échelle la jungle vietnamienne durant la guerre, afin de faciliter la progression de ses troupes et de débusquer
les combattants vietnamiens. Durant cette période, 80 millions de litres de défoliant sont déversés sur 3.3 millions d’hectares de forêts et de terres. Plus de 300 villages seront contaminés.
Les victimes de l’Agent Orange déboutées...
Plus de 40 ans après cet épandage massif qui affectent encore aujourd’hui les populations civiles vetnamiennes et des milliers de vétérans américains de la guerre du Vietnam, les crimes de
Monsanto restent impunis. Le 2 mars 2009, les juges de la Cour suprême des Etats Unis ont débouté les plaignants qui avaient lancé deux actions en justice contre les principales firmes américaines productrice de l’Agent
orange : Monsanto, Dow Chemical et quelques autres sociétés.
... Et des faucheurs volontaires condamnés
Pendant ce temps là à Greneville en Beauce (Loiret), le fauchage en 2004 et 2005 de parcelles de maïs génétiquement modifiées conduit 49 faucheurs à payer 73 000 euros de dommages et intérêts au
profit de... Monsanto ! Une marche citoyenne était organisée le 20 juin 2009 entre Greneville en Beauce et Toury (Eure et Loir), pour remettre symboliquement le deuxième versement des dommages
et intérêts à Monsanto. Et demander à la firme de reverser cette somme aux victimes de l’agent Orange.
Étonnantes équations où le fauchage de quelques épis de maïs conduit Monsanto à réclamer 600 000 euros et où les familles des victimes de l’Agent Orange - entre 2 et 5 millions de victimes selon
les estimations, en grande majorité des Vietnamiens - n’ont à ce jour bénéficié d’aucun dédommagement.
Sophie Chapelle
Comment les armées détruisent la planète
L'armée au
travers de son fonctionnement quotidien est une grande consommatrice de territoires, d'énergie et autres ressources naturelles de toutes natures... Reste à trouver les données pertinentes pour
mesurer cette empreinte... Lors du "Grenelle de l'environnement", l'armée était l'un des grands absents. En revanche, le ministère de la défense a lancé une opération de communication en présentant à
la presse le 27 novembre 2007 un "plan d'action environnement" qualifié, bien sûr, d'ambitieux. Sauf que les moyens mis en oeuvre concrètement frisent le ridicule ! Prenons l'exemple de
la consommation des produits pétroliers. Le Service des essences des armées distribue chaque année environ 1 200 000 m3 de produits pétroliers. Or, les mesures proposées concernent essentiellement la
formation des 15 000 conducteurs du ministère à ce qu'il nomme "la conduite souple" ou "l'éco conduite" visant à réduire les consommations de carburant et à acheter des voitures plus économes... Sans
être expert, on peut estimer que même si le ministère est gestionnaire du second parc national, derrière La Poste, avec près de 70 000 véhicules, une réduction sérieuse de sa consommation de produits
pétroliers et d'émission de CO2 se joue
prioritairement au niveau des avions de combats (Rafale et autre Mirage...) et de l'armement naval...
En fait, la principale mesure de ce "plan environnement" sera la réalisation chaque année d'un bilan environnemental du ministère. La première édition est prévue pour la fin de l'année 2008 et
comportera un "bilan de ses rejets gazeux et liquides dans l'environnement, de ses productions de déchets, de ses consommations d'énergies et d'eau ainsi qu'un bilan carbone". Déchets nucléaires y
compris ? Le document du ministère se garde bien de le préciser... Pourtant, calculer l'empreinte écologique de l'armée nécessite de prendre en compte de tels paramètres comme l'impact des 210 essais
nucléaires réalisés par la France au Sahara et en Polynésie, l'impact des différents essais d'armes et plus globalement d'inclure aussi le bilan des entreprises travaillant pour la production
d'armement... En effet, le ministère de la défense est le premier investisseur de l'État, le premier gestionnaire immobilier et foncier de l'État (264 000 hectares) et le deuxième employeur de l'État
(430 000 personnes, auxquelles il faut rajouter environ 166000 travailleurs dans l'armement).
Les différents calculs de l'empreinte écologique de la France soulignent qu'une généralisation du niveau de vie moyen d'un Européen ou d'un Français à l'ensemble des habitants nécessiterait deux
planètes supplémentaires. La prise en compte de l'impact des activités militaires et de leurs conséquences augmenterait à coup sûr ces estimations. De quoi créer un "indice de l'impact militaire" au
côté notamment des différents indicateurs environnementaux et sociaux...
Extrait de « Silence » - Avril 2008 Patrice Bouveret- Observatoire des armements
Combien ça consomme ?
Les renseignements ne sont pas toujours faciles à trouver, mais voici deux exemples.
Ces déchets proviennent des centrales électriques mais aussi de l'industrie, des laboratoires de recherche, de la défense ou de matériel médical. Fin 2030, le volume total des déchets
nucléaires devrait être deux fois plus élevé en France.
Centrale nucléaire (Sipa)
Plus de 1,15 million de mètres cube de déchets nucléaires étaient stockés sur 1.121 sites en France fin 2007, provenant des centrales électriques mais aussi de l'industrie,
des laboratoires de recherche, de la défense ou de matériel médical. C'est ce qu'indique un rapport de l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) publié mardi
30 juin.
Selon ce rapport, à la fin de 2030, le volume total de déchets nucléaires devrait être deux fois plus élevé : 2,25 millions de m3.
Les déchets hautement radioactifs, issus des combustibles usés des centrales, en composent une part infime en volume (0,2% avec 2.293 m3) mais ils représentent 94,98% de la radioactivité totale fin
2007, indique l'Andra.
Le volume de ces déchets dits à "haute activité" devrait dépasser 5.000 m3 en 2030.
De nouveaux sites de stockages
Ils sont actuellement stockés sur les sites de La Hague (Manche) et de Marcoule (Gard), tout comme l'essentiel des déchets de "moyenne activité à vie longue" (MA-VL) dont la radioactivité prend plus
de 31 ans pour diminuer de moitié. Ces déchets MA-VL représentent 3,6% du volume pour 4,98% des rayonnements.
Les déchets de faible et moyenne activité à vie courte (moins de 31 ans pour diviser la radioactivité par deux) sont pris en charge par l'Andra dans le centre de stockage de l'Aube. Ils constituent
68,8% du volume pour 0,03% de la radioactivité.
En attente d'une solution de gestion définitive, les déchets de faible activité à vie longue (FA-VL) représentent 7,2% du volume pour 0,009% de la radioactivité. Deux communes de
l'Aube, Auxon et Pars-lès-Chavanges, viennent d'être pré-sélectionnées dans le cadre de la recherche d'un site de stockage de ce type de déchets.
Les déchets de "très faible activité" représentent 20% du volume total, pour une part infime de la radioactivité.
L'Andra publie tous les trois ans un "inventaire national des déchets radioactifs et des matières valorisables".
NUCLÉAIRE
Réacteur 1 d'EDF-Tricastin:
des fissures qui inquiètent
À la veille de la réunion de la Commission locale d'information auprès des grands équipements énergétiques du Tricastin (Cligeet) qui se tiendra le 26 juin, la Frapna interpelle le président de la structure au sujet de la durée de vie du réacteur 1 de la centrale EDF-Tricastin.
Cette tranche est actuellement en chantier à l'occasion de la troisième visite décennale. Et c'est à la suite de ce contrôle que l'Autorité de sûreté (ASN) nucléaire autorisera ou non la
prolongation du fonctionnement de ce réacteur pour dix ans ou plus. Or, la Frapna demande « la fermeture définitive du réacteur n° 1, sans plus attendre » et à ce que « cette proposition soit à
l'ordre du jour de la séance plénière de la Cligeet. »
L'inquiétude de la Frapna provient notamment d'un "défaut sous revêtement" mentionné dans le rapport annuel 2007 de l'ASN. Des fissures qui auraient été générées sur la cuve du réacteur lors de sa
fabrication. « L'ASN en recense 17 rien que sur le réacteur 1 de Tricastin », précise Jean-Pierre Morichaud, représentant de la Frapna. D'autres réacteurs présentent des fissures de ce type, selon un
document de l'ASN, mais en nombre inférieur : « cinq pour Fessenheim 1, trois pour Chinon B3... La cuve de Tricastin 1 fait figure de cas particulier », avait admis l'ASN à Jean-Pierre Morichaud par
écrit, en septembre 2008.
Ce dernier précise ses inquiétudes : « Il y a des fissures, mais on ne nous dit pas de quelle profondeur (...) Il y a un risque qu'elles s'aggravent car les flux de neutrons peuvent rendre le
métal de la cuve cassant (...) On prend des risques à faire durer le réacteur dix ans de plus quand il a été construit pour fonctionner trente ans. On reporte à plus tard en attendant le gros pépin ?
»
Contacté hier, EDF-Tricastin n'a pas souhaité réagir.
Récemment crée, le collectif "Val d'Oise sans F1", a affirmé, jeudi 25 juin, lors d'un point
presse, son "opposition" au projet de circuit de Formule 1 que ce soit dans le Val-d'Oise ou en Ile-de-France, rappelant que "c'est en totale contradiction avec les objectifs du
Grenelle de l'environnement".
"Contrairement à ce qu'a pu dire le député-maire de Sarcelles, François Pupponi (PS), les terrains visés par le projet ne sont pas du tout abandonnés, ce sont des terrains agricoles
dont nous avons besoin", a déclaré Bernard Loup, du collectif "Val d'Oise sans F1".
François Pupponi "parle d'ailleurs du projet de Sarcelles mais il faut savoir que ces terrains se trouvent sur les communes de Villiers-le-Bel et Ecouen", a précisé Bernard Loup.
Environnement
Pour Jean-Claude Marcus du collectif, ce projet "est un fantasme car le tracé du circuit se situe dans l'axe du doublet Nord des pistes de Roissy", cela "pose un problème de sûreté pour les avions
qui survolent la zone à seulement 300 ou 400 mètres".
Selon le député-maire, ce projet pourrait "créer plusieurs milliers d'emplois", c'est démagogique car nous savons que ce ne seront que quelques centaines d'emplois, pas forcément à la portée des
chômeurs d'ici, c'est jouer sur la désespérance sociale, ça nous inquiète", a déploré Bernard Loup.
"Ce sont des projets en totale contradiction avec les objectifs du Grenelle de l'environnement et que ce soit dans le Val-d'Oise ou n'importe où en Ile-de-France, nous sommes contre
toute nouvelle implantation de circuit de F1", a réaffirmé Bernard Loup.
Yann Arthus-Bertrand se mobilise
Trois projets -Val de France (Sarcelles, Val d'Oise), Flins (Yvelines) et Magny-Cours (Nièvre)- sont concurrents pour l'organisation du futur Grand Prix de France de Formule 1 en
2011.
Concernant le projet de circuit de F1 à Flins (Yvelines), Yann Arthus-Bertrand a demandé le 16 juin son abandon "au plus vite" dans une lettre ouverte adressée à Christine Boutin,
présidente par intérim du conseil général des Yvelines, et qu'il cosigne avec d'autres défenseurs de l'environnement.
« Home » :
le buzz du capitalisme vert
jeudi 18 juin 2009
Le film « Home », de Yann Arthus Bertrand, visionné par des millions de personnes, a le mérite
de sensibiliser à certains problèmes environnementaux. Mais, financé par de grands groupes capitalistes, il ne remet en rien en cause le système. Quitte à faire l'impasse sur les OGM et le
nucléaire.
Yann Arthus Bertrand (YAB), aidé de Luc Besson, a réussi un des plus gros buzz au monde: Home a été diffusé en prime
time dans 80 pays, projeté en plein air à Paris et à Londres, mis en ligne sur You Tube et sorti en DVD. Ce n'est ni un film ni un documentaire. C'est une plongée dans les photos de La Terre vue du
ciel ! D'un point de vue esthétique, Home est une merveille. Des plans splendides, des couleurs incroyables… Même les pires endroits du monde deviennent beaux à travers les yeux de YAB :
les décharges dans lesquelles se déplacent des enfants, les usines de sites pétrochimiques… Un hommage réussi à notre belle planète Terre.
D'un point de vue politique, Home est un événement. Tout le monde n'a parlé que de cela durant quelques jours, occultant
les élections européennes, selon certains, ou favorisant la liste Europe écologie pour d'autres… Après les films américains La Vérité qui dérange, d'Al Gore, et La Onzième Heure, de Leonardo Di
Caprio, enfin un film « européen » pour sensibiliser la population aux questions environnementales. Et pas n'importe quel film ! YAB nous convainc (si nous ne l'étions pas déjà) avec
dextérité de l'urgence écologique à laquelle nous sommes confrontés.
Le message de Home est le suivant : notre belle Terre, qui a mis plusieurs millions d'années à construire un
équilibre fragile est en train d'être détruite à vitesse grand V par la bêtise humaine sans limite, qui consomme jusqu'au bout chacune de ses précieuses ressources. Home pose tout de même problème:
d'emblée, dans le générique, on voit défiler les noms des financeurs du film - de grands groupes et des entreprises de luxe -, qui s'assemblent comme par magie pour former les lettres du nom
« Home ». Mais ces mêmes « sponsors » épuisent les ressources, polluent, rejettent du CO2, exploitent les salariés à travers le monde, etc.! Une opération de marketing
pour leur bonne conscience ? Une nouvelle forme d'investissement ?
Une fois le constat de destruction de la Terre démontré, le film nous incite à la réaction : à nous d'agir pour
sauver la planète ! Bonne idée… mais comment ? Et là, YAB reste muet. Certes, quelques éoliennes et des panneaux solaires de ci, de là. Mais cela ne suffit pas à sauver les ours polaires,
les enfants qui vivent dans les détritus, les femmes et les hommes qui meurent faute d'eau potable, etc.
Enfin, deux sujets majeurs sont occultés dans ce documentaire : les OGM et le nucléaire. Récemment, YAB a concédé
qu'« il y aura des accidents nucléaires un jour ou l'autre, il faut le savoir. » Avant d'ajouter, sans s'appesantir sur la contradiction : « On a besoin du nucléaire! » D'où
l'absence de plan sur les centrales. Dans tous les cas, maintenant, c'est à nous de proposer des solutions écologistes et anticapitalistes.
Dans une lettre à la Commission européenne, ils soutiennent une proposition des Pays-Bas permettant d'interdire les cultures OGM sur leurs sols. La Commission préfère
l'interdiction de commercialisation.
Un faucheur d'OGM (Sipa)
Dans une lettre adressée à la Commission européenne, onze pays de l'Union européenne réclament la possibilité d'interdire la culture de
semences génétiquement modifiées sur leur territoire, rapporte l'AFP ayant obtenu une copie, vendredi 19 juin.
L'Autriche, la Bulgarie, Chypre, la Grèce, la Hongrie, l'Irlande, la Lettonie, la Lituanie, Malte, les Pays-Bas et la Slovénie veulent que cette possibilité soit discutée lors du
prochain conseil des ministres de l'Environnement, le 25 juin à Luxembourg.
Le maïs OGM déjà interdit
L'autorisation de la culture OGM est actuellement paralysée par la méfiance de l'opinion publique en raison des incertitudes entourant leurs éventuelles conséquences pour la santé et
l'environnement. "Si une demande d'autorisation devait être soumise à un vote au niveau européen, nous aurions un rejet c'est sûr, car la tendance est au refus", indique un
responsable de la Commission européenne sous couvert de l'anonymat.
Quelques pays, comme l'Allemagne, la France, la Grèce, l'Autriche, la Hongrie et le Luxembourg, ont déjà interdit pour la culture du maïs génétiquement modifié de Monsanto MON810.
Partisan de l'autorisation des OGM, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a été désavoué
lorsqu'il a tenté d'imposer la culture du MON810.
A une écrasante majorité (22 contre 5), les pays de l'UE ont refusé de forcer la Hongrie et l'Autriche à lever leur interdiction de cultiver le maïs génétiquement modifié américain. José Manuel
Barroso n'a toutefois pas renoncé et doit revenir à la charge contre la France et la Grèce, a-t-on appris à la Commission.
La Commission réservée sur l'autorisation nationale
Une situation déplorée par les Etats signataires de la lettre qui soutiennent une proposition des Pays-Bas de reconnaître le droit aux Etats membres d'autoriser ou non la culture des OGM. La
Commission reste sceptique sur l'idée de nationaliser les autorisations, préférant une législation à l'échelle européenne.
Toutefois, elle considère qu'une distinction entre autorisations de culture et de commercialisation doit être étudiée, car elle serait "plus acceptable pour l'opinion publique",
explique le directeur général Environnement Karl Falkenberg.
2e EPR : l’énergie contre les citoyens (appel unitaire)
NPA, vendredi 12 juin 2009
Changements climatiques, raréfaction des ressources, crise pétrolière, libéralisation des marchés de l’électricité et du gaz, la question des services énergétiques est au cœur de nos sociétés.
Elle constitue également un des enjeux majeurs du 21e siècle.
Et si le sujet est aujourd’hui au cœur de l’actualité et de l’agenda politique, il reste certains tabous qui échappent au débat public et démocratique. C’est notamment le cas du nucléaire et plus
particulièrement du programme EPR, que le gouvernement est en train d’avaliser en présentant au Parlement la programmation pluriannuelle des investissements (PPI). Prise en dépit du bon sens et au
mépris de la démocratie, cette programmation n’est pas la réponse aux enjeux graves auxquels nous devons faire face.
L’annonce de la construction d’un 2e EPR à Penly, faite par Nicolas Sarkozy le 30 janvier dernier, est un véritable déni de démocratie. Aucun débat public, pas de
consultation, censure dans le cadre du grenelle de l’environnement, le parlement et le ministre de l’Energie court-circuités. Le président de la République persiste à décider seul, alors que
l’énergie doit être une affaire de citoyens. L’EPR ne répond pas aux besoins énergétiques de la France. Notre pays est déjà en surproduction électrique et n’a pas besoin de nouvelles centrales. Les
nouveaux réacteurs EPR vont en fait augmenter les exportations d’électricité, déjà très importantes. Le risque et les déchets resteront quant à eux en France. En outre, l’EPR n’est qu’une vitrine
commerciale pour vendre des réacteurs à l’étranger.
Faire le choix d’un programme EPR, c’est tourner le dos aux exigences actuelles de sobriété et d’efficacité énergétique et se mettre en totale contradiction avec les engagements, pourtant bien
insuffisants, du Grenelle de l’environnement. Celui-ci prévoyait une baisse des consommations énergétiques et le développement des énergies renouvelables, tout en laissant de côté la question
épineuse du nucléaire. On voit aujourd’hui quelle voie le gouvernement a choisi... Augmenter la production d’électricité nous enferme dans la logique qui a prévalu jusqu’à présent : pas de
maîtrise de l’énergie, les renouvelables reléguées au second plan.
L’EPR n’est pas une solution pour lutter contre les changements climatiques. Au niveau mondial, le nucléaire ne représente que 2 à 3% de la consommation finale d’énergie. Selon l’Agence
Internationale de l’Energie (AIE), même en triplant le nombre de réacteurs d’ici 2050, c’est-à-dire en construisant 30 réacteurs par an, on ne réduirait que de 6% les émissions de gaz à effet de
serre.
L’EPR ne répond pas à la crise économique. Il s’agit d’un projet coûteux (4 à 5 milliards d’euros) qui dépasse largement les prévisions initiales et qui ne tient pas compte du coût de la gestion
des déchets et du démantèlement. Les énergies renouvelables et la maîtrise de l’énergie sont bien plus créatrices d’emplois et porteuses d’avenir. Des études confiées à des cabinets indépendants ont
montré qu’à investissement équivalent, un programme éolien produirait deux fois plus d’électricité et créerait près de 5 fois plus d’emplois stables.
Enfin, l’EPR ne répond pas aux problèmes du nucléaire : risque, déchets, prolifération. Pire, il les aggrave ! En effet, les déchets qui seront produits par l’EPR seront beaucoup plus
dangereux que ceux produits actuellement.
Pour toutes ces raisons, nous, associations, partis politiques et syndicats nous prononçons, collectivement, contre le programme EPR et demandons son arrêt immédiat, ainsi que l’organisation d’un
réel débat démocratique sur l’avenir de la filière nucléaire française.
Paris, le 5 juin 2009
Signataires :
Agir pour l’environnement, ATTAC, CAP 21, Greenpeace, Les Amis de la Terre, Les Verts, NPA, Parti de Gauche, Solidaires, Réseau « Sortir du nucléaire »
Pour l’interdiction des 24 Heures du Mans
09.06.2009
Et c’est reparti pour un tour, ou plutôt pour 360 tours de circuit (à quelques tours prêt) et 24 heures de furie motorisée et polluante. On a diffusé le film Home sur
France 2 la semaine dernière et Europe Ecologie a fait un carton aux élections européennes : ce n’est pas grave et cela ne change pas grand chose pour les 24 Heures du Mans, cette Arme de
Pollution Massive qui revient tous les ans à la même époque nous rappeler qu’au bout du compte, la planète, le réchauffement climatique, l’épuisement du pétrole ou l’environnement, tout le monde s’en
fout !
Les 24 Heures du Mans : 280.000 litres de carburant qui partent en fumée
La Formule 1 est déjà une activité motorisée passablement polluante : faire tourner des voitures en rond pendant une heure et demie fleure bon le siècle passé,
une époque où l’Amoco Cadiz était seulement un dégât collatéral de l’indispensable développement de la mythologie automobile.
Mais avec les 24 Heures du Flan Mans, on atteint des sommets de débilité profonde : on ne se contente pas de les faire tourner une heure ou deux, ces bagnoles
plutôt moches qui consomment comme des Airbus, mais 24 heures, rien que ça !
Pourquoi ne pas avoir carrément inventé les 15 jours de Bordeaux (le tour du périphérique de Bordeaux durant 15 jours) ou même les 3 mois de Marseille (aller-retour
Aix-Marseille sans discontinuer pendant 3 mois) ? Où est la limite de la connerie ? Qui leur dira un jour que le pétrole est bientôt en voie d’épuisement et pourrait éventuellement servir à
des activités plus primordiales que de faire des ronds en bagnole ?
Le développement durable des 24 Heures du Mans
Parce que les 24 Heures du Mans, c’est quand même 280.000 litres de carburant qui partent en fumée l’espace d’un week-end [1]. Et on ne parle ici que de la course principale, pas de toutes les autres courses annexes qui se déroulent au Mans (24 Heures motos, Essais Le Mans Séries, Championnat
de France Superbike, Grand Prix de France Moto, 6 Heures du Mans 50 cc, Le Mans Classic, 24 Heures Camions, Trophée Inter-écuries, etc.). Bref, on peut multiplier au moins par 3 ou 4 la consommation
totale de carburant… pour arriver à environ un million de litres de carburant dépensé en pure perte !
Heureusement, les organisateurs ont pensé à la planète, de grands écologistes fans de Daniel Cohn-Bendit sans doute ; ils ont instauré l’apport
d’agro-carburants ! L’essence utilisée en course contient ainsi 10% d’éthanol. Une touche en faveur de l’écologie (selon les organisateurs bien sûr !) dont la finalité reste toute mesurée.
“Avec ce carburant, nous faisons un tour de moins qu’avec celui que nous utilisions précédemment” lâche-t-on chez Pescarolo Sport. Oups ! La consommation est donc tout simplement plus
élevée…
Le trophée du CO2
A l’heure où l’on parle de plus en plus à juste titre d’émissions de CO2 qui participent au réchauffement climatique, qui fera l’effort de calculer les émissions
totales de CO2 des 24 Heures du Mans ?
Un universitaire belge, Pierre
Ozer, avait calculé les émissions de CO2 relatives au Grand Prix de Formule 1 à Spa-Francorchamps (16 septembre 2007) et était arrivé à un total impressionnant de 8400 tonnes de CO2 émises durant
les 90 minutes du Grand Prix !
Sachant que “seulement” 22 bolides tournaient en rond durant “seulement” une heure et demie, à combien peut-on estimer les émissions de CO2 des 24 Heures du Mans qui
voient courir une cinquantaine de voitures durant 24 heures ? Je laisse le soin aux spécialistes et aux internautes motivés de fournir leurs estimations…
Les 24 Heures des Micro-particules
Les 24 Heures du Mans, ce sont donc 280 000 litres d’essence mis à disposition par Shell. De l’essence mais aussi du diesel. Depuis quelques années, sous l’impulsion
de la marque allemande Audi, le diesel a fait son grand retour dans la compétition automobile. Un argument de choc pour démontrer que le « mazout » peut offrir une performance égale voire
supérieure à l’essence. Il a permis à Audi de vanter les mérites de son moteur Tdi et à Peugeot d’embrayer avec sa version Hdi. Ces mêmes motorisations qui ont inondé les parkings et les garages.
L’histoire ne dit pas si les bolides sont équipés de filtres à particules, car le diesel est maintenant connu pour ses émissions massives de micro-particules qui
s’infiltrent dans les poumons et causent de nombreuses maladies, particulièrement chez les sujets sensibles comme les enfants et les personnes âgées…
Les 24 Heures du Mans : un contre sens historique, une logique de courte vue ?
Pour finir, citons notre Premier Sinistre National, le bien-nommé “Courage Fillon” qui déclarait en juin 2008 : “Encourager la consommation d’hydrocarbures en faisant baisser le
prix de l’essence serait un contre sens historique, une logique de courte vue. Ce serait prolonger une illusion en attendant la hausse suivante. Je refuse d’entrer dans cette logique de courte vue.
L’Etat n’est pas là pour donner un faux répit. Il est là pour aider à franchir un cap. Et ce cap, nous ne pourrons le passer qu’avec une vraie politique de transition.”
Il est vrai que ces propos n’ont pas vraiment de valeur venant de quelqu’un qui a lui-même participé en 2006 aux 24 Heures du Mans “Classic”, au volant d’une Ferrari
275 GTB…
Comme nous ne pouvons décidément pas compter sur les hommes politiques pour changer quoi que ce soit à cette aberration automobile qu’on appelle 24 Heures du Mans,
nous souhaitons proposer une alternative aux 24 Heures du Mans. En finir une bonne fois pour toute avec cette course et tous ses dérivés polluants (24 Heures motos, 6 Heures du Mans 50 cc, Le Mans
Classic, 24 Heures Camions, etc.) et instaurer une nouvelle course nationale relocalisée, les 24 Heures du Mans de ta ville.
Les 24 Heures du Mans de ta ville
Comme il sera difficile (dans un premier temps) de priver des milliers de personnes de leur hobby motorisé et au regard de la passion intrinsèque pour la compétition
qui anime le cerveau reptilien de l’homme motorisé, nous proposons donc la mise en place d’une multitude de courses locales, les 24
Heures du Mans de ta ville, qui consistent à faire concourir des équipes de deux en chariot à roulettes (autre nom de la voiture) dans toutes les villes de France.
Les avantages sont multiples : relocalisation de l’activité, ce qui empêche les déplacements massifs vers Le Mans le temps d’un week-end, arrêt total des
émissions de CO2 et de la consommation de pétrole, fin de la pollution et des accidents mortels, exercice physique idéal pour garder la santé, animation dans les rues de toutes les villes de France,
franche rigolage entre copains et copines, etc.
Les 24 Heures du Mans, c’est complètement has been ! Vivent les 24 Heures du Mans de ta ville !
Communiqués de presse du Réseau Sortir du nucléaire
03/06/2009
Avant la sortie du film "Home" le 5 juin :
le Réseau "Sortir du nucléaire" dénonce l'engagement pronucléaire de Yann Arthus-Bertrand
Yann Arthus-Bertrand avoue qu' "il y aura des accidents nucléaires un jour ou l'autre" mais… il soutient quand même le nucléaire
Selon le photographe, interviewé sur France inter samedi 30 mai (*), Alain Juppé lui avoué que Bordeaux avait failli être évacuée lors de l'inondation de la centrale nucléaire du Blayais en décembre
1999. Pourtant, de façon incompréhensible, Yann Arthus-Bertrand continue de soutenir l'industrie nucléaire…
Le film "Home", porté par une puissante campagne de promotion, sort le 5 juin sur les 5 continents. Avec cette opération mondiale, Yann Arthus-Bertrand se pose comme l'un des premiers écologistes de
la planète.
Or, ce statut est plus que contestable puisque le photographe continue imperturbablement de soutenir l'industrie nucléaire, une des industries les plus polluantes et dangereuses, qui met gravement en
danger l'avenir de la planète. Cette position ne peut que renforcer les soupçons de collusion avec l'un de ses principaux sponsors, l'électricien français EDF.
La position pronucléaire de M. Arthus-Bertrand est d'autant plus indéfendable que, interviewé sur France inter, il vient de faire un aveu crucial : le maire de Bordeaux Alain Juppé lui a confié que,
lors de la tempête de décembre 1999, l'inondation de la centrale nucléaire du Blayais (Gironde) avait été si grave que les autorités avaient été à deux doigts de faire évacuer la ville de
Bordeaux.
M. Arthus-Bertrand avoue qu' "il y aura des accidents nucléaires un jour ou l'autre, il faut le savoir" mais il ajoute à plusieurs reprises, sans s'expliquer sur cette incroyable contradiction, et
sans justifier ce propos : "on a besoin du nucléaire". D'ailleurs, questionné sur les déchets radioactifs, il décrète "oublions les déchets" (*) ! Mais quel "'écologiste" est donc M. Arthus-Bertrand
?
Et de quel "besoin" s'agit-il ? Satisfaire les ambitions industrielles d'EDF et d'Areva ? Les obsessions de M Sarkozy ? Si M Arthus-Bertrand veut réellement "sauver la planète", il doit d'urgence,
avant la sortie du film "Home", se positionner contre l'industrie nucléaire. A défaut, il sera légitime de dénoncer une véritable imposture.
Selon le Forum humanitaire mondial, la majorité des morts est due à la dégradation progressive de l'environnement qui cause des problèmes comme la malnutrition.
Victimes d'une inondation, des habitants du Bangladesh font la queue pour obtenir une aide alimentaire. (Sipa)
Le Forum humanitaire mondial, présidé par l'ancien secrétaire général de l'Onu Kofi Annan, a publié vendredi 29 mai un rapport selon lequel le réchauffement
climatique tuerait 300.000 personnes an. Le rapport souligne également qu'il coûterait 125 milliards de dollars (90 milliards d'euros) chaque année. Selon l'étude soutenue par l'ONG
britannique Oxfam, les plus affectées par le réchauffement climatique sont les 325 millions de personnes les plus pauvres de la planète.
"Des morts en masse"
Le rapport relève notamment les difficultés du Bangladesh, où des millions de personnes doivent faire face régulièrement aux inondations et des cyclones, de l'Ouganda, où les agriculteurs souffrent
de la sécheresse. L'étude s'inquiète également de certaines îles des Caraïbes et du Pacifique, menacées de disparaître en raison de l'élévation du niveau de la mer. Le Forum humanitaire mondial
souligne par ailleurs que les 50 pays les moins développés participent à moins de 1% des émissions mondiales de CO2.
Lors du lancement du rapport à Londres, l'ex-secrétaire général de l'Onu Kofi Annan a expliqué que celui-ci prouvait la nécessité d'un "accord post-Kyoto courageux pour protéger le monde" lors de
négociations clefs à Copenhague en décembre. "L'alternative est une famine de masse, une migration de masse, des maladies de masse, et des morts en masse", a lancé Kofi Annan.
Dégradation progressive
Le Forum estime que "si les responsables politiques ne peuvent pas prendre leurs responsabilités à Copenhague, ils feront le choix de faillir (à leurs obligations envers) l'humanité". Le
réchauffement climatique est "la plus grande crise humanitaire en puissance de notre temps" a-t-il rappelé. Le rapport prédit qu'en 2030, près d'un million de personnes par an seront
tuées par le réchauffement climatique, et son coût s'élèvera à 300 milliards de dollars. L'étude demande aux pays développés à multiplier "par un facteur cent" leurs efforts pour lutter contre le
réchauffement planétaire.
La majorité des morts est due à la dégradation progressive de l'environnement qui cause des problèmes comme la malnutrition plutôt qu'aux catastrophes naturelles, note encore l'étude.
Kofi Annan a créé en 2007 ce Forum humanitaire mondial, qu'il dirige. (Nouvelobs.com)
La biodiversité, ce n’est pas seulement les espèces protégées, c’est aussi la nature « ordinaire » Une gageure à l’heure où l’on marchandise même les paysages. La Fête de la Nature, les
16 et 17 mai, sensibilisera à ces questions.
Existe-t-il une notion aussi essentielle et absconse que la biodiversité ? Cette chimère lexicale a été inventée pour donner à percevoir l’incroyable profusion des espèces vivantes, du plus
discret unicellulaire à la plus menacée des baleines, mais aussi l’inconcevable maillage de relations qu’elles entretiennent entre elles et avec les milieux, sans parler de la cuisine secrète qui se
concocte entre les gènes. On appelle aussi ça « la vie »… Cette fin de semaine, des centaines d’associations animeront la 3e Fête de la nature, conviant ces particuliers qui entretiennent
chez eux un petit coin de nature à y participer. Alors que presque tous les (maigres) efforts publics sont canalisés vers la protection des espèces animales emblématiques – l’ours, le lynx, etc. –,
c’est l’occasion d’expliquer que la sauvegarde de la nature « ordinaire » est essentielle à l’équilibre de la vie. Un message hélas encore très peu audible.
Si le rapport « Approche économique de la biodiversité et des services liés aux écosystèmes » du Centre d’analyse stratégique, présenté il y a deux semaines, révèle
combien la France est « biodiverse », ce n’est que pour tenter de définir une valeur économique à ce pactole, afin de susciter l’intérêt des décideurs pour la biodiversité. Ainsi, on reste
perplexe d’apprendre qu’un hectare de forêt « vaut » 970 euros par an, et une prairie 600. Après le succès planétaire du rapport Stern pour calculer le coût du « laisser-faire »
en matière de dérive climatique, certains écologistes se rendent à cette logique. Elle est même inscrite au Journal officiel du 12 avril 2009 : adoptant une liste de termes relatifs à l’environnement, au paragraphe « biodiversité », il est souligné que son maintien
« est une composante essentielle du développement durable ». À l’ère de l’hypermarchandisation, on ne peut qu’être préoccupé par les tentatives d’administrer désormais à la nature
ces vieilles recettes empoisonnées.
Approche économique de la biodiversité et des services liés aux écosystèmes
Pour mieux la préserver, l’Etat met la nature à prix
ENQUETE
Un rapport tente d’évaluer ce que coûterait à la France la perte de biodiversité. Où l’on découvre qu’un hectare de forêt vaut 970 euros.
Sans abeilles, les fruits et légumes seraient bien en peine de se reproduire.
AFP/Archives
Qui est-ce qui bosse à l’œil en faisant bzzz bzzz toute la journée et qui pourtant fait gagner à la collectivité la bagatelle de 150 milliards d’euros par an ? Réponse : les abeilles et, plus
largement, les insectes pollinisateurs, sans qui fruits et légumes seraient bien en peine de se reproduire. Le chiffre semble absurde, mais il est étayé économiquement : si les abeilles
disparaissaient, c’est ce qu’il faudrait payer pour faire le travail à leur place ou trouver des produits de substitution. A l’échelle mondiale, les premières estimations prévoient qu’en 2050,
la perte de biodiversité pourrait représenter 7 % du PIB mondial. 14 000 milliards d’euros par an.
Alors que les travaux internationaux sur l’économie de la biodiversité se développent (lire ci-dessous), la France y apporte sa pierre : un groupe pluridisciplinaire, présidé par l’inspecteur
général de l’agriculture Bernard Chevassus-au-Louis, a rendu public il y a dix jours un rapport (1), touffu et passionnant, qui élabore des pistes pour mieux prendre en compte la valeur de la nature
dans la sphère économique. Un exercice beaucoup plus complexe que celui du carbone, puisque la diversité de la nature la rend difficilement réductible à une seule unité de mesure.
A quoi ça sert de donner un prix à la nature ?
Le constat, c’est l’érosion accélérée de la biodiversité. Le rapport évoque un «processus en cours vers une extinctionde la biodiversité, quasi exclusivement du fait des activités
humaines». Mais donner a priori un prix à cette biodiversité ne faisait pas du tout l’unanimité dans le groupe de travail. Entre le regret d’être obligé d’en passer par la valeur monétaire pour
faire comprendre l’enjeu et la crainte de marchandiser la nature, beaucoup d’écologistes hésitent à franchir le pas. Et tous ont donc martelé que mesure ne voulait pas dire marché. Pour Allain
Bougrain- Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux, «dans ce dossier, il faut être constamment dans une recherche d’éthique. Mais dans une économie de marché, on ne peut pas
non plus considérer que la nature n’a pas de prix. C’est du mépris».
L’approche retenue n’est donc pas de fixer un prix pour faire rentrer la nature dans les échanges - mon autoroute détruit des hamsters, on fixe un prix par hamster et je rembourse -, mais de
pouvoir faire rentrer la variable «nature» dans les calculs coûts-avantages. «Aujourd’hui, dans un projet, la biodiversité est comptée pour zéro dans les calculs socio-économiques, explique
Bernard Chevassus-au-Louis. Entre deux tracés d’une ligne TGV, par exemple, on ne comptera que le temps gagné.» Le travail de ce groupe répond ainsi aux conclusions du Grenelle, qui prévoit
que tout projet d’infrastructures doit être évalué au regard de son impact sur la nature.
De quels services parle-t-on ?
Le rapport envisage trois types de services rendus. Le plus direct est le service de prélèvement, quand l’homme utilise la nourriture, l’eau douce ou le bois à sa disposition. C’est sans doute le
plus évident à évaluer. Mais il est autrement plus complexe de donner une valeur aux services de régulation (stockage de carbone, régulation et filtration des eaux, contrôle de l’érosion, etc.) et
aux services dits «culturels» : tourisme, éducation…
Le groupe a aussi décidé de se consacrer à la biodiversité ordinaire et n’a pas souhaité donner de valeur pour la biodiversité «remarquable». «Ce qui est irremplaçable aurait une
valeur infinie, ce qui n’avance pas à grand-chose, justifie Bernard Chevassus-au-Louis. On ne défend pas Notre-Dame de Paris par la valeur économique de ses recettes touristiques.» Le
groupe a privilégié une approche par milieux, plutôt que par espèce, pour rendre compte de toutes les interactions. Mais il n’est pas exclu un jour d’évaluer les services de telle ou telle espèce,
par exemple, le vautour, charognard bien utile en matière de santé publique.
Pourquoi un hectare de forêt vaut 970 euros ?
L’exemple le plus détaillé est la forêt. Non parce que ce serait l’écosystème le plus menacé en France, mais parce que c’est là que les données sont les plus nombreuses. Conclusion, la valeur
directe (le bois) ne compte que pour un dixième de la biodiversité d’un hectare. Soit 90 euros, contre plus de 500 euros pour la fixation et le stockage de carbone, 90 pour la qualité
de l’eau ou encore 200 euros pour les services récréatifs… Ceux-ci sont évalués selon les «prix révélés», c’est-à-dire ce que les individus sont prêts à dépenser (en transport, par exemple) pour
bénéficier d’un service qui, lui, est gratuit (la balade en forêt). Total : une moyenne de 970 euros par hectare de forêt française.
Une valeur de référence qui n’est qu’un minimum, notamment parce que des données manquent. «On est bien conscient du caractère effroyablement réducteur de notre travail, admet Bernard
Chevassus-au-Louis, le président du groupe pluridisciplinaire. Mais on est sûr que ça vaut au moins ça.»
Le cas des prairies est plus délicat. La valeur «esquissée» est d’environ 600 euros. Mais cette somme est «très sous-évaluée», selon un membre du groupe, notamment parce que
les données pour évaluer leur valeur récréative manquent. Or les prairies diminuent : aujourd’hui un hectare cultivé en céréales rapporte plus à l’agriculteur qu’un hectare de pâturage. En revanche,
l’intérêt de ce dernier en matière de biodiversité est bien supérieur : il y a 60 à 80 espèces végétales différentes sur une prairie. D’où un appel à revoir les mécanismes de la Politique
agricole commmune. Côté maritime, les services rendus par les massifs coralliens français sont évalués de 5 000 à 10 000 euros par hectare et par an (soit plusieurs milliards d’euros), en
comptant pêche, protection côtière, traitement des eaux, tourisme…
Quelles actions concrètes attendre du rapport ?
La publication du rapport n’a pas été suivie d’annonce fracassante du ministère de l’Ecologie, au grand dam de certains participants. Il ne manque pourtant pas de recommandations. En matière de
fiscalité par exemple, en soulignant que certaines exonérations de taxe (envers les agriculteurs ou les pêcheurs notamment) pouvaient être «réexaminées au regard de leur impact sur la
biodiversité».
En termes de recherche aussi, et particulièrement concernant les DOM, qui font de la France un des pays les plus riches en matière de biodiversité. Les modèles de recherches utilisés sont encore
en phase de rodage mais les enjeux sont colossaux. Présent lors de la présentation du rapport, l’économiste indien Pavan Sukhdev, qui travaille à une évaluation mondiale du prix de la biodiversité,
avertit : «En la matière, l’échec serait moralement inacceptable et engendrerait une tragédie humaine.»
Quatre-vingt pour cent des espèces végétales dépendent directement de la pollinisation par les insectes. S’il fallait donner une valeur monétaire à ce service écologique, il serait estimé à
153 milliards d’euros*, presque 10% de la valeur de la production agricole mondiale destinée à la consommation humaine. Mais depuis quelques années le sort des abeilles est devenu inquiétant : leur
taux de surmortalité atteint 30 à 35%, taux anormalement élevé qui atteint dans certains cas 50% de pertes hivernales. Sur le banc des accusés : multiplication des substances chimiques et des
pesticides dans l’environnement, présence de parasites, effets désastreux des monocultures, ravages du frelon asiatique, impact du changement climatique etc.
Malgré cet effondrement alarmant, le ministre de l’Agriculture a ré-autorisé en décembre 2008 le Cruiser, un insecticide de traitement des semences de maïs,
mortel pour les abeilles et hautement toxique pour les oiseaux et l’environnement, fabriqué par la firme Syngenta, l’un des leaders mondiaux sur le marché des pesticides. Cette seconde autorisation
court jusqu’au 15 mai 2009, juste après les semis de maïs, et risque d’être reconduite pour 2010. Pourtant, nos voisins allemands, italiens et slovènes ont suspendu l’homologation de ce produit suite
aux mortalités catastrophiques des abeilles au printemps 2008. En autorisant à nouveau le Cruiser, le ministère de l’Agriculture privilégie une fois de plus les intérêts des firmes agrochimiques. Sur
la seule foi des industriels, l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments a émis un avis favorable tout aussi complaisant que surprenant. Schizophrène, l’Etat mobilise par ailleurs des
fonds pour le soutien de la filière apicole !
D’autres facteurs affectent les butineuses. Le frelon asiatique, introduit accidentellement en France dans les années 2000, envahit et détruit les ruches
d’abeilles… sans que les responsables politiques pourtant alertés n’agissent face à cette menace grandissante. Plus que jamais, une autre agriculture et une large sensibilisation sont nécessaires.
L’abeille est un maillon indispensable des écosystèmes. La protéger, c’est nous éviter le cauchemar d’un nouvel écocide irréversible.
200 réacteurs nucléaires supplémentaires pour les gadgets électroniques !
Les gadgets électroniques menacent le climat
Selon l'Agence internationale de l’Energie, la demande d’électricité va exploser. Et par conséquence les émissions de CO2. Pour satisfaire la demande des gadgets électroniques, il faudrait
construire dans les vingt prochaines années l’équivalent de 200 réacteurs nucléaires supplémentaires.
Ce ne sont pas des écolos militants qui lancent l'alerte, mais la respectable Agence internationale de l'Energie. Sur le banc des accusés : les lecteurs de DVD, mp3, téléphones mobiles, modems et
autres consoles de jeux. Elle avertit dans un rapport intitulé «Gadgets et Gigawatts» que leur consommation va doubler d'ici à 2022 et tripler d'ici à 2030. Sauf si leur efficacité énergétique est
améliorée.
Ces gadgets ne se multiplient pas seulement dans les pays riches. «En Afrique, une personne sur neuf dispose maintenant d'un téléphone portable», souligne le rapport. Avec le
développement des pays émergents, la planète comptera dès 2010 deux milliards de téléviseurs, 3,5 milliards de téléphones portables et 1 milliard d'ordinateurs, pronostique l'Agence. Pour satisfaire
la demande de ces appareils électroniques, il faudrait construire des centrales électriques d'un capacité totale de production de 280 gigawatts dans les 20 prochaines années. «C'est un chiffre
énorme», souligne le directeur général de l'Agence, Nobuo Tanaka, remarquant qu'il représente l'équivalent de 200 réacteurs nucléaires supplémentaires.
Si la consommation d'énergie des gros appareils électroménagers a eu tendance à reculer du fait des progrès technologiques, ce n'est pas le cas des appareils électroniques aux fonctionnalités sans
cesse plus énergivores, note l'AIE. Ainsi, un téléviseur va souvent consommer plus d'électrons qu'un réfrigérateur et une console de jeux plus qu'un lave-linge. «C'est le domaine de la
consommation d'électricité domestique qui croît le plus vite», a indiqué Paul Waide, analyste à l'AIE. Il souligne que «cela représente actuellement un peu plus de 500 millions de tonnes
d'emissions de CO2 et une facture électrique de 80 milliards de dollars chaque année».
A terme, le foisonnement des gadgets numériques pourrait «compromettre» les efforts des gouvernements pour assurer leur indépendance énergétique et réduire leurs émissions de gaz à effet
de serre, prévient l'AIE. Mais «il y a une grande marge de progrès», remarque M. Waide, qui avance que la consommation de ces appareils pourrait être réduite de moitié en utilisant les
technologies existantes les plus performantes. Un ordinateur portable standard consomme ainsi en moyenne trois fois moins d'énergie qu'un ordinateur fixe car les fabricants de portables ont un
intérêt commercial à concevoir les modèles les plus économes possibles. «Cet exemple nous montre ce qui peut être accompli», remarque M. Tanaka. Mais «lorsqu'il n'existe pas d'incitation
commerciale, les gouvernements doivent intervenir».
L'AIE suggère notamment de fixer des normes minimales d'efficacité énergétique et de renforcer l'information des consommateurs sur la facture énergétique de ces appareils. La consommation
électrique de ces gadgets (lecteurs de DVD, modems, consoles de jeux, etc.) a augmenté de 7 % par an entre 1990 et 2008 pour atteindre désormais 15 % de la demande électrique des ménages. Ils
consommeront à cette date l'équivalent de la demande actuelle de l'ensemble des foyers américains et japonais (soit 1 700 TWh), affirme-t-elle.
Le gouvernement a annoncé le lancement d’un deuxième réacteur nucléaire EPR (à eau pressurisée). Un investissement dans
une technologie dangereuse, qui ne correspond pas aux besoins d’énergie du futur.
L’histoire du nucléaire, commencée par le largage de deux bombes sur la population japonaise, est jalonnée d’incidents,
d’accidents et de catastrophes. La situation actuelle est celle d’une inflation de l’offre et de la demande mondiale pour le nucléaire civil, expression trompeuse car il a toujours été lié au
nucléaire militaire.
La France, l’un des principaux promoteurs de cette production énergétique dans le monde, a mené une politique nucléaire
dès la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Cela nous a conduits à la surproduction actuelle et, corrélativement, à une faiblesse structurelle des énergies alternatives « douces ». Ce secteur est
depuis toujours le domaine réservé du chef de l’Etat. Les acteurs de cette politique sont principalement l’Etat français, Areva et ses partenaires. Les investissements sont colossaux et
s’étalent sur plusieurs décennies. Or, Areva ne dispose plus de liquidités et son cours boursier baisse. Le nucléaire français a donc besoin d’argent frais et sa seule solution est d’augmenter la
consommation électrique afin de placer de nouveaux réacteurs. On veut enfermer le débat sur l’énergie dans des termes techniques, alors qu’il s’agit avant tout d’une question démocratique et
politique : quels choix industriels pour répondre à quels besoins, en donnant la priorité à la sobriété et aux économies d’énergie ?
Du projet « Manhattan » à l’EPR
La mise en évidence de la fission nucléaire, au début de l’année 1939, et la certitude, trois ans plus tard, qu’une
bombe était possible ont conduit le président des Etats-Unis, Franklin Delano Roosevelt, à rassembler les initiatives éparses en un seul projet, baptisé « Manhattan ». Gadget, la première bombe
expérimentale, explosa le 16 juillet 1945. Le 6 août, « Little Boy » était lâché sur Hiroshima et, le 9 août, « Fat Man » sur Nagasaki. 150 000 personnes ont été immédiatement carbonisées et des
centaines de milliers d’autres grièvement et durablement blessées. L’ère du nucléaire s’ouvrait en ce milieu de xxe siècle…
Dès le début, des bombes nucléaires ont été « perdues », des sous-marins à propulsion nucléaire ont coulé (environ une
dizaine de naufrages connus) ou, comme récemment, se percutent. En 1979, à Three-Miles-Island (Pennsylvanie), un accident d’alimentation en eau amena rapidement à un cafouillage de très grande
ampleur et la catastrophe fut évitée de justesse. Six ans plus tard, une caméra introduite dans la cuve montra qu’une grande partie du cœur de la centrale avait fondu. En 1986, la catastrophe de
Tchernobyl (Ukraine) entraîna la fusion du cœur d’un réacteur et l’irradiation de centaines de milliers de personnes avec des conséquences dramatiques. Beaucoup ont développé toutes sortes de cancers
rares et les survivants ne sont pas encore à ce jour décemment indemnisés. Plus près de nous, le site du Tricastin (Drôme) multiplie les incidents mettant en relief les manques de transparence et
d’information.
Danger maximal
Les dangers du nucléaire ne viennent pas seulement des aléas du transport ou du fonctionnement des réacteurs, mais aussi
des irradiations et des contaminations par l’air, l’eau ou les aliments. Les effets sont plus ou moins néfastes selon les doses de radiation reçues, le type de rayonnement et le temps d’exposition.
La particularité du nucléaire est de générer quantité de déchets radioactifs dont on ne sait que faire. Les blouses, masques, gants et chaussons sont des déchets, tout comme les filtres, les outils
et le petit matériel. L’ensemble des déchets faiblement radioactifs représente, chaque année, 200 000 tonnes, soit un cube d’environ 60 mètres de côté.
Les déchets hautement radioactifs, extrêmement dangereux, représentent un cube de 20 mètres de côté. Il faudra y ajouter
les gravats, ferrailles et autres tuyauteries provenant du démantèlement des centrales, sans oublier les quelque 50 millions de tonnes de résidus issues du traitement des minerais d’uranium, du temps
où la France exploitait ses propres mines. Le problème du stockage de tous ces déchets n’est absolument pas résolu.
Les alternatives existent
La France dépend fortement du pétrole et du nucléaire, deux formes d’énergie non pérennes. Aujourd’hui, il ne faut pas
investir dans le nucléaire, mais, au contraire, préparer activement son remplacement. Cela nécessite d’investir massivement dans la recherche et la production d’énergies renouvelables (solaire,
éolien, biomasse, cycle de l’eau, marées, géothermie, etc.).
La part de marché mondiale du nucléaire dans la production électrique va passer de 15 % en 2006 à 13 % en 2015 et 10 %
en 2030, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Pourtant, la demande d’électricité ne va pas ralentir. Au sein de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), elle
va augmenter de 1,1% par an en moyenne entre 2006 et 2030, et autour de 4% pour les pays non membres.
A la suite du protocole de Kyoto de 1997, l’Europe a décidé, en 2003, sur une idée d’Al Gore, de limiter la production
de dioxyde de carbone (CO2) par un système très libéral d’échange de droits à produire du CO2 mis en application dès 2005. Depuis, les Bourses « vertes » fleurissent partout et on s’appuie encore sur
l’économie de marché pour organiser cette diminution.
Les industriels du nucléaire ont le culot de déclarer leur énergie propre car elle dégage peu de gaz à effet de serre.
Mais cet avantage est loin de compenser les terribles dangers que cette énergie présente.
La fusion, leurre énergétique
La France accueille l’International Thermonuclear Experimental Reactor, l’Iter, un projet expérimental et international
ayant pour but d’utiliser la fusion nucléaire comme énergie propre et durable. Il se situe à Cadarache (Bouches-du-Rhône), sur la plus active des failles sismiques. Ce projet est très coûteux et son
succès est loin d’être assuré. Il s’agit de maîtriser un petit soleil à la surface de notre planète. Cela nécessite des matériaux de confinement (qui n’existent pas) pour un plasma à très haute
température et un combustible, le tritium. Le tritium n’existe qu’à l’état de traces, et il faut le produire à des coûts exorbitants. Il est hautement pénétrant et augmente les risques d’accident
grave du travail et aussi de prolifération nucléaire, car il est très recherché par les militaires pour doper les bombes H.
Cependant le problème insurmontable est posé par les neutrons rapides qui irradieront les matériaux de l’enceinte de
confinement qu’il faudra changer régulièrement. Il est donc faux de soutenir que la fusion ne générera pas de déchets radioactifs.
Outre les crédits captés par Iter qui pourraient servir au développement des énergies propres, si jamais le projet était
mené à terme, ce serait trop tard pour répondre à la crise énergétique et climatique.
La santé des travailleurs méprisée
On constate plutôt un bon accueil des populations et des élus pour toute nouvelle implantation nucléaire. L’EPR de
Flamanville en est un exemple. Tout récemment, 3 000 communes se sont portées volontaires pour accueillir des déchets radioactifs (une commune sur douze). Mais 70 % des Français se déclarent mal
informés sur le nucléaire.
A la mi-janvier, à l’appel de la CGT, la grève des personnels de conduite des centrales nucléaires d’EDF a provoqué une
baisse de 10 % de la production électrique française. Il s’agissait de réclamer la reprise du dialogue social. Souvent, de filiale en filiale et de sous-traitance en sous-traitance, les travaux les
plus exposés à la radioactivité, comme le maniement du MOX (combustible constitué d’uranium et de plutonium), sont réalisés par du personnel intérimaire ne travaillant que quelque temps dans le
nucléaire, qui n’est pas réembauché et disparaît dans la nature. Certains ont des cancers qui ne sont donc pas attribués à l’industrie nucléaire, pourtant en cause.
Pour un vrai Service public
Historiquement, EDF et GDF sont issus du Conseil national de la Résistance. Les changements de statut, la privatisation
et la séparation de ces deux grands groupes puis la fusion de GDF avec Suez sont des absurdités libérales. Le gouvernement s’abrite aujourd’hui derrière des directives européennes pour refuser
d’acter son échec : la concurrence n’a pas amené les baisses de prix annoncées. Les services rendus ont été dégradés et les solidarités liées au service public détruites. Il y a urgence à réinventer
un service public de l’énergie radicalement transformé, qui permette de sortir du nucléaire, en s’appuyant sur des unités de productions localisées, et facilitant un contrôle par les salariés et les
usagers.
Les propositions du NPA :
Stopper toute nouvelle construction de réacteur nucléaire, fermer la centrale de Fessenheim, promulguer une loi
interdisant l'enfouissement des déchets nucléaires et supprimer le traité européen Euratom.
Renationaliser les grands acteurs du secteur public de l'énergie et réclamer un audit général sur le nucléaire. Le
contrôle public sur ces grands groupes doit permettre d'investir en priorité dans les énergies propres, les économies et la sobriété énergétique. Il y a urgence, car on voit déjà fleurir des annonces
de minicentrales nucléaires transportables, de quelques mètres cubes, en provenance des Etats Unis, du Japon et aussi de la Russie (une centrale flottante).
ARCTIQUE
80% de la banquise disparaitrait l'été d'ici 2040...
Une nouvelle étude menée par l'université de l'Etat de Washington et l'Administration océanique et atmosphérique américaine estime que dans 30 ans, 80% de la banquise disparaitrait pendant la
période estivale, un scénario plus préoccupant que prévu.
Une nouvelle étude sur les effets du réchauffement climatique publiée, jeudi 2 avril, aux Etats-Unis révèle que 80% de la banquise
arctique pourrait disparaître, en été, à l'horizon 2040. Les études précédentes estimaient que ce scénario se réaliserait plutôt autour de 2100. "La surface de
l'océan Arctique couverte par la glace à la fin de l'été à cette échéance pourrait n'être que d'un million de km2, contre 4,6 millions de km2 aujourd'hui", assurent les rédacteurs de
cette étude conjointe entre l'Université de l'Etat de Washington (UW, nord-ouest) et l'Administration océanique et atmosphérique américaine (NOAA).
"Arctique pratiquement sans glace dans 32 ans"
Les chercheurs ont appliqué des modèles de prédictions prenant en compte les toutes dernières évolutions de la calotte glaciaire dans l'Arctique, qui a subi une "réduction
spectaculaire" à la fin des étés 2007 et 2008, quand la surface de glace avait atteint respectivement 4,3 et 4,7 millions de km2.
La moyenne de ces six modèles "laisse envisager un Arctique pratiquement sans glace dans 32 ans", selon l'étude due à Muyin Wang, climatologue à l'UW à Seattle, et à l'océanographe de la NOAA James
Overland. Selon eux, de précédents modèles élaborés en 2007 plaçaient cette échéance à la fin du XXIe siècle.
Problèmes pour l'écosystème
Sur des cartes illustrant leur démonstration, les deux scientifiques montrent un pôle Nord totalement libre de glaces en fin d'été. La banquise subsisterait en revanche dans le nord
du Canada et du Groenland, où la couche de glace est très épaisse. "Tant d'eau libre (de glaces) pourrait constituer une aubaine pour la circulation maritime et l'extraction de
minerais et de pétrole, mais pose le problème de l'adaptation de l'écosystème", notent les chercheurs.
Elévation du niveau de la mer, marées noires, incidents nucléaires, rejets de gaz toxiques, … Les catastrophes et pollutions dues à l’activité humaine posent la question du droit des
populations déplacées ou carrément forcée à l’exil, et de leur indemnisation. Une situation que subissent déjà 25 millions de personnes, selon l’Onu, et qui s’aggravera avec la multiplication des
effets du réchauffement climatique. La communauté internationale doit élaborer un statut pour ces déplacés environnementaux. Il y a urgence. Réunis à Limoges mi-mars, avocats, chercheurs et militants
écologistes de plusieurs continents ont planché sur une future Convention internationale sur les déplacés environnementaux. Ils sont bien les seuls…
En 2001, l’Onu estimait le nombre des « écoréfugiés » à 25 millions. Certains avancent le chiffre d’un milliard pour la fin de ce siècle [1]. Un
colloque international, organisé du 11 au 13 mars à la faculté de droit et des sciences économiques de Limoges, s’est penché sur ce
drame en cours et a esquissé les contours d’une future Convention internationale sur les déplacés environnementaux. Initiative scientifique et universitaire, ce projet est actuellement soumis à la
communauté internationale, aux États et aux organisations non gouvernementales. L’objectif : compléter la Convention de Genève sur le statut des réfugiés (droit d’asile) en introduisant une
nouvelle catégorie, celle des « déplacés environnementaux ».
« Ce terme de déplacés environnementaux comprend non seulement les réfugiés liés aux changements climatiques mais aussi ceux qui sont contraints à l’exil du fait de catastrophes
écologiques, qu’elles soient naturelles, technologiques ou industrielles », explique Michel Prieur, spécialiste français du droit de l’environnement, et membre des deux centres de
recherches à l’origine de l’initiative, le CRIDEAU [2] et le CIDCE [3]. « La création d’une Organisation mondiale
environnementale sur les déplacés, d’une haute autorité indépendante et d’un fonds financier ont d’emblée été qualifiés d’usine à gaz. Mais sans cet “appareillage” institutionnel, cette déclaration
restera purement théorique, sans portée et sans moyens pour l’appliquer. » Car la tâche est lourde vue la complexité des problèmes.
Conséquences sanitaires
Bhopal en Inde, Seveso en Italie, Tchernobyl en Ukraine, AZF à Toulouse... autant de noms assimilés à des catastrophes industrielles. Des catastrophes directement liées à l’activité humaine. À
Bhopal (Inde), le bilan officiel, après la fuite de 40 tonnes de gaz toxiques de l’usine de pesticides d’Union Carbide le 3 décembre 1984, fait état de 8 000 morts dans les trois premiers jours et de
plus de 20 000 en près de 20 ans. Dans le cas de Tchernobyl (Ukraine, 26 avril 1986), le bilan fait toujours polémique deux décennies après l’explosion du réacteur nucléaire : de 50 morts
d’irradiations aiguës et 4000 cas de cancers de la thyroïde, pour l’OMS et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA, dépendant de l’Onu) à plusieurs dizaines de milliers selon d’autres
sources scientifiques ou associatives.
« Le débat sur le nombre de morts à Tchernobyl illustre le niveau d’acceptabilité du risque : plus le nombre est important, plus la question de l’acceptabilité du risque prend de la
place et génère informations et expertise », explique Corinne Lepage, ancienne ministre de l’Environnement [4], et avocate spécialisée
dans le droit de l’environnement. Le risque nucléaire est a priori beaucoup moins accepté par les populations que le risque industriel.
Les effets sanitaires liés à ces évitables fléaux sont mal reconnus. On l’a vu lors de Tchernobyl. Le grand public a rencontré les plus grandes difficultés, y compris en France, de disposer
d’informations fiables suite à l’accident. Les travaux des experts indépendants pour mesurer à long terme les effets de la radioactivité sur les populations d’Ukraine et de Biélorussie ont longtemps
été entravés, quand les scientifiques n’étaient pas carrément emprisonnés.
Impunité
Dans ces conditions, comment estimer les indemnisations et développer la prévention ? L’accident de Béryl (Algérie) le 1er mai 1962 est emblématique. La France réalise alors son deuxième
essai nucléaire souterrain dans le Sahara lorsque la montagne Taourirt devant contenir l’explosion se fissure et libère un nuage radioactif contaminant plusieurs militaires et officiels. Le film
Gerboise Bleue, réalisé par Djamel Ouahab, relate les témoignages des survivants de cet accident et le combat juridique mené
par les vétérans français et les Touaregs algériens pour être reconnus comme victimes et indemnisés pour les dommages subis. Le ministère
de la Défense vient d’ailleurs d’annoncer un plan d’indemnisation des victimes des 210 essais nucléaires perpétrés dans le Sahara et en Polynésie. Mieux vaut tard que
jamais.
Autre catastrophe, autre lieu, autre époque, et même impunité : la pollution toxique consciemment effectuée par l’entreprise Trafigura, à Abidjan (Côte d’Ivoire). En août 2006, 528 m3 de
"slops" – résidus d’hydrocarbures et de produits chimiques issus du nettoyage des cales des pétroliers – sont déversés à l’air
libre dans différents quartiers de la ville. La multinationale, domiciliée dans un paradis fiscal, n’a pas vraiment été inquiétée. « Ce cas
démontre la nécessité d’avoir un Tribunal Pénal International dans le domaine de l’environnement pouvant se saisir de ce genre d’affaires qui ne coûte rien pour le moment aux responsables et où
personne n’est condamnée », suggère Corinne Lepage.
L’environnement, la faune et la flore constituent également des victimes souvent oubliées de ces calamités. Il en va ainsi des milliers d’hectares contaminés après l’explosion du réacteur
nucléaire de la centrale de Tchernobyl, et des 70 000 têtes de bétail abattues après l’explosion du réacteur chimique de Seveso (Italie, 10 juillet 1976). La question du « coût réel du prix
d’atteinte à la nature » est posée, pour Alexandre Faro, avocat des associations [5] pendant le procès de l’Erika. Le naufrage du pétrolier au large des
côtes françaises, le 12 décembre 1999, a répandu 12 000 tonnes de pétrole lourd. « Envrion 150 000 oiseaux ont été mazoutés. La Ligue de protection des oiseaux a perçu un dédommagement de
300 000 euros. Soit l’équivalent de deux euros par oiseau », illustre-t-il.
Menaces climatiques
Très souvent, ces catastrophes appellent la création de nouvelles normes juridiques. « Six ans après Seveso, une première directive sur les incidents majeurs a été adoptée en 1982. Dans
les six mois qui ont suivi Tchernobyl, la communauté internationale a adopté deux conventions. Après AZF, il a fallu moins de deux ans au législateur pour adopter la loi Bachelot en 2003 »,
détaille Julien Bétaille, chercheur au CRIDEAU. Ces catastrophes révèlent souvent l’insuffisance du droit. « Avec Tchernobyl, poursuit Julien Bétaille, la notion de frontière en
droit de l’environnement par exemple est à repenser. » Tremblements de terre, inondations, raz-de-marée, sécheresse, éruptions volcaniques, cyclones... Autant de phénomènes qui peuvent
entrainer des déplacements massifs et dépasser l’espace du droit national.
Si catastrophes et pollutions de grande ampleur ne connaissent pas les frontières, comme l’a illustré le tragicomique épisode du nuage radioactif de Tchernobyl en France, elles s’affranchissent
également de l’horizon temporel. « Deux ans après le passage du cyclone Katrina, dans le sud des États-Unis, de nombreux déplacés n’étaient toujours pas revenus à la Nouvelle-Orléans,
relate l’avocate brésilienne Ana Rachel Texeira Cavalcante. Une résolution sur les déplacés internes a été adoptée en juin 2008 par l’Organisation des États américains qui met l’accent sur les
victimes des catastrophes naturelles. »
Montée des eaux
Difficile de ne pas relier certaines catastrophes naturelles aux changements climatiques. Le recul de la banquise arctique dérègle l’écosystème d’eau douce, perturbe de la chaîne alimentaire
régionale, augmente l’intensité et la fréquence des tempêtes, nuit aux mammifères marins et, bien évidemment, aux habitants du grand nord, les Inuits. « Les changements climatiques ont un
impact sur les droits fondamentaux des peuples autochtones. Ils fragilisent leur interdépendance avec la nature, font fuir le gibier et augmentent la dépendance aux importations. »,
prévient Pierre-François Mercure, de l’université de Sherbrooke (Canada)
La fonte des glaces et son corollaire direct, l’élévation du niveau de la mer, toucherait 2 % de la population mondiale à des milliers de kilomètres des pôles. 50 millions de personnes vivent
sur des terres pouvant être inondées chaque année. Les Etats insulaires sont particulièrement vulnérables. Au moins 18 îles ont déjà été submergées dans le monde [6], principalement dans l’Océan indien. Plus de 40 pays ont
des îles menacées par l’élévation du niveau de la mer comme les îles Maldives (369 000 habitants) ou les îles Salomon (566 800 habitants).
Des réfugiés de seconde zone ?
Là encore le droit international est à la traîne et laisse libre cours à l’arbitraire. L’archipel de Tuvalu a, par exemple, négocié une évacuation progressive avec la Nouvelle-Zélande. Celle-ci a
imposé des « critères honteux », critique Agnès Michelot, maître de conférences en droit public à l’université de La Rochelle, qui travaille sur le statut des réfugiés écologiques.
Les heureux évacués doivent être âgé de 18 à 45 ans, parler couramment l’anglais et disposer d’un bon état de santé. « S’il existe de nombreux accords internationaux pour garantir la libre
circulation des marchandises, rien n’existe pour les personnes forcées à l’exil », insiste l’universitaire. La reconnaissance du statut de « réfugié écologique » est,
selon elle, le prolongement naturel du droit à l’environnement sain et protégé.
« L’urgence est là. On sait que le phénomène est en cours et qu’il va s’exacerber avec les changements climatiques. Mais j’avoue être pessimiste quant à l’aboutissement de ce texte,
confie Christel Cournil, maître de conférences en droit public à l’Université Paris 13. L’exemple de la convention internationale sur les droits des migrants en situation irrégulière n’est pas
encourageant. Les pays du Nord ont mis très longtemps avant de l’accepter et aujourd’hui seuls les pays du Sud l’ont signée. La majorité des pays ne sont pas du tout dans une démarche d’acceptation
et de reconnaissance du phénomène des réfugiés climatiques. Pas un seul gouvernement ne semble disposé à mettre demain cette question à l’agenda. » Si les juristes semblent prêt à inventer
de nouveaux dispositifs, c’est aujourd’hui la volonté politique qui semble faire défaut. Pendant ce temps, les eaux montent…
Sophie Chapelle
Notes
[1] « Réfugiés écologiques : 25 millions de personnes dans un vide juridique », in Le Courrier de la Baleine, n°155, p.5
[4] Sous le gouvernement Juppé de 1995 à 1997, aujourd’hui membre du Modem de François Bayrou.
[5] Greenpeace, France nature environnement, WWF...
[6] Ohachara, Inde (10 000 résidents), les îles Bedford, Kabasgadi et Suparibhanga près de l’Inde (6 000 familles), la Baie de Chesapeake au Maryland, États-Unis (13
îles), Kiribati (3 atolls), la moitié de l’île Bhola du Bangladesh inondée de façon permanente (500 000 résidents)
32 pages pour comprendre les problèmes posés par les pesticides et montrer qu'en réduire l'utilisation est possible, tant pour les agriculteurs que pour les collectivités et les particuliers.
"Dans les océans, il y a six fois plus de plastique que de plancton"
Interview d'Olivier Barrière, chargé de mission environnement pour Surfrider Foundation Europe.
Depuis sa création, Surfrider Foundation Europe fait des macro déchets son cheval de bataille. L'ONG dénonce le fait que, malgré leur taille et leur
visibilité, les macro déchets demeurent une pollution oubliée. Cette année encore la Fondation continue son opération de nettoyage des plages, les « Initiatives Océanes », pour mettre sur le devant
de la scène le problème des macro déchets sur nos côtes (voir encadré). Mais elle travaille aussi ses actions de lobbying auprès des institutions européennes. Rencontre avec Olivier Barrière, chargé
de mission environnement.
Vous lancez une pétition en ligne pour faire reconnaître les macrodéchets comme véritable pollution en mer. Dabord, qu'est-ce que c'est un macrodéchet
?
Un macrodéchet est un déchet visible à l'œil nu. C'est souvent du plastique, car ce matériau n'est pas biodégradable. Dans la mer, le plastique se fractionne en particules de plus en plus petites. On
passe ainsi du macrodéchet au microdéchet qu'on retrouve dans le sable de nos plages. Fractionnés, ces déchets rentrent dans la chaîne alimentaire des animaux marins et en causent souvent la mort.
Dans certaines parties des océans, on estime qu'il y a six fois plus de plastique que de plancton.
Que demande votre pétition ?
La réglementation européenne considère les macrodéchets en mer comme une nuisance et non pas comme une pollution. Par conséquent, il n'existe aucune organisation chargée de contrôler et d'étudier
cette pollution. De plus, une grande partie de ces déchets se trouvent au-delà des limites des eaux territoriales de chaque pays, il est compliqué de les récupérer car le coût de la dépollution
serait très élevé. Nous avons lancé cette pétition pour demander au Parlement et à la Commission européenne de prendre rapidement une initiative législative pour reconnaître les macrodéchets comme
une véritable pollution. La pétition sera remise à la Commission le 20 mai prochain à l’occasion de la Journée Européenne de la Mer.
D'où vient tout ce plastique ?
La plus grosse partie vient de la terre ferme. Il y a des petits déchets qui partent dans les eaux usées, comme les bâtonnets des cotons-tiges. Les mégots jetés par terre peuvent finir à la mer,
ainsi que des sacs en plastique et autre déchets emportés par le vent… De plus, il y a une pollution qui provient directement des navires en mer. Jusqu'à 3 miles de la côte, on a le droit de jeter
des déchets organiques qui sont biodégradables, mais qui peuvent aussi causer des problèmes aux écosystèmes marins. A partir de 12 miles, on a le droit de jeter des paquets en papier ou en carton, du
bois, du fer… presque tout sauf du plastique. Mais qui contrôle ?
A part nettoyer les plages, pouvons-nous changer les choses?
Bien sûr. D'abord, il ne faut rien jeter dans la nature ou dans les toilettes. Ensuite, il faut éviter les déchets en amont, en achetant des produits peu emballés et faciles à trier. Ensuite, il faut
faire pression sur les institutions européennes afin que la législation change… en signant notre pétition, par exemple.
De plus, d’après les estimations de l’ONU, chaque kilomètre carré d’océan contiendrait 120 000 morceaux de plastique flottants. Le plastique est omniprésent et
particulièrement problématique en raison de sa persistance dans le milieu.
Comme il n’est pas biodégradable, il se brise en particules de plus en plus petites, qui sont ensuite ingérées par certaines espèces marines. De plus, par un processus de concentration, le plastique
agit comme une éponge pour certaines des pires toxines, les polluants organiques persistants (POP), s’ajoutant au fardeau toxique de la vie marine.
100 millions de tonnes de plastique sont produits chaque année : 10 % se retrouvent à l’océan.
Le Réseau "Sortir du nucléaire" félicite France 3 pour son émission "Pièces à conviction", diffusée mercredi 11 février 2009, qui révèle au grand public une partie des contaminations
dues à l'industrie atomique et dénoncées depuis longtemps par les associations antinucléaires. Areva (anciennement la Cogéma) a exploité en France plus de deux cents mines d'uranium entre 1945 et
2001. Ces activités ont causé des contaminations qui perdurent aujourd'hui encore et qui, sur le long terme, mettent en danger la santé des populations.
« Il existe d'autres sites qu'Areva ne souhaite pas décontaminer »
11/02/2009
Interview de Bruno Chareyron, ingénieur en physique nucléaire responsable du Laboratoire Criirad.
Ce mercredi 11 février, sur France 3, le magazine " Pièces à conviction " diffuse un enquête intitulée « Uranium, le scandale de la France contaminée ». Cette enquête s'est nourrie de l'expertise
de la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad).
Quel est l'enjeu pour la Criirad de l'enquête diffusée ce soir ? B.C.- L' enquête diffusée ce soir décrit les lacunes entourant la gestion, par Areva, des 210 sites miniers d'uranium français, dont le dernier a fermé en 2001. La Criirad mène un
travail autour des mines d'uranium depuis 1991. Les problèmes causés par les usines d'extraction d'uranium qui à partir du minerais l'ont concassé, attaqué à l'acide, et par les mines, sont
totalement sous-estimés. Avec cette émission, nous attendons que les pouvoirs publics s'intéressent enfin à ce problème.
Quel est l'impact causé par les mines ? B.C.- Le plus grand problème est la dispersion des stériles radioactifs. On compte en effet autour des mines 166 millions de tonnes de " stériles " : des roches qui n'ont pas
été jugées assez riches en uranium pour que ça vaille la peine des les déplacer vers l'usine pour être exploitées. Ces stériles sont dispersés dans un rayon de plusieurs kilomètres autour des mines.
Elles dégagent tout de même 10 à 40 fois plus de radioactivité que le granit normal, et sont parfois recyclées, réutilisées par les riverains, les collectivités locales, pour construire des routes ou
remblayer des bâtiments.
Cela est d'autant plus problématique, si ces stériles sont utilisés pour construire des bâtiments. Un des cas les plus importants est celui d'une scierie proche du site des Bois-Noirs dans la Loire,
construite sur des remblais radioactifs, exposant les ouvriers au radon : les doses étaient supérieures d'un facteur 20 aux limites sanitaires acceptables. Sous la pression des associations locales
et de la CRIIRAD, Areva a accepté de décontaminer le site : 8000 mètres cube ont été ramenés dans la mine. Nous nous battons depuis avec le collectif des Bois Noirs pour qu'Areva recense et retraite
tous les sites concernés. Neuf sites ont été décontaminés jusqu'à présent : une cour de restaurant, une ferme, cette scierie, l'école de Lachaux pour laquelle Areva a agi dans les quelques semaines
qui ont suivi la transmission de notre rapport à la municipalité.
Mais il existe d'autres sites qu'Areva ne souhaite pas décontaminer. Ce que nous demandons est une politique nationale sur cet enjeu, politique nationale qui n'existe pas pour le moment. Les mesures
se prennent au cas par cas, selon le bon vouloir de l'industriel Areva, de l'administration au niveau local, et du rapport de force que les acteurs de la société civile parviennent à instaurer. Ce
n'est pas acceptable.
Or la période de l'uranium est de 4 milliards d'années : ces roches seront éternellement radioactives. Elles risquent d'être dispersées dans l'environnement au gré des travaux. Sur le parking du
foyer de ski de fond des Bois Noirs, le niveau de radioactivité du remblais est 500 fois supérieur au niveau naturel.
Si vous prenez certains de ces cailloux exposés à l'air libre, l'un de ces stériles, et que vous le jetez dans votre poubelle chez vous, ce dernier va déclencher le portique de contrôle de
radioactivité de la décharge et sera refusé. C'est totalement incohérent.
L'ASN et le ministère de l'environnement ont fixé pour le centre d'enfouissement technique des ordures ménagères la limite de 5 microsievert par heure pour les déchets à période courte comme l'iode.
Or le parking du foyer de ski de fond montre un débit de 100 microsievert par heure pour des éléments à période longue ! En quelques heures sur ce parking, l'être humain subit une exposition non
négligeable.
Que peut faire Areva ? B.C.- Il faut récupérer ces stériles. Ce n'est pas compliqué, c'est du génie civil : on y parvient à l'aide de pelleteuses, Areva l'a déjà fait sur 9 sites.
Quel est l'impact causé par les usines ? B.C.- Une fois que le minerais est envoyé à l'usine, il est concassé et attaqué à l'acide, pour produire le « yellow cake ». De l'autre côté, des boues, des déchets sortent de
l'usine : 50 millions de tonnes de résidus issus des usines d'extraction sont aujourd'hui stockés sur 17 sites miniers. Des éléments très radiotoxiques pour l'être humain, par inhalation ou par
ingestion.
Même dans le cas où les boues sont stockées sur des sites précis, elles ne sont pas confinées. A Bellezane en Limousin , ce sont plus de 1,5 millions de tonnes de résidus qui ont été déversées dans
une carrière... qui n'était pas étanche. Les nappes d'eau sous-terraines ont été contaminées. Les eaux ont été plus ou moins traitées par Areva, mais insuffisamment. Autour des mines où sont
entreposés les résidus, le problème de la contamination de l'eau n'a pas été réglé après la fermeture des mines. La bioaccumulation de la radioactivité dans les plantes, les sédiments et les terres
des berges en aval des rejets n'a pas été prise en compte.
Parfois même, les résidus sont entreposés à la surface : c'est le cas du parking du stade de foot de Gueugnon en Saône et Loire. A Saint Pierre, dans le Cantal, 3 maisons ont été construites sur un
terrain contenant des résidus, soumettant des personnes à des radiations inacceptables, car s'ajoute le problème du radon. Nous attendons de cette émission une prise de conscience sur ces thèmes.
Avant même sa diffusion, mercredi 11 février, sur France 3, le magazine "Pièces à conviction" aura mis en émoi le monde du nucléaire. Intitulée Uranium, le
scandale de la France contaminée, cette enquête décrit les lacunes entourant la gestion, par Areva, des 210 sites miniers d'uranium français, dont le dernier a fermé en 2001. Les 166 millions de
tonnes de "stériles" (roches à trop faible teneur en uranium pour être exploitées), mais aussi les 50 millions de tonnes de résidus issus des usines d'extraction, stockés sur 17 sites miniers,
constituent un héritage encombrant.
L'émission décrit des situations préoccupantes : utilisation de stériles radioactifs comme remblais dans des zones fréquentées par le public ; fuites dans l'environnement de radioéléments issus
des résidus ; construction sur des zones "réhabilitées" de bâtiments qui se révèlent contaminés au radon, un gaz radioactif... Le documentaire s'interroge aussi sur l'état de santé des
mineurs chargés de l'extraction des roches radioactives : les décès par cancer du poumon sont 40 % plus élevés que dans une population comparable, et ceux par cancer du rein deux fois plus
nombreux.
COMPTEURS GEIGER
L'enquête s'appuie notamment sur le travail de fourmi de particuliers qui, armés de compteurs Geiger, arpentent les environs des anciennes mines pour identifier les zones où les stériles ont été
réutilisés par des entrepreneurs de travaux publics. Elle s'est aussi beaucoup nourrie de l'expertise de la Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad), un
laboratoire de mesure indépendant.
Les associations ont obtenu quelques succès. Autour du site des Bois-Noirs (Loire et Allier), Areva a dû traiter plusieurs sites où des bâtiments, construits sur des remblais radioactifs,
présentaient des taux de radon alarmants. Mais elles ont aussi perdu des batailles, comme en 2005, lorsque Areva, accusée de polluer l'environnement dans le Limousin, a été mise hors de cause par la
justice.
Bruno Chareyron, directeur scientifique de la Criirad, est las de ce jeu du chat et de la souris. Il réclame une réglementation nationale fixant un niveau de risque résiduel acceptable. Il estime
que, même s'il s'agit le plus souvent de "très faibles doses", les méthodes de mesure et les seuils retenus par l'administration ne sont pas adéquats. Ses préconisations ? Informer le public
de la présence de ces matières radioactives ; se donner les moyens de conserver sur le long terme les informations concernant les sites ; traiter ceux-ci, "sachant que leur responsable, Areva,
est connu et solvable".
Coïncidence ? Quelques jours avant la diffusion de "Pièces à conviction", l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a mis en ligne une base de données sur les sites miniers
incriminés. L'IRSN a aussi publié, lundi 9 février, un rapport sur les anciens sites miniers du Limousin. A partir de 1984, la Cogema (dénomination antérieure d'Areva) a mis en place un système
visant à encadrer l'utilisation des stériles, interdisant leur usage dans les bâtiments. Cette démarche "pertinente", note l'IRSN, présentait des limites : "Manque de précisions concernant
certaines cessions, absence de vérification sur les lieux de réutilisation en particulier." Pour la période antérieure, la situation est plus nébuleuse.
"Jusqu'à présent, nous n'avons pas trouvé de situation de danger immédiat ou majeur", rassure André-Claude Lacoste, "patron" de l'Autorité de sûreté
nucléaire (ASN). Il note que les résidus seront incorporés au prochain Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs. Quant aux stériles, ils constituent selon lui un problème
"plus diffus", pour lequel la "mémoire locale" devra être mise à contribution.
Pour sa part, Areva, qui avait saisi le Conseil supérieur de l'audiovisuel contre une émission supposée "à charge", se défend de négliger ces questions. "On n'est pas dans le caché,
dans le non-su", assure Yves Dufour, porte-parole des activités minières du groupe. Il en veut pour preuve la mise en place, dans le Limousin, d'un groupe
d'expertise pluraliste (GEP), qui étudie la situation depuis 2006.
Yves Marignac, directeur de Wise-Paris, un expert peu suspect de complaisance vis-à-vis du nucléaire, participe activement au GEP, et note que celui-ci constitue en effet une "première".
Mais pour les résidus, "il est encore trop tôt pour dire si nous pourrons dégager des solutions satisfaisantes à long terme pour ces sites, lorsque l'exploitant s'effacera", dit-il.
1948. Début de l'exploitation de mines d'uranium en France. La dernière mine a fermé en 2001.
210. C'est le nombre de sites, répartis sur 25 départements, ayant fait l'objet d'activités d'exploration, d'exploitation et de traitement de minerais d'uranium ainsi que de
stockage de résidus.
166 millions de tonnes. Evaluation des "stériles", des roches jugées trop peu chargées en uranium pour être exploitées, parfois réutilisées en génie civil.
50 millions de tonnes. Masse des résidus - essentiellement des boues radioactives - issus de l'activité d'extraction de l'uranium, stockés sur 17 sites.
"Je demande juste à Areva, qui m'apparaît responsable clairement, juridiquement et entièrement, de faire son boulot. Je demande d'avoir le rapport d'enquête" a déclaré Jean-Louis Borloo
dans une interview accordée, mercredi, à France 3.
Le ministre reconnaît que l'exploitation des mines d'uranium était auparavant "un domaine globalement réservé", qui échappait au contrôle du gouvernement et du parlement. "Le sujet
des résidus des fermetures du passé, qui a été traité de manière négligente, sera traité", conclut Jean-Louis Borloo.
A SUIVRE !!!!!!!!!!!!!!
DOSSIER ANTENNES-RELAIS
Les antennes relais de la téléphonie mobile et les inquiétudes pour la santé publique.
Voici la chronologie des derniers évènements qui ont ponctués le secteur de la téléphonie mobile avant la table ronde organisée à Paris, jeudi 23 avril :
Le 23 avril
Une table ronde sur la téléphonie mobile est organisée à Paris par le gouvernement pour examiner l'effet potentiel des radiofréquences sur la santé. La ministre de la Santé Roselyne Bachelot estime
que le téléphone portable est "une question plus préoccupante que les antennes relais".
Le 22 avril
A Rennes, un collectif de parents s'oppose à l'implantation d'une antenne relais à proximité d'une école tandis que plusieurs jugements récents demandent aux opérateurs de téléphonie mobile de
démonter des antennes.
Le 21 avril
L'opérateur de téléphonie mobile Orange se retrouve au tribunal de Nanterre après la requête d'une vingtaine de familles d'une résidence de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) où trois antennes relais ont
été installées en mars. Les familles demandent le démontage des trois antennes.
- Les associations Agir pour l'environnement et Priartém dénoncent le "flou" de l'organisation de la table ronde radiofréquences prévue au ministère de la Santé. Elles s'inquiètent également de
l'absence de scientifiques.
Le 8 avril
En prévision de la rencontre fin avril entre l'Etat, les associations et les opérateurs de téléphonie, le Conseil de Paris adopte un vœu de la Ville de Paris et des Verts demandant l'abaissement des
seuils maximum d'exposition aux ondes électromagnétiques de téléphonie mobile à 0,6 volt/mètre.
- Alors que le conflit avec les associations enfle à propos de l'implantation des antennes relais, les opérateurs de téléphonie mobile réclament l'intervention de l'Etat en qualité de
médiateur.
Le 6 avril
Bouygues Telecom décide de se pourvoir en cassation, après avoir été condamné à démonter des antennes relais dans le Rhône. La condamnation remonte au 4 février, lorsque la cour d'appel de Versailles
avait tranché en faveur du principe de précaution.
3 avril
Une étude française souligne que contrairement à une idée répandue, l'exposition aux ondes de radiofréquences émises par les antennes relais de téléphonie mobile est plus forte à distance que dessous
ou tout près de ces installations.
30 mars
Les Robins des Toits, l'association de défense des riverains d'antennes relais, indique avoir lancé cinq nouvelles plaintes sous forme d'assignations contre les opérateurs de téléphonie mobile à
Paris et en province. Il s'agit d'empêcher l'installation d'antennes relais et d'en faire retirer d'autres déjà implantées.
25 mars
Michèle Rivasi, tête de liste pour le Sud-Est du rassemblement Europe-Ecologie, dénonce à Marseille "la volonté de désinformation" des opérateurs de téléphonie mobile en France sur la question des
antennes relais.
- Un groupe de scientifiques souligne les dangers des champs électromagnétiques, et notamment de la technologie pour les téléphones sans fil.
13 mars
Le ministère de la santé indique que la table ronde sur les effets potentiels des téléphones mobiles et des antennes relais sur la santé est reportée au jeudi 23 avril. Ce rendez-vous avait été
initialement annoncé pour le 26 mars. L'idée d'un "Grenelle des antennes" avait été lancée par Nathalie Kosciusko-Morizet.
- Le Canard enchaîné dénonce l'Académie de médecine qui aurait mélangé les genres et "appuyé" Bouygues Télécom en publiant un communiqué sur les antennes relais de téléphone mobile le 4 mars
dernier, une mise en cause qu'elle qualifie de "chasse aux sorcières".
Le 11 mars
Le tribunal de grande instance d'Angers, statuant en référé, interdit au nom du principe de précaution, des travaux envisagés par Orange France en vue d'ériger trois antennes sur le clocher d'une
église, à proximité d'une école dans un village près d'Angers.
Le 5 mars
Un collectif de parents d'élèves exige l'éloignement de neuf antennes-relais de téléphonie mobile installées juste à côté des écoles maternelle et élémentaire de Sanguinet, dans le nord des Landes.
Parmi eux, certains sont allés jusqu'à retirer leurs enfants.
- Dans une "mise au point" rendue publique mercredi, l'Académie nationale de médecine note que "les antennes de téléphonie mobile entraînent une exposition aux champs électromagnétiques 100 à 100.000
fois plus faible que les téléphones portables.
Le 3 mars
La justice ordonne à SFR de démonter une antenne-relais dans le Vaucluse. L'association Robin des Toits précise que l'opérateur de téléphonie mobile a été condamné par le tribunal de grande instance
de Carpentras, le 16 février dernier, en raison de la nuisance esthétique de l'antenne et de l'incertitude de son impact sanitaire.
Le 5 février
La secrétaire d'Etat au Développement de l'économie numérique, Nathalie Kosciusko Morizet propose un Grenelle des antennes pour discuter des éventuels risques posés par les antennes relais.
L'objectif est de répondre aux "attentes croissantes" du public concernant les dangers éventuels de l'exposition aux ondes électro-magnétiques.
Le 4 février
La cour d'appel de Versailles confirme la condamnation de Bouygues Telecom au démontage, sous astreinte, d'une antenne relais de téléphone mobile à Tassin-La-demi-Lune, dans la banlieue lyonnaise,
ainsi qu'au versement de 7.000 euros dommages et intérêts.
Le 15 décembre 2008
La cour d'appel de Colmar déboute, faute de preuve, Sabine Rinckel, une Strasbourgeoise électrosensible de 44 ans qui réclamait à son bailleur social un relogement dans une zone à l'abri des ondes
émises par les antennes-relais de téléphonie mobile.
Le 17 octobre
Le secrétaire d'Etat au développement de l'économie numérique, Eric Besson, tient une réunion de travail sur le dossier de l'implantation des antennes relais. Des représentants du ministère de la
Santé, du secrétariat d'Etat à l'aménagement du territoire, du ministère de l'Economie, de l'association des maires de France, et les trois opérateurs mobiles ont été conviés.
Le 3 octobre
Pour la première fois en France, une plainte au pénal est déposée au Tribunal de Grande Instance de Paris, visant directement un opérateur de téléphonie mobile, Bouygues, pour "administration de
substance nuisible".
Le 2 octobre
La secrétaire d'Etat à l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet plaide pour un regroupement des opérateurs de téléphonie mobile autour d'antennes-relais communes, même si selon elle aucune étude ne
prouve de lien entre antennes relais et pathologie.
Ces émetteurs-récepteurs servent à acheminer les appels du réseau vers des téléphones mobiles situés dans leur zone de couverture appelée «cellule». Quand plusieurs antennes sont implantées
au même endroit (appartenant à plusieurs opérateurs), on parle de «stations de base».
On compte en France environ 50.000 antennes-relais, de taille plus ou moins importantes. Le coût d’une antenne est variable, de 50.000 euros sur le toit d’un immeuble à 500.000 euros en rase
campagne.
C comme Cartoradio
Cette carte, consultable sur le site Internet de l'Agence nationale des fréquences, permet de localiser les
antennes relais du téléphone mobile en métropole et outre-mer. En tapant votre adresse, vous pouvez ainsi savoir précisément combien d'antennes sont implantées près de chez vous.
Autre fonctionnalité: Cartoradio permet aussi d'accéder librement à toutes les mesures d'exposition aux ondes, réalisées, commune par commune, à la demande des habitants.
Car, il faut le savoir, vous êtes en droit de demander à la mairie une mesure individualisée de l'exposition de votre habitation aux ondes électromagnétiques. Les calculs sont réalisés
par les laboratoires privés COFRAC, seuls organismes accrédités par l'ANFR.
C comme champ électromagnétique
C’est l’interaction entre le champ électrique (en volt/mètres) et le champ magnétique (en ampère/mètre). La manifestation du champ électromagnétique la plus évidente, c’est la lumière. Il
faut savoir que les ondes électromagnétiques se propagent à la vitesse de la lumière (300 000 km/secondes).
Mesure le nombre d’oscillations de l’onde électromagnétique par seconde (se mesure en hertz). On distingue les fréquences extrêmement basses, jusqu'à 300 Hz (il suffit de 50 Hz pour le courant
électrique), les moyennes, de 300 Hz à 10 MHz (type les écrans d'ordinateur).
Les radiofréquences permettent de transporter de l’information (radio, télé, mobiles, téléphones sans fil). Autour de 100 MHz pour la radio FM, entre 400 et 900MHz pour la télévision et 900 à 2200
MHz pour les téléphones portables.
Les hyperfréquences (très élevées, type 2,5 gigahertz, qui produisent de la chaleur et sont utilisées pour la cuisine (four micro-onde).
Ce qu’il faut retenir: plus la fréquence est basse, plus la longueur d’onde est importante. Et plus la longueur d’onde est élevée, plus elle pénètre dans la matière et donc le corps humain.
Toute la controverse aujourd’hui porte justement sur l’importance de ces effets sur le métabolisme. On sait que les ondes à un niveau élevé produisent de la chaleur (l'«effet thermique». Exemple
type: le micro-onde). Concernant les portables, les normes en vigueur (décret Jospin du 3 mai 2002) garantissent l’absence d’effets thermiques. Mais, à l'image des électrosensibles, de plus en
plus de personnes sont persuadées que les ondes produisent aussi des effets non thermiques, et nocifs pour la santé.
G comme GSM, DCS, UMTS
Ces acronymes désignent les bandes de fréquences de téléphonie mobile. Le réseau GSM (Global System for Mobile communications), dit « de seconde génération» (2G), permet de transmettre la voix et
des données numériques de faible volume, comme les SMS.
L’Universal Mobile Telecommunications System (UMTS), dit de troisième génération (3G), permet de transmettre non seulement la voix, mais aussi des images.
R comme Réglementation
Les seuils d’exposition maximum varient fortement d’un pays à l’autre. En France, le décret dit Jospin, du 3 mai 2002, fixe la limite entre 41 et 61 volts/mètre, soit les valeurs suggérées par l'OMS et la Commission européenne. Les seuils sont nettement
inférieurs dans plusieurs pays d'Europe, au nom du principe de précaution (6 à 20 v/m en Italie, 6 v/m dans les zones d'habitation bulgares, bientôt 3 v/m à Bruxelles...)
Les associations françaises demandent une limitation de la valeur d’exposition à à 0,6v/m. Et la création d’un périmètre de sécurité autour des sites sensibles (écoles, crèches notamment).
W pour Wi-fi (pour Wireless-Fidelity)
En français: Internet sans fil à haut débit.
Etonnamment, le wi-fi utilise la même fréquence que le four micro-onde (2,5 gigahertz). Pourquoi ? Tout bêtement parce qu’il s’agit d’une fréquence dite libre, c’est-à-dire qui n’est pas soumis à
autorisation.
La fréquence utilisée par le wi-fi est bien plus haute que celle des téléphones portables. Donc la longueur d’onde est plus courte, et pénètre moins a priori dans le corps humain. Sauf que,
soulignent les associations, le wi-fi est en général branché automatiquement quand le client ouvre la «box» de son forfait... Au nom du principe de précaution, les sénateurs Verts demandent sa
«désactivation par défaut».
Sources : Libé 22.04.2009
****************
Les initiatives politiques sur les risques des technologies sans fil se multiplient
Deux récentes décisions de justice ordonnant le démontage d'antennes-relais ont relancé le débat sur les dangers potentiels des ondes de radiofréquence utilisées pour
la téléphonie mobile et les technologies sans fil, alors que les initiatives politiques sur le sujet se multiplient. Quelques jours après la cour d'appel de Versailles, le tribunal de grande instance de Carpentras (Vaucluse)
a condamné, le 16 février SFR à démonter une antenne-relais.
Les magistrats font référence à l'"incertitude" sur l'impact sanitaire de ce type d'installation et au "trouble anormal de voisinage" dû à l'"impact visuel exceptionnel"
de l'antenne, installée dans un vignoble. Passée inaperçue dans un premier temps, Cette décision a fait l'objet, mardi 3 mars, d'un communiqué de l'association Robin des toits.
L'Académie nationale de médecine a réagi, le 4 mars, en renouvelant "sa mise en garde contre une interprétation subjective du principe de précaution"."On ne connaît aucun mécanisme
par lequel les champs électromagnétiques dans cette gamme d'énergie et de fréquencepourraient avoir un effet négatif sur la santé", affirme-t-elle, évoquant une "erreur
scientifique manifeste" dans la motivation de l'arrêt de la cour d'appel de Versailles.
"Il ne faut pas que ces choses-là se règlent devant les tribunaux. Toutes les antennes de France ne vont pas se retrouver devant les tribunaux", a déclaré Nathalie
Kosciusko-Morizet, secrétaire d'Etat au développement de l'économie numérique.
Ces décisions de justice et les réactions qu'elles entraînent se produisent alors que les chercheurs travaillant dans le cadre de l'étude Interphone sur la téléphonie mobile, lancée en 2000 dans
treize pays, ne parviennent pas à des conclusions communes. Envisagée à l'automne 2008, la publication de leurs travaux a été repoussée. Même si des biais ne sont pas à exclure, des résultats
partiels montrent une augmentation du risque relatif de plusieurs tumeurs de la tête chez les gros utilisateurs.
Le premier ministre, François Fillon, a confié à Roselyne Bachelot, ministre de la santé, l'organisation d'une table ronde sur les
dangers potentiels des téléphones mobiles et des antennes-relais. Cette réunion, intitulée "Radiofréquence, santé, environnement", est fixée au 26 mars.
Enfin, la Ville de Paris a annoncé le lancement d'une "conférence de citoyens" sur les ondes et la santé, qui durera d'avril à juin et aura pour objectif de
l'éclairer sur les meilleurs choix à effectuer en ce qui concerne le développement et l'usage des technologies hertziennes dans la capitale.
Les procès contre les antennes de téléphonie mobile vont-ils s’emballer ? La victoire, mercredi, devant la cour d’appel de Nanterre par trois couples de Tassin-la-Demi-Lune, (banlieue de Lyon)
contre Bouygues Telecom l’obligeant à éteindre son relais, pourrait faire école. Hier, Etienne Cendrier, le porte-parole de Robin des Toits, disait «crouler sous les coups de fil. On avait trois
à quatre procès dans les tuyaux. On va vers une bonne dizaine». Hier, Bouygues Telecom s’interrogeait sur l’opportunité d’une saisine de la Cour de cassation. L’arrêt a créé une onde de choc. Il
s’agit «d’un revirement de la jurisprudence», selon Richard Forget, avocat des ménages. Les cours d’appel n’avaient jamais confirmé la condamnation d’un opérateur à démonter ses
installations. Jusqu’à ce que les plaignants lyonnais soulèvent «le trouble anormal de voisinage».
Risque. Nul besoin d’invoquer des études incriminant les antennes, pas plus qu’ils n’ont reproché à Bouygues l’absence de démonstration de leur innocuité. Ils se sont contentés de
dire qu’ils subissaient un trouble du fait d’être exposés à un risque sanitaire - les champs électromagnétiques - qui fait l’objet de controverses scientifiques. «Mais ce n’est pas un
renversement de la charge de la preuve», prévient l’avocat. Pas plus qu’il s’agit d’un arrêt rendu au nom du principe de précaution. Toutefois, ce principe inspire l’argumentation de la cour
d’appel, selon Arnaud Gossement, le porte-parole de France-Nature-Environnement. Et ce alors que la loi dite Grenelle 1, en discussion au Sénat, doit renverser la charge de la preuve,
obligeant à l’avenir les SFR, Bouygues et consorts, à démontrer l’innocuité de leurs ondes. Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’Etat à l’Economie numérique, s’est-elle souvenue de ses batailles
contre les antennes ? En tout cas hier, à la tribune de l’Assemblée, elle a annoncé la tenue d’une «conférence citoyenne», un «Grenelle des fréquences», face aux
préoccupations relayées par les députés.
En attendant, Bouygues promet de «cesser très vite les émissions». Tandis que Robin des Toits calme le jeu : «Nous ne voulons pas le démantèlement général des antennes.La technologie peut se
conjuguer avec la sécurité.» Et de rappeler que les seuils d’exposition aux ondes tolérés en France
Bouygues Telecom condamné en appel à démonter des antennes relais
C'est une première. Bouygues Telecom a été condamné ce mercredi par la cour d'appel de Versailles à démonter des antennes relais dans le Rhône en application du principe de précaution.
«Bouygues Telecom a été condamné au démontage des antennes de Tassin-la-Demi-Lune (Rhône) sous astreinte de 500 euros par jour de retard», a indiqué à l'AFP Me Richard Forget, avocat des
parties civiles. «Bouygues devra également indemniser mes clients pour exposition à un risque sanitaire, soit 7.000 euros par couple», a-t-il ajouté. «Une jurisprudence est maintenant
établie, toutes les antennes relais de Bouygues sont en sursis», s'est réjoui Me Forget.
En première instance à Nanterre, l'opérateur de téléphonie mobile avait été condamné à démonter l'installation dans un délai de 4 mois sous astreinte de 100 euros par jour et à verser 3.000 euros de
dommages et intérêts à chacun des trois couples. Ceux-ci se plaignaient du risque sanitaire représenté par des antennes relais installées depuis 2006 sur un pylône en forme d'arbre à proximité de
leurs habitations.
Bouygues, qui avait alors interjeté appel de cette décision, a jugé «problématique» une telle décision pour la construction des réseaux de communication. Questionné sur un éventuel
pourvoi en cassation, l'avocat du groupe a indiqué qu'«il étudi(ait) l'arrêt et verra(it) cela dans les jours qui viennent».
EPR: le choix d'un second site ravive la polémique
Après celui de Flamanville, qui doit entrer en service en 2012, la France va construire un second EPR à Penly en Seine-Maritime.
L'annonce du site retenu par Nicolas Sarkozy, jeudi soir, a ravivé le débat sur ce réacteur dit de "troisième génération", fermement combattu par les anti-nucléaires.
Version "évoluée" des réacteurs à eau pressurisée, l'EPR est présenté comme plus puissant, plus sûr, moins gourmand en combustible, avec moins de rejets chimiques et radioactifs dans
l'environnement. Mais les écologistes dénoncent un projet "inutile, dangereux et coûteux", qui empêchera la France de tenir ses engagements en matière d'énergies renouvelables.
La France compte 58 réacteurs nucléaires répartis sur 19 centrales. En conclusion du
Grenelle de l'environnement, en octobre 2007, Nicolas Sarkozy avait dit qu'il ne voulait "pas créer de nouveaux sites nucléaires", se laissant in fine la possibilité d'implanter des EPR sur des sites
nucléaires existants.
En juillet dernier, le président a ainsi annoncé sa décision de lancer un second EPR. "Chaque EPR qui remplace une centrale à gaz fait économiser 2 milliards de mètres cube de gaz par an",
avait-il argué. Et "chaque EPR qui remplace une centrale à charbon fait économiser 11 millions de tonnes de CO2".
Avec une capacité de 1.650 mégawatts, l'EPR est aussi plus puissant que les réacteurs actuellement en service, qui allaient jusqu'à 1.450 MW pour les plus récents, selon EDF, qui va piloter le
projet. Il "permettra d'augmenter de 36% la production annuelle d'électricité par rapport aux réacteurs actuels".
EDF argue que l'EPR, comme les centrales classiques, permettra de produire de l'électricité sans rejet de CO2, l'un des gaz à effet de serre responsable du réchauffement climatique.
Et il "consommera 17% de combustible de moins grâce à l'utilisation d'assemblage plus efficaces et au rendement supérieur de la turbine", précise la compagnie sur son site Internet. EDF promet
aussi "une réduction d'au moins 30%" des rejets chimiques et radioactifs dans l'environnement, sauf pour le tritium et carbone 14, ainsi qu'un volume de déchets radioactifs sera lui aussi
"globalement en diminution".
"L'EPR est supposé produire un peu moins de déchets radioactifs, mais ils seront plus radioactifs que ceux des réacteurs actuels et ce sera de toute façon de très grandes quantités de déchets
radioactifs dont certains vont durer des millions d'années", rétorque Stéphane Lhomme, porte-parole du Réseau
Sortir du Nucléaire.
Pour lui, l'EPR est au contraire "plus dangereux", car "très lourd" et "très compliqué". Fruit de la technologie franco-allemande, l'EPR, conçu au début des années 90, est "déjà un vieux réacteur"
avant même d'être construit, note-t-il dans un entretien à l'Associated Press. Selon lui, en cas d'écoulement d'eau dans le système, des études ont évoqué des risques d'"explosions de vapeur si
violentes qu'elles pouvaient détruire la cuve et l'enceinte de confinement du réacteur ce qui amènerait à une catastrophe équivalente à Tchernobyl".
Les adversaire de l'EPR soulignent d'ailleurs les "déboires" rencontrés sur les chantiers des EPR. Celui du premier EPR d'Europe, que le consortium franco-allemand Areva Siemens construit
actuellement à Olkiluoto en Finlande, accuse plus de trois ans de retard. Il ne pourra être
opérationnel qu'en 2012.
Sur le plan économique, Sortir du nucléaire juge absurde de
développer des moyens "de base", comme le nucléaire, "qui ne peuvent absolument pas absorber les pointes de consommation".
Pour Corinne Lepage, présidente de Cap 21 et vice-présidente du MoDem, la construction annoncée de deux EPR, et les
réflexions engagées autour d'un troisième "rendent totalement virtuel l'objectif de 23% d'énergies renouvelables en 2020 et de 20% d'efficacité énergétique à cette date". "Pour vendre son courant,
qui ne se stocke pas, et amortir le coût faramineux de réalisation des EPR (le prototype finlandais avoisine les 5 milliards d'euros), les exploitants, aidés bien entendu par les pouvoirs publics,
vont devoir favoriser la consommation électrique", argue-t-elle dans un communiqué.
Pour la secrétaire nationale des Verts, Cécile Duflot, "les milliards d'euros prévus pour la construction d'un
deuxième EPR seraient autrement plus intelligemment dépensés s'ils l'étaient dans les domaines des économies d'énergie et des énergies renouvelables, créateurs de 11 à 15 fois plus d'emplois,
pérennes et non délocalisables". AP
L’EPR au secours de N. Sarkozy. Au soir du 29 janvier qui a vu 2,5 millions de manifestants contre la politique de N. Sarkozy et de ses réformes libérales, l’Elysée
a confirmé la mise en chantier d’une deuxième centrale nucléaire EPR, à Penly, en Seine-Maritime, au grand dam de ceux qui avaient cru à la sincérité du « Grenelle de l’environnement ».
Alors que les chantiers en cours des centrales EPR, à Flamanville et en Finlande, sont des gouffres à fric et que les défaillances techniques sont nombreuses, N. Sarkozy poursuit sa mission de chargé
de promotion du lobby nucléaire avec comme conséquence une marginalité maintenue des énergies renouvelables. Il est profondément regrettable que les élus locaux de gauche aient cru bon d’approuver
cette décision. Quant à la LCR, elle joint sa voix à celle des associations écologistes, de défense de l’environnement, au réseau « Sortir du nucléaire » et condamne la décision de N.
Sarkozy de construire un deuxième EPR.
Le 30 janvier 2009.
22 substances pesticides dangereuses bannies… sur les 500 existantes
Les eurodéputés et les écologistes se félicitent. Le 13 janvier, les députés ont interdit 22 pesticides cancérigènes, toxiques et perturbateurs endocriniens.
L’application totale du texte ne se fera pourtant pas avant 2018, date à laquelle les autorisations de certains produits expireront.
L’Italienne, Monica Frassoni, coprésidente du groupe des Verts au parlement Européen, n’a pas manqué de féliciter l’opération. Il s’agit d’une « victoire des Verts et
des environnementalistes qui ont su collectivement résister aux énormes pressions » de l’industrie. Les Verts quant à eux ont salué celle nouvelle législation et l’ont qualifié comme l’une des plus
restrictives au monde.
22 substances sur 500 existantes ont été retenues et bannies de tous herbicides, fongicides et insecticides. Ces substances sont des perturbateurs du système endocrinien, considérés comme
cancérigènes et toxique pour la reproduction. Seules deux substances, des fongicides, le Carbendazim et le Dinocap seront interdits en 2009. Il faudra en réalité attendre 2018 pour que l’ensemble de
ces substances soient entièrement retirés du marché.
Si les environnementalistes et les verts se félicitent de l’opération, les industriels ne sont pas les plus mécontents. La majorité de ces 22 molécules tombant toutes dans le domaine public d’ici
2018, ces substances auraient été de toute façon moins rentables car elles auraient pu être « copiées » par des concurrents.
Centrales nucléaires: défaillance des mesures de radioactivité
Communiqué du Réseau Sortir du nucléaire du lundi 12 janvier 2009
Scandale de très grande ampleur dans le nucléaire français
- Défaillance généralisée des mesures de rejets radioactifs dans l'environnement : les laboratoires de toutes les centrales nucléaires EDF ont perdu leurs agréments !
- Le Réseau "Sortir du nucléaire" demande à M Borloo des explications immédiates
Le Réseau "Sortir du nucléaire" rend publique aujourd'hui une information de la plus grande importance et qui doit interpeller la totalité des citoyens français, menacés de façon chronique par les
rejets radioactifs liquides et gazeux opérés dans l'environnement par les installations nucléaires.
Les laboratoires de toutes les centrales nucléaires françaises, censés faire en continu des mesures autour des installations en question, sont défaillants : leurs agréments sont actuellement
suspendus ou refusés par le biais de quatre Décisions de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), datées du 16 décembre 2008. (Voir liens ci-dessous)
On ne peut d'ailleurs qu'être stupéfait du silence total de l'ASN à propos de ses propres décisions qui, de par leur importance, méritent au contraire la plus grande publicité. Et ce d'autant que des
questions graves se posent. Les autorités françaises doivent y répondre de toute urgence et le Réseau "Sortir du nucléaire" interpelle aujourd'hui même par courrier à M Borloo (voir ci-dessous),
ministre en charge de l'énergie :
- alors que les laboratoires des centrales nucléaires EDF ne sont plus agréés, qui réalise actuellement les mesures exigées par les arrêtés autorisant EDF à exploiter ces centrales ? Si ces
mesures ne sont pas faites, les centrales doivent être immédiatement arrêtées.
- quelles sont précisément les défaillances des laboratoires des centrales nucléaires EDF, et depuis quand ces défaillances existent-elles ?
- quelle peut être l'ampleur des rejets effectués depuis des années par les centrales nucléaires au-delà des limites légales (qui, pourtant, sont déjà fort laxistes) ?
- comment les citoyens peuvent-ils faire confiance aux "responsables" d'une industrie aussi dangereuses et qui s'avèrent incapables de mesurer leurs rejets radioactifs opérés l'environnement ?
Il est déjà choquant que, en France, ce soient les exploitants, en l'occurrence EDF, qui effectuent eux-mêmes la surveillance de l'environnement autour de leurs installations nucléaires : il est
légitime de se méfier de l'industrie nucléaire qui est habituée à cacher ou travestir la vérité. Mais la situation est en réalité encore plus intolérable puisque les contrôles opérés par EDF sont
défaillants et permettent très probablement des rejets radioactifs supérieurs aux limites légales, pourtant déjà fort laxistes.
Le Réseau "Sortir du nucléaire" rappelle que, fin 2007, une étude de l'université de Mayence (Allemagne) a montré que, parmi les enfants de moins de cinq ans grandissant à moins de cinq kilomètres
d'une centrale nucléaire, les cas de leucémie sont deux fois plus fréquents que dans d'autres régions.
Une fois de plus, l'industrie nucléaire montre qu'elle est très loin d'être irréprochable alors que les conséquences et les risques qu'elle fait peser sur l'environnement et la santé des populations
sont incommensurables et incomparables à tous les autres. Il est plus que temps de sortir du nucléaire.
«Le nucléaire a conduit à une perversion du système électrique»
Interview
Energie. Les mythes de l’indépendance française démontés par l’expert Mycle Schneider :
Avec l’hiver vient la saison du chauffage. Au bois, au gaz, au fioul, mais aussi au radiateur électrique, ce qui a le don de faire grimper les consommations en période de pointe. Comme chaque fois
en cette période de l’année, ces pics de consommation imposent d’importer de l’électricité venue d’Europe. Et celle-ci, produite à partir d’énergies fossiles, n’est pas faiblement émettrice en
CO2. Mycle Schneider est consultant international en matière d’énergie et de nucléaire. Il vient de rendre un rapport au Parlement européen sur le mythe de la politique énergétique
française.
Quel est l’impact de la vague de froid sur les consommations électriques françaises ?
En hiver, la puissance électrique appelée est presque trois fois plus élevée le jour le plus chargé que le jour le moins chargé de l’été. On a donc besoin des vieilles centrales au fioul, dont EDF
vient de remettre 2 600 mégawatts en service, parce qu’on manque cruellement d’électricité de pointe. Depuis 1990, la part des énergies fossiles dans l’électricité a crû de près de 25 %. En
parallèle, les importations de courant, essentiellement à base d’énergies fossiles, ne cessent d’augmenter. La France est ainsi devenue importatrice nette de courant charbon allemand.
Mais l’électricité française est faiblement émettrice en gaz à effet de serre…
C’est vrai, les émissions totales par habitant de gaz à effet de serre en France sont - encore - plus faibles que chez nos voisins. Mais elles varient fortement d’une année à l’autre en fonction
du climat et on n’identifie plus de baisse structurelle depuis longtemps. En fait, en 2005, les émissions de CO2 dues à la production publique d’électricité et de chaleur étaient de 5 %
supérieures à 1990, pour se trouver en 2006 à 2 % en dessous du niveau de 1990. Le rôle du nucléaire y est complexe. Le système nucléaire, et les surcapacités qu’il a engendrées, a conduit
à une perversion du système électrique. On a massivement introduit le chauffage électrique parce qu’EDF avait des kilowattheures à vendre, ce qui a conduit à une augmentation du recours aux
combustibles fossiles. Le contenu en CO2 du kWh pour les besoins du chauffage électrique se situe entre 500 et 600 grammes, soit environ trois fois les émissions d’un
chauffage central au gaz.
Le recours au nucléaire augmenterait les émissions de CO2 dans l’électricité ?
Indirectement, par effet systémique, surtout pour tout nouveau projet. L’investissement dans le nouveau réacteur EPR augmentera ainsi les émissions car si on investissait les 4 milliards
d’euros nécessaires à sa construction dans l’isolation de l’habitat existant, on éviterait réellement des émissions.
Vous assurez qu’en dépit du nucléaire, la France n’est pas indépendante du point de vue énergétique. Pourquoi ?
En France, le premier programme électronucléaire massif a été lancé en 1974, après le premier choc pétrolier. Le but affiché était de rendre le pays indépendant vis-à-vis du pétrole. C’était déjà
un mythe à l’époque car l’électricité ne représentait alors que 12 % de la consommation de pétrole en France. En 2007, après trente-cinq ans de nucléaire en France, la consommation de pétrole
par habitant - 1,5 million de tonnes d’équivalent pétrole (Mtep) - était plus élevée que la moyenne de l’Union européenne, alors que la consommation en Italie, qui a arrêté le nucléaire, et en
Allemagne, était de 1,4 Mtep. Les autres secteurs comme le résidentiel, et surtout les transports, consomment la plus grande partie du pétrole et cette consommation n’a pas cessé d’augmenter
depuis 1973. Le système électrique est incroyablement inefficace : entre l’énergie primaire, contenue dans l’uranium ou le charbon, et l’énergie finale utilisée sous forme de kilowattheure, les trois
quarts sont perdus dans le réseau de distribution.
Et alors ?
Il faut calculer le taux d’indépendance sur la base de l’énergie finale, le quart restant utilisé par les consommateurs, et non sur la base de l’énergie primaire. Cet ajustement simple divise par
deux le taux officiel de 50 % d’indépendance énergétique affiché par le gouvernement. En outre, il faut rappeler que la totalité de l’uranium utilisé dans les centrales est importée. Ce qui n’est pas
pris en compte. Aujourd’hui, on peut estimer l’indépendance énergétique française à environ 8 %.
Quels seraient les principes d’une bonne politique ?
Elle devrait fournir des services énergétiques (c’est-à-dire le chaud, le froid, la lumière ou la mobilité) bon marché, propres et durables. Et ces services énergétiques intelligents devraient
conduire à une baisse draconienne de nos consommations. Aujourd’hui, en France, la politique entamée ne laisse pas entrevoir comment atteindre les objectifs fixés par la loi : à savoir de réduire de
80 % les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050.
La Cour de cassation a adopté définitivement le principe pollueur-payeur. C'est l'affréteur du pétrolier qui paiera en cas de marée noire. Tout cela grâce à Mesquer !
«L'affaireErika,une décision historique!» Le cabinet
d'avocats de Corinne Lepage, conseil de la commune de Mesquer dans le procès de l'Erika, jubile. Après huit années de procédure, Mesquer, la petite commune de Loire-Atlantique, a gagné son
bras de fer contre le géant pétrolier.
Après la marée noire, fin 1999, le petit port a franchi tous les échelons judiciaires : le tribunal de commerce de Saint-Nazaire puis celui de Nantes, la cour d'appel de Rennes,
la Cour européenne de justice puis la Cour de cassation. Il en aura fallu, de l'opiniâtreté, à Mesquer et ses 1 500 habitants (l'hiver), pour imposer le principe « pollueur payeur » si cher aux
écologistes.
La commune, à la différence de toutes les autres collectivités de la Loire-Atlantique touchées, locales ou territoriales, s'était constituée partie civile. Pour se faire
rembourser les frais de nettoyage de ses plages.
« Tous, les larmes aux yeux »
«Il faut se souvenir! On nettoyait les rochers à la petite cuiller et il y avait parfois jusqu'à soixante centimètres d'épaisseur de
boulettes. Je n'ai pas vu une seule personne venir sur la plage sans avoir les larmes aux yeux», rappelle le maire actuel, Jean-Pierre Bernard, pas peu fier du
résultat.
Tandis que les communes attaquaient au pénal pour obtenir des dédommagements, Mesquer a ajouté une procédure au civil «pour établir la responsabilité de
l'affréteur». En gros, la compagnie pétrolière française avait bien affrété une cargaison de pétrole mais, une fois la marée noire arrivée, les boulettes d'hydrocarbures
n'étaient plus reconnues par Total...
C'est ce qui avait mis hors d'elle la maire de l'époque, Marie-Jeanne Guillet, une infirmière anesthésiste bourrée d'énergie qui luttait en même temps contre le cancer et ne
s'avoue jamais vaincue, encore aujourd'hui.
La guerre contre Total est alors passée par des batailles perdues, comme devant le tribunal de commerce de Saint-Nazaire, celui de Nantes, la cour d'appel de Rennes. Mesquer
s'arc-boute sur le décret de Chicago (cher aux Bretons, victimes, en leur temps, de l'Amoco-Cadiz) et son principe pollueur payeur, non reconnu en France.
Des irréductibles
En 2007, Mesquer se pourvoit en cassation. La dernière instance française estime alors que la juridiction en la matière doit être européenne. Et la Cour européenne penche, en juin
dernier, du côté de Mesquer : les boulettes d'hydrocarbures sont bel et bien des déchets et les déchets sont, à l'origine, la cargaison de l'affréteur, Total.
Total, donc, paiera. Mesquer veut demander trois millions d'euros. La Cour de cassation n'avait plus qu'à avaliser ce qui fait jurisprudence et elle l'a fait mercredi : désormais,
les bateaux poubelles ne pourront plus se cacher derrière des pavillons trop complaisants ou des armateurs peu scrupuleux. Avis aux compagnies pétrolières !
Conclusion, la procédure au civil d'une petite commune imperturbable a permis de faire avancer la législation. Et l'on se souviendra de Mesquer et de ses irréductibles qui ne
craignaient qu'une chose : que la marée noire qui avait souillé leurs plages reste impunie.
Eric DROOKER, peintre américain militant qui met en ligne ses illustrations personnelles (indiquer le site en
cas d’utilisation).
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Adresse à tous ceux qui ne veulent pas gérer les nuisances mais les supprimer
Lettre ouverte aux écologistes qui luttent contre les nuisances environnementales et sanitaires de la société sans interroger ses causes politiques et sociales : l'État, le capitalisme,...
Le Réseau "Sortir du nucléaire" publie en janvier 2009 un journal d'information grand public pour dénoncer le mythe du cycle nucléaire, les risques du plutonium et l'imposture du retraitement.
Dictionnaire critique de l’automobile - Petit glossaire de l’altermobilité
Cet ouvrage, édité par CarFree France, constitue une référence du mouvement CarFree ainsi que pour l’ensemble des personnes intéressées par les alternatives à l’usage de l’automobile.
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